Version corrigée, 21 avril 2007
EXPLICATION DU PROPHÈTE JÉRÉMIE
par Saint Thomas d’Aquin
© et traduction par Jacques Ménard, 2005-2006
Première édition numérique, http://docteurangelique.free.fr 15 octobre 2006
Suivie de L’EXPLICATION DES LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE
par Saint Thomas d’Aquin
© et traduction par madame Dominique Pillet, 2005
Deuxième édition numérique http://docteurangelique.free.fr 3 décembre 2005
Les œuvres complètes de saint Thomas d’Aquin
TABLES
EXPLICATION DU PROPHÈTE JÉRÉMIE
EXPLICATION DES LAMENTATIONS DE JÉRÉMIE
1. En l’absence d’une édition
critique du commentaire de Jérémie et des Lamentations par saint Thomas d’Aquin,
la présente traduction française se fonde sur l’édition électronique des Opera
omnia de Thomas d’Aquin, réalisée par Enrique Alarcón, dans le cadre du Corpus
thomisticum (Université de Navarre, 2006) : http://www.corpusthomisticum.org/. On retiendra que le commentaire de
Jérémie nous est parvenu sous la forme d’une reportatio (notes prises par un auditeur, sans doute
revues par Thomas d’Aquin lui-même), assez proche du style oral. On notera
enfin que le commentaire est resté inachevé.
2.
Dans le texte latin du commentaire, seules les références aux chapitres de la Bible
sont indiquées, puisque que tel était l’usage au XIIIe siècle.
Toutefois, pour la commodité du lecteur, les références aux versets ont été
ajoutées dans la présente traduction, chaque fois que ceux-ci ont pu être
identifiés. De même, les références exactes ont été rétablies en cas d’erreur.
Les abréviations des livres bibliques sont celles de La Bible de Jérusalem, Paris,
1998. En cas de différence de numérotation des versets entre la version latine
de la Bible et La Bible de Jérusalem, la numérotation
de La
Bible de Jérusalem a été retenue. La traduction française des textes
bibliques suit d’aussi près que possible la version latine de la Bible utilisée
par Thomas d’Aquin. On ne s’étonnera donc pas de certains écarts par rapport à
la version latine de la Bible reçue depuis le XVIe siècle ou par rapport
à une traduction moderne de la Bible.
3.
Les passages bibliques commentés par Thomas d’Aquin sont cités en majuscules
dans le corps du texte. Nous indiquons aussi en majuscules et entre crochets le
contexte des mots commentés par Thomas d’Aquin, lorsque cela semble nécessaire
pour la compréhension du commentaire. Les autres citations bibliques sont
données en italiques. Afin de faciliter le repérage des passages commentés, la
référence au chapitre et au verset est donnée en caractères gras entre crochets
à l’endroit où débute le commentaire de Thomas d’Aquin sur chaque verset. Les
citations autres que les citations bibliques sont placées entre guillemets.
4.
La traduction de Jérémie a été réalisée par Jacques Ménard à la fin de 2005 et
en 2006. La traduction des Lamentation par madame Dominique Pillet, en 2005,
ainsi que les index. La coordination des travaux et la mise en forme de
l’édition électronique ont été assurés par Arnaud Dumouch, pour le site http://docteurangelique.free.fr
1. CELUI-CI EST L’AMI DE
SES FRÈRES, QUI PRIE BEAUCOUP POUR LE PEUPLE ET POUR LA VILLE SAINTE TOUT
ENTIÈRE, JÉRÉMIE, LE PROPHÈTE DE DIEU (2 M 15, 14). Ces paroles
sont celles d’Onias, le grand prêtre, adressées à Judas Macchabée, alors qu’il
faisait l’éloge de Jérémie au cours d’une vision. On peut tirer quatre choses
de ces [paroles] à propos de l’ouvrage présent qu’on a en main : son
auteur, son objet, son mode et son utilité.
2. À propos de l’auteur,
la présente autorité indique trois choses : sa fonction, son sentiment et
son comportement. Pour ce qui est de la fonction, sa dignité prophétique est montrée.
[Onias] dit ainsi : JÉRÉMIE, LE PROPHÈTE DU SEIGNEUR. Pour ce qui est du
sentiment, [il parle] de charité fraternelle. Il dit ainsi : CELUI-CI EST
L’AMI DE SES FRÈRES. [Il parle] de ce qu’il a fait [en indiquant] la tendresse
de sa compassion. Il dit ainsi : CELUI QUI PRIE BEAUCOUP POUR LE PEUPLE ET
POUR LA VILLE SAINTE TOUT ENTIÈRE.
3. Il est appelé PROPHÈTE
DE DIEU, à la différence des autres, qui ne sont pas prophètes de Dieu. En
effet, certains sont prophètes du ciel, certains, prophètes du Diable, certains,
prophètes de Dieu. Les prophètes du ciel sont ceux qui s’efforcent de
conjecturer l’avenir à partir des figures du ciel selon le mouvement des
astres. Il est dit d’eux en Is 47, 13 : Qu’ils se lèvent et qu’ils
te sauvent, les augures du ciel, qui contemplaient les astres et supputaient
les mois afin d’annoncer à partir d’eux ce qu’il t’adviendra. Et toute divination se ramène à ce mode de prophétie : elle est
faite à partir de certaines causes ou de signes trouvés dans les choses
naturelles. Les prophètes du Diable sont ceux qui, à partir de la révélation
des démons, connaissent certaines choses à venir, que «les démons eux-mêmes, comme
le dit Augustin, connaissent depuis longtemps par expérience ou par la
perspicacité de leur nature, ou par une révélation des esprits d’en haut».
D’eux, il est dit plus loin : Les prophètes ont prophétisé pour Baal, et ils ont suivi une idole (Jr 2, 8). Mais les prophètes de Dieu sont ceux qui, «par
l’intermédiaire des anges, comme le dit Denys, reçoivent de Dieu une
illumination à propos du futur». C’est ainsi que Cassiodore dit que «la
prophétie est une inspiration divine annonçant des choses à venir selon une
vérité immuable». C’est pourquoi il est dit en Lc 1, 76 : Et toi, petit enfant, tu
seras appelé prophète du Très-Haut, etc.
4. La première prophétie
doit être méprisée parce qu’elle est vaine. En effet, elle ne possède pas une
vérité immuable, car les effets reçoivent une contingence de leurs causes
prochaines, et non une nécessité [fondée] sur les causes premières. C’est
pourquoi il est dit plus loin : Ne craignez pas les signes dans le ciel (Jr 10, 2).
La deuxième [prophétie] doit être fuie par tous, car elle est trompeuse et
pernicieuse. Za 13, 2 : J’enlèverai de la terre les faux prophètes et l’esprit
impur. La troisième doit être suivie et retenue,
car elle éclaire. 2 P 1, 19 : Nous avons un esprit prophétique plus ferme auquel
vous faites bien de porter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu
obscur. Ceux-ci sont appelés les saints prophètes,
les prophètes de Dieu, pour trois raisons. Premièrement, parce qu’ils ont été
inspirés par Dieu. Jl 3, 1 : Je répandrai de mon Esprit sur toute chair, et vos
fils et vos filles prophétiseront. Au contraire,
des faux prophètes qui parlent par leur esprit, Ez 13, 3 dit : Malheur aux prophètes
insensés qui suivent leur propre esprit et ne voient rien. Deuxièmement, parce qu’ils sont envoyés par Dieu.
Mt 23, 34 : Voici que je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Is 36, 12 : Et maintenant, le Seigneur m’a envoyé ainsi que son
Esprit. Au contraire, il est dit plus loin des faux
prophètes : Je
ne les envoyais pas, et ils couraient ; je ne leur parlais pas, et ils
prophétisaient (Jr 23, 21). Troisièmement, parce qu’ils ont témoigné de Dieu : Tous les prophètes lui
rendent témoignage, etc. (Ac 10, 43).
Is 44, 8 : Vous êtes mes témoins.
5. Le sentiment [de Jérémie] est
brûlant de charité fraternelle. Aussi [Onias] dit-il : CELUI-CI EST L’AMI
DE SES FRÈRES. Or, le sentiment des prophètes se différencie de trois manières.
En effet, certains aiment le gain. Is 56, 10 : Ils dorment et ils aiment
les songes, et comme les chiens les plus effrontés, ils n’ont pas connu la
satiété, etc. Certains aiment la faveur humaine.
D’eux, Mt 23, 6 [dit] : Ils aiment les premières places lors des banquets. Mais les troisièmes aiment le peuple, en accomplissant ce que dit
l’Apôtre, He 13, 2 : Que la charité fraternelle demeure en vous et n’oubliez pas
l’hospitalité. Les premiers dépouillaient [le
peuple] de ses richesses. Mi 3, 5 : Voici ce que dit le Seigneur à propos des prophètes
qui séduisent mon peuple, qui le mordent à pleines dents et annoncent la paix. Ez 13, 19 : Vous me déshonorez devant mon peuple pour une poignée
d’orge et un morceau de pain, en faisant mourir des gens qui ne doivent pas
mourir, en épargnant ceux qui ne doivent pas vivre, en mentant à mon peuple qui
croit aux mensonges. Les deuxièmes [le] trompaient
par leurs flatteries. Ez 22, 28 : Ses prophètes le flattaient sans modération, par leurs
visions vaines et par leurs divinations mensongères. Mais les troisièmes l’instruisaient de leurs enseignements vrais.
Jr 3, 15 : Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur, et ils vous paîtront
par leur science et leur enseignement.
6. Dans son comportement,
est montrée sa tendre compassion envers son peuple, en cet endroit :
[CELUI] QUI PRIE BEAUCOUP. Sa prière est fréquente ou grande de trois manières.
Premièrement, par l’élévation de sa contemplation. Jr 18, 20 : Rappelle-toi que je me
tenais sous ton regard, afin de parler en leur faveur et de détourner d’eux ton
indignation. Se tenir sous son regard, c’est en
être tout proche par la contemplation. Deuxièmement, [sa prière] était grande
par la grandeur de sa compassion. Lm 2, 11 : Mes entrailles sont bouleversées,
mon foie s’est déversé par terre. Troisièmement,
[sa prière] était grande par sa persistance dans le temps, car elle eut lieu
avant et après la captivité. Ainsi, en Jc 5, 16 : La supplication persistante
du juste a une grande valeur.
7. Et ces trois choses : la
dignité de prophète, la charité fraternelle et la tendresse de la compassion,
sont nécessaires aux prophètes. Puisque le prophète est établi comme un intermédiaire
entre Dieu et le peuple, comme il est dit en Dt 5, 5 : Moi, je me tenais entre
Dieu et vous, il faut qu’il soit uni à Dieu par le
don de prophétie, comme il est dit en Sg 7, 27 : [La Sagesse] passe en des
âmes saintes parmi les nations, et qu’il soit uni
au peuple par le lien de la charité, Ep 4, 3 : Soucieux de maintenir
l’unité de l’esprit par le lien de la paix. En
priant ainsi, ils présentent à Dieu la cause du peuple, et en prêchant, la
cause de Dieu au peuple.
8. Or, à partir de ces
trois choses, en apparaissent aussitôt trois autres. En effet, le mode se
révèle à partir de la fonction. Car [le prophète] recourt à des similitudes et
à des figures, ce qui est le mode propre des prophètes.
Nb 12, 6 : S’il y a parmi vous un prophète du Seigneur, je lui apparaîtrai dans
des visions et je lui parlerai en songes. À partir
du sentiment, se manifeste l’utilité. En effet, la fin est de bien vivre et de
parvenir à l’immortalité de la gloire. Mais l’objet se manifeste par le comportement,
car, selon le sens historique, l’objet est la captivité du peuple, qui
suscitait une prière de compassion. Ainsi est-il dit en
Ba 3, 1 : C’est un esprit angoissé et un esprit inquiet qui crient vers toi.
9. Ici, dans le livre de
Jérémie, celui qui a traduit le livre de l’hébreu en latin présente d’abord un
avant-propos dans lequel il fait trois choses selon l’usage théorique. Premièrement,
il les rend attentifs ; deuxièmement, il les rend dociles, en cet
endroit : ALORS UN ENFANT SE MIT À PROPHÉTISER ; troisièmement, [il
les rend] bienveillants, en cet endroit : CE QUE NOUS AVONS RENDU SELON LE
RYTHME DE MÈTRES ET DE VERSETS.
10. Il les rend attentifs de
deux manières. Premièrement, à partir de la profondeur de l’Écriture ;
deuxièmement, à partir de l’autorité de celui qui écrit, en cet endroit :
UN PRÊTRE PARMI LES PRÊTRES. À propos du premier point, il fait deux choses. En
premier lieu, il fait l’éloge de la profondeur du mystère, ce par quoi il
s’égale aux autres prophètes, en cet endroit : MAIS ÉGAL PAR LES SENS. Et
il en montre la cause, l’unité de l’Esprit qui inspire, en cet endroit :
QUI A PROPHÉTISÉ PAR LE MÊME ESPRIT. 1 Co 14, 2 : C’est l’Esprit qui dit des
choses mystérieuses. Jb 32, 8 : L’inspiration du
Tout-Puissant donne l’intelligence. En deuxième
lieu, il excuse la rugosité du discours, en cet endroit : EN OUTRE, LA
SIMPLICITÉ DU DISCOURS VIENT DE L’ENDROIT OÙ IL EST NÉ. C’est pourquoi [le
prophète] lui-même dit plus loin : Je ne sais pas parler, car je suis un enfant (Jr 1, 6).
11. Il montre l’autorité de
celui qui écrit par trois choses. Premièrement, par le genre en même temps que
par la dignité, en cet endroit : PRÊTRE PARMI LES PRÊTRES. Il lui revenait
donc d’enseigner la loi. Ml 2, 7 : Les lèvres du prêtre gardent la science et on cherche
la loi dans sa bouche. Deuxièmement, par sa
sainteté privilégiée : ET SANCTIFIÉ DANS LE SEIN DE SA MÈRE. C’est ainsi
qu’il est dit au chapitre premier : Avant que tu ne sois sorti du sein, je t’ai sanctifié (Jr 1, 5). Troisièmement, par l’intégrité de sa
chair : PAR LA VIRGINITÉ, qui est démontrée par ce qui est dit plus
loin : Tu ne
prendras pas de femme en cet endroit, et tu n’auras pas de fils (Jr 16, 2).
12. CET ENFANT SE MIT DONC À
PROPHÉTISER. Ici, il les rend dociles, en précisant le temps : IL A VU LA
CAPTIVITÉ DE LA VILLE NON SEULEMENT EN ESPRIT, [la captivité] à venir, MAIS DE
SES YEUX DE CHAIR, [la captivité] présente. En précisant aussi l’objet, car il
n’a pas prophétisé pour dix tribus, mais seulement pour deux : DÉJÀ, LES
ASSYRIENS AVAIENT DÉPORTÉ LES TRIBUS D’ISRAËL CHEZ LES MÈDES. Selon
2 R 17, il est clair que les dix tribus avaient été faites captives
par le roi des Assyriens au temps du roi Achaz, roi de Juda. IL PLEURA, dans
les Lamentations, SUR LES COLONS, c’est-à-dire les étrangers amenés pour cultiver la
terre.
13. CE QUE NOUS AVONS RENDU SELON LE RYTHME DE MÈTRES ET DE VERSETS. Ici, il les rend bienveillants envers sa propre personne pour trois raisons. Premièrement, pour le bien qu’il a fait sans arrogance, lorsqu’il dit : CE QUE NOUS AVONS RENDU SELON LE RYTHME, à savoir, en écrivant dans l'ordre alphabétique pour chacun des versets, pour ce qui est des Lamentations ; de manière ordonnée, pour ce qui est du livre même de Jérémie. En second lieu, il atténue la faute commise en se disculpant à propos de Baruch, qu’il a omis : NOUS AVONS OMIS LE LIVRE DE BARUCH, SON SECRÉTAIRE, QUI N’EST PAS LU ET NE SE TROUVE PAS CHEZ LES HÉBREUX. En troisième lieu, il montre les difficultés auxquelles il est confronté par l’opposition de ses émules. Premièrement, il expose donc leur envie : POUR TOUS CEUX-LÀ ; deuxièmement, il expose la raison du travail entrepris : ET JE SUPPORTE CELA, CAR VOUS PENSEZ..., comme s’il disait : «Si ce n’était de vos prières, j’aurais pu échapper à leur fureur en ne transmettant rien.»
14. Selon l’usage des autres
prophètes, ce livre se divise en deux parties : le titre et le traité, qui
commence en cet endroit : ET LA PAROLE DE DIEU ME FUT ADRESSÉE EN CES TERMES
(Jr 1, 4).
15. Dans le titre, il fait
deux choses. Premièrement, il décrit l’auteur ; deuxièmement, le moment de
la prophétie, en cet endroit : [LA PAROLE DU SEIGNEUR] FUT ADRESSÉE
(Jr 1, 2).
16. Or, l’auteur est décrit de trois manières. Premièrement, par son nom : PAROLES DE JÉRÉMIE (Jr 1, 1) (ajoute : TELLES SONT), qui veut dire «élevé devant le Seigneur», ce qui convient à l’éminence de sa contemplation. Deuxièmement, par son ascendance prophétique : FILS DE HILCIAS ; en effet, selon la règle donnée par Jérôme, partout où le père d’un prophète est mis dans le titre, celui-ci était aussi prophète. Et [par son ascendance] sacerdotale : L’UN DES PRÊTRES, à qui il appartenait de connaître la loi. Ag 2, 11 : Interroge le prêtre au sujet de la loi. Troisièmement, il est décrit par son propre lieu de résidence : RÉSIDANT À ANATOT. En effet, dans chaque tribu, les lévites avaient reçu des maisons où ils pouvaient demeurer, comme il est dit en Nb 35. À propos de ces paroles, il est dit en Is 59, 21 : Mes paroles ne feront pas défaut. Or, il faut savoir que certains prophètes tirent leur titre d’un acte intérieur ; ainsi est-il dit : Vision d’Isaïe ou vision d’Abdias. Certains, d’un acte extérieur, et ceux-ci reçoivent leur titre par une parole, comme ici. Certains, de l’objet de la menace, et ainsi ils reçoivent leur titre par une charge, comme Habacuc et Nahum.
17. Ici, il décrit le moment de la prophétie, car il a prophétisé sous trois rois, dont il est question dans 2 R 20 et par la suite. Mais, puisqu’il avait dit auparavant : PAROLES, pourquoi parle-t-il ici au singulier : PAROLE (Jr 1, 2) ? Il faut dire à ce sujet que les paroles prophétiques sont multiples en elles-mêmes, mais une seule chose par leur origine, parce qu’elles tirent leur origine de la Parole incréée [le Verbe]. Mais, puisque cette Parole est éternelle, comme il est dit en Jn 1, comment est-elle dite FAITE[2] ? Il faut dire qu’elle n’est pas faite purement et simplement, mais qu’elle est faite pour quelqu’un, non pas par un changement survenu dans la Parole [le Verbe], mais en celui à qui la révélation est faite. De cette manière, on dit que Dieu devient notre refuge. De même, on demande pourquoi il n’est pas fait mention de deux autres rois, à savoir Joathan, fils de Josias, et Joachim, fils de Joakim, qui porte aussi un autre nom, Jéchonias. Et il faut dire que ces deux-là n’ont régné que trois mois, comme on le dit en 2 R 24. Et parce que la Sainte Écriture ne s’occupe pas de choses insignifiantes, ils sont inclus dans le temps des autres rois. AU CINQUIÈME MOIS (Jr 1, 3), après la destruction, bien qu’il s’agisse du quatrième mois de la captivité, comme on le dit plus loin (Jr 39, 2).
18. Ici commence le traité de
ce livre. Premièrement, la fonction de prophétiser de Jérémie lui est
assignée ; deuxièmement, l’annonce du prophète déjà établi est présentée,
en cet endroit : LA PAROLE DE DIEU ME FUT ADRESSÉE (Jr 2, 1).
19. La première partie se
divise en deux [parties]. Dans la première, [le Seigneur] assigne la fonction ;
dans la seconde, il lui montre la manière de l’exécuter, en cet endroit :
CEINS-TOI DONC LES REINS (Jr 1, 17).
20. La première partie est
divisée en deux [parties]. Dans la première, [Jérémie] est établi dans la
fonction prophétique ; dans la seconde, l’objet de sa prophétie lui est
assigné, en cet endroit : LA PAROLE DE DIEU ME FUT ADRESSÉE
(Jr 1, 11).
21. La première [partie] est
divisée en deux [parties]. Dans la première, la préparation du prophète est
racontée ; dans la seconde, l’octroi du don de prophétie, en cet
endroit : ALORS, LE SEIGNEUR ÉTENDIT LA MAIN (Jr 1, 9).
22. La première [partie] est
divisée en trois [parties]. Dans la première, la préparation est présentée du
point de vue du Seigneur ; dans la deuxième, l’objection du prophète est
présentée, en cet endroit : ET JE DIS : «A, A, A»
(Jr 1, 6) ; dans la troisième, le rejet de l’objection, en cet
endroit : ET LE SEIGNEUR DIT (Jr 1, 7).
23. Sur le premier point, [il
fait] trois choses. Premièrement, la préparation du prophète est présentée :
LA PAROLE DE DIEU ME FUT ADRESSÉE (Jr 1, 4), soit de l’extérieur
par une créature soumise, soit de l’intérieur par l’inspiration.
Ps 85[84], 9 : J’écouterai ce que le Seigneur dit en moi. AVANT DE TE FORMER (Jr 1, 5) : en effet, dans
la nature même qui forme, Dieu réalise la forme, comme la cause première dans
une cause seconde. Jb 10, 11 : Tu m’as revêtu de peau et de chair. JE T’AI CONNU : d’une connaissance d’approbation.
Is 49, 49 : Le Seigneur m’a appelé depuis le sein, depuis le ventre de ma mère,
il s’est rappelé mon nom. Deuxièmement, la
sanctification privilégiée [de Jérémie] est présentée : AVANT MÊME.
Si 49, 7 : Ils ont maltraité celui qui a été consacré comme prophète depuis le
ventre de sa mère, etc. Troisièmement, la prédestination
à la fonction est présentée : JE T’AI ÉTABLI COMME PROPHÈTE, à savoir,
comme j’en ai disposé. Is 42, 6 (et 49, 6) : J’ai fait de toi la lumière
des nations, afin que tu sois mon salut jusqu’au bout de la terre.
24. À propos de la sanctification dans
le sein, voyons quatre choses. Premièrement, le moment. Il semble qu’avant
l’infusion de l’âme, une telle sanctification puisse exister, du fait de ce que
dit une glose d’Ambroise sur Lc 1 : «L’esprit de vie n’y était pas
encore, et déjà s’y trouvait l’esprit de grâce.» De plus, il est dit :
AVANT DE TE FORMER DANS LE SEIN DE TA MÈRE, JE T’AI CONNU, et cela
s’entend d’une connaissance spirituelle, qui est celle de l’approbation. Avant
[sa] formation, il avait donc la grâce. En sens contraire, il semble que ce ne
fut pas le cas avant qu’il ne naquît, car Augustin dit : «Ne peut renaître
que celui qui est déjà né.» Or, personne n’a la grâce s’il n’est pas rené, car,
par la grâce, on est fait fils de Dieu. [Jérémie] n’a donc pas eu la grâce de
la sanctification. Sur ce point, il faut dire que la sanctification dont nous
parlons est réalisée par la grâce, dont le sujet est l’âme. C’est pourquoi,
avant l’infusion de l’âme, elle ne peut exister ; mais, après l’infusion
[de l’âme] et avant la naissance depuis le sein, elle se réalise par un
privilège spécial. À propos du premier argument, il faut dire que c’est l’air
extérieur, librement respiré, qui est appelé là l’esprit de vie. Ou bien, on
dit que l’esprit est présent si on l’entend de l’âme, lorsqu’elle devient
connue. À propos de l’autre [argument], il faut dire que cela s’entend de la
connaissance d’approbation, qui se réalise selon la prédestination à la grâce,
et dont on ne parle pas selon la justice présente. À l’autre [argument], il
faut dire que, selon la loi commune, personne, avant d'être né, ne peut
renaître par la régénération qui se réalise par les sacrements, car il ne peut
encore être soumis aux opérations des ministres de l’Église, par lesquels cette
grâce est dispensée. Mais Dieu n’a pas lié sa puissance aux sacrements. C’est
pourquoi lui-même peut sanctifier quelqu’un dans le sein par un privilège
spécial.
25. Deuxièmement, on se
demande à qui convient cette sanctification. Et il semble qu’elle [convienne]
au Christ, dont il est dit dans la Glose, qu’«avant de sortir du sein, il a été
sanctifié dès le sein». En sens contraire : être sanctifié consiste à
rendre saint celui qui n’était pas saint. Or, jamais [le Christ] ne fut non
saint. Donc, etc. De même, il semble que cela convienne aux choses inanimées,
selon ce qui est dit dans Ps 47[46], 5 : Le Très-Haut a sanctifié
son tabernacle. Mais à cela s’oppose que les choses
de ce genre ne sont pas susceptibles de recevoir la grâce. Et il faut dire, à
propos du premier argument, que ne pas être saint se dit de deux
manières : de manière privative, et alors l’existence du sujet est
requise, et cela ne convient pas ainsi au Christ ; soit de manière
négative, et ainsi il convient au Christ de devenir saint après avoir été non
saint, car, avant d’être un homme, il n’était pas saint d’une sainteté créée. À
l’autre argument, il faut répondre qu’on appelle saint ce qui est consacré
uniquement au culte divin ; et ainsi, les choses animées et inanimées
peuvent être sanctifiées. Mais parfois on appelle saint ce qui est solide ou
pur, soit du péché, soit de l’acte charnel ; et une telle sanctification
se réalise par la grâce et n’est possible que chez les hommes. Puisque toute
sanctification est ordonnée à cette conception très sainte du Fils de Dieu, sa
mère, dans le sein de laquelle fut célébrée cette conception, a été sanctifiée,
ainsi que Jean-Baptiste qui, encore enfermé dans le sein, indiqua celui qui
était enfermé dans le sein [de Marie], et Jérémie, qui, parmi tous, a exprimé
plus loin le mode de cette très sainte conception. Jr 31, 22 : Le Seigneur a fait du
nouveau sur terre : la femme entourera l’homme !
26. En troisième lieu, on s’interroge
sur l’effet de la sanctification. Et il faut savoir que la sanctification est
ordonnée à contrer l’impureté du péché originel, dans lequel il fait considérer
la faute, qui consiste à être privé de la vision divine par manque de la
justice appropriée ; et [la sanctification] enlève totalement cette
[faute], pour ce qui est de l’empêchement de la personne, bien que n’ait pas
été payé le prix par lequel serait enlevé l’empêchement de nature. Il faut
aussi considérer l’incitation, qui est une inclination à tout mal ; et
celle-ci demeure, comme un habitus entravé qui n’incline pas à ce pour quoi il
existe. Mais, chez les autres, elle inclinait au [péché] véniel, et non au
[péché] mortel ; chez la bienheureuse Vierge, cependant, [elle n’incline]
à aucun de ceux-ci.
27. En quatrième lieu, on
s’interroge sur la comparaison de la grâce de la sanctification par rapport à
la grâce sacramentelle. Et il faut dire que la grâce de la sanctification
l’emporte purement et simplement, car, après la grâce sacramentelle,
l’inclination au péché mortel demeure. Mais la grâce sacramentelle l’emporte
sur un point, à savoir, pour ce qui est de l’impression d’un caractère et de
choses de ce genre.
28. ET J’AI DIT (Jr 1, 6).
Ici est présentée l’objection du prophète. Premièrement, il présente sa
stupeur : A, en raison de l’inadéquation de sa vie ; A, en raison de
son manque de science ; A, en raison de son manque d’éloquence. JE NE SAIS
PAS PARLER. Ex 4, 10 : Je ne suis pas doué pour la parole, ni d’hier, ni
d’avant-hier. [Il fait ensuite valoir] qu’il est
dans l’enfance : CAR JE SUIS UN ENFANT, de sorte que mon âge ne convient
pas à la fonction de la prédication. Jb 32, 7 : J’espérais qu’avec l’âge,
je parlerais davantage et que le nombre des années m’enseignerait la sagesse. Si 32, 3 : Parle, vieillard, cela te sied ! Pourquoi celui-ci refusa la fonction de la prédication, pour
laquelle Isaïe se proposa, Is 6, 8, Grégoire le montre dans cette
glose : «Certains, dit-il, désirent louablement la fonction de la prédication,
à laquelle d’autres sont louablement contraints, etc. Car celui-ci, en raison
de l’amour par lequel il était porté vers Dieu, craignait des dommages à sa
contemplation, et celui-là, par amour du prochain, désirait le salut de ses
proches. Toutefois, celui-ci ne se proposa pas avant d’être purifié, et
celui-là ne refusa pas avec entêtement.»
29. ET LE SEIGNEUR DIT (Jr 1, 7).
[Le Seigneur] repousse cette objection. Et parce qu’il alléguait sa condition
d’enfant, [le Seigneur lui] promet trois choses contre les trois déficiences
des enfants. En effet, les enfants sont inconstants ; contre cela, il
[lui] promet la constance : NE DIS PAS, pour t’excuser, POUR TOUT accomplir.
Plus loin : Le
chemin de l’homme n’est pas en son pouvoir, et il n’est pas donné à l’homme qui
marche de diriger ses pas (Jr 10, 23).
Pr 3, 6 : En toutes tes démarches, pense à lui ; lui-même dirigera tes
pas. De même, [le Seigneur lui] promet l’éloquence,
contre le fait que les enfants ne parlent pas. Sg 10, 21 : La sagesse a ouvert la
bouche des muets et a délié les langues des enfants. De même, il lui promet l’audace, à l’encontre de la timidité des
enfants : NE CRAINS PAS, CAR JE SUIS AVEC TOI POUR TE DÉLIVRER (Jr 1, 8),
non pas que tu n’auras pas de difficultés, mais tu les supporteras toutes
patiemment. Ps 24[23], 4 : Je ne craindrai pas le mal, car tu es avec moi.
30. ET LE SEIGNEUR ENVOYA (Jr 1, 9).
Ici, [le Seigneur] offre le don de prophétie par mode de sacrement. Ainsi, en
premier lieu, l’action est présentée : LE SEIGNEUR ENVOYA, dans une vision
imaginaire, pour que l’enfant ne soit pas effrayé en voyant des membres
humains, par laquelle la libéralité de la bonté divine est signifiée.
Ps 105[104], 28 : Ouvrant ta main, tu les combleras de bonté. Mais il n’est pas purifié par une roche en feu, comme Isaïe, car il
n’avait aucun péché en raison de son enfance et de la grâce de sanctification.
31. Deuxièmement, les paroles sont présentées : ET IL ME DIT. [Ces paroles] contiennent trois choses. Premièrement, [le Seigneur] exprime le don : VOICI QUE JE T’AI DONNÉ. Ps 69[68], 12 : Le Seigneur donnera la parole à ses hérauts avec grande puissance. Deuxièmement, il montre le niveau [du prophète] : JE T’AI ÉTABLI SUR LES diverses NATIONS (Jr 1, 10), auxquelles [le prophète] a prêché, comme un médiateur entre elles et Dieu. Ex 7, 1 : Voici que je t’ai établi comme Dieu pour Pharaon. Ps 18[17], 44 : Tu m’établiras comme chef des nations. Troisièmement, [le Seigneur] expose la fonction [de Jérémie] : POUR ARRACHER les maux par leur racine, POUR DÉTRUIRE l’organisation d’un ordre mauvais, POUR EXTERMINER le rassemblement des méchants, POUR DÉMOLIR la défense du mal, POUR CONSTRUIRE un ordre bon, POUR en PLANTER la racine. En effet, ils n’ont pas besoin d’une protection extérieure comme clôture. Si 49, 7 : Il a été consacré prophète pour renverser, détruire et démolir, puis pour construire et rétablir.
32. Ici, [le Seigneur]
précise l’objet de la prophétie pour laquelle [Jérémie] est établi d’une
manière spéciale, à savoir, la destruction de Jérusalem et la captivité du
peuple. Premièrement, il montre la certitude de la prophétie ;
deuxièmement, il montre la captivité elle-même, en cet endroit : ET IL
ARRIVA (Jr 32).
33. À propos du premier point, il fait trois choses. Premièrement, l’invitation à regarder est présentée au prophète : QUE VOIS-TU ? (Jr 1, 11). Comme s’il disait : «Par le fait que tu es prophète, il t’appartient de voir.» 1 Sm 9, 9 : Celui qu’on appelle maintenant «prophète», on l’appelait autrefois «voyant». Deuxièmement, la vision est présentée : ET JE DIS : «JE VOIS, d’une vision imaginaire, UN BÂTON [DE VEILLEUR]», comme un bâton que le Seigneur portait à la main en vue de frapper. Lm 1, 14 : Le joug de mes iniquités est prêt ; elles sont entrelacées dans sa main et elles sont placées sur mon cou. Certains interprètent «une verge de veilleur» du bâton des voleurs qui sert à tirer les dépouilles des maisons à travers les fenêtres, alors qu’eux-mêmes veillent pendant que les autres dorment, mais la première [interprétation] est meilleure. Troisièmement, l’explication est présentée : ALORS, LE SEIGNEUR DIT : «TU AS BIEN VU» (Jr 1, 12), comme s’il disait : «Cela est conforme à la vérité.» CAR JE VEILLERAI, je prendrai soin. Is 55, 11 : La parole qui sortira de ma bouche.
34. Ici, [le Seigneur]
présente la destruction même de la ville. Premièrement, il présente
l’incitation à regarder : QUE VOIS-TU ? (Jr 1, 13). Comme
ci-dessus.
35. Seconde vision : ET
JE DIS : «UNE MARMITE SUR LE FEU», ce qui indique la ville qui
brûle ; SA FACE, le fond, EST TOURNÉE VERS LE NORD, d’où venait le feu.
Ez 24, 11 : Mets la marmite vide sur les charbons afin qu’elle chauffe ;
que le bronze rougisse et que fonde la souillure qui s’y trouve, et que soit
consommée sa rouille.
36. Troisièmement,
l’explication est présentée : ET LE SEIGNEUR DIT (Jr 1, 14).
Premièrement, une explication générale est donnée : C’EST DU NORD,
c’est-à-dire du roi de Babylone, qui se trouvait au nord par rapport à la Terre
sainte, [QUE VA DÉBORDER LE MALHEUR] SUR LES HABITANTS DE LA TERRE, Jérusalem
ou les régions avoisinantes, qui ont été dévastées par lui. Plus loin : Voici qu’un grand bouleversement
vient du Nord, qui transformera les villes de Juda en déserts et en demeures de
dragons (Jr 10, 22). Deuxièmement, il
poursuit [en présentant] tout l’ordre des choses. Premièrement, la convocation
de l’armée est présentée : CAR VOICI QUE JE CONVOQUERAI, en les inspirant,
[TOUTES LES FAMILLES] DES ROYAUMES (Jr 1, 15), sujets de Nabuchodonosor.
Is 5, 26 : Il dressera un signal pour les peuples lointains. Deuxièmement, le siège de la ville est présenté : ET [CHACUN]
S’ASSOIRA SUR LE SEUIL de la tente, À L’ENTRÉE DES PORTES, comme s’ils
assiégeaient jusqu’aux murs [de la ville]. Is 22, 7‑8 : Les cavaliers prendront
position aux portes, et la protection de Juda tombera. Ou bien il présente la capture même de la ville et aborde ce qu’on
trouve plus loin : Tous les princes du roi de Babylone sont entrés et se sont assis à
la porte du milieu (Jr 39, 3).
Troisièmement, la punition des habitants est présentée : ET JE PRONONCERAI
MON JUGEMENT (Jr 1, 16), non par des paroles, mais par des
peines. Ez 16, 38 : Ils te jugeront du jugement contre les adultères et contre ceux qui
versent le sang.
37. TOI DONC, CEINS-TOI (Jr 1, 17).
Ici, [le Seigneur] enseigne la manière de se mettre en branle. Premièrement,
partir rapidement : CEINS TES REINS, comme celui qui se prépare à partir
rapidement. Jb 40, 2 : Ceins tes reins comme un homme. Deuxièmement, [à partir] calmement. À ce sujet, [le Seigneur] écarte
en premier lieu la crainte : NE CRAINS PAS. Ez 3, 9 : Ne les crains pas et ne
redoute pas leurs visages, car c’est une maison qui m’exaspère. Is 51, 12‑13 : Qu’es-tu pour craindre un homme mortel et un fils
d’homme, qui se dessèche comme un fétu ? As-tu oublié le Seigneur, ton
créateur, qui a déployé les cieux et a établi la terre ? Et tu crains
pendant tout le jour le visage enragé de celui qui te tourmentait et préparait
ta perdition ? Où est maintenant la fureur de celui qui te
tourmentait ?
38. Deuxièmement, il promet
la force pour résister : VOICI QUE JE T’AI ÉTABLI AUJOURD’HUI COMME UNE
VILLE FORTIFIÉE (Jr 1, 18), pour soutenir les autres, COMME
UNE COLONNE. Is 50, 4 : Le Seigneur m’a donné une langue instruite pour que je
sache soutenir par la parole celui qui est tombé, afin qu’il ne défaille pas. ET COMME UN REMPART D’AIRAIN. Ez 3, 9 : Pour rendre mon visage plus
dur que le diamant et que le roc.
39. Troisièmement, [le
Seigneur] promet que les ennemis seront désillusionnés : ILS COMBATTRONT
CONTRE TOI, MAIS NE L’EMPORTERONT PAS (Jr 1, 19), ils ne pourront
te détourner de la vérité. Plus loin : Je te donnerai à ce peuple comme un mur d’airain résistant,
et ils combattront contre toi et ne l’emporteront pas, car je suis avec toi
pour te sauver et te délivrer, dit le Seigneur (Jr 15, 20).
40. À propos de ce qui a été
dit[3], il faut savoir, en premier lieu, que Dieu peut avoir de quelque
chose une connaissance d’approbation, comme on l’a dit. [Il peut aussi avoir
une connaissance] de prévision. Si 23, 20 : Toutes choses étaient
connues de Dieu avant qu’elles ne soient créées ; et de même, après
qu’elles l’ont été, il observe tout. [Une
connaissance] de prédestination. 2 Tm 2, 19 : Le Seigneur connaît les
siens. [La connaissance] de l’infusion de la grâce.
Jn 10, 14 : Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. [La connaissance] d’une familiarité particulière.
Ex 33, 12 : Je t’ai connu par ton nom. [La
connaissance] de la glorification. Si 44, 23 : Il l’a connu par ses bénédictions
et lui a donné l’héritage.
41. Il faut aussi noter que
le Seigneur en touche certains en les corrigeant. Jb 19, 21 : Ayez pitié de moi, ayez
pitié de moi, au moins vous, mes amis, car la main du Seigneur m’a atteint. En purifiant des péchés. Mt 8, 3 : Et Jésus le toucha en
disant : «Je veux que tu sois purifié.» En
infusant la grâce. Ct 5, 4 : Mon bien-aimé a passé la main par la fente, et mon
ventre a frémi à son contact. En renforçant par la
grâce. Dn 10, 10 : Et voici qu’une main me toucha et me remit sur mes genoux et sur les
paumes de mes mains. En stimulant la ferveur.
Ps 144[143], 5 : Touche les montagnes, et elles fumeront.
42. Il faut aussi noter que
l’âme pécheresse est appelée «marmite» en raison de l’ardeur de la concupiscence.
Jb 41, 23 : Il fera bouillonner le fond de la mer comme une marmite, et ce sera
comme lorsque des parfums brûlent. En raison du
caractère charnel de l’action. Mi 3, 3 : Ils ont brisé leurs os, et
ils les ont découpés comme dans un bassin et comme viande dans une marmite. En raison de la noirceur de la souillure. Na 2, 10 : Le visage de tous est noir
comme une marmite. Il faut encore noter que cette
marmite est réchauffée par le feu d’un amour désordonné.
Ps 80[79], 17 : Ils l’ont brûlée comme une ordure, et ils périront au reproche de
ton visage. [Par le feu] de la colère et de la
dispute. Is 50, 11 : Vous tous qui allumez un feu, vous brûlez dans les flammes. [Par le feu] de la damnation éternelle. Dt 32, 22 : Un feu a jailli de ma
colère, et il brûlera jusqu’aux derniers recoins de l’enfer.
43. De même, il faut noter
que le Diable est appelé aquilon [vent du nord] en raison de la poussée de la
tentation. Si 43, 16‑17 : La voix du tonnerre frappera la terre, la tempête de
l’aquilon et l’accumulation des vents. Parce que
[le Diable] fait obstacle à la fructification de la bonne action.
Ct 4, 16 : Lève-toi, aquilon ; accours, autan ! Souffle sur mon jardin,
que se distillent les parfums ! Parce que [le
Diable] dessèche le fleuve des larmes. Pr 25, 23 : L’aquilon chasse la pluie,
et un visage triste, la langue du détracteur.
Il faut aussi remarquer que l’Église ou l’âme est protégée par le secours divin. Za 2, 5 : Je serai comme un feu qui les entoure et je serai gloire au milieu d’elle. [Elle est protégée] par la garde des anges. Is 33, 16 : Ses hauteurs sont des rochers escarpés. [Elle est protégée] par l’exemple des saints pères. Ct 4, 4 : Ton cou est comme la tour de David, élevée sur ses assises. [Elle est protégée] par l’aide des frères. Pr 18, 19 : Le frère aidé par son frère est comme une ville forte. [Elle est protégée] par le remède des sacrements. Ct 8, 10 : Je suis un mur, et mes seins en sont les tours. Ainsi ai-je trouvé la paix devant lui.
44. Ici commence la prophétie de Jérémie déjà établi dans la
fonction prophétique. Elle se divise en trois parties. Dans la première, il
prédit la captivité à venir ; dans la deuxième, il pleure sur [la
captivité] déjà arrivée, dans les Lamentations ; dans la troisième,
il incite ceux qui sont déjà captifs au repentir, dans le livre de Baruch.
45. La première [partie] se
divise en deux. Dans la première, il prédit la captivité sous forme de
prophétie ; dans la seconde, il la raconte sous forme d’histoire, dans le
chapitre 53 : UN FILS DE VINGT ET UN ANS (Jr 52, 1).
46. La première [partie] se
divise en deux. Dans la première, il prophétise au peuple des Juifs ; dans
la seconde, aux divers peuples des nations, car il a été établi comme prophète
pour elles, comme il ressort clairement de la partie précédente. [Il fait] cela
dans le chapitre 46 : LA PAROLE DE DIEU FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE CONTRE LES
NATIONS (Jr 46, 1).
47. La première [partie] se
divise en deux. Dans la première partie, est présentée, avant la captivité, la
prophétie adressée au peuple qui doit devenir captif ; dans la seconde,
aux restes de la captivité après la captivité, chapitre 39 : LA NEUVIÈME
ANNÉE DE SÉDÉCIAS, ROI DE JUDA (Jr 39, 1).
48. La première [partie] se
divise en deux. Dans la première, la prédication de Jérémie est
présentée ; dans la seconde, l’objection des auditeurs, chapitre 34 :
PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE PAR LE SEIGNEUR (Jr 34, 1).
49. La première [partie] se
divise en deux. Premièrement, il présente la menace ; deuxièmement, la
consolation, chapitre 30 : PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE, DISANT, etc. (Jr 30, 1).
50. La première [partie] se
divise en deux. Dans la première, il présente une menace adressée au peuple
d’une manière universelle ; dans la seconde, aux grands d’une manière
particulière, chapitre 20 : OR, LE PRÊTRE PHASSUR, FILS DU PRÊTRE EMMER,
QUI AVAIT ÉTÉ ÉTABLI COMME DIRIGEANT DANS LA MAISON DU SEIGNEUR, [ENTENDIT]
JÉRÉMIE QUI PROFÉRAIT CES PAROLES (Jr 20, 1).
51. La première [partie] se
divise en deux. Dans la première, il présente la menace ; dans la seconde,
le prophète, comme s’il était pris de compassion, fait intervenir sa prière,
chapitre 14 : PAROLE DU SEIGNEUR ADRESSÉE À JÉRÉMIE À L’OCCASION DE LA
SÉCHERESSE (Jr 14, 1).
52. La première [partie] se
divise en deux. Dans la première, il [les] convainc de leur faute par un
jugement ; dans la seconde, il les appelle de nouveau à la pénitence,
chapitre 3 : ON DIT COMMUNÉMENT, etc. (Jr 3, 1).
53. La première [partie] se
divise en deux. Dans la première, il précise la cause d’une telle faveur, à
savoir que [le Seigneur] ne se soit pas vengé aussitôt après la faute, mais
[les] mette en accusation dans un procès afin de les ramener ; dans la
seconde, il poursuit le déroulement du procès, en cet endroit : ÉCOUTE LA
PAROLE DU SEIGNEUR, MAISON DE JACOB (Jr 2, 4).
54. À propos du premier
point, il fait deux choses. Premièrement, il tire une justification de la tendresse
de Dieu : PROCLAME, annonce ouvertement, À JÉRUSALEM, à
celui qui l’habite (Jr 2, 2). Et il présente trois choses qui
poussent à la tendresse. Premièrement, la pureté de l’âge : TON
ADOLESCENCE, pendant laquelle les épouses sont aimées avec plus d’impétuosité ;
ALORS QUE TU M’AS SUIVI, lorsqu’ils sortaient d’Égypte.
Os 2, 15 : Et elle y chantera comme aux jours de sa jeunesse, et comme aux
jours où elle montait de la terre d’Égypte. Deuxièmement,
la mémoire de son amour antérieur : ET DE L’ARDEUR DE MON AMOUR, par lequel je t’ai unie à moi par contrat. Plus loin : Je t’ai toujours chérie,
aussi t’ai-je attirée vers moi avec compassion
(Jr 31, 3). Troisièmement, l’obéissance du
comportement : LORSQUE TU M’AS SUIVI AU DÉSERT, SUR LA TERRE QUI N’EST PAS
ENSEMENCÉE. Ainsi n’étais-tu pas rebutée par la difficulté de la route, bien que
certains aient dit en murmurant, Nb 20, 5 : Tu nous as menés dans le
pire des endroits où l’on ne peut rien semer, etc.
55. Deuxièmement, il tire une justification de la dignité du peuple. Ainsi, en premier lieu, il présente la dignité du peuple : [ISRAËL EST UNE PART] SAINTE (Jr 2, 3), en tant que voué au culte du Seigneur et consacré au Seigneur. LES PRÉMICES [DE SA RÉCOLTE], parce que le Seigneur t’a choisi parmi tous les peuples comme prémices de sa récolte. Dt 32, 9 ; Son peuple fut la part du Seigneur ; Jacob fut sa part d’héritage. Os 9, 10 : Comme un fruit sur un figuier en prime saison, j’ai vu leurs pères. Deuxièmement, il écarte la menace de l’ennemi : TOUS CEUX QUI LE DÉVORENT, selon la loi qu’on trouve en Lv 7, 31s, selon laquelle il était permis aux seuls prêtres de manger des prémices. Ps 14[13], 4 : Eux qui dévorent mon peuple comme une bouchée de pain.
56. Ici, il poursuit le
déroulement du procès. Premièrement, il présente l’accusation ;
deuxièmement, il repousse l’alibi, en cet endroit : MOI, CEPENDANT, JE
T’AVAIS PLANTÉE COMME UN CEP DE CHOIX, TOUT ENTIER D’EXCELLENTE SEMENCE
(Jr 2, 21).
57. La première [partie] se
divise en trois. Premièrement, il montre la grandeur de leurs fautes en raison
de l’ingratitude compte tenu de ses bienfaits ; deuxièmement, en raison de
l’énormité de leur comportement, en cet endroit : AUSSI VAIS-JE ENCORE
PLAIDER CONTRE VOUS (Jr 2, 9) ; troisièmement, en raison de
l’entêtement de leur esprit, en cet endroit : ISRAËL EST-IL UN ESCLAVE OU
UN DOMESTIQUE ? (Jr 2, 14).
58. À propos du premier
point, il fait trois choses. Premièrement, [le Seigneur] se disculpe, afin
qu’on ne voie pas en lui de cause d’ingratitude : QU’EST-CE QUE VOS PÈRES
ONT TROUVÉ de mal EN MOI ? (Jr 2, 5). Rien. ILS SE SONT
ÉLOIGNÉS, ils sont partis depuis longtemps, POUR UNE CHOSE VAINE, une idole,
qui n’est aucunement utile à ceux qui lui rendent un culte.
Mi 6, 3 : Ô mon peuple, que t’ai-je fait, en quoi t’ai-je maltraité ?
Réponds-moi.
59. Deuxièmement, il présente
l’abondance des bienfaits, en abordant principalement la sortie d’Égypte. Et il
aborde ce bienfait de trois façons. Quant au lieu d’où il les a fait sortir :
ET ILS N’ONT PAS DIT : «OÙ EST LE SEIGNEUR ?» (Jr 2, 6).
Ils me cherchaient de tout leur désir. «QUI NOUS A FAIT MONTER», en raison de
l’endroit où se situe le pays. Plus loin : Je les ai tirés du pays d’Égypte (Jr 7, 22 ; 11, 4.7 ; 34, 13). Quant à
la route par laquelle il les a menés : QUI NOUS A FAIT TRAVERSER LE
DÉSERT... À L’IMAGE DE LA MORT, car il les menaçait de mort par son aspect
même. Dt 8, 15 : Il te conduisit dans le désert. Et quant
au pays dans lequel il le conduisit : ET JE VOUS AI CONDUITS AU PAYS DU
CARMEL (Jr 2, 7), à cause de sa ressemblance avec la fertilité,
et non parce que cette montagne se trouve dans la Terre promise.
Nb 14, 7 : Le pays que nous avons parcouru est très bon.
60. Troisièmement, il présente la faute d’ingratitude. Premièrement, celle de tous d’une manière générale : VOUS ÊTES ENTRÉS ET VOUS AVEZ SOUILLÉ, par vos idoles. Ps 106[105], 38 : Le pays a été pollué par le sang et souillé par leurs actions. Deuxièmement, celle des dirigeants d’une manière spéciale. LES PRÊTRES (Jr 2, 8), à qui il appartient de mener à Dieu ; LES GARDIENS DE LA LOI, les docteurs ; LES PASTEURS, les dirigeants, à qui il appartient d’éloigner de l’idolâtrie. Is 56, 11 : Les pasteurs eux-mêmes ont ignoré l’intelligence.
61. Ici, il grossit leur
faute pour ce qui est de l’énormité de leur comportement. Premièrement, il
présente ce qu’il a l’intention d’accomplir, à savoir, un procès: AUSSI VAIS-JE
ENCORE PLAIDER (Jr 2, 9), au sujet de l’énormité [de leur
comportement], comme il l’a fait pour leur ingratitude ; CONTRE VOS FILS,
qui imitent la malice de leurs pères. Mi 6, 2: Le procès du Seigneur
contre son peuple et lorsque Israël sera jugé.
62. Deuxièmement, il met en œuvre son intention, en montrant l’énormité du péché dans son procès. Premièrement, en comparant les cultes : PASSEZ, par l’esprit, AUX CÉTHIM (Jr 2, 10), à l’ouest de Chypre ; OU À LA VILLE DE CÉDAR, où habitaient les Ismaélites. [UNE NATION] A-T-ELLE CHANGÉ [DE DIEUX] ? (Jr 2, 11), comme s’il disait : «Elle n’en a pas changé.» Ainsi, ils sont condamnés par comparaison à d’autres. Ez 5, 6 : Il a méprisé mes jugements, de sorte qu’il s’est montré plus impie que les nations, et mes commandements, plus que les pays qui l’entourent. Deuxièmement, en comparant les dieux, en étant frappé de stupeur : [CIEUX,] SOYEZ STUPÉFIÉS ! (Jr 2, 12), comme s’il disait : «Si cela était possible, les cieux seraient stupéfiés, ou les anges qui sont dans les cieux, comme la ville du roi.» CONSTATEZ SA [FAUTE], à savoir, les principaux parmi les anges, qui sont comme des dirigeants et des juges des autres. [On trouve] quelque chose de semblable en Is 1, 2 : Cieux, écoutez, terre, entends de tes oreilles que le Seigneur a parlé. Troisièmement, il ajoute la raison de la stupeur. [CAR MON PEUPLE A COMMIS] DEUX [CRIMES] (Jr 2, 13), contre les deux parties du commandement. Ex 20, 3 : Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte. Tu n’auras pas de dieux étrangers en ma présence, etc. Et encore : Tu ne feras pas de dieux en argent et tu ne feras pas de dieux en or pour vous. [ILS ONT ABANDONNÉ] LA SOURCE D’EAU VIVE, moi qui peux leur donner la véritable consolation. Ps 36[35], 10 : Près de toi se trouve la source de vie. ILS SE SONT CREUSÉ DES CITERNES, qui ne peuvent sauver, car ce sont eux qui les ont creusées. Ps 135[134], 15 : Les simulacres des nations, œuvres d’argent et d’or faites de main d’homme.
63. Ici, il grossit leur
faute en raison de l’entêtement de leur esprit. Premièrement, parce qu’ils ne
reconnaissaient pas leur péché ; deuxièmement, parce qu’ils les
multipliaient, en cet endroit : DEPUIS LONGTEMPS, TU AS BRISÉ TON JOUG
(Jr 2, 20).
64. À propos du premier
point, il fait trois choses. Premièrement, il tire argument des châtiments pour
sa faute, en écartant la condition d’esclave, afin qu’il ne paraisse pas ainsi
avoir été justement amené en esclavage : [ISRAËL EST-IL UN ESCLAVE] OU UN
DOMESTIQUE (Jr 2, 14), né dans la maison du maître ?
Comme s’il disait : «Non.» Jn 8, 33 : Nous sommes la descendance
d’Abraham, et nous n’avons jamais été les esclaves de personne. Il présente les diverses souffrances causées par la captivité des
hommes : POURQUOI DONC EST-IL DEVENU LA PROIE ? LES LIONS (Jr 2, 15),
les dirigeants des Chaldéens, [ONT ÉLEVÉ] LA VOIX, par leurs commandements et
leurs guerres. [Les souffrances causées] par la dévastation du pays : ILS
ONT TRANSFORMÉ [SA TERRE EN DÉSERT]. Is 1, 7: Votre pays est désert, vos
villes ont été détruites. [Les souffrances causées]
par le viol des femmes : MÊME LES FILS [DE NOPH] (Jr 2, 16),
les villes de l’Égyptien, [T’ONT RASÉ] LE CRÂNE, en commettant des abus contre
nature et en n’épargnant aucun membre. Ou, au sens spirituel, en menaçant par
l’idolâtrie même ceux qui sont solides. Lm 5, 11 : Ils ont humilié les femmes
dans Sion, et les vierges dans les villes de Juda.
Et il conclut en donnant la vraie raison : CELA NE T’EST-IL PAS ARRIVÉ
PARCE QUE TU AS ABANDONNÉ LE SEIGNEUR, TON DIEU ? (Jr 2, 17).
[ALORS QU’]IL TE GUIDAIT, avec bonheur. En effet, ce n’est pas lui, mais
toi qui l’as [abandonné]. Dn 9, 5‑6 : Parce que nous nous sommes
éloignés de toi et que nous n’avons pas écouté la voix du Seigneur notre Dieu,
en marchant selon la loi qu’il a établie pour nous par ses serviteurs, les
prophètes..., il a laissé s’abattre sur nous la malédiction.
65. Deuxièmement, un remède
inutile est présenté, qu’ils administraient contre ces souffrances. Par là, il
est clair qu’ils ne reconnaissaient pas leur péché, en comptant sur l’aide des
nations. [Le Seigneur] indique donc la recherche d’une aide : ET
MAINTENANT, POURQUOI VEUX-TU [PARTIR EN ÉGYPTE] POUR BOIRE L’EAU DU NIL ? (Jr 2, 18),
en envoyant chercher de l’aide. Comme s’il disait : «Tu ne devrais éviter
ainsi les souffrances, mais en apaisant Dieu.» [POUR BOIRE]. [POURQUOI PARTIR
EN ASSYRIE BOIRE] L’EAU DE [L’EUPHRATE], au pays des Assyriens ?
Is 30, 2: Vous qui marchez pour descendre vers l’Égypte et n’avez pas
interrogé ma bouche. Faute de reconnaissance de
[ta] faute, QUE TA MÉCHANCETÉ TE CHÂTIE, alors que tu supporteras des
souffrances à cause d’elle. Is 3, 9 : L’expression de leurs
visages témoignera contre eux, et ils étalé leur péché comme Sodome.
66. Troisièmement, [le Seigneur] donne un conseil utile : reconnaître leur péché. RECONNAIS [TON] MAL (Jr 2, 19), malhonnête, amer, douloureux. So 1, 14 : Clameur amère du jour du Seigneur ! Le fort sera alors ébranlé.
67. Ici, [le Seigneur] montre qu’ils multipliaient les péchés par leur esprit obstiné. Premièrement, par la durée du temps. DEPUIS LONGTEMPS [TU AS BRISÉ TON JOUG] (Jr 2, 20). Comme s’il disait : «Depuis le moment où la loi t’a été donnée.» Is 48, 8 : Je t’ai appelé «transgresseur» dès le sein. Jb 21, 15 : Qu’est-il besoin de le servir, à quoi nous sert-il de le prier ? Deuxièmement, par la multiplication des actes : [TU T’ES ÉTENDUE COMME UNE PROSTITUÉE] SUR TOUTE COLLINE (Jr 2, 20) : ils immolaient aux idoles en des lieux élevés et agréables. Is 65, 7 : Ils ont sacrifié sur les montagnes et ils m’ont fait des reproches sur les collines. En effet, ce sont toujours des choses agréables et élevées qui sont immolées aux idoles.
68. Ici, il écarte l’excuse.
Premièrement, celle qu’ils pourraient avoir, en présentant la négligence de
celui qui rend le culte. À l’encontre de cela : MOI, JE T’AVAIS PLANTÉE
COMME UN CEP DE CHOIX (Jr 2, 21), parmi les pères élus.
Is 5, 1‑6 : Ma vigne est devenue pour mon bien-aimé un maquis, etc.
69. Deuxièmement, celle
qu’ils pourraient avoir en négligeant leur faute, en cet endroit : QUAND
TU TE LAVERAIS [À LA POTASSE] (Jr 2, 22). En premier lieu, il les
convainc de leur faute contre Dieu ; deuxièmement, de leur faute contre
leur prochain, en cet endroit : POURQUOI T’EFFORCES-TU DE MONTRER QUE TU
MARCHES SUR LE BON CHEMIN ? (Jr 2, 23).
70. À propos du premier
point, il fait deux choses. Premièrement, il le convainc de sa faute, en
montrant l’impossibilité de nier. [QUANT TU TE LAVERAIS] À LA POTASSE (Jr 2, 22),
qui, condensé par le soleil, lave les saletés. BERITH : une herbe qui sert
à laver les saletés. Et c’est une manière de parler, comme s’il disait :
«Toute l’eau du fleuve ne te purifierait pas», c’est-à-dire qu’il n’y a aucune
excuse ni purification. Pr 30, 12 : La génération qui se croit pure, alors qu’elle n’est
pas lavée de ses souillures. COMMENT PEUX-TU
DIRE : «JE NE SUIS PAS SALE» ? (Jr 2, 23). Pr 20, 9 : Qui peut dire : «Mon cœur est pur, je suis pure du
péché» ? Et [le Seigneur] présente la
purification du péché en proposant deux circonstances. En premier lieu, le
lieu : REGARDE LES CHEMINS, les actions, DANS LA VALLÉE des fils d’Ennon,
où ils rendaient un culte aux idoles. Cet endroit est irrigué par les sources
de Siloé, et il y avait là un sanctuaire de Baal, selon la Glose. Plus
loin : Mène
ton cœur sur le droit chemin où tu as marché (Jr 31, 21).
Et il présente la manière de pécher pour ce qui est de l’application à
pécher : COURANT EN TOUT SENS, comme pressé de pécher.
Pr 1, 16 : Leurs pieds courent au mal et se dépêchent de répandre le sang. Pour ce qui est de l’ardeur de la concupiscence : COMME UN
ONAGRE EN RUT (Jr 2, 24), de coït, QUI ASPIRE LE VENT, par
lequel il perçoit l’odeur de sa femelle, DE SON AMOUR de la chose aimée. Plus
loin : Les
onagres se tenaient sur les rochers, en aspirant le vent comme des dragons (Jr 14, 6). Pour ce qui est de leur fort
attachement : QUI LE DÉTOURNERA, en le détachant ? Et aussi pour ce
qui est de la promptitude à pécher : TOUS CEUX QUI LA CHERCHENT, comme en
parlant d’une prostituée. Qui, même au temps de ses menstruations, se montre à
ses amants. Ez 16, 15 : Tu as partagé tes pas avec tous les passants, et tu as
multiplié tes fornications.
71. Deuxièmement, il les
convainc de leur dureté de cœur : premièrement, même avertis, ils ne sont
pas revenus ; deuxièmement, ils ne se corrigent pas malgré les coups, en
cet endroit : POURQUOI ME FAITES-VOUS UN PROCÈS ?
(Jr 2, 29) ; troisièmement, ils ne laissent pas fléchir par les
bienfaits, en cet endroit : VOYEZ LA PAROLES DU SEIGNEUR
(Jr 2, 31).
72. À propos du premier point, [le Seigneur] fait trois choses. Premièrement, il présente un avertissement : PRENDS GARDE ! (Jr 2, 25). Comme s’il disait : «Cesse tes péchés, pour lesquels tu seras mené en captivité pieds nus et assoiffé», comme en Is 20, 4 : Comme mon serviteur Isaïe a marché nu et déchaussé, ainsi le roi des Assyriens menacera-t-il de captivité Les Égyptiens, et de déportation, les jeunes et les vieux d’Éthiopie, nus et déchaussés, les fesses découvertes, pour la honte de l’Égypte. Deuxièmement, [le Seigneur] montre la rébellion du peuple : ET TU AS DIT : «NOUS AVONS PERDU ESPOIR. JAMAIS JE NE LE FERAI. [J’AIME] LES ÉTRANGERS», les idoles. Plus loin : Ils ont dit : «Nous avons perdu espoir. Nous poursuivrons nos pensées, et chacun agira selon la méchanceté de son propre cœur» (Jr 18, 12). Troisièmement, [le Seigneur les] menace de les confondre. Premièrement, il présente une image de la confusion : COMME LE VOLEUR EST CONFONDU LORSQU’IL EST PRIS, AINSI ONT-ILS ÉTÉ CONFONDUS (Jr 2, 26), pris dans leurs souffrances. [ILS DISENT] AU BOIS (Jr 2, 27), à l’idole de bois : «PÈRE !», Dieu. Ps 97[96], 7 : Que soient confondus tous ceux qui adorent des sculptures et qui se glorifient dans leurs simulacres ! Is 1, 29 : Qu’ils soient confondus à cause de leurs idoles ! Deuxièmement, [le Seigneur] présente l’ordre dans lequel ils seront confondus, en présentant d’abord la privation de l’aide divine : CAR ILS ME TOURNENT [LE DOS], en désobéissant. Za 7, 11 : Ils ont tourné le dos en s’éloignant, et ils se sont bouché les oreilles afin de ne pas écouter ma loi. MAIS AU TEMPS DE LEURS MALHEUR. Os 6, 1 : Ils s’élanceront vers moi au matin dans leurs tribulations. «Venez, retournons au Seigneur !» Ensuite, il présente l’inutilité des idoles : OÙ SONT-ILS LES DIEUX ? (Jr 2, 28). Dt 32, 37 : Où sont leurs dieux en qui ils mettaient leur confiance ? Enfin, [il présente] la multitude des idoles : AUSSI NOMBREUX QUE TES VILLES ÉTAIENT TES DIEUX, JUDA. Is 2, 8 : Le pays est rempli de ses chevaux et innombrables sont ses chars.
73. Ici, [le Seigneur] montre la dureté de leurs cœurs, car ils n’ont pas été corrigés par les fléaux. Premièrement, il s’étonne de leurs objections : POURQUOI ME FAITES-VOUS UN PROCÈS ? (Jr 2, 29). Jb 9, 3 : S’il veut lui faire un procès, il ne pourra répondre une fois sur mille. Deuxièmement, il montre leur incorrigibilité en raison des fléaux qui ont frappé les plus jeunes : EN VAIN J’AI FRAPPÉ VOS FILS (Jr 2, 30), et les grands : VOTRE ÉPÉE A DÉVORÉ, [l’épée] des ennemis envoyée pour tuer comme vous l’avez mérité, VOS PROPHÈTES, les faux [prophètes] de Baal et les devins, et, pour ce qui concerne tous d’une manière générale, COMME UN LION DESTRUCTEUR, ainsi détruit-elle ; ou bien : COMME UN LION DESTRUCTEUR, il dévaste. En effet, tous s’élancent contre un lion ; de même, contre un loup. Plus loin : Le soufflet est haletant. En effet, leur méchanceté n’est pas consumée. Appelez-les : «Argent de rebut», car le Seigneur les a rejetés (Jr 6, 29).
74. Ici, [le Seigneur] montre leur dureté, car ils ne sont pas fléchis par les bienfaits. Premièrement, il présente les bienfaits qui se rapportent aux habitudes de vie : VOYEZ, comprenez, SUIS-JE DEVENU UN DÉSERT POUR ISRAËL ? (Jr 2, 31). Bien au contraire, je suis pour vous une ville et un pays très fécond, car je vous défends et je vous donne les fruits de la terre. Os 6, 3 : Il viendra pour nous comme l’ondée, comme la pluie tardive pour la terre. Deuxièmement, [il présente] ce qui se rapporte à l’ornementation : UNE VIERGE OUBLIE-T-ELLE SES PARURES ? (Jr 2, 32). Is 61, 10 : Il m’a entouré d’un manteau de justice.
75. Ici, il les convainc de
faute à l’endroit de leur prochain : premièrement, il prouve la
faute ; deuxièmement, il menace d’une peine honteuse, en cet
endroit : TU AURAS HONTE DE L’ÉGYPTE (Jr 2, 36).
76. À propos du premier point, il fait trois choses. Premièrement, il présente le fait qu’ils ont tué leur prochain, en s’étonnant de leurs excuses : [TU T’ES TRACÉ UN BON CHEMIN] POUR QUÊTER L’AMOUR (Jr 2, 33), comme si tu pouvais ainsi m’apaiser. Il présente le fait qu’ils ont tué spirituellement : ET EN PLUS, TU AS ENSEIGNÉ, par tes mauvais exemples. Plus loin : Tu les as formés contre toi et tu leur a enseigné à ton détriment (Jr 13, 21). Il présente le fait qu’ils ont été tués corporellement : SUR LES AILES, à savoir, les oiseaux (il parle par comparaison avec les oiseaux de proie), DES PAUVRES (Jr 2, 34), que tu as immolés aux idoles. Za 5, 9 : J’eus une vision : voici que deux femmes sortaient, le vent soufflait sur leurs ailes, et elles avaient des ailes comme les ailes du milan. Deuxièmement, [il présente] la manifestation de leur faute : JE LES AI TROUVÉS JUSQUE DANS LES FOSSÉS, comme s’ils avaient été secrètement tués par des voleurs ; PARTOUT, à savoir, sur les collines et en des lieux agréables. Is 59, 14 : La vérité a trébuché sur la place publique et la justice n’a pas trouvé d’accès. Et on a oublié la vérité, et celui qui s’est éloigné du mal est devenu une proie. Et [le Seigneur] s’étonne de l’excuse : TU AS DIT : [«JE SUIS INNOCENTE !»] (Jr 2, 35). Jb 11, 4 : Tu as dit : «Ma parole est pure et je suis pur à ton regard.» Troisièmement, il montre la répétition de leur faute, en la faisant précéder de l’étonnement de leur excuse : ME VOICI. COMME TU ES DEVENUE MÉPRISABLE, EN REFAISANT TA ROUTE !, [à savoir], tes péchés. Lm 1, 11 : Seigneur, vois et considère comme je suis devenue méprisable.
77. Ici, [le Seigneur] menace
de les punir en les confondant : POURTANT TU AURAS HONTE DE L’ÉGYPTE (Jr 2, 36),
dont tu espères l’aide, ET DE L’ASSYRIE, dont as recherché l’aide pour contrer
les dix tribus et les Assyriens. 2 R 16. TU POSERAS LES MAINS SUR TA
TÊTE (Jr 2, 37), en signe de douleur.
Is 30, 3 : La puissance de Pharaon sera pour vous une honte, et une ignominie
votre confiance dans la protection de l’Égypte.
78. Il faut noter que le
péché est appelé vanité, car son choix relève de l’imaginaire.
Ps 40[39], 5 : Bienheureux l’homme qui met son espoir dans le nom du Seigneur, et
qui n’a pas regardé ce qui est vain et folie trompeuse. Car [le péché] est passager comparé à ce qui est durable.
Ps 78[77], 33 : Leurs jours se sont perdus en vanités et leurs années ont passé
rapidement. Car [le péché] suscite des attentes
trompeuses. Si 34, 1 : Les espérances vaines et trompeuses sont pour
l’insensé, et les songes donnent des ailes aux sots. [Le péché] ne débouche sur aucun avantage. Is 49, 4 :
J’ai travaillé en
vain, j’ai consumé ma force sans raison et en vain.
79. Il faut aussi noter qu’il existe une source de pureté dans l’eau sacramentelle. Ez 47, 9 : Après que ces eaux y seront apparues, ils seront guéris et tout ce que le torrent aura atteint vivra. Les eaux de l’enseignement qui régénère. Is 55, 1 : Vous tous qui avez soif, approchez-vous de l’eau ; et vous qui n’avez pas d’argent, dépêchez-vous : achetez [sans argent] et buvez ! Les eaux de la grâce qui rafraîchit. Jn 4, 14 : Et il y aura en lui une source d’eau jaillissant en vie éternelle. Les eaux d’une gloire brillante. Ap 22, 22 : Il me montra un fleuve d’eau vive brillant comme le cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau.
80. Ici, [le Seigneur] les appelle de nouveau à la pénitence.
Premièrement, il présente son appel renouvelé ; deuxièmement, l’entêtement
de ceux qui sont rappelés, au chapitre 8 : ET TU LEUR DIRAS
(Jr 8, 4).
81. La première partie se
divise en deux [parties]. Dans la première, il présente l’avertissement de
l’appel renouvelé [à la pénitence] ; dans la seconde, les arguments en
faveur de l’appel renouvelé, au chapitre 4 : SI TU REVIENS, ISRAËL, ET SI
TU TE CONVERTIS À MOI (Jr 4, 1).
82. La première partie se
divise en deux [parties]. Dans la première, il appelle de nouveau le
peuple ; dans la seconde, il présente le résultat de la réponse, en cet endroit :
MAIS COMME UNE FEMME MÉPRISE SON AMANT (Jr 3, 20).
83. La première partie se
divise en deux [parties]. Dans la première, il [les] rappelle de leur
faute ; dans la seconde, de leur châtiment, en cet endroit : VA ET
CRIE CES PAROLES DU CÔTÉ DU NORD (Jr 3, 12).
84. La première partie se
divise en deux. Premièrement, il [les] rappelle par des avertissements ;
dans la seconde, par des exemples, en cet endroit : ET LE SEIGNEUR ME DIT,
AUX JOURS DU ROI JOSIAS (Jr 3, 6).
85. À propos du premier
point, il fait deux choses. Premièrement, il les appelle de nouveau par la
clémence divine ; pour la prouver, il présente un proverbe courant :
SI UN HOMME RÉPUDIE SA FEMME (Jr 3, 1), qui vient de
Dt 24, 1‑4 : Si un homme répudie sa femme. Et il parle
de la permission donnée par un acte de répudiation en raison de la dureté de
leur cœur, Mt 19, 1‑9, alors que le retour était
interdit ; ou bien de sorte qu’ils ne soient pas portés à [la] renvoyer,
ou à la tuer après l’avoir reprise par ruse. Et [le Seigneur tire de ce proverbe
un argument en faveur de la clémence divine : ET TOI QUI T’ES PROSTITUÉE À
DE NOMBREUX AMANTS. Is 55, 7 : Reviens au Seigneur, et il aura pitié de toi ; à
notre Dieu, car il est prompt à pardonner.
86. Deuxièmement, il les appelle
de nouveau en raison de leur faute. Premièrement, il présente [leur] faute en
précisant le lieu : REGARDE DROIT [DEVANT TOI] (Jr 3, 2),
par une droite considération, ou partout : OÙ NE T’ES-TU PAS
LIVRÉE ? comme [s’il disait] : «Partout», comme une prostituée, à
l’idolâtrie. Ez 16, 39 : Tu t’es prostituée sur toutes les places publiques. [Il présente encore leur] désir de pécher : TU TE TENAIS LE
LONG DES CHEMINS, comme une prostituée qui attend des amants, ET UN VOLEUR, qui
attend ceux qu’il dépouillera. Pr 7, 9 : Voici qu’accourt une femme
habillée comme une prostituée pour tromper les âmes. Os 6, 9 : Galaad, ville de fabricants d’idoles, imprégnée de sang, défilé de
voleurs ! Il précise aussi l’effet de [leur]
péché : TU AS SOUILLÉ LE PAYS. Ci-dessus : Tu as souillé ma terre, et
tu as offert mon héritage à l’abomination (Jr 2, 7).
Et ensuite, [le Seigneur] présente le châtiment de la faute : AUSSI LES
GOUTTES DE PLUIE ONT-ELLES ÉTÉ RETENUES (Jr 3, 3), par la
puissance desquelles la pluie ou l’averse sont engendrées.
Is 5, 6 : J’ordonnerai aux nuages de ne pas faire pleuvoir d’averse sur ma
vigne. Et il montre le sans-gêne des
pécheurs : COMME UNE SOURCE. Plus loin : Comment n’êtes-vous pas écrasés de honte ? (Jr 6, 15).
87. Deuxièmement, il [les] menace afin qu’ils se repentent. Premièrement, il les exhorte à reconnaître ses bienfaits : MAIS, comme s’il disait : «C’en est assez du temps passé, etc.». [NE M’APPELLES-TU PAS] «PÈRE» ? (Jr 3, 4), en vertu de la création, CELUI QUI ME MENAIT À L’ÉPOQUE OÙ J’ÉTAIS VIERGE, comme s’il disait : «Alors que tu me conduisais dans le désert ; et pourtant, j’étais vierge.» Pr 2, 17 : Elle a abandonné celui qui la dirigeait à l’époque de sa puberté. Is 63, 14 : C’était l’Esprit du Seigneur qui la conduisait. Deuxièmement, il l’exhorte à demander miséricorde et à dire : RESTERAS-TU TOUJOURS EN COLÈRE ET CONTINUERAS-TU SANS FIN [TON COURROUX] ? (Jr 3, 5). Ps 85[84], 6 : Resteras-tu toujours en colère contre nous, étendras-tu ta colère de génération en génération ?
88. Ici, [le Seigneur] montre leur mépris pour ce qui est du péché de la bouche : VOICI QUE TU AS DIT (Jr 3, 5), ce qui est expliqué en raison de [leurs] paroles d’orgueil, etc. ; pour ce qui est du péché en acte : ET QUE TU AS FAIT, à quoi répond : TU AS ACCOMPLI LE MAL ; pour ce qui est du péché du cœur : ET TU POUVAIS, à quoi répond : ET TU AS MONTRÉ, comme si tu avais montré ta puissance en péchant. Mais, à vrai dire, cela ne se trouve pas dans [le texte] hébreu : POUR TES PAROLES, etc., ni dans les ouvrages anciens, mais semble être une explication de Jérôme. Jb 24, 23 : Dieu lui a laissé le temps de se repentir, et il en abuse dans son orgueil. Is 5, 22 : Malheur à vous qui vous montrez puissants pour boire du vin, et forts pour vous adonner à l’ébriété !
89. Ici, [le Seigneur] leur
rappelle l’exemple des dix tribus et, à ce sujet, il fait trois choses.
Premièrement, il présente l’exemple [qu’elles ont donné] de la faute
d’idolâtrie : ELLE SE RENDAIT (Jr 3, 6), en suivant ses
penchants, et non mes commandements. ET JE ME DISAIS (Jr 3, 7).
2 R 17, 10‑11 : Ils se firent des statues et des stèles sur toute
colline élevée et sous tout arbre verdoyant ; ils y ont brûlé de l’encens
sur des autels à la manière des nations. [Il leur
rappelle aussi] leur punition, qui leur est connue : [JUDA,] SA SŒUR REBELLE,
car elle était issue des mêmes pères. [ELLE A VU QUE] J’AI RÉPUDIÉ [LA REBELLE
ISRAËL] (Jr 3, 8) : il maintient la ressemblance avec la
prostituée, chez laquelle se trouve de la laideur. Mais, contrairement à cela,
Is 50, 1 : Quel est cet acte de répudiation ? Il
faut répondre que Dieu ne chasse pas quelqu’un pour ce qui le concerne, mais
que l’homme qui pèche le chasse. De sorte qu’[on lit] au même endroit : Par votre iniquité, vous
vous êtes vendus, et à cause de vos crimes, j’ai renvoyé votre mère.
90. Deuxièmement, [le
Seigneur] présente [leur] mépris : MAIS LA PERFIDE JUDA, SA SŒUR, N’A PAS
CRAINT (Jr 3, 8‑10). [ELLE A COMMIS L’ADULTÈRE] AVEC LA
PIERRE, c’est-à-dire avec une idole de pierre. 2 R 17, 19 :
Mais Juda
elle-même n’a pas observé les commandements de son Dieu ; à la vérité,
elle a erré et suivi les erreurs qu’Israël avaient commises.
91. Troisièmement, [le Seigneur] aggrave leur culpabilité : ET LE SEIGNEUR ME DIT : «[ISRAËL] EST JUSTE» (Jr 3, 11), par comparaison [avec Juda], car les dix tribus n’avaient pas vu les peines des autres et ne s’étaient pas corrigées. Ez 16, 51 : Tu as montré la justice de tes sœurs par toutes les abominations que tu as commises.
92. Ici, [le Seigneur] les
rappelle du châtiment de la captivité : premièrement, il [les] rappelle ;
deuxièmement, il montre la raison du rappel, en cet endroit : ET MOI, J’AI
DIT (Jr 3, 19).
93. À propos du premier
point, il fait deux choses : premièrement, il présente le rappel ;
deuxièmement, la réponse de ceux qui sont rappelés, en cet endroit : ET JE
VOUS PRENDRAI, UN DANS UNE VILLE, DEUX DANS UNE FAMILLE, ET JE RAMÈNERAI EN
SION (Jr 3, 14).
94. À propos du premier point, il fait deux choses. Premièrement, il rappelle ceux qui appartiennent aux dix tribus, en les invitant à revenir : CONTRE LE NORD (Jr 3, 12), où ils sont gardés captifs dans le pays des Assyriens. Ps 103[102], 9 : Il ne sera pas toujours irrité et il ne menacera pas pour l’éternité. Afin qu’ils reconnaissent leurs péchés : RECONNAIS SEULEMENT... QUE TU AS COURU EN TOUS SENS VERS LES ÉTRANGERS (Jr 3, 13), vers de nombreuses idoles. Ci-dessus : Vois comme tu as marché dans les vallées, reconnais ce que tu as fait (Jr 2, 23). Deuxièmement, [il rappelle] ceux qui appartiennent aux deux tribus : CONVERTISSEZ-VOUS, en vous repentant, ET REVENEZ (Jr 3, 14), vers moi. Ou bien : REVENEZ de la captivité. Os 2, 18 : Et le Seigneur dit : «Voici qu’elle m’appellera “ Mon mari ”, et qu’elle ne dira plus : “ Mon Baal ”.»
95. Ici, [le Seigneur]
présente la réponse de ceux qui sont rappelés. Premièrement, celle des deux
tribus, alors qu’il leur promet la restitution de leur patrie : UN DANS
UNE VILLE (Jr 3, 14), parce qu’ils ont été dispersés ou parce
qu’ils ne sont pas tous revenus. Ez 36, 24 : Je prendrai parmi les
nations, et je vous rassemblerai de toute la terre, et je vous mènerai dans
votre pays. [Deuxièmement, il leur promet aussi] de
retrouver la justice par l’amendement de leurs dirigeants : JE VOUS
DONNERAI DES PASTEURS SELON MON CŒUR, ET ILS VOUS PAÎTRONT AVEC INTELLIGENCE (Jr 3, 15),
pour ce qui est de la foi, ET PRUDENCE, pour ce qui est du comportement.
Is 1, 26 : Je rétablirai tes juges comme ils étaient antérieurement, et tes
conseillers comme autrefois. Troisièmement, [il
leur promet] l’accroissement de leur gloire, qu’il indique par l’oubli du
passé : LORSQUE VOUS VOUS SEREZ MULTIPLIÉS..., ON NE DIRA PLUS :
«ARCHE DE L’ALLIANCE DU SEIGNEUR» (Jr 3, 16), comme si on
n’allait compter pour rien ce par quoi vous vous glorifiiez, car l’arche avait
été cachée et n’avait pas été retrouvée, comme on le raconte en
2 M 1, 19s. [Qu’il indique aussi] par la promesse des choses à
venir : EN CE TEMPS-LÀ, ON APPELLERA JÉRUSALEM «TRÔNE DU SEIGNEUR» (Jr 3, 17),
dans son ensemble, ce qui s’est réalisé par la renommée de sainteté en laquelle
on la tenait, comme il est dit en 1 M 3, 3.
Ez 43, 7 : L’endroit de mon trône, l’endroit de mes pas, là où j’habite parmi les
fils d’Israël pour l’éternité. [Qu’il indique
encore] par le développement du culte : ET TOUTES LES NATIONS SE
RASSEMBLERONT, un certain nombre de toutes [les nations] : en effet, on
venait de partout prier à Jérusalem. Ou bien, cela s’entend de la conversion
des nations à la foi au Christ. Ps 86[85], 9 : Toutes les nations que tu
as faites viendront et elles t’adoreront, Seigneur.
96. Deuxièmement, [le Seigneur] présente la conversion des dix tribus : EN CES JOURS-LÀ, LA MAISON DE JUDA IRA VERS LA MAISON D’ISRAËL (Jr 3, 18), car parmi ceux qui sont revenus, s’en sont ajoutés des deux tribus. Ce qui est indiqué par ce qu’il dit : ENSEMBLE ELLES VIENDRONT. Plus loin : En ces jours-là et en ce temps-là, dit le Seigneur, les fils d’Israël et les fils de Juda viendront ensemble, ils se hâteront en marchant et en pleurant, et ils chercheront le Seigneur, leur Dieu (Jr 50, 4). Toutefois, certains interprètent tout cela des derniers temps.
97. Ici, [le Seigneur]
indique la cause du rappel. Premièrement, il pose une question :
COMMENT ? (Jr 3, 19). C’est-à-dire : «qui peut me
pousser à te donner tant de biens, alors que tu es dans tant de péchés ?»
[COMMENT TE PLACERAI-JE] AU RANG DES FILS, c’est-à-dire [au rang] de nombreux
fils, AU SEIN DES ARMÉES DES NATIONS, c’est-à-dire là où depuis les temps
anciens les armées se rassemblaient, comme jusqu’à aujourd’hui, pour leur
plaisir. Ps 106[105], 24 : Ils ont méprisé un pays désirable. De même, Ps 16[15], 6 : Le cordeau a marqué pour moi une part admirable, car
mon héritage est magnifique.
98. Deuxièmement, [le Seigneur] donne la réponse : ET J’AI DIT, c’est-à-dire que, prévoyant le bien que tu ferais, je te promets cela. Ps 89[88], 27 : Il me dira : «Tu es mon père, mon Dieu, l’appui de mon salut.»
99. Ici, il présente les
fruits du retour. Premièrement, il exprime la nécessité de les appeler de
nouveau pour ce qui est de leur faute : [MAIS COMME UNE FEMME QUI TRAHIT]
SON AMANT (Jr 3, 20), et non son mari.
Os 3, 1 : Va : aime la femme qui a été aimée par un amant,
l’adultère ! Pour ce qui est du
châtiment : UNE CRI S’EST FAIT ENTENDRE SUR LA ROUTE (Jr 3, 21).
Plus loin : Un
cri s’est fait entendre d’en haut : lamentation, plainte, pleurs. C’est
Rachel qui pleure ses enfants (Jr 31, 15).
100. Deuxièmement, [le Seigneur]
présente l’utilité de la conversion : REVENEZ, comme ci-dessus, DE VOS
RÉBELLIONS (Jr 3, 22), par lesquelles vous vous êtes détournés
de Dieu. Ps 103[102], 3 : Lui qui guérit tous tes repentirs. Is 45, 22 : Revenez à moi, et vous serez sauvés !
101. Troisièmement, il présente
leur retour. Premièrement, il déclare leur obéissance : VOICI, NOUS VENONS
[À TOI], comme tu l’as ordonné. Os 6, 2 : Venez, retournons au
Seigneur, c’est lui qui [nous] a frappés, et c’est lui qui nous guérira ;
il frappera, et te guérira. Deuxièmement, ils
confessent la magnificence de Dieu, en confessant sa divinité : CAR TU ES
[LE SEIGNEUR, NOTRE DIEU] (Jr 3, 22). Ex 15, 2 : Il est mon Dieu et je le
glorifierai. [Ils confessent aussi] la fausseté des
idoles : EN VÉRITÉ, [LES COLLINES] NE SONT QUE DUPERIE (Jr 3, 23),
car les idoles que nous y vénérions n’apportaient pas le secours que nous
espérions et ne possédaient pas la divinité à laquelle elles prétendaient.
Is 28, 15 : Nous avons mis notre espérance dans le mensonge et nous avons
cherché protection dans le mensonge. [Ils
confessent aussi] l’utilité de son culte : EN VÉRITÉ, LE SALUT D’ISRAËL
EST DANS LE SEIGNEUR, NOTRE DIEU. Ps 62[61], 8 : Mon salut est en Dieu, le
Dieu qui me secourt, et mon espoir est en Dieu.
Troisièmement, ils confessent leur faute et leur châtiment et celui de leurs
pères : LA HONTE A DÉVORÉ LE TRAVAIL DE NOS PÈRES DEPUIS NOTRE JEUNESSE (Jr 3, 24‑25).
Plus loin : Seigneur,
tous ceux qui t’abandonnent seront confondus ; ceux qui s’éloignent de toi
écrivent dans la poussière, parce qu’ils ont délaissé la source d’eau vive, le
Seigneur (Jr 17, 13).
102. Remarque que Dieu est
appelé Père en raison de la création. Mt 11, 25 : Je te confesse, Père,
Seigneur du ciel et de la terre. [Il est aussi
appelé Père] en raison de l’adoption. Rm 8, 15 : Vous avez reçu l’Esprit
d’adoption des fils de Dieu, par lequel nous crions : «Abba, Père.» [Il est encore appelé Père] en raison de la correction.
Pr 3, 12 : Car celui que le Seigneur aime, il le corrige, et, comme un père, il
se complaît en lui.
103. Remarque que l’héritage de la patrie céleste brille de la splendeur de la vision divine. Sg 6, 12 : La Sagesse brille et ne se flétrit jamais, et elle se laisse facilement voir par ceux qui l’aiment. [Il brille encore] par la douceur de l’amour divin. Ps 23[22], 5 : Comme brille la coupe qui m’enivre ! [Il brille encore] par la familiarité de la parole divine. Sg 8, 3 : Elle brille par la communication de ses paroles. [Il brille] par l’élévation de sa grandeur. Za 8, 13 : Une bénédiction, la maison de Juda et la maison d’Israël ! [Il brille] par le réconfort de l’entourage. Ez 31, 9 : Tous les arbres agréables qui étaient dans le paradis de Dieu, etc.
104. Ici, il présente les
arguments en faveur du retour : premièrement, [les arguments] tirés des
bienfaits promis à ceux qui reviendront ; deuxièmement, des châtiments
dont il menace ceux qui se montreront méprisants, en cet endroit : CAR
AINSI PARLE LE SEIGNEUR, etc. (Jr 4, 17).
105. À propos du premier point,
[le Seigneur] fait deux choses. Premièrement, il enseigne la façon de
revenir : SI TU REVIENS (Jr 4, 1), des idoles, POUR TE
TOURNER VERS MOI. Ou si tu te prépares à revenir, convertis-toi de tout cœur.
Ou si tu reviens de captivité, convertis-toi en faisant pénitence.
Is 21, 12 : Si vous cherchez, cherchez ; si vous vous convertissez,
venez !
106. Deuxièmement, il montre le triple fruit de la conversion. Premièrement, [le fruit] de la sécurité : SI TU ENLÈVES TES HORREURS, les idoles, par lesquelles tu m’offenses en te présentant [devant elles], et tu m’incites à la colère. TU NE SERAS PAS ÉBRANLÉ, à savoir, de la patrie. Ps 125[124], 1 : Ceux qui mettent leur confiance dans le Seigneur comme le mont Sion, celui qui habite Jérusalem ne sera pas ébranlé pour l’éternité. Deuxièmement, [le fruit] de sainteté en eux : SI TU JURES PAR LE SEIGNEUR VIVANT (Jr 4, 2), à savoir, par le Dieu vivant, et non par les idoles mortes. EN VÉRITÉ, de la part de celui qui fait serment, afin qu’ils prêtent serment avec vérité, et non en faisant semblant ou pour tromper. AVEC DROITURE, pour ce qui est de la cause pour laquelle on prête serment, afin qu’on ne prête pas serment de manière téméraire, mais après avoir soupesé de manière appropriée. AVEC JUSTICE, pour ce qui est la chose à propos de laquelle on prête serment, afin qu’elle soit juste et licite. Is 65, 16 : Celui qui jure sur terre jurera devant Dieu. Amen ! Troisièmement, [le Seigneur montre] l’expansion de la religion parmi les nations : ALORS LES NATIONS BÉNIRONT, le Seigneur, en voyant les bienfaits qu’il t’accorde. Ps 66[65], 8 : Bénissez notre Dieu, vous, les nations !
107. Ici, [le Seigneur] tire de
leurs châtiments argument en faveur du retour : premièrement, il menace de
châtiments si on ne veut pas revenir ; deuxièmement, il écarte les faux
remèdes, au chapitre 5 : PARCOUREZ LES RUES DE JÉRUSALEM (Jr 5, 1).
108. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il enseigne la manière de revenir pour ce
qui est du fruit du bon comportement : DÉFRICHEZ (Jr 4, 3),
reprenez la culture, CE QUI EST EN FRICHE, à savoir, enlevez les épines des
vices, afin que les champs labourés et nettoyés reçoivent des semences saines.
Mt 13, 7 : Un autre tomba sur les épines et, dès que les épines ont poussé,
elles l’ont étouffé. Aussi, pour ce qui est du
culte religieux rendu à Dieu : CIRCONCISEZ-VOUS (Jr 4, 4),
à savoir, enlevez de votre cœur le comportement religieux des Gentils.
Dt 10, 16 : Circoncisez le prépuce de votre coeur !
109. Deuxièmement, [le Seigneur]
montre que le danger est imminent. Premièrement, d’une manière générale :
DE CRAINTE QUE MA COLÈRE NE JAILLISE COMME UN FEU. Is 1, 31 : Les deux s’allumeront
ensemble, et il n’y aura personne pour les éteindre.
110. Deuxièmement, d’une manière
particulière : PUBLIEZ DANS JUDA ET DANS JÉRUSALEM (Jr 4, 5).
Et, à ce propos, il fait trois choses : premièrement, il prédit la venue
des ennemis ; deuxièmement, les inconvénients d’un siège, en cet
endroit : UNE VOIX ANNONCE (Jr 4, 15) ; troisièmement, le
châtiment de la destruction, en cet endroit : JE SOUFFRE EN MES ENTRAILLES
(Jr 4, 19).
111. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il décrit la préparation des habitants ;
deuxièmement, la venue des ennemis, en cet endroit : LE LION EST MONTÉ DE
SON FOURRÉ (Jr 4, 7).
112. À propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, l’ordre d’annoncer la préparation est présenté : ANNONCEZ, en indiquant le lieu : DANS JUDA, c’est-à-dire, dans cette tribu ; DANS JÉRUSALEM, qui est la métropole de ce royaume. La manière [d’annoncer] : SONNEZ DU COR, pour que tous entendent, et continuez [de crier] : FORTEMENT. Is 58, 1 : Crie, ne t’arrête pas ! Élève la voix avec force ! Deuxièmement, la préparation est proposée : RASSEMBLEZ-VOUS ! Plus loin : Soyez réconfortés, gens de Benjamin, au milieu de Jérusalem, sonnez du cor à Téqoa ! (Jr 6, 1). Troisièmement, la raison est donnée : CAR C’EST UN MALHEUR QUE J’AMÈNE DU NORD ! (Jr 4, 6). Ci-dessus : C’est du Nord que se répandra le malheur ! (Jr 1, 14).
113. Ici, [le Seigneur] présente
l’arrivée des ennemis : premièrement, pour ce qui est de la sortie de leur
pays ; deuxièmement, pour ce qui est de leur marche sur la route, en cet
endroit : EN CE TEMPS-LÀ (Jr 4, 11) ; troisièmement, pour
ce qui est du terme de la route : ET VOICI QU’IL S’AVANCE COMME SUR DES
NUÉES (Jr 4, 13).
114. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il décrit la condition des ennemis qui
approchent pour ce qui est de leur force : LE LION (Jr 4, 7),
c’est-à-dire, Nabuchodonosor, [EST MONTÉ] DE SON FOURRÉ, de Babylone.
Pr 30, 30 : Le lion est la plus puissante des bêtes, qui ne recule devant rien. Plus loin : Comme un lion, il vient des hauteurs du Jourdain, faisant étalage de
sa beauté vigoureuse. Pour ce qui est de leur intention :
POUR TRANSFORMER TON PAYS EN DÉSERT. Is 10, 7 : Il aura le cœur à la
destruction et au carnage d’un grand nombre de peuples. Pour ce qui est de la mise en œuvre de son intention : TES
VILLES [SERONT DÉTRUITES]. Is 1 7 : Votre pays est désert, vos villes ont été détruites.
115. Deuxièmement, [le Seigneur] présente la stupeur des Juifs. Premièrement, de tous d’une manière générale : AUSSI REVÊTEZ-VOUS DE SACS (Jr 4, 8). Plus loin : Revêtez-vous d’un sac et couvrez-vous de cendres ! (Jr 6, 26). Deuxièmement, des dirigeants en particulier : EN CE JOUR-LÀ, DIT LE SEIGNEUR, LE CŒUR MANQUERA AU ROI ET AUX DIRIGEANTS (Jr 4, 9), de sorte qu’ils ne puissent prendre la décision de résister. Is 19, 1 : Le cœur de l’Égyptien fondra. Troisièmement, la sienne en particulier : ET J’AI DIT : «MALHEUR !», ALORS QUE TU DISAIS : «LA PAIX SERA SUR VOUS !» (Jr 4, 10). Ci-dessus : En ce temps-là, ils appelleront Jérusalem le trône du Seigneur, et toutes les nations se rassembleront en elle au nom du Seigneur de Jérusalem (Jr 3, 17). Sans prendre garde que cela concerne un temps proche, mais ceci, un avenir très lointain. Plus loin : Nous attendions la paix, mais il n’y avait rien de bon, le temps de la guérison, et voici la terreur ! (Jr 8, 15).
116. Ici, [le Seigneur] décrit l’approche [des ennemis] selon leur progression : [EN CE TEMPS-LÀ,] ON DIRA (Jr 4, 11),[au temps] de leur progression, UN VENT BRÛLANT, l’armée des Chaldéens qui incendiera tout le pays, SUR LES ROUTES DU DÉSERT, qui se trouve entre la Chaldée et la Judée, comme s’il disait : «Déjà l’armée est parvenue à cet endroit» ; NON POUR VANNER, à savoir, pour que certains deviennent captifs, comme lorsque le grain est séparé de la paille, mais tous deviendront captifs. UN VENT IMPÉTUEUX (Jr 4, 12), c’est-à-dire une indignation totale contre vous, ME VIENT, pour mon honneur, D’EUX, c’est-à-dire des ennemis. Is 30, 28 : Son esprit est comme un torrent qui inonde jusqu’au cou afin d’anéantir les nations, etc. Et il menace d’exécuter son jugement par eux : MAIS MAINTENANT, C’EST MOI, comme si je ne pouvais plus me retenir, QUI VAIS PRONONCER SUR EUX LE JUGEMENT Ou bien : MAIS MAINTENANT, C’EST MOI qui prononcerai des paroles consolatrices. Ci-dessus : Je prononcerai mon jugement sur eux, sur toute la malice de ceux qui m’ont abandonné, etc. (Jr 1, 16).
117. Ici, il décrit la venue [des ennemis] pour ce qui est du terme de leur route. À ce propos, il fait trois choses. Premièrement, il décrit la condition des ennemis pour ce qui est de leur grand nombre : COMME UNE NUÉE (Jr 4, 13), qui recouvre toute la terre, IL MONTERA, en raison de l’endroit où se trouve le pays. [Il décrit la condition des ennemis] pour ce qui est de leur impétuosité : COMME UNE TEMPÊTE, avec un grand fracas. Is 5, 28 : Les roues [de ses chars] sont comme le souffle de la tempête. [Il décrit la condition des ennemis] pour ce qui est de leur rapidité : SES CHEVAUX SONT PLUS RAPIDES QUE DES AIGLES. Deuxièmement, il présente l’effet de [leur] venue : MALHEUR À NOUS ! en parlant au nom du peuple. Is 1, 8 : Comme une ville qui est dévastée. Troisièmement, il conclut en conseillant la pénitence : PURIFIE [TON CŒUR] DU MAL (Jr 4, 14). Is 1, 16 : Lavez-vous et purifiez-vous, éloignez de mes yeux la malice de vos pensées !
118. Ici, il prédit le siège.
Premièrement, l’annonce du siège : [UNE VOIX CRIE LA NOUVELLE] DEPUIS DAN (Jr 4, 15),
dont le pays était le premier à se présenter aux Chaldéens se dirigeant vers
Jérusalem ; DEPUIS LA MONTAGNE D’ÉPHRAÏM, qu’ils rencontraient ensuite.
L’IDOLE (Jr 4, 16), c’est-à-dire les ennemis dont ils étaient
les victimes en raison de leur idolâtrie. Là est précisé l’ordre des annonces
qui se succèdent. Et il précise ce qui a été annoncé : PROCLAMEZ AUX GENS
[DE JÉRUSALEM], à savoir, aux citoyens demeurant à Jérusalem, de vous préparer
à résister ; ou encore, LES NATIONS des environs, afin qu’elles se
corrigent en étant terrifiées par vos châtiments. LES GARDIENS, à savoir, les
ennemis qui doivent assiéger, [POUSSENT] UN CRI, le hurlement de l’armée.
Ci-dessus : Les
lions ont rugi contre elle, ils ont donné de la voix (Jr 2, 15).
119. Deuxièmement, il précise le
mode du siège : COMME LES GARDIENS [D’UN CHAMP] (Jr 4, 17),
qui assiègent de partout sans résistance. Lc 19, 43 : Tes ennemis t’encercleront
dans la vallée, ils t’entoureront et te harcèleront de tous côtés.
120. Troisièmement, il présente la justification du siège : TES CHEMINS (Jr 4, 18), c’est-à-dire tes actions. [TON MALHEUR TE FRAPPE] JUSQU’À L’OS, t’a atteint jusqu’aux os. Jb 22, 5 : À cause de ta très grande malice et de tes innombrables iniquités, etc.
121. Ici, il prédit la destruction du pays. Premièrement, il prédit la
destruction elle-même ; deuxièmement, l’effet de la destruction, en cet
endroit : J’AI REGARDÉ LE PAYS ET VOILÀ QU’IL ÉTAIT VIDE ET QU’IL N’Y
AVAIT PLUS RIEN ! (Jr 4, 23).
122. À propos du premier point,
[il fait] trois choses. Premièrement, le prophète montre sa compassion :
MON VENTRE SOUFFRE (Jr 4, 19), pour ce qui est de l’affliction
du cœur, LE SENTIMENT DE MON CŒUR, pour ce qui est du trouble de
l’intelligence. JE NE ME TAIRAI PAS, en me plaignant même extérieurement.
Lm 2, 11 : Mes yeux ont manqué de larmes, mes entrailles ont été troublées.
123. Deuxièmement, il poursuit
l’ordre de la destruction, en présentant le rassemblement pour le combat :
CAR MON ÂME A ENTENDU L’APPEL DU COR. So 1, 16 : Jour du cor et de la
trompette ! [En présentant] la dévastation de
la région : DÉSASTRE SUR DÉSASTRE (Jr 4, 20), car la
dévastation s’ajoute au siège, ou c’est une dévastation après l’autre.
Jb 16, 15 : Il m’a asséné blessure sur blessure, il s’est rué sur moi comme un
géant. [En présentant] la destruction de la ville
elle-même pour ce qui est des maisons : D’UN COUP MES TENTES SONT
DÉTRUITES, par lesquelles sont signifiées les maisons ; LES PEAUX, dont
les tentes étaient recouvertes. Plus loin : Ma tente a été dévastée, toutes mes cordes ont été
coupées (Jr 10, 20). [En présentant
aussi] la fuite des habitants : JUSQUES À QUAND VERRAI-JE LE FUYARD (Jr 4, 21),
l’armée des Chaldéens ? Lm 1, 6 : Ils s’en sont retournés
sans force, face à leur poursuivant.
124. Troisièmement, [le Seigneur] donne la raison de la dévastation : la privation de la connaissance appropriée. [C’EST QUE MON PEUPLE EST] STUPIDE (Jr 4, 22), pour ce qui est de la connaissance des choses divines, IGNORANT, pour ce qui est de l’expérience de leur douceur, IRRÉFLÉCHI, car il est sans cœur pour choisir ce qu’il doit faire. Is 5, 13 : Mon peuple a été conduit en captivité parce qu’il n’avait pas la science. Et pour ce qui est de sa sagacité dans la fourberie : ILS SONT SAGES [POUR FAIRE LE MAL], à quoi s’oppose Rm 16, 19 : Je veux que vous soyez sages pour le bien et simples pour le mal.
125. Ici, [le Seigneur] montre
l’effet de la destruction : premièrement, dans la région ;
deuxièmement, dans le peuple, en cet endroit : DEVANT LE CRI DU CAVALIER,
etc. (Jr 4, 29).
126. À propos du premier point,
il faut deux choses. Premièrement, il prédit la désolation à venir d’une
manière générale pour ce qui est de la plaine : [LE PAYS] EST VIDE (Jr 4, 23),
de ses habitants, IL N’Y A PLUS RIEN, il est privé de ses fruits et de ses constructions.
LA LUMIÈRE A DISPARU, tel qu’il semblait aux affligés pour qui tout était
sombre. Is 6, 11‑12 : Le pays sera déserté, et le Seigneur éloignera
beaucoup les hommes. [Il prédit aussi la désolation]
pour ce qui est des montagnes : J’AI REGARDÉ LES MONTAGNES, ET ELLES
TREMBLAIENT (Jr 4, 24), par hyperbole : si cela était
possible, même les montagnes trembleraient dans une telle tribulation. Ou bien,
par LES MONTAGNES, [on entend] les habitants de la montagne.
Ps 46[45], 4 : Les montagnes ont été bouleversées devant sa force. [La désolation] pour ce qui est des êtres animés : J’AI REGARDÉ :
PLUS D’HOMMES ! TOUS LES OISEAUX DU CIEL ONT FUI ! (Jr 4, 25),
à savoir qu’ils ont fui avec les habitants. Is 50, 2 : Je suis venu, et il n’y
avait personne. J’ai crié, et il n’y avait personne pour écouter ! [La désolation], en particulier pour les régions fertiles, qui
devaient le moins être évacuées : J’AI REGARDÉ, ET LE CARMEL ÉTAIT DÉSERT (Jr 4,
26). Is 1, 7 : Votre pays est désert, vos villes ont été détruites.
127. Deuxièmement, [Jérémie] raffermit [les habitants] par le jugement du Seigneur. Premièrement, il présente le mélange de miséricorde : AINSI PARLE LE SEIGNEUR : [LE PAYS SERA DÉSOLÉ], MAIS JE NE L’EXTERMINERAI PAS (Jr 4, 27), de telle sorte que tous meurent, comme il l’avait dit à propos des dix tribus. Is 10, 23 : Le Seigneur Dieu des armées exterminera et amenuisera sur toute la terre. Deuxièmement, il présente l’imposition du jugement : LA TERRE PLEURERA (Jr 4, 28), comme s’il disait : «Elle sera stérile», comme on dit de ce qui fleurit qu’il pleure ; ou bien, comme par compassion, de manière hyperbolique. Is 24, 4 : La terre a pleuré, elle dépérit et s’étiole ; le monde dépérit et l’élite du peuple s’étiole. Troisièmement, [il présente] la fermeté du jugement : J’AI RÉFLÉCHI [ET JE NE ME REPENTIRAI PAS]. Is 14, 27 : J’ai pris cette décision sur toute la terre et j’ai étendu ma main sur tous les peuples. Le Seigneur des armées a décidé : qui pourra annuler [sa décision] ?
128. Ici, [Jérémie] montre
l’effet de la destruction sur le peuple des Juifs. Premièrement, il présente la
crainte, qui est indiquée par la désertion des villes : [DEVANT LE CRI] DU
CAVALIER (Jr 4, 29), c’est-à-dire du Chaldéen, [TOUTE LA VILLE
EST EN FUITE]. Is 21, 15 : Ils se sont enfuis devant l’épée, devant l’épée qui
approchait, devant l’arc tendu, devant une dure bataille. [La crainte indiquée] par l’habitation des montagnes : ILS ONT
ESCALADÉ DES [ROCHERS] ABRUPTS. Plus loin : Abandonnez vos villes et habitez dans les rochers,
habitants de Moab, et soyez comme la colombe qui fait son nid dans l’ouverture
du trou le plus élevé (Jr 48, 28).
129. Deuxièmement, il présente
le caractère trompeur de l’espoir mis dans les idoles : ET TOI, LA
DÉVASTÉE, QUE VAS-TU FAIRE ? (Jr 4, 30). MÊME SI TU
T’HABILLES. À l’image de la prostituée qui s’embellit pour plaire à ses amants,
ils décoraient les autels des idoles pour leur plaire. [MÊME SI TU T’AGRANDIS
LES YEUX] DE FARD, c’est-à-dire d’une huile couleur safran dont les femmes se
teignent les sourcils, comme il est dit en 2 R 9, 30 : Jézabel se teignit les yeux
avec du fard, et elle se para la tête, etc. Pr 7, 10 :
Une femme accourt
vers lui vêtue comme une prostituée, etc. [Le
caractère trompeur] des amis, surtout des Égyptiens, en qui ils mettaient leur
confiance. [CEUX QUI ÉTAIENT ÉPRIS DE TOI] T’ONT MÉPRISÉE.
Lm 1, 2 : Tous ses amis l’ont méprisée.
130. Troisièmement, il présente
la douleur comme celle d’un accouchement : [J’ENTENDS LES CRIS] COMME
D’UNE FEMME EN TRAVAIL (Jr 4, 31), qui donne naissance à son
fils premier-né, et souffre davantage. Comme [la douleur] à la mort d’un
fils : PARMI LES MORTS. Ps 48[47], 7 : Ce sera comme les douleurs
de celle qui enfante, etc.
131. Il faut noter qu’il existe
une multiple circoncision : celle de l’esprit par rapport aux pensées mauvaises,
Lv 26, 41 : Jusqu’à ce que leur esprit incirconcis rougisse ; celle du cœur par rapport aux désirs mauvais,
Rm 2, 29 : La circoncision du cœur est dans l’esprit, et non dans la
lettre ; celle de la bouche par rapport aux
paroles mauvaises, Ex 6, 10 : Je suis incirconcis des lèvres ; celle de l’oreille par rapport aux médisances et aux paroles mauvaises.
Plus loin : Leurs
oreilles sont incirconcises et elles ne peuvent pas entendre (Jr 6, 10). [L’incirconcision] de la chair, qui
signifie la circoncision par rapport aux désirs charnels,
Gn 17, 11 : Vous circoncirez la chair de votre prépuce afin que ce soit un signe
de l’alliance entre moi et vous.
132. Il faut aussi noter que le cœur est lavé par l’eau du baptême, Ez 16, 9 : Je t’ai lavé dans l’eau et j’ai enlevé le sang qui était sur toi. [Il est aussi lavé] par les larmes de componction, Ps 6, 7 : Toutes les nuits, je laverai mon lit, j’inonderai ma couche de mes larmes. Par le vin de l’amour divin, Gn 49, 11 : Je laverai ma tunique dans le vin, et mon manteau dans le sang de la vigne. Par le lait de la parole divine, Ct 5, 12 : Ses yeux sont comme ceux de la colombe sur le bord de l’eau : ils ont été lavés au lait. Par l’ardeur de la correction, Is 4, 4 : Si le Seigneur lave la souillure des filles de Sion, et enlève le sang de Jérusalem par le souffle de son jugement et son souffle brûlant. Par le sang de la passion du Seigneur, Ap 7, 14 : Ils ont lavé leurs tuniques et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau.
133. Ici, [Jérémie] écarte les
remèdes dans lesquels ils avaient pu mettre leur confiance : premièrement,
la sainteté des hommes ; deuxièmement, la force de la ville royale, au
chapitre 6 : RASSUREZ-VOUS (Jr 6, 1); troisièmement, la
religion du culte divin, au chapitre 7. : VOICI LA PAROLE QUI FUT ADRESSÉE
PAR LE SEIGNEUR À JÉRÉMIE POUR JÉRUSALEM, etc. (Jr 7, 1).
134. À propos du premier point,
[il fait] deux choses. Premièrement, il montre leur malice d’une manière
générale ; deuxièmement, il continue [en présentant] leurs vices d’une
manière particulière, en cet endroit : POUR QUELLE RAISON TE SERAIS-JE FAVORABLE ?
(Jr 5, 7).
135. À propos du premier point,
[il fait] deux choses. Premièrement, il montre leur faute ; deuxièmement,
il les menace d’un châtiment, en cet endroit : VOILÀ POURQUOI LE LION DE
LA FORÊT LES A ATTAQUÉS (Jr 5, 6).
136. À propos du premier point,
[il fait] deux choses. Premièrement, il montre la malice des dirigeants ;
deuxièmement, celle des sujets, en cet endroit : JE ME DISAIS, etc.
(Jr 5, 4).
137. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, le Seigneur montre la malice universelle du
peuple pour ce qui est de la méchanceté de leur comportement : [SI VOUS
DÉCOUVREZ] UN HOMME (Jr 5, 1), même un seul, QUI PRATIQUE LE
DROIT, c’est-à-dire qui se comporte avec justice à l’égard de son prochain,
selon la règle d’un juste jugement ; QUI RECHERCHE LA VÉRITÉ, c’est-à-dire
[qui cherche] à agir fidèlement ; ALORS JE PARDONNERAI, etc., et non
seulement s’il s’en trouve dix, comme le disait Abraham à propos de Sodome,
Gn 18, 32. Mais on pourrait dire : Il n’y a personne qui fasse le bien, pas même un
seul ! (Ps 14[13], 3). [Leur malice
universelle aussi] pour ce qui est de la perversité de leur comportement, même
là où il paraissait bon extérieurement : MAIS S’ILS DISENT : «PAR LE
DIEU VIVANT !», ILS JURENT PAR MENSONGE (Jr 5, 2), parce
qu’ils ne vénéraient pas le Seigneur dans leur cœur, comme ils le faisaient par
leur bouche ; ou bien, parce qu’ils juraient selon la lettre.
Ci-dessus : Tu
jureras : «Par le Dieu vivant !» avec vérité, selon le droit et la
justice (Jr 4, 2).
Is 29, 13 : Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi.
138. Deuxièmement, le prophète confirme le jugement du Seigneur. Premièrement, il présente la vérité du jugement : SEIGNEUR, MES YEUX VOIENT LA VÉRITÉ (Jr 5, 3), c’est-à-dire ce qui est juste, comme s’il disait : «Tu as jugé avec justice.» Pr 16, 2 : Tous ses chemins sont clairs à ses yeux, le Seigneur pèse les esprits. Ha 1, 13 : Tes yeux sont purs de sorte que tu ne vois pas le mal et que tu ne peux regarder l’iniquité. Deuxièmement, il ajoute l’incorrigibilité du peuple, car il ne se corrige pas même après avoir reçu des coups : TU [LES] AS FRAPPÉS, coups légers, ET ILS N’ONT PAS PLEURÉ, leurs péchés. TU LES AS BROYÉS, par la mort et la captivité. Ci-dessus : C’est en vain que j’ai frappé vos fils, et ils n’en ont pas tiré de leçon (Jr 2, 30). Ag 2, 18 : Je vous ai frappés par un vent brûlant, ainsi que toutes les œuvres de vos mains par la rouille et la grêle, et pas un seul d’entre vous n’est revenu vers moi, dit le Seigneur. [Ils n’en ont pas non plus eu] honte : [LEURS VISAGES] SE SONT ENDURCIS, comme s’il disait : «La honte ne les change pas.» Ez 3 7 : Toute la maison d’Israël a le visage brisé et le cœur endurci.
139. Ici, il montre la malice des dirigeants à l’endroit de l’opinion du prophète. Premièrement, il présente l’ignorance du peuple, comme si elle l’excusait : CE NE SONT PEUT-ÊTRE QUE DE PAUVRES GENS (Jr 5, 4), ceux que j’ai rencontrés sur les places publiques, QUI IGNORENT LE CHEMIN, qu’ils doivent suivre, ET LE JUGEMENT, qu’ils doivent craindre. 1 Co 8, 7 : Tous n’ont pas la science. Deuxièmement, il présente la science des dirigeants, qui écartait l’opinion [de Jérémie] à propos de la faute : J’IRAI DONC VERS LES GRANDS ET JE LEUR PARLERAI, CAR EUX CONNAISSENT LE CHEMIN (Jr 5, 5), qu’il doivent suivre, LE JUGEMENT, selon lequel ils doivent juger entre les autres. Sg 6, 1 : C’est à vous, rois, que s’adressent ces paroles, afin que vous appreniez la sagesse et que vous ne l’écartiez pas. Troisièmement, il présente la faute : OR, VOICI QU’[ILS ONT SECOUÉ LE JOUG] ENCORE PLUS que le peuple, car ils l’ont fait avec plus d’audace et avec moins de crainte, QUE LE PEUPLE. Ps 2, 2 : Les rois de la terre se sont assis et ils se sont rassemblés contre le Seigneur. LE JOUG DE LA LOI, les liens des commandements. Ps 2, 3 : Rompons leurs liens et rejetons leur joug.
140. Ici, il menace d’un
châtiment. Premièrement, il précise le châtiment pour ce qui est de la mort des
hommes : [VOILÀ POURQUOI] LE LION DE LA FORÊT [LES ATTAQUE] (Jr 5, 6),
parce qu’il est féroce et en raison de la férocité de Nabuchodonosor, en qui
[il voit] le royaume des Chaldéens. [Le châtiment] pour ce qui est de la
dévastation des régions : LE SOIR, LE LOUP [LES DÉVASTE], en raison de sa
rapidité : en effet, le soir, les loups sont plus rapides parce qu’ils ont
le ventre vide et soupirent après leur proie nocturne. Ou bien, [il voit] dans
le loup le royaume des Perses. [Le châtiment] pour ce qui est du siège de la
ville : LA PANTHÈRE EST AUX AGUETS, à savoir, Nabuchodonosor en raison de
sa tromperie, ou le royaume des Grecs en raison de la diversité des royaumes
qu’il s’était soumis. Mais il ne parle pas du royaume des Romains, car il
n’apparaissait encore que de très loin, ou bien, il l’indique lorsqu’il
dit : QUICONQUE EST SORTI, c’est-à-dire, s’est échappé des mains des
précédents, SERA CAPTURÉ. Lm 3, 10 : L’ours en embuscade est devenu pour moi un lion à
l’affût. Ha 1, 8 : Leurs chevaux sont plus
légers que des panthères et plus rapides que les loups du soir.
141. Deuxièmement, il reprend le procès : [C’EST QUE LEURS CRIMES] SONT NOMBREUX, par leur nombre, ET ENRACINÉES [LEURS RÉBELLIONS] contre Dieu, par leur comportement habituel. Is 59, 12 : Nos iniquités se sont multipliées devant toi, et nos péchés nous ont répondu.
142. Ici, il continue [à
présenter] leurs péchés d’une manière particulière : premièrement, les
péchés des sujets ; deuxièmement, les péchés des dirigeants, en cet
endroit : CAR IL Y A CHEZ MON PEUPLE DES IMPIES EN EMBUSCADE
(Jr 5, 26).
143. À propos du premier point,
[il fait] deux choses : premièrement, il montre la faute du peuple ;
deuxièmement, la bêtise de ceux qui pèchent, en cet endroit : FAITES CETTE
ANNONCE (Jr 5, 20).
144. À propos du premier point,
[il fait] trois choses. Premièrement, il reproche au peuple la faute
d’idolâtrie : POURQUOI TE PARDONNERAIS-JE ? (Jr 5, 7),
c’est-à-dire, quelle cause raisonnable pourrais-je trouver de vous
épargner ? ILS JURENT [PAR LES DIEUX], en leur manifestant une révérence
digne de Dieu. Dt 32, 21 : Ils m’ont provoqué avec ce qui n’était pas Dieu, et il
m’ont irrité par leurs vanités ; et moi, je les défierai par ce qui n’est
pas mon peuple.
145. Deuxièmement, il leur
reproche la faute de luxure, en présentant l’accomplissement du péché ou
l’occasion du péché : JE LES RASSASIAIS, en leur donnant une abondance de
biens temporels. Ainsi, la Glose dit : «Sans Cérès et Bacchus, Vénus se
refroidit : en effet, le ventre et les parties génitales sont des amis.»
ET ILS SE PROSTITUAIENT, ils devenaient adultères, DANS LA MAISON DE LA
PROSTITUÉE, car la turpitude du péché est accrue par le lieu lui-même.
Ez 16, 49 : Telle fut l’iniquité de ta sœur, Sodome : orgueil et
rassasiement de pain, abondance et loisir pour elle et pour ses filles ;
et ils n’ouvraient pas la main à l’étranger et au pauvre, et elles se sont
enorgueillies et elles ont commis des abominations devant moi. Et je les ai
éliminées, comme tu l’as vu. Il présente aussi
l’ardeur de la concupiscence : CE SONT DES CHEVAUX EN RUT (Jr 5, 8),
c’est-à-dire au moment de leur luxure, DESTINÉS [à l’accouplement], car les
juments sont spécialement destinées à cette fonction. QUI HENNISSENT, comme
affolés par le désir. Ps 32[31], 9 : Ne devenez pas comme le cheval et le mulet, chez qui il
n’y a pas d’intelligence. Il présente encore la
punition du châtiment, par lequel il menace de se venger : EST-CE JE NE
LES VISITERAI PAS [POUR ME VENGER] ? (Jr 5, 9), en corrigeant
leurs péchés par des châtiments. [LEUR] ÂME, leurs sentiments.
So 1, 12 : Je visiterai les hommes empâtés dans leurs excréments. Et il précise la peine pour ce qui est de la destruction des
murailles : ESCALADEZ (Jr 5, 10), Chaldéens ; et
pour ce qui est de la destruction des hommes : ÉLIMINEZ LEUR DESCENDANCE,
c’est-à-dire les fils qui sont issus d’eux, comme les vignes qui se propagent.
Dt 28, 52 : Tes murs solides et élevés, dans lesquels tu mettais ta confiance,
dans tout ton pays. Et il reprend la cause du châtiment :
CAR ILS N’APPARTIENNENT PAS AU SEIGNEUR, lui étant aliénés par le péché.
Is 24, 16 : Ils ont multiplié les transgressions, et ils ont accumulé les
transgressions des profanateurs.
146. Troisièmement, il leur reproche d’avoir péché en blasphémant. Premièrement, il présente leur faute pour ce qui est du blasphème contre Dieu : ILS ONT RENIÉ LE SEIGNEUR (Jr 5, 12), en niant sa providence à l’endroit des choses inférieures. IL N’EST PAS CELUI, selon la volonté duquel tout est créé, [ET AUCUN MALHEUR] NE VIENDRA, bien que nous ayons péché contre lui. Lm 3, 37 : Qui donc n’a qu’à parler pour que les choses soient, sans que le Seigneur l’ait ordonné ? Et Ez 8, 12 : Ils ont dit : «Le Seigneur a abandonné le pays et le Seigneur ne voit pas.» Pour ce qui est du blasphème à l’endroit des prophètes : [QUANT AUX PROPHÈTES,] ILS NE SONT QUE DU VENT (Jr 5, 13), c’est-à-dire futilité. LA RÉPONSE de Dieu [N’EST PAS EN EUX]. Jb 6, 26 : Vous ne faites vos discours que pour faire des reproches, et vous lancez des paroles dans le vent. Deuxièmement, il menace d’un châtiment. En premier lieu, il présente le châtiment contre le blasphème à l’endroit des prophètes : C’EST POURQUOI, [AINSI PARLE LE SEIGNEUR] (Jr 5, 14), puis ce qui suit. [JE FERAI DE MES PAROLES] UN FEU [DANS TA BOUCHE], c’est-à-dire que je donnerai une efficacité telle à tes paroles que tes paroles mêmes brûleront comme un feu. Plus loin : Mes paroles ne sont-elles pas comme un feu qui brûle? dit le Seigneur (Jr 20, 9). Et contre le blasphème envers Dieu, en précisant la condition des ennemis, car ils sont puissants : [J’AMÈNERAI SUR VOUS] DE TRÈS LOIN, depuis la Chaldée, [UNE NATION] PUISSANTE (Jr 5, 15), par ses hommes, TRÈS ANCIENNE, car Nemrod, un géant, l’a dirigée ; elle a donc depuis très longtemps l’expérience des armes. Il montre aussi qu’il s’agit d’un peuple impitoyable : UNE NATIONS DONT TU NE CONNAIS PAS LA LANGUE. De même, [une nation] bien armée : SON CARQUOIS (Jr 5, 16), car ils en tirent rapidement des flèches, et parce qu’ils seront ensanglantés, comme des cadavres dans les sépulcres. Plus loin : Voici qu’un peuple viendra du Nord, une grande nation, et de nombreux rois se lèveront des confins de la terre, etc. (Jr 50, 41). Puis, il présente le châtiment infligé : ELLE DÉVORERA [TA MOISSON ET TON PAIN] (Jr 5, 17). Dt 28, 49 : Le Seigneur amènera contre toi un peuple qui vient de loin, des confins de la terre comme le vent du Nord qui souffle avec force, [un peuple] dont tu ne peux comprendre la langue. Toutefois, avec un mélange de miséricorde : POURTANT, MÊME EN CES JOURS-LÀ, DIT LE SEIGNEUR, JE NE VOUS EXTERMINERAI PAS COMPLÈTEMENT (Jr 5, 18). Ci-dessus : Je ne vous exterminerai pas (Jr 4, 27). Deuxièmement, il reprend la cause du châtiment : ET SI VOUS DITES : [«POURQUOI LE SEIGNEUR, NOTRE DIEU, NOUS A-T-IL FAIT TOUT CELA ?»] (Jr 5, 19). Plus loin : Je vous chasserai de ce pays vers un pays que vous et vos pères ne connaissez pas (Jr 16, 13).
147. Ici, [Jérémie] montre la
bêtise du peuple qui pèche. Premièrement, il la présente : ÉCOUTE DONC,
PEUPLE STUPIDE ET SANS CŒUR, QUI A DES YEUX, extérieurs, ET NE VOIT PAS (Jr 5, 20‑21),
par le cœur. Is 6, 10 : Aveugle le cœur de ce peuple !
148. Deuxièmement, il la démontre : premièrement, par une comparaison avec les créatures insensibles, en présentant leur obéissance : VOUS NE TREMBLEREZ PAS DEVANT MOI [QUI AI POSÉ] LE SABLE [POUR LIMITE À LA MER] ? (Jr 5, 22), c’est-à-dire le rivage. Ses flots S’AGITENT, à savoir, même s’ils s’agitent. Jb 38, 10 : Je l’ai entourée de mes limites. [Il démontre ensuite] la désobéissance du peuple : MAIS LE CŒUR DE CE PEUPLE EST DEVENU INCRÉDULE (Jr 5, 23). Ez 2, 8 : Ne sois pas rebelle comme cette maison est rebelle. Deuxièmement, il démontre [leur] ingratitude devant les bienfaits, en présentant l’ingratitude : ILS S’EN SONT ALLÉS. [ILS N’ONT PAS DIT : «CRAIGNONS LE SEIGNEUR] QUI RÉSERVE LA PLUIE DE L’AUTOMNE, après les semailles, ET DU PRINTEMPS» (Jr 5, 24), au moment du mûrissement des récoltes. [En présentant] la cessation des bienfaits : VOS FAUTES [ONT DÉRANGÉ CET ORDRE] (Jr 5, 25). Is 59, 2 : Vos péchés ont mis une séparation entre vous et Dieu.
149. Ici, il continue [à présenter] la faute des dirigeants, qui est
souvent la cause de la faute des sujets. C’est pourquoi il dit : CAR IL SE
TROUVE EN MON PEUPLE DES MALFAISANTS EN EMBUSCADE (Jr 5, 26).
À ce propos, il fait deux choses : premièrement, il leur reproche leur
faute pour ce qui est de la violation de la justice ; deuxièmement, pour
ce qui est la perversion de l’enseignement, en cet endroit : UNE HORREUR
ET DES CHOSES ÉTONNANTES SE PASSENT DANS CE PAYS (Jr 5, 30).
150. À propos du premier point, il fait deux choses. Premièrement, il montre leur injustice pour ce qui est de l’oppression injuste et trompeuse des pauvres, en présentant leur tromperie : EN EMBUSCADE. Ps 9, 30 : Il se met en embuscade pour dépouiller le pauvre. REMPLIS DE RUSE, des richesses qu’ils ont acquises par la ruse. Et [il montre] le résultat de la ruse dans l’accroissement des richesses : DE LA SORTE ILS SONT DEVENUS IMPORTANTS (Jr 5, 27), par les honneurs, ET COMBLÉS DE RICHESSES. Plus loin : La perdrix couve ce qu’elle n’a pas pondu ; ainsi celui qui se fait des richesses injustes (Jr 17, 11). Dans l’accroissement des péchés : ET ILS ONT DÉPASSÉ [LA MESURE DU MAL] (Jr 5, 28). Dt 32, 15 : Celui qui était aimé s’est engraissé et il a regimbé, engraissé, épaissi, élargi. Deuxièmement, il montre leur injustice pour ce qui est de l’omission d’un juste jugement : ILS N’ONT PAS RENDU JUSTICE À LA VEUVE. Is 1, 23 : Ils ne traitent pas justement l’orphelin, et le grief de la veuve ne vient pas jusqu’à eux.
151. Ici, il [les] menace d’un châtiment (Jr 5, 29). Dt 32, 41 : Je me vengerai de mes ennemis, et je rendrai leur dû à ceux qui m’ont haï.
152. Ici, il leur reproche la
perversion de l’enseignement. Premièrement, il présente une faute
étonnante : UNE HORREUR (Jr 5, 30), c’est-à-dire une
chose horrible : LES PROPHÈTES PROPHÉTISENT LE MENSONGE (Jr 5, 31),
alors qu’il leur revenait d’enseigner la vérité. Ez 22, 28 : Ses prophètes les ont
enduits d’huile sans modération par des visions vaines et des présages
menteurs. ET EUX APPLAUDISSAIENT, en acceptant les
mensonges qu’il revenait aux prophètes de corriger. Plus loin : Le Seigneur t’a établi
comme prêtre à la place de Joiadas afin que tu exerces la surveillance dans la
maison du Seigneur sur tout exalté qui joue au prophète et que tu le mettes au
carcan et en prison. Pourquoi alors n’avoir pas corrigé Jérémie d’Anatot qui
prophétise parmi vous ? (Jr 29, 26).
Si 9, 2 : Tel le dirigeant de la ville, tels ceux qui y habitent.
153. Deuxièmement, il suggère un
châtiment étonnant : MAIS QUE FERA-T-IL QUAND VIENDRA SA FIN ? À
savoir, [la fin] de sa captivité ou la mort. Is 27, 8 : Mesure contre mesure,
lorsqu’elle aura été rejetée, il la jugera, etc.
154. Il faut noter que la
pauvreté est multiple. [La pauvreté] en biens terrestres,
Jc 2, 5 : Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres en ce monde pour être riches de
foi et héritiers du royaume que Dieu a promis à ceux qui l’aiment ? [Celle] de l’humilité, Mt 5, 3 : Bienheureux les pauvres en
esprit, car le royaume des cieux est à eux. [Celle]
de l’affliction, Ps 69[68], 30 : Je suis pauvre et souffrant ; ton salut,
Seigneur, m’a pris en charge. [Celle] de la connaissance,
Ap 3, 17 : Tu ne sais pas comme tu es pauvre ! [Celle] de l’imperfection, Lm 3, 1 : Je suis l’homme qui a connu
la pauvreté sous le bâton de sa fureur.
155. Il faut aussi noter que la
visite est multiple. [Celle] de la consolation, Lc 1, 78 : L’Astre d’en haut nous a visités.
[Celle] du reproche, Ps 89[88], 33 :
Je visiterai tes
iniquités avec un bâton. Plus loin : Au temps de sa visite, ils
s’effondreront, dit le Seigneur ; je les rassemblerai, dit le Seigneur (Jr 6, 15).
156. Il faut encore noter que la parole de Dieu est appelée un feu parce qu’elle éclaire, Ps 119[118], 105 : Ta parole est pour moi une lampe. Parce qu’elle enflamme, Ps 105[104], 19 : La parole du Seigneur l’a enflammé. Parce qu’elle pénètre ce qui est malade, plus loin : Et la parole de Dieu devint en moi comme un feu brûlant, enfermé dans mes os (Jr 20, 9). He 4, 12 : La parole de Dieu est vivante, efficace, plus incisive qu’un glaive à double tranchant, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles ; elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur. Parce qu’elle liquéfie, Ps 148[147], 18 : Il enverra sa parole et les liquéfiera ; son esprit soufflera, et les eaux couleront. Parce qu’elle consume ceux qui désobéissent, Is 30, 27 : Ses lèvres sont pleines d’indignation, et sa langue est comme un feu dévorant. Jn 15, 22 : Si je n’étais pas venu et si je ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas de péché. Mais maintenant, ils n’ont pas d’excuse pour leur péché.
157. Ici, [Jérémie] écarte le
second remède dans lequel ils pouvaient mettre leur confiance : la force
de la ville royale, dont il prophétise la destruction dans ce chapitre. À ce
propos, il fait deux choses. Premièrement, la préparation des habitants est
présentée, s’entend, [la préparation] à résister : RASSUREZ-VOUS (Jr 6, 1),
afin d’indiquer comment ils s’encourageront les uns les autres à l’arrivée des
ennemis. Ou bien, il dit par dérision : FILS DE BENJAMIN, car Jérusalem
faisait partie de l’héritage de cette tribu, pour sa partie supérieure, mais,
pour sa partie inférieure, de la tribu de Juda. Jos 15, 8 : [La frontière] remontait
ensuite le ravin du fils d’Ennon venant du côté du Jébuséen au sud : c’est
Jérusalem. ET SONNEZ DU COR À TÉQOA ET SUR BÉTHAREM,
un endroit fortifié près de Jérusalem, [DRESSEZ UN SIGNAL]. Ci-dessus : Élevez un signal sur
Sion ! (Jr 4, 6).
158. Deuxièmement, il présente
la destruction de la ville elle-même, en cet endroit : JE COMPARAIS SION À
[UNE FEMME] BELLE ET DÉLICATE (Jr 6, 2). Premièrement, la condition
des ennemis dévastateurs est présentée sous certaines métaphores ; deuxièmement,
ils sont décrits explicitement et expressément, en cet endroit : AINSI
PARLE LE SEIGNEUR (Jr 6, 9).
159. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il décrit le siège de la ville ;
deuxièmement, le rassemblement : PRÉPAREZ CONTRE ELLE UNE GUERRE
SAINTE ! (Jr 6, 4).
160. À propos du premier point, il fait trois choses. Premièrement, la beauté de la ville est décrite : [UNE FEMME] BELLE (Jr 6, 2), pour ce qui est de ses constructions et du grand nombre de ses habitants ; [UNE FEMME] DÉLICATE, pour ce qui est de la fertilité de la terre. Ez 16, 13 : Tu as mangé de la fleur de farine, du miel et de l’huile, et tu n’es devenue que trop belle ! Deuxièmement, le siège est décrit : VERS ELLE VIENDRONT DES PASTEURS (Jr 6, 3), au sens métaphorique, les dirigeants des Chaldéens, attirés par la richesse des pâturages. Plus loin : De nombreux pasteurs ont détruit ma vigne, ils ont foulé aux pieds mon héritage (Jr 12, 10). ILS ONT DRESSÉ [DES TENTES TOUT AUTOUR], pour le siège de la ville. Troisièmement, l’ordre qui convient à l’armée est décrit : [CHACUN] BROUTERA, gouvernera, [CE QU’IL AURA] SOUS LA MAIN, en son pouvoir, par divers escadrons. En effet, il y aura divers dirigeants.
161. Le rassemblement en vue de prendre la
ville est présenté ici. À ce propos, [Jérémie] fait trois choses. Premièrement,
[il présente] l’ordre de se rassembler : [PRÉPAREZ CONTRE ELLE UNE GUERRE]
SAINTE (Jr 6, 4), c’est-à-dire, mettez-vous en formation ;
ou bien, montrez que cela est saint et juste, comme si cela était accompli par
la volonté de Dieu. C’est la parole qu’adressent les chefs aux soldats.
Mi 3, 5 : Si on ne leur met rien dans la bouche, ils déclarent la guerre.
162. Deuxièmement, le désir de
ceux qui se rassemblent est présenté, ce qui est indiqué par trois choses. Par
l’encouragement mutuel : DEBOUT ! (Jr 6, 5), parole
que les soldats s’adressent les uns aux autres. MONTONS, pour combattre, même
si [Jérusalem] est située sur une montagne. Et parce qu’ils ne sont pas
empêchés par la difficulté ni par la chaleur du jour : EN PLEIN
MIDI ; ni par l’horreur de la nuit : LA NUIT [APPROCHE] ; et
parce qu’ils s’inquiètent de la brièveté du temps [dont ils disposent] :
MALHEUR À NOUS! LE JOUR DÉCLINE, pendant lequel c’était le moment le plus
propice à la guerre ; [LES OMBRES] S’ALLONGENT : en effet, plus le
soleil se rapproche de l'horizon, plus l’ombre s’allonge du côté opposé.
Is 10, 31‑32 : Rassurez-vous, il fait encore jour, comme lorsqu’on fit halte à Nob.
Mais, selon la Glose : MALHEUR À NOUS !
se dit du peuple qui craint les embûches de la nuit, car il pouvait à peine
résister même en plein midi.
163. Troisièmement, il montre la manière d’attaquer : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR [DES ARMÉES] (Jr 6, 6) : comme [si on disait] : «Nous pouvons combattre en toute sécurité, car c’est l’ordre du Seigneur.» ABATTEZ LES ARBRES, pour construire des engins. CONSTRUISEZ UN REMBLAI, qu’on avait construit pour la défense des murs en détruisant celui-ci ; ou bien, CONSTRUISEZ, en érigeant un monticule pour y installer des armements contre la ville. Ha 1, 10 : Il se rira de tous les armements ; il construira un remblai et la prendra.
164. [Jérémie] présente ici la
cause du siège en raison de la faute. À ce propos, il fait trois choses.
Premièrement, il présente le caractère universel de la malice : C’EST LA
VILLE QUE JE VAIS VISITER (Jr 6, 6), car elle mérite une
correction ; [ON N’Y TROUVE] QUE CALOMNIE, toutes les formes de calomnie.
Ps 55[54], 12 : L’usure et la tromperie n’ont pas abandonné leurs places publiques.
165. Deuxièmement, [il présente]
la dureté de leur cœur : COMME UN PUITS FAIT SOURDRE SON EAU FROIDE (Jr 6, 7),
et la protège ainsi de la chaleur. Ci-dessus : Ils se sont creusé des puits lézardés qui ne peuvent
garder l’eau (Jr 2, 13).
166. Troisièmement, [il présente] le caractère continuel de leur péché : [IL FAIT SOURDRE] L’INIQUITÉ, [LA VIOLENCE ET LA DÉVASTATION]. Is 59, 7‑8 : Ravage et destruction sont sur leurs chemins ; ils n’ont pas connu la voie de la paix, etc. [DEVANT MOI, CONSTAMMENT,] MALADIES ET BLESSURES], comme si le châtiment répondait aux deux fautes mentionnées.
167. [Jérémie] montre ici la
destruction. À ce propos, il fait trois choses : premièrement, il présente
un conseil en vue d’éviter la destruction ; deuxièmement, il présente le
mépris du conseil, en cet endroit : À QUI PARLERAI-JE, DEVANT QUI TÉMOIGNERAI-JE
POUR QU’IL ENTENDE ? (Jr 6, 10).Troisièmement, il menace d’une
sentence de destruction, en cet endroit : JE SUIS REMPLI DE LA COLÈRE DU
SEIGNEUR (Jr 6, 11).
168. À propos du premier point, il fait deux choses. Premièrement, il présente le conseil : APPRENDS, [JÉRUSALEM] (Jr 6, 8), corrigée par les coups précédents. Is 28, 19 : Seule la peur donnera l’intelligence à celui qui écoute. Deuxièmement, il présente le danger imminent de se détourner de l’amour de Dieu : SINON [MON ÂME SE DÉTOURNERA DE TOI]. Ez 16, 42 : J’assouvirai ma colère en dévastant le pays. Ps 107[106], 33 : Il a changé les fleuves en désert, et les sources d’eau en soif. [Le danger imminent] de la captivité du peuple : AINSI PARLE LE SEIGNEUR DES ARMÉES : ON GRAPPILLERA JUSQU’À LA DERNIÈRE GRAPPE (Jr 6, 9), en un sens inclusif, car il ne restera même pas une grappe. Au sens métaphorique, [on entend] par la vigne les Juifs. Is 5, 7 : La vigne du Seigneur des armées, c’est la maison d’Israël. [On entend] par les grappes les hommes, et on signifie par les vendanges la captivité. Ô Chaldéen, RETOURNE-TOI ; il poursuit la métaphore : COMME LE VENDANGEUR, qui place les grappes cueillies dans un contenant, qu’on appelle une corbeille, afin de les porter au pressoir. Mets ainsi les Juifs en prison et amène-les à Babylone. Ab 5 9 : Si les vendangeurs sont entrés chez toi, est-ce qu’ils ne t’ont pas laissé au moins une grappe ? Ou bien, [on entend] la grappe de manière exclusive parce qu’ils y laisseront un reste du peuple, les gens de la campagne et les petites gens. RETOURNE-TOI : [Jérémie] parle du fait qu’ils se tournent vers leur pays, qui, selon cette interprétation, est indiqué par le signe de la corbeille.
169. [Jérémie] montre ici le mépris du conseil. Premièrement, le prophète cherche un auditeur approprié pour le conseil : À QUI PARLERAI-JE ? (Jr 6, 10), [à qui dirai-je] les paroles fructueuses du Seigneur ; DEVANT QUI TÉMOIGNERAI-JE ? [Devant qui] ferai-je serment ? Par là, il indique la rareté. Is 28, 9 : À qui enseignera-t-il la connaissance, à qui fera-t-il comprendre ce qui a été entendu ? Deuxièmement, il montre qu’ils ne sont pas qualifiés parce qu’ils ne veulent pas écouter : VOICI : LEUR OREILLE EST INCIRCONCISE, comme si elle était remplie par les fables des païens. Ac 7, 51 : Nuques raides, oreilles et cœurs incirconcis ! Et aussi parce qu’ils méprisent cela même qu’ils ont écouté : VOICI : LA PAROLE DE DIEU EST DEVENUE POUR EUX UN OBJET DE RAILLERIE. Plus loin : Et la parole du Seigneur a été pour moi source d’opprobre et de moquerie tout le jour (Jr 20, 8).
170. Ici, il menace du fouet de
la destruction. Premièrement, il leur montre son zèle pour la justice : JE
SUIS REMPLI DE LA COLÈRE DU SEIGNEUR (Jr 6, 11), c’est-à-dire
de zèle pour la justice du Seigneur. Nb 25, 11 : Je suis excité contre eux
par ma jalousie, de sorte que, dans ma jalousie, je ne détruirai pas les fils
d’Israël. Deuxièmement, il donne aux ennemis
[d’Israël] un ordre de destruction : DÉVERSE, ô Chaldéen, LA COLÈRE, ta colère
à profusion, À L’EXTÉRIEUR, sur les places et dans les champs.
Si 36, 8 : Réveille ta fureur et déverse ta colère ! SUR L’ENFANT : qu’aucun âge ne soit épargné. Troisièmement, il
présente l’accomplissement de l’ordre, tant pour ce qui est des personnes que
pour ce qui est des biens : LE MARI COMME LA FEMME, l’épouse (Jr 6, 11‑12).
Lm 5, 2 : Notre héritage est revenu à des étrangers, nos maisons à des gens de
l’extérieur.
171. [Jérémie] présente ici la
cause de la destruction : premièrement, l’avarice ; deuxièmement, la
désobéissance, en cet endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR :
«ARRÊTEZ-VOUS SUR LES ROUTES ET VOYEZ» (Jr 6, 16) ;
troisièmement, l’abus des choses sacrées, en cet endroit : POURQUOI
M’APPORTEZ-VOUS DE L’ENCENS DE SABA ? (Jr 6, 20).
172. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il présente la faute, en présentant leur
application à l’avarice par le désir : TOUS S’APPLIQUENT À L’AVARICE (Jr 6, 13).
Is 56, 11 : Tous se sont écartés dans leur démarche : chacun [s’est tourné]
vers l’avarice, du plus grand au plus petit. [Il
présente aussi] leur fourberie dans la poursuite [de l’avarice] : PROPHÈTE
COMME PRÊTRE, TOUS PRATIQUENT LE MENSONGE. Ps 38[37], 13 : Ils méditaient leurs
mensonges pendant tout le jour. [Il présente
encore] le mode de leur fourberie, car ils recourent à la flatterie : ILS
SOIGNENT [À LA LÉGÈRE, EN DISANT : «Paix ! Paix !»] (Jr 6, 14),
c’est-à-dire en excusant leurs fautes par des paroles et en écartant les
châtiments. Ez 13, 16 : Les prophètes d’Israël qui prophétisent à Jérusalem et
voient pour elle une vision de paix. «Mais il n’y a pas de paix !», dit le
Seigneur.
173. Deuxièmement, il présente leur sans-gêne même au milieu des châtiments : ILS NE SONT PAS CONFONDUS (Jr 6, 15), par les châtiments, D’UNE HONTE salutaire, qui incite à la pénitence. Si 4, 21 : Il y a une honte qui conduit au péché, et il y a une honte qui conduit à la gloire et à la grâce. Troisièmement, il menace d’un châtiment : AUSSI TOMBERONT-ILS, les prophètes, PARMI CEUX QUI TOMBENT, les gens du peuple, ILS TRÉBUCHERONT, par la mort ou la captivité, associés qu’ils sont dans les châtiments à ceux dont ils ne sont pas séparés par leurs fautes.
174. [Jérémie] présente ici leur
désobéissance. Premièrement, il présente leur faute, à savoir, la désobéissance
au commandement d’imiter les saints, en présentant le commandement :
ARRÊTEZ-VOUS SUR LES ROUTES (Jr 6, 16), considérez les
diverses actions des bons et des mauvais, afin de voir la progression et le
sort des deux. [RENSEIGNEZ-VOUS SUR LES CHEMINS] DE JADIS, qui ont été foulés
par les pas des saints. Lm 3, 40 : Examinons attentivement nos voies et cherchons, et
revenons vers le Seigneur. Ou bien : SUR LES
CHEMINS, les prophètes. [En présentant aussi] le fruit du commandement :
VOUS TROUVEREZ LE REPOS [POUR VOS ÂMES]. Ps 66[65], 12 : Nous sommes passés par le
feu et par l’eau, et tu nous as conduits au repos. Mt 11, 29 :
Apprenez de moi
que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. [En présentant encore] le mépris du commandement : MAIS ILS ONT
DIT : «NOUS N’ÉCOUTERONS PAS !» Et aussi pour ce qui est de la
désobéissance au commandement en regard de l’obéissance [que devraient montrer]
les dirigeants : JE VOUS AI ÉTABLI DES GUETTEURS (Jr 6, 17),
les prophètes et les dirigeants. «[ATTENTION] AU SIGNAL DU COR !» :
c’est ce qu’ils prêchent. Ez 3, 17 : Fils d’homme, je t’ai donné comme guetteur à la maison
d’Israël, et tu entendras une parole de ma bouche, et tu l’annonceras de ma
part.
175. Deuxièmement, il menace d’un châtiment : premièrement, en stimulant les auditeurs : ALORS, NATIONS, ÉCOUTEZ (Jr 6, 18), ASSEMBLÉE de toutes les nations, APPRENDS ! Is 1, 2 : Cieux, entends, terre, écoute ; deuxièmement, il menace d’un châtiment : VOICI QUE J’AMÈNE UN MALHEUR SUR CE PEUPLE] (Jr 6, 19). Is 3, 10 : Il mangera le fruit de ses actes.
176. [Jérémie] présente ici
l’abus des choses sacrées, car, souillés par les péchés, ils osaient offrir des
sacrifices, qui n’étaient pas acceptés à cause de cela.
177. À ce propos, il fait deux
choses. Premièrement, par le fait qu’ils ne sont pas acceptés, il indique leur
faute. Autant pour ce qui était offert sur l’autel des parfums : POURQUOI
M’OFFREZ-VOUS DE L’ENCENS DE SABA ? (Jr 6, 20), un pays
d’où provient l’encens, LE ROSEAU ODORANT, qui était posé sur l’autel des
parfums et dont on trouve la composition en Ex 34 ; QUI VIENT D’UN
PAYS [LOINTAIN], à savoir, de l’Inde. Is 66, 3 : On fait un mémorial
d’encens, bénédiction d’une idole. Et pour ce qui
était de l’autel des holocaustes : VOS HOLOCAUSTES [NE ME PLAISENT PAS].
Is 1, 11 : Je n’ai pas voulu des holocaustes de béliers, de la graisse des
bœufs engraissés, du sang des veaux, des agneaux et des boucs.
178. Deuxièmement, il présente le châtiment : C’EST POURQUOI, AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 6, 21). Is 3, 5 : Le peuple s’effondrera, homme sur homme, chacun sur son prochain.
179. [Jérémie] décrit ici
explicitement les ennemis qui approchent : premièrement, il décrit la
condition des ennemis ; deuxièmement, l’incorrigibilité du peuple, en cet
endroit : JE T’AI ÉTABLI COMME CELUI QUI, SOLIDE, MET MON PEUPLE À
L’ÉPREUVE (Jr 6, 27).
180. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il décrit les ennemis comme une nation
forte par le nombre : UNE GRANDE NATION (Jr 6, 22), et
par les armes : [ILS TIENNENT FERMEMENT] LES FLÈCHES (Jr 6, 23) ;
[une nation] cruelle : CRUELLE COMME LA MER, si bien qu’elle terrifie par
la voix et par l’intention. ILS MONTENT DES CHEVAUX, PRÊTS COMME UN SEUL HOMME
au combat. Plus loin : Voici qu’un peuple viendra du Nord, une grande nation, et de
nombreux rois se lèveront des confins de la terre. Ils portent l’arc et le
bouclier : ils sont cruels et sans pitié (Jr 50, 41‑42).
181. Deuxièmement, il présente
la crainte des Juifs fondée sur la renommée [de cette nation] : NOUS AVONS
APPRIS SA RÉPUTATION, NOS MAINS ONT DÉFAILLI (Jr 6, 24) :
nous sommes paralysés par la crainte. Ps 48[47], 7 : Ce seront des douleurs
comme celles d’une femme qui accouche. [Il présente
aussi] l’effet de la crainte : NE SORTEZ PAS [DANS LA CAMPAGNE] (Jr 6, 25).
Dt 32, 25 : Le glaive les dévastera à l’extérieur, et l’épouvante à l’intérieur.
182. Troisièmement, il exhorte à la douleur de la pénitence : FILLE DE MON PEUPLE, REVÊTS LE SAC (Jr 6, 26). Ci-dessus : À cause de cela, revêtez-vous de sacs et lamentez-vous, car la colère du Seigneur ne s’est pas détournée de vous (Jr 4, 8).
183. [Jérémie] montre ici l’incorrigibilité
du peuple. Premièrement, il apporte le témoignage du prophète : [JE T’AI
ÉTABLI] COMME CELUI QUI MET [MON PEUPLE] À L’ÉPREUVE (Jr 6, 27),
qui apprend pour ainsi dire par l’expérience leur dureté, puisque tu ne peux le
fléchir au bien. Pr 27, 23 : Apprends avec soin le visage de ta brebis, considère
tes troupeaux.
184. Deuxièmement, il présente
le péché de tous : TOUS, ILS SONT DES DIRIGEANTS QUI S’ÉGARENT (Jr 6, 28).
[DURS COMME] LE BRONZE ET LE FER, comme s’il disait : «Non seulement ils
sont impurs, mais ils sont couverts d’impureté, comme le fer et le bronze sont
une impureté de l’argent.» Ou bien : LE FER, en raison de sa dureté, LE
BRONZE, en raison de son impatience, car il est friable.
Jb 40, 13 : Ses os sont comme des tubes d’airain, etc. Ps 14[13], 1 : Ils sont corrompus, et ils sont devenus insupportables
par leurs manœuvres.
185. Troisièmement, il présente
un exemple d’incorrigibilité : LE SOUFFLET EST HALETANT (Jr 6, 29).
En effet, l’argent mêlé au plomb est placé dans le four et, sous le souffle du
fondeur d’argent qui souffle, les scories sont consumées et l’argent est amélioré,
mais le plomb, diminué. Mais ceux-ci, placés dans le four de la tribulation,
consumés de maux comme le plomb, ne se sont pas corrigés. VAINEMENT, la parole
de Dieu, LE FONDEUR A SOUFFLÉ, Dieu ou le prédicateur. Si 2, 5 :
L’or et l’argent
sont éprouvés par le feu, et les hommes acceptables dans la fournaise de
l’humiliation.
186. Quatrièmement, il conclut
la discussion concernant la réprobation : «ARGENT DE REBUT !», VOILÀ
COMME ON LES NOMME (Jr 6, 30). Lm 5, 22 : Tu nous as tout à fait rejetés,
irrité contre nous sans mesure.
187. Il faut noter que le péché
est appelé une froidure parce qu’il éteint la chaleur de l’amour.
Mt 24, 12 : Parce que l’iniquité a abondé, la charité de beaucoup se refroidira.
[Il est aussi appelé froidure] parce qu’il congèle
l’humeur de la dévotion. Si 43, 20 : Un vent froid du nord a soufflé et la glace s’est
formée sur l’eau. [Il est encore appelé froidure]
parce qu’il retarde le mouvement de la bonne action. Pr 20, 4 : À cause du froid, le laboureur
paresseux n’a pas voulu labourer ; à l’été, il mendiera donc, et on ne lui
donnera rien.
188. Remarque aussi qu’il y a les chemins des commandements. Ps 119]118], 32 : J’ai couru sur le chemin de tes commandements, lorsque tu as élargi mon cœur. [Il y a aussi les chemins] des actions. Lm 3, 40 : Examinons nos chemins, cherchons, et revenons au Seigneur ! [Il y a encore les chemins] des vertus. Pr 4, 11 : Je te montrerai le chemin de la sagesse, et je te conduirai par les sentiers de la justice. [Et encore les chemins] des docteurs. Pr 3, 17 : Ses chemins sont beaux, et tous ses sentiers sont paisibles. [Le chemin est] le Christ lui-même. Jn 14, 6 : Je suis le chemin, la vérité et la vie.
189. [Jérémie] écarte ici un
troisième remède dans lequel ils auraient pu mettre leur confiance, le culte de
la religion divine : premièrement, pour ce qui est de la sainteté du
Temple ; deuxièmement, pour ce qui est de la dévotion de la prière, en cet
endroit : ET TOI, NE PRIE PAS POUR CE PEUPLE (Jr 7, 16) ;
troisièmement, pour ce qui est de l’offrande de sacrifices, en cet
endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR DES ARMÉES, LE DIEU D’ISRAËL (Jr 7, 21).
190. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente comme un conseil salutaire, en
montrant la vraie confiance : TIENS-TOI À LA PORTE [DU TEMPLE DU SEIGNEUR]
(Jr 7, 2), afin qu’ils soient forcés d’écouter au moins par la
dévotion accordée au lieu, comme s’il disait : «Autrement, ils refusent
d’écouter avec mépris.» AMÉLIOREZ VOS VOIES (Jr 7, 3), vos
actions, VOS EFFORTS, vos pensées, par lesquelles vous délibérez sur ce qui
doit être fait. Is 40, 3 (voir Jr 18, 11) : Redressez le chemin, dressez
les sentiers de notre Dieu dans le désert. Premièrement,
il en montre le fruit : ET J’HABITERAI [EN CE LIEU].
Ap 21, 3 : Voici la demeure de Dieu parmi les hommes : il habitera avec
eux. Puis, il écarte un vain espoir : NE VOUS
FIEZ PAS AUX PAROLES MENSONGÈRES ! (Jr 7, 4), étant donné
qu’ils se disaient qu’en raison de la sainteté du Temple, ils pourraient éviter
tous les châtiments sans corriger leur vie. «C’EST LE TEMPLE DU SEIGNEUR,
saint, LE TEMPLE DU SEIGNEUR, précieux, LE TEMPLE DU SEIGNEUR, vénéré de
tous !». 2 M 5, 19 : Dieu n’a pas choisi le peuple en raison du lieu, mais
le lieu en raison du peuple.
191. Deuxièmement, il explique
[le fruit de la vraie confiance]. En premier lieu, pour ce qui est de la
première partie, en montrant en quoi consiste l’amélioration des voies, en reprenant
le conseil, en remettant de l’ordre en eux et par rapport à eux-mêmes dans leur
comportement : MAIS SI VOUS BÉNISSEZ (Jr 7, 5), si vous
décidez en votre esprit, et si vous redressez dans votre pensée : SI VOUS
VOUS SOUCIEZ ; et par rapport au prochain, pour ce qui est de
l’accomplissement du bien : SI VOUS AVEZ UN VRAI SOUCI [DU DROIT PAR RAPPORT
AU PROCHAIN] ; et par rapport à Dieu : ET SI VOUS N’ALLEZ PAS À LA
SUITE DE DIEUX ÉTRANGERS (Jr 7, 6). Puis, il reprend le fruit
du conseil : ALORS J’HABITERAI AVEC VOUS (Jr 7, 7), si
vous le voulez et si vous écoutez, etc. Ps 15[14], 1 : Seigneur, qui habitera dans
ta demeure, qui reposera sur ta sainte montagne ? Celui qui avance sans
tache, et qui accomplit la justice, etc. En second
lieu, [il explique] pour ce qui est de la seconde partie. Premièrement, il
montre la fausse confiance, en en présentant la carence du point de vue de la
faute : MAIS VOICI QUE VOUS VOUS FIEZ À DES PAROLES MENSONGÈRES (Jr 7, 8),
lorsque vous dites que vous pouvez commettre impunément ce qui suit. VOLER (Jr 7, 9),
à l’encontre de ce qui appartient au prochain, TUER, à l’encontre de la personne,
COMMETTRE L’ADULTÈRE, à l’encontre de ce qui est pour ainsi dire un bien et une
personne, VOUS PARJURER. Ici, il présente les péchés contre Dieu.
Is 28, 15 : Nous avons mis notre espérance dans le mensonge, et nous avons été
protégés par le mensonge ! Et il présente les
apparences d’une amélioration insuffisante : ET VOUS ÊTES VENUS VOUS PRÉSENTER
DEVANT MOI DANS CETTE DEMEURE (Jr 7, 10), en croyant que vous
pouviez satisfaire par le seul fait d’entrer dans le Temple, trompés peut-être
par la prière de Salomon qu’on trouve en 2 Ch 6 et 1 R 8.
Mais lui comprend qu’il faut entrer dans la maison du Seigneur après avoir
parfaitement corrigé son comportement. [EN DISANT : «NOUS VOILÀ EN SÛRETÉ !»,
POUR CONTINUER TOUTES CES ABOMINATIONS, à savoir, [toutes les abominations commises]
par lui.
192. Deuxièmement, il écarte [la fausse confiance]. En premier lieu, en montrant par un argument que la correction par rapport aux fautes est insuffisante : À VOS YEUX, EST-CE QUE CETTE MAISON EST UN REPAIRE DE BRIGANDS ? (Jr 7, 11). Comme s’il disait : «Si vous entrez dans ma maison sans avoir été purifiés, vous en faites un repaire de brigands.» Mt 21, 13 : Ma maison sera appelée la maison de la prière ; mais vous, vous en avez fait un repaire de brigands !» Puis, il montre que la faute est manifeste : MAIS MOI, d’une manière unique, JE SUIS, voyant tout partout, J’AI VU vos péchés ! Pr 16, 2 : Toutes les voies des hommes sont manifestes à ses yeux, le Seigneur pèse les esprits. En second lieu, il l’écarte par un exemple. Premièrement, il présente l’exemple tiré de Silo, où [sa] demeure avait d’abord été établie : ALLEZ DONC AU LIEU QUI FUT LE MIEN, À SILO (Jr 7, 12). Ps 78[77], 60 : Et il délaissa la demeure de Silo, sa demeure, où il habitait parmi les hommes. Deuxièmement, il l’adapte à son propos, en prenant une faute semblable : ET PARCE QUE VOUS AVEZ COMMIS TOUS CES ACTES, DIT LE SEIGNEUR, ALORS QUE JE VOUS AI PARLÉ AU LEVER DU SOLEIL (Jr 7, 13), à la manière d’un homme préoccupé, qui se lève au petit matin pour expédier ce qu’il a à faire ; ou bien, parce que ce moment est favorable à la contemplation et à recevoir les paroles de sagesse, en raison du corps qui est reposé. EN VOUS APPELANT. Pr 1, 24 : J’ai appelé, et vous avez refusé ; j’ai supplié, et il ne se trouvait personne pour regarder, etc. Et il conclut par un châtiment similaire, par la destruction du lieu : JE VAIS TRAITER CE LIEU... [COMME J’AI TRAITÉ SILO] (Jr 7, 14). Plus loin : Je donnerai cette maison comme je l’ai fait pour Silo, et je donnerai cette ville à tous les peuples de la terre en malédiction (Jr 26, 6). Et par la captivité du peuple : JE VOUS REJETTERAI (Jr 7, 15). Plus loin : Vous avez dispersé mon troupeau, et vous les avez rejetés, et tu ne les as pas visités (Jr 23, 2).
193. [Jérémie] écarte ici le
remède de la prière. Premièrement, il énonce le jugement : ET TOI,
N’INTERCÈDE PAS [POUR CE PEUPLE] (Jr 7, 16), même s’il le
demande, N’INSISTE PAS [AUPRÈS DE MOI], car la prière des saints d’une certaine
manière retient et écarte le jugement de Dieu. Sg 18, 21 : Un homme irréprochable se
hâta de les défendre ; prenant les armes de son ministère, prière et
encens expiatoire, il affronta la colère et mit un terme au fléau, montrant
qu’il était ton serviteur. Is 64, 7 : Il n’y a personne qui
invoque ton nom, qui se lève et te soutienne. À
l’encontre de cela, Jb 9, 13 : Dieu, à la colère de qui personne ne peut résister. Réponse : cela est vrai pour ce qui est de la force de sa
puissance ; mais, [on peut le fléchir] par la prière et l’humilité. CAR JE
NE T’ÉCOUTERAI PAS, à la manière d’un seigneur en sa cour, qui ne veut pas
faire honte à un serviteur qui demande. 2 S 14, 2 : Fais semblant de pleurer et
de porter un vêtement de deuil, et ne t’oins pas d’huile, etc. Deuxièmement, il présente la cause qui vient de leur faute :
premièrement, il met la faute de l’avant, en montrant qu’elle est manifeste,
car elle a été commise publiquement : NE VOIS-TU PAS [CE QU’ILS FONT DANS
LES VILLES DE JUDA ET DANS LES RUES DE JÉRUSALEM] ? (Jr 7, 17).
Ez 16, 2 : Fils d’homme, fais connaître à Jérusalem ses abominations. [Et leur faute] est commune, car elle concerne tous les sexes et
tous les âges : LES FILS RAMASSENT LE BOIS, LES PÈRES ALLUMENT LE FEU, ET
LES FEMMES PÉTRISSENT LA PÂTE POUR FAIRE DES GÂTEAUX À LA REINE DU CIEL (Jr 7, 18),
c’est-à-dire la lune ; ou bien, à l’armée et à tous les astres. Plus
loin : Car
si nous offrons des sacrifices à la Reine du ciel et ne lui versons pas des
libations, est-ce à l’insu de nos maris que nous lui faisions des gâteaux pour
l’honorer ? (Jr 44, 19).
194. Deuxièmement, il montre la
stupidité de ceux qui pèchent, car ce n’est pas Dieu, mais eux-mêmes qu’ils ont
offensés : EST-CE QU’ILS PROVOQUENT MA FUREUR ? (Jr 7, 19).
Jb 35, 6 : Si tu pèches, en quoi lui nuiras-tu ? Ps 7, 17 : Sa douleur se retournera contre lui, et son iniquité lui retombera
sur la tête.
195. Troisièmement, [le prophète] menace d’un châtiment : C’EST POURQUOI, AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 7, 20). Ci-dessus : De crainte que mon indignation ne jaillisse comme un feu et qu’elle ne soit allumée, et que personne ne puisse l’éteindre, à cause de la malice de vos pensées (Jr 4, 4).
196. [Jérémie] écarte ici la
confiance mise dans les sacrifices. Premièrement, il écarte que [le Seigneur]
se soucie des sacrifices, en présentant [son jugement] : AJOUTEZ VOS HOLOCAUSTES
À VOS SACRIFICES ! (Jr 7, 21), comme s’il disait :
«De même que la plus grande partie des sacrifices revient à votre usage, de
même mangez tous vos holocaustes, car je ne prends pas plaisir à consommer de
la viande !» Ps 50[49], 13 : Est-ce que je mangerai la chair des taureaux, est-ce
que je boirai le sang des boucs ? Et il en
donne la cause : CAR JE N’AI RIEN DIT [À VOS PÈRES] (Jr 7, 22).
En effet, le Seigneur ne voulait pas cela pour lui-même, mais pour [les]
détourner de l’idolâtrie. Ainsi, avant l’adoration du veau [d’or], dont il est
question dans Ex 33, aucun commandement n’avait été donné au sujet des
sacrifices. Ps 40[39], 7 : Tu n’as pas voulu de sacrifice ni d’offrande, mais
m’as ouvert les oreilles. Tu n’as pas demandé d’holocauste pour le péché. Alors
j’ai dit : «Voici, je viens !»
197. Deuxièmement, il leur
reproche leur désobéissance en matière morale : premièrement, il montre
leur faute ; deuxièmement, il les menace de châtiment, en cet
endroit : COUPE-TOI LES CHEVEUX ! (Jr 7, 29).
198. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il prouve leur désobéissance comme par
induction, en montrant qu’ils ont désobéi à la loi et en présentant les
commandements de la loi : MAIS VOICI CE QUE JE LEUR AI ORDONNÉ (Jr 7, 23),
depuis le début, comme mon intention principale. ÉCOUTEZ MA VOIX, au sujet des
préceptes moraux ; [ALORS JE SERAI VOTRE DIEU ET VOUS SEREZ MON PEUPLE].
Ez 36, 28 : Vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu. [En montrant] leur mépris du commandement : MAIS ILS N’ONT PAS
ÉCOUTÉ..., ILS SONT REVENUS EN ARRIÈRE (Jr 7, 24), en ajoutant
toujours des péchés par la suite. Is 56, 11 : Ils se sont tous écartés de
leur route, chacun [s’est adonné] à l’avarice, du premier au dernier. Il montre aussi comment ils ont désobéi aux prophètes antérieurs :
ET JE VOUS AI ENVOYÉ TOUS MES SERVITEURS, LES PROPHÈTES (Jr 7, 25).
2 R 17 13 : Le Seigneur a rendu témoignage en Israël et en Juda par la main de
tous les prophètes et voyants, en disant : «Revenez de vos affreux
comportements, gardez mes commandements et mes cérémonies, conformément à toute
la loi que j’ai ordonnée à vos pères, et comme je vous l’ai envoyée par la main
de tous mes serviteurs, les prophètes.» MAIS ILS
N’ONT PAS ÉCOUTÉ, ILS ONT RAIDI LEUR NUQUE, COMME LA NUQUE DE LEURS PÈRES, QUI
N’ONT PAS VOULU OBÉIR AU SEIGNEUR, LEUR DIEU (Jr 7, 26). Il
prédit même qu’ils ne lui obéiront pas : TU LEUR PARLERAS..., MAIS ILS NE
T’ÉCOUTERONT PAS ! (Jr 7, 27). Ez 3, 7 : Mais la maison d’Israël ne
veut pas t’écouter, elle ne veut pas m’écouter. Toute la maison d’Israël n’est
que fronts endurcis et cœurs obstinés. Is
65, 12 : J’ai appelé, et vous n’avez pas entendu ; j’ai parlé, et vous
n’avez pas écouté, et vous faisiez le mal sous mes yeux, et vous avez choisi ce
que je ne voulais pas.
199. Deuxièmement, il tire la conclusion : TU LEUR DIRAS (Jr 7, 28). Ci-dessus : C’est en vain que j’ai frappé vos fils, ils n’ont pas accepté la correction (Jr 2, 30), la fidélité au Seigneur. Rm 10, 10 : On croit de cœur en vue de la justice, on confesse de bouche en vue du salut. Ou bien, la fidélité envers le prochain. Pr 20, 6 : Qui trouvera un homme fidèle ?
200. [Jérémie] les menace ici de
châtiment. Premièrement, il le leur indique à l’avance par un signe :
COUPE-TOI LES CHEVEUX ! (Jr 7, 29). [On trouve] quelque
chose de semblable dans Ez 5, 2 : Tu brûleras le tiers de tes cheveux au milieu de la
ville, alors que s’accompliront les jours de siège. Tu prendras l’autre tiers
que tu frapperas de l’épée tout autour de la ville. Tu répandras au vent le
dernier tiers. [LA GÉNÉRATION QUI LE MET] EN
FUREUR ! Is 10, 6 : Je l’enverrai à un peuple trompeur, et je lui
ordonnerai de s’élever contre le peuple qui me met en fureur.
201. Deuxièmement, il précise
les paroles. Premièrement, il rappelle la faute d’idolâtrie, en l’aggravant en
raison du lieu saint, car [ILS ONT INSTALLÉ] LEURS HORREURS, les idoles, DANS
[MA] MAISON, le Temple (Jr 7, 30), ainsi que dans un lieu
public et ouvert : ET ILS ONT CONSTRUIT... CE QUE JE N’AVAIS POINT ORDONNÉ
(Jr 7, 31), comme s’il disait : «Je ne leur ai pas
ordonné des choses aussi graves !» Il est donc clair qu’ils se sont
détournés de moi. Ps 106[105], 38 : Ils ont immolé leurs fils et leurs filles aux démons,
la chair de leurs fils et de leurs filles, qu’ils ont sacrifiée aux objets
sculptés de Canaan.
202. Deuxièmement, il menace
d’un châtiment : premièrement, par la mise à mort des hommes ;
deuxièmement, par l’éparpillement des cadavres, en cet endroit : EN CE
TEMPS-LÀ, DIT LE SEIGNEUR, ON JETTERA LES OS DU ROI DE JUDA
(Jr 8, 1) ; troisièmement, par la dispersion de ceux qui
resteront, en cet endroit : ET [CEUX QUI RESTERONT] PRÉFÉRERONT LA MORT À
LA VIE (Jr 8, 3).
203. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il montre le lieu de la mise à mort :
AUSSI, VOICI VENIR DES JOURS (Jr 7, 32), où ils seront punis
là où ils ont péché. Plus loin : Voici que des jours viendront, dit le Seigneur, où on
n’appellera plus ce lieu Tophet, ni vallée du fils d’Ennon, mais vallée du
carnage (Jr 19, 6). Deuxièmement, il
écarte la fonction d’ensevelir : LES CADAVRES DE CE PEUPLE SERVIRONT DE PÂTURE
AUX OISEAUX DU CIEL (Jr 7, 33). Toutefois, certains seront
ensevelis, soit par ceux qui resteront, soit par les ennemis qui ne pourront
supporter la puanteur. Ps 79[78], 2 : Ils ont donné les cadavres
de tes serviteurs aux oiseaux du ciel, et la chair de tes saints aux bêtes de
la terre. Troisièmement, il écarte la joie
universelle : JE FERAI CESSER... [LES CRIS DE JOIE ET D’ALLÉGRESSE] (Jr 7, 34).
Lm 5, 15 : La joie est disparue de votre cœur, notre chœur s’est tourné vers
les chants de deuil, toutes choses qui attestent
l’ampleur du massacre.
204. Remarque que Dieu habite
avec nous par la constance de la foi, Ep 3, 17 : Que le Christ habite en vos
cœurs par la foi, etc. [Aussi] par la concorde de
l’amour fraternel, Mt 18, 20 : Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je
suis au milieu d’eux. Par l’obéissance aux
commandements, Jn 14, 23 : Si quelqu’un m’aime, il observera mes commandements,
mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure. Par l’élévation d’une contemplation dévote,
Ap 3, 20 : Je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma
voix, il m’ouvrira, j’entrerai chez lui, je mangerai avec lui et lui avec moi.
205. Remarque aussi qu’il existe
un temple historique, Ps 138[137], 2 : J’adorerai dans ton Temple
saint, et je confesserai ton nom. [Un temple]
allégorique, l’Église elle-même, 1 Co 3, 17 : Le Temple de Dieu est
saint : vous l’êtes. [Un temple] typique, le juste
lui-même, 1 Co 6, 19 : Ne savez-vous pas que vos membres sont le temple de
l’Esprit Saint ? [Un temple] anagogique, Dieu
lui-même, Ap 21, 22 : Le Seigneur Dieu tout-puissant est son temple et l’agneau.
206. Remarque aussi que nous devons écouter la voix du Seigneur en l’aimant d’un amour de charité, car il est notre bien, Dt 6, 5 : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces. En le servant par l’expression religieuse du culte, car il est le Seigneur, Dt 6, 5 : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que lui. Ps 2, 11 : Servez le Seigneur avec crainte. En le suivant par l’observance de son commandement, parce qu’il est [notre] Père, ci-dessus : Tu m’appelleras «Père», et tu ne cesseras de marcher à ma suite (Jr 3, 19). En le cherchant avec une intention droite, car il est [notre] fin, So 2, 3 : Cherchez le Seigneur, vous tous, les doux de la terre, car vous avez recherché sa justice. En l’adorant avec l’honneur qui lui est dû, car il est notre Créateur et notre Dieu, Mt 4, 10 : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu.
207. [Jérémie] menace ici que les cadavres soient retirés de leurs tombes. Premièrement, il présente le fait même que les cadavres soient retirés de leurs tombes : ON RACONTERA QUE LES OSSEMENTS [SERONT RETIRÉS DE LEURS TOMBES] (Jr 8, 1), parce qu’on croira y trouver de l’or ou quelque chose qui leur appartenait. Is 14, 19 : Mais toi, tu as été arraché à ton sépulcre, comme une plante inutile, dégoûtante, tordu avec ceux qui ont été tués par l’épée et sont descendus jusqu’au fond de la fosse, comme une charogne. Deuxièmement, il menace de dispersion ceux qui ont été tirés de leurs tombes : ET ON LES ÉPARPILLERA (Jr 8, 2). 2 R 17, 16 : Ils ont adoré toute l’armée du ciel. Sg 11, 16 : On est châtié par où l’on pèche. Troisièmement, [il présente] leur bassesse : ILS NE SERONT NI RECUEILLIS [NI ENTERRÉS]. Is 5, 25 : Leurs cadavres ressemblaient à du fumier sur les places publiques.
208. [Jérémie] montre ici l’accablement de ceux qui resteront, signifié par le choix de la mort (Jr 8, 3), qui n’est pas objet d’un choix en elle-même, mais parce qu’elle est la fin des malheurs. Ap 9, 6 : En ces jours-là, les hommes chercheront la mort et ne la trouveront pas ; ils désireront mourir, mais la mort les fuira.
209. [Jérémie] montre ici leur
entêtement et leur endurcissement dans le péché. La division suit donc ce qui
précède : premièrement, il montre leur obstination dans les péchés qui
sont commis contre Dieu, ou contre soi-même et contre le prochain. Ensuite, [il
parle des péchés] qui sont commis directement contre le prochain, au chapitre
9 : QUI VERSERA DE L’EAU SUR MA TÊTE, ET FERA DE MES YEUX UNE FONTAINE DE
LARMES ? (Jr 9, 1).
210. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il [leur] reproche leur
endurcissement ; deuxièmement, il [les] menace d’un châtiment, en cet
endroit : JE LES RASSEMBLERAI (Jr 8, 14).
211. À propos du premier point,
il fait quatre choses. Premièrement, il montre leur endurcissement pour ce qui
est de l’idolâtrie. Deuxièmement, pour ce qui est de l’orgueil, en cet
endroit : COMMENT POUVEZ-VOUS DIRE : «NOUS SOMMES SAGES, ET LA LOI DU
SEIGNEUR EST AVEC NOUS ?» (Jr 8, 8). Troisièmement, pour ce qui
est de l’avarice, en cet endroit : AUSSI DONNERAI-JE VOS FEMMES À D’AUTRES
(Jr 8, 10). Quatrièmement, pour ce qui est de leur sans-gêne, en cet
endroit : LES VOILÀ DANS LA HONTE À CAUSE DE LEURS ACTES ABOMINABLES, etc.
(Jr 8, 12).
212. À propos du premier point,
[Jérémie] montre leur endurcissement étonnant par trois traits. Premièrement,
par la coutume généralisée, en présentant la coutume : EST-CE QUE CELUI
QUI TOMBE NE SE RELÈVE PAS ? (Jr 8, 4), au sens
spirituel, ou même corporel, pour ce qui est de la conversion après le
péché : CELUI QUI SE DÉTOURNE [LE FAIT-IL SANS RETOUR] ? pour ce qui
est du fait de se détourner, comme s’il disait : «Voilà la coutume !»
Ps 41[40], 9 : Est-ce que celui qui dort ne s’étendra pas pour se relever ? Am 5, 2 : La verge d’Israël a été jetée à terre, et il n’y a personne pour la
ramasser. Et il conclut par son étonnement :
POURQUOI DONC CE PEUPLE S’EST-IL DÉTOURNÉ À JÉRUSALEM (Jr 8, 5),
pour ce qui est du péché, PAR UN ENTÊTEMENT REBELLE ? Ils se rebellent contre
le Seigneur ou le méprisent. Dt 31, 27 : Je connais ton entêtement
et ta nuque endurcie ! ILS SAISISSENT, pour ce
qui concerne le fait qu’ils se tournent, LE MENSONGE, LA TROMPERIE.
Is 28, 15 : Nous avons mis notre espoir dans le mensonge, et nous avons été
protégés par le mensonge !
213. Deuxièmement, [Jérémie]
montre le caractère universel de leurs péchés, en montrant leur négligence
universelle pour ce qui est du bien à accomplir : J’AI ÉCOUTÉ ATTENTIVEMENT
ET J’AI EXAMINÉ, MAIS IL N’Y A PERSONNE QUI PARLE DU BIEN (Jr 8, 6),
et encore moins, qui le fait. Ps 14[13], 3 : Il n’y a personne qui fasse
le bien, pas même un seul ! [En montrant
aussi] leur impénitence universelle pour les maux commis : IL N’Y A
PERSONNE QUI FASSE PÉNITENCE ! Rm 2, 5 : Mais toi, par ton endurcissement
et ton cœur impénitent, tu accumules la colère pour le jour de la colère !
[En montrant encore] leur concupiscence sans
frein : TOUS SE TOURNENT. Si 30, 8 : Le cheval indompté devient
rétif, un fils laissé à lui-même devient mal élevé. Jb 15, 26 : Il s’élance contre Dieu tête baissée, armé d’un cou gonflé ! Et Jb 40, 18 : Le fleuve se déchaîne, il ne s’émeut pas ; le
Jourdain jaillirait jusqu’à sa bouche, qu’il ne s’émouvrait pas.
214. Troisièmement, [Jérémie] les compare aux choses sans raison, en présentant leur connaissance : LE MILAN DANS LE CIEL, c’est-à-dire dans l’air, CONNAÎT LA SAISON (Jr 8, 7), qui convient à ce qu’il a à faire, parce qu’il s’en va en hiver vers des endroits chauds et revient au printemps, et cela, par l’instinct d’un jugement naturel. Jb 12, 7 : Interroge les bêtes, et elles t’enseigneront ; les oiseaux du ciel, et ils te montreront. Et il présente l’ignorance du peuple : MAIS MON PEUPLE NE CONNAÎT PAS [MON] JUGEMENT, par lequel le pardon pourrait lui arriver. Is 1, 3 : Mais Israël ne me connaît pas !
215. [Jérémie] montre ici leur orgueil par leur prétention à la sagesse. À ce propos, il fait trois choses. Premièrement, il présente leur prétention : «NOUS SOMMES SAGES !» (Jr 8, 8). Is 5, 21 : Malheur à vous qui êtes sages à vos propres yeux et prudents selon vous-mêmes ! Deuxièmement, il montre l’injustice : VRAIMENT C’EST UN MENSONGE ! soit par une mauvaise interprétation des Écritures, soit par l’établissement de lois injustes. Is 10, 1 : Malheur à ceux qui font et écrivent des lois injustes : ils ont écrit des choses injustes afin d’opprimer les pauvres lors d’un procès, et de faire violence à la cause des humbles parmi mon peuple. Troisièmement, il présente le châtiment : [LES SAGES] ONT ÉTÉ CONFONDUS (Jr 8, 9), le passé pour le futur. Jb 12, 17 : Il a mené les conseillers à une fin stupide, et les juges, à la stupeur. Et il reprend l’accusation : ILS ONT REJETÉ LA PAROLE DU SEIGNEUR. Si 1 5 : La parole de Dieu très haut est source de sagesse. Is 5, 13 : C’est pourquoi mon peuple a été mené en captivité, parce qu’il n’avait pas la science. Os 4, 6 : Parce que tu as rejeté la science, je te rejetterai, de sorte que tu n’exerces pas pour moi le sacerdoce.
216. [Jérémie] montre ici leur
avarice. Premièrement, il présente leur châtiment : [AUSSI DONNERAI-JE À
D’AUTRES] HÉRITIERS, c’est-à-dire à ceux qui détiennent solidement et en toute
sécurité leur héritage. Dt 28, 30: Tu prendras une épouse, mais un autre dormira avec
elle.
217. Deuxièmement, il présente leur faute. Premièrement, leur désir d’avarice : CAR DU PLUS PETIT AU PLUS GRAND, ILS RECHERCHENT L’AVARICE, comme une fin. Is 1, 5 : Toute la tête est mal en point, tout le cœur est malade ; de la plante des pieds à la tête, il ne reste plus rien de sain. Deuxièmement, il présente leur fourberie dans la recherche [de l’avarice] : PROPHÈTE [COMME PRÊTRE]. Troisièmement, [il présente] la manière [dont il sont fourbes] : ILS PANSENT [À LA LÉGÈRE LA BLESSURE DE MON PEUPLE, EN DISANT : «PAIX ! PAIX !» (Jr 8, 11). Ez 13, 18‑19 : Ils réconfortaient leurs âmes, et ils me déshonoraient devant mon peuple pour une poignée d’orge et un morceau de pain, en faisant mourir des âmes qui ne doivent pas mourir, et en réconfortant des âmes qui ne doivent pas vivre, en mentant à mon peuple qui écoute le mensonge.
218. [Jérémie] montre ici leur sans-gêne. Premièrement, [il montre] la cause de la honte : ILS ONT ÉTÉ CONFONDUS [POUR LEURS ACTES ABOMINABLES] (Jr 8, 12), comme s’il disait : «Ils endurent les peines par lesquelles ils devaient être confondus.» Si 4, 21 : Car il y a une honte qui conduit au péché. Deuxièmement, il montre leur sans-gêne : MAIS DÉJÀ ILS NE RESSENTENT PLUS LA HONTE. Ci-dessus : Tu as eu le front d’une prostituée, et tu n’as pas voulu rougir [de honte] (Jr 3, 3). Troisièmement, [il montre] le châtiment : AUSSI TOMBERONT-ILS PARMI CEUX QUI S’EFFONDRERONT, comme ci-dessus, Jr 8, 12. Lm 1, 7 : Alors que son peuple tombait aux mains de l’ennemi, et qu’il n’y avait personne pour le secourir.
219. [Jérémie] présente ici le
châtiment, en même temps que le châtiment prédit auparavant. Premièrement, il
présente le jugement du Seigneur pour ce qui est de l’affliction des hommes :
JE VAIS LES RASSEMBLER (Jr 8, 13), à Jérusalem, par le siège.
Plus loin : Rassemble-les
comme un troupeau pour le sacrifice, et sacrifie-les au jour de l’extermination
(Jr 12, 3). Et pour ce qui est du pillage
des fruits : PLUS DE RAISINS [À LA VIGNE], pour vous, mais il y en a pour
vos ennemis, qui mangent sous vos yeux ce qui vous appartient. ELLE A ÉTÉ
PIÉTINÉE, devant eux par les ennemis. Ha 3, 17 : Le figuier ne bourgeonnera
pas, et il n’y aura plus rien à récolter dans les vignes.
220. Deuxièmement, [il présente]
la misère du peuple : POURQUOI RESTONS-NOUS ASSIS ? (Jr 8, 14).
Ou bien, il présente leur préparation, en présentant leurs exhortations
mutuelles : POURQUOI RESTONS-NOUS ASSIS dans les villes, comme si nous
étions en paix ? GARDONS SILENCE, comme frappés de stupeur, ou bien, en
nous éloignant du tumulte de la guerre. Ci-dessus : Rassemblez-vous et
entrons ! (Jr 4, 5). Et la raison de
ceux qui exhortent, car ils prévoient un châtiment : CAR LE SEIGNEUR,
NOTRE DIEU, NOUS A RÉDUITS AU SILENCE, par la stupeur. Lm 3, 5 :
Il m’a rempli
d’amertume, il m’a enivré d’absinthe. Et ils
confessent leur faute : PARCE QUE NOUS AVONS PÉCHÉ CONTRE LUI.
Ps 106[105], 6 : Nous avons péché comme nos pères ; nous avons mal agi, nous
avons commis l’iniquité. Et ils reconnaissant la
stupidité de leur espoir : NOUS ESPÉRIONS (Jr 8, 15),
selon ce que disaient les faux prophètes, QUELQUE CHOSE DE BON, le mérite de la
paix. Pr 10, 28 : L’espérance des justes est joie, mais l’espérance des impies
disparaîtra. Il présente aussi la persécution par
les ennemis et leur renommée : DEPUIS DAN. Ci-dessus : La voix de celui qui
annonce (Jr 4, 15). Il présente aussi
l’effet de leur renommée : AU HENNISSEMENT DE SES GUERRIERS TOUTE LA TERRE
EST ÉBRANLÉE (Jr 8, 16), par hyperbole ou métonymie.
Ps 18[17], 8 : La terre a été ébranlée et a tremblé. [Il
présente aussi] le châtiment infligé par eux : ILS SONT VENUS ET ONT
DÉVORÉ LE PAYS ET TOUT CE QU’IL CONTENAIT, c’est-à-dire tous ses produits.
Ps 79[78], 7 : Ils ont mangé Jacob, et ils l’ont rendu désert. Et il écarte le remède : ET VOICI QUE J’ENVOIE CONTRE VOUS DES
SERPENTS (Jr 8, 17), les Chaldéens, CONTRE LESQUELS IL
N’EXISTE PAS DE CHARME, parce qu’ils ne pourront d’aucune façon être apaisés.
Ps 58[57], 5 : Leur fureur ressemble à celle d’un serpent, d’un aspic sourd et qui
se bouche les oreilles. Ap 9, 5 : La douleur qu’ils
provoquent ressemble à celle d’une piqûre de scorpion.
221. Troisièmement, [Jérémie]
présente la miséricorde de celui qui compatit. Premièrement, en présentant la
compassion à l’égard de l’affliction du peuple : [SANS REMÈDE], LA DOULEUR
[M’ENVAHIT] (Jr 8, 18), en parlant du Seigneur : il
souffre comme un homme (antropopatos), ou bien il parle du
prophète. Lm 1, 12 : Vous tous qui passez sur le chemin, regardez, et voyez s’il y a une
douleur semblable à la mienne ! [Il présente
aussi] l’affliction du peuple : VOICI QU’UNE VOIX, celle des ennemis,
[APPELLE] DEPUIS UNE TERRE LOINTAINE (Jr 8, 19) ; ou
bien, celle du peuple contre ces mêmes ennemis ; ou bien, celle du pays de
la captivité. Ci-dessus : J’ai entendu un cri semblable à celui de celle qui accouche (Jr 4, 31). [Il présente encore] la raison de
l’affliction : LE SEIGNEUR N’EST DONC PLUS EN SION ? Dieu lui-même
pourrait donner conseils, aide et réponses ; vous n’avez donc aucune
raison de chercher d’autres dieux. 2 R 1, 2 : Dieu n’est-il pas en
Israël, pour que vous alliez consulter Belzébuth, le dieu d’Accaron ? Deuxièmement, [il présente] la compassion sous l’aspect de la durée,
en présentant la durée de l’affliction : LA MOISSON EST PASSÉE, L’ÉTÉ EST
FINI, ET NOUS NE SOMMES PAS SAUVÉS ! (Jr 8, 20), du
danger de la famine, car nous n’avons pas fait la récolte, en parlant au nom du
peuple. Ainsi, 2 R 6, 27 : Comment puis-je te sauver ? Troisièmement, [il présente] la compassion : DE LA BLESSURE [DE
LA FILLE DE MON PEUPLE] (Jr 8, 21), en parlant du Seigneur,
comme ci-dessus. Is 63, 8‑9 : Il s’est fait leur sauveur dans toutes leurs
tribulations. Ou [en parlant] au nom du prophète.
Lm 2, 12 : Mes entrailles ont été bouleversées ! Quatrièmement, il indique la raison de la durée [de l’affliction], à
savoir qu’ils n’ont pas voulu être guéris de leur péché : N’Y A-T-IL PLUS
DE BAUME (Jr 8, 22), par lequel [est indiqué] le remède de la
pénitence contre la faute ou celui de la sagesse divine ; N’Y A-T-IL PAS
DE MÉDECIN, un prophète ou un prêtre, EN GALAAD ? où l’on s’adonnait à
l’étude de la médecine. Plus loin : Monte à Galaad et prends du baume, vierge, fille
d’Égypte ? (Jr 46, 11). POURQUOI LA
BLESSURE, du péché, NE S’AMÉLIORE-T-ELLE PAS, n’est-elle pas guérie ?
Is 1, 6 : Ce n’est que blessures, contusions et plaies ouvertes, qui ne sont
pas pansées ni soignées avec un médicament ou ointes avec de l’huile.
222. Remarque qu’il y a
plusieurs silences. [Le silence] de la stupeur, Am 8, 3 : Le silence s’abattra en
tous lieux. [Le silence] de la sécurité,
Is 32, 17 : Et l’œuvre de la justice est la paix, le souci de la justice est le
silence, et la sécurité durera pour l’éternité. [Le
silence] de la longanimité, Lm 3, 26 : Il est bon d’attendre en
silence le salut du Seigneur. [Le silence] de la
paix du cœur, Si 12, 11 : Les paroles des sages sont comme des aiguillons, et
j’ai fait [des conseils que me donnaient les sages] des chevilles plantées bien
haut.
223. Remarque aussi qu’il faut fuir la société des méchants, car ils séduisent par des paroles, 1 Co 15, 33 : Les mauvaises conversations corrompent le bon comportement. Ils attirent par des exemples, Ps 18[17], 27 : Tu seras innocent avec l’innocent, et malin avec le malin. Ils séduisent par la renommée, Si 13, 1 : Qui touche à la poix s’englue. Ils entraînent au châtiment, Nb 16, 26 : Éloignez-vous des demeures des méchants, et ne touchez pas à ce qui leur est lié, de crainte qu’ils ne vous impliquent dans leurs péchés.
224. [Jérémie] montre ici leur
entêtement dans les péchés qui vont directement contre le prochain.
Premièrement, leur plainte au sujet du châtiment est présentée : QUI CHANGERA
MA TÊTE [EN FONTAINE D’EAU ET MES YEUX EN SOURCE DE LARMES] ? (Jr 8, 23).
Comme s’il disait : «L’eau, matière des larmes, ne suffit pas à [exprimer]
ma tristesse et ma compassion.» L’EAU, pour ce qui est de l’abondance, EN
SOURCE, pour ce qui est de l’insuffisance. Lm 3, 48 : Mes yeux se transforment en
ruisseaux pour le désastre de la fille de mon peuple. Pour ce qui est du châtiment : QUI ME DONNERA AU DÉSERT UN
GÎTE ? (Jr 9, 1). Comme s’il disait : «Je
préférerais habiter dans le désert que de voir leurs péchés.» [UN GÎTE] DE
VOYAGEURS, c’est-à-dire là où, bien que personne n’habite, cependant beaucoup
passent. Ou bien, DANS LE DÉSERT, COMME LES VOYAGEURS, qu’aucun ou de rares
[voyageurs] traversent. Plus loin : J’ai quitté ma maison, j’ai rejeté mon héritage !
(Jr 12, 7).
225. Deuxièmement, la condition
du peuple est décrite, en cet endroit : CAR TOUS SONT DES ADULTÈRES.
Premièrement, pour ce qui est de la faute ; deuxièmement, pour ce qui est
du châtiment, en cet endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR DES ARMÉES
(Jr 9, 6).
226. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente le péché qui vient de la
violation du lit conjugal d’un autre : ILS SONT DES ADULTÈRES.
Ci-dessus : Chacun
soupire après l’épouse de son prochain (Jr 5, 8). En transgressant un contrat humain ou divin : RAMASSIS DE
TRAÎTRES, comme s’il disait : «Ils se sont ligués pour cela.»
Is 24, 16 : Les traîtres ont trahi, les traîtres ont tramé la trahison. Par le mensonge : ILS ONT BANDÉ LEUR LANGUE COMME UN ARC (Jr 9, 2),
d’où part la flèche de la parole trompeuse. Os 7, 16 : Ils se sont retournés pour
se débarrasser du joug, ils sont devenus comme un arc trompeur.
227. Deuxièmement, il aggrave
[leur faute]. Premièrement, en raison de l’accroissement des fautes : ILS
SE SONT ANCRÉS SUR TERRE, c’est-à-dire dans les péchés terrestres, ou bien dans
les biens terrestres, privés qu’ils sont [des biens] célestes.
Ps 73[72], 3 : J’enviais les méchants en voyant la paix des pécheurs. ILS VONT DE CRIME EN CRIME, en ajoutant péché sur péché.
Os 4, 2 : Malédiction et mensonge, homicide et adultère ont abondé, et le sang
a rejoint le sang. Deuxièmement, en raison de la
condition de ceux qui pèchent, car [on agit ainsi] même entre gens liés entre
eux, auxquels on est tenu d’étendre les œuvres de charité. Et premièrement, il conseille
de prendre garde : QUE CHACUN SOIT EN GARDE CONTRE SON PROCHAIN ! (Jr 9, 3),
qui [lui] est lié par un rapport civil ou spirituel ; CONTRE SON FRÈRE,
qui lui est uni par un lien naturel. Mi 7, 5 : N’accordez pas foi à l’ami,
ne faites pas confiance au dirigeant.
228. Deuxièmement, il précise la
cause du point de vue de la duperie. Premièrement, il présente le péché de
duperie : CHAQUE FRÈRE DUPE [L’AUTRE] (Jr 9, 4), en
dérobant le bien de l’autre. Gn 27, 36 : Il m’a supplanté par deux
fois. Il avait pris mon droit d’aînesse, et voilà maintenant qu’il a dérobé ma
bénédiction ! Par la manière d’agir, car TOUT
AMI AVANCE DANS LA DUPERIE. Is 32, 7 : Quant au fourbe, ses vases
sont les pires ! Et par la parole : ET UN
HOMME RIRA DE SON FRÈRE. Jb 12, 4 : Celui qui est tourné en dérision par son ami invoquera
Dieu, et il l’exaucera. Pour l’avenir, il incite à
la persévérance.
229. Deuxièmement, il en donne
la raison, car ils sont habitués à mentir : ILS ONT ENSEIGNÉ [À LEUR
LANGUE À MENTIR], par l’habitude, et ils s’appliquent à mal agir : ILS
S’APPLIQUENT À MAL AGIR. Pr 4, 16 : En effet, ils ne dorment pas sans avoir fait le mal,
et le sommeil ne leur vient pas s’ils n’ont pas dupé. Sg 5, 7 : Nous nous sommes épuisés sur le chemin de l’iniquité et de la perdition,
et nous avons emprunté des routes difficiles, mais nous avons ignoré la voie du
Seigneur.
230. Troisièmement, il introduit la conclusion : TU DEMEURES, ô Jérémie ou ô Jérusalem ! AU MILIEU DE LA MAUVAISE FOI (Jr 9, 5), c’est-à-dire au milieu d’un peuple fourbe. Ez 2, 6 : Ils se montrent incrédules et destructeurs à ton endroit, et tu habites au milieu des scorpions.
231. [Jérémie] présente ici la
condition du peuple qui est à plaindre en raison du châtiment :
premièrement, il présente la sentence ; deuxièmement, il précise le
châtiment, en cet endroit : SUR LES MONTAGNES, J’EXHALERAI PLAINTES [ET
LAMENTATIONS] (Jr 9, 9).
232. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente la sentence : J’EXHALERAI (Jr 9, 6),
comme l’or dans le feu, afin qu’ils soient purifiés au moins de cette manière.
Si 27, 5 : Le four éprouve les vases du potier, l’épreuve des justes est la
tribulation.
233. Deuxièmement, il montre la
justice de la sentence. Premièrement, en écartant la voie de la
miséricorde : QUE FERAIS-JE D’AUTRE POUR LA FILLE DE MON PEUPLE ?
Comme s’il disait : «Il ne reste rien d’autre que de la punir, après avoir
essayé tous les autres moyens.» Is 5, 4 : Que dois-je faire d'autre
pour ma vigne, que je n’ai pas fait ? Deuxièmement,
il présente la faute : [LEUR LANGUE EST] UNE FLÈCHE [MEURTRIÈRE] (Jr 9, 7),
qui frappe de loin et pénètre jusqu’au plus profond. Pr 26, 22 :
Les paroles du
calomniateur paraissent inoffensives, mais elles atteignent le plus profond du
cœur. Et Pr 25, 18 : L’homme qui fait un faux
témoignage contre son prochain est comme une lance, une épée et une flèche
aiguisée. Ps 64[63], 8‑9 : Les flèches des enfants
sont devenues des blessures pour eux ; leurs langues dirigées contre eux
en ont été affaiblies. Ps 28[27], 3 :
Ils parlent de
paix avec leur prochain, mais le mal est dans leur cœur.
234. Troisièmement, il conclut par le châtiment : [ET POUR CES ACTIONS], JE NE LES CHÂTIERAIS PAS ? (Jr 9, 8). Comme ci-dessus, chapitre 5.
235. [Jérémie] précise ici le
châtiment d’une manière particulière : premièrement, il précise le
châtiment ; deuxièmement, il écarte la confiance trompeuse de s’en sauver,
en cet endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR : «QUE LE SAGE NE SE
GLORIFIE PAS DE SA SAGESSE !» (Jr 9, 22).
236. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il présente la dévastation du pays.
Deuxièmement, l’affliction des hommes, en cet endroit : DIS : «AINSI
PARLE LE SEIGNEUR, etc.» (Jr 9, 16).Troisièmement, [il présente] le
rejet des cadavres, en cet endroit : DIS : «AINSI PARLE LE SEIGNEUR,
etc.» (Jr 9, 21)
237. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il précise la destruction du pays pour ce
qui est des biens possédés, en mentionnant l’incendie : CAR ILS SONT
INCENDIÉS (Jr 9, 9). Jl 1, 19 : Je crierai vers toi,
Seigneur, car le feu a dévoré la beauté du désert, et les flammes ont brûlé
tout le bois de la région. AU POINT OÙ IL N’Y A
PLUS HOMME QUI LE TRAVERSE. Ci-dessus : J’ai regardé, et voilà qu’il n’y avait plus personne,
et que tous les oiseaux du ciel étaient partis (Jr 4, 25).
ET ILS N’ONT PAS ENTENDU LA VOIX DE CELUI À QUI [LE PAYS] APPARTENAIT, car il
n’y allait déjà plus. [La destruction du pays] pour ce qui est des
villes : ET JE FERAI DE JÉRUSALEM UN TAS DE SABLE (Jr 9, 10).
Is 17, 1 : Voilà que Damas cesse d’être une ville, et qu’elle sera en ruines
comme un tas de pierres.
238. Deuxièmement, il indique la raison. Premièrement, il pose une question : QUI EST L’HOMME QUI COMPREND, par lui-même, À QUI LA PAROLE DE LA BOUCHE DU SEIGNEUR EST ADRESSÉE ? (Jr 9, 11), afin qu’il le sache par révélation. Is 42, 23 : Qui parmi vous entend cela, qui porte attention et scrute l’avenir ? Deuxièmement, la réponse est présentée : LE SEIGNEUR DIT (Jr 9, 12), pour ce qui est du fait qu’ils se sont détournés [de lui], C’EST QU’ILS ONT ABANDONNÉ [MA LOI], ils ne se sont pas adonnés à la méditer, ILS N’ONT PAS ÉCOUTÉ [MA VOIX], prompts à obéir, ILS NE L’ONT PAS SUIVIE, en la mettant véritablement en pratique. 1 M 1, 62 : Plusieurs parmi le peuple d’Israël décidèrent par devers eux de ne pas manger de choses impures, et choisirent de mourir plutôt que de partager des aliments impurs, et ils ne voulurent pas enfreindre la sainte loi de Dieu. Ils furent donc tués. Et pour ce qui est de la conversion : ILS N’ONT PAS VOULU (Jr 9, 13). [ILS ONT SUIVI] LES BAALS, au pluriel et au masculin. Si 18, 30 : Ne suis pas tes désirs mauvais, et détourne-toi de ta volonté.
239. [Jérémie] menace ici d’un
châtiment pour ce qui est des hommes eux-mêmes. Premièrement, il précise le
châtiment pour ce qui est de l’affliction : JE LUI DONNERAI À MANGER DE
L’ABSINTHE (Jr 9, 14), les tourments infligés par les
Chaldéens, ET [DE L’EAU EMPOISONNÉE] À BOIRE, car l’aide des Égyptiens, par
laquelle ils croyaient échapper aux tribulations, s’est changée pour eux en
amertume, comme la nourriture l’est souvent par un breuvage.
Lm 3, 15 : Il m’a rempli d’amertume, il m’a enivré d’absinthe. Et pour ce qui est de la captivité : JE LES DISPERSERAI (Jr 9, 15),
et de l’extermination : ET J’ENVERRAI [L’ÉPÉE À LEUR POURSUITE], d’abord.
Ez 5, 2 : J’en disperserai le tiers, et tu brandiras l’épée contre eux.
240. Deuxièmement, il les invite
à exprimer leur tristesse par des lamentations : AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 9, 16).
Premièrement, selon la coutume des Juifs, il appelle les pleureuses afin
qu’elles provoquent les pleurs : APPELEZ LES PLEUREUSES. Cette coutume est
abordée plus loin : Ils ne se lamenteront pas : «Hélas ! Seigneur !
Hélas ! Majesté» (Jr 22, 18).
Lc 23, 28 : Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur
vous-mêmes et sur vos fils.
241. Deuxièmement, il présente
le commandement de pleurer. Premièrement, en indiquant au peuple leur deuil actuel :
QUE NOS YEUX VERSENT DES LARMES ! (Jr 9, 17).
Lm 2, 18 : Verse jour et nuit un torrent de larmes, ne t’accorde pas de repos
et ne ferme pas l’œil. En prédisant l’avenir, qui
est comme la matière du présent : CAR UNE VOIX S’EST FAIT ENTENDRE (Jr 9, 18),
par l’esprit de prophétie ; ou bien, il présente le passé comme s’il
s’agissait de l’avenir. Plus loin : Une voix d’en haut se fit entendre (Jr 31, 15). Et il indique la cause : COMMENT (dit la
voix des pleureuses dans Sion) AVONS-NOUS ÉTÉ DÉVASTÉS, pour ce qui est de la
dévastation du pays, COUVERTS DE HONTE, pour ce qui est la servitude ?
NOUS AVONS QUITTÉ [LE PAYS], pour ce qui est de la captivité. Ci-dessus : Malheur à nous ! Nous
avons été dévastés (Jr 4, 13).
242. Deuxièmement, [il indique] aux pleureuses leur chant de deuil : FEMMES, ÉCOUTEZ LA PAROLE DU SEIGNEUR (Jr 9, 19). Is 32, 9 : Femmes riches, levez-vous et écoutez ma voix, etc. Et il précise la cause : LA MORT A GRIMPÉ [PAR LES FENÊTRES] (Jr 9, 20), c’est-à-dire le Chaldéen apportant la mort, ce par quoi sont indiquées leur rapidité et leur force, car ils ne contentent pas d’entrer par les portes, mais ils entraient par les toits et les fenêtres. Jl 2, 9 : Ils descendront dans les maisons, ils entreront par les fenêtres comme un voleur.
243. [Jérémie] présente ici le châtiment pour ce qui est des cadavres qui n’ont pas été ensevelis : [LES CADAVRES DES HOMMES SONT ÉTENDUS] COMME DU FOIN (Jr 9, 21), qui est laissé de côté par le moissonneur comme quelque chose de méprisable. Is 5, 25 : Leurs cadavres sont devenus comme du fumier sur les places publiques.
244. [Jérémie] écarte ici la
fausse confiance d’en réchapper : QUE LE SAGE NE SE GLORIFIE PAS, en
croyant qu’il sera libéré, DANS SA SAGESSE (Jr 9, 22), qui est
le principal des biens humains de l’âme, [QUE LE VAILLANT NE SE GLORIFIE PAS]
DANS SA FORCE, qui est le principal des biens humains du corps, [QUE LE RICHE
NE SE GLORIFIE PAS] DANS SA RICHESSE, qui est le principal parmi les biens
extérieurs. 1 Sm 2, 3 : Ne multipliez pas les paroles hautaines en vous
glorifiant ! Et il montre la véritable
confiance : MAIS QUE CELUI QUI VEUT SE GLORIFIER [SE GLORIFIE EN CECI] :
SAVOIR, par la connaissance qui se trouve dans l’intellect, ET CONNAÎTRE (Jr 9, 23),
par l’expérience de la douceur dans la puissance affective.
Ps 62[61], 8 : Mon salut est en Dieu, ma gloire et mon espérance sont en
Dieu ! 2 Co 10, 17 : Que celui qui se glorifie
se glorifie dans le Seigneur ! Et il en donne
la cause : [CAR JE SUIS CELUI QUI EXERCE] LE DROIT, d’opprimer les
ennemis, ET LA JUSTICE, afin qu’existe l’égalité ; [C’EST EN CELA QU’ILS
ME] PLAISENT, en vous. Mi 6, 8 : Je t’indiquerai, homme, ce qui est bon et ce que le
Seigneur attend de toi : accomplir la justice, aimer la miséricorde, et marcher
attentivement avec ton Dieu.
245. Deuxièmement, il écarte la
confiance dans les cérémonies [prescrites] par la loi, en particulier, dans la
circoncision, qui est la principale [cérémonie], qui vient même des pères, car
elle est imparfaite, elle ne tient qu’à la chair, et non au cœur. C’est
pourquoi ils sont punis comme les incirconcis : VOICI VENIR DES JOURS [OÙ
JE VISITERAI TOUT CIRCONCIS QUI NE L’EST QUE DANS SA CHAIR] (Jr 9, 24).
Ac 7, 25 : Nuques raides, oreilles et cœur incirconcis, vous avez toujours
résisté à l’Esprit Saint !
246. Remarque que l’homme ne
doit pas se glorifier dans la sagesse, car elle est passagère,
Is 29, 14 : La sagesse disparaîtra chez ses sages, et l’intelligence de ses gens
avisés sera cachée. Parce qu’elle est imparfaite,
Qo 8, 17 : J’ai compris que l’homme ne peut comprendre la raison de toutes les
œuvres de Dieu qui se produisent sous le soleil. Parce
qu’elle est nuisible, 1 Co 8, 1 : La science enfle, mais la
charité édifie. Parce qu’elle est pénible,
Qo 1, 18: Beaucoup de sagesse, beaucoup de chagrin ; plus de savoir, plus
de peine !
247. De même ne doit-il pas se glorifier
dans sa force, car elle est fragile. Jb 6, 12 : Ma force n’est pas comme la
force des pierres, ni ma chair n’est-elle d’airain ! Parce qu’elle est souvent inutile. Qo 9, 11 : J’ai vu sous le soleil que
ceux qui sont rapides ne gagnent pas la course, les forts la guerre, les sages
leur pain, les docteurs la richesse, les artisans la reconnaissance. Le moment
venu, tous tombent. Parce qu’elle n’est pas
agréable au Seigneur. Ps 147[146-147], 10 : Ni la vigueur du cheval ne
lui agrée, ni le jarret de l’homme ne lui plaît. Parce
qu’elle est une occasion de péché. Sg 2, 11 : Que la loi de justice soit
notre force, car ce qui est faible se révèle inutile.
248. Il ne doit pas non plus se glorifier dans les richesses, car elles sont passagères. Jc 5, 2 : Vos richesses se sont dissoutes, et vos vêtements ont été mangés par les mites. Parce qu’elles sont insuffisantes. Pr 17, 16 : En quoi posséder des richesses est-il utile à l’insensé, puisqu’il ne peut pas acheter la sagesse ? Parce qu’elles font obstacle à la parole de Dieu. Mt 13, 22 : La tromperie des richesses étouffe la parole, et elle ne donne pas de fruit. Parce qu’elles sont nuisibles. Qo 5, 12 : Les richesses amassées tournent au détriment de leur maître.
249. [Jérémie] montre ici la dignité du peuple afin que sa faute n’en
apparaisse que plus grave et son châtiment plus juste. Et cela se divise en
trois parties : dans la première, il montre leur dignité compte tenu de la
majesté divine ; dans la deuxième, compte tenu de l’alliance divine :
PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE DE LA PART DU SEIGNEUR
(Jr 11, 1) ; dans la troisième, compte tenu de l’attachement ou
de la protection : AINSI ME PARLA LE SEIGNEUR (Jr 13, 1).
250. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il montre leur dignité en comparaison des
autres peuples, par le fait qu’ils respectaient la parole de Dieu ; dans
la seconde, il les menace de châtiment parce qu’ils ont écarté le culte de Dieu
par l’idolâtrie, en cet endroit : RAMASSE À TERRE TA HONTE
(Jr 10, 17).
251. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il montre la différence entre les
dieux ; deuxièmement, en concluant par la destruction de ceux qui les honorent,
en cet endroit : TOUT HOMME SE TIENT STUPIDE (Jr 10, 14).
252. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il distingue le vrai Dieu des faux dieux
pour ce qui est de la majesté du Seigneur ; deuxièmement, pour ce qui est
l’éternité de sa durée, en cet endroit : LEUR ENSEIGNEMENT EST VAIN
(Jr 10, 8) ; troisièmement, pour ce qui est de la vérité de la
divinité, en cet endroit : VOICI CE QUE VOUS LEUR DIREZ
(Jr 10, 11).
253. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il montre la vanité et la faiblesse des
idoles ; deuxièmement, la majesté divine, en cet endroit : NUL N’EST
COMME TOI, SEIGNEUR (Jr 10, 6).
254. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il propose le commandement de ne pas se
plier à l’idolâtrie, ni par imitation des nations, SELON LES VOIES [DES
NATIONS] (Jr 10, 2), ni en raison de la grandeur des choses
célestes : NE SOYEZ PAS EFFRAYÉS PAR LES SIGNES DU CIEL, au point de
croire qu’ils sont divins, ou qu’ils imposent une nécessité à ce qui dépend du
libre arbitre. Dt 4, 19 : Ne tourne pas les yeux vers le ciel, ne regardez pas
le soleil, la lune et tous les astres du ciel, de sorte que tu les adores en te
trompant et que tu honores ce que le Seigneur Dieu a créé pour servir toutes
les nations qui sont sous le ciel.
255. Deuxièmement, il démontre son propos,
en présentant la vanité des idoles : LES LOIS DES PEUPLES (Jr 10, 3),
par lesquelles ils s’obligent à l’idolâtrie, NE SONT QUE VANITÉ, car elles sont
inutiles et dépourvues de la vérité de la science divine.
Sg 13, 1 : Vains sont tous les hommes en qui ne se trouve pas la connaissance
de Dieu. Et il démontre cette vanité par la
bassesse de la substance [des idoles] pour ce qui est de leur matière : CE
N’EST QUE DU BOIS. Is 44, 14 : Il a coupé des cèdres, il a choisi un chêne et un
térébinthe, qui poussait parmi les arbres de la forêt. Pour ce qui est de la cause efficiente principale : ŒUVRE DES
MAINS [DU SCULPTEUR], et instrumentale : ET D’UNE HACHE.
Sg 13, 10 : Ils sont malheureux et ils ont mis leur espoir dans des morts, ceux
qui ont appelé «dieux» les œuvres des mains des hommes, etc. Is 44, 13 : [Le sculpteur sur bois] prend les mesures [de
l’idole], trace l’image au compas, il l’exécute à l’image de l’homme, d’un bel
homme, pour qu’elle habite dans la maison. Pour ce
qui est de la forme de sa beauté : [ENJOLIVÉ] D’ARGENT (Jr 10, 4).
Ba 6, 7 : Leurs morceaux de bois polis par l’artisan, dorés et argentés, sont
faux, et ils ne peuvent pas parler. Et [de la
forme] de sa composition : AVEC DES CLOUS ET DES MARTEAUX.
Is 41, 7 : Le forgeron qui frappe avec le marteau a alors encouragé celui qui
bat l’enclume en disant de la soudure : «Elle est bonne !» Et il l’a
renforcée avec des clous pour qu’elle ne bouge pas. Il le démontre aussi à partir de la faiblesse de l’œuvre, car
celle-ci n’a pas d’opération sensible ni intellective : COMME UNE BRANCHE
DE PALMIER, (Jr 10, 5), qui ne comprend pas, bien qu’elle soit
belle ; ELLES NE PARLERONT PAS, pour ce qui est de l’acte de la raison ;
ELLES SONT PORTÉES, par d’autres, CAR ELLES NE PEUVENT MARCHER ! pour ce
qui est de l’opération de l’âme sensible. Ps 114[113], 13‑15 :
Elles ont une
bouche, et ne parleront pas ; elles ont des yeux, et ne verront pas ;
elles ont des oreilles, et n’entendront pas ; elles ont des narines, et ne
sentiront pas ; elles ont des mains, et ne palperont pas ; elles ont
des pieds, et ne marcheront pas ; elles ne crieront pas de leur
gorge !
256. Troisièmement, il conclut ce qui était son propos : NE LES CRAIGNEZ DONC PAS ! En effet, certaines [idoles] étaient honorées pour en obtenir quelque chose de bien, mais d’autres, pour qu’elles ne [leur] fassent pas de mal. Is 41, 23 : Si vous le pouvez, agissez en bien ou en mal ! Nous dirons : «Voyons donc !»
257. [Jérémie] montre ici la
majesté de la seigneurie divine. Premièrement, il montre sa puissance
unique : [TU ES] GRAND (Jr 10, 6), en toi-même, ET TON
NOM EST GRAND, dans l’opinion des hommes. Et, de cela, il conclut par la
crainte : QUI NE TE CRAINDRA PAS ? (Jr 10, 7).
Ci-dessus : Ne
me craindrez-vous pas, dit le Seigneur, et ne vous plaindrez-vous pas de mon
visage ? (Jr 5, 22).
258. Deuxièmement, il montre sa science unique. Premièrement, en écartant l’égalité en sagesse : C’EST BIEN CELA QUI TE CONVIENT ! Ap 7, 12 : Bénédiction, gloire, sagesse et action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu dans les siècles des siècles ! Deuxièmement, en montrant leur sottise en comparaison de la sagesse divine : ET DANS TOUS LEURS ROYAUMES, NUL N’EST COMME TOI. TOUS SONT ÉGALEMENT BÊTES ! (Jr 10, 8), pour les choses divines, ET PRÉTENTIEUX, pour les choses humaines. 1 Co 3, 19 : La sagesse de ce monde est sottise aux yeux de Dieu.
259. [Jérémie] montre ici la
différence pour ce qui est de l’éternité. Premièrement, il montre que les
idoles ont eu un commencement pour ce qui est de leur substance, elles qui ont
été faites de bois : LEUR ENSEIGNEMENT EST VAIN (Jr 10, 8),
celui des sages chez les nations, C’EST DU BOIS ! à savoir, l’idole faite
de bois. En effet, c’est par là qu’on voit que leur sagesse est vaine. Et pour
ce qui est de l’argent : C’EST DE L’ARGENT (Jr 10, 9) ;
et pour ce qui est de l’or : DE L’OR D’OPHIR, c’est-à-dire que [les
idoles] sont l’œuvre D’UN ARTISAN et une œuvre FAITE AVEC LES MAINS, comme s’il
s’agissait d’une œuvre basse. Ps 115[113B], 12 : Les idoles des nations sont
de l’argent et de l’or, elles sont l’œuvre des mains des hommes. Et pour ce qui est de leurs parures : DE LA POURPRE VIOLETTE.
En effet, il est clair que ce qui a été fabriqué a eu un commencement.
Ba 6, 12 : Quand on les a revêtus d’un habit pourpre, on époussette leur
figure, à cause de la poussière du Temple qui s’est accumulée sur eux.
260. Deuxièmement, il met de l’avant l’éternité de Dieu, en lui ajoutant sa vérité et sa majesté, car [LE SEIGNEUR] EST LE DIEU VÉRITABLE ET ÉTERNEL (Jr 10, 10). Is 40, 28 : Le Dieu éternel, le Seigneur qui a créé les extrémités de la terre, ne se fatiguera pas. Et, de cela, il conclut à la crainte : LA TERRE SERA BOULEVERSÉE PAR SA COLÈRE, comme s’il disait : «Même les choses insensibles ressentiront sa colère !» [LES NATIONS] NE PEUVENT RÉSISTER, en raison de la grandeur de sa colère. Ps 18[17], 8 : La terre a tremblé et a été ébranlée, les fondations des montagnes ont été bouleversées.
261. [Jérémie] montre ici la
différence pour ce qui est de la vérité de la divinité. Premièrement, il
l’écarte des idoles, en montrant qu’il n’y a pas d’opération divine en
elles : AINSI DONC, VOUS LEUR DIREZ (Jr 10, 11), à ceux
qui honorent les idoles. C’est pourquoi il est écrit en langue hébraïque et
chaldéenne : [QUE LEURS DIEUX DISPARAISSENT], c’est-à-dire que cesse leur
culte. Ps 19[18], 2 : Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament annonce
l’œuvre de ses mains.
262. Deuxièmement, il montre qu’il existe en Dieu une opération divine. Premièrement, pour ce qui est de la création des parties essentielles du monde : IL A FAIT LA TERRE (Jr 10, 12), pour ce qui est des choses les plus petites ; IL ÉTABLIT LE MONDE, pour ce qui est des choses les plus élevées. Pr 3, 19 : Le Seigneur a fondé la terre par sa sagesse, il a établi les cieux par son intelligence. Ps 104[103], 3 : Étendant le ciel comme une peau, toi qui protèges de l’eau ses parties supérieures. Deuxièmement, pour ce qui est des passions de l’air, de sorte qu’on ne croie pas que seules les premières choses viennent des premières [causes], comme le disent certains philosophes, mais qu’il est l’auteur de toutes les choses, en agissant en toutes. En premier lieu, pour ce qui est fait de la matière humide, comme les nuages et les pluies : À SA VOIX (Jr 10, 13), à son commandement, [LES EAUX GRONDENT DANS LE CIEL] ; DES EXTRÉMITÉS [DE LA TERRE, IL FAIT MONTER LES NUAGES], en raison de l’abondance des eaux aux extrémités de la terre. En deuxième lieu, pour ce qui est fait d’une matière humide et sèche : [IL PRODUIT] LES ÉCLAIRS. [Jérémie] modifie l’ordre, car, après les éclairs, la pluie suit fréquemment. En troisième lieu, pour ce qui est fait d’une matière sèche : ET IL TIRE [LE VENT] DE SES RÉSERVOIRS, de causes cachées, l’endroit où ils sont engendrés. Ps 135[134], 7 : Tirant les nuages des extrémités de la terre, il a transformé les éclairs en pluie.
263. [Jérémie] conclut ici à la
destruction de ceux qui honorent [les idoles]. Premièrement, il présente
l’ignominie des idoles pour ce qui est de leur sottise : [TOUT HOMME]
DEVIENT STUPIDE (Jr 10, 14), s’est révélé, EN SA SCIENCE, par
laquelle il a imaginé l’idole. 1 Co 1, 20 : Dieu a rendu stupide la
sagesse de ce monde. Et pour ce qui est du châtiment
honteux : [CHAQUE ORFÈVRE] ROUGIT [DE SES IDOLES].
Ps 97[96], 7 : Que soient confondus tous ceux qui adorent des objets sculptés et
qui se glorifient dans leurs idoles. Et il précise
la cause de la fausseté des idoles : [CE QU’IL A COULÉ] N’EST QUE
MENSONGE, vanité, ET VANITÉ (Jr 10, 15), en raison de sa fin.
AU TEMPS DE SA VISITE, ELLES DISPARAÎTRONT. Sg 14, 10 : L’œuvre sera châtiée avec
celui qui l’a faite.
264. Deuxièmement, il écarte la gloire des Juifs : LA PART DE JACOB NE LEUR RESSEMBLE PAS (Jr 10, 16). Ps 16[15], 5 : Le Seigneur est la part de mon héritage et de ma coupe ; c’est toi qui me rendras mon héritage, car la félicité de tous est leur part. Lm 3, 24 : Le Seigneur est ma part, a dit mon âme ; pour cette raison, je l’espérerai. LE BÂTON DE SON HÉRITAGE, comme son sceptre, car son règne est héréditaire. Ou bien, LE BÂTON, comme un tirage au sort. Dt 32, 9 : Le lot du Seigneur, ce fut son peuple ; sa part d’héritage, ce fut Jacob.
265. [Jérémie] menace ici d’un
châtiment, car ils n’ont pas préservé cette dignité : premièrement, il
menace d’un châtiment : deuxièmement, le prophète demande miséricorde, en
cet endroit : JE SAIS, SEIGNEUR, QUE LA VOIE DE L’HOMME NE LUI APPARTIENT
PAS (Jr 10, 23).
266. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il menace de châtiment ; deuxièmement,
il [indique] la cause du châtiment, en cet endroit : CAR LES PASTEURS ONT
ÉTÉ STUPIDES (Jr 10, 21) ; troisièmement, [il précise] l’ordre
du châtiment, en cet endroit : UNE VOIX SE FAIT ENTENDRE : «LE
VOICI !» (Jr 10, 22).
267. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, le Seigneur précise à l’avance le châtiment
du siège : RASSEMBLE (Jr 10, 17), dans la ville, DE LA
TERRE, des champs, TA HONTE, c’est-à-dire tes fruits, qui sont dignes de honte.
Ci-dessus : Je
vais tous les rassembler, dit le Seigneur (Jr 8, 13).
[Et en précisant] le châtiment de la captivité : CETTE FOIS-CI, JE VAIS
LANCER AU LOIN LES HABITANTS DU PAYS (Jr 10, 18) ; je ne
les épargnerai pas davantage : DE SORTE QU’ON NE LES TROUVERA PLUS, dans
la ville, ou parce que la plus grande partie sera morte.
Lm 5, 22 : Tu nous as rejetés au loin.
268. Deuxièmement, le peuple ainsi terrifié se plaint du châtiment à venir. Premièrement, d’une manière générale, en se plaignant du châtiment : MALHEUR À MOI !) (Jr 10, 19). Plus loin : Ta blessure est incurable ! (Jr 30, 12), car elle est le fait de [tes] péchés. Et il promet la patience : ET MOI, JE DISAIS : «C’EST BIEN MA SOUFFRANCE», car je l’ai méritée par mes péchés ; JE LA SUPPORTERAI, patiemment. Mi 7, 9 : Je supporterai la colère du Seigneur, car j’ai péché contre lui. Deuxièmement, d’une manière particulière, pour ce qui est de la destruction des demeures : MA TENTE [EST DÉTRUITE] (Jr 10, 20), car les demeures sont détruites aussi facilement que des tentes ; [TOUTES] MES CORDES [SONT COUPÉES], qui servent à étendre la tente. Ci-dessus : D’un coup, mes tentes sont détruites, en un clin d’œil, mes peaux (Jr 4, 20). Et pour ce qui est de l’affliction des habitants : MES FILS [M’ONT QUITTÉ]. Ba 5, 6 : Ils sont sortis à pied emmenés par les ennemis. PLUS PERSONNE POUR REMONTER [MA TENTE], pour reconstruire.
269. [Jérémie] précise ici le châtiment commun selon son ordre, car les péchés des dirigeants sont la cause de leur aveuglement (Jr 10, 21). Sg 2, 21 : Leur malice les a aveuglés. C’est là la cause de l’extermination du peuple. Mt 15, 14 : Si un aveugle mène un aveugle, les deux tombent dans une fosse. Ez 34, 5 : Mes brebis ont été dispersées, car il n’y avait pas de pasteur, et elles sont devenues la proie de toutes les bêtes sauvages, et elles ont été dispersées.
270. [Jérémie] précise ici l’ordre du châtiment, en indiquant à l’avance que l’ennemi vient du nord (Jr 10, 22). Ci-dessus : Tout mal se déversera depuis le nord sur toutes les tribus du pays (Jr 1, 14).
271. [Jérémie] demande ici la
miséricorde. Premièrement, il montre la nécessité de [la] demander : LA
VOIE DE L’HOMME NE LUI APPARTIENT PAS (Jr 10, 23), pour ce qui
est du choix ; [IL N’EST PAS DONNÉ À L’HOMME] QUI MARCHE, pour ce qui est
de l’exécution ; DE DIRIGER [SES PAS], pour ce qui est de l’orientation
vers la fin. Et ainsi, il n’est pas en notre pouvoir de résister ni de
combattre les Chaldéens, mais tout dépend de ce que tu disposes.
Ps 37[36], 23 : Les pas de l’homme sont dirigés par le Seigneur, et il choisit leur
voie. Pr 16, 9 : Le cœur de l’homme prépare
sa voie, mais il appartient au Seigneur de diriger ses pas.
272. Deuxièmement, il présente
la demande par laquelle le peuple implore la miséricorde [du Seigneur] :
CORRIGE-MOI AVEC JUSTICE (Jr 10, 24), selon ta miséricorde habituelle,
et non selon ta condamnation, dont il est question en
Ps 143[142], 2 : N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car nul vivant n’est
justifié devant toi. ET NON SELON TA COLÈRE, selon
la mesure d’une juste vengeance, POUR NE PAS ME RÉDUIRE À RIEN : en effet,
il serait juste que celui qui pèche contre lui soit abandonné de lui, et ainsi
tende vers le néant. Et ainsi, [Jérémie] n’agit pas à l’encontre du
commandement du Seigneur, ci-dessus : Mais toi, ne prie pas pour ce peuple ! (Jr 7, 16), car il ne demande pas qu’ils ne soient pas
punis, mais qu’ils ne soient pas entièrement détruits.
Ps 38[37], 2 : Seigneur, ne me repousse pas et ne me corrige pas dans ta colère. Et il demande que la colère [se tourne] contre les ennemis :
DÉVERSE TA COLÈRE [SUR LES NATIONS] (Jr 10, 25) ; et il
en donne la raison : CAR ELLES ONT DÉVORÉ. Ps 79[78], 6 : Déverse ta colère sur les
nations qui ne t’ont pas reconnu, et sur les royaumes qui n’ont pas invoqué ton
nom. CAR ELLES ONT DÉVORÉ JACOB ET DÉVASTÉ SON
DOMAINE.
273. Remarque que l’homme est
rendu insensé par la science de Dieu, en raison de l’orgueil de son cœur.
Rm 1, 22 : Alors qu’ils se disaient sages, ils sont devenus insensés. En raison de la curiosité de leur recherche.
Ac 26, 24 : Beaucoup de culture t’a conduit à la folie. En raison de l’incertitude de la science. Is 47, 10 :
Voilà ta
science : elle t’a trompé ! En raison de
la méchanceté de l’action. Sg 2, 21 : Leur méchanceté les a
aveuglés.
274. Remarque aussi que les coups donnés par Dieu doivent être supportés avec patience en raison des sentiments de celui qui frappe. Pr 3, 11 : Mon fils, ne rejette pas la correction du Seigneur, et ne te décourage pas lorsque tu seras frappé par lui. En raison de la conscience de la faute commise. Mi 7, 9 : Je supporterai la colère du Seigneur, car j’ai péché contre lui. En raison de l’espérance d’une récompense. Jc 1, 12 : Bienheureux l’homme qui supporte l’épreuve, car lorsqu’il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l’aiment. En raison de l’inutilité de se plaindre. Lm 3, 39 : Pourquoi l’homme vivant murmure-t-il, lui qui a péché ?
275. Ici, [Jérémie] montre la
dignité du peuple par le fait qu’ils avaient été associés à Dieu en vertu d’une
alliance : premièrement, il présente l’alliance et menace de châtiment
ceux qui l’outrepassent ; deuxièmement, il discute de la justice de celui
qui punit : MAIS TU ES JUSTE, SEIGNEUR (Jr 12, 1).
276. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il met de l’avant l’alliance ;
deuxièmement, [il présente] la transgression de l’alliance, en cet
endroit : J’AI INSTAMMENT AVERTI [VOS PÈRES] (Jr 11, 7).
277. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, le prophète est incité à annoncer :
ÉCOUTEZ (Jr 11, 2), toi et ceux qui sont avec toi : ils
sont bons et ainsi comme des privilégiés. TU LEUR DIRAS (Jr 11, 3).
À propos de ce pacte, [on lit] en Ez 16, 8 : J’ai caché ta honte et j’ai
fait serment envers toi ; j’ai conclu un pacte avec toi, dit le Seigneur
Dieu, et tu es devenu pour moi, etc.
278. Deuxièmement, le peuple est
incité à observer [l’alliance]. Premièrement, il propose deux raisons, dont il
tire la première du châtiment de ceux qui la transgressent : MAUDIT SOIT
L’HOMME [QUI N’ÉCOUTE PAS LES PAROLES DE CETTE ALLIANCE].
Dt 27, 26 : Maudit soit l’homme qui ne maintient pas en vigueur les paroles de
cette loi et ne les met pas en pratique. Et il en indique
la justice : LE JOUR OÙ J’AI FAIT SORTIR [VOS PÈRES] D’ÉGYPTE (Jr 11, 4),
comme s’il disait : «Il est juste que soient punis ceux qui, après tant de
bienfaits, se sont montrés ingrats.» DE LA FOURNAISE, en raison de
l’affliction, POUR LE FER, en raison de la dure domination [à laquelle ils
étaient soumis]. Dt 4, 20 : Le Seigneur vous a pris et vous a tirés de la
fournaise pour le fer de l’Égypte, pour se donner un peuple comme héritier,
comme il l’est maintenant. Et il présente la forme
du pacte : EN LEUR DISANT, par quoi il leur demande quelque chose,
l’obéissance : ÉCOUTEZ [MA VOIX], et leur promet quelque chose, à savoir,
la gloire de la familiarité avec Dieu : VOUS SEREZ MON PEUPLE, ET MOI, JE
SERAI VOTRE DIEU. Ci-dessus : Je leur ai donné ce commandement en disant : «Écoutez ma
voix : je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple», etc. (Jr 7, 23). Il tire la seconde raison de la récompense de
ceux qui observeront : [POUR ACCOMPLIR LE SERMENT QUE J’AI FAIT À VOS
PÈRES] DE LEUR DONNER (Jr 11, 5), car [le peuple] avait
presque péri à l’approche de la captivité, [UNE TERRE PLEINE DE] LAIT, en
raison de l’abondance des animaux, ET DE MIEL, en raison de l’abondance de ce
qui poussait sur la terre. Ou bien, au sens hyperbolique, l’abondance de tous
les biens est indiquée par ces deux choses. Dt 6, 3 : Tu te multiplieras
beaucoup, puisque le Seigneur, le Dieu de tes pères, t’a pourvu d’un pays regorgeant
de lait et de miel.
279. Deuxièmement, il présente
l’assentiment du prophète : ET JE RÉPONDIS : «AMEN !»,
c’est-à-dire : «Tu as vraiment fait ce que tu as promis», ou bien, «Qu’il
soit fait comme tu l’as promis !» Dt 27, 16 : Et tout le peuple
dira : «Amen !»
280. Troisièmement, la conclusion est amenée, à savoir, qu’ils doivent observer [le commandement] : ET LE SEIGNEUR ME DIT : «[PROCLAME TOUTES CES PAROLES, EN DISANT : “ÉCOUTEZ LES PAROLES DE CETTE ALLIANCE ET OBSERVEZ-LES !”»] (Jr 11, 6). Is 40, 9 : Élève la voix avec force.
281. [Jérémie] montre ici
comment ils ont transgressé l’alliance : premièrement, en péchant contre
Dieu ; deuxièmement, en péchant contre le prophète, en cet endroit :
MAIS TOI, SEIGNEUR, TU ME L’AS MONTRÉ ET J’AI SU (Jr 11, 18).
282. À propos du premier point,
il fait deux choses : premièrement, il met de l’avant la faute ;
deuxièmement, il menace d’un châtiment, en cet endroit : C’EST POURQUOI,
AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 11, 11).
283. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, un avertissement sérieux est donné, tant en
vertu du serment : J’AI INSTAMMENT AVERTI TES PÈRES (Jr 11, 7),
comme si je les avais adjurés, que de la continuité du temps : LE JOUR OÙ
JE LES AI FAIT SORTIR [DU PAYS D’ÉGYPTE], et de l’opportunité du moment :
LEVÉ DE BON MATIN, lorsqu’un homme est mieux préparé à comprendre.
Ci-dessus : Et
je vous ai parlé, en me levant de bon matin, et je vous ai dit, etc. (Jr 7, 13).
284. Deuxièmement, la
transgression du peuple désobéissant est présentée : ET ILS N’ONT PAS
ÉCOUTÉ (Jr 11, 8). Is 56, 11 : Tous se sont écartés du chemin,
chacun [s’est adonné] à l’avarice, du plus grand au plus petit.
285. Troisièmement,
l’aggravation de la faute en raison de l’obstination est présentée : ALORS
J’AI AMENÉ CONTRE EUX [TOUTES LES PAROLES DE CETTE ALLIANCE], car ils n’ont été
corrigés ni par les châtiments, ni par les bienfaits qui étaient contenus dans
l’alliance de la loi qui leur avait été imposée. Pr 1, 24 : J’ai appelé, et vous avez
résisté ; j’ai étendu ma main, et personne ne regardait ; vous avez
méprisé toutes mes décisions et vous avez négligé mes remontrances. Alors, moi
aussi, je me rirai et me moquerai de votre mort, lorsque arrivera ce que vous
craigniez. [L’aggravation] en raison de la conspiration :
ON S’EST VRAIMENT DONNÉ LE MOT (Jr 11, 9), comme s’il
disait : «Tous pèchent d’un commun accord, comme s’ils avaient conspiré
pour cela.» En effet, la conspiration est le consentement, confirmé par
serment, de faire quelque chose. Is 8, 12 : Tout ce que dit ce peuple
est une conspiration. En raison de
l’habitude : ILS SONT RETOURNÉS AUX FAUTES [DE LEURS PÈRES] (Jr 11, 10).
Os 7, 16 : Ils sont retournés pour jeter le joug, ils sont devenus comme un arc
trompeur.
286. Quatrièmement, la conclusion est amenée : [LA MAISON D’ISRAËL ET LA MAISON DE JUDA] ONT ROMPU LE PACTE. Os 6, 7 : Comme Adam, ils ont rompu l’alliance, ils ont péché contre moi. Pr 2, 17‑18 : Elle a délaissé le guide de sa jeunesse, elle a oublié l’alliance de son Dieu.
287. Il menace leur faute
incorrigible d’un châtiment inévitable. Premièrement, il présente le
châtiment : C’EST POURQUOI [JE VAIS LEUR AMENER UN MALHEUR] (Jr 11, 11).
Is 24, 18 : Celui qui se sera tiré de la fosse sera pris au filet.
288. Deuxièmement, il écarte le
remède de l’évasion. Premièrement, ils ne seront pas aidés par les prières
qu’ils adresseront à Dieu : ILS CRIERONT VERS MOI ET JE NE LES ÉCOUTERAI
PAS. Pr 11, 1 : Ils m’invoqueront, et je n’écouterai pas. [Ni par les prières] adressées aux idoles : ALORS LES VILLES DE
JUDA [IRONT CRIER VERS LES DIEUX QU’ILS ENCENSENT] (Jr 11, 12).
Is 45, 20 : Ils sont dans l’ignorance ceux qui élèvent l’effigie de leur [idole]
sculptée, et ils invoquent un seigneur qui ne sauve pas. Et il ajoute la multitude des idoles : CAR AUSSI NOMBREUX QUE
TES VILLES SONT TES DIEUX, Ô JUDA ! (Jr 11, 13).
Ez 16, 24‑25 : Tu t’es prostituée sur toutes les places publiques, à l’entrée de
chaque rue, tu as élevé l’effigie à laquelle tu te prostitues. Ci-dessus, la même chose (Jr 2, 20). [Ils ne seront pas
aidés non plus] par les prières des autres : QUANT À TOI, N’INTERCÈDE PAS
POUR CE PEUPLE, NE M’ADRESSE PAS DE LOUANGE POUR EUX (Jr 11, 14),
en me louant d’être miséricordieux afin de susciter ma miséricorde.
1 Sm 16, 1 : Jusqu’à quand loueras-tu Saül, alors que je l’ai rejeté comme roi
d’Israël ? Ci-dessus, la même chose
(Jr 7, 16). Deuxièmement, ils ne seront pas aidés par les offrandes
sacrificielles, et il donne la raison de ce refus : CELUI QUE J’AIME (Jr 11, 15),
le peuple de Juda, [A ACCOMPLI] DANS MA MAISON, dans le Temple, en rendant un
culte aux idoles, [SES MAUVAIS DESSEINS]. Ez 8 6 : Fils d’homme, ne crois-tu
pas que tu vois ce qu’ils font, les grandes abominations que la maison d’Israël
fait ici, et comment ils s’éloignent de mon sanctuaire ? Et il présente le refus des sacrifices : EST-CE QUE LES
VIANDES, celles des animaux immolés, [TE DÉBARRASSERONT DE TON MAL ?].
He 10, 4 : Il est impossible que les péchés soient enlevés par le sang des
boucs et des taureaux. Troisièmement, il montre
qu’ils ne seront pas aidés par leurs propres forces. Et, à ce propos, il fait
deux choses. Premièrement, il rappelle leur gloire ancienne : OLIVIER
GÉNÉREUX (Jr 11, 16), pour ce qui est de l’abondance de ses
branches, par quoi est indiqué le peuple nombreux ; ORNÉ, pour ce qui est
de son verdoiement, par quoi se voient une prospérité qui fleurit et la
puissance d’une âme qui s’épanouit ; DE FRUITS, pour ce qui est de
l’abondance des fruits, par quoi se voit l’abondance d’œuvres bonnes et
grandes ; BEAU, pour ce qui est de l’agencement de ses parties, par quoi
est indiqué l’ordonnancement approprié du peuple. [AINSI LE SEIGNEUR] T’AVAIT
APPELÉ, afin qu’une telle renommée jaillisse partout de toi.
Os 14, 7 : Il sera comme un olivier, sa gloire et son parfum seront comme ceux
du Liban. Deuxièmement, il prédit le châtiment à
venir. En premier lieu, il met de l’avant le châtiment lui-même : AU SON
DE SA PAROLE, c’est-à-dire sur l’ordre de Nabuchodonosor, LES RAMEAUX, la
maison d’Israël, A PRIS FEU, à la lettre, AINSI QUE SES FRUITS, les hommes et
ce qui leur appartenait. Ou bien, [AU SON] D’UNE PAROLE PRÉTENTIEUSE, car tu as
pensé de grandes choses de toi en raison d’une telle vocation, et ainsi tu as
mérité un châtiment. Is 27, 4 : Dans la guerre, je marcherai sur elle et j’y mettrai
aussi le feu. En second lieu, [il met de l’avant]
la puissance de celui qui punit : LE SEIGNEUR DES ARMÉES (Jr 11, 17).
1 S 2, 6 : Le Seigneur fait mourir et fait vivre, il mène aux enfers et en
ramène, etc.
289. Troisièmement, il présente la cause : [LE SEIGNEUR DES ARMÉES A DÉCRÉTÉ CONTRE TOI LE MALHEUR] À CAUSE DES MAUX. Dt 32, 21 : Ils m’ont provoqué [en se tournant vers] quelqu’un qui n’était pas Dieu, et ils m’ont irrité par leurs vanités ; et moi, je les provoquerai [en me tournant vers] quelqu’un qui n’est pas mon peuple, et je les irriterai par une nation insensée.
290. Il montre ici comment ils
ont transgressé en péchant contre le prophète lui-même ; et ce qui est dit
convient littéralement à Jérémie, qui a été l’objet de la haine du peuple en raison
des maux qu’il annonçait. Mais la persécution de Jérémie préfigurait la passion
du Christ, comme le dit cette glose : «Mais il semble que cela soit
contraire à l’opinion exprimée ci-dessus, où nous avons appliqué ce qui a été
dit à la personne du Christ, et non à Jérémie, etc.» Mais tous les prophètes
ont fait beaucoup de choses à titre de types du Sauveur, et ce qui s’est
accompli pour Jérémie dans le présent, il l’a prophétisé du Seigneur dans
l’avenir.
291. Il fait donc trois choses à
ce propos. Premièrement, en effet, le prophète met de l’avant la faute de ses
adversaires et, en premier lieu, la révélation de la faute commune : TU
M’AS FAIT SAVOIR (Jr 11, 18), par une révélation intérieure,
TU M’AS MONTRÉ, par des signes extérieurs, LEURS AGISSEMENTS, leurs machinations
contre moi. Is 8, 11 : Il m’a instruit de sa main puissante afin je n’aille
pas du côté de ce peuple, etc. Et il met de l’avant
la nécessité d’une révélation, car, de lui-même, il ne pouvait connaître
[leurs] pensées ni les soupçonner à cause de son innocence, qui ne méritait pas
de telles choses. ET MOI, COMME UN AGNEAU CONFIANT..., J’IGNORAIS [QU’ILS TRAMAIENT
CONTRE MOI] (Jr 11, 19). Le Christ aussi, en tant qu’homme en
route [vers la patrie], a reçu de Dieu cette connaissance, par laquelle il a
tout connu par la grâce d’union, comme les autres la reçoivent par la grâce
d’une révélation. Is 53, 7 : Comme un agneau devant celui qui tond, il se taira et
n’ouvrira pas la bouche. 1 Co 2, 11 :
Qui parmi les
hommes connaît ce qui relève de l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en
lui ? Ps 94[93], 11 : Le Seigneur sait que les
pensées des hommes sont vaines. METTONS DU BOIS
[DANS SON PAIN], c’est-à-dire du poison, afin qu’il meure empoisonné. ARRACHONS-LE,
de sorte qu’il n’en demeure aucun souvenir, comme sur la table rase où l’on
avait écrit auparavant. Au sens mystique : METTONS DU BOIS, c’est-à-dire
le corps du Christ sur le bois de la croix ; ou bien, DU BOIS DANS SON
PAIN, à savoir, soulevons par le bois de la croix le scandale de son enseignement,
qui est un pain. Is 53, 8 : Car il a été retranché de la terre.
292. Deuxièmement, le prophète demande
vengeance, en alléguant l’autorité et la puissance par lesquelles il
agit : MAIS TOI, SEIGNEUR SABAOTH (Jr 11, 20),
c’est-à-dire des armées ; la justice de sa volonté : QUI JUGES AVEC
JUSTICE ; la science par laquelle il connaît : QUI SCRUTES LES REINS,
c’est-à-dire les sentiments ; ET LES CŒURS, c’est-à-dire les
pensées ; QUE JE VOIE TA VENGEANCE CONTRE EUX, en la personne du Christ,
eux qui sont obstinés : en effet, il prie pour les autres.
Lc 23, 34 : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Lm 3, 59 : Tu as vu, Seigneur, leur iniquité à mon endroit ; rends-moi
justice. Et il précise la cause : C’EST À TOI
QUE J’AI EXPOSÉ [MA CAUSE], non pas comme à quelqu’un qui ne sait pas, mais en
te présentant toute ma cause. Ps 55[54], 23 : Présente instamment ta
pensée au Seigneur, et il te nourrira.
293. Troisièmement, le Seigneur
menace d’un châtiment. Et en premier lieu, il reprend leur malice : C’EST
POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR AUX GENS D’ANATOT, QUI EN VEULENT À MA VIE (Jr 11, 21),
pour me tuer. Ps 38[37], 13 : Ceux qui en voulaient à mon âme me faisaient violence.
Et il ajoute la cause de cette méchanceté : ET
ILS DISENT : «TU NE PROPHÉTISERAS PAS», comme si tu ne peux échapper à la
mort que si tu cesses de prophétiser. Is 30, 10 : Eux qui disent aux
voyants : «Ne voyez pas !» En second
lieu, il menace d’un châtiment, d’abord en prédisant la visite [du
Seigneur] : C’EST POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 11, 22).
Ps 89[88], 33 : Je visiterai avec une verge leurs iniquités, et leurs péchés avec
des coups. En deuxième lieu, la détermination du
châtiment : LEURS JEUNES GENS [MOURRONT PAR L’ÉPÉE]. Plus loin : Qui est pour l’épée, à l’épée !
Qui est pour la famine, à la famine, etc. ! (Jr 15, 2).
En troisième lieu, la puissance de celui qui punit : J’AMÈNERAI LE MALHEUR
[SUR LES GENS D’ANATOT] (Jr 11, 23), moi qui le peux. Plus
loin : Couvre-les
d’un jour d’affliction, et écrase-les par deux fois ! (Jr 17, 18). Au sens mystique, par LES GENS D’ANATOT, dont
l’interprétation est «obéissance», sont signifiés les gens de Jérusalem, qui, à
un certain moment, ont obéi au Seigneur, et, par la suite, ont persécuté le
Christ.
294. Remarque que le saint est appelé un olivier en raison de sa sève, par lequel on entend la dévotion. Rm 11, 17 : Sauvageon d’olivier greffé, bénéficiant ainsi de la sève de l’olivier. En raison de l’éclat de l’huile, par quoi [on entend] la contemplation. Za 4, 14 : Ce sont deux fils de l’olivier, qui se tiennent devant le Seigneur de toute la terre. 1 R 6, 23 : Il fit deux chérubins en bois d’olivier, chacun de dix coudées de haut. En raison de la verdure des feuilles, par quoi [on entend] la puissance de l’esprit. Gn 8, 11 : Au soir, la colombe revint, portant dans son bec une branche aux feuilles vertes. En raison de sa fertilité, par quoi [on entend] l’abondance des bonnes œuvres. Ps 52[31], 10 : J’étais comme un olivier plein de fruits dans la maison de Dieu, j’espérais en la miséricorde de Dieu pour l’éternité et pour les siècles des siècles. En raison de sa beauté, par quoi [on entend] la gloire des saints. Si 24, 19 : Comme un bel olivier dans les champs, et comme un platane proche de l’eau. Os 14, 7 : Sa gloire sera comme un olivier, et son odeur, comme celle du Liban.
295. Le prophète discute ici de
la justice de celui qui punit : premièrement, la discussion du prophète
est présentée ; deuxièmement, la réponse du Seigneur, en cet
endroit : J’AI ABANDONNÉ MA MAISON (Jr 12, 7).
296. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il cherche à gagner la bienveillance en
raison de la personne du juge : CAR TU ES JUSTE, SEIGNEUR (Jr 12, 1).
Ps 119[118], 137 : Tu es juste, Seigneur, et ton jugement est droit. En raison de l’honnêteté de la cause : CEPENDANT, JE PARLERAI
[DE QUESTIONS DE JUSTICE] AVEC TOI. Jb 13, 3 : Je parlerai au
Tout-Puissant, et je souhaite discuter avec Dieu. Et
ainsi, les deux jouent le rôle d’adversaires. Mais Habacuc joue le rôle de
celui qui répond : Je vais me tenir à mon poste, et je vais rester debout sur le
rempart (Ha 2, 1).
297. Deuxièmement, il met de
l’avant la cause pour ce qui est des adversaires, en montrant leur prospérité
dans l’abondance de biens temporels : POURQUOI LA VOIE, la progression,
DES MÉCHANTS, en raison de leur impiété, EST-ELLE PROSPÈRE, EUX QUI FONT LE
MAL, en agissant contre la loi, ET AGISSENT AVEC INIQUITÉ ?
Jb 12, 6 : Leurs demeures regorgent de biens, et pourtant ils provoquent Dieu,
alors qu’Il leur a tout donné. Ps 73[72], 3 :
J’ai jalousé les
injustes, en voyant la paix des pécheurs. Et aussi
pour ce qui est de l’accroissement de leur prospérité : TU LES AS PLANTÉS (Jr 12, 2),
dans les biens temporels, en les comparant à un arbre, ET ILS SE SONT
ENRACINÉS, par le renforcement de leur prospérité, ILS SE DÉVELOPPENT, comme un
arbre croît, à cause de l’accroissement de leur prospérité, ET ILS PORTENT
FRUIT, en accomplissant en acte ce qu’ils préparent dans leur esprit.
Jb 21, 7 : Pourquoi les impies vivent-ils, se sont-ils élevés, ont-ils accumulé
les richesses ? Et il montre leur
iniquité : TU ES PRÈS DE LEUR BOUCHE, MAIS LOIN DE LEURS REINS, de leurs
sentiments, deux choses qui semblent s’opposer à la justice divine.
Is 15, 8 : Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi. Ce qui donne à entendre qu’ils reçoivent une récompense imparfaite
par des biens imparfaits. Mais, de son côté, il fait comprendre la
justice : MAIS TOI, SEIGNEUR, TU [ME] CONNAIS (Jr 12, 3),
depuis l’éternité ; TU VOIS, comme je marche droit devant toi. En effet,
même si je dis cela, je n’en subis cependant pas de scandale. Ci-dessus : Avant de te former dans le
sein, je t’ai connu (Jr 1, 5). Et il fait
comprendre la correction : TU M’AS MIS À L’ÉPREUVE : éprouvé par les
peines, on m’a trouvé marchant avec toi. Ps 17[16], 3 : Tu as éprouvé mon
cœur ; la nuit, tu m’as visité, tu m’as examiné par le feu, et aucune
iniquité n’a été trouvée en moi.
298. Troisièmement, il montre le châtiment sous forme d’imprécation. En premier lieu, il invoque [sur eux] l’infliction d’un châtiment : RASSEMBLE-LES, comme s’il disait : «Parce que tu es juste, il ne se peut pas que tu ne punisses pas les impies.» De sorte que tu les élèves à ce point en les faisant prospérer, comme celui qui rassemble un troupeau en vue de l’abattage. Ainsi, parce qu’ils se sont engraissés et sont injustes, RASSEMBLE-LES ; par là est signifié qu’au temps pascal, alors qu’ils s’étaient rassemblés pour la fête, ils furent assiégés. CONSACRE-LES : il parle par comparaison avec des animaux, qui étaient tués pour être immolés. Is 34, 6 : Un sacrifice à Bosra, un grand carnage au pays d’Édom. Et il écarte le report du châtiment, car le temps est venu qu’ils soient punis dans leurs propres personnes, et non dans leurs biens et dans ce que produisait le pays : JUSQUES À QUAND LE PAYS SERA-T-IL EN DEUIL ? (Jr 12, 4). Ps 107[106], 34 : J’ai changé les fleuves en désert et les sources d’eau en soif, une terre fertile en saline à cause de la malice des habitants. [Qu’ils soient punis] dans les animaux : [C’EST PAR LA PERVERSITÉ DE SES HABITANTS] QUE PÉRISSENT LES ANIMAUX. Ez 9, 9 : Ils disaient : «Le Seigneur a abandonné le pays, et le Seigneur ne voit pas.» Deuxièmement, comme s’il avait été exaucé, il insulte ceux qui doivent être punis. Et, en premier lieu, du point de vue des ennemis, pour ce qui est de leur puissance : SI TU T’ES ÉPUISÉ À COURIR AVEC LES PIÉTONS, COMMENT RIVALISERAS-TU AVEC DES CHEVAUX ? (Jr 12, 5). Comme s’il disait : «Si les nations voisines, qui combattent à pied, t’en ont beaucoup fait endurer, comment pourras-tu résister aux Chaldéens et aux Égyptiens, qui sont bien équipés de chevaux ?» Jb 6, 16 : Ceux qui craignent le frimas, le neige foncera sur eux ! Et pour ce qui est du pays de [leur] captivité : ALORS QUE TU TE SENS EN SÉCURITÉ DANS UN PAYS EN PAIX, c’est-à-dire, même si tu avais toujours eu la paix dans ton pays, QUE FERAS-TU, lorsque tu te trouveras de l’autre côté du Jourdain, dont les gouffres bouillonnent, car ils sont orgueilleuses ? Si 10, 34 : Qui se glorifie dans son bien, qu’il craigne la pauvreté ! En deuxième lieu, [il invoque l’infliction d’un châtiment] sur ceux qui leur sont unis par le sang, en rappelant d’anciens torts : CAR MÊME TES FRÈRES, c’est-à-dire les Iduméens, ET LA MAISON [DE TON PÈRE], c’est-à-dire les Moabites et les Amonites, [TE TRAHIRONT] (Jr 12, 6). Ct 1, 5 : Les fils de ma mère ont combattu contre moi. Et il suggère la prudence : NE LEUR FAIS PAS CONFIANCE QUAND ILS TE DIRONT DE BONNES PAROLES ! comme s’ils voulaient s’allier avec toi pour résister aux Chaldéens. Plus loin : Fabrique-toi des liens et des chaînes ; tu les poseras sur tes épaules, et tu les enverras au roi d’Édom et au roi de Moab, etc. (Jr 27, 2‑3). Ci-dessus : Que chacun se garde de son prochain, et qu’il n’ait pas confiance en son frère ; car tout frère s’efforcera de l’éliminer, et tout ami cherchera à le tromper, et un homme ridiculisera son frère et ne dira pas la vérité (Jr 9, 4‑5).
299. Il présente ici la réponse
du Seigneur : premièrement, il présente la menace d’un châtiment ;
deuxièmement, la consolation du châtiment, en cet endroit : AINSI PARLE LE
SEIGNEUR, etc. (Jr 12, 14).
300. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il menace d’un châtiment pour ce qui est de
la perte de l’aide de Dieu : J’AI ABANDONNÉ MA MAISON (Jr 12, 7),
c’est-à-dire le Temple, que je ne défendrai pas, [MON] HÉRITAGE, le peuple
d’Israël. Is 19, 25 : Mon héritage, c’est la maison d’Israël. Ci-dessus :
J’abandonnerai
mon peuple et je m’éloignerai d’eux, car tous sont des adultères, un ramassis
de prévaricateurs, etc. (Jr 9, 2). Pour
ce qui est de l’oppression par les ennemis : J’AI LIVRÉ CELLE QUE JE
CHÉRISSAIS, c’est-à-dire les Juifs, que j’aimais comme ma propre âme.
301. Deuxièmement, il présente la faute. En premier lieu, il indique la grandeur de la faute : MON HÉRITAGE, c’est-à-dire mon peuple, EST DEVENU POUR MOI COMME UN LION (Jr 12, 8), qui se montre féroce pour me combattre. IL A RUGI [CONTRE MOI], par le blasphème. Ps 9, 30 : Il est en embuscade comme un lion dans son antre. En second lieu, il s’étonne de l’instabilité de l’âme [de son peuple] : MON HÉRITAGE SERAIT-IL POUR MOI UN RAPACE BIGARRÉ ? (Jr 12, 9), comme s’il disait : «Il s’attache parfois à moi, parfois à des idoles.» TOUT ENTIER, car tous sont mauvais, TACHETÉ, par les souillures des péchés. 1 R 18, 21 : Jusques à quand boiterez-vous des deux côtés ? Si Dieu est le Seigneur, suivez-le ; mais si c’est Baal, suivez-le ! Ou bien, le sens peut être : «Est-ce que je ne la chéris pas autant que de beaux oiseaux, de sorte que je ne la rejette pas ?» Ainsi, la bigarrure a trait à la beauté. Ez 16, 10 : Je t’ai revêtu de couleurs contrastées, et je t’ai chaussé de pourpre. Ou bien, ce qu’il dit : J’AI ABANDONNÉ MA MAISON, etc., peut être les paroles du prophète, qui, pour annoncer la parole de Dieu, a exposé au danger lui-même et sa maison, a abandonné sa patrie et a supporté avec patience les embûches de ses compatriotes, diverses par leur fourberie et pleines de malice, comme s’il s’agissait de lions. Au sens mystique, ce sont les paroles du Christ, dont on dit qu’il abandonne sa maison et sa patrie en venant dans le monde, car il se trouve sous la forme de celui qui abandonne en cachant sa majesté dans la faiblesse. MON HÉRITAGE, la patrie céleste. Les impies prospèrent en abandonnant l’héritage. Gn 25, 5‑6 : Abraham donna à son fils Isaac tout ce qu’il possédait, mais il distribua des présents aux fils de ses concubines. En raison d’une rétribution imparfaite. Mt 6, 2 : En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. Parce qu’ils ne sont pas dignes de la correction divine. Ez 16, 42 : Mon indignation contre toi se calmera, et ma jalousie se détournera de toi. Os 4, 14 : Je ne châtierai pas vos filles pour leurs prostitutions, ni vos épouses pour leurs adultères. He 12, 8 : Si vous êtes exempts de cette correction, dont tous ont leur part, c’est que vous êtes des bâtards et non des fils. En raison du désespoir de la maladie. Lm 2, 13 : Ton abattement est comme la mer : qui donc va te guérir ? Plus loin : Incurable est ta blessure, inguérissable ta plaie ! (Jr 30, 12). En raison de leur rejet. Ps 73[72], 18 : Pour leurs tromperies, tu les as mis de côté ; tu les as fait tomber alors qu’ils marchaient [sur un chemin uni]. Rm 1, 28 : Voilà pourquoi Dieu les a livrés à leur esprit sans jugement, pour faire ce qui ne convient pas, etc.
302. Il menace ici d’un
châtiment particulier : premièrement, du châtiment de la captivité ;
deuxièmement, du châtiment de la stérilité de la terre, en cet endroit :
ILS ONT SEMÉ DU BLÉ, ILS ONT RÉCOLTÉ DES ÉPINES (Jr 12, 13).
303. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il précise le châtiment en indiquant
l’ampleur de l’extermination : [FAITES VENIR LES BÊTES SAUVAGES] POUR
DÉVORER (Jr 12, 9), un grand nombre de cadavres.
Ez 39, 17 : Ainsi parle le Seigneur : «Dis à tous les rapaces et à tous les
oiseaux, ainsi qu’à tous les animaux des champs : “Rassemblez-vous,
approchez-vous, accourez de partout vers ma victime que j’immole pour vous, une
grande victime sur les montagnes d’Israël, pour manger sa chair et boire son
sang. Vous mangerez la chair des puissants et vous boirez le sang des princes
de la terre, etc.”» [Il précise aussi] l’affliction
des ennemis en rapport avec ceux qui ont été tués : DE NOMBREUX PASTEURS (Jr 12, 10),
c’est-à-dire les dirigeants des Chaldéens. Ci-dessus : Vers elle viendront des
pasteurs et leurs troupeaux (Jr 6, 3).
[ONT RAVAGÉ] MA VIGNE, la maison d’Israël. Is 5, 7 : La vigne du Seigneur, c’est
la maison d’Israël. Ou bien : LES PASTEURS,
les dirigeants du peuple, ONT ÉTÉ EXTERMINÉS, en étant tués. [Il précise encore
le châtiment] pour ce qui est de ceux qui sont opprimés par la servitude et la
captivité : ILS ONT PIÉTINÉ [MON DOMAINE]. Is 5, 5 : J’enlèverai la haie et elle
sera pillée. Et pour ce qui est de la désolation du
pays : ILS EN ONT FAIT UNE RÉGION DÉSOLÉE..., ET ON A PLEURÉ SUR MOI (Jr 12, 11),
bien que tardivement. Os 2, 7 : Et elle dira : «J’irai et je reviendrai à mon
premier mari, car c’était bien meilleur alors que maintenant.»
304. Deuxièmement, il présente
la cause du châtiment : TOUT LE PAYS EST DÉSOLÉ, ET IL N’Y A PERSONNE QUI
PRENNE À CŒUR, les commandement et les bienfaits de Dieu.
Is 5, 13 : Mon peuple a été emmené captif parce qu’il ne m’a pas connu.
305. Troisièmement, il présente l’étendue du châtiment. En premier lieu, il montre le grand nombre des ennemis : PAR TOUS LES CHEMINS (Jr 12, 12), comme s’il disait : «Ils couvrent tous les chemins», DU DÉSERT, situé entre Jérusalem et Babylone. Ci-dessus : Un vent brûlant [s’abattra] sur tous les chemins de la fille de mon peuple, non pour la rafraîchir, mais pour la purifier, etc. (Jr 4, 11). En second lieu, le grand nombre des tués : CAR [LE SEIGNEUR TIENT] UNE ÉPÉE] DÉVORANTE, celle de la peste ou des Chaldéens. Dt 32, 42 : Mon épée dévorera les chairs. En troisième lieu, le manque de consolation : IL N’Y A DE PAIX [POUR AUCUNE CHAIR], comme s’il disait : «Personne ne sera épargné.» Is 57, 21 : Il n’y a pas de paix pour les impies, dit le Seigneur Dieu.
306. Il menace ici du châtiment
de la stérilité. Premièrement, du manque de semence : ILS ONT SEMÉ (Jr 12, 13),
comme s’il disait : «Les semences sont corrompues.»
Mt 13, 27 : N’as-tu pas semé une bonne semence dans ton champ ? Comment se
fait-il que tu aies de l’ivraie ? Is 5, 2 :
Je m’attendais à
ce qu’elle produise du raisin, et elle n’a produit que de la vigne sauvage.
307. Deuxièmement, [il menace]
de la suppression de l’héritage : ILS ONT REÇU UN HÉRITAGE ET IL N’A PAS
PROFITÉ, car il sera dérobé par les ennemis. Lm 5, 2 : Notre héritage a été versé
à des étrangers.
308. Troisièmement, il conclut à la honte : ILS ONT HONTE [DE LEURS RÉCOLTES], à cause du manque de fruits. Is 24, 7 : La vendange est pitoyable, la vigne est affaiblie ; tous ceux dont le cœur était gai ont gémi.
309. Il présente ici la
consolation venue du châtiment des ennemis. À ce propos, il fait trois choses.
Premièrement, il présente leur venue : CEUX QUI TOUCHENT À MON HÉRITAGE (Jr 12, 14),
en l’endommageant. Za 2, 8 : Celui qui touche à vous, c’est comme s’il touchait à
la prunelle de mon œil. Ci-dessus : Voici que je t’ai établi aujourd‘hui
sur les nations et sur les royaumes, pour les renverser, les détruire et les
anéantir, pour les disperser et les reconstruire et les planter, etc. (Jr 1, 10).
310. Deuxièmement, [il présente]
leur retour : MAIS APRÈS LES AVOIR ARRACHÉS, JE VOUS TIRERAI DU MILIEU DES
NATIONS (Jr 12, 15). Ez 36.
311. Troisièmement, il leur
présente un enseignement fondé sur la promesse de biens, s’ils agissent
bien : ET S’ILS APPRENNENT LES VOIES DE MON PEUPLE..., ILS SERONT ÉDIFIÉS (Jr 12, 16),
comme s’il disait : «Ils seront comptés parmi mon peuple», ce qui se
rapporte à leur conversion. [Et il présente] la menace de châtiments :
MAIS S’ILS NE VEULENT PAS M’ÉCOUTER, J’ARRACHERAI CETTE NATION EN LA DÉRACINANT
ET EN L’EXTERMINANT (Jr 12, 17), d’une manière perpétuelle.
Is 1, 19 : Si vous voulez m’écouter, vous mangerez les biens du pays.
312. Remarque que les prélats détruisent le peuple par la perversité de leurs actions. Ci-dessus : Parce que les pasteurs se sont comportés de manière insensée et n’ont pas cherché le Seigneur, ils n’ont pas compris, et tout leur troupeau a été dispersé (Jr 10, 21). [Ils détruisent aussi le peuple] par la fausseté de leur enseignement. Plus loin : Mon troupeau, mon peuple s’est égaré, ses pasteurs l’ont séduit et l’ont fait errer dans les montagnes, etc. (Jr 50, 6). [Ils le détruisent encore] par leur crainte pusillanime. Za 11, 17 : Ô pasteur qui délaisse son troupeau ! L’épée s’attaque à son bras et à son œil droit ! [Ils le détruisent] par la rigueur de leur domination. Ez 34, 4‑5 : Vous commandiez avec rigueur et puissance, et mes brebis ont été dispersées, etc. [Ils le détruisent] par la faiblesse de leurs soins. Za 11, 16 : Je susciterai un pasteur dans le pays, qui ne s’occupera pas de celui qui est abandonné, qui ne recherchera pas celui qui est perdu, qui ne guérira pas celui qui est abattu, n’entretiendra pas ce qui tient debout, dévorera la chair des bien portants et arrachera même leurs ongles.
313. Il montre ici la dignité du
peuple par son attachement à Dieu. Et cela est divisé en deux parties :
dans la première, il présente une comparaison ; dans la seconde, il
applique la comparaison, en cet endroit : ET LA PAROLE DE DIEU ME FUT
ADRESSÉE (Jr 13, 8).
314. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, l’accès du peuple à la familiarité avec
Dieu est indiquée, là où est indiqué l’ordre du Seigneur : VA (Jr 13, 1),
au sens littéral, à l’endroit où ces choses sont vendues, car c’est Dieu qui,
le premier, vient vers le peuple. 1 Jn 4, 10 : Non pas que nous ayons aimé
Dieu, mais parce que c’est lui qui le premier nous a aimés. ACHÈTE [UNE CEINTURE], de moi, afin de posséder l’héritage en droit
propre, comme un seigneur. Is 19, 25 : Mon héritage, c’est Israël.
POUR TOI, pour ton usage, comme le peuple pour la
gloire de Dieu. Is 43, 21 : Je me suis donné un peuple : il racontera ma
louange. METS-LA AUTOUR DE TES REINS, pour qu’elle
adhère à tes reins, dans lesquels se trouve la concupiscence de l’amour. Ainsi
le peuple a-t-il été acquis en vue de l’amour de Dieu.
Os 11, 4 : Je les menais par des attaches humaines, par des liens d’amour. [UNE CEINTURE] DE LIN, qui est tiré de la terre à l’état brut, mais
est enjolivé par l’attention que l’homme lui porte. Ainsi agira ce peuple pour
le culte de Dieu. Ez 16, 6 : En passant près de toi, j’ai vu que tu baignais dans
ton sang, etc. MAIS NE LA TREMPE PAS DANS L’EAU.
Jb 38, 3 : Ceins tes reins comme un homme : je t’interrogerai,
réponds-moi ! Où étais-tu lorsque je posais les bases de la terre,
etc. ? Car les réalités divines sont exprimées
non seulement par les paroles, mais par les gestes des prophètes. C’est ainsi
qu’il est dit en Os 12, 11 : Je ressemblais aux mains des prophètes. L’accomplissement du commandement est aussi présenté : J’ACHETAI
[UNE CEINTURE] (Jr 13, 2), par quoi est signalée l’obéissance
du prophète. Gn 6, 9 : Noé fut un homme juste et parfait parmi ses
contemporains ; il marchait avec Dieu, etc.
315. Deuxièmement, le rejet du
peuple est indiqué : UNE DEUXIÈME FOIS, LA PAROLE DE DIEU ME FUT
ADRESSÉE : «PRENDS [LA CEINTURE]» (Jr 13, 3‑4) ;
ainsi rejetterai-je le peuple loin de moi. «VA À L’EUPHRATE», par quoi est
signifiée la puissance des Assyriens et des Chaldéens, par lesquels le peuple a
été fait captif. Is 8, 7‑8 : Le Seigneur fera monter contre eux les eaux fortes et
puissantes du fleuve, le roi des Assyriens et toute sa gloire. Et il franchira
toutes ses rives et se répandra sur tous les rivages ; et il inondera Juda
et il l’atteindra jusqu’au cou. CACHE [LA CEINTURE] :
ainsi, le peuple, comme caché par les eaux, sera-t-il caché. Plus loin : Il m’a englouti ; tel
un dragon, il a empli son ventre de mes chairs tendres, puis il m’a rejeté (Jr 51, 34). DANS LA FENTE D’UN ROCHER : pour que [la
ceinture] ne soit pas emportée, par quoi est signifié qu’un reste du peuple subsistera
à l’avenir et qu’il ne périra pas tout entier. Ci-dessus : Je ne l’exterminerai pas (Jr 4, 27).
316. Troisièmement, le retour du peuple est signifié. En premier lieu, le retour du peuple est signifié : BIEN DES JOURS PLUS TARD (Jr 13, 6), pour indiquer qu’ils seront en captivité pendant plusieurs années. Plus loin : Quand seront accomplis les soixante-dix ans à Babylone, je vous visiterai et je réaliserai pour vous ma parole de bonheur en vous ramenant ici (Jr 29, 10). En second lieu, l’état du peuple est signifié : VOICI QUE LA CEINTURE ÉTAIT DÉTRUITE [ET INUTILISABLE] (Jr 13, 7). Ainsi, la puissance et la beauté du peuple avaient été détruites. Ez 15, 5 : Servira-t-il à quelque chose ? Déjà, lorsque [le bois] était intact, il ne servait à rien. Alors, lorsque le feu l’a consumé et brûlé, pourra-t-on encore en faire quelque chose ?
317. Ici est présentée l’application de la comparaison. À ce propos,
il fait deux choses. Premièrement, il applique la comparaison pour ce qui est
du châtiment : VOICI QUE JE DÉTRUIRAI L’ORGUEIL (Jr 13, 9),
de sorte que toute force et toute beauté passent. Jl 1 17 : Les bêtes pourriront dans
leurs excréments ! [Il applique aussi la comparaison]
pour ce qui est de la cause du châtiment, à savoir, la désobéissance : CE
PEUPLE MAUVAIS (Jr 13, 10). Ex 33, 3 : Le Seigneur dit à
Moïse : «Parle aux fils d’Israël. Ce peuple a la nuque raide, etc.» ILS DEVIENDRONT COMME CETTE CEINTURE. Il applique encore la
comparaison] pour ce qui est de la grâce de la familiarité avec Dieu : CAR
DE MÊME QU’UNE CEINTURE S’ATTACHE AUX REINS D’UN HOMME, AINSI M’ÉTAIS-JE
ATTACHÉ TOUTE LA MAISON D’ISRAËL (Jr 13, 11).
Dt 10, 14‑15 : C’est bien au Seigneur ton Dieu qu’appartiennent les cieux et les
cieux des cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve. Et pourtant, le Seigneur
ne s’est attaché qu’à tes pères et les a aimés, et il a choisi leur descendance
après eux, vous-mêmes, parmi toutes les nations, comme il le montre aujourd’hui.
318. Deuxièmement, il poursuit
d’une manière particulière avec l’ordre du châtiment : TU LEUR DIRAS DONC (Jr 13, 12).
À ce propos, il fait deux choses. En premier lieu, il montre le danger imminent
en présentant un exemple : TOUTE CRUCHE, c’est-à-dire quiconque parmi le
peuple, PEUT ÊTRE REMPLIE DE VIN ! de tribulations.
Is 41, 15 : Tu écraseras les montagnes, tu les raboteras et les pulvériseras. [Il montre aussi] leur mépris envers cet exemple : MAIS ILS TE
RÉPONDRONT : [«NE SAVONS-NOUS PAS QUE TOUTE CRUCHE PEUT ÊTRE REMPLIE DE
VIN ?»]. Jb 12, 3 : Qui ignore ce que vous savez ? [Il montre encore] l’explication [de Jérémie] : TU LEUR
DIRAS : «[VOICI QUE JE VAIS REMPLIR] D’IVRESSE [LES HABITANTS DE CE PAYS]»
(Jr 13, 13), de sorte qu’ils ne sauront pas ce qu’ils doivent
faire. Is 29, 9 : Devenez ébranlés et titubants, ivres, mais non de vin, etc. [Il montre encore le danger imminent] pour ce qui est de la captivité :
ET JE LES DISPERSERAI (Jr 13, 14), de sorte qu’ils ne pourront
pas se consoler mutuellement. Os 13, 14‑15 : La consolation a été cachée
à mes yeux, car il divisera les frères. [Il le
montre] pour ce qui est de la sévérité de la sentence : JE NE LES ÉPARGNERAI
PAS, JE SERAI SANS MERCI, comme pour les émouvoir, parce qu’ils sont entêtés,
ou pour les convaincre, car ils sont manifestement mauvais. Pr 6, 34‑35 :
Car la jalousie
et la rage du mari seront sans pitié au jour de la vengeance, il n’accédera aux
prières de personne et n’acceptera pas même les plus grands dons en
compensation.
319. En second lieu, il leur
donne un conseil utile pour échapper [au châtiment], à savoir, de se faire
humbles : ÉCOUTEZ ! (Jr 13, 15). Premièrement, en
proposant à tout le peuple un conseil contre le vice d’orgueil : PLUS
D’ORGUEIL ! en raison de l’orgueil. [C’EST LE SEIGNEUR] QUI A PARLÉ, par
ce conseil ou par les châtiments que j’ai prédits.
Ps 75[74], 6 : Ne vous enorgueillissez pas par votre force, n’exprimez pas
d’iniquité contre Dieu. Et contre le commandement
de Dieu, [orgueil et désobéissance] qui sont à la source de tout péché :
RENDEZ GLOIRE AU SEIGNEUR VOTRE DIEU ! (Jr 13, 16).
Dt 32, 3‑4 : Reconnaissez la magnificence de notre Dieu : les œuvres de Dieu
sont parfaites et toutes ses voies sont justes. Puis
il revient au danger imminent [provoqué] par l’aveuglement de leur cœur :
AVANT QUE NE VIENNENT LES TÉNÈBRES, c’est-à-dire avant que ne vous arrivent les
tribulations, dans lesquelles vous ne saurez quoi faire.
Jn 12, 35 : Marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne
vous saisissent pas. [Les tribulations] de la
captivité : AVANT QUE [VOS PIEDS] NE SE HEURTENT, lorsque vous serez menés
en captivité, AUX MONTAGNES ENTÉNÉBRÉES, c’est-à-dire celles de Babylone, en
raison de l’élévation, ou en raison de la déficience de leur vue, ou en raison
de l’abondance des vapeurs. Is 13, 2 : Levez un signal sur le mont
couvert, élevez la voix, etc. [Les tribulations] de
la sévérité de la sentence : TU ATTENDRAS LA LUMIÈRE, c’est-à-dire la
consolation divine, mais tu ne la trouveras pas. Ci-dessus : Nous espérions la paix,
mais rien de bon n’est venu ; un temps de secours, mais ce fut
l’épouvante ! (Jr 8, 15). Et il
indique le châtiment contre le mépris du conseil, en présentant la compassion
du prophète : SI VOUS N’ÉCOUTEZ PAS, VOTRE ÂME PLEURERA EN SECRET (Jr 13, 17),
comme pour ne pas offenser les vainqueurs. Is 22, 4 : Éloignez-vous de moi, je
pleurerai amèrement. Ne vous attardez pas à me consoler devant la dévastation
de la fille de mon peuple ! Ez 24, 23 :
Vous ne vous
plaindrez pas ni ne pleurerez, mais vous vous consumerez dans vos iniquités. [Il indique aussi] la raison de sa compassion : IL PLEURERA ET
MES YEUX LAISSERONT COULER DES LARMES, CAR LE TROUPEAU DU SEIGNEUR PART EN
CAPTIVITÉ. Plus loin : Mon peuple est devenu un troupeau égaré, ses pasteurs l’ont séduit
et l’ont fait errer sur les montagnes (Jr 50, 6).
320. Deuxièmement, il donne le
même conseil au roi, en l’invitant à l’humilité : DIS AU ROI (Jr 13, 18),
c’est-à-dire à Jéchonias, ET À LA REINE MÈRE, c’est-à-dire à sa mère, car il se
livra à Nabuchodonosor avec sa mère, 2 R 24, 8s. ASSOYEZ-VOUS À
TERRE ! en signe d’humilité. Is 47, 1 : Descends, assieds-toi dans
la poussière, vierge, fille de Babylone, assieds-toi à terre ! Et il donne la raison de la perte du royaume : CAR ELLE EST TOMBÉE
DE TA TÊTE, LA COURONNE. Lm 5, 16 : La couronne [de notre tête est tombée. [La raison] du siège des villes : LES VILLES DU SUD [SONT
BLOQUÉES] (Jr 13, 19), car le sort de Juda se jouait au sud,
Jos 15. IL N’Y A PERSONNE QUI OUVRE, en rompant le siège, à savoir,
l’Égyptien. [La raison] de la captivité du peuple : [TOUT JUDA] EST
DÉPORTÉ. Lm 1, 3 : Juda s’est déplacé à cause de l’affliction et d’une grande servitude ;
il a demeuré parmi les nations et n’a pas trouvé de repos.
321. Troisièmement, il présente
le même conseil à la ville royale : en premier lieu, il l’incite à
l’humilité ; en second lieu, il s’étonne de leur entêtement, en cet
endroit : MALHEUR À TOI, JÉRUSALEM ! (Jr 13, 27).
322. Il l’incite à l’humilité
pour quatre raisons. Premièrement, en raison de la puissance des ennemis, en
présentant la puissance des ennemis : LÈVE LES YEUX, en portant attention,
[ET REGARDE CEUX QUI ARRIVENT DU NORD] (Jr 13, 20), devant les
puissants. Ci-dessus : Voici qu’un peuple vient du pays du Nord, qu’un peuple nombreux viendra
des extrémités de la terre ! (Jr 6, 22).
Et il écarte la confiance des sujets : OÙ EST LE TROUPEAU [QUI T’A ÉTÉ
CONFIÉ] ? La multitude du peuple qui t’a été soumise, comme s’il
disait : «La ville royale et sacerdotale ne pourra pas t’être
utile !» Ez 34, 10 : Voici que je m’impose aux pasteurs. Je leur retirerai
mon troupeau et je mettrai un terme à leur action, de sorte qu’ils ne paîtront
pas davantage mon peuple et ne se paîtront plus eux-mêmes. Je libérerai mon
troupeau de leur bouche, et il ne leur servira plus de pâture. Il précise aussi la cause pour laquelle [le peuple] est livré aux
mains des ennemis, en écartant leurs excuses : QUE DIRAS-TU [QUAND ILS
VIENDRONT TE CHÂTIER] ? (Jr 13, 21), pour te justifier.
Jb 9, 3 : Si tu veux discuter avec lui, tu ne pourras lui répondre. Et il précise la raison : CAR TU LES AS FORMÉS, lorsque, en les
appelant au secours, tu leur as fait connaître tes conditions. Ci-dessus :
En plus de ta
méchanceté, tu as enseigné tes voies (Jr 2, 33).
Ou bien, il aborde l’exposition du trésor faite par Ézéchias aux émissaires du
roi de Babylone, Is 39.
323. Deuxièmement, [il incite à
l’humilité] en raison des douleurs infligées, en menaçant de douleurs :
LES DOULEURS NE VONT-ELLES PAS TE SAISIR [COMME UNE FEMME EN TRAVAIL] ?
Ci-dessus : Comme
le cri d’une femme qui accouche, comme les angoisses d’une femme qui enfante (Jr 4, 31). Et il en précise la raison, la multitude de
leurs péchés : SI TU DIS DANS TON CŒUR : «POURQUOI DE TELS MALHEURS
M’ARRIVENT-ILS ?» (Jr 13, 22). Comme châtiment. C’EST EN
RAISON DE TON COMPORTEMENT HONTEUX, les péchés les plus honteux, DE TES AMOURS,
tes affections. Jb 22, 5 : En raison du grand nombre de tes fautes et de tes
iniquités infinies. Ou bien, il aborde ici le fait
qu’ils ont été menés en captivité à pied et que, pour traverser les fleuves,
ils ont été obligés de dénuder même leurs membres honteux, et qu’ils ont dû
aller pieds nus ; ainsi la plante de leurs pieds était souillée de boue et
de poussière. Is 47, 2 : Mets à nu tes parties honteuses, découvre tes bras, montre
tes os, traverse les fleuves : ta honte sera révélée et ton opprobre sera
vu. Aussi, l’entêtement des pécheurs : UN ÉTHIOPIEN,
à cause de l’infection naturelle du péché, PEUT-IL CHANGER (Jr 13, 23),
comme s’il disait : «Vous pouvez difficilement vous convertir», OU UNE PANTHÈRE ?
à cause de la ruse ou de la diversité des péchés; [ET VOUS, POUVEZ-VOUS BIEN
AGIR], ALORS QUE VOUS ÊTES HABITUÉS AU MAL ? Pr 22, 6 : Voilà un proverbe :
mets le jeune homme dans le droit chemin ; devenu vieux, il ne s’en
détournera pas.
324. Troisièmement, il incite à
l’humilité en raison de leur captivité à venir, en menaçant de la dispersion de
la captivité : JE VOUS DISPERSERAI [COMME UNE PAILLE LÉGÈRE AU SOUFFLE DU
DÉSERT] (Jr 13, 24). Ps 83[82], 14 : Mon Dieu, fais-les tourbillonner
comme un fétu en proie au vent. Et
Ps 59[58], 12 : Disperse-les dans ta grande puissance. Et
il en précise la raison : TEL EST TON LOT (Jr 13, 25), ce
qui t’est dû pour tes péchés..., [CAR TU M’AS OUBLIÉ EN TE CONFIANT] AU
MENSONGE. Is 27, 8 : Mesure pour mesure, lorsqu’elle aura été rejetée, il la jugera, etc.
325. Quatrièmement, [il incite à
l’humilité] en raison de la manifestation de leurs péchés. En premier lieu, il
présente la menace : MOI-MÊME, JE TE METS À NU, la honte de tes péchés,
JUSQU’À TON VISAGE (Jr 13, 26), afin que tu te reconnaisses.
ET [TES ADULTÈRES, TA HONTEUSE PROSTITUTION] SONT APPARUS (Jr 13, 27),
même aux autres. Ez 16, 37 : Je mettrai à nu ta honte devant eux, et tous verront
ta turpitude. Et il en précise la raison : SUR
LES COLLINES ET DANS LA CAMPAGNE, J’AI VU TES ABOMINATIONS, comme s’il
disait : «Parce que tu as péché publiquement, tu seras puni publiquement.»
Ci-dessus : Sur
toute colline élevée et sous tout arbre vert, tu t’es étendue comme une prostituée !
(Jr 2, 20). Finalement, il s’étonne de
son entêtement : MALHEUR À TOI ! JUSQUES À QUAND, viendras-tu ou
prétendras-tu me suivre ? Ps 4, 3 : Fils d’hommes, jusqu’où
irez-vous d’un cœur lourd, pourquoi aimez-vous la vanité et cherchez-vous le
mensonge ?
326. Remarque que le vin, au
sens mystique, est parfois bon et parfois mauvais. En effet, il existe un bon
vin de la sagesse. Pr 9, 5 : Buvez le vin que je vous ai mêlé. [Le bon vin] de l’amour divin. Ct 8, 2 : Je te donnerai un vin
parfumé, la liqueur de mes grenades. [Le bon vin]
de la componction. Ps 60[59], 5 : Tu nous as abreuvé du vin de la componction. Mais il y a le mauvais vin de la ruse trompeuse.
Dt 32, 33 : Leur vin est du venin de serpent, du poison de vipère incurable. [Le mauvais vin] du plaisir charnel. Ap 14, 8 : [Babylone] a abreuvé toutes
les nations du vin irascible de sa fornication et les rois de la terre ont forniqué
avec elle. [Le mauvais vin] de l’indignation
divine. Ap 14, 9 : Si quelqu’un adore la bête et son image, et accepte son sceau sur
son front ou sur sa main, celui-ci boira le vin de la colère de Dieu, qui a été
mêlé au vin pur dans le calice de sa colère.
327. Il faut aussi remarquer que l’Esprit Saint est appelé vent du sud en raison de sa chaleur. Jb 37, 17 : Tes vêtements ne sont-ils pas chauds, lorsque la terre est effleurée par le vent du sud ? En raison de sa splendeur. Ha 3, 3 : Dieu viendra du sud, et le Saint du mont Pharan. Il a couvert les cieux de sa gloire. En raison de l’élévation de son vol. Jb 39, 26 : N’est-ce pas par ta sagesse que le faucon prend son vol, qu’il déploie ses ailes vers le sud ? En raison de l’abondance de la pluie. Ps 126[125], 4 : Seigneur, change notre captivité comme un torrent du sud. En raison de la fructification des arbres. Ct 4, 16 : Que vienne le vent du sud, qu’il souffle sur mon jardin, qu’il distille les aromates !
328. Le prophète commence ici à
interposer auprès de Dieu sa prière en leur faveur, afin qu’ils obtiennent une
certaine miséricorde, du moins après certains fléaux. Et il y a deux
parties : dans la première, une discussion du prophète avec le Seigneur
est présentée afin de le fléchir ; ensuite, dans la seconde, la décision
finale est présentée, au chapitre 15 : ET LE SEIGNEUR ME DIT, etc.
(Jr 15, 1).
329. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, l’affliction du peuple est présentée :
elle est l’occasion de la prière. Deuxièmement, la discussion du prophète avec
Dieu est présentée, en cet endroit : SI NOS FAUTES [PARLENT CONTRE NOUS]
(Jr 14, 7).
330. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente le titre de la prophétie :
PAROLE [DU SEIGNEUR] (Jr 14, 1), par une révélation
intérieure, QUI FUT ADRESSÉE PAR DES DISCOURS, faits extérieurement, À
L’OCCASION DE LA SÉCHERESSE, qui les avait atteints alors que la captivité
était imminente. Ou bien, À PROPOS DES DISCOURS SUR LA SÉCHERESSE, c’est-à-dire
d’une sécheresse digne de discours.
331. Deuxièmement, il poursuit
sur le sujet des inconvénients de la sécheresse. En premier lieu, pour ce qui
est l’affliction des hommes à cause de l’impossibilité de se désaltérer, il
présente leur tristesse : JUDA EST EN DEUIL (Jr 14, 2),
affligée par la soif. Is 24, 7 : Les vendanges sont en deuil, la vigne s’étiole, et
ceux qui avaient le cœur en fête gémissent. SES
PORTES, les juges qui siégeaient aux portes, LANGUISSENT, par rapport à leur
joie antérieure, ELLES SONT OBSCURCIES, c’est-à-dire enveloppées des ténèbres
de la tribulation. Lm 2, 9 : Ses portes sont abattues, il en a détruit et brisé les
barres. Ou bien, parce que les murs s’effritaient à
cause d’une trop grande sécheresse et qu’ainsi les portes tombaient et ne
pouvaient être réparées en raison du manque d’eau. LE CRI [DE JÉRUSALEM
S’ÉLÈVE], [un cri] de plainte et de douleur. Is 24, 11 : On crie sur les places publiques
pour avoir du vin, toute joie a disparu : l’allégresse a été chassée du
pays. Et il précise la cause de la tristesse :
LES GRANDS ONT ENVOYÉ LES PETITES GENS CHERCHER DE L’EAU (Jr 14, 3).
Is 41, 17 : Les petites gens et les pauvres cherchent de l’eau, et il n’y en a
pas : leur langue s’est desséchée de soif ! Et à cause de la stérilité de la terre et du dommage à leurs
biens : ILS SONT HONTEUX, AFFLIGÉS ET SE VOILENT LA TÊTE, en signe de
honte. Ci-dessus : Vous aurez honte de vos fruits à cause de la colère du Seigneur (Jr 12, 13). [Et du dommage] fait à ceux qui
cultivent : CAR [LA PLUIE] NE VIENT PAS (Jr 14, 4).
Jl 1, 11 : Les laboureurs sont honteux, les vignerons se lamentent sur le
froment et sur l’orge, car la moisson du champ est perdue, la vigne s’est
étiolée et le figuier flétri.
332. En second lieu, il présente l’affliction des animaux de la forêt, pour ce qui est des cerfs : MÊME LA BICHE, DANS LA CAMPAGNE, A MIS BAS ET A ABANDONNÉ SON PETIT (Jr 14, 5), elle qui se préoccupe tellement de la garde de ses petits. Jb 39, 1 : Sais-tu quand les bouquetins font leurs petits sur les rochers, as-tu observé les biches qui mettent bas ? Et pour ce qui est des onagres : LES ONAGRES (Jr 14, 6), qui pourtant supportent longtemps la soif. Ps 104[103], 11 : Les onagres comptent [sur les sources] pour calmer leur soif. SUR LES HAUTEURS, où se tient plutôt le vent, ASPIRENT [L’AIR], pour apaiser leur soif, COMME DES CHACALS, qui aspirent le vent à cause de leur soif. Ci-dessus : L’onagre habitué au désert aspire le vent quand il est en rut (Jr 2, 24).
333. Ici, [le prophète] commence
à prier Dieu pour le peuple : premièrement, il amène l’argument de la
miséricorde en raison de la condition divine ; deuxièmement, en raison de
l’annonce faite à l’avance par le prophète, en cet endroit : ET JE
RÉPONDIS : «AH ! AH ! AH !» (Jr 14, 13) ;
troisièmement, en raison de l’amour [que le Seigneur] a eu anciennement pour le
peuple, en cet endroit : AS-TU POUR DE BON REJETÉ JUDA ?
(Jr 14, 19).
334. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente la prière du prophète, dans
laquelle il propose trois choses. [En premier lieu], il confesse la miséricorde
[du Seigneur] : SI NOS FAUTES PARLENT CONTRE NOUS (Jr 14, 7),
pour le châtiment. Is 59, 12 : Nos iniquités se sont multipliées devant toi, et nos
péchés nous ont répondu, etc. Ps 46[45], 2 :
Notre aide dans
les tribulations qui nous ont par trop atteints. Ensuite,
il propose la constance [du Seigneur] : POURQUOI ES-TU COMME UN ÉTRANGER
EN CE PAYS ? (Jr 14, 8), comme s’il disait : «Il est
indigne de ta constance que tu abandonnes ta vigne, comme un étranger le champ
qui ne lui appartient pas.» COMME UN VOYAGEUR, [que tu abandonnes] ta maison,
comme un voyageur le fait pour un refuge pour la nuit. Ton héritage, comme
l’homme errant, sans maison, sa propre demeure. Ci-dessus : J’ai abandonné ma demeure,
j’ai écarté mon héritage (Jr 12, 7). Il
propose aussi sa puissance : [POURQUOI RESSEMBLES-TU] À UN HOMME FORT
INCAPABLE DE SAUVER ? (Jr 14, 9), comme s’il
disait : «Il ne convient pas à ta puissance de ne pas sauver ceux que tu
déjà pris sous ta protection.» Nb 14, 16 : Les Égyptiens diront :
«Il ne pouvait pas faire entrer le peuple dans le pays qu’il leur avait promis
par serment.» C’est pourquoi il les extermina dans
le désert. Et il propose le soin [que le Seigneur] devait prendre d’eux :
POURTANT, TU ES AU MILIEU DE NOUS, comme dans ton héritage, ET [NOUS SOMMES
APPELÉS] PAR TON NOM, comme les sujets sont défendus au nom du roi.
2 Co 6, 16 : J’habiterai au milieu d’eux et je marcherai parmi eux, et je serai
leur Dieu et ils seront mon peuple. Et il
conclut : NE NOUS ABANDONNE PAS ! de sorte que ta constance et ta
puissance soient blasphémées.
335. Deuxièmement, la réponse du Seigneur est présentée : AINSI PARLE LE SEIGNEUR ! (Jr 14, 10). En premier lieu, il met de l’avant la faute : [CE PEUPLE] AIME FAIRE ALLER SES JAMBES, ses sentiments, en raison de son inconstance dans le bien, et parce qu’il passe d’un mal à un autre. Pr 7, 10‑11 : Femme errante, incapable de repos, et dont les pieds ne peuvent rester dans la maison. Ou bien, [peuple] qui envoie chercher de l’aide en Égypte. Is 30, 7 : C’est en vain que l’Égyptien apportera de l’aide. C’est pourquoi j’ai clamé à ce propos : «Ce n’est que de l’orgueil ! Repose-toi !» En deuxième lieu, il menace de châtiment : MAIS [LE SEIGNEUR] SE RAPPELLERA, en infligeant un châtiment. Ps 89[88], 33 : Je visiterai leurs iniquités avec un bâton, et leurs péchés avec des coups. En troisième lieu, [il propose] des remèdes. Premièrement, celui des prières : ET LE SEIGNEUR DIT : «NE PRIE PAS POUR LE BONHEUR DE CE PEUPLE !» (Jr 14, 11). Ci-dessus : Mais toi, ne prie pas pour ce peuple, et ne prends pas sur toi d’en faire l’éloge ou de prier, et ne m’importune pas, car je ne t’écouterai pas ! (Jr 7, 16). Deuxièmement, [le remède] du jeûne : S’ILS JEÛNENT (Jr 14, 12). Is 58, 3 : Pourquoi avons-nous jeûné ? Tu n’as pas regardé. Pourquoi nous sommes-nous humiliés ? Tu ne l’as pas reconnu. Troisièmement, [le remède] du sacrifice : S’ILS OFFRENT [DES HOLOCAUSTES]. Ml 1, 10 : Je ne me complais pas en vous, dit le Seigneur des armées, et je n’accepterai pas de présent de votre main.
336. [Le prophète] tire ici un
argument de l’annonce faite à l’avance par les prophètes. Premièrement, il
présente l’allégation du prophète : «AH ! AH ! AH !» (Jr 14, 13),
pour le triple châtiment qu’il venait d’aborder. Les prophètes, les faux,
[annoncent] UNE VRAIE PAIX, [une paix] durable, et non simulée, de la part des
ennemis. Ci-dessus : Alors, n’as-tu pas trompé ce peuple et Jérusalem en disant :
«La paix sera avec vous !» ? Et voilà que l’épée nous a atteints jusqu’à
l’âme (Jr 4, 10).
337. Deuxièmement, la réponse du Seigneur est présentée : ALORS LE SEIGNEUR DIT (Jr 14, 14). En premier lieu, il montre la fausseté de [ces] prophètes pour ce qui est de l’action qu’ils exercent : JE NE LES AI PAS ENVOYÉS, pour exercer [la prophétie], JE NE LEUR AI RIEN ORDONNÉ, en leur confiant une fonction, ET JE NE LEUR AI POINT PARLÉ, en leur insufflant le don de prophétie. Plus loin : Je n’envoyais pas de prophètes, et ceux-ci couraient ; je ne leur parlais pas, et ils prophétisaient (Jr 23, 21). Ni pour ce qui est de la paix qu’ils annonçaient : VISION MENSONGÈRE, SÉDUCTION DU CŒUR, c’est-à-dire paroles inventées pour séduire. Ez 13, 6 : Ils voient des choses vaines et annoncent le mensonge, en disant : «Le Seigneur dit», alors que le Seigneur ne les a pas envoyés. En deuxième lieu, il menace de châtiment tant les prophètes qui annoncent que le peuple qui les croit : C’EST POURQUOI, AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 14, 15‑16). Is 9, 16 : Il y en aura qui annoncent le bonheur à ce peuple en le séduisant, et ceux qu’ils diront heureux se sont fourvoyés. En troisième lieu, la compassion du prophète est annoncée au peuple : TU LEUR DIRAS CETTE PAROLE : «QUE MES YEUX (OU VOS YEUX) VERSENT DES LARMES !» (Jr 14, 17). Et ainsi est indiquée la plainte de la pénitence. Lm 2, 18 : Verse un torrent de larmes ! La raison en est donnée : CAR DE LA PIRE, en raison de son incorrigibilité, BLESSURE, en raison du grand nombre de tués, [LA FILLE DE SION EST BLESSÉE] GRAVEMENT, en raison de la durée. Is 30, 14 : Je les menacerai de les briser comme une jarre de potier, totalement détruite. Et il précise le mode de la pénitence pour ce qui est du châtiment de l’extermination : SI JE SORS (Jr 14, 18), à l’extérieur, SI JE RENTRE, par la réflexion. Lm 1, 20 [voir Dt 32, 25] : L’épée les tuera à l’extérieur et l’effroi à l’intérieur, le jeune comme la jeune fille, le nourrisson comme le vieillard. Et pour ce qui est de la captivité : LE PROPHÈTE [COMME LE PRÊTRE]. Ci-dessus : Je les disperserai parmi des nations que ni eux ni leurs pères n’ont connues (Jr 9, 16).
338. Ici, [le prophète] tire
argument de l’amour que Dieu a eu anciennement pour ce peuple. À ce propos, il
fait trois choses. Premièrement, il s’étonne du rejet du peuple aimé, en
s’étonnant de la haine [de Dieu] : AS-TU REJETÉ POUR DE BON JUDA ? (Jr 14, 19),
comme s’il disait : «Cela paraît étonnant !»
Lm 5, 22 : Tu nous as rejetés pour de bon, tu es irrité contre nous sans
mesure. [POURQUOI NOUS AVOIR FRAPPÉS] DE SORTE
QU’IL N’Y AIT AUCUNE GUÉRISON ? Is 14, 6 : Lui qui, dans sa colère,
infligeait une blessure incurable aux nations.
339. Deuxièmement, il présente
la reconnaissance du châtiment : NOUS ESPÉRIONS [LA PAIX].
Ci-dessus : Nous
espérions la paix, mais rien de bon ! Un temps de guérison, mais voici
l’épouvante ! (Jr 8, 15). Et
[l’acceptation] de la faute : NOUS RECONNAISSONS [NOTRE IMPIÉTÉ] (Jr 14, 20).
Ps 51[50], 5 : Je reconnais mon iniquité, et mon péché est toujours devant moi.
340. Troisièmement, une demande
est présentée : [À CAUSE DE TON NOM], NE NOUS DONNE PAS EN OPPROBRE (Jr 14, 21).
Ps 44[43], 14 : Tu nous a donnés en opprobre à nos voisins, la fable et la risée de
notre entourage.
341. Quatrièmement, [il donne]
la raison de la demande pour ce qui est de la sainteté du Temple : [NE
DÉSHONORE PAS] LE TRÔNE DE TA GLOIRE ! c’est-à-dire le propitiatoire et
l’arche, par lesquels tu t’es montré glorieux par des miracles et des
révélations. Plus loin : Trône de gloire, sublime dès l’origine, notre lieu saint, espoir d’Israël !
(Jr 17, 12). Et [pour ce qui est de] la
faiblesse des idoles : PARMI LES SCULPTURES DES NATIONS, Y EN A-T-IL QUI
FONT PLEUVOIR, LES CIEUX PEUVENT-ILS DONNER LA PLUIE ? par eux-mêmes,
comme s’il s’agissait de causes premières. Jb 38, 28 : Qui engendre la pluie, qui
a engendré les gouttes de rosée ? Et [pour ce
qui est] de la puissance de Dieu : N’ES-TU PAS LE SEIGNEUR, NOTRE
DIEU ? C’EST TOI QUI AS FAIT CELA (Jr 14, 22), la pluie
et toutes les choses de ce genre. Ci-dessus : À sa voix, il donne une abondance d’eau dans le ciel,
et il fait lever les nuages des extrémités de la terre (Jr 10, 13).
342. Il faut remarquer qu’il
existe une fausse paix. Sg 14, 22 : Alors que l’ignorance [de Dieu] les fait vivre dans
une grande guerre, ils donnent le nom de paix à de tels maux ! [Il y a aussi une paix] trompeuse. Ps 28[27], 3 : Ils parlent de paix avec
leur prochain, mais le mal est dans leur cœur. [Il
y a encore une paix] passagère. 1 Th 5, 3 : Alors qu’ils diront :
«Paix et sûreté !», la mort les frappera subitement.
343. Il faut aussi remarquer
qu’au sens mystique, il existe trois trônes. L’un est le trône de gloire, et
cela, de quatre manières. Par l’élévation de la nature.
Is 6, 1 : Vois le Seigneur assis sur son trône grandiose et surélevé, et toute
la terre remplie de sa majesté ! Par la
tranquillité de la paix. Ci-dessus : Ils appelleront Jérusalem «trône du Seigneur», et
toutes la nations viendront vers elle au nom du Seigneur, à Jérusalem, etc. (Jr 3, 17). Par la profondeur de la connaissance.
Ez 10, 1 : Et je vis : voici que sur la voûte qui était au-dessus de la
tête des chérubins, apparut comme une pierre de saphir, dont l’aspect était
semblable à un trône. Par l’éternité de la durée.
Lm 5, 19 : Toi, Seigneur, tu demeureras éternellement, ton trône [demeurera] de
génération en génération.
344. Un autre trône est celui de
la clémence, qui prépare à l’obéissance à Dieu. Is 22, 23 : Je l’enfoncerai comme un
clou dans un endroit solide, il deviendra comme un trône de gloire pour la
maison de son père ; j’y suspendrai toute la gloire de son père. [Qui prépare] à une décision juste. Pr 16, 12 : Le trône du roi est affermi
par la justice. À la miséricorde envers le
prochain. Is 16, 5 : Et le trône sera affermi par la miséricorde, et il siégera dans la
fidélité sous la tente de David. À la grâce de
l’humilité. Ez 43, 7 : Le lieu de mon trône, le lieu de mes pas, où
j’habiterai au milieu des fils d’Israël pour l’éternité.
345. Mais il y a un trône de justice qui prépare au jugement. Jb 23, 3 : Qui me donnera de savoir comment le trouver, que je parvienne à son trône ? À la correction du mal. Pr 20, 8 : Le roi qui siège sur son trône de justice dissipe tout mal par son regard. À condamner les incorrigibles. 1 R 22, 19 : Je vis le Seigneur assis sur son trône, et toute l’armée du ciel assise à sa droite et à sa gauche. À défendre les bons. Is 9, 6 : Il s’assoira sur le trône de David et sur son royaume pour l’établir et l’affermir par le droit et la justice, maintenant et pour l’éternité.
346. Ici est présenté le rejet
définitif et final de la prière du prophète en faveur du peuple :
premièrement, le rejet de la prière est présenté ; deuxièmement,
l’entêtement du peuple est montré, qui est la cause [du rejet], au chapitre
17 : LE PÉCHÉ DE JUDA EST ÉCRIT AVEC UN STYLET DE FER, AVEC UNE POINTE DE
DIAMANT (Jr 15, 1).
347. À propos du premier point,
il fait deux choses : premièrement, [le Seigneur] interdit au prophète de
prier en faveur du peuple ; deuxièmement, comme celui qui excommunie, il
ordonne d’éviter leur compagnie, au chapitre 16 : LA PAROLE DU SEIGNEUR ME
FUT ADRESSÉE (Jr 16, 1).
348. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, le rejet de la prière du prophète qui prie
pour le peuple est présenté ; deuxièmement, comme s’il désespérait du
salut du peuple, il répand une prière pour lui-même, en cet endroit :
MALHEUR À MOI, MA MÈRE (Jr 15, 10).
349. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, la prière est rejetée : MÊME SI MOÏSE
ET SAMUEL SE TENAIENT DEVANT MOI (Jr 15, 1), qui ont été
efficaces par la prière, du fait qu’ils étaient soucieux du peuple et avaient
prié pour leurs ennemis. On trouve cela au sujet de Moïse dans Ex 22, et
au sujet de Samuel, dans 1 Sm 12. LEUR ÂME, leurs sentiments, [NE
SERAIT PAS ACCUEILLIE FAVORABLEMENT], comme s’il disait : «Ce n’est pas à
cause de la carence de celui qui prie que la prière n’est pas entendue, mais à
cause de la carence du peuple pour lequel on prie.» Ez 14, 14‑16 :
Et si ces trois
hommes se trouvaient au milieu d’eux, Noé, Daniel et Job, eux sauveraient leurs
âmes. Et plus loin, au même endroit : Et si ces trois hommes se
trouvaient au milieu d’eux, ils ne sauveraient pas leurs fils ni leurs filles,
mais eux seuls seraient sauvés.
350. Deuxièmement, est présenté le rejet du peuple pour lequel on priait. Premièrement, pour ce qui est du point de départ (terminum a quo) : CHASSE-LES, montre qu’ils ont été rejetés, LOIN DE MOI, de sorte qu’ils ne me voient pas et qu’ils ne soient pas défendus par ma présence. Gn 4, 14 : Voici que tu me rejettes aujourd’hui de la face de la terre et que je serai caché à ton regard, etc. Deuxièmement, pour ce qui est du point d’arrivée (terminum ad quem), en présentant un quadruple danger : S’ILS TE DISENT : «OÙ IRONS-NOUS ?» TU LEUR RÉPONDRAS... : «[QUI EST POUR] LA MORT, À LA MORT !» (Jr 15, 2), par la peste, comme s’il disait : «Chacun sera soumis à des châtiments différents !» Ez 5, 12 : Le tiers mourra de la peste et sera consumé par la faim chez toi ; le tiers tombera par l’épée dans ton entourage ; mais je disperserai le tiers à tous les vents et je tirerai l’épée contre eux. Et il écarte le remède de la consolation, la sépulture pour les morts. ET J’ENVERRAI QUATRE SORTES DE CHOSES (Jr 15, 3), ce qui a été dit : la mort, l’épée, la famine et la captivité. Et j’y ajouterai les chiens. Ci-dessus : Les cadavres de ce peuple seront la nourriture des charognards et des bêtes de la terre, et personne n’en réchappera (Jr 7, 33). [Est aussi présenté le refus] de la miséricorde pour les captifs : JE FERAI D’EUX UN OBJET D’ÉPOUVANTE, de haine intense, À CAUSE DE MANASSÉ (Jr 15, 4), qui avait fait beaucoup de mal, 2 R 21. C’est pourquoi il est dit au même endroit, chapitre 23 : À la vérité, le Seigneur ne s’est pas détourné de sa grande colère, par laquelle il est irrité contre Juda, en raison de l’indignation que Manassé avait provoquée chez lui (2 R 23, 26). Le peuple est puni pour les péchés du roi parce qu’il est permis qu’un méchant règne à cause des péchés du peuple, Jb 34, 30 : Il laisse régner un hypocrite à cause des péchés du peuple ; et aussi parce que le peuple suit les péchés du roi. Si 10, 2 : Tel est le dirigeant de la cité, tels sont ceux qui l’habitent ! Pr 29, 12 : Le dirigeant qui écoute volontiers des paroles mensongères fait de tous ses serviteurs des mécréants.
351. Ici est indiquée la raison
du rejet. Premièrement, une question étonnée est posée, et l’on écarte d’abord
la miséricorde du juge : QUI A COMPASSION [DE TOI, JÉRUSALEM] ? (Jr 15, 5).
Deuxièmement, [est présentée] la satisfaction de celui qui compatit : QUI
DONC SERA ATTRISTÉ ? Troisièmement, [est présentée] la prière d’un médiateur :
QUI IRA TE DEMANDER [COMMENT TU VAS] ? C’est la raison pour laquelle Dieu
t’a rejetée et que tu te trouves dans tant de péchés. Os 1, 6 : Prononce son nom sans
pitié, car je ne ferai plus pitié à la maison d’Israël, mais je les oublierai
totalement.
352. Deuxièmement, il donne la
raison du rejet. En premier lieu, en raison de l’ingratitude, en présentant la
faute : TU M’AS ABANDONNÉ (Jr 15, 6).
Is 1, 4 : Ils ont abandonné le Seigneur, ils ont blasphémé le Saint d’Israël,
ils sont redevenus des étrangers. [En présentant]
le châtiment : ALORS J’ÉTENDRAI LA MAIN CONTRE TOI.
Is 9, 12 : D’eux tous, sa colère ne s’est pas détournée, mais sa main est
encore étendue.
353. En second lieu, en raison
de leur entêtement. Premièrement, parce qu’ils ne se laissent pas fléchir par
des prières, en présentant leur faute : JE SUIS FATIGUÉ DE DEMANDER !
comme s’il disait : «J’ai supplié si souvent que vous vous
convertissiez !» Comme s’il disait : «Je m’y serais encore efforcé,
si cela avait été possible !» Is 43, 24 : Tu as fait de moi un
esclave par tes péchés, tu m’as lassé par tes fautes. Et [en présentant] le châtiment : JE LES DISPERSERAI AVEC UN
VAN (Jr 15, 7), l’armée des Chaldéens, comme de la paille sur
l’aire, AUX PORTES DU PAYS, c’est-à-dire jusqu’aux extrémités du pays. En
effet, la porte est la partie la plus éloignée d’une maison ou d’une ville.
Lc 3, 17 : Le van est dans sa main, et il nettoiera son aire ; il recueillera
le blé dans son grenier, mais il brûlera la paille d’un feu inextinguible. Deuxièmement, parce qu’ils ne sont pas corrigés par les fléaux. En
premier lieu, il présente leur endurcissement, en présentant les fléaux d’une
manière générale : J’AI EXTERMINÉ ET J’AI ANÉANTI [MON PEUPLE], en les
rendant captifs. Ci-dessus : C’est en vain que j’ai frappé vos fils : ils n’ont pas accepté
la correction (Jr 2, 30).Et d’une manière
particulière, pour ce qui est des femmes, qui sont plus dignes de compassion et
plus à plaindre du fait de l’élimination des hommes : LES VEUVES SONT
DEVENUES PLUS NOMBREUSES QUE LE SABLE DE LA MER (Jr 15, 8), au
sens hyperbolique, comme s’il disait : «Elles sont innombrables.»
Is 9, 17 : Il n’aura pitié ni des orphelins ni des veuves. Et du fait de l’élimination du fils unique : J’AMÈNE LE
DÉVASTATEUR, le tueur du fils, EN PLEIN MIDI, par quoi la puissance des ennemis
[est montrée], qui combattent ouvertement, et non par des embuscades. SOUDAIN
[JE FAIS TOMBER SUR ELLE TERREUR ET ÉPOUVANTE], par quoi est montrée] son
impuissance à résister, parce qu’ils n’ont pas pris de précautions.
Is 30, 13 : Soudainement, alors qu’on ne l’attend pas, la destruction s’abattra,
etc. Et aussi pour ce qui est de la mort de
plusieurs fils en même temps, en présentant la mort de la descendance :
ELLE EST DEVENUE FAIBLE, [LA MÈRE DE SEPT FILS] (Jr 15, 9), privée
de ses fils, car ils sont la force d’une mère. 1 Sm 2, 5 : Jusqu’à ce que la femme
stérile engendre de nombreux fils, et que celle qui avait des fils soit
affaiblie. [Et il présente] la tristesse de la
mère : [SON] ÂME DÉFAILLE, en raison de la stupeur de son esprit, SON SOLEIL
S’EST COUCHÉ, celui de la joie, en raison de la douleur de sa tristesse qui
rend le cœur obscur. LA VOILÀ HONTEUSE, à l’intérieur, ET ROUGISSANTE, à
l’extérieur, à cause de la disparition de ce en quoi elle se glorifiait.
Am 8, 9 : Le soleil se couchera en plein midi, et j’obscurcirai la terre en
plein jour.
354. Deuxièmement, il menace d’un châtiment : ET CE QUI RESTE D’EUX, à savoir, après les fléaux mentionnés. Dt 28, 25 : Le Seigneur te livrera défaillant à tes ennemis ; tu sortiras contre eux par un chemin, et tu t’enfuiras par sept [chemins], et tu seras dispersé dans tous les royaumes de la terre.
355. Ici, le prophète, comme
s’il désespérait du peuple, prie pour lui-même. Premièrement, il présente sa
propre doléance, en la faisant précéder de la discorde chez les adversaires :
MALHEUR À MOI, MA MÈRE ! (Jr 15, 10), c’est-à-dire que
[le malheur] menace du fait que je suis né. [HOMME] DE QUERELLE, c’est-à-dire
par qui arrive la querelle, du fait que j’annonce à l’avance les vices et les
maux ; ET DE DISCORDE, les uns me combattant, les autres me défendant.
Cela est aussi arrivé pour le Christ. Jb 10, 18 : Pourquoi m’as-tu tiré du
sein ? Il eût mieux valu que je disparaisse pour qu’on ne me voie
pas ! Il écarte la cause de la discorde, qui
surgit d’habitude surtout à propos des contrats. JE N’AI PAS PRATIQUÉ
L’USURE ; POURTANT, TOUS ME MAUDISSENT !
Ps 109[108], 28 : Ils [te] maudiront, et toi, tu les béniras ! Que ceux qui
s’élèvent contre moi soient confondus, et ton serviteur se réjouira !
356. Deuxièmement, la consolation du Seigneur est présentée : LE SEIGNEUR DIT. Premièrement, pour ce qui est de son propre salut, et promouvant son propre bien et celui des siens : LES AUTRES, c’est-à-dire ceux qui s’attachent à toi (en effet, il n’a pas eu de fils, comme on le voit plus loin, chapitre 16), se porteront BIEN. Par aposiopèse, où il faut ajouter : «Qu’on ne me croie pas !» Et pour ce qui est de la libération des malheurs : SI JE N’AI PAS ACCOURU (Jr 15, 11), prêt à aider. 2 Co 1, 3‑4 : Que soit béni Dieu, le père de notre Seigneur Jésus, le Christ, le père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos tribulations. Deuxièmement, pour ce qui est de l’affliction des adversaires, en menaçant l’ennemi implacable. En premier lieu, il écarte l’accord avec les ennemis, car ils ont voulu se mettre d’accord avec le prophète : EST-CE QUE le peuple des Juifs, qui est LE FER (Jr 15, 12), en raison de sa dureté, ET LE BRONZE, en raison de son impatience, S’ALLIERONT AU FER VENU DU NORD, c’est-à-dire des Chaldéens ? Comme s’il répondait : «Non !» Ci-dessus : Comme le bronze et le fer, tous sont corrompus ! Le soufflet ne suffit pas à consumer le plomb (Jr 6, 28). Ou bien : «Toi, tu es le fer, en annonçant des choses dures à eux qui sont fer et bronze ; tu ne peux t’associer à eux !» Jn 15, 19 : Ne vous étonnez pas si le monde vous hait : sachez qu’il m’a haï le premier. En deuxième lieu, il écarte la confiance mise dans une alliance, autant du côté des présents : TES RICHESSES ET TES TRÉSORS, JE VAIS LES LIVRER AU PILLAGE SANS CONTREPARTIE (Jr 15, 13), comme s’il disait : «Ils ne te serviront à rien, EN TOUS [TES PÉCHÉS], c’est-à-dire pour tous [TES PÉCHÉS]. Na 2, 9 : Pillez l’argent, pillez l’or : la richesse des vases précieux est sans limites ! Que du côté des prières : JE FERAI VENIR (Jr 15, 14), comme s’il disait : «Vous ne pourrez les appeler, car ils ne comprendront pas.» Is 5, 26 : Il dresse un signal pour les nations lointaines, et il le siffle des extrémités de la terre. En troisième lieu, il précise la cause : CAR UN FEU A ÉTÉ ALLUMÉ. Dt 32, 22 : Ma colère s’est enflammée, et elle brûlera jusqu’aux confins de l’enfer ; elle dévorera la terre avec ses semences, et elle brûlera les fondements des montagnes.
357. Ici, la demande du prophète
est présentée : premièrement, sa prière est présentée ; deuxièmement,
la réponse du Seigneur, en cet endroit : POUR CETTE RAISON, VOICI CE QUE
DIT LE SEIGNEUR (Jr 15, 19).
358. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il présente le réconfort de la consolation
divine, en proposant la connaissance divine : TU SAIS, [SEIGNEUR] (Jr 15, 15),
ce que j’endure et ce que j’ai fait. SOUVIENS-TOI, par l’effet de ta miséricorde.
Lm 3, 19 : Souviens-toi de ma pauvreté et de ma faute, de l’absinthe et du fiel
[dont j’ai été abreuvé]. Il demande d’être
consolé : VISITE-MOI, en me consolant. Jb 10, 12 : Ta visite a veillé sur mon
esprit. Et il écarte le report : DANS LA
PUISSANCE [DE TA COLÈRE, NE M’ENTRAÎNE PAS]. Si 5, 4 : Le Très-Haut est un
justicier patient.
359. Deuxièmement, il allègue son mérite, en mettant de l’avant
l’opprobre qu’il a supporté avec patience pour Dieu, en présentant le mal
subi : RECONNAIS, montre dans les faits que tu sais, [QUE JE SUBIS
L’OPPROBRE] POUR TA CAUSE, alors qu’en obéissant à tes ordres, j’annonçais au
peuple des choses dures. Ps 69[68], 8 : J’ai supporté l’opprobre
pour ta cause, la honte a couvert mon visage. [En
présentant aussi] la joie spirituelle de celui qui souffre : QUAND [TES
PAROLES] SE SONT ACCOMPLIES (Jr 15, 16), réalisées dans les
faits, JE LES AI DÉVORÉES, je m’en suis délecté.
Ps 119[118], 103 : Que tes paroles sont douces à mon palais ; elles ont meilleur
goût que le miel dans ma bouche ! Il en
présente aussi la cause : CAR C’EST TON NOM QUE JE PORTAIS, alors que je
suis appelé le prophète du Seigneur. Ci-dessus : C’est ton nom que nous
portons (Jr 15, 14). Il met aussi de
l’avant l’association qu’il a évitée avec prudence, en présentant sa
solitude : JE NE ME SUIS PAS ASSIS DANS UNE RÉUNION DE RAILLEURS (Jr 15, 17),
encore bien moins d’injustes, pour alléger la lourdeur de mon cœur et afin de
m’adonner à tes commandements. Tb 3, 17 : Je ne me suis jamais mêlé
aux railleurs et je ne me suis jamais prêté à m’associer à ceux qui marchent
avec étourderie. Il présente son exaltation
intérieure : CAR JE ME SUIS GLORIFIÉ SOUS L’EMPRISE DE TA MAIN, qui
corrigeait. 2 Co 12, 5 : Je me glorifierai volontiers de mes faiblesses. Ou bien, SOUS L’EMPRISE DE LA MAIN qui console par des dons spirituels.
Il présente aussi la raison de sa solitude : JE ME SUIS TENU SEUL, CAR TU
M’AVAIS EMPLI DE MENACES, comme s’il disait : «J’étais oppressé de tant
d’amertumes qu’il ne m’était pas permis de jouer.» Lm 3, 15 : Il m’a rempli d’amertume.
360. Troisièmement, il s’étonne de l’aiguillon de la douleur infligée, en présentant sa douleur : POURQUOI MA SOUFFRANCE EST-ELLE CONTINUE ? (Jr 15, 18). Comme s’il disait : «Comment se fait-il qu’après tant de prières, après tant de mérites, la tribulation ne s’éloigne pas ?» Plus loin : Incurable est ta blessure, inguérissable ta plaie ! (Jr 30, 12). Selon les Juifs, il parle au nom de Jérusalem. Et il ajoute la consolation : ELLE EST DEVENUE POUR MOI COMME UN RUISSEAU AUX EAUX TROMPEUSES, comme s’il disait : «Néanmoins, je me consolerai par le fait que bientôt ces angoisses seront traversées, comme les eaux trompeuses qui sont accumulées par les pluies.» Ps 69[68], 2 : Les eaux ont pénétré jusqu’au fond de moi ! Ou bien, il dit cela de la ruse des adversaires.
361. Ici est présentée la
réponse du Seigneur qui écoute. Premièrement, il promet un progrès des
bienheureux pour ce qui est de la rectitude de la vie : SI TU CONVERTIS (Jr 15, 19),
les autres à moi de leurs péchés, JE TE FERAI REVENIR, de tes angoisses ;
TU TE TIENDRAS devant moi, par la rectitude de la vie ou l’élévation de la
contemplation. 1 R 17, 1 : Le Seigneur est vivant : je me tiens sous son
regard. Jc 4, 8 : Celui qui a fait se détourner
le pécheur de son chemin d’erreur libérera son âme de la mort et couvrira la
multitude de ses péchés. Et pour ce qui est de
l’autorité de la prédication : ET SI TU TIRES CE QUI EST NOBLE DE CE QUI
EST VIL, en distinguant les actions mauvaises des bonnes, [TU SERAS] MA BOUCHE,
car je parlerai par toi. Mt 10, 20 : Ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit de votre
Père qui parle en vous.
362. Deuxièmement, [il promet le
progrès des bienheureux] pour ce qui est de la libération des maux. En premier
lieu, des maux de la faute : ILS SE TOURNERONT VERS TOI, comme s’il
disait : «Ceux-là t’imiteront, et non pas toi eux.»
1 Co 11, 1 : Je vous le demande : soyez mes imitateurs comme je le suis du
Christ. En deuxième lieu, des maux de la peine. Premièrement,
il lui promet la force : JE FERAI DE TOI POUR CE PEUPLE UN PUISSANT
REMPART DE BRONZE (Jr 15, 20). Ci-dessus : J’ai fait de toi une ville
fortifiée, une colonne de fer et un rempart de bronze sur toute la terre, pour
les rois de Juda, ses dirigeants, ses prêtres et le peuple du pays ; ils
te combattront, mais ils ne prévaudront pas, car je suis avec toi, dit le
Seigneur, pour te libérer (Jr 1, 18).
Deuxièmement, il promet de le défendre : ILS TE COMBATTRONT.
Ps 23[22], 4 : Si je marche au milieu des ténèbres de la mort, je ne craindrai
aucun mal, car tu es avec moi. Troisièmement, il
lui promet la libération : JE TE DÉLIVRERAI (Jr 15, 21).
Is 43, 1 : Ne crains pas, car je t’ai racheté et je t’ai appelé par ton nom.
363. Il faut remarquer que les saints trouvent leur gloire dans le bien de la vertu. Dans la souffrance causée par les tribulations. Rm 5, 3 : Mais non seulement cela, car nous sommes aussi glorifiés dans les tribulations. Dans le comportement du prochain. 2 Co 7, 4 : C’est un grand réconfort pour moi et une grande gloire pour vous. Dans la pureté de la conscience : 2 Co 1, 12 : Notre gloire, c’est le témoignage de notre conscience. De même, les saints trouvent leur gloire en Dieu, dans l’amour de Dieu manifesté par la passion [du Christ]. Ga 6, 14 : Loin de moi de glorifier autrement que dans la croix de notre Seigneur Jésus, le Christ. Dans la connaissance de Dieu. Ci-dessus : Que celui qui se glorifie se glorifie en cela : me connaître et être connu de moi (Jr 9, 24). Dans l’imitation de Dieu. Si 23, 38 : C’est une grande gloire de suivre le Seigneur, car on recevra de lui un grand nombre de jours.
364. Le Seigneur interdit ici au
prophète de s’associer au peuple condamné : premièrement, il présente sa
décision ; deuxièmement, il en précise la cause, en cet endroit : QUAND
TU AURAS ANNONCÉ [À CE PEUPLE TOUTES CES PAROLES], etc. (Jr 16, 10).
365. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il lui interdit l’association par le
mariage, en présentant un ordre : TU NE PRENDRAS PAS FEMME (Jr 16, 1‑2).
1 Co 7, 27 : Tu n’as pas d’épouse ? Ne cherche pas d’épouse. Et il précise la raison à partir de l’ensemble de ceux qui sont
punis, car aucun âge ni aucun sexe ne sera épargné : CAR AINSI PARLE LE
SEIGNEUR À PROPOS DES FILS ET DES FILLES [QUI VONT NAÎTRE EN CE LIEU] (Jr 16, 3).
Plus loin : Avec
toi je martèlerai homme et femme, avec toi je martèlerai vieillard et enfant,
avec toi je martèlerai adolescent et vierge (Jr 51, 22‑23).
À partir de la diversité des châtiments, en menaçant de la mort pour une cause
intérieure : ILS MOURRONT DE MALADIES MORTELLES (Jr 16, 4),
c’est-à-dire de la peste et de maladies durables. Et il ajoute la sépulture
appropriée : SANS ÊTRE PLEURÉS. 1 Co 11, 30 : Il y en a donc beaucoup
parmi vous qui sont malades et faibles, et beaucoup qui se sont endormis. Plus loin : On ne les pleurera pas, on ne les ramassera pas ni ne les
ensevelira : ils serviront de fumier sur le sol (Jr 25, 33). Et pour une raison extérieure : ILS
FINIRONT PAR L’ÉPÉE, sous l’assaut des ennemis, ET LA FAMINE, par manque du
nécessaire. Et il ajoute la sépulture appropriée : ET LEURS CADAVRES SERONT
LA PÂTURE DES OISEAUX DU CIEL. Ci-dessus : Ils seront jetés sur les routes par la famine et
l’épée, et personne ne les ensevelira, eux et leurs épouses, leurs fils et
leurs filles (Jr 14, 16).
366. Deuxièmement, il lui interdit de partager les rassemblements : AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 16, 5). Premièrement, il lui interdit de partager les rassemblements provoqués par la tristesse, qui ont coutume de se tenir pour se consoler des morts. L’interdiction est d’abord présentée : N’ENTRE PAS [DANS UNE MAISON OÙ L’ON FAIT LE DEUIL], ni pour te joindre aux lamentations, ni pour consoler. Deuxièmement, il précise la raison par le retrait de la paix : CAR J’AI RETIRÉ MA PAIX, celle que j’avais avec eux, parce que je suis indigné contre eux ; ou bien, qu’ils avaient de mon fait entre eux et avec les autres. Is 57, 21 : Il n’y a pas de paix pour les impies, dit le Seigneur. [Il précise aussi la raison] par la menace de mort : [GRANDS ET PETITS] MOURRONT (Jr 16, 6). Jb 3, 19 : Le grand et le petit s’y trouvent, et le serviteur, libre de son maître. Par la cessation des funérailles officielles, car le service de la sépulture manquait : ILS NE SERONT PAS ENTERRÉS. Ci-dessus : On ne les ramassera pas ni ne les ensevelira : ils serviront de fumier sur le sol (Jr 16, 4). [Par l’absence] de lamentations même de la part de la famille : ON NE LES PLEURERA PAS ET ON NE SE FERA PAS D’INCISIONS, en se blessant, ce qui était interdit aux Juifs. Dt 14, 1 : Vous ne vous ferez ni incisions ni tonsure pour un mort. Mais Job, en tombant à terre après s’être rasé, etc. (Jb 1), n’a pas péché, car il était un gentil. Leur fera aussi défaut le rassemblement de la parenté, qui a coutume de se tenir pour les consanguins qui pleurent : ON NE ROMPRA PAS [LE PAIN POUR QUI EST DANS LE DEUIL] (Jb 16, 7). Pr 31, 6 : Procure une boisson forte aux affligés, et du vin à ceux qui sont remplis d’amertume. Qu’ils boivent et qu’ils oublient leur misère, qu’ils ne se souviennent plus de leur malheur ! Deuxièmement, il interdit de partager les rassemblements provoqués par la joie. Premièrement, l’interdiction est présentée : N’ENTRE PAS NON PLUS DANS UNE MAISON OÙ L’ON FESTOIE (Jr 16, 8), ni pour la société, ni pour la nourriture. 1 Co 5, 11 : Si quelqu’un qu’on appelle frère parmi vous est un fornicateur, un avare ou un serviteur des idoles, un maudit ou un ravisseur, ne prenez aucune nourriture avec quelqu’un de ce genre. Deuxièmement, la raison en est donnée : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR : [JE VAIS FAIRE TAIRE LES CRIS DE JOIE] (Jr 16, 9). Lm 5, 15 : La joie de notre cœur a disparu, notre chœur a tourné au deuil.
357. Ici, la cause du châtiment
annoncé est donnée. Premièrement, une question est posée : POURQUOI LE
SEIGNEUR A-T-IL PRONONCÉ CONTRE NOUS CET IMMENSE MALHEUR ? (Jr 16, 10).
Pr 30, 20 : Tel est le chemin de la femme adultère : elle mange, elle
s’essuie la bouche en disant : «Je n’ai rien fait de mal.»
368. Deuxièmement, la réponse du
Seigneur est donnée : TU LEUR RÉPONDRAS (Jr 16, 11). En
premier lieu, il présente la faute due à la transgression des pères :
C’EST QUE [VOS PÈRES] M’ONT ABANDONNÉ. Ci-dessus : Ils m’ont abandonné, moi,
la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes percées, qui ne
peuvent garder l’eau (Jr 2, 13). Et leurs
fils les ont imités de sorte qu’ils ne peuvent être excusés par ce qui est dit
en Ez 18, 2 : Les pères ont mangé du raisin vert, et les dents des fils ont
grincé. MAIS VOUS, VOUS AVEZ AGI PLUS MAL [QUE VOS
PÈRES] (Jr 16, 12). Mt 23, 32 : Vous comblez la mesure de
vos pères ! En second lieu, il menace d’un
châtiment. Premièrement, il présente la menace d’un châtiment pour ce qui est
de la captivité : JE VOUS JETTERAI DONC [HORS DE CE PAYS] (Jr 16, 13).
Et pour ce qui est de la servitude : LÀ, VOUS SERVIREZ [D’AUTRES DIEUX],
en servant ceux qui les honorent. Lm 1, 3 : Juda a été déplacé pour son
affliction et sa grande servitude ; il a résidé parmi les nations, et il
n’a pas trouvé de repos. Dt 28, 65 :
Tu ne trouveras
pas de repos parmi ces nations, et il n’y aura pas de repos pour tes pieds. Deuxièmement, il promet une consolation, en présentant un serment
comme signe : AUSSI, VOICI VENIR DES JOURS [OÙ L’ON NE DIRA PLUS :
«LE SEIGNEUR EST VIVANT, QUI A FAIT MONTER LES ISRAÉLITES DU PAYS
D’ÉGYPTE !»] (Jr 16, 14), comme s’il disait : «Vous
estimerez qu’il s’agira d’un bienfait plus grand que d’avoir été libérés
d’Égypte. Et, après avoir oublié ceci, vous aurez toujours cela en mémoire.»
Is 43, 18 : Ne vous rappelez plus les choses anciennes et ne regardez plus le
passé. Même chose plus loin, Jr 23, 7‑8.
Et il explique le bienfait : ET JE LES RAMÈNERAI [SUR LA TERRE QUE J’AVAIS
DONNÉE À LEURS PÈRES] (Jr 16, 15). Ez 36, 24 : Je vous retirerai des
nations, et je vous rassemblerai de toute la terre ; et je vous ramènerai
dans votre pays.
369. Troisièmement, il présente
la condition de la captivité : VOICI ! (Jr 16, 16).
En premier lieu, il décrit la captivité des Babyloniens : [J’ENVERRAI] DES
PÊCHEURS, c’est-à-dire les Chaldéens, qui, comme sur une mer de prospérité et
vivant dans la volupté, les ont pris. Ha 1, 14 : Tu rendras les hommes comme
des poissons de la mer, et comme des reptiles qui n’ont pas de guide. [Et la captivité] des Romains : ET APRÈS, J’ENVERRAI DES CHASSEURS,
c’est-à-dire les Romains, qui les ont chassés comme des bêtes par leur cruauté
à tuer des hommes. Lm 3, 52 : Ils m’ont chassé comme un oiseau, ceux qui me haïssent
sans raison. En deuxième lieu, il précise la raison
de la captivité, en présentant la connaissance de leur faute : CAR MES
YEUX SURVEILLENT TOUTES LEURS VOIES : LE SEIGNEUR EST CELUI QUI PÈSE LES
ESPRITS (Jr 16, 17). [Et en présentant] la menace d’un
châtiment : JE PAIERAI D’ABORD (Jr 16, 18), c’est-à-dire
avant la consolation mentionnée, LE DOUBLE, à savoir, pour ce qui est du culte
des idoles. Raison pour laquelle on poursuit : PARCE QU’ILS ONT PROFANÉ
[MON PAYS PAR LE CADAVRE DE LEURS HORREURS], et pour ce qui est de la
perversité de leur comportement : ET REMPLI MON HÉRTIAGE DE LEURS ABOMINATIONS.
Ps 106[105], 38‑39: Le pays a été souillé de sang et profané par leurs actions. En troisième lieu, il présente l’utilité de la captivité, à savoir,
la conversion des nations, ou de ceux qui, sous Zorobabel, sont revenus avec
les Juifs à Jérusalem ; ou bien, de ceux qui se sont convertis à la foi au
Christ, car l’aveuglement
a frappé une partie d’Israël jusqu’à ce que l’ensemble des nations entre, et
ainsi Israël sera sauvé, Rm 11, 25‑26.
370. À ce propos, il fait trois
choses. Premièrement, il présente l’exultation du prophète, indiquée par la
confession de la louange divine : LE SEIGNEUR, MA PUISSANCE (Jr 16, 19),
pour combattre les autres, MA FORCE, pour persévérer, MON REFUGE, si je
défaille. Ps 18[17], 3 : Je t’aimerai, Seigneur, ma force, le Seigneur est mon
appui et mon refuge. Deuxièmement, il présente la
conversion des nations : À TOI VIENDRONT LES NATIONS.
Is 42, 10 : Chantez au Seigneur un cantique nouveau, sa louange vient des extrémités
de la terre. [Il présente aussi] la honte du
péché : [NOS PÈRES N’ONT EU EN HÉRITAGE QUE] LE MENSONGE, à savoir, une
idole, qui est mensonge pour ce qui est de sa divinité et de son aide.
Ci-dessus : Vraiment,
les collines et les nombreuses montagnes étaient trompeuses (Jr 3, 23). [Il présente encore] la réfutation de l’erreur
ancienne : UN HOMME SE FABRIQUERA-T-IL DES DIEUX ? MAIS CE NE SONT
PAS DES DIEUX ! (Jr 16, 20), à savoir, les hommes qui les
font. Sg 15, 16 : Comment l’homme pourra-t-il faire un dieu qui lui ressemble ? Troisièmement, il précise le bien de la conversion : C’EST
POURQUOI, c’est-à-dire pour que les nations se convertissent, JE LEUR [FERAI
CONNAÎTRE] (Jr 16, 21), aux Juifs, CETTE FOIS-CI, c’est-à-dire
que je ne leur épargnerai pas, MA MAIN, une correction. Ou bien : LEUR,
aux nations, MA MAIN, le Christ. Ps 9, 17 : Le Seigneur se fera
connaître par ses jugements, le pécheur est tombé entre ses mains. Aussi Ps 144[143], 7 : Envoie ta main de là-haut, arrache-moi et sauve-moi
des eaux abondantes, des mains des fils d’étrangers.
371. Il faut remarquer qu’il y a une main par laquelle Dieu dispose. Sg 7, 16 : En sa main nous sommes, ainsi que nos paroles, toute sagesse et toute connaissance de ce qu’il faut faire. [Une main] de la libéralité divine. Ps 104[103], 28 : Lorsque tu ouvres ta main, toutes choses sont remplies de ta bonté. [Une main] de la protection divine. Is 49, 2 : Il m’a protégé par l’ombre de sa main. [Une main] de la correction divine. Ps 39[38], 12 : Par la force de ta main, j’ai défailli sous les reproches. [Une main] de la libération divine. Jb 5, 18 : Il frappe, mais ses mains guérissent. [Une main] de l’opération divine. Si 36, 7 : Glorifie ta main et ton bras droit. Et [une main] de la condamnation divine. He 10, 31 : Il est terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant.
372. Ici est montrée de manière
explicite l’entêtement du peuple, qui est la cause de la réprobation. C’est
pourquoi il montre, en premier lieu, leur méchanceté obstinée ; en second
lieu, le châtiment accompli : AINSI PARLE LE SEIGNEUR, etc.
(Jr 19, 1).
372. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, les causes de l’entêtement sont
présentées ; deuxièmement, l’entêtement lui-même est présenté par une
expérience : PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE PAR LE SEIGNEUR
(Jr 18, 1).
373. La première partie est
divisée en deux. Dans la première, il présente les causes de
l’entêtement ; dans la seconde, il les rappelle au culte de la religion
ancienne, en cet endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR, etc.
(Jr 17, 5).
374. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il aborde une cause, à savoir, l’amour de la
méchanceté, en présentant leur faute et en donnant un exemple : LE PÉCHÉ
DE JUDA, des deux tribus, A ÉTÉ ÉCRIT [AVEC UN STYLET DE FER] (Jr 17, 1),
c’est-à-dire qu’il a été aussi profondément imprimé dans leur cœur, en particulier,
le péché d’idolâtrie, qu’une écriture réalisée avec un stylet de fer, AVEC UNE
GRIFFE, avec un diamant, qui est une pierre polie comme un ongle.
Za 7, 12 : Ils firent de leur cœur un diamant pour ne pas écouter la loi et les
paroles que le Seigneur des armées a envoyées par son Esprit saint par les prophètes
du passé. Ou bien : LEUR PÉCHÉ, c’est-à-dire
la sentence pour leur péché. Et il présente leur amour du péché : GRAVÉ,
c’est-à-dire approfondi, À LA GRANDEUR, c’est-à-dire sur leur cœur dilaté par
l’amour du péché, de sorte que leur cœur s’est dilaté pour faire place au
diamant, ET LES CORNES DES AUTELS, c’est-à-dire des idoles, remplacent le
stylet de fer. En effet, Dieu avait ordonné que quatre cornes sortent de
l’autel, auxquelles était attaché un treillis. Ex 27, 2 : Et ils avaient fait la même
chose pour les autels des idoles. Os 8, 11 :
Éphraïm a
multiplié les autels pour pécher ; les autels sont devenus pour lui un
méfait. Il présente aussi le signe de leurs sentiments
dans la suite de leur descendance : LORSQUE LEURS FILS SE SOUVIENNENT (Jr 17, 2),
en les gardant dans leur cœur, en divers lieux, DES AUTELS, qu’ils avaient
érigés dans les villes. Ci-dessus : Sous tout arbre vert, tu te prosternais comme une
prostituée (Jr 2, 20). Et il ajoute le
châtiment, à savoir, le pillage des biens qui se rapportent aux nécessités de
la vie : TA FORCE [SERA PILLÉE] (Jr 17, 3), c’est-à-dire
les biens par lesquels tu pensais être fort ; TES PLACES FORTES
[deviendront] comme du sable. Ci-dessus : Tes richesses et tes trésors, je les livrerai au
pillage sans contrepartie, sur tout ton territoire (Jr 15, 13).
C’est-à-dire que ta méchanceté a atteint un tel point que les fils imitent
leurs pères, en honorant en tous lieux des idoles : Je livrerai donc ta force
et tous tes trésors au pillage. [Et aussi le
pillage] des biens qui se rapportent au culte idolâtre : TES HAUTS LIEUX,
où tu honorais les idoles. Ez 6, 3‑4 : Et je porterai l’épée
contre vous, je détruirai vos hauts lieux et démolirai vos autels ; vos
images seront brisées et je jetterai vos morts devant vos idoles. Il les menace aussi de captivité : TU SERAS DESSAISI (Jr 17, 4).
ô Jérusalem, DE TON HÉRITAGE, par un peuple qui t’est soumis. Ou bien : «Ô
peuple, [tu seras dessaisi] de ton pays, alors que tu partiras en captivité.»
Lm 1, 1 : Pourquoi la ville populeuse est-elle assise à l’écart ? Elle
est devenue comme une veuve, la maîtresse des nations. Princesse parmi les
provinces, elle est soumise au tribut. Il les
menace aussi de la servitude : JE TE RENDRAI ESCLAVE DE TES ENNEMIS.
Dt 28, 48 : Tu seras l’esclave de l’ennemi que le Seigneur enverra contre toi,
dans la faim, la soif, la nudité, la privation totale ; et il placera un
joug de fer sur tes épaules jusqu’à ce qu’il t’ait brisé. Et il aborde la cause prochaine du châtiment, à savoir, la colère
divine, qui est la volonté de punir : CAR LE FEU QUE TU AS ALLUMÉ.
Dt 32, 22 : Le feu de ma colère a été allumé, et il brûlera jusqu’aux
profondeurs de l’enfer.
375. Deuxièmement, il aborde une
autre cause, à savoir, leur confiance dans l’impunité : MAUDIT SOIT
L’HOMME QUI SE CONFIE EN L’HOMME ! (Jr 17, 5). Ils se
promettaient l’impunité pour trois raisons. En premier lieu, en raison de la
puissance de leurs amis, les Égyptiens, et il écarte celle-ci. En deuxième
lieu, en raison de l’abondance de leurs richesses, et [il présente] celle-ci en
cet endroit : IL EST COMME UNE PERDRIX QUI COUVE CE QU’ELLE N’A PAS
PONDU ! (Jr 17, 11). En troisième lieu, en raison de
l’incrédulité à l’endroit des menaces divines, et [il présente] celle-ci en cet
endroit : LES VOICI QUI ME DISENT : «OÙ EST LA PAROLE DU
SEIGNEUR ?» (Jr 17, 15).
376. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il présente la différence entre ceux qui
mettent leur confiance dans le Seigneur et [ceux qui la mettent] dans les
hommes ; deuxièmement, il indique la source de cette différence, en cet
endroit : LE CŒUR DE L’HOMME EST PETIT (Jr 17, 9).
377. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, la malédiction de ceux qui mettent leur
confiance dans le secours des hommes est présentée, là où il présente la
malédiction : MAUDIT [SOIT L’HOMME] (Jr 17, 5), car il
s’adonne au mal. QUI FAIT DE LA CHAIR SON BRAS, c’est-à-dire sa force, par quoi
est indiquée le caractère déraisonnable de son espérance, car la fragilité
humaine est signifiée par la chair. ET QUI S’ÉCARTE DU SEIGNEUR, par quoi est
montrée la raison de la malédiction : en effet, il est permis de faire
confiance à l’homme après Dieu, de telle façon cependant que Dieu ne soit pas
abandonné. Et cela est dit à cause des Juifs, qui, après avoir méprisé Dieu, mettaient
leur confiance dans les Égyptiens. Is 31, 1 : Malheur à ceux qui
descendent en Égypte pour chercher du secours, qui mettent leur espoir dans les
chevaux et font confiance aux chars parce qu’ils sont nombreux, et dans les
cavaliers parce qu’ils sont solides, alors qu’ils n’ont pas mis leur confiance
dans le Saint d’Israël et qu’ils n’ont pas recherché le Seigneur. Ps 145, 2‑3 : Ne mettez pas votre confiance dans les dirigeants,
dans les fils des hommes, en qui il n’y a point de salut. Et il présente un exemple pour la malédiction : IL RESSEMBLE
AUX TAMARIS (Jr 17, 6), qui sont méprisables. Symmaque
[écrit] : «Comme un arbre stérile dans le désert.» IL NE VERRA [PAS LE
BONHEUR], parce que presque tous seront morts avant la libération de la
captivité. MAIS IL HABITERA, par quoi est montrée l’horreur du lieu de captivité,
non pas qu’il ait été mauvais en lui-même, mais parce qu’il l’était pour ceux
qui étaient opprimés par l’esclavage, DANS DES LIEUX DESSÉCHÉS DANS LE DÉSERT,
qui n’est pas cultivé, mais a un air sec qui rend les arbres stériles ;
TERRE SALÉE, pour ce qui est de la sécheresse de la terre, en raison de
l’évaporation de l’eau par le soleil. Ps 107[106], 33 : Il a placé des fleuves dans
le désert et une source pour apaiser la soif.
378. Deuxièmement, la bénédiction de ceux qui mettent leur confiance dans le secours divin est présentée. En premier lieu, il présente la bénédiction : BÉNI L’HOMME QUI MET SA CONFIANCE DANS LE SEIGNEUR, ET QUI A FOI DANS LE SEIGNEUR (Jr 17, 7), de sorte que, en quoi qu’il se confie, la raison de s’y confier soit Dieu. Ps 2, 13 : Lorsque sa colère aura duré un peu de temps, bienheureux seront tous ceux qui mettent en lui leur confiance. Is 30, 18 : Bienheureux tous ceux qui espèrent en lui ! En deuxième lieu, il présente une comparaison prise d’un arbre, premièrement, pour ce qui est de la solidité des racines : IL SERA COMME UN ARBRE (Jr 17, 8), par lequel est représentée la solidité de la protection divine. Ps 1, 3 : Il sera comme un arbre planté le long d’un cours d’eau, qui donnera son fruit en son temps. Deuxièmement, pour ce qui est de la verdeur de son feuillage : SON FEUILLAGE [SERA VERT], par quoi est signifiée la prospérité temporelle et la verdeur spirituelle. Pr 11, 28 : Les justes pousseront comme un feuillage. Troisièmement, pour ce qui est de l’abondance des fruits, par quoi est signifiée l’abondance des bonnes œuvres : IL NE CESSE DE PORTER DU FRUIT. Ap 22, 2 : Donnant du fruit chaque mois. Et parce que les Juifs pourraient dire qu’on ne peut faire de distinction pour les récompenses en raison de la diversité des pensées, il indique donc en conséquence l’auteur de cette distinction. Premièrement, il présente la question : LE CŒUR EST RUSÉ [PLUS QUE TOUT ; QUI PEUT LE PÉNÉTRER ?] (Jr 17, 9), c’est-à-dire qu’il est enveloppé dans de multiples méchancetés. Pr 20, 5 : Comme une eau profonde, telle est la délibération dans le cœur de l’homme ; le sage n’a qu’à y puiser. Deuxièmement, il présente la réponse, et il présente deux choses qui assurent suffisamment la discrétion du jugement, pour ce qui est de la science : MOI, LE SEIGNEUR, JE SCRUTE LES CŒURS (Jr 17, 10) ; et pour ce qui est des pensées : [ET JE SONDE] LES REINS, pour ce qui est des sentiments. Rm 8, 27 : Celui qui scrute les cœurs sait ce que l’Esprit désire, car celui-ci s’adresse à Dieu en faveur des saints. Et la justice : POUR RENDRE À CHACUN SELON SA CONDUITE, pour ce qui est de la disposition du cœur, SELON LE FRUIT [DE SES ŒUVRES], pour ce qui est de l’acte extérieur. Is 3, 10 : Dites au juste qu’il est heureux, car il se nourrira du fruit de ses actes.
379. Il aborde ici le second
point, à savoir, ce dont provenait l’espoir d’impunité : l’abondance des
richesses. Premièrement, il aborde la confiance des méchants dans les richesses
sous la comparaison d’une perdrix, qui vole les œufs d’une autre et les couve,
et est finalement désertée par ses petits. Il aborde ainsi une accumulation
injuste [de richesses] : UNE PERDRIX COUVE (Jr 17, 11),
et il explique : IL S’EST FAIT DES RICHESSES DE MANIÈRE INJUSTE.
Ha 2, 6 : Malheur à celui qui accumule ce qui ne lui appartient pas ! Il
s’attire bien des gémissements. Et [il aborde
aussi] la perte [de ces richesses] : AU MILIEU DE SES JOURS ELLES
L’ABANDONNERONT, car il mourra jeune ; ou bien, parce qu’il les perdra de
son vivant par le pillage des Chaldéens. EN FIN DE COMPTE, c’est-à-dire lors du
jugement divin ou à sa mort, alors que ces richesses s’avéreront ne lui avoir
rien rapporté, IL SERA UN INSENSÉ, c’est-à-dire qu’il apparaîtra [comme un insensé].
Ps 49[48], 11 : Et il laissera ses richesses à des étrangers, et des sépulcres
seront leur demeure pour l’éternité. Jb 12, 16 :
Il connaît celui
qui égare et celui qui est égaré.
380. Deuxièmement, il présente l’espérance des justes qui se trouve
dans le culte de Dieu : UN TRÔNE GLORIEUX (Jr 17, 12),
c’est-à-dire que l’espérance et la confiance du peuple d’Israël sont le Temple,
l’arche et le propitiatoire, par lesquels on entend le culte de Dieu, qui est
appelé LE TRÔNE SUBLIME DE SA GLOIRE. En effet, là était apparue la gloire du
Seigneur par des révélations dès l’origine dans le don de la loi : [NOTRE]
LIEU SAINT, c’est-à-dire dans lequel nous sommes sanctifiés, ou que tu as
sanctifié devant nous et pour nous. Ci-dessus : Rappelle-toi le trône de ta
gloire, et ne romps pas ton alliance avec nous (Jr 14, 21).
Et il ajoute le châtiment de ceux qui s’éloignent de cette confiance en
présentant le châtiment : SEIGNEUR, TOUS CEUX QUI T’ABANDONNENT SERONT
HONTEUX, CEUX QUI SE DÉTOURNENT DE TOI SERONT INSCRITS, comme des citoyens
permanents, DANS LA TERRE (Jr 17, 13), de captivité. Ou bien,
avec ceux qui goûtent les choses terrestres ou qui sont descendus dans la
corruption terrestre. À leur sujet, [on lit] dans
Ps 49[48], 12 : Ils ont mis leur nom sur leurs terres. Et
il en précise la cause : CAR ILS ONT ABANDONNÉ LA SOURCE D’EAU VIVE.
Ci-dessus : Ils
m’ont délaissé (Jr 2, 13).
381. Troisièmement, il adresse sa prière à celui qui est son espérance : GUÉRIS-MOI (Jr 17, 14), des faiblesses du péché et de l’angoisse dans laquelle je suis enveloppé. SAUVE-MOI, en me gardant dans le bien, CAR TU ES MA LOUANGE, celui que je loue ou par lequel je suis loué. Ps 41[40], 5 : J’ai dit : «Seigneur, aie pitié de moi, guéris mon âme, car j’ai péché contre toi.»
382. Ceci est la troisième cause
dont provenait leur confiance dans l’impunité, car ils ne croyaient pas aux
menaces divines.
383. À ce propos, il fait trois
choses. Premièrement, il présente l’insulte des incrédules : OÙ EST-ELLE
LA PAROLE [DU SEIGNEUR] ? (Jr 17, 15). Comme s’il
disait : «Elles ne viendront pas.» Is 5, 19 : Vous qui dites :
«Qu’elle se dépêche, que vienne immédiatement son œuvre, afin que nous voyions,
que s’approche la décision du Saint d’Israël et que nous la connaissions !»
Am 5, 18 : Malheur à ceux qui
désirent le jour du Seigneur ! Que sera-t-il pour vous ?
384. Deuxièmement, il présente
l’excuse du prophète pour ce qui est de la constance de son esprit :
POURTANT, JE NE SUIS PAS TROUBLÉ (Jr 17, 16), par leur
opposition, J’AI OBTENU, en accomplissant ce que tu m’as ordonné, LE JOUR, la
vie présente, car je suis même prêt à mourir ; ou encore, [J’AI OBTENU] la
prospérité et la gloire présente. 2 Co 4, 3 : Je tiens pour rien d’être
jugé par vous ou sous un jour humain. [L’excuse du
prophète] pour ce qui est de la vérité de sa prédication : TU SAIS... [QUE
CE QUI SORT DE MES LÊVRES] EST JUSTE À TES YEUX, bien que ce ne le soit pas aux
leurs. Jb 16, 20 : Mon témoin est au ciel.
385. Troisièmement, sa demande est présentée. En premier lieu, il demande le salut : NE SOIS PAS POUR MOI [UNE CAUSE D’EFFROI] (Jr 17, 17), comme s’il disait : «Je ne crains que ton indignation.» Jb 9, 34 : Il éloigne de moi son bâton, et que sa terreur ne m’effraie pas ! Mt 10, 28 : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt qui peut perdre et le corps et l’âme dans la géhenne. En deuxième lieu, il demande que les incrédules soient affligés dans leur cœur par la honte de leur faute (Jr 17, 18). Ps 40[39], 15 : Qu’ils soient confondus et honteux, ceux qui cherchent à m’enlever mon âme ! Et qu’ils craignent le châtiment : QU’ILS SOIENT EFFRAYÉS ! Pr 10, 29 : Que l’effroi soit sur ceux qui font le mal ! Sg 17, 10 : Comme la méchanceté est peureuse, elle est condamnée par tous. Dans leur corps aussi : FAIS VENIR SUR EUX LE JOUR DU MALHEUR, durant leur vie, BRISE-LES, par la mort, DEUX FOIS, par l’épée et la famine, ou dans leur âme et dans leur corps.
386. Ici, il les rappelle au
culte de la religion des origines pour ce qui est du commandement sur
l’observance du sabbat, qui est le plus léger, afin que leur entêtement n’en
soit que davantage montré.
387. À ce propos, il fait deux
choses. Premièrement, il précise le lieu de la prédication : [VA TE
PLACER] À LA PORTE (Jr 17, 19), afin qu’ils soient forcés
d’écouter comme malgré eux. 2 Tm, 4, 2 : Insiste à temps et à
contretemps, raisonne, supplie, menace. [À LA
PORTE] DES ENFANTS [DU PEUPLE] : en effet, ils sont eux-mêmes mon peuple,
mais ils sont les fils des peuples. PAR OÙ ENTRENT : en effet, cette porte
particulière était proche de la maison royale, par où les rois entraient dans
la ville. Ci-dessus : Tiens-toi à la porte de la maison du Seigneur, et proclames-y cette
parole, etc. (Jr 7, 2).
388. Deuxièmement, [le Seigneur]
propose la parole de sa prédication : TU LEUR DIRAS (Jr 17, 20).
À ce propos, il fait trois choses. En premier lieu, il présente l’ordre, en
demandant à être écouté : ÉCOUTEZ [LA PAROLE DU SEIGNEUR].
Ps 2, 10 : Et maintenant, rois, écoutez ; soyez instruits, vous qui jugez
la terre. En promulguant un commandement :
AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 17, 21) : «PRENEZ GARDE, au
péché, DE [NE PAS] TRANSPORTER, hors de la ville. [NE FAITES ENTRER] AUCUN FARDEAU
(Jr 17, 22), de marchandises, ET NE FAITES AUCUNE ŒUVRE,
servile, qui se rapporte soit à l’accomplissement d’une faute, soit à
l’accomplissement d’une peine ; car ils étaient tenus de s’abstenir même
de ce qui n’était pas péché, ce dont nous ne sommes pas tenus de nous abstenir,
mais selon le commandement de l’Église à ce sujet. SANCTIFIEZ [LE JOUR DU
SABBAT, COMME JE L’AI ORDONNÉ À VOS PÈRES], afin de vous adonner aux bonnes
œuvres. Ex 20, 8 : Souviens-toi de sanctifier le jour du sabbat. Ne 13, 15 : Je vis en Juda des gens qui foulaient au pressoir, le
jour du sabbat ; d’autres apportaient des gerbes de blé et chargeaient sur
des ânes du vin, des raisins, des figues et toutes sortes de fardeaux, qu’ils
voulaient introduire dans Jérusalem le jour du sabbat. Je protestai, etc. Et il présente le mépris du commandement : EUX N’ONT PAS ÉCOUTÉ
(Jr 17, 23). Ci-dessus : Ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas incliné leur
oreille, mais ils se sont orientés vers les plaisirs et, dans la perversité de
leur cœur, etc. (Jr 7, 24). En deuxième
lieu, il promet une récompense à ceux qui obéissent : SI VOUS M’ÉCOUTEZ (Jr 17, 24),
sur trois points pour lesquels la ville était glorieuse. Pour ce qui est de la
dignité du royaume : [DES ROIS ET DES PRINCES, SIÉGEANT SUR LE TRÔNE DE DAVID]
ENTRERONT (Jr 17, 25). Is 1, 26 : Je rétablirai tes juges
comme ils étaient auparavant, et tes conseillers comme anciennement. Pour ce qui est du grand nombre de ses habitants : [CETTE VILLE
RESTERA] HABITÉE [POUR TOUJOURS]. Is 62, 4 : On ne t’appellera plus
«Délaissée», et ta terre ne sera plus appelée «Désolation». Et pour ce qui est de la religion du Temple : ON VIENDRA DES
VILLES DE JUDA ET DES ENVIRONS DE JÉRUSALEM, DU PAYS DE BENJAMIN ET DES BASSES
RÉGIONS, DE LA MONTAGNE ET DU SUD (Jr 17, 26), et même de l’Égypte. Is 60, 7 : Ils seront offerts sur mon
autel en sacrifice agréable, et je glorifierai ma maison de splendeur. En troisième lieu, il menace d’incendie ceux qui se montrent
méprisants : MAIS SI VOUS NE M’ÉCOUTEZ PAS..., JE METTRAI LE FEU AUX
PORTES (Jr 17, 27), parce que les Chaldéens ont mis le feu aux
portes par lesquelles on entre dans la ville. Is 1, 31 : Les deux seront brûlés, et
personne ne pourra les éteindre.
389. Il faut remarquer que les
saints portent des fruits par la contemplation de la sagesse.
Si 6, 19 : Comme celui qui laboure et qui sème, approche-toi d’elle, et soupèse
ses fruits excellents. Par la ferveur de la
charité. Ct 5, 1 : Que mon bien-aimé vienne dans son jardin pour manger sa récolte de
fruits. Par la confession de louange.
He 13, 15 : Par lui, offrons sans cesse à Dieu des sacrifices de louange,
c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Par l’action méritoire. Ps 85[84], 13 : Car le Seigneur donnera le
bonheur, et notre terre donnera son fruit. Par la
conversion des proches. Jn 15, 16 : Afin que vous alliez porter beaucoup de fruit, et que
votre fruit soit durable.
390. Il faut aussi remarquer que
l’on suit le Christ par l’intégrité de la chair. Ap 14, 4 : Car ils sont vierges, et
ils suivent l’Agneau partout où il va. Par
l’intention du cœur. Ph 3, 12 : Je continue de marcher pour tâcher de saisir. Par la souffrance due aux tribulations.
1 P 2, 21 : Le Christ a souffert pour nous afin de vous laisser un exemple. Par l’observance des commandements. Jb 23, 11 : Mon pied a suivi ses pas,
j’ai gardé son chemin et ne m’en suis pas écarté. En
recevant la gloire. Si 23, 38 : C’est une grande gloire de suivre le Seigneur :
en effet, c’est de lui qu’on recevra la
longévité.
391. Il montre ici l’entêtement
du peuple lui-même par l’expérience : premièrement, parce qu’ils méprisent
la prédication ; deuxièmement, parce qu’ils persécutent le prédicateur, en
cet endroit : ET ILS DIRENT : «VENEZ, MACHINONS CONTRE
JÉRÉMIE !» (Jr 18, 18).
392. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, la prédication par laquelle il les rappelle
à la pénitence est présentée ; deuxièmement, le désespoir de ceux qui
l’ont méprisée est présenté, en cet endroit : ILS DIRENT : «NOUS
AVONS PERDU ESPOIR ! NOUS SUIVRONS NOS PROPRES PENSÉES»
(Jr 18, 12).
393. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, le Seigneur indique au prophète le lieu de
la révélation : [PAROLE ADRESSÉE PAR LE SEIGNEUR À JÉRÉMIE :
«DESCENDS] CHEZ LE POTIER» (Jr 18, 2), afin de tirer une
prophétie de la comparaison avec l’œuvre de celui-ci, par quoi est signifié
qu’à celui qui s’abaisse à considérer sa faiblesse, les paroles de Dieu sont
révélées. Pr 3, 32 : [Le Seigneur] s’adresse aux innocents. JE
DESCENDIS [CHEZ LE POTIER] (Jr 18, 3), je me rendis dans la
partie inférieure de la ville, où ces artisans demeuraient.
394. Deuxièmement, la parole
révélée est présentée. En premier lieu, il présente la comparaison ; en
second lieu, il tire une conclusion de la comparaison, à cet endroit :
TANTÔT JE PARLE, [À PROPOS D’UNE NATION] (Jr 18, 7).
395. À propos du premier point, le comportement du potier est présenté, dont la comparaison est tirée, par la présentation de la destruction d’un vase : ET VOICI QU’IL FABRIQUAIT UN VASE SUR LE TOUR. [MAIS LE VASE QU’IL FABRIQUAIT FUT MANQUÉ] (Jr 18, 3‑4). Si 38, 32 : Le potier, assis à son travail, de ses pieds faisant aller son tour, sans cesse préoccupé de son ouvrage, tous ses gestes sont comptés. Et par la restauration du vase détruit : IL SE TOURNA ET EN FIT UN AUTRE VASE. Sg 15, 7 : Le potier pétrit une terre molle et modèle laborieusement chaque objet pour notre usage ; de la même argile, il a modelé les vases destinés à un emploi noble, et ceux qui ont un usage contraire. Deuxièmement, il présente l’adaptation de la comparaison : ALORS LA PAROLE DU SEIGNEUR ME FUT ADRESSÉE (Jr 18, 5). En premier lieu, une question est posée : NE SUIS-JE PAS CAPABLE D’AGIR ENVERS VOUS COMME CE POTIER, MAISON D’ISRAËL ? (Jr 18, 6). Is 64, 8 : Et maintenant, Seigneur, c’est toi notre père ; nous sommes l’argile, tu es notre potier, nous sommes tous l’œuvre de tes mains. En second lieu, [il présente] la réponse : COMME L’ARGILE, [AINSI ÊTES-VOUS DANS MA MAIN, MAISON D’ISRAËL !]. Sg 7, 16 : Nous sommes dans sa main, ainsi que nos paroles et toute intelligence et toute connaissance de ce qui est à faire.
396. Il tire ici une conclusion
de la comparaison précédente. Mais il lui est objecté ce qui est dit ici, et
qu’on retrouve dans Nb 23, 19 : Dieu ne ment pas comme l’homme qui ment, ni ne change
comme le fils de l’homme. Mais cela ne peut se
faire sans mensonge que quelqu’un parle d’un futur qui n’arrivera pas, ni sans
changement, s’il fait pénitence. Donc, etc. À ceci il faut répondre qu’il
existe une double prophétie, selon Jérôme, dans sa glose sur Matthieu, chap. 1.
L’une de prédestination pour ce qui ne dépend pas du libre arbitre, mais de la
seule disposition de Dieu, et celle-ci est immuable, et il est par conséquent nécessaire
qu’elle arrive en tout état de cause. L’autre de prescience, à propos de ce qui
n’est pas[4]
soumis au libre arbitre, mais procède de Dieu selon que Dieu connaît en
définitive l’issue de chaque chose. Et de cette manière aussi, la décision
divine n’est pas changée, alors qu’un changement se produit chez l’homme, mais
non chez Dieu. Ainsi, la pénitence est conçue non pas selon un changement de la
disposition divine, mais de la décision divine prise selon les causes
inférieures. [Dieu dit donc par le prophète] : TOUT À COUP JE PARLE
[D’ARRACHER, DE RENVERSER ET D’EXTERMINER] (Jr 18, 7), en
parlant de Dieu par comparaison avec l’homme. En effet, on dit que quelqu’un
parle tout à coup lorsqu’il parle sans préméditation. Or, cela s’applique
lorsqu’il ne considère que le présent, sans considérer l’avenir.
397. À ce propos, il fait donc
deux choses. Premièrement, il présente le caractère révocable du jugement divin
par rapport au mal, en présentant la prononciation du jugement : [JE
PARLE] D’ARRACHER, en enlevant toute faiblesse. Ci-dessus : Je t’ai établi aujourd’hui
sur les nations et sur les royaumes pour arracher et renverser, exterminer et
démolir, bâtir et planter (Jr 18, 10). Et
la révocation du jugement : MAIS SI CETTE NATION SE CONVERTIT DE SA
MÉCHANCETÉ..., ALORS JE ME REPENTIRAI [DU MAL QUE J’AVAIS RÉSOLU DE LUI
INFLIGER] (Jr 18, 8). Os 11, 8 : Mon cœur en moi est retourné,
et mes entrailles aussi sont bouleversées. Et, pour
le bien, en présentant la promulgation du jugement : ET TOUT À COUP, [JE
PARLE DE BÂTIR ET DE PLANTER] (Jr 18, 9‑10).
Jb 22, 23 : Si tu reviens vers le Tout-Puissant, tu seras édifié, et tu éloigneras
l’iniquité de ta demeure. Et la révocation de
celui-ci, s’il agit mal. Ez 18, 24 : Si le juste se détourne de sa justice et commet
l’iniquité sous la forme des abominations que l’impie a coutume de commettre,
est-ce qu’il vivra ? On ne se rappellera pas tout ce qu’il avait fait de
juste ; il mourra dans sa prévarication et dans le péché qu’il a commis.
398. Deuxièmement, il indique la connaissance. En premier lieu, il met de l’avant le châtiment envisagé : MAINTENANT, PARLE DONC À L’HOMME DE JUDA... : «AINSI PARLE LE SEIGNEUR : “VOICI QUE JE PROJETTE, comme le potier, UN MALHEUR !”» (Jr 18, 11), un châtiment. Is 45, 7 : Moi, le Seigneur, je fais la paix et je suscite le malheur ! En second lieu, il conclut par la pénitence : QUE CHACUN SE DÉTOURNE DE SA VOIE MAUVAISE, de ses œuvres [mauvaises] ; REDRESSEZ VOS VOIES, vos œuvres, ET VOS PROJETS, vos pensées : rectifiez-les ! Ez 33, 11 : Détournez-vous de vos voies mauvaises.
399. Ici est présenté le
désespoir de ceux qui méprisent [le commandement du Seigneur]. Premièrement, le
désespoir est présenté : NOUS AVONS PERDU ESPOIR (Jr 18, 12).
Ci-dessus : Tu
as dit : «J’ai perdu espoir ! Je ne le ferai jamais ! J’ai aimé
les [dieux] étrangers et je les suivrai» (Jr 2, 25).
Deuxièmement, la condamnation de ceux qui désespèrent est présentée :
C’EST POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR.
400. Premièrement, il leur
reproche leur faute horrible en regard des nations : INTERROGE LES NATIONS
(Jr 18, 13). Ci-dessus : Passez donc aux îles de Céthim et voyez ; envoyez
enquêter à Cédar et examinez attentivement. Voyez si une chose semblable s’est
produite, si une nation a changé de dieux ! Or, ce ne sont pas même des
dieux ! (Jr 2, 10).
Ez 5, 6 : Elle a méprisé mes jugements, se montrant ainsi plus impie que les
nations, et mes commandements plus que les pays qui l’entourent. Et en comparaison avec les choses insensibles, qui respectent
l’ordre qui leur a été fixé par Dieu : LA NEIGE DU LIBAN FAIT-ELLE DÉFAUT
AU ROCHER DE LA CAMPAGNE ? (Jr 18, 14). Et il faut
remarquer que le Liban est une haute montagne et que son sommet est très
étendu : là se trouvent des champs et des cavernes rocheuses, dans
lesquelles les neiges se conservent perpétuellement parce que les rayons du
soleil n’y parviennent pas. LES EAUX QUI JAILLISSENT PEUVENT-ELLES SE TARIR, au
point de ne pas couler du Liban et des autres montagnes élevées ? Comme
s’il répondait : «Non !» Si 3, 14 : J’ai appris que toutes les
œuvres que Dieu a faites durent pour toujours. Nous ne pouvons rien leur
ajouter, ni rien en enlever. Le Seigneur les a faites pour qu’on le craigne. En comparaison avec la condition des actions [du peuple], car elles
sont inutiles : C’EST EN VAIN QU’ILS FONT DES LIBATIONS (Jr 18, 15),
aux idoles. Rm 6, 21 : Quel fruit avez-vous tiré de ce dont vous rougissez
maintenant ? Car elles sont nuisibles :
ILS TRÉBUCHENT, c’est-à-dire qu’ils heurtent. Is 59, 10 : Nous avons trébuché en
plein midi comme dans les ténèbres, dans l’ombre comme les morts. Car elles sont honteuses : DANS LES SENTIERS DU MONDE,
c’est-à-dire de l’idolâtrie, qu’emprunte le monde entier. Jb 22, 15‑16 :
Souhaites-tu
suivre le sentier du monde qu’ont emprunté les hommes mauvais, qui ont été
enlevés avant leur temps ? Le fleuve renverse les assises de ceux qui
disaient à Dieu : «Éloigne-toi de nous : nous ne voulons pas
connaître tes voies !» Car elles sont
difficiles : POUR EMPRUNTER DES SENTIERS, UNE ROUTE NON TRACÉE, par les
saints pères. Ou bien, parce qu’ils projetaient de vains péchés.
Sg 5, 7 : Nous avons emprunté des voies difficiles ; nous avons ignoré la
voie du Seigneur. Nb 20, 17 : Nous emprunterons une route
bien tracée.
401. Deuxièmement, il menace
d’un effroyable châtiment. En premier, pour ce qui est de la désolation du
pays : POUR FAIRE DE LEUR PAYS UN LIEU DE DÉSOLATION (Jr 18, 16).
Comme ce sera le cas par la suite. Lm 1, 12 : Vous tous qui passez votre
chemin, prêtez attention et voyez s’il est une douleur semblable à ma
douleur ! En deuxième lieu, pour ce qui est de
l’extermination du peuple : COMME LE VENT, qui dessèche tous les fruits,
[JE LES DISPERSERAI] FACE À L’ENNEMI (Jr 18, 17), de Babylone.
Ci-dessus : Un
vent brûlant sur la route du désert arrive sur la fille de mon peuple, non pour
les rafraîchir : ce n’est ni pour vanner ni pour épurer ! (Jr 4, 11).
402. Troisièmement, [il présente] la disparition du secours divin : C’EST MON DOS, à la manière d’un homme en colère, [QUE JE LEUR MONTRERAI]. Dt 32, 20 : Je leur cacherai mon visage, et je verrai ce qui leur arrivera. Ps 74[73], 1 : Pourquoi, Seigneur, as-tu rejeté définitivement, ta fureur a-t-elle été soulevée contre les brebis de ton bercail ?
403. Ici est montré leur
entêtement par le fait qu’ils persécutaient leurs prédicateurs en figure de la
persécution du Christ. Premièrement, la persécution des adversaires est présentée,
en présentant le complot de persécuter : VENEZ ! [MACHINONS UN
ATTENTAT CONTRE JÉRÉMIE] (Jr 18, 18).
Sg 2, 21 : Car ils disaient entre eux, dans leurs faux calculs. Et plus loin : Tendons des pièges au juste, puisqu’il nous gêne et qu’il s’oppose à
notre conduite, etc. (Sg 2, 12). La
justification de la persécution : LA LOI, les dispositions de la loi, NE
PÉRIRA PAS [FAUTE DE PRÊTRE] ; NI LA PAROLE, de la révélation divine,
[FAUTE DE PROPHÈTE], comme s’il prédisait faussement que cela arriverait. En
sens contraire, Ez 7, 26 : La loi périra faute de prêtre, et le conseil faute
d’anciens. Et le mode de la persécution :
DÉNIGRONS-LE ! en le décriant et en l’accusant. NE PRÊTONS ATTENTION [À
AUCUNE DE SES PAROLES], comme s’ils craignaient ses menaces.
Ps 64[63], 4 : Ils ont aiguisé leurs langues comme l’épée, ils ont confirmé leurs
paroles méchantes. Si 28, 17 : Un coup de fouet laisse une
marque, mais un coup de langue brise les os.
404. Deuxièmement, la prière du
prophète est présentée. En premier lieu, il demande d’être écouté :
PRÊTE-MOI ATTENTION, SEIGNEUR ! (Jr 18, 19), c’est-à-dire
prête attention à mes mérites. Lm 3, 51 : Tu as entendu leurs
infamies contre moi, Seigneur, toutes leurs pensées contre moi. En second lieu, il met de l’avant l’ingratitude de leur faute, en
présentant leur ingratitude : REND-ON LE MAL POUR LE BIEN ? (Jr 18, 20),
Comme s’il disait : «Ce n’est pas la coutume, ce n’est pas juste !»
[ILS CREUSENT] UNE FOSSE [À MON INTENTION], un piège pour m’enlever la vie.
Ps 109[108], 5 : Ils m’ont opposé le mal pour le bien, et la haine à mon amour. [Il met aussi de l’avant] la preuve de l’ingratitude : SOUVIENS-TOI
[COMME JE ME SUIS TENU DEVANT TOI]. 2 M 15, 14 : Voici celui qui aimait ses
frères et le peuple d’Israël ; voici celui qui prie beaucoup pour le
peuple et toute la sainte cité, Jérémie, le prophète de Dieu.
405. Troisièmement, il souhaite
le châtiment. En premier lieu, l’infliction du châtiment aux enfants :
ABANDONNE DONC LEURS FILS [À LA FAMINE] (Jr 18, 21),
Ci-dessus : Qui
est pour l’épée, à l’épée ! Qui est pour la famine, à la famine ! Qui
est pour la captivité, à la captivité ! (Jr 15, 2).
À ceux qui font usage du mariage : QUE LEURS FEMMES SOIENT SANS
ENFANTS ! Os 9, 14 : Donne-leur un sein stérile et des mamelles
desséchées ! Aux hommes belliqueux : QUE
LEURS JEUNES SOIENT FRAPPÉS DE L’ÉPÉE, QU’ON ENTENDE DES CRIS ! (Jr 18, 21‑22),
une plainte. Is 15, 5 : Ils pousseront un cri de repentir. En second lieu, le caractère occulte du châtiment, pour qu’ils ne
puissent pas l’éviter : TU FERAS VENIR UN VOLEUR, Nabuchodonosor, qui
viendra subitement contre eux. Ab 1, 5 : Si des voleurs venaient
chez toi ou des pillards de nuit, resterais-tu tranquille ? Et il en donne la raison : CAR ILS ONT CREUSÉ UNE FOSSE, comme
s’il disait : «Il est juste que soient trompés ceux qui ont voulu me
tromper.» Ps 57[56], 7 : Ils ont tendu un filet sous mes pas, et ils ont courbé
mon âme. Et il indique la preuve : MAIS TOI,
SEIGNEUR, TU CONNAIS [TOUT LEUR DESSEIN MEURTRIER CONTRE MOI] (Jr 18, 23).
Lm 3, 59 : Tu as vu, Seigneur, leur iniquité contre moi ; rends-moi
justice. En second lieu, il écarte la révocation de
la sentence, en écartant la miséricorde : NE PARDONNE PAS [LEUR FAUTE], en
les purifiant de leur faute, [QUE LEUR PÉCHÉ] NE SOIT PAS DÉTRUIT [À TES YEUX],
en les libérant de leur faute. Ps 109[108], 14 : Que l’iniquité de ses pères
revienne aux yeux du Seigneur, et que le péché de sa mère ne soit pas détruit. Et il souhaite le châtiment : QU’ILS S’EFFONDRENT [DEVANT TOI,
AU TEMPS DE TA COLÈRE], AGIS CONTRE EUX, c’est-à-dire agis en mal ou
contrairement à ta clémence coutumière. Is 3, 8 : Jérusalem s’effondre et
Juda s’affaisse, car leur langue et leurs projets s’opposent au Seigneur, de
sorte qu’ils provoquent le regard de sa majesté.
406. Il faut remarquer qu’il y a
le bon sifflement de l’inspiration divine. Za 10, 8 : Je les sifflerai et les
rassemblerai, car je les ai rachetés. Celui de
l’humble confirmation. 1 R 19, 12 : Après le feu, le bruit
d’une brise légère. Celui de la compassion. Plus
loin : Tous
ceux qui passeront près d’elle, stupéfaits, siffleront devant toutes mes blessures
(Jr 49, 17). Il y a aussi le mauvais
sifflement de la persuasion injuste. Sg 17, 9‑10 : Effarouchés par les
sifflements des serpents, ils mouraient de peur. Celui
de l’insulte. Lm 2, 15 : Tous ceux qui passaient sur le chemin sifflaient et
hochaient la tête sur la fille de Jérusalem : «Est-ce là la fille qui se
disait toute belle, la joie de toute la terre ?» Et celui de la stupeur. Plus loin : J’en ferai un objet de stupeur, un sifflement dans les
déserts éternels (Jr 25, 9).
407. De même, sur ce passage : QUE JE DISE DU BIEN D’EUX (Jr 18, 20), remarque que le Christ dit du bien de nous pour demander notre pardon. Lc 23, 34 : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. Pour que notre faute soit excusée. 1 Jn 2, 1 : Nous avons un défenseur auprès du Père, Jésus le Christ, le juste ; et il est lui-même propitiation pour nos péchés. He 12, 24 : Vous vous êtes approchés du médiateur de la nouvelle alliance, Jésus, et d’un sang purificateur plus éloquent que celui d’Abel. Pour obtenir la gloire. Jn 17, 24 : Je veux que là où je suis, ceux-là aussi soient avec moi, afin qu’ils voient la gloire que tu m’as donnée.
408. Ici, il menace de
l’accomplissement du châtiment. Premièrement, il indique le lieu de la
prédication : EN DIRECTION DE LA VALLÉE DES FILS D’ANNON, QUI EST À
L’ENTRÉE DE LA PORTE DE LA POTERIE (Jr 19, 2), où habitaient
les potiers. ET TU PROCLAMERAS LES PAROLES QUE JE TE DIRAI.
Ez 3, 17 : Tu entendras de ma bouche une parole, et tu la leur proclameras de
ma part.
409. Deuxièmement, il présente
la parole de la prédication : en premier lieu, à l’endroit déterminé à
l’avance par Dieu ; en second lieu, au Temple, en cet endroit :
JÉRÉMIE REVINT DE TOPHÈT (Jr 19, 14).
410. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il prédit [le châtiment] par la
parole ; deuxièmement, il le précise à l’avance par un geste, en cet
endroit : TU BRISERAS CETTE CRUCHE [SOUS LES YEUX DES GENS QUI T’AURONT ACCOMPAGNÉ]
(Jr 19, 10).
411. À propos du premier point,
il menace d’un châtiment d’une manière générale, en demandant d’être
écouté : TU DIRAS : «ÉCOUTEZ !» (Jr 19, 3).
Ps 2, 10 : Et maintenant, rois, comprenez ; corrigez-vous, juges de la
terre ! En prédisant le châtiment : AINSI
PARLE LE SEIGNEUR..., [LES OREILLES] EN TINTERONT [À QUICONQUE L’APPRENDRA],
comme par un bouleversement du cœur effrayé par la secousse d’un grand bruit.
1 Sm 3, 11 : Et voici que j’adresserai une parole à Israël ; quiconque
l’entendra, les deux oreilles lui en tinteront. 2 R 21, 12 :
Voici que j’amène
des malheurs sur Jérusalem et sur Juda : quiconque les entendra, les deux
oreilles lui en tinteront. Et en précisant la
cause, la faute du peuple : CAR ILS M’ONT ABANDONNÉ (Jr 19, 4).
Is 1, 4 : Ils ont abandonné le Seigneur, ils ont blasphémé contre le Saint
d’Israël, ils sont redevenus des étrangers. Et la
faute du roi, pour ce qui est du simple homicide : ET LES ROIS DE JUDA
[ONT REMPLI CE LIEU DU SANG DES INNOCENTS]. 2 R 21, 16 : Manassé a par trop versé le
sang innocent, à en remplir Jérusalem jusqu’à la bouche ! Et pour ce qui est de l’homicide joint au sacrilège. CAR ILS ONT CONSTRUIT
DES HAUTS LIEUX DE BAAL (Jr 19, 5).
Ps 106[105], 38 : Ils ont versé un sang innocent, le sang de leurs fils et de leurs
filles, qu’ils ont sacrifiés aux idoles de Canaan.
412. Deuxièmement, il présente le châtiment d’une manière particulière. En premier lieu, pour ce qui est des maux qu’ils ont supportés lors de la prise de la ville, en présentant l’extermination des hommes : À CAUSE DE CELA, VOICI VENIR DES JOURS (Jr 19, 6), où il indique le grand nombre des tués, OÙ L’ON N’APPELLERA PLUS CE LIEU TOPHÈT. Ci-dessus (Jr 7, 32.), la même chose. [En présentant] la disparition de leur bon sens : JE FERAI DISPARAÎTRE LE BON SENS DE JUDA (Jr 19, 7), qui avait pensé combattre Nabuchodonosor, À CAUSE DE CE LIEU, car c’est là qu’ils ont été tués. Jb 5, 13 : Il prend les sages au piège de leur habileté, rend stupides les conseillers dévoyés. Et le genre d’extermination : JE LES RENVERSERAI PAR L’ÉPÉE. Ez 21, 14‑15 : Voici l’épée du grand massacre, qui les a frappés de stupeur et a fait trembler leur cœur, et qui accumule les ruines. Et en présentant l’abandon des cadavres : ET JE DONNERAI LEURS CADAVRES EN PÂTURE AUX OISEAUX DU CIEL. Ps 79[78], 2 : Ils ont donné les cadavres de tes serviteurs en pâture aux oiseaux du ciel, la chair de tes saints aux bêtes de la terre. Et en présentant la destruction des villes : JE FERAI DE CETTE VILLE UN OBJET DE STUPEUR (Jr 19, 8). Ci-dessus, Jr 18, 16, la même chose. En second lieu, [il présente] les souffrances qu’ils ont endurées lors du siège : JE LEUR FERAI MANGER LA CHAIR DES FILS ET DES FILLES QUE LE SEIGNEUR T’A DONNÉS, DANS L’ANGOISSE ET LA DÉTRESSE OÙ LES RÉDUIRONT LEURS ENNEMIS (Jr 19, 9). Lm 4, 10 : Les mains des tendres femmes ont fait cuire leurs fils : ils sont devenus leur nourriture dans l’effondrement de la fille de mon peuple.
413. Ici, il indique le
châtiment mentionné par un geste. Premièrement, il présente le geste : TU
BRISERAS CETTE CRUCHE (Jr 19, 10). Is 10, 33 : Voici que le Seigneur des
armées brisera la cruche dans la terreur, que les gens de haute stature seront
égorgés et ceux de haute condition seront humiliés.
414. Deuxièmement, [il présente] la signification du geste : ET TU LEUR DIRAS (Jr 19, 11). En premier lieu, pour ce qui est de l’extermination du peuple : JE VAIS BRISER [CE PEUPLE]. Is 30, 14 : Il va le réduire en miettes comme on brise une jarre de potier, mise en pièces sans piété. En deuxième lieu, pour ce qui est du lieu de sépulture : ET ILS SERONT ENSEVELIS À TOPHÈT [FAUTE DE PLACE POUR ENTERRER], en raison du grand nombre de tués. Même chose ci-dessus, Jr 7, 32. En troisième lieu, pour ce qui est de la destruction de la ville : AINSI FERAI-JE [POUR CE LIEU ET POUR SES HABITANTS] (Jr 19, 12), comme c’est le cas de Tophèt l’impure, mais sans les maisons. SUR LES TERRASSES DESQUELLES (Jr 19, 13), c’est-à-dire sur le toit des maisons, qui étaient plats et où l’on rendait un culte aux idoles. Is 22, 2 : Tu es monté, toi aussi, sur les terrasses dans un grand cri, ville bruyante, cité joyeuse !
415. Après avoir dit au peuple ce qui précède dans la vallée de Tophèt, il revient au Temple, afin d’annoncer ces choses au peuple qui n’a pas voulu le suivre (Jr 19, 14‑15). Et cela est clair. Ac 7, 51 : Nuques raides, cœurs et oreilles endurcis, vous avez toujours résisté à l’Esprit saint ; comme vos pères ont agi, ainsi en est-il de vous.
416. Une fois terminée la menace
contre le peuple, débute la menace contre les dirigeants. Premièrement, la
menace du prophète contre les dirigeants est présentée ; deuxièmement, la
conspiration des dirigeants contre le prophète, plus loin,
Jr 26, 1 : AU DÉBUT DU RÈGNE DE JOIAQIM, FILS DE JOSIAS, ROI DE
JUDA.
417. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il profère des menaces contre les dirigeants
du peuple juif ; deuxièmement, contre eux et d’autres, plus loin,
Jr 23, 1 : MALHEUR AUX PASTEURS QUI PERDENT ET DISPERSENT LE TROUPEAU.
418. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il profère des menaces contre le plus élevé
en dignité spirituelle, c’est-à-dire contre le grand prêtre. Deuxièmement,
contre le roi, plus loin, Jr 21, 1 : PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À
JÉRÉMIE DE LA PART DU SEIGNEUR.
419. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, la menace contre le grand prêtre est
présentée ; deuxièmement, en raison des dangers qui en découlaient pour le
prophète, sa plainte est présentée : TU M’AS SÉDUIT, SEIGNEUR
(Jr 20, 7).
420. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, l’occasion de la menace est présentée du
fait de la persécution du prophète, là où est présentée la raison de la
persécution : [LE PRÊTRE PASHEHUR ENTENDIT JÉRÉMIE] QUI PROFÉRAIT CES
PAROLES (Jr 20, 1), contre la ville : en effet, c’était
la fonction du grand prêtre de corri-ger ceux qui prophétisaient faussement.
Plus loin : Le
Seigneur t’a établi comme prêtre à la place du prêtre Joiadas, afin que tu
exerces la surveillance dans le Temple du Seigneur sur tout exalté qui joue au
prophète, que tu les mettes au carcan et en prison, etc. (Jr 29, 26). La persécution du prophète : [PASHEHUR]
FRAPPA [LE PROPHÈTE JÉRÉMIE], PUIS LE MIT AU CARCAN (Jr 20, 2),
en prison, un genre d’instrument servant à contraindre les prisonniers. [À LA
PORTE] DE BENJAMIN, qui menait à la tribu de Benjamin : en effet, la ville
était située aux confins des deux tribus. [À LA PORTE] HAUTE, parce qu’il y
avait peut-être plusieurs portes qui menaient vers cette région. QUI DONNE DANS
LE TEMPLE DU SEIGNEUR : pour cette raison, c’est à cette porte qu’on
jugeait les prophètes et les ministres du Temple, et qu’on les enfermait en
prison. Lm 3, 7 : Il m’a emmuré, et je ne puis sortir ; il a rendu lourdes mes
chaînes. Et la libération du prophète : LE
LENDEMAIN, PASHEHUR FIT TIRER JÉRÉMIE DU CARCAN (Jr 20, 3).
Ac 4, 5 : Le lendemain, leurs dirigeants, leurs anciens et leurs scribes se
réunirent à Jérusalem. Ps 68[67], 7 :
Lui qui mena les
captifs avec force.
421. Deuxièmement, une menace est présentée. Premièrement, le châtiment est indiqué par un changement de nom : ET [JÉRÉMIE] LEUR DIT : [«CE N’EST PLUS PASHEHUR QUE LE SEIGNEUR T’APPELLE !» : il parle à la manière d’un homme apeuré, qui regarde partout. Pr 10, 29 : [La voie du Seigneur] est la frayeur des méchants. Deuxièmement, la menace du châtiment est présentée : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 20, 4). En premier lieu, pour ce qui est de leurs propres amis : [JE VAIS TE LIVRER À LA TERREUR], TOI ET TOUS TES AMIS. Ps 78[77], 64 : Leurs prêtres sont tombés sous l’épée. En deuxième lieu, pour ce qui est de ceux qui seront assujettis, en présentant la captivité des hommes : [DE MÊME, JE LIVRERAI] JUDA TOUT ENTIER. Lm 1, 3 : Juda est exilée, plongée dans l’affliction et dans une dure servitude ; elle a demeuré chez les nations sans trouver de répit. Et aussi pour ce qui est du pillage de leurs biens : JE LIVRERAI TOUTES LES RICHESSES DE CETTE VILLE (Jr 20, 5). Is 39, 6 : Tout ce qui est dans ta maison sera emporté à Babylone, et ce que tes pères avaient accumulé jusqu’à ce jour. Il ne restera rien, dit le Seigneur. En troisième lieu, pour ce qui est des hôtes de leur maison : ET TOI, PASHEHUR, AINSI QUE TOUS LES HÔTES DE TA MAISON, VOUS PARTIREZ EN CAPTIVITÉ..., [LÀ TU SERAS ENTERRÉ, TOI] ET TOUS TES AMIS À QUI TU AS PROPHÉTISÉ LE MENSONGE (Jr 20, 6). En promettant un rétablissement. Is 22, 18 : Il te roulera comme une boule, une balle vers un pays vaste et étendu. C’est là que tu mourras, etc. Am 7, 17 : Tes fils et tes filles tomberont sous l’épée, ta terre sera partagée au cordeau, et toi, tu mourras sur une terre impure, et Israël sera déporté loin de sa terre.
422. Ici est présentée la
plainte du prophète : premièrement, il se plaint de la fonction qui lui a
été confiée ; deuxièmement, du lieu de sa naissance.
423. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il se plaint de la fonction qui lui a été
confiée parce qu’à cause d’elle on a ri de lui ; deuxièmement, en raison
de la persécution, en cet endroit : J’ENTENDAIS LES CALOMNIES DE BEAUCOUP
(Jr 20, 10).
424. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, comme pour se plaindre, il relève le mode
de l’ordre : TU M’AS SÉDUIT (Jr 20, 7), c’est-à-dire que
tes paroles ont été pour moi l’occasion d’être trompé : en effet, je
croyais être prophète contre les nations, et non contre les Juifs dont j’endure
la persécution. Mais il ne veut pas imputer à Dieu une faute de duperie, car il
blasphémerait. TU T’ES IMPOSÉ À MOI, en m’imposant une fonction qui me
répugnait, comme [on le lit] au chapitre premier. Et cela, principalement parce
qu’il n’a pas vu le fruit de sa prédication. Is 49, 4 : J’ai travaillé pour
rien ; j’ai consumé ma force sans raison et en vain.
425. Deuxièmement, il présente
le fait de sa prédication, en présentant la risée : JE SUIS DEVENU LA
RISÉE..., LA FABLE DE TOUT LE MONDE, qui fronçait le nez et lançait la
dérision. Lm 3, 14 : Je suis devenu la risée de tout mon peuple, leur chanson tout le
jour. Et il en donne la raison, en présentant le
message de sa prédication, par lequel il leur reprochait ouvertement leurs
fautes et les menaçait de châtiments : CAR CHAQUE FOIS QUE JE PARLE, C’EST
POUR CRIER : «INIQUITÉ ET DÉVASTATION !» (Jr 20, 8),
qui n’est pourtant pas encore venue. Is 16, 7 : À ceux qui se réjouissent
sur le mur dont la paroi est cuite, vous annoncez qu’ils seront blessés. Et l’opprobre qui en découle : ET LA PAROLE DU SEIGNEUR EST
DEVENUE POUR MOI OPPROBRE, c’est-à-dire cause d’opprobre. Ac 26, 24: Festus dit à Paul :
«Ton grand savoir t’a conduit à la folie !»
426. Troisièmement, il
démissionne de la fonction imposée : ET J’AI DIT (Jr 20, 9).
En premier lieu, il rejette la fonction : «JE NE ME SOUVIENDRAI PLUS»,
c’est-à-dire que je ne penserai plus à parler au peuple. En effet, il ne
voulait pas jeter des perles aux pourceaux. Mt 7, 6 : Ne donnez pas aux chiens ce
qui est sacré. En deuxième lieu, il reprend la
fonction rejetée : MAIS C’ÉTAIT COMME UN FEU DÉVORANT [DANS MON
CŒUR] : en effet, plus quelqu’un s’abstient de parler extérieurement, plus
il éprouve à l’intérieur la ferveur de l’amour. Ps 39[38], 4 : Mon cœur brûlait en
moi ; à force d’y songer, le feu flambait. [UN
FEU DÉVORANT] DANS MES OS, au plus intime de mon esprit. JE M’ÉCARTAIS, de mon
intention, CAR JE NE POUVAIS LE SUPPORTER, l’incendie intérieur.
427. J’ENTENDAIS LES CALOMNIES D’UN GRAND NOMBRE (Jr 20, 10). Ici, il se plaint de la fonction acceptée, parce qu’il a enduré des persécutions. Premièrement, la persécution par les adversaires est présentée. En premier lieu, il présente le grand nombre des persécuteurs : [LES CALOMNIES] D’UN GRAND NOMBRE, auxquelles il ne peut résister. «PERSÉCUTONS-LE !», par quoi est indiquée leur conjuration. Il présente aussi ses proches : TOUS CEUX QUI ÉTAIENT EN PAIX AVEC MOI, par quoi est signalé le danger imminent. Ab 7 : Tous tes alliés ont ri de toi, ils se sont joués de toi, ceux qui étaient en paix avec toi. Deuxièmement, le réconfort du prophète est présenté, en présentant le secours divin : MAIS LE SEIGNEUR EST AVEC MOI (Jr 20, 11), pour me défendre. Is 50, 7 : Le Seigneur Dieu est mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas abattu. Et aussi sa fonction : [MES ADVERSAIRES] TRÉBUCHERONT, parce qu’ils [me] persécutent. Is 40, 30 : Les enfants se fatigueront et s’épuiseront, les jeunes tomberont de faiblesse. ILS SERONT CONFONDUS, parce qu’ils ont dit des choses honteuses, CAR ILS N’ONT PAS COMPRIS, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas voulu comprendre, L’OPPROBRE, de leur damnation éternelle ou de leur captivité à venir. Ps 40[39], 15 : Honte et déshonneur sur tous ceux qui cherchent mon âme pour me l’enlever ! Troisièmement, la demande est présentée, par laquelle il capte la bienveillance en faisant l’éloge de la justice [du Seigneur] : [SEIGNEUR DES ARMÉES], TOI QUI SCRUTES (Jr 20, 12), c’est-à-dire qui approuve ou qui examine et pèse (il s’agit de sa science) ; QUI VOIS LES REINS, pour ce qui est des sentiments, ET LES CŒURS, pour ce qui est des pensées. Ci-dessus, Jr 17, 10 : Moi, le Seigneur, je scrute le cœur, je sonde les reins, pour rendre à chacun selon sa conduite, etc. Il demande vengeance : JE VERRAI LA VENGEANCE QUE TU TIRERAS D’EUX ; et il en indique la cause : CAR C’EST À TOI QUE J’AI RÉVÉLÉ [MA CAUSE], non pas comme à quelqu’un qui l’ignore, mais en te remettant toute ma cause. Ci-dessus, Jr 11, 20 : Car je t’ai révélé ma cause. Quatrièmement, une action de grâce est présentée : CHANTEZ AU SEIGNEUR (Jr 20, 13). Ps 72[71], 12 : Car il a délivré le pauvre du puissant, le pauvre qui n’avait aucun soutien.
428. Il se plaint ici à propos
du lieu de sa naissance. Mais s’oppose à cela ce qui est dit ici. En effet,
c’est le propre des saints de se glorifier dans les tribulations, comme il est
dit en Rm 5. Il semble donc que Jérémie n’aurait pas dû se lancer dans des
malédictions en raison de ses tribulations. De plus, le jour est une créature
de Dieu. Or, maudire une créature de Dieu est un péché. Donc, etc. De plus, le
jour est quelque chose de passager, et lui appliquer le châtiment de la
malédiction est insensé. Donc, etc. De plus, personne ne doit maudire un
innocent. Or, cet homme, du fait même qu’il n’a pas tué Jérémie, est innocent.
[Jérémie] a donc péché en le maudissant.
429. À propos du premier point,
il faut dire que les tribulations, considérées en elles-mêmes, sont mauvaises
pour autant qu’elles s’opposent à une nature bonne, comme le dit
Augustin ; et ainsi, les avoir en horreur par une haine naturelle n’est
pas péché. Toutefois, si, à cause d’elle, la raison est détournée de sa
rectitude, cela serait péché. Mais considérées selon qu’elles conduisent au
bien, ainsi s’en glorifient les saints, comme le malade [se réjouit] de
l’amputation par laquelle il est guéri.
430. À propos du deuxième point
et du troisième, [il faut dire] qu’il ne maudit pas le jour considéré selon sa
propre nature, car cela serait un péché et stupide, mais selon qu’il est mauvais,
parce que quelque chose de mauvais survient au cours de ce jour ; de même
que, en sens contraire, c’est un jour de fête lorsque quelque chose de bien
survient au cours de ce jour. Et c’est cela que veut dire cette malédiction.
Toutefois, Grégoire, en considérant la nature du jour même, dit que cela ne
peut s’entendre au sens littéral. Et de même faut-il dire, à propos du dernier
point, qu’il ne maudit ces hommes que dans la mesure où ils ont un rapport avec
son acte. Ainsi, il donne à entendre son horreur en parlant de manière hyperbolique,
et le dégoût de sa vie en raison de ses tracas.
431. À ce propos, il fait donc
deux choses. En premier lieu, il présente sa malédiction contre le moment de sa
naissance : MAUDIT SOIT LE JOUR [OÙ JE SUIS NÉ] (Jr 20, 14).
Jb 3, 3 : Périsse le jour où l’on a dit : «Un homme a été conçu !» Contre l’annonce de sa naissance : MAUDIT SOIT L’HOMME QUI
ANNONÇA À MON PÈRE CETTE NOUVELLE : «UN GARÇON T’EST NÉ !», ET LE
COMBLA DE JOIE ! (Jr 20, 15). Gn 21, 6 : Le Seigneur m’a réjouie, et
quiconque en entendra parler rira avec moi.
432. Et il explicite le mode de la malédiction : QUE CET HOMME SOIT
SEMBLABLE AUX CITÉS QUE LE SEIGNEUR A RENVERSÉES ! (Jr 20, 16).
Is 25, 2 : Tu as fait de la ville un tas de pierres, la cité fortifiée est une
ruine. [Il présente aussi sa malédiction] contre
celui qui lui a donné la vie, c’est-à-dire qui lui a conservé la vie :
QU’IL ENTENDE LE CRI, à savoir celui de la mort, PARCE QUE MA MÈRE N’A PAS ÉTÉ
MON TOMBEAU (Jr 20, 17), de sorte que je ne sois compté parmi
les hommes, ET QUE SES ENTRAILLES NE M’ONT PAS PORTÉ À JAMAIS, alors que je ne
serais jamais parvenu à la naissance normale. Jb 3, 11 : Pourquoi ne suis-je pas
mort dans le sein, pourquoi ne suis-je pas mort à peine sorti du sein ?
433. En deuxième lieu, la raison
de la malédiction est présentée : POURQUOI DONC SUIS-JE SORTI DU
SEIN ? (Jr 20, 18). Ci-dessus, Jr 15, 10 :
Malheur à moi, ma
mère, parce que tu m’as enfanté, homme de querelle et de discorde pour tout le
pays ! 1 M 2, 7 : Malheur à moi !
Suis-je né pour voir la ruine de mon peuple et la ruine de la ville sainte, et
rester là assis tandis que la ville est livrée au pillage de ses ennemis ?
434. Remarque à propos de ce passage : TU M’AS SÉDUIT, SEIGNEUR, ET JE ME SUIS LAISSÉ SÉDUIRE ; TU AS ÉTÉ PLUS FORT QUE MOI ET TU L’AS EMPORTÉ (Jr 20, 7), que le Seigneur séduit en attirant par la persuasion. 2 Co 12, 16 : En fourbe que je suis, je vous ai pris par la ruse. En engageant par des consolations. Ap 10, 10 : Quand je l’eus mangé, il remplit mes entrailles d’amertume. En réconfortant par des promesses. Ci-dessus, Jr 4, 10 : N’as-tu pas trompé ce peuple et Jérusalem, en disant : «Vous aurez la paix !», alors que l’épée nous a atteints jusqu’à l’âme ? Le Seigneur s’affirme en corri-geant. Is 8, 11 : Il m’a appris par la force de sa main à ne pas suivre le chemin de ce peuple. En écartant des dangers. Os 2, 8 : Je vais obstruer son chemin avec des ronces, je l’entourerai d’un mur. En attachant par l’amour. Os 11, 4 : Je les mènerai avec des attaches humaines, avec des liens d’amour.
435. Ici est présentée la menace
contre les rois, qui occupent le rang le plus élevé du pouvoir séculier :
premièrement, selon que les rois sont punis par le châtiment du peuple ;
deuxièmement, selon qu’ils sont punis dans leur propre personne,
Jr 22, 1 : AINSI PARLE LE SEIGNEUR : «DESCENDS AU PALAIS DU
ROI DE JUDA.»
436. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente l’interrogation ou la demande du
roi : INTERROGE [DONC LE SEIGNEUR] (Jr 21, 2), comme s’il
disait : «Cherche la réponse de Dieu.» ET PRIE POUR NOUS. Ici, Pashehur (Jr 21, 1)
n’est pas le même que ci-dessus, car il est né d’un autre père.
Is 37, 3 : Ce jour est un jour d’angoisse, de châtiment et de blasphème :
les enfants sont à terme et la force manque pour les enfanter. Et plus loin : Adresse donc une prière en faveur du reste qui subsiste encore (Is 37, 4).
437. Deuxièmement, la réponse du prophète est présentée : JÉRÉMIE LEUR DIT (Jr 21, 3). En premier lieu, il les menace d’un châtiment pour ce qui est du temps qui a précédé la capture de la ville, contrairement aux trois choses dans lesquelles ils mettaient leur confiance : l’approvisionnement en armes : JE VAIS FAIRE REVENIR [LES ARMES DE GUERRE QUE VOUS DÉTENEZ] (Jr 21, 4), comme s’il disait : «Les armes que vous avez prises contre vos ennemis se retourneront contre vous, car vous vous combattrez les uns les autres.» Ps 7, 17 : Sa peine reviendra sur sa tête, son iniquité lui retombera sur le crâne. Ou bien : ELLES SE RETOURNERONT, comme si elles étaient sans fruit.
438. Ils mettaient aussi leur confiance dans la solidité des murailles ; à l’encontre de cela, il dit : [AVEC LESQUELLES VOUS COMBATTEZ] LES CHALDÉENS, QUI FONT LE SIÈGE TOUT AUTOUR DES MURAILLES, comme s’il disait : «Sans que les murailles constituent un obstacle.» Lm 4, 12 : Les rois de la terre et tous les habitants du monde ne croyaient pas que l’ennemi et l’adversaire franchiraient les portes de Jérusalem. Ils mettaient aussi leur confiance dans la protection divine, à propos de quoi il dit : ET JE COMBATTRAI CONTRE VOUS À MAIN ÉTENDUE (Jr 21, 5), c’est-à-dire par ma puissance prête à la vengeance, ET [À BRAS] PUISSANT, auquel on ne peut résister ; AVEC COLÈRE, contre les plus mauvais, INDIGNATION, contre ceux qui pèchent moins, ET GRANDE INDIGNATION, contre les médiocres.
439. Il aborde ici le mode de
l’assaut. Ez 20, 34 : À main forte et à bras étendu, en déversant ma fureur, je régnerai
sur vous ; je vous mènerai au désert des peuples, et là, je vous jugerai
face à face. Et pour ce qui est du moment après la
capture de la ville : ET APRÈS CELA, en menaçant d’un châtiment, JE
LIVRERAI SÉDÉCIAS (Jr 21, 7). Lm 1, 14 : Le Seigneur m’a livré à
leur merci, et je ne pourrai fuir. Et il écarte la
miséricorde : ET IL NE SE LAISSERA PAS FLÉCHIR, par des prières ou des
présents, ET NE LES ÉPARGNERA PAS, en raison d’une amitié ancienne, IL N’AURA
PAS NON PLUS PITIÉ, en raison de la compassion pour leur misère.
Pr 6, 34 : La jalousie et la colère seront sans pitié au jour de la vengeance,
il n’acceptera les prières de quiconque ni de nombreux présents en
compensation. Et cela, parce qu’on n’a pas respecté
l’entente. Ez 17, 15 : Est-ce que celui qui a rompu l’entente s’en
tirera ?
440. Deuxièmement, il leur
propose le chemin du salut pour ce qui est du peuple : ET TU DIRAS À CE
PEUPLE (Jr 21, 8). En premier lieu, il leur donne la liberté
de choisir : JE PLACE DEVANT VOUS LE CHEMIN DE LA VIE ET LE CHEMIN DE LA
MORT. Si 15, 17 : Devant l’homme sont la vie et la mort, le bien et le mal : il
lui sera donné ce qui lui plaira. Il présente la
séparation : QUI RESTERA DANS CETTE VILLE MOURRA..., QUI EN SORTIRA...
VIVRA (Jr 21, 9). Jr 51, 45 : Sors de chez lui, mon
peuple ! Que chacun de vous sauve sa vie devant l’ardente colère du
Seigneur ! Et il en donne la raison : CAR
JE VAIS TOURNER MON VISAGE CONTRE CETTE VILLE (Jr 21, 10).
Ci-dessus, Jr 1, 13 : Je vois une marmite qui bouillonne. Et
contre le roi : ET CONTRE LA MAISON DU ROI DE JUDA (Jr 21, 11),
à savoir que tu leur diras, en présentant un conseil : RENDEZ LA JUSTICE
LE MATIN (Jr 21, 12). Ps 82[81], 4 : Libérez le faible et le
pauvre de la main du pécheur. Et il présente le
danger imminent : SINON MA FUREUR VA JAILLIR COMME UN FEU.
Dt 32, 22 : Un feu a enflammé ma colère, il brûlera jusqu’aux profondeurs de
l’enfer.
441. Troisièmement, il écarte une fausse confiance, en présentant la cause de la confiance : CAR C’EST À TOI QUE J’EN AI (Jr 21, 13), c’est-à-dire à la ville fortifiée de Jérusalem, QUI OCCUPE UNE VALLÉE RETRANCHÉE. En effet, Jérusalem était située sur un versant qui fait face à la vallée de l’Arnon ; elle était donc en partie située dans une vallée. Ou alors, on en parle avec dédain, comme Is 22, 1 : Le fardeau de la vallée de la vision, etc. Elle tirait aussi de la montagne sa solidité, sa force et son assurance, et elle tirait sa fertilité des vallées fertiles. Et aussi son orgueil : TOI QUI DIS : «QUI NOUS ATTEINDRA ?» Ab 1, 3 : Toi qui dis dans ton cœur : «Qui me jettera à terre ?» Et il menace d’un châtiment : JE VOUS VISITERAI, ET JE METTRAI LE FEU À LA MONTAGNE (Jr 21, 14), à un peuple stérile. Jl 1, 19 : Le feu a dévoré la beauté du désert, et une flamme consume tous les arbres de la région.
442. Ici est présentée la menace
contre les rois, selon qu’ils sont punis dans leur propre personne, et, à ce
propos, il fait trois choses. Premièrement, il présente en effet l’ordre
d’annoncer et il précise le lieu de la prédication : DESCENDS [AU PALAIS
DU ROI DE JUDA] (Jr 22, 1), car le Temple, où le prophète se
tenait pour prier, était situé dans un endroit plus élevé.
Ac 10, 20 : Descends et pars avec eux sans hésiter, car c’est moi qui les ai envoyés.
443. Deuxièmement, il donne un
conseil en vue du salut, en demandant d’être écouté : ÉCOUTEZ LA PAROLE DU
SEIGNEUR (Jr 22, 2). Ps 2, 10 : Et maintenant, rois, écoutez ;
apprenez, vous qui jugez la terre. En proposant le
conseil de faire le bien en observant la justice : AINSI PARLE LE
SEIGNEUR : «[PRATIQUEZ LE DROIT ET LA JUSTICE]» (Jr 22, 3),
l’accomplissement de la justice, ce qui est appartient en propre au roi et au
juge. Sg 1, 1 : Aimez la justice, vous qui jugez la terre. Et en empêchant la calomnie : ET LIBÉREZ CELUI QUI EST SOUMIS
DE FORCE À L’OPPRESSION. Ps 82[81], 4 : Tirez le pauvre et libérez
le malheureux de la main du pécheur. Avant d’éviter
le mal en enlevant injustement des choses : NE MALTRAITEZ PAS L’ÉTRANGER,
LA VEUVE ET L’ORPHELIN. Ex 22, 21 : Tu ne maltraiteras pas l’étranger ni ne l’affligeras. Et pour ce qui est du meurtre des innocents : ET TU NE
VERSERAS PAS LE SANG INNOCENT. Ex 23, 7 : Tu ne tueras pas l’innocent
et le juste, car je m’opposerai à l’impie. Et il présente
le résultat du conseil en proposant la récompense de ceux qui
l’observent : CAR SI VOUS OBSERVEZ CETTE PAROLE, DES ROIS ISSUS DE DAVID
SIÉGERONT AUX PORTES DE CETTE MAISON (Jr 22, 4). [On trouve]
la même chose ci-dessus, Jr 17. Et le châtiment de ceux qui le
méprisent : MAIS SI VOUS N’ÉCOUTEZ PAS CES PAROLES, JE JURE PAR MOI-MÊME (Jr 22, 5),
parce qu’il n’y a pas de plus grand que moi. He 6, 13 : En effet, lorsqu’il fit la
promesse à Abraham, Dieu, ne pouvant jurer par un plus grand, jura par
lui-même. [CE PALAIS DEVIENDRA] UNE RUINE.
Is 1, 7 : Ce sera la désolation comme une dévastation par les étrangers. CE PALAIS, royal, ou bien le Temple.
444. Troisièmement, il annonce à
l’avance un danger imminent. En premier lieu, pour la ville royale, en abordant
sa gloire : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR AU SUJET DU PALAIS [DU ROI DE
JUDA] (Jr 22, 6), c’est-à-dire Jérusalem : «TU ES POUR
MOI LE SOMMET», c’est-à-dire, tu as été pour moi le sommet de tout le royaume,
comme Galaad est le sommet de la plaine qui se trouve sur les hauteurs du
Liban, où Laban trouva Jacob, Gn 31. Ps 87[86], 2 : Le Seigneur aime les portes
de Sion par-dessus toutes les demeures de Juda. Il
annonce à l’avance le châtiment à venir, en présentant le châtiment infligé
pour ce qui est de la désolation des villes : SI JE NE M’ARRÊTE,
c’est-à-dire si on ne me croit pas, [JE RÉDUIRAI] LES VILLES, qui te sont
soumises, [EN DÉSERT]. Jl 2, 3 : La terre est comme un jardin de délices devant lui,
derrière lui c’est la solitude du désert. Et pour
ce qui est de l’extermination des hommes, en présentant celui qui les
exterminera : JE VOUERAI [CONTRE TOI DES DESTRUCTEURS] (Jr 22, 7),
comme s’il disait : «Je leur confierai l’accomplissement de mon ordre.»
[On trouve] quelque chose de semblable en Is 13, 3 : J’ai donné mes ordres à mes
saints, j’ai appelé mes héros dans ma colère, etc. Et
pour ce qui est de l’extermination : ET ILS METTRONT LE FEU [AUX PLUS
BEAUX] DE TES CÈDRES, c’est-à-dire aux plus grands parmi le peuple, si l’on
veut préserver la métaphore. Za 11, 1 : Liban, ouvre tes portes, et
que le feu dévore tes cèdres ! Gémis, genévrier, car le cèdre est tombé,
car les majestueux sont ravagés. En présentant
aussi la stupéfaction devant le châtiment infligé : ET QUAND DES NATIONS
[NOMBREUSES] PASSERONT (Jr 22, 8), là où il présente la
question de ceux qui sont stupéfaits : «POURQUOI LE SEIGNEUR A-T-IL TRAITÉ
DE LA SORTE CETTE VILLE ?» Et [il présente] la réponse des
auditeurs : ET ON RÉPONDRA (Jr 22, 9).
Dt 29, 23‑24 : Et toutes les nations diront : «Pourquoi le Seigneur a-t-il
traité de la sorte ce pays ? Pourquoi l’ardeur de cette grande
colère ?» Et l’on répondra : «Parce qu’ils ont abandonné l’alliance
que le Seigneur avait conclue avec leurs pères, etc.»
445. Deuxièmement, il présente
une menace contre la lignée royale. En premier lieu, contre Joiaqim, fils de
Josias, en cet endroit : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR
(Jr 22, 16). En second lieu, contre Joathan, fils de Joiaqim, en cet
endroit : JE VIS, DIT LE SEIGNEUR (Jr 22, 24). Et l’on parle
d’eux dans 2 R 23.
446. À propos du premier point, il fait deux choses. Premièrement, la menace est présentée, où il interdit de pleurer Josias tué : NE PLEUREZ PAS CELUI QUI EST MORT (Jr 22, 10), c’est-à-dire Josias. Si 22, 11 : Pleure un peu le mort, car il a trouvé le repos. Et il incite à pleurer Joathan devenu prisonnier du Pharaon : PLEUREZ PLUTÔT [CELUI QUI EST PARTI. Jb 20, 9 : L’œil qui l’avait vu ne l’aperçoit plus, ni sa demeure ne le verra. On parle de pleurer lorsque des larmes sont versées. Le deuil ajoute une certaine solennité, mais les lamentations ajoutent encore un questionnement sous forme de paroles. Deuxièmement, la confirmation de la menace par le jugement divin est présentée : CAR AINSI PARLE SEIGNEUR À SHALLUM (Jr 22, 11‑12), Joiaqim, car tous les fils de Josias sont appelés Shallum, c’est-à-dire «achèvement», car le royaume s’est achevé en eux. Is 22, 18 : Il te roulera comme une boule, comme une balle sur un vaste espace. De ce point de vue, toute la prophétie de ce chapitre s’est réalisée au temps de Joiakim, et il parle de la captivité de Joathan au passé et prédit la captivité des autres comme si elle était à venir. Mais Jérôme comprend que ce qui est dit doit être interprété de Sédécias, et que la prophétie faite jusqu’à maintenant s’est réalisée au temps de Sédécias à partir du début du chapitre 2, et qu’elle s’est appliquée à Joiaquim par la suite.
447. Ici est présentée la menace
contre Joiaquim. Premièrement, il lui reproche la faute d’une construction
injuste, en présentant la maison injuste : MALHEUR À QUI BÂTIT SA MAISON
[SANS LA JUSTICE] (Jr 22, 13), c’est-à-dire [malheur] à
Joiaquim, fils de Josias ; ET SES CHAMBRES HAUTES [SANS LE DROIT], au sens
propre, celles [coenacula] auxquelles on monte par des escaliers et des degrés et qu’on nomme
ainsi en raison du fait qu’on y mange [coenando].
Si 21, 9 : Bâtir sa maison avec l’argent d’autrui, c’est comme amasser ses
pierres en hiver. QUI FAIT TRAVAILLER SON PROCHAIN
POUR RIEN, en lui demandant son aide pour construire.
Lv 19, 13 : Le salaire de l’ouvrier ne demeurera pas avec toi jusqu’au lendemain
matin. En présentant aussi l’embellissement de la
construction : QUI SE DIT : «JE VAIS ME BÂTIR UNE MAISON SPACIEUSE...
LAMBRISSÉE (Jr 22, 14), où se succèdent les chambres élevées
pour l’observation du soleil, PEINTE EN ROUGE, d’une couleur rouge nommée
d’après Synope, une ville des Perses.
448. Deuxièmement, il écarte la
fausse confiance par laquelle il se promettait la prospérité que son père
Josias avait possédée, en présentant une comparaison insensée : RÈGNES-TU
PARCE QUE TU TE COMPARES AU CÈDRE ? (Jr 22, 15), à ton
père. Ps 37[36], 35 : J’ai vu l’impie forcené s’élever comme les cèdres du Liban. Et il montre leur discrétion, en mettant de l’avant la justice de
son père : TON PÈRE MANGEAIT (Jr 22, 15‑16), et cependant
il ne s’est pas éloigné de la justice en raison de l’abondance. C’est pourquoi
il lui a succédé dans la prospérité. Jb 29, 25 : Et je siégeais comme un roi
entouré [de son armée] ; mais je n’en étais pas moins le consolateur des
affligés. Et en mettant de l’avant l’injustice du
fils : MAIS TOI, TES YEUX, pour ce qui est de la connaissance, ET TON
CŒUR, pour ce qui est du désir du cœur, [SONT TENDUS] VERS L’AVARICE, pour ce
qui est de l’enlèvement injuste des biens, VERS LA CALOMNIE, pour ce qui est de
l’injuste imputation d’un crime par laquelle il opprimerait, VERS LA COURSE AU
MAL (Jr 22, 17), comme s’il disait : «Ce que tu avais
conçu dans ton cœur, tu l’accomplissais en action.» Gn 6, 5 : Le cœur de l’homme ne
formait que de mauvais desseins à longueur de journée.
449. Troisièmement, il menace
d’un châtiment : C’EST POURQUOI, AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 22, 18).
En premier lieu, pour ce qui est du roi lui-même, [il menace] de la privation
de lamentations : POINT DE LAMENTATION, de la part des parents, ON NE
CRIERA PAS, du commun accord des sujets. Ci-dessus, Jr 16, 4 : Ils ne seront pas pleurés
ni enterrés ; ils serviront de fumier sur la face de la terre. Et pour ce qui est de la privation de sépulture : ILS SERONT
ENTERRÉS COMME ON ENTERRE UN ÂNE ! (Jr 22, 19), car il
sera jeté pour être dévoré par les bêtes. Is 14, 19 : Tous les rois des nations,
tous reposeront dans la gloire, comme un homme dans sa maison. Mais toi, tu
seras tiré de ton tombeau comme un rameau inutile, dégoûtant, et tu seras mêlé
à ceux qui ont été tués par l’épée et sont tombés jusqu’au fond du piège. Mais, à propos de ce Joiaqim, on trouve diverses choses en divers
endroits. En effet, en 2 R 24, il est dit que le Seigneur a envoyé des
voleurs des nations voisines contre lui, qui l’ont tué, et il reposa avec ses
pères. Mais, en 2 Ch 36, il est dit que
le roi de Babylone monta contre lui et l’amena captif à Babylone. Mais Josèphe
dit que, lorsque Nabuchodonosor ou Nabuzardan fut entré dans la ville, il
rompit l’entente et tua plusieurs jeunes gens, parmi lesquels Joiaqim. Mais
ici, on dit qu’il demeura sans sépulture. C’est pourquoi, pour mettre tous ces
textes d’accord, il faut savoir que ce Joaqim fut substitué par le Pharaon à
son frère Joathan, et régna par la suite avec le roi de l’Égypte. Toutefois, à
la huitième année de son règne, Nabuchodonosor se dressa contre lui et s’en
saisit. Et il fut soumis au tribut pendant deux ans. Mais, à la dixième année,
il se rebella. C’est pourquoi Nabuchodonosor se dressa contre lui et l’emmena
captif à Babylone. En route, il s’allia à lui et retourna à Jérusalem. Mais Nabuzardan,
après avoir rassemblé des voleurs des nations voisines, entra dans Jérusalem
et, rompant l’entente, le tua. Comme il avait été enseveli par le peuple du
pays dans des tombeaux royaux, Nabuzardan en fut indigné ; il le fit
déterrer et jeter aux bêtes pour être dévoré.
450. En deuxième lieu, il
présente contre ses dirigeants leur écrasement : MONTE SUR LE LIBAN (Jr 22, 20),
la montagne du Temple, SUR LE BASHAN, qui est au pied de la montagne de
Jérusalem. Is 40, 9 : Monte sur une haute montagne, messagère de Sion. [TOUS] TES AMANTS, les princes et les défenseurs. En présentant
aussi la raison de cet [écrasement] dû à la désobéissance : JE T’AI PARLÉ
AU TEMPS DE TON ABONDANCE (Jr 22, 21), c’est-à-dire au moment
où tu abondais de biens que je t’avais donnés. Ci-dessus,
Jr 6, 17 : Attention au signal du cor ! Mais ils ont dit : «Nous ne
l’écouterons pas !» En raison aussi d’une
habitude ancienne : CE FUT TON COMPORTEMENT, à savoir la désobéissance,
DEPUIS TA JEUNESSE, c’est-à-dire depuis le moment où tu es sorti d’Égypte.
Is 48, 8 : Dès le berceau, je t’ai appelée «révoltée». Ci-dessus, Jr 2, 20 : Depuis longtemps, tu as brisé ton joug, rompu tes
liens, et tu as dit : «Je ne servirai pas.» Et
il présente le mode et l’ordre de l’écrasement : TOUS TES PASTEURS, c’est-à-dire
tes dirigeants, LE VENT LES ENVERRA PAÎTRE (Jr 22, 22), [le
vent] qui les dispersera en captivité, [TOUS] TES AMANTS, les Égyptiens,
[PARTIRONT EN EXIL]. Os 12, 2 : Éphraïm se repaît de vent, et il chasse la chaleur !
451. En troisième lieu, il profère
des menaces contre la ville royale elle-même, la honte : ET ALORS, TU
SERAS HONTEUSE... TOI QUI ES ÉTABLIE SUR LE LIBAN (Jr 22, 22‑23),
par lequel l’orgueil est signifié. Rm 6, 21 : Quel fruit recueilliez-vous
alors d’actions dont vous rougissez maintenant ? Et la douleur : COMME TU AS GÉMI QUAND LES DOULEURS TE SERONT
VENUES, COMME À CELLE QUI ACCOUCHE ! Le passé pour le futur.
Ps 48[47], 7 : Des douleurs comme celles d’une accouchée !
452. Ici est présentée la menace
contre Jéchonias ; premièrement, il menace de captivité ;
deuxièmement, de stérilité, en cet endroit : TERRE ! TERRE !
TERRE ! (Jr 22, 29).
453. À propos du premier point, il fait deux choses. La menace de captivité est présentée, car il menace de la perte de dignité et de l’abandon du secours divin : SI JÉCHONIAS, FILS DE JOIAQIM, ROI DE JUDA, ÉTAIT UN ANNEAU À MA MAIN [DROITE] (Jr 22, 24), même s’il était à l’intérieur de murailles et le roi de mon peuple ; JE L’ARRACHERAI, en le privant de sa dignité et de mon aide. Ap 2, 5 : Je déplacerai ton candélabre de son rang, si tu ne fais pas pénitence. Il menace aussi de la servitude aux mains des ennemis : JE VAIS TE LIVRER [AUX MAINS DE CEUX QUI EN VEULENT À TA VIE] (Jr 22, 25). Lm 1, 14 : Le Seigneur m’a livré en des mains auxquelles je ne pourrai échapper. Il menace aussi de la captivité : ET JE VOUS ENVERRAI [DANS UN AUTRE PAYS] (Jr 22, 26‑27). Ba 3, 10‑11 : Comment se fait-il, Israël, que tu te trouves au pays de tes ennemis ? Tu as pris racine dans une terre étrangère. En second lieu, l’étonnement devant la menace est présenté : EST-CE UN VASE D’ARGILE CASSÉ QUE CET HOMME JÉCHONIAS ? (Jr 22, 28). Comme s’il n’avait aucune fermeté de vertu ou de puissance ; [DÉPOURVU] D’ATTRAIT, parce que le Seigneur ne prend pas plaisir en lui. Si 21, 14 : Le cœur du sot est comme un vase brisé qui ne retiendra aucune sagesse.
454. Ici il menace d’une
stérilité, qui ne conservera même pas le fruit de la prospérité présente :
TERRE ! TERRE ! TERRE ! (Jr 22, 29), comme s’il
disait : «Même si les hommes n’écoutent pas, au moins les choses non
sensibles obéissent.» Ou bien il s’agit d’une métonymie, par laquelle le
contenant désigne le contenu. Et il parle de manière à s’exprimer plus
fortement, ou bien en raison des trois parties de la terre.
Dt 32, 1 : Que la terre écoute les paroles de ma bouche. ÉCRIS (Jr 22, 30), comme une sentence qui est mise
par écrit afin d’être gardée en mémoire. Ci-dessus, Jr 17, 1 : Le péché de Juda est écrit
avec un stylet de fer, avec une pointe de diamant. IL
EST STÉRILE, car il ne concevra pas par l’esprit ce qui lui serait utile. IL NE
PROSPÉRERA PAS, dans ses œuvres. Il sera aussi stérile pour ce qui est d’une
postérité dans la dignité royale. AUCUN HOMME [NE SIÉGERA SUR LE TRÔNE DE
DAVID], un pur homme, car le Christ était de sa descendance, mais il était Dieu
et homme, Mt 1. Et il ne fut pas roi selon cette façon de régner, mais il
règne éternellement à la droite de Dieu, le Père. [AUCUN HOMME] NE POSSÉDERA LE
POUVOIR, comme [un pouvoir] royal. Car Zorobabel, son neveu, ne fut pas le roi
du peuple. Plus loin, Jr 36, 30 : Il n’y aura plus personne pour siéger sur le trône de
David, etc.
455. Remarque, à propos
de : NE PLEURE PAS SUR UN MORT (Jr 22, 10), qu’il ne faut pas verser beaucoup de larmes pour un mort en raison
de l’inutilité des lamentations. Si 38, 20 : N’abandonne pas ton cœur au
chagrin, mais repousse-le. En raison de la mort
partagée. 2 Sm 14, 14 : Nous mourons tous, et nous nous dissipons dans la
terre comme l’eau qui ne revient pas. En raison de
la préservation de la faute. Sg 4, 11 : Il a été enlevé de peur que
la malice n’altère son jugement ou que la fourberie ne trompe son âme. En raison de la cessation de la fatigue. Ap 14, 13 : Dès maintenant l’Esprit
dit : «Qu’ils se reposent de leurs fatigues !» En raison de l’obtention de la gloire.
2 Co 5, 1 : En effet, nous savons que, si la maison terrestre où nous résidons
vient à être détruite, nous avons une maison qui est l’œuvre de Dieu, une
maison qui n’est pas faite de main d’homme, mais qui est éternelle dans les
cieux.
456. De même, à propos de : LE VENT MÈNE TOUS TES PASTEURS (Jr 22, 22), remarque que parfois le vent de l’arrogance mène les pasteurs de l’Église. Is 57, 13 : Le vent les enlèvera, un souffle les emportera. Le vent d’un trop grand espoir. Si 34, 2 : C’est saisir une ombre et poursuivre le vent que de s’arrêter à des songes trompeurs. Le vent de la captivité. Ez 5, 2 : Tu jetteras au vent le [dernier] tiers et tu tireras l’épée contre eux. Et celui de la damnation à venir. Ci-dessus, Jr 18, 17 : Comme un vent brûlant, je les disperserai devant l’ennemi ; c’est mon dos et non ma face que je leur montrerai au jour de leur ruine.
457. Ici, on présente une menace
contre tous les dirigeants d’une manière générale : premièrement, on
présente une menace contre les mauvais dirigeants ; deuxièmement, [on présente]
la séparation des bons et des méchants, en cet endroit : LE SEIGNEUR ME MONTRA
(Jr 24, 1).
458. La première partie est
divisée en deux parties. Premièrement, une menace est présentée contre ceux qui
sont éminents parmi le peuple en raison de l’autorité du gouvernement, à savoir
les prélats ; deuxièmement, contre ceux qui sont éminents parmi le peuple
en raison du privilège d’une révélation divine, à savoir les prophètes, en cet
endroit : SUR LES PROPHÈTES. MON CŒUR EN MOI EST BRISÉ
(Jr 23, 9).
459. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il leur reproche leur faute ;
deuxièmement, il les menace d’un châtiment, en cet endroit : JE VISITERAI
(Jr 23, 3).
460. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente la dispersion du peuple :
[MALHEUR AUX PASTEURS QUI] DISPERSENT [LES BREBIS DE MON PÂTURAGE] (Jr 23, 1),
en les expulsant de leur pays, QUI LES METTENT EN PIÈCES, en les tuant ou en
les dépouillant, soit en raison de la tyrannie qu’ils exerçaient sur elles,
soit parce qu’ils ont été l’occasion pour le peuple de souffrir cela de la part
des ennemis, alors que, vivant dans les péchés, ils ne tiraient pas le peuple
des péchés. Plus loin, Jr 50, 6 : Mon peuple est devenu un troupeau égaré, ses pasteurs
l’ont trompé et l’ont fait errer sur les montagnes.
461. Deuxièmement, les reproches faits aux pasteurs sont présentés : C’EST POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR : «VOUS AVEZ CHASSÉ [MES BREBIS]» (Jr 23, 2), soit en suscitant l’occasion, soit par la tyrannie. Ez 34, 21 : Vous frappiez à coups de cornes toutes les brebis malades jusqu’à les disperser au dehors.
462. Ici, il menace de
châtiment : premièrement, on présente une menace contre les pasteurs :
JE VISITERAI [MES BREBIS] (Jr 23, 3). Plus haut, Jr 21 14 :
Je vous visiterai
selon le fruit de vos entreprises ;
deuxièmement, la consolation du troupeau dispersé est présentée : JE
RASSEMBLERAI MOI-MÊME [LE RESTE DE MES BREBIS] (Jr 23, 3).
463. À cet endroit, il présente
d’abord le rassemblement (Jr 23, 3).
Ez 34, 13 : Je les ferai quitter les peuples où elles sont, je les rassemblerai
des pays étrangers. Puis, leur état de prospérité :
ET ELLES SE MULTIPLIERONT. Gn 1, 22 : Croissez, multipliez-vous,
et remplissez la terre. Deuxièmement, il leur
promet la correction des dirigeants. Et, en premier lieu, il leur promet des
dirigeants attentionnés en présentant la sollicitude des pasteurs : JE
SUSCITERAI, alors que vous êtes déjà tombés dans le néant, DES PASTEURS (Jr 23, 4).
Selon certains, il s’agit d’Esdras ; mais il s’agit plutôt des apôtres.
Plus haut, Jr 3, 15 : Je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur, et ils vous paîtront
par leur savoir et leur enseignement. [En
présentant] l’utilité de la sollicitude, c’est-à-dire la sécurité : ELLES
NE CRAINDRONT PLUS, pour ce qui est des signes extérieurs de la crainte, ET ELLES
NE SERONT PLUS EFFRAYÉES, à l’intérieur, ET AUCUNE NE S’ÉCARTERA, comme s’il
disait : «Personne qui est dans l’Église ne craindra ou ne déclinera en raison
de la négligence des apôtres.» Ou bien, on met cela en rapport avec le nombre
des prédestinés. Jn 17, 12 : Aucun d’entre eux ne se perd que le fils de perdition.
Toutefois, cette sécurité ne se réalise pas en
cette vie, mais elle se réalisera lorsque la charité chassera la crainte (1 Jn 4, 18), et elle sera consommée dans l’avenir.
464. En second lieu, il leur promet le meilleur roi, en montrant que le temps convient : VOICI, en raison de la certitude, LE JOUR (Jr 23, 5). 2 Co 6, 2 : Voici le moment propice, voici maintenant le jour du salut ! [Il montre] la condition du roi qui vient pour ce qui est de la noblesse de sa race : ET JE SUSCITERAI À DAVID UN GERME JUSTE. Plus loin, Jr 33, 15 : Je ferai pousser un germe de justice pour David, j’exercerai le droit et la justice sur la terre. Pour ce qui est [aussi] de l’autorité de sa dignité : ET UN ROI RÉGNERA, non seulement sur les Juifs, mais aussi sur toutes les nations. Lc 1, 33 : Et il régnera sur la maison de Jacob pour l’éternité. Dn 7, 27 : Son règne est un règne éternel, et tous les rois le serviront et lui obéiront. Pour ce qui est de la sagesse du cœur : ET IL SERA SAGE, bien plus, il sera la sagesse même. 1 Co 1, 24 : Le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Et pour ce qui est de l’application du droit : ET IL EXERCERA LE DROIT, lors de son premier avènement, contre le Diable, qui était appelé le prince du monde, Jn 12, 31 : C’est maintenant le jugement du monde, maintenant le prince de ce monde sera chassé, à savoir, dans les ténèbres extérieures ; lors du second [avènement], contre tous, en punissant par une sentence générale. Jn 5, 22 : Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils. ET LA JUSTICE, qu’il a enseigné de respecter. Mt 5, 20 : Si votre justice n’est pas plus grande que celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Et pour assurer le secours de la grâce : c’est pourquoi il présente l’utilité de sa venue pour ce qui est de sauver du châtiment : EN CES JOURS-LÀ, [JUDA] SERA SAUVÉ (Jr 23, 6). Lors du premier avènement, d’une manière particulière ; lors du second avènement, d’une manière universelle, lorsque tout Israël sera sauvé. Rm 11. Is 10, 22‑23 : Même si les fils d’Israël sont nombreux comme le sable de la mer, un reste parmi eux se convertira. Et pour ce qui est de la sécurité : ET ISRAËL HABITERA EN SÉCURITÉ. Et cela doit être expliqué comme ci-dessus. Is 32, 18 : Mon peuple siégera dans la beauté de la paix, dans des tentes de justice et dans la plénitude du repos. Et il dit JUDA pour ce qui est des deux tribus, et ISRAËL, pour ce qui est des dix tribus, afin d’indiquer qu’elles seront d’accord dans la foi au Christ. Os 1, 11 : Et elles se donneront un seul chef, etc.
465. Ici, il montre la grandeur
du bienfait parce que, en raison de ce bienfait, un bienfait antérieur sera
livré à l’oubli. Et cela peut se rapporter à la libération réalisée par Cyrus,
ou mieux, à la libération réalisée par le Christ. Is 43, 18 : Ne vous souvenez plus de ce
qui a précédé et ne regardez pas le passé.
466. Ici est présentée une
menace contre les prophètes, comme le titre même le déclare. Premièrement, une
menace contre les prophètes est présentée ; deuxièmement, contre les
visions des prophètes, en cet endroit : ET SI CE PEUPLE T’INTERROGE, etc.
(Jr 23, 33).
467. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente l’imposture des prophètes ;
deuxièmement, il présente la diversité de leurs impostures, en cet
endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR, etc. (Jr 23, 15).
468. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente l’effet de l’imposture chez le
peuple ; deuxièmement, il présente le péché des prophètes imposteurs, en
cet endroit : CAR LE PROPHÈTE ET LE PRÊTRE SONT SOUILLÉS
(Jr 23, 11).
469. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente la compassion du prophète
[Jérémie] à l’égard de la contrition à venir, qu’il indique par la contrition
de [son] cœur : MON CŒUR EST BRISÉ (Jr 23, 9) ; par
le tremblement du corps : TOUS MES OS ONT TREMBLÉ, comme cela est courant
chez ceux qui sont troublés ; par l’empêchement de la connaissance :
JE SUIS COMME UN HOMME IVRE, qui n’a pas l’usage de sa raison, et cela à cause
de l’étendue de sa stupeur : QUELQU’UN QUE LE VIN A BIEN ARROSÉ, qui a
encore l’usage de sa raison, mais a un empêchement parce qu’il a beaucoup bu.
DÉTOURNÉ DE LA FACE DU SEIGNEUR, de la présence de sa révélation, lui qui se
dit irrité contre les Juifs : ET DE SES PAROLES SAINTES, par lesquelles il
m’a fait connaître leur faute et a prédit leur châtiment.
Ps 22[21], 15 : Tous mes os ont été dispersés, mon cœur est devenu comme une cire
fondante en mon sein. Is 29, 9 : Soyez frappés de stupeur et
d’étonnement, soyez ébranlés et chancelants, soyez ivres, et non pas de vin,
soyez perturbés, et non pas par l’ébriété, etc.
470. Deuxièmement, l’étourderie du peuple est présentée. Premièrement, pour ce qui est de l’étendue de sa faute : CAR LE PAYS, des Juifs, EST REMPLI D’ADULTÈRES (Jr 23, 10), à savoir d’idolâtrie et d’autres péchés. Deuxièmement, pour ce qui est de l’infliction d’un châtiment, car LE PAYS EST EN DEUIL, il est devenu stérile, À CAUSE D’UNE MALÉDICTION divine. Is 24, 4 : Il est en deuil, il est en deuil, le pays, et il est accablé, etc. Troisièmement, en proportion de son entêtement : LES HOMMES COURENT AU MAL, car ils sont prêts au mal en raison de leurs péchés. Pr 1, 16 : Leurs pieds courent vers le mal. CONTRAIREMENT à la force des saints pères, qui s’adonnaient au service de Dieu. Pr 15, 7 : Le cœur des insensés sera détourné.
471. Ici, la malice des prophètes est présentée comme la cause de la
malice du peuple. En premier lieu, en présentant la faute d’une manière
générale : ILS SONT SOUILLÉS par divers crimes DANS MA MAISON (Jr 23, 11),
à savoir, le Temple ou le peuple. Plus haut, Jr 11, 15 : Comment se fait-il que mon
bien-aimé ait commis tant de crimes dans ma maison ? Et il ajoute le châtiment : C’EST POURQUOI LEUR CHEMIN VA SE
CHANGER EN FONDRIÈRE (Jr 23, 12), c’est-à-dire qu’il vont
s’effondrer dans leurs péchés comme sur un tel chemin.
Ps 35[34], 6 : Leurs chemins deviendront comme noirceur et fondrière. Et il explique ce [châtiment] : CAR JE VAIS AMENER SUR EUX UN
MALHEUR, celui du châtiment. Plus haut, Jr 11 23 : J’amènerai sur les gens
d’Anatoth l’année où ils seront visités.
472. En second lieu, d’une manière particulière. Premièrement, il présente la faute pour ce qui est des prophètes des dix tribus : J’AI VU L’INSANITÉ CHEZ LES PROPHÈTES DE SAMARIE (Jr 23, 13), car ils rendaient un culte aux idoles sur les hauteurs, comme ceux qu’Élie a tués, 1 R 18. Is 9, 15 : Le prophète qui enseigne le mensonge, c’est lui qui est la queue. Et pour ce qui est des prophètes des deux tribus : ET CHEZ LES PROPHÈTES DE JÉRUSALEM, J’AI VU UNE FEINTE (Jr 23, 14), car ils incitaient indirectement le peuple à l’idolâtrie alors qu’ils promettaient trompeusement la prospérité à des idolâtres. Ez 13, 19 : Ils déshonoraient moi et mon peuple pour une poignée d’orge et un morceau de pain pour donner la mort à ceux qui ne doivent pas mourir et en épargnant ceux qui ne doivent pas vivre. Deuxièmement, il présente la colère divine : ILS SONT DEVENUS POUR MOI COMME SODOME, à savoir, les prophètes : j’ai pour eux et POUR SES HABITANTS, à savoir, Jérusalem, la même aversion. Is 1 10 : Écoutez la parole du Seigneur, princes de Sodome, prêtez l’oreille à la loi de votre Dieu, peuple de Gomorrhe. Troisièmement, il menace d’un châtiment : C’EST POURQUOI JE FERAI MANGER À CE PEUPLE DE L’ABSINTHE ET LEUR FERAI BOIRE DE L’EAU EMPOISONNÉE (Jr 23, 15). Et il donne la raison pour laquelle il menace les prophètes d’une manière particulière : CAR L’IMPURETÉ S’EST RÉPANDUE SUR TOUT LE PAYS À PARTIR DES PROPHÈTES DE JÉRUSALEM. Dn 13, 5 : L’impiété de Babylone venait des juges anciens qui paraissaient juger le peuple.
473. Ici, il présente diverses
formes de tromperie. Premièrement, il présente [les prophètes] eux-mêmes ;
deuxièmement, ils les regroupe tous d’une manière succincte, en cet endroit :
C’EST POURQUOI [JE VAIS M’EN PRENDRE] AUX PROPHÈTES (Jr 23, 30).
474. À propos du premier point,
il fait deux choses. Premièrement, il présente [leur] façon de tromper par des
paroles inventées, à savoir, lorsqu’ils inventent avoir reçu une vision du
Seigneur, alors qu’ils ne voyaient rien. Deuxièmement, il présente leur façon
de tromper par des songes creux, lorsqu’ils donnaient crédit à des songes
fantaisistes comme à des révélations divines, en cet endroit : PENSES-TU
QUE JE NE SUIS DIEU QUE DE PRÈS ? (Jr 23, 23).
475. À propos du premier point,
il fait trois choses. Premièrement, il présente l’interdiction adressée au
peuple d’écouter ces faux prophètes en leur obéissant et en les croyant :
N’ÉCOUTEZ PAS [LES PAROLES DE CES PROPHÈTES] (Jr 23, 16).
Dt 13, 1‑2 : Si un prophète se lève en ton sein, ou quelqu’un qui dit avoir eu un
songe et annonce un signe ou un présage, et qu’arrive ce qu’il a dit et qu’il
te dise : «Allons, suivons des dieux étrangers que tu ignores et
servons-les», tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce rêveur,
etc. Deuxièmement, les prophètes sont mis en
accusation pour leur tromperie à propos de leur autorité présumée, eux qui
mentaient [en se disant] envoyés par Dieu : ILS DÉBITENT LES VISIONS DE
LEUR CŒUR. Ez 13, 3 : Malheur aux prophètes insensés qui suivent leur esprit et ne voient
rien, etc. [Ils sont aussi mis en accusation] pour
leur fausse promesse : ILS DISENT À CEUX QUI [ME] BLASPHÈMENT : [«LE
SEIGNEUR A PARLÉ»] (Jr 23, 17). Plus haut,
Jr 6, 14 : Ils entretenaient l’écrasement de la fille de mon peuple lorsqu’ils
disaient honteusement : «Paix, paix !», alors qu’il n’y avait pas de
paix. [Ils sont aussi mis en accusation] pour leur
fausse preuve : QUI DONC A ASSISTÉ [AU CONSEIL DU SEIGNEUR] ? (Jr 23, 18).
Car il est dit en Is 40, 13 : Qui a été son conseiller ? Ils voulaient affaiblir les menaces des prophètes afin qu’on ne les
croie pas pour la raison qu’ils ignoraient le conseil [du Seigneur] : ils
se trompaient, car, par cette parole, la connaissance du conseil divin en vertu
d’une révélation n’est pas écartée, mais [celle qui vient] de la compréhension
[du conseil divin] par l’intelligence humaine : QUI A VU, comme s’il était
présent, J’AI EXAMINÉ, comme si j’étais absent. Mt 22, 29 : Vous vous égarez parce que
vous ne connaissez pas les Écritures.
476. Deuxièmement, il montre leur fausseté. Premièrement, pour ce qui est de [leur] fausse promesse, en présentant [leur] châtiment : VOICI UN OURAGAN [DU SEIGNEUR,] dispersant les captifs, LA TEMPÊTE d’une lourde affliction SUR LA TÊTE DES IMPIES (Jr 23, 19), auxquels ils promettaient la paix. Il est donc clair qu’ils ne sont pas de bons prophètes. Dt 18, 22 : Ce que ce prophète aura annoncé au nom du Seigneur et qui ne sera pas arrivé, cela le Seigneur ne l’a pas dit. Ps 97[96], 3 : Un feu le précédera et enflammera les ennemis qui l’entourent. Et il écarte la miséricorde : ET ILS NE REVIENDRONT PAS (Jr 23, 20). Is 55, 11 : Ainsi sera la parole qui sortira de ma bouche : elle ne me reviendra pas vaine, mais elle accomplira tout ce que j’ai voulu et elle s’épanouira en ceux à qui je l’ai envoyée. Et il amène l’effet de la peine : À LA FIN DES JOURS, quand vous supporterez le châtiment, VOUS COMPRENDREZ par l’expérience. Ps 9, 17 : On connaîtra le Seigneur lorsqu’il portera ses jugements. Deuxièmement, [il montre leur fausseté] pour ce qui est de leur autorité présumée : JE N’AI PAS ENVOYÉ [CES PROPHÈTES] (Jr 23, 21). Plus haut, Jr 14, 14 : Je ne les ai pas envoyés, je ne leur ai pas donné d’ordre et je ne leur ai pas parlé. Troisièmement, [il montre leur fausseté] pour ce qui est de leur fausse démonstration : S’ILS AVAIENT ASSISTÉ À MON CONSEIL (Jr 23, 22), comme de vrais prophètes, j’aurais détourné le peuple ou [ces] prophètes mêmes. Plus haut, Jr 15, 19 : Si tu te convertis, je te convertirai.
477. Ici, il présente une autre
façon de tromper par des songes. À ce propos, il fait trois choses.
Premièrement, il amène le témoignage divin convaincant, en montrant que le témoin
est qualifié, puisqu’il a la connaissance des choses éloignées : [NE
SERAIS-JE UN DIEU QUE] DE PRÈS (Jr 23, 23), de sorte que je ne
connaisse que les choses qui sont dans le ciel où l’on dit que se trouve mon
trône ? Ou bien [ne connaîtrais-je] que le bien, et non le mal qui est
loin de moi ? Sg 8, 1 : Il s’impose d’une extrémité à l’autre et dispose tout
avec douceur. [En montrant que le témoin] a la
connaissance des choses cachées : UN HOMME PEUT-IL SE TERRER DANS DES
ENDROITS CACHÉS (Jr 23, 24), [et aussi la connaissance] de ses
pensées ou des lieux ? Si 16, 16 : Ne dis pas : «Je me
cacherai de Dieu et, de là-haut, qui aura souvenir de moi ?» Et il démontre les deux choses : EST-CE QUE JE NE REMPLIS PAS
LE CIEL ET LA TERRE, et ainsi ne sont-ils pas éloignés de ma
connaissance ? C’est comme si je le pénétrais de l’intérieur : et
ainsi, cela n’est pas caché pour moi. Is 66, 1 : Le ciel est un trône pour
moi, la terre l’escabeau de mes pieds. J’AI ENTENDU
[COMMENT PARLENT LES PROPHÈTES QUI PROPHÉTISENT LE MENSONGE EN MON NOM] (Jr 23, 25).
Si 34, 1 : Espoir vain et mensonge pour l’homme insensé, et des songes excitent
les insensés.
478. Deuxièmement, il [leur]
reproche le caractère vicieux de la tromperie pour ce qui est de la durée de
[leur] faute : JUSQUES À QUAND [Y AURA-T-IL DES PROPHÈTES QUI PROPHÉTISENT
LE MENSONGE] ? (Jr 23, 26). Ps 4, 3 : Fils des hommes, jusques à
quand aurez-vous un cœur alourdi, pourquoi aimez-vous ce qui est vain et
recherchez-vous le mensonge ? Et pour ce qui
est de l’intention de l’action ou de celui qui la pose : ILS VEULENT FAIRE
OUBLIER MON NOM À MON PEUPLE (Jr 23, 27).
Ez 13, 9 : Ils faisaient violence à mon peuple pour une poignée d’orge et un
morceau de pain afin de tuer ceux qui ne devaient pas mourir et de donner vie à
ceux qui ne devaient pas vivre en mentant à mon peuple, etc.
479. Troisièmement, il amène les commandements de la véritable doctrine : LE PROPHÈTE QUI A EU UN SONGE, QU’IL RACONTE [UN SONGE ! (Jr 23, 28), comme s’il disait : «À chacun son degré de vision prophétique !» Rm 12, 3 : À chacun selon la mesure de foi que Dieu lui a attribuée. Et il présente la raison : QU’ONT DE COMMUN LA PAILLE ET LE FROMENT ? Comme s’il disait : «Mes paroles sont un froment qui nourrit.» Plus haut, Jr 15, 16 : On a trouvé tes paroles et je les ai mangées ; et ta parole est devenue joie et allégresse pour mon cœur. Ps 119[118], 103 : Que tes paroles sont douces à mon palais, meilleures que miel pour ma bouche ! [MA PAROLE N’EST-ELLE PAS COMME] UN FEU (Jr 23, 29), pour enflammer ? Ps 119[118], 140 : Ta parole est comme un feu ardent. Et aussi Ps 105[104], 19 : La parole du Seigneur l’enflamma. N’EST-ELLE PAS COMME UN MARTEAU, pour ramollir les cœurs endurcis ? Os 6, 5 : C’est pourquoi je les ai limés par les prophètes, et je les ai tués par les paroles de ma bouche. Il ne faut donc pas les mêler aux épines. 2 Co 6, 14 : Quel rapport y a-t-il entre la lumière et les ténèbres, ou quelle entente entre le Christ et Bélial ?
480. Ici, il rappelle trois façons de tromper. La première vient du détournement de l’Écriture : ILS VOLENT MES PAROLES (Jr 23, 30), comme pour leur donner un autre sens que ne l’ont voulu les vrais prophètes. Jn 10, 1 : Celui qui n’entre pas par la porte du bercail, celui-là est un voleur et un brigand. La deuxième vient de l’invention de paroles : [JE VAIS M’EN PRENDRE] AUX PROPHÈTES, à savoir, à eux, QUI AGITENT LA LANGUE [POUR ÉMETTRE DES ORACLES] (Jr 23, 31), en inventant des paroles. Plus haut, Jr 9, 5 : Ils ont enseigné à leur langue comment commettre le mensonge, ils ont mis leurs efforts à commettre l’iniquité. La troisième vient de l’acceptation des songes : C’EST POURQUOI JE VAIS M’EN PRENDRE À CEUX QUI DISENT DES SONGES MENSONGERS... [ACCOMPAGNÉS] DE CHOSES PRODIGIEUSES (Jr 23, 32), de paroles ampoulées. Is 56, 1o : Ils voient des choses vaines dans leur sommeil et ils se délectent de songes.
481. Ici, il menace ceux qui
ridiculisent les prophètes. En effet, de même qu’au temps d’Isaïe, ils
ridiculisaient : «Envoie, n’envoie pas, attends, n’attends pas !»
(Is 28, 10), de même maintenant ils ridiculisaient la parole qu’avait
trouvée Isaïe pour désigner la lourdeur du châtiment : le fardeau du
Seigneur. C’est pourquoi, à ce sujet, il fait trois choses. Premièrement, il
fait des reproches au peuple qui ridiculise en menaçant de châtiment ceux qui
interrogent : SI [CE PEUPLE TE DEMANDE : «QUEL EST LE FARDEAU DU SEIGNEUR ?»],
TU LUI RÉPONDRAS : «C’EST VOUS LE FARDEAU !» (Jr 23, 33),
de sorte que ce par quoi quelqu’un aura péché sera son châtiment. Sg 11.
Is 1, 14 : Ils me sont un fardeau que je suis las de porter, etc. Et aussi à ceux qui se disent : ET LE PROPHÈTE [DIRA :
«FARDEAU DU SEIGNEUR !» (Jr 23, 34).
Ps 89[88], 33 : Je punirai leurs iniquités avec un bâton, et leurs péchés par des
coups.
482. Deuxièmement, il interdit
de ridiculiser en paroles. Premièrement, le commandement est présenté par
lequel est montrée la manière de parler : AINSI PARLEREZ-VOUS [ENTRE VOUS]
(Jr 23, 35). Et la dérision est défendue : CAR LE FARDEAU
DU SEIGNEUR [EST POUR CHACUN SA PROPRE PAROLE] (Jr 23, 36), à
savoir qu’il est soumis à un lourd châtiment à cause de ses paroles.
Mt 12, 37 : Tu seras reconnu juste par tes paroles, tu seras condamné par tes
paroles. Et la raison de ridiculiser est
donnée : ET VOUS PERVERTISSEZ [LES PAROLES DU DIEU VIVANT], comme s’il
disait : «Je l’interdis donc, car vous [les] pervertissez en les
ridiculisant.» Et il conclut : «TU DIRAS CELA [AU PROPHÈTE]» (Jr 23, 37).
Ez 33, 31 : Ils entendent tes paroles et ne les accomplissent pas, car ils en
font une ritournelle.
483. Troisièmement, il menace
d’un châtiment. Premièrement, du châtiment de la captivité : VOICI QUE JE
VOUS SOULÈVERAI (Jr 23, 39). Il parle en comparant à celui qui
soulève haut un lourd fardeau afin de le laisser retomber plus fortement.
Ap 18, 21 : Un ange souleva une pierre semblable à une grande meule et la lança
dans la mer en disant : «Cette grande cité de Babylone sera lancée de
cette manière, et on ne la retrouvera pas.»
Deuxièmement, [il menace] d’un châtiment d’humiliation : ET JE VOUS
DONNERAI EN OPPROBRE (Jr 23, 40). Cela peut se rapporter au
châtiment d’incendie ou à l’ignominie dans laquelle ils ont été amenés en
captivité. Et on dit que le péché est une ignominie ou une honte indigne d’être
mentionnée. Plus haut, Jr 20, 11 : Ils seront puissamment confondus, car ils n’ont pas
compris l’éternel opprobre qui ne sera jamais détruit.
484. À propos de : VOICI
VENIR DES JOURS, etc., il faut remarquer que le temps de la grâce est appelé
"jour" en raison de l’apparition de la lumière.
Rm 13, 12 : La nuit est passée, le jour est apparu. Rejetons donc les œuvres de
ténèbres et revêtons les armes de lumière. En
raison de la chaleur du soleil. 2 S 11, 9 : Le salut vous viendra
demain. En raison de la sûreté de la route.
Jn 11, 9 : Si quelqu’un marche alors qu’il fait jour, il ne tombe pas parce
qu’il voit la lumière de ce monde ; mais s’il marche dans la nuit, il
tombe, car la lumière n’est pas en lui. En raison
de la vigilance et de la sobriété. 1 Th 5, 7 : En effet, ceux qui dorment,
dorment la nuit, et ceux qui s’enivrent, s’enivrent la nuit.
485. Ici
est présentée la différence entre les mauvais et les bons dirigeants selon une
comparaison. Premièrement, la présentation de la comparaison est faite en
présentant une vision : [PUIS LE SEIGNEUR] ME MONTRA (Jr 24, 1),
dans une vision imaginaire ou en paroles, afin de tirer une prophétie des
figues qui étaient vendues devant le Temple. [On a] la même chose plus haut,
Jr 18, à propos de la discussion sur le figuier. Nb 12, 6 :
S’il y a parmi vous un prophète, je lui apparaîtrai en vision et je lui
parlerai en songe. APRÈS
QUE NABUCHODONOSOR [EUT AMENÉ CAPTIFS...] ET LE COFFRE (Jr 24, 1)
d’argent, qui contient des pierres avec de l’argent et de l’or. Et cela est
conforme à l’histoire, 2 R 23. Is 3, 1 : Voici que le Seigneur des armées enlèvera de Jérusalem et de Juda tous
les hommes forts et en santé, toute réserve de pain et toute réserve d’eau,
etc. Et [il
désigne] la diversité des choses vues, en présentant les bonnes figues :
UNE CORBEILLE ÉTAIT REMPLIE DE BONNES FIGUES (Jr 24, 2), par
lesquelles les bons sont signifiés. Os 9, 10 : Comme les premiers fruits du figuier, je vis leurs pères. Mi 7, 1 : Mon âme a désiré des figues précoces. Et en présentant les mauvaises
[figues] : UNE AUTRE CORBEILLE CONTENAIT DES FIGUES GÂTÉES, par lesquelles
sont signifiés les mauvais parmi le peuple. Plus haut,
Jr 2, 21 : Comment t’es-tu changée pour moi
en vigne étrangère ?
486. Deuxièmement,
l’explication de la vision est présentée, où est présentée la question du
Seigneur, qui est l’invitation à voir : ET LE SEIGNEUR ME DIT : «[QUE
VOIS-TU, JÉRÉMIE ?» (Jr 24, 3). [On trouve] la même chose
plus haut, Jr 1. Puis la réponse du prophète : ET JE RÉPONDIS :
«DES FIGUES.» Ainsi en est-il en Gn 41 des épines et des vaches dans le
songe du pharaon.
487. Troisièmement,
l’explication de la vision est présentée : ET LA PAROLE DU SEIGNEUR ME FUT
ADRESSÉE (Jr 24, 4). Premièrement, pour ce qui est des bons,
en adaptant la comparaison à la promesse de prospérité d’une manière
générale : COMME À CES FIGUES BONNES, JE M’INTÉRESSERAI À L’EXIL DE JUDA (Jr 24, 5),
d’une connaissance d’approbation. 1 Tm 2, 19 : Le Seigneur connaît les siens. Et il poursuit en particulier pour ce qui est
des biens du corps, en vue de ramener [Juda] au lieu qui est le sien : JE
POSERAI MES YEUX (Jr 24, 6). Ez 36, 24 : Je vous soustrairai aux nations et je vous rassemblerai de toute la
terre, et je vous ramènerai dans votre pays. En vue de [le] rétablir dans un état de
prospérité : POUR LES FAIRE REVENIR ET LES RELEVER, en les élevant vers le
haut, comme pour un édifice, AU LIEU DE LES DÉMOLIR, là où ils auront péché.
Comme plus loin, Jr 42 10 : Je vous élèverai et
ne vous démolirai pas, je vous planterai et ne vous arracherai pas. Et je [vous] planterai, en
affermissant les bons. Plus loin, Jr 31, 28 : Je veillerai sur vous afin de vous construire et de planter, dit le
Seigneur. Et pour
ce qui est des biens de l’âme, en promettant la connaissance de Dieu : ET
JE LEUR DONNERAI UN CŒUR QUI ME CONNAISSE (Jr 24, 7).
Ez 36, 26 : Je vous donnerai un cœur nouveau
et je mettrai en vous un esprit nouveau. Et pour ce qui est de la soumission de
l’obéissance : ET ILS SERONT MON PEUPLE. Ap 21, 3 : Ils seront son peuple et Dieu-avec-eux sera leur Dieu.
488. Deuxièmement,
pour ce qui est des figues gâtées : ET COMME LES FIGUES GÂTÉES (Jr 24, 8).
Premièrement, il les menace d’affliction dans leur pays : AINSI TRAITERAI-JE
SÉDÉCIAS. Plus haut, Jr 15 4 : Je les jetterai au
feu dans tous les royaumes de la terre à cause de Manassé, fils d’Ézéchias, roi
de Juda, en raison de tout ce qu’il a fait à Jérusalem. Deuxièmement, [il menace] de
l’humiliation dans le pays de captivité : [J’EN FERAI] UN OBJET D’HORREUR (Jr 24, 9),
pour ce qui est du péché coupable ; COMME UNE FABLE, en parlant par
comparaison, votre châtiment sera raconté comme un exemple ; COMME UN
PROVERBE, car, de ce qui vous est arrivé, on tirera un proverbe pour les
autres ; COMME UNE MALÉDICTION, pour ce qui est de la malédiction du
châtiment par mode de pénitence. Ou bien parce que chacun parlera à l’autre en
le maudissant : «Que Dieu te fasse ce qu’il leur a fait !»
Ps 79[78], 4 : Nous sommes devenus une horreur
pour nos voisins, une moquerie et une risée pour ceux qui nous entourent. Troisièmement, [il menace] de les
châtier par la mort : ET J’ENVERRAI CONTRE EUX L’ÉPÉE (Jr 24, 10).
Plus haut, Jr 15, 2 : À qui est pour la mort, la
mort ; à qui est pour l’épée, l’épée ; à qui est pour la famine, la
famine, etc.!
489. Ici
est présentée une menace universelle contre les dirigeants de toutes les
nations. Et cela se divise en deux parties. Dans la première est présentée la
menace ; dans la seconde, la révélation de la menace, en cet
endroit : PARCE QU’AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 25, 8).
490. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, il présente le
titre de la prophétie : PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE, etc.
(Jr 25, 1), d’où l’on conclut que la prophétie a précédé la vision
précédente. Deuxièmement, la prophétie de menace est présentée, en cet
endroit : DEPUIS LA TREIZIÈME ANNÉE DE JOSIAS (Jr 25, 3).
491. En
premier lieu, il indique la cause de la menace ; en second lieu, il menace
d’un châtiment, en cet endroit : C’EST POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR
DES ARMÉES (Jr 25, 8). Il indique la cause du fait de la
désobéissance en raison de laquelle ils ont été comptés pour le châtiment parmi
les autres peuples, désobéissance qu’il aggrave pour trois raisons.
Premièrement, en raison du prophète même qui annonce, car il a été constant
dans son annonce : DEPUIS LA TREIZIÈME ANNÉE DE JOSIAS (Jr 25, 3)
jusqu’à la fin de [sa] vie et de son règne : comme il a régné trente-et-un
ans, cela fait dix-huit ans, auxquels, si l’on ajoute les quatre ans de Joiakim
et les trois mois que Joathan a régné, on trouve que l’année de la prédication
de Jérémie où cela est arrivé est la vingt-troisième. SE LEVANT PENDANT LA
NUIT, à la manière de celui qui s’empresse d’accomplir une action.
Pr 6, 3 : Parle, hâte-toi, importune ton
ami, etc. Deuxièmement,
en raison de celui qui envoie, qui se montre empressé par le nombre de ses
envoyés : ET LE SEIGNEUR, [SANS SE LASSER, VOUS A ENVOYÉ TOUS SES
SERVITEURS, LES PROPHÈTES] (Jr 25, 4). Plus haut,
Jr 7, 25 : Je vous ai envoyé tous mes
serviteurs, les prophètes, chaque jour ; je me suis levé le matin pour les
envoyer, et ils ne m’ont pas écouté, etc. Pour indiquer la sollicitude divine, il parle
de «matin» ; il parle aussi de «nuit», car Dieu brille dans les ténèbres.
Il s’agit des ténèbres dont parle Jn 3 1ss : il dit que Nicodème
vint voir Jésus de nuit, etc. En raison aussi de l’avertissement, qui est
honnête en lui-même et utile en regard du pardon promis. C’est pourquoi il
amène en premier lieu le châtiment pour les maux passés en présentant un
commandement : REVENEZ DONC CHACUN DE VOTRE VOIE MAUVAISE (Jr 25, 5).
Is 55, 7 : Que l’impie abandonne sa voie et
le méchant ses pensées ; qu’il revienne au Seigneur et il aura pitié
d’eux, et à notre Dieu, car il est prompt à pardonner. [Puis, il amène] la
promesse : ALORS VOUS HABITEREZ LA TERRE. Is 1, 19 : Si vous voulez bien m’écouter, vous mangerez de bonnes choses de la
terre. En second
lieu, il prescrit de prendre garde aux maux futurs en présentant un
commandement : N’ALLEZ PAS SUIVRE D’AUTRES DIEUX, pour ce qui est de
l’idolâtrie, ET NE PROVOQUEZ PAS MA COLÈRE (Jr 23, 6), pour ce
qui est des mauvais comportements. Ex 20, 3 : Vous n’aurez pas d’autres dieux devant moi, etc. Et pour ce qui est du mépris du
commandement : MAIS VOUS NE M’AVEZ PAS ÉCOUTÉ (Jr 25, 7).
Dt 32, 21 : Ils m’ont provoqué par ce qui
n’était pas Dieu, et ils m’ont irrité par leurs idoles.
492. Ici,
il menace d’un châtiment (Jr 25, 8). Premièrement, de celui
que les Babyloniens ont infligé, en décrivant l’ennemi : VOICI QUE
J’ENVOIE CHERCHER ET QUE J’ENVERRAI [NABUCHODONOSOR,] MON SERVITEUR (Jr 25, 9),
pour autant que celui-ci exerçait le ministère de la volonté divine. Plus haut,
Jr 6, 22 : Voici qu’un peuple vient d’un pays
du nord, qu’une grande nation se lève des confins de la terre. Et il décrit le châtiment imminent
quant à la tuerie : ET JE LES TUERAI, ET J’EN FERAI UN OBJET DE STUPEUR,
UNE RISÉE, DES RUINES POUR TOUJOURS. Et ils ne seront jamais rétablis, mais ils
seront transformés à l’image d’un éternel désert. Plus haut, Jr 19, 8 :
Je ferai de cette ville un objet de stupeur et de dérision. Tout
passant en restera stupéfait et sifflera devant tant de blessures. Et quant à la cessation des
fonctions humaines pour la joie, JE FERAI DISPARAÎTRE [CHEZ EUX LES CRIS DE
JOIE], et pour les besoins de la vie, LE BRUIT DE LA MEULE (Jr 25, 10).
Plus haut, Jr 16, 9 : Je vais faire taire ici, sous vos
yeux, les cris de joie et d’allégresse, la voix du fiancé et de la fiancée. Et il décrit un châtiment encore
plus dur : ILS SERONT ASSERVIS [AU ROI DE BABYLONE] PENDANT SOIXANTE-DIX
ANS (Jr 25, 11). En effet, le règne des Chaldéens a eu cette
durée. Is 57, 16 : Je ne serai pas éternellement
irrité, car mon souffle sortira de mon visage, etc.
493. Deuxièmement,
il présente le châtiment que les Chaldéens ont supporté : MAIS QUAND
SERONT ACCOMPLIS LES SOIXANTE-DIX ANS (Jr 25, 12). En premier
lieu, il présente la menace : JE VISITERAI [LE ROI DE BABYLONE].
Ap 13, 10 : Celui qui a mené en captivité ira
en captivité ; celui qui aura tué par le glaive, il faut qu’il soit tué
par l’épée. En
deuxième lieu, [il présente] la certitude de la menace : ET JE FERAI
S’ACCOMPLIR TOUT CE QUE J’AI DIT CONTRE LUI (Jr 25, 13).
Is 13, 21, 46, et 47. JÉRÉMIE PROPHÉTISA, plus loin, Jr 50 et 51. CAR
ILS ONT ÉTÉ EN ESCLAVAGE (Jr 25, 14), mais
ils ont abusé par orgueil du bienfait de Dieu. En troisième lieu, il montre
l’équité du châtiment : ET JE LEUR RENDRAI [SELON LEURS ACTES].
Ps 28[27], 4‑5 : Rends-leur selon
l’œuvre de leurs mains, rends-leur ce qu’ils méritent, car ils n’ont pas
compris les œuvres du Seigneur, et tu les détruiras pour l’œuvre de leurs
mains, et tu ne les édifieras pas.
494. Ici
est présentée sous forme de vision imaginaire la révélation de la menace annoncée.
Premièrement, il présente la vision (Jr 25, 15) ; deuxièmement,
il l’explique, en cet endroit : TU LEUR DIRAS TOUTES CES PAROLES
(Jr 25,30).
495. À propos du premier point, il
fait deux choses. Premièrement, [le Seigneur] l’envoie pour [les] faire
boire ; deuxièmement, sont invités à boire ceux à qui il préparait à
boire, en cet endroit : ET TU LEUR DIRAS (Jr 25, 27).
496. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, le Seigneur verse
une boisson, comme il semblait [à Jérémie] dans une vision imaginaire :
PRENDS CETTE COUPE DE VIN (Jr 25, 15). Il lui semblait que le
Seigneur, étendant la main, lui versait une coupe. Par le vin est indiquée
l’indignation divine, par le calice, le pouvoir des tyrans, par lesquels cette
indignation devait se déverser sur les nations. TU FERAS BOIRE, non pas comme
si tu [leur] infligeais un châtiment, mais comme si tu [les] dénonçais.
Ps 75[74], 9 : Le Seigneur a en main une coupe
remplie d’un mélange épicé. Plus loin, Jr 51, 7 : Le Seigneur tient à
la main la coupe d’or de Babylone pour enivrer toute la terre ; les
nations boiront de son vin et elles en seront ébranlées.
497. Deuxièmement,
il présente l’effet du breuvage : [LES NATIONS] BOIRONT, en supportant
l’affliction, ELLES SERONT TROUBLÉES, à l’intérieur, par la crainte et la
douleur, ET DEVIENDRONT FOLLES, à l’extérieur, en se battant les unes contre
les autres à la manière d’un homme ivre (Jr 25, 16).
Is 24, 9 : Le breuvage sera amer pour ceux
qui le prendront.
498. Troisièmement,
le prophète accomplit la fonction enjointe : ET JE PRIS LA COUPE (Jr 25, 17).
Premièrement, il fait boire les Juifs : JÉRUSALEM (Jr 25, 18).
Ez 9, 6 : Commencez par mon sanctuaire. 1 P 4, 17 : Le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu. Deuxièmement, [il fait boire] les
amis du dehors, en commençant par les Égyptiens en qui ils avaient
confiance : PHARAON... [AINSI QUE TOUS LES ROIS] DU PAYS D’UÇ (Jr 25, 19‑20),
qui est autrement appelé le pays d’Hus, aux confins de l’Idumée et de l’Arabie.
ET TOUS LES AUTRES: il dit cela pour Geth, qui est la cinquième ville des
Philistins ; ET TOUS LES ROYAUMES (Jr 25, 21‑25).
Is 14, 26 : Telle est la décision que j’ai
prise pour toute la terre et tel est mon bras étendu sur toutes les nations. Troisièmement, [il fait boire] les
gens de Babylone : ET LE ROI DE SÉSACH (Jr 25, 26),
c’est-à-dire de Babylone, qui est appelée Babel en hébreu. Ainsi, pour cacher
le nom , il a inversé les voyelles et changé les consonnes qui leur sont
jointes, selon la coutume des Hébreux, qui enseignent aux enfants à dire la
première lettre en reculant à partir de la dernière, la deuxième à partir de
l’avant-dernière, et ainsi de suite. Ainsi, pour le double beth, qui est la
deuxième lettre chez les Hébreux, il met deux fois [la lettre] sin, qui est
l’avant-dernière ; et pour lamed, il met caph, qui lui est jointe selon le
premier calcul. 1 Co 15, 26 : À la fin, la mort
sera détruite.
499. Ici,
il invite à boire, et, à ce propos, il fait trois choses. Premièrement,
l’invitation est présentée : BUVEZ ! en supportant le châtiment,
ENIVREZ-VOUS ! par l’excès, comme s’ils perdaient l’usage de la raison au
point de ne pas savoir quoi faire, VOMISSEZ ! rejetez les richesses,
TOMBEZ ! dans la mort et la captivité (Jr 25, 27). Et il
parle par comparaison avec un homme ivre. Jb 20, 15 : Les richesses qu’il a dévorées, il les vomira, et Dieu les lui
arrachera du ventre ! Is 29, 9 : Soyez frappés de stupeur et
d’étonnement, soyez ébranlés et vacillez : vous êtes ivres, et non pas de
vin ; vous êtes ébranlés, et non par l’ivresse, etc.
500. Deuxièmement,
la coercition est présentée : S’ILS REFUSENT...VOUS BOIREZ DE FORCE !
(Jr 25, 28), c’est-à-dire, que vous le vouliez ou non.
Ap 14, 9‑10 : Si quelqu’un a adoré la bête et
son image et a reçu son sceau sur le front et sur la main, celui-ci boira le
vin de la colère de Dieu, qui a été mélangé dans la coupe de sa colère.
501. Troisièmement,
la raison de la coercition est donnée, et premièrement, par un exemple :
CAR VOICI QUE DANS LA VILLE (Jr 25, 29), à savoir, Jérusalem.
1 P 4, 17 : S’il en est ainsi de nous, quelle
sera la fin de ceux qui ne croient pas à l’évangile de Dieu ? Plus loin,
Jr 49, 12 : Voici que ceux qui n’avaient pas
de raison de boire la coupe la boivent de force, et toi, tu resterais
impuni ? Tu ne resteras pas impuni, mais tu la boiras pour de bon ! Deuxièmement, en raison d’une
décision du Seigneur : [J’APPELLE MOI-MÊME] L’ÉPÉE [CONTRE VOUS], ce qui
est la même chose que le breuvage. Ez 21, 3 : Je tirerai mon glaive de son fourreau, et je tuerai chez toi le juste
et l’impie.
502. Ici
est présentée l’explication de la vision. Premièrement, contre les
nations ; deuxièmement, contre les dirigeants des nations, en cet
endroit : HURLEZ, PASTEURS ! (Jr 25, 34).
503. À propos du premier point, il
fait deux choses. Premièrement, il présente une menace, en présentant
l’indignation divine : LE SEIGNEUR RUGIRA, terriblement comme un lion
enragé, D’EN HAUT, c’est-à-dire depuis la hauteur de son jugement (Jr 25, 30).
Am 3, 8 : Le lion rugira : qui n’aura
pas peur ? [Il
présente] l’universalité du châtiment : SUR SA BEAUTÉ, c’est-à-dire le
Temple, comme s’il disait : «Sa colère commencera par le Temple et se
répandra sur toute la terre.» IL POUSSE LE CRI DES FOULEURS [À LA CUVE] :
le chant des vendangeurs, par lequel est indiquée la joie des vainqueurs dans
la dévastation des terres ; ils sont signifiés par les fouleurs parce
qu’ils versent le sang humain comme ceux-ci le sang du raisin. Ainsi,
Is 63, 3 : À la cuve j’ai foulé solitaire, et
des nations personne n’était avec moi. Je les ai foulés dans ma fureur, et je
les ai écrasés dans ma colère ; et leur sang s’est répandu sur mes
vêtements, et j’ai souillé tous mes habits. Plus loin, Jr 48, 33 : Le fouleur ne chantera plus son chant de joie. Et il présente l’équité du châtiment,
en présentant le jugement : LE SEIGNEUR ENTRE EN PROCÈS CONTRE LES NATIONS
(Jr 25, 31). Mi 6, 2 : Le Seigneur est en procès contre son peuple, et il plaide contre
Israël. Et la
forme du procès : LES IMPIES, [IL LES LIVRE À L’ÉPÉE].
Is 1, 20 : Car si vous provoquez ma colère,
l’épée vous dévorera, car la bouche du Seigneur a parlé.
504. En second lieu, il présente le déroulement et l’ordre du
châtiment : AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 25, 32).
Premièrement, il présente le déroulement du châtiment : VOICI QUE [LE
MALHEUR] SORTIRA [D’UNE NATION POUR ALLER VERS L’AUTRE], car une nation en
combattra une autre et elle-même sera combattue, et ainsi de suite. DEPUIS LES
SOMMETS, depuis les plus puissants, comme les Chaldéens, les Grecs, etc.
Si 10, 8 : La souveraineté passe d’une nation
à l’autre en raison des injustices et des outrages, des affronts et des
diverses ruses. Plus
loin, Jr 30, 23 : Voici l’ouragan du Seigneur, sur
la tête des impies il fait irruption. Deuxièmement, il présente l’effet de la
tribulation, car ils perdront la vie : IL Y AURA DES VICTIMES DU SEIGNEUR,
c’est-à-dire du fait du Seigneur (Jr 25, 33). Plus haut,
Jr 12, 12 : L’épée du Seigneur dévorera la
terre d’une extrémité à l’autre. Et ils n’auront pas de sépulture : ON NE LES PLEURERA PAS, ON NE
LES RAMASSERA PAS, ON NE LES ENSEVELIRA PAS. Plus haut, Jr 16, la même
chose.
505. Ici, il profère des menaces contre les dirigeants des nations.
Premièrement, pour ce qui est de leurs personnes, en indiquant d’avance le
châtiment : HURLEZ (Jr 25, 34), comme s’ils ne pouvaient
exprimer leur douleur par des paroles, mais en élevant la voix.
Is 34, 6 : L’épée du Seigneur est couverte de
sang, elle s’est gorgée du sang des agneaux et des boucs, et du sang des
béliers bien engraissés, etc. LES GRANDS (Jr 25, 35), qui sont les riches et les
dirigeants du peuple. Et il écarte une voie salvatrice : PAS
D’ÉVASION ! Lm 1, 6 : Ils s’en sont allés
sans force devant celui qui les suivait.
506. Deuxièmement,
pour ce qui est des territoires affectés : CLAMEUR [DES PASTEURS] (Jr 25, 36).
En premier lieu, il présente la comparaison des villes dévastées : CAR LE
SEIGNEUR A DÉVASTÉ LEURS PACAGES, à savoir, leurs villes et leurs villages, et,
conformément à la métaphore du troupeau, LEURS PAISIBLES PÂTURAGES, qui, en
temps de paix, étaient très beaux, ONT ÉTÉ RÉDUITS AU SILENCE (Jr 25, 37),
comme s’il disait : «Ils ont été ramenés au néant, de sorte qu’on ne parle
plus d’eux.» Jl 1, 19 : Le feu a dévoré les
beautés du désert, et les flammes ont brûlé tous les arbres de la région. Et pour ce qui est de la destruction
du Temple : LE LION, à savoir, Dieu, A ABANDONNÉ SON REPAIRE (Jr 25, 38),
le Temple, que nul n’osait approcher lorsque [Dieu] le gardait. Plus haut,
Jr 12, 7 : J’ai quitté ma maison. Deuxièmement, il présente
l’explication : CAR LEUR PAYS EST DEVENU UN DÉSERT DEVANT LA COLÈRE DE LA
COLOMBE, à savoir, de Dieu, qui punit sans être bouleversé. Ou de Jérusalem,
qui se met en colère parce qu’elle s’est détournée de Dieu. Ou de
Nabuchodonosor, en raison de la stupidité de l’orgueil.
Os 7, 11 : Éphraïm est comme une colombe
séduite parce qu’elle n’a pas de cœur. Ou bien parce qu’il avait une colombe dans
les pâturages. Ou parce qu’il a accompli le commandement du Seigneur comme un
homme doux. Ou par antiphrase, parce qu’il était cruel.
507. Ici
est présentée la conspiration des dirigeants contre le prophète. Et cela se
divise en trois. Premièrement, il présente le titre ; deuxièmement, une
prophétie, en cet endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR
(Jr 26, 2) ; troisièmement, il conclut, en cet endroit : AU
DÉBUT DU RÈGNE DE JOACHIM (Jr 27, 1).
Le titre est clair par lui-même.
508. Ici
est présentée une prophétie, et il y a trois parties. Dans la première,
l’occasion de la persécution [du prophète] est présente ; dans la
deuxième, la persécution est présentée, en cet endroit : ET LES PRÊTRES
ONT ENTENDU, etc. (Jr 26, 7) ; dans la troisième est présentée
la libération [du prophète], en cet endroit : ET LES DIRIGEANTS ENTENDIRENT,
etc. (Jr 26, 16).
509. Or,
l’occasion venait de la prédication [du prophète]. C’est pourquoi il indique en
premier le lieu de sa prédication : TIENS-TOI DANS LA COUR [DU TEMPLE] (Jr 26, 2).
Plus haut, Jr 7, 2 : Tiens-toi à la porte de la maison
du Seigneur et prononces-y tous tes discours. Deuxièmement, pour ce qui est du résultat de
la correction : N’EN RETRANCHE AUCUN MOT ; pour ce qui est de la
correction de la faute : [PEUT-ÊTRE] SE DÉTOURNERA-T-IL (Jr 26, 3),
et pour ce qui est de la rémission de la peine : JE ME REPENTIRAI. Plus
haut, Jr 18, 8 : Si cette nation se repent de sa
faute, pour laquelle j’ai parlé contre elle, je me repentirai du mal que j’ai
pensé lui faire. Troisièmement,
il présente les paroles de la prédication : ET TU [LEUR] DIRAS (Jr 26, 4‑6).
Plus haut, Jr 7, 14 : Je ferai à cette maison où mon nom
a été invoqué et en laquelle vous avez confiance, et au lieu que je vous ai
donné ainsi qu’à vos pères, comme j’ai fait pour Silo : je vous rejetterai
de ma face, comme j’ai repoussé tous vos frères, toute la descendance
d’Ephraïm.
510. Ici
est présentée la persécution. À ce propos, il présente quatre choses. Premièrement,
l’écoute de la prédication : ET [ILS] ENTENDIRENT (Jr 26, 7).
Ez 33, 31 : Ils entendent tes paroles et ne
les mettent pas en pratique, car ils les tournent en mélopée dans leur bouche. Deuxièmement, [il présente] leur
décision impie : QUAND JÉRÉMIE EUT FINI... LES PRÊTRES SE SAISIRENT DE LUI
(Jr 26, 8). Sg 2, 20 : Condamnons-le à une mort honteuse. Am 5, 10 : Ils ont pris en haine celui qui les corrigeait à la porte, et celui qui
parlait parfaitement, ils l’ont pris en abomination. Troisièmement, [il présente] la
raison de leur méchanceté : CAR IL A PROPHÉTISÉ (Jr 26, 9),
comme s’il disait : «Il semble que [Jérémie] dise quelque chose de faux
puisque le Seigneur a choisi ce lieu.» 1 R 22, 8 : Je l’ai haï, car il ne me prophétise pas quelque chose de bon, mais de
mauvais. Quatrièmement,
[il présente] le rassemblement du peuple : ET TOUT LE PEUPLE SE RASSEMBLA.
Si 10, 2 : Tel est le dirigeant de la ville,
tels sont ceux qui y habitent. Ibidem, 7, 7‑8 : Ne te joins pas au peuple, et tu ne t’associeras pas à un double péché.
511. Ici
est présentée la libération [du prophète] et, à ce propos, il y a deux choses.
Premièrement, le jugement des dirigeants en vue de la libération de Jérémie est
présenté ; deuxièmement, l’apaisement de la colère du peuple par les paroles
des anciens, en cet endroit : CERTAINS DES ANCIENS DU PAYS SE LEVÈRENT
DONC (Jr 26, 17).
512. À
propos du premier point, il y a trois choses. Premièrement, il présente le plan
des dirigeants : ILS MONTÈRENT VERS LA MAISON DU SEIGNEUR (Jr 26, 10);
en vue de réprimer une NOUVELLE sédition, car elle avait de nouveau été
soulevée pour obtenir le jugement des prêtres à propos de ce qui se rapportait
au culte religieux. Dt 16, 18 : Tu établiras à
toutes tes portes les juges et les maîtres que ton Dieu t’aura donnés dans chacune
de tes tribus, afin qu’ils jugent le peuple par un juste jugement et ne
penchent d’un côté, etc.
513. Deuxièmement,
il présente la discussion au sujet de l’accusation : ALORS LES PRÊTRES
PARLÈRENT [À TOUT LE PEUPLE] (Jr 26, 11). Et ils s’efforcent
de [lui] attribuer le crime de blasphème afin qu’il soit tué. De même,
Ac 6, 13 : Cet homme ne cesse de parler
contre le lieu saint et la loi. Et au sujet de la défense : MAIS JÉRÉMIE DIT (Jr 26, 12).
Or, il répond prudemment, car il récuse la faute : LE SEIGNEUR M’A ENVOYÉ ;
je ne dois donc pas être tenu coupable de ce que j’ai dit. Si 4 27‑28 :
Ne crains pas ton prochain lorsqu’il est tombé, et ne retiens pas ta
parole au temps du salut. Is 48, 16 : Maintenant, le Seigneur m’a envoyé
ainsi que son Esprit. Et il atténue la colère en montrant le remède : MAINTENANT DONC,
AMÉLIOREZ VOS VOIES ET VOS EFFORTS (Jr 26, 13). Plus haut,
Jr 18, 11 : Que chacun revienne de ses voies
mauvaises, redressez vos voies et vos efforts. Il répond avec humilité, car il reconnaît
[leur] puissance : ME VOICI ENTRE VOS MAINS (Jr 26, 14).
Pr 15, 1 : Une réponse calme brise la colère,
une manière âpre de parler suscite la fureur. Il répond aussi avec constance, car il
interdit qu’on agisse injustement [contre lui] : MAIS SACHEZ [QUE SI VOUS
ME FAITES MOURIR] (Jr 26, 15). Gn 14, 10 : La voix du sang de ton frère crie vers moi depuis la terre. Et parce qu’il confirme le
jugement [du Seigneur] : LE SEIGNEUR M’A BEL ET BIEN ENVOYÉ.
Ac 4, 19 : S’il est juste au regard de Dieu
de vous écouter plutôt que Dieu, jugez-en.
514. Troisièmement,
la promulgation de la sentence est présentée : ALORS [LES PRINCES ET LE
PEUPLE ENTIER] DIRENT (Jr 26, 16). Et, en premier lieu, la
sentence est promulguée par les dirigeants : CET HOMME NE MÉRITE PAS LA
PEINE DE MORT. Lc 23, 15 : On n’a rien proféré
contre lui qui mérite la mort. En deuxième lieu, la sentence est confirmée par les anciens, à qui il
appartient de connaître les faits anciens. Jb 12, 12 : La sagesse se trouve chez les anciens, et la prudence chez les gens
âgés.
515. Ici
est présenté le refoulement de la fureur du peuple contre Jérémie par les
paroles des anciens (Jr 26, 17). Premièrement, ils proposent
d’imiter l’exemple d’un juste dans ce qui est arrivé à Michée, en présentant sa
prédication : MICHÉE, l’un des douze petits prophètes ; DE MORASTHI,
pour le distinguer de Michée, fils de Yela, dont il est question en
1 R 22 ; [A BIEN DIT À TOUT LE PEUPLE :] SION [SERA UNE
COLLINE DE LABOUR] (Jr 26, 18). Mi 3, 1 : Écoutez, dirigeants de Jacob et chefs de la maison d’Israël. Plus haut,
Jr 9, 11 : Je ferai de Jérusalem un tas de
sable et un repaire de chacals, et je livrerai les villes de Juda à la
désolation, à tel point que personne n’y habitera. [Et en présentant] la conversion du
peuple : EST-CE QU’IL L’A CONDAMNÉ À MORT ? (Jr 26, 19).
Comme s’il répondait que non. Plus haut, Jr 6, 16 : Interrogez les anciens, au sujet de la route, pour savoir quelle est la
bonne, et vous trouverez le repos de votre âme. Et il amènent la conclusion : NE LE
FAISONS DONC PAS. Ps 7, 17 : Sa peine retombera
sur sa tête, et son iniquité s’abattra sur le sommet de sa tête.
516. Deuxièmement,
ils proposent un exemple d’injustice à éviter afin qu’ils n’ajoutent pas le mal
au mal : IL Y EUT ENCORE UN HOMME QUI PROPHÉTISAIT (Jr 26, 20).
En premier lieu, sa prédication est présentée : IL PROPHÉTISA [CONTRE
CETTE VILLE]. 1 Co 14, 33 : Car Dieu n’est pas
un Dieu de discorde, mais de paix. Et ainsi, tous disaient la même chose. En
deuxième lieu, la persécution et la fuite sont présentées : [LE PROPHÈTE]
ENTENDIT ET PRIT LA FUITE (Jr 26, 21).
Mt 10, 23 : S’ils vous persécutent dans une
ville, fuyez dans une autre. En troisième lieu, la mise à mort [du prophète] : MAIS LE ROI
ENVOYA [EN ÉGYPTE] (Jr 26, 22‑23), car il s’était allié
aux Égyptiens. C’est pourquoi celui-ci fut tué et Jérémie, libéré, car Dieu
permet que certains soient tués parmi les saints pour la condamnation des
méchants et [pour donner] un exemple de patience des bons. Jc 5, 10 :
Frères, prenez l’exemple de la mort du méchant, et de la longanimité,
des peines et de la patience chez les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.
Même chose,
Ac 12, où Jacques est tué et Pierre est libéré.
517. Troisièmement,
l’exécution de la sentence de libération de Jérémie est présentée :
AHICAM, FILS DE SAPHAN, PROTÉGEA DONC JÉRÉMIE (Jr 26, 24).
518. Ici,
après avoir donné un titre clair (Jr 27, 1), [Jérémie] écarte
les fausses consolations de la part des prophètes : premièrement, d’une
manière générale ; deuxièmement, en allant jusqu’à certains prophètes en
particulier : ET IL ARRIVA, DANS CETTE MÊME ANNÉE (Jr 28, 1).
519. À
propos du premier point, il fait deux choses : premièrement, il écarte les
consolations de la part des prophètes des nations ; deuxièmement, de la
part des prophètes des Juifs, en cet endroit : ET J’AI PARLÉ À SÉDÉCIAS,
ROI DE JUDA (Jr 27, 12).
520. À
propos du premier point, il fait deux choses. Premièrement, il indique à
l’avance la prophétie par un acte : FAIS-TOI DES LIENS (Jr 27, 2),
comme signe de l’esclavage sous les nations, [PUIS ENVOIE-LES AU ROI D’ÉDOM...]
PAR L’ENTREMISE DE LEURS ENVOYÉS (Jr 27, 3), qui avaient été
envoyés en vue de s’allier au roi de Jérusalem ou en vue de résister à
Nabuchodonosor. Os 12, 11 : J’ai multiplié les
visions et j’ai ressemblé aux mains des prophètes. Ez 3, 25 : Et toi, fils d’homme, voici que des liens t’ont été mis, et on te liera
par eux, et tu ne sortiras pas d’entre eux, etc.
521. Deuxièmement,
il exprime [la prophétie] par la parole : ET TU ORDONNERAS (Jr 27, 4).
Car il les incite à se soumettre au roi de Babylone à l’encontre du conseil donné
par les prophètes. En premier lieu, en raison de la puissance de Nabuchodonosor
qu’il montre de deux façons. Premièrement, à partir d’une autorisation divine,
en présentant la création des êtres : C’EST MOI QUI AI FAIT LA TERRE (Jr 27, 5),
pour ce qui est de l’œuvre de la création et de son aménagement ; LES
HOMMES, pour ce qui est de l’œuvre d’embellissement ; PAR MON BRAS, qui
indique l’application de sa puissance à l’œuvre. Is 42, 5 : Affermissant la terre et ce qui pousse en elle. Et il conclut par l’autorité [qu’a
Dieu] de [la] donner : ET JE LA DONNE À QUI [BON ME SEMBLE], à un homme ou
à n’importe quel autre. Dn 4, 14 : Le Seigneur est
au-dessus du pouvoir des hommes, et il donne celui-ci à qui il veut. Et en montrant que Dieu l’a remise
à Nabuchodonosor, pour ce qui est des hommes : ET MAINTENANT, J’AI REMIS
TOUS CES PAYS AUX MAINS DE NABUCHODONOSOR (Jr 27, 6).
Dn 5, 18 : Dieu, le plus grand des rois, a
donné à Nabuchodonosor, ton père, une grande gloire et un honneur. Et, à cause
de la magnificence qu’il lui avait donnée, tous les peuples, tribus et langues
tremblaient et le craignaient, etc. Et pour ce qui est des bêtes : ET MÊME
LES BÊTES : il s’agit d’une manière hyperbolique de parler. Ou bien, par
les bêtes, sont signifiés les hommes féroces qui lui sont soumis. Ou bien,
parce que, une fois les hommes soumis, même les bêtes qui leur sont soumises
lui sont soumises. Ainsi, Dn 4, les bêtes se reposaient à l’ombre d’un
arbre, par lequel Nabuchodonosor est signifié. D’une autre façon, il montre sa
puissance par le fait de la soumission des nations : [TOUTES LES NATIONS]
LE SERVIRONT (Jr 27, 7). Qo 3, 1 : Toutes choses ont leur temps. Troisièmement, il les incite par le
châtiment des rebelles, en présentant le châtiment des rebelles : MAIS LA
NATION OU LE ROYAUME [QUI NE SERVIRA PAS NABUCHODONOSOR] (Jr 27, 8).
C’est pourquoi en Rm 13, 5 : Forcés, soyez
soumis, non seulement à cause de la colère, mais aussi pour raison de
conscience. Et il
écarte le conseil des prophètes : ET VOUS, N’ÉCOUTEZ PAS LES PROPHÈTES (Jr 27, 9),
dont les païens disent qu’ils peuvent même connaître les choses à venir par l’éclat
de l’intellect agent dans leurs âmes ; LES DEVINS, dans les temples des
idoles ; LES RÊVEURS, qui [parlent] de leurs songes ; LES AUGURES,
qui [parlent] du chant des oiseaux ; LES VATICINATEURS, qui prédisent
l’avenir en conjurant les démons. Plus haut, Jr 23, 16 : N’écoutez pas les paroles des prophètes qui prophétisent pour vous,
mais vous trompent. Ils parlent de ce que voit leur cœur, et non selon la
parole du Seigneur, etc. Et il assigne comme cause le mensonge des prophètes : CAR ILS PROPHÉTISENT
LE MENSONGE (Jr 27, 10) ; et un danger imminent : EN
LE DISANT LOINTAIN[5].
1 R 22, 22 : Je serai un esprit de mensonge
dans la bouche des prophètes.
522. Troisièmement,
il les incite par la grâce de ceux qui obéissent, qu’ils recevront du
Seigneur : MAIS LA NATION [QUI OFFRIRA SA NUQUE AU ROI DE BABYLONE] (Jr 27, 11).
Plus loin, Jr 40, 9 : Ne craignez pas d’être les
esclaves des Chaldéens : habitez dans leur pays, servez le roi de
Babylone, et il vous en viendra du bien.
523. Parce
que ces messagers pourraient demander pourquoi il n’a pas dit ces choses à son
peuple prompt à la rébellion, celui-ci répond qu’il leur a dit les mêmes
choses : premièrement, l’avertissement donné au roi est présenté ;
deuxièmement, [l’avertissement donné] aux prêtres et au peuple, en cet
endroit : ET J’AI PARLÉ AUX PRÊTRES ET À CE PEUPLE (Jr 27, 16).
524. À
propos du premier point, il fait deux choses. En premier lieu, il présente un
bon conseil, en le présentant : PLIEZ LA NUQUE (Jr 27, 12).
1 P 2, 18 : Soyez des esclaves soumis à vos
maîtres en tout temps, non seulement à ceux qui sont bons et aux bienveillants,
mais aussi à ceux qui sont difficiles. Et en annonçant à l’avance un danger
imminent : POURQUOI TENEZ-VOUS À MOURIR ? (Jr 27, 13).
Plus haut, Jr 21, 9 : Celui qui sera demeuré dans cette
ville mourra par l’épée, la faim et la peste ; mais celui qui en sera
sorti et aura fui chez les Chaldéens qui vous assiègent, vivra, et il aura sa
propre âme comme butin. En second lieu, il écarte le faux conseil des prophètes :
N’ÉCOUTEZ PAS [LES PAROLES DES PROPHÈTES] (Jr 27, 14), pour
trois raisons. Premièrement, en raison de leur promesse trompeuse : CAR
[ILS PROPHÉTISENT] UN MENSONGE. Ez 22, 28 : Ses prophètes les couvraient d’huile sans modération, en voyant des
vanités et en leur annonçant un mensonge, en disant : «Voici ce que dit le
Seigneur», alors que le Seigneur n’a pas parlé. Deuxièmement, en raison de leur prétendue
autorité : CAR JE NE [LES] AI PAS ENVOYÉS (Jr 27, 15).
Plus haut, Jr 23, 21 : Je ne les envoyais
pas, et ils couraient ; je ne leur parlais pas, et ils prophétisaient. Troisièmement, en raison du
châtiment imminent : [LA CONSÉQUENCE EST QUE] JE VOUS CHASSERAI, comme ce
sera le cas. Os 4, 5 : Tu trébucheras
aujourd’hui, et le prophète aussi trébuchera avec toi.
525. Ici
est présenté l’avertissement adressé aux prêtres et au peuple.
526. Premièrement,
il écarte le faux conseil : N’ÉCOUTEZ PAS...; VOICI LES USTENSILES (Jr 27, 16),
qui avaient été emportés à Babylone sous Jéchonias, 2 R 24. Et il
précise la cause, en présentant le mensonge des prophètes : ILS VOUS
PROPHÉTISENT LE MENSONGE. Le résultat de l’esclavage : AFIN QUE VOUS
VIVIEZ (Jr 27, 17) ; le danger de la rébellion :
POURQUOI CETTE VILLE SERAIT-ELLE TRANSFORMÉE EN DÉSERT ? Plus haut,
Jr 21, 9 : Celui qui sera sorti et aura fui
chez les Chaldéens qui vous assiègent, vivra, etc.
527. Deuxièmement,
il demande un signe de la vérité : S’ILS SONT PROPHÈTES (Jr 27, 18),
comme s’il disait : «Qu’ils fassent ce qui est moindre, à savoir, ne pas
faire emporter ce qui reste, en s’adressant à Dieu par leurs prières, afin que
leur soit apporté ce qui est plus grand, à savoir, faire rapporter ce qui avait
été emporté.» Ez 13, 5 : Vous n’êtes pas
montés aux brèches, vous n’avez pas dressé un mur en faveur de la maison
d’Israël, pour tenir fermes au combat, au jour du Seigneur.
528. Troisièmement,
il présente un argument manifeste de leur fausseté en recourant à [un argument]
a majori,
car ce qui est plus vraisemblable ne se produira pas, à savoir que les
ustensiles restants demeurent [à Jérusalem] ; et pas davantage ce qui
l’est moins, à savoir que les ustensiles emportés soient rapportés. CAR AINSI
PARLE LE SEIGNEUR AU SUJET DES COLONNES (Jr 27, 19-20), des
deux [colonnes] que Salomon avait placées dans le portique, DES BASES, celles
[des colonnes], ET DE LA MER, un bassin dans lequel était conservée l’eau
destinée à l’ablution des prêtres, qui est placé sur douze bases. Il est question
de tout cela en 1 R 7. Et il reprend : CAR AINSI PARLE LE
SEIGNEUR (Jr 27, 21), en raison des ustensiles du Temple, car
on n’avait déplacé que les ustensiles qui se trouvaient dans le portique.
1 M 2, 9 : Les vases qui faisaient sa gloire
ont été emportés. Et
il promet leur retour dans un avenir éloigné : JE LES FERAI EMPORTER (Jr 27, 22),
à l’époque de Cyrus, 1 Esd 5. Cyrus emporta les vases sacrés du
Seigneur, que Nabuchodonosor avait emportés de Jérusalem, et il les consacra à
son idole. Et, en les produisant, Cyrus, le roi des Perses, les livra à
Mithridate, qui veillait sur ses trésors ; mais, par celui-ci, ils furent
livrés à Salmanasar, qui gouvernait la Judée.
529. Ici,
il s’arrête d’une manière particulière à certains faux prophètes :
premièrement, à l’un qui prophétisait pour ceux qui étaient restés à
Jérusalem ; deuxièmement, à certains qui prophétisaient aux captifs de
Babylonie, chap. 29 : VOICI LE TEXTE DU LIVRE QUE LE PROPHÈTE JÉRÉMIE
ENVOYA (Jr 29, 1).
530. À
propos du premier point, [il fait] deux choses : premièrement, la fausse
consolation du faux prophète est présentée ; deuxièmement, le reproche
adressé par Jérémie à sa fausseté, en cet endroit : ET LA PAROLE DE DIEU
FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE (Jr 28, 12).
531. À
propos du premier point, [il fait] deux choses : premièrement, la fausse
consolation que le faux prophète faisait en parole est présentée ;
deuxièmement, [celle] qu’il faisait par un geste, en cet endroit : ET LE
PROPHÈTE HANANIAS ENLEVA LA CHAÎNE DES ÉPAULES DE JÉRÉMIE
(Jr 28, 10).
532. À
propos du premier point, [il fait] deux choses : premièrement, la fausse
consolation est présentée ; deuxièmement, la réponse de Jérémie, en cet
endroit : ET JÉRÉMIE DIT, etc. (Jr 28, 6).
533. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, il présente le
titre de la fausse prophétie, dans lequel le moment est indiqué : LA
QUATRIÈME ANNÉE, LE PROPHÈTE HANANIAS, comme on le croyait ; [et il
indique] le lieu : DANS LA MAISON DU SEIGNEUR (Jr 28, 1).
Plus haut, Jr 23, 11 : J’ai trouvé leur mal
dans ma maison, dit le Seigneur. Deuxièmement, il présente la fausse parole de consolation : AINSI
PARLE LE SEIGNEUR. En premier lieu, il promet la liberté : J’AI BRISÉ,
j’ai détruit (en raison de la certitude, il parle au passé), LE POUVOIR [DU ROI
DE BABYLONE] (Jr 28, 2), qui allait être détruit, mais pas à
ce moment. Is 10, 27 : Le joug pourrira
devant l’huile. En
second lieu, il prédit la proximité de l’accomplissement : ENCORE DEUX ANS
(Jr 28, 3), afin qu’on ne croie pas qu’il s’agit d’années au
sens d’années, comme ce que dit Ez 4, 6 : Un jour pour un an, je t’ai donné un jour pour an. Premièrement, pour ce qui est du
retour des ustensiles : ET MOI, JE FERAI REVENIR EN CE LIEU TOUS LES USTENSILES
DU SEIGNEUR, dont la capture [est décrite] en Lm 1, 10 : L’ennemi a fait main basse sur tout ce qui était désirable chez lui,
etc. Deuxièmement,
pour ce qui est de la libération de ses dirigeants : DE MÊME, [JE FERAI
REVENIR] JÉCHONIAS (Jr 28, 4), contrairement à ce qui a été
dit plus haut, au chapitre précédent. Plus haut, Jr 22, 29 : Terre ! Terre ! Terre ! Écoute la parole du Seigneur.
534. Ici
est présentée la réponse de Jérémie (Jr 28, 5).
535. Premièrement,
il montre son sentiment, en souhaitant que s’accomplisse ce que [le prophète]
disait : AMEN ! (Jr 28, 6), c’est-à-dire : que
s’accomplisse. Mi 2, 11 : Je souhaiterais être
un homme qui n’a pas l’Esprit, et dire plutôt un mensonge ! Ne s’oppose pas à cela le fait
qu’il savait que le Seigneur voulait le contraire, car ce souhait doit être
compris conditionnellement, à savoir, si Dieu le voulait, et parce qu’en cela
il conforme sa propre volonté à la volonté divine par le fait qu’il veuille ce
dont Dieu veut l’existence.
536. Deuxièmement,
afin de ne pas paraître consentir à une fausseté, il donne un signe de la
vérité : CEPENDANT, ÉCOUTE BIEN [LA PAROLE QUE JE VAIS PRONONCER] (Jr 28, 7‑9).
Et ce signe est donné. Dt 18, 22 : Ce que ce prophète a
prédit au nom du Seigneur et qui n’est pas arrivé, cela le Seigneur ne l’a pas
dit. Mais il
semble raisonner à partir du sens contraire, et il semble que cela ne soit pas
valable, car cela démolit l’antécédent. Et c’est pourquoi on trouve le
contraire en Dt 13, 1s : Si un prophète
surgit chez toi ou quelqu’un qui dise avoir eu un songe, et s’il prédit un
signe et un prodige, et si se réalise ce qu’il a dit, et qu’il te dise :
«Allons, suivons des dieux étrangers que tu ignores, et servons-les !», tu
n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce rêveur, etc. Et il faut dire que l’argument est
efficace afin de montrer la fausseté de ce [prophète], et c’est cela que
lui-même vise.
537. Ici, il confirme sa prophétie
par un geste. Et à ce propos, [il fait] trois choses. Premièrement, il présente
la comparaison avec le geste : [LE PROPHÈTE HANANIAS] PRIT ET BRISA [LE
JOUG] (Jr 28, 10), en signe de rupture du pouvoir de Babylone.
Deuxièmement, il explique la comparaison : ET HANANIAS DIT (Jr 28, 11).
Cela était bien éloigné dans le futur. Plus loin, Jr 30, 8 : J’enlèverai son joug de tes épaules, et je romprai ses liens. Troisièmement, l’humilité de
Jérémie est indiquée, car il supporta cela volontiers avec patience, puis s’en
alla. Ps 38[37], 15 : Je suis devenu comme un homme qui
n’écoute pas et dont la bouche n’a pas de réplique.
538. Ici,
le blâme contre la fausseté [de la prophétie] est présenté. Premièrement, il
écarte une fausse consolation par une comparaison avec un geste : Toi,
Hananias, TU AS BRISÉ [UN JOUG DE BOIS] (Jr 28, 12) ; et toi,
Jérémie, TU LE REMPLACERAS [PAR UN JOUG DE FER (Jr 28, 13), en
signe d’augmentation du châtiment. Jb 6, 16 : Ceux qui craignent le givre, la neige tombera sur eux. Et l’explication de la
comparaison : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 28, 14),
comme s’il disait : «Le joug de l’esclavage sera plus dur qu’on ne l’avait
d’abord annoncé.» Si 28, 24 : Son joug est un joug
de fer, et ses liens sont des liens d’airain.
539. Deuxièmement,
une menace est présentée contre celui-là même qui prophétise. En premier lieu,
il présente l’empêchement de la faute : ET JÉRÉMIE DIT... : «LE SEIGNEUR
NE T’A PAS ENVOYÉ» (Jr 28, 15). Is 28, 15 : Nous avons mis notre espoir dans un mensonge, et nous avons été
protégés par un mensonge. En second lieu, la menace d’un châtiment est présentée : C’EST
POURQUOI JE TE RENVOIE [DE LA FACE DE LA TERRE] (Jr 28, 16),
c’est-à-dire, je te supprimerai par la mort. Ps 1, 4 : Il n’en est pas ainsi, il n’en est pas ainsi de l’impie, mais, comme de
la poussière que le vent a rejetée de la face de la terre.
Troisièmement, l’accomplissement de la
prophétie est présenté : ET IL MOURUT AU SEPTIÈME MOIS (Jr 28, 17).
Il n’a donc survécu que deux mois. 1 Th 5, 3 : Alors qu’il disaient : «Paix ! Sécurité !», la mort
s’est subitement abattue sur eux, comme la douleur chez une femme enceinte, et
ils n’y échapperont pas.
540. Ici,
il écarte les fausses consolations des prophètes, qui consolaient les captifs
de Babylonie : premièrement, il écarte les fausses consolations ;
deuxièmement, il s’en prend aux faux consolateurs eux-mêmes, en cet
endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR, etc. (Jr 29, 8).
541. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. En premier lieu, il présente le
titre de la prophétie, dans lequel il indique trois choses : la manière de
prophétiser, car c’était par mode de lettre : VOICI [LE TEXTE] DU LIVRE (Jr 29, 1),
c’est-à-dire de la lettre. Is 30, 8 : Va, écris sur une tablette et, en plus, dans un livre. Et, au dernier
jour, ce sera un témoignage pour l’éternité. Le moment de la prophétie : APRÈS QUE
[LE ROI JÉCHONIAS EUT QUITTÉ JÉRUSALEM] (Jr 29, 2),
2 R 24. Is 3, 1 : Voici que le
Seigneur des armées enlèvera de Jérusalem celui qui est en santé et fort, toute
la force qui vient du pain, et toute la force de l’eau; celui qui est un fort
et un guerrier, un juge et un prophète, etc. Et le messager de la prophétie : [LA
LETTRE] FUT PORTÉE À ÉLASA, FILS DE SAFAN, ET À GAMARIA, FILS DE HELCIA, QUE
[SÉDÉCIAS] ENVOYA (Jr 29, 3), afin de faire la paix avec les
Chaldéens, après avoir été effrayé par la mort du faux consolateur Hananias et
par la menace de Jérémie. Pr 19, 25 : Frappe celui qui a la peste, et le niais deviendra plus sage ! En deuxième lieu, il présente le
texte de la prophétie : VOICI CE QUE DIT LE SEIGNEUR (Jr 29, 4).
Et, à ce propos, [il fait] deux choses. Premièrement, il leur donne un conseil
bon et salutaire, afin qu’ils portent attention à ce qui concerne le nécessaire :
BÂTISSEZ DES MAISONS (Jr 29, 5), ce qu’ils avaient négligé de
faire parce qu’ils croyaient revenir bientôt, conformément aux promesses des
faux prophètes. Ps 107[106], 37 : Ils ont ensemencé
les champs, ils ont planté des vignes, et ils ont produit du fruit à récolter. Pour qu’ils portent aussi
attention à ce qui concerne la succession de leur descendance : PRENEZ
FEMME (Jr 29, 6). Gn 1, 22 : Croissez, multipliez-vous, et remplissez la terre. Et pour qu’ils portent attention à
ce qui concerne la tranquillité de la paix : RECHERCHEZ LA PAIX ! (Jr 29, 7).
Ba 1, 11 : Priez pour la vie de Nabuchodonosor,
roi de Babylone, et pour la vie de Balthasar, son fils, etc. 1 Tm 2, 1 : Je vous demande, en premier de tout, de faire des supplications, des
demandes, des actions de grâce pour tous les hommes, pour les rois et pour tous
ceux qui occupent de hautes fonctions, afin que nous menions une vie tranquille
en toute piété, chasteté, etc. Deuxièmement, il écarte un conseil faux et inutile : CAR AINSI
PARLE LE SEIGNEUR (Jr 29, 8). En premier lieu, il écarte la
vaine confiance qu’ils avaient conçue à partir de la promesse des
prophètes ; deuxièmement, il écarte une pénitence insensée, en cet endroit :
CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR, etc. (Jr 29, 10).
542. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il écarte ce
qu’ont dit les faux prophètes, qui promettaient une libération à court
terme : QUE LES PROPHÈTES NE VOUS ÉGARENT PAS ! eux qui vous parlent
au nom du Seigneur ; NI LES DEVINS (Jr 29, 8‑9),
qui adaptent les réponses des démons. Ez 13, 3 : Malheur aux prophètes insensés qui suivent leur propre esprit, alors
qu’ils ne voient rien ! Deuxièmement, il donne le moment de la libération en vue de la
consolation : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR : «JE [VOUS] VISITERAI» (Jr 29, 10),
pour vous consoler et pour affliger vos ennemis. Plus haut,
Jr 25, 12 : Lorsque seront accomplis les
soixante-dix ans, je visiterai le roi de Babylone ainsi que ce peuple, dit le
Seigneur, leur iniquité, etc. Et en vue de la restitution de [leur] patrie : ET JE SUSCITERAI
[MA PROMESSE], j’accomplirai [ma promesse]. Si 36, 17 : Rappelle-toi ce que les prophètes antérieurs ont annoncé en ton nom. Troisièmement, il présente le mode
de la libération, en promettant d’abord l’état de la prospérité d’autrefois
pour ce qui est de la tranquillité de la paix : CAR JE SAIS, MOI (Jr 29, 11),
comme nul autre. 1 Co 2, 11 : Ce qui est propre à
Dieu, personne ne le sait, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Is 64, 4 : L’œil n’a pas vu sans ton intervention ce que tu as préparé pour ceux
qui t’attendent. DESSEINS
DE PAIX, que je prépare pour vous, LA FIN, de la captivité, LA PATIENCE, dans
les souffrances afin que vous les supportiez plus facilement.
Ps 28[27], 3 : Ils parlent de paix avec leur
prochain, mais le mal est dans leur cœur. Et pour ce qui est de l’exaucement de leur
prière : VOUS M’INVOQUEREZ, de bouche, ET VOUS IREZ, par l’esprit, ET VOUS
ADOREREZ, par le corps (Jr 29, 12). Ou bien : VOUS IREZ
au Temple. Is 30, 19 : À ta voix qui crie,
il te répondra dès qu’il l’entendra. Une autre version porte : VOUS
M’INVOQUEREZ, ET JE VOUS RÉPONDRAI. Et le sens est clair. Et pour ce qui est de
l’aide de la divine protection : VOUS [ME] CHERCHEREZ, par le désir et par
les prières, ET VOUS [ME] TROUVEREZ (Jr 29, 13), prêt à vous
aider, comme s’il disait : «Je m’offrirai moi-même.»
Jn 14, 21 : Celui qui m’aime sera aimé de mon
Père, et je l’aimerai, et je me révélerai à lui. Is 55, 6 : Cherchez le Seigneur alors qu’on peut le trouver, invoquez-le alors
qu’il est proche.
543. Deuxièmement,
il promet le lieu où ils sont nés : ET JE RAMÈNERAI (Jr 29, 14).
Ez 36, 24 : Je vous prendrai au milieu des
nations et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous conduirai à votre
pays. PUISQUE
VOUS AVEZ DIT (Jr 29, 15), comme s’il disait : «Il
n’était pas nécessaire de vous écrire, puisque vous avez mis votre confiance
dans les faux prophètes.»
544. Ici,
il écarte la fausse pénitence. En effet, en raison de leur longue captivité,
ils pourraient se repentir en voyant qu’ils se sont livrés, alors que d’autres
sont demeurés à Jérusalem (Jr 29, 16). C’est pourquoi il
menace d’un grave châtiment mortel ceux qui sont restés. VOICI QUE J’ENVERRAI
[L’ÉPÉE, LA FAMINE ET LA PESTE] (Jr 29, 17). Plus haut,
Jr 21, 9 : Celui qui sera resté dans cette
ville mourra par l’épée, la famine et la peste ; mais celui qui l’aura
quittée pour fuir chez les Chaldéens qui vous assiègent vivra, etc. [Du châtiment] d’affliction :
ET JE LES RENDRAI [PAREILS À DES FIGUES POURRIES] (Jr 29, 18),
c’est-à-dire qu’ils ne trouveront pas grâce chez moi ni chez ceux dont ils sont
les captifs, comme les figues pourries ne plaisent pas à ceux qui les cueillent.
Plus haut, Jr 24, 8 : Comme les figues gâtées qu’on ne
peut manger, parce qu’elles sont pourries, voici ce que dit le Seigneur :
«Je donnerai Sédécias, roi de Juda, et ses dirigeants, ainsi que les autres qui
sont restés dans cette ville et qui habitent le pays de l’Égyptien, etc.» Et il indique la cause : CAR
ILS N’ONT POINT ÉCOUTÉ (Jr 29, 19), à savoir, pour se livrer à
Nabuchodonosor et cesser leurs péchés. Plus haut, Jr 11, 7 : Levé de bon matin, j’ai protesté en disant : «Écoutez ma
voix !» Et ils n’ont pas écouté et n’ont pas prêté l’oreille, mais chacun
a poursuivi dans la méchanceté de son cœur mauvais, etc.
545. Deuxièmement,
il amène la conclusion qu’il avait en vue : QUANT À VOUS, ÉCOUTEZ LA
PAROLE DU SEIGNEUR ! (Jr 29, 20), afin que vous ne
supportiez pas le châtiment, car en cela vous m’avez obéi.
Pr 4, 1 : Écoutez, fils, l’enseignement de
votre père !
546. Ici, il s’en prend aux faux
prophètes eux-mêmes : premièrement, à certains qui affirmaient une
fausseté ; deuxièmement, à l’un qui combattait la vérité, en cet endroit :
ET À SEMEIAS, etc (Jr 29, 24).
547. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il menace d’un
châtiment ; deuxièmement, il montre la faute, en cet endroit : CAR
ILS ONT ACCOMPLI UNE INFAMIE EN ISRAËL (Jr 29, 23) ;
troisièmement, il montre la justice du jugement, en cet endroit : MAIS
MOI, JE SUIS JUGE ET TÉMOIN.
548. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, leur enfoncement
dans la faute est montré : JE VAIS LES LIVRER (Jr 29, 21),
afin qu’une occasion de les punir soit donnée à celui qui les avait d’abord en
son pouvoir. Lm 1, 14 : Le Seigneur m’a
livré à un pouvoir auquel je ne pourrai échapper. Deuxièmement, l’infliction du châtiment est
présentée : [NABUCHODONOSOR] QUI [LES] FRAPPERA. Plus loin,
Jr 30, 12 : Incurable est ta blessure,
inguérissable ta plaie. Troisièmement, la malédiction qui en découle est présentée : ET
L’ON TIRERA [DE LEUR SORT] (Jr 29, 22).
549. Mais
les Hébreux disent qu’il s’agit des deux vieillards dont il est question en
Dn 13. Ils veulent donc montrer par ce passage qu’il s’agit là d’une
fable. En effet, on dit à cet endroit qu’ils ont été tués par le peuple, mais
ici par Nabuchodonosor. Au surplus, on dit là qu’il ont été lapidés, ici qu’ils
ont été mis à mort par le feu. À la première objection, il faut dire que les
deux peuvent être vrais, car Nabuchodonosor a mis à mort en vertu de son autorité
ceux qui avaient été convaincus [de faute] par Daniel, et le peuple par
l’exécution de la sentence. À la seconde objection, il faut dire que tout
châtiment est désigné par le feu en raison de l’affliction, et cela
principalement en raison de la ressemblance avec la faute d’adultère.
Os 7, 4 : Tous les adultères sont comme un
feu brûlant que le boulanger [cesse d’alimenter]. Jb 31, 12 : Comme un feu qui dévore jusqu’à la perdition, qui arrache tous mes
gains.
550. Ici,
il présente la faute. Premièrement, l’adultère : ILS ONT COMMIS UNE INFAMIE,
c’est-à-dire une chose infâme, ET ILS ONT COMMIS L’ADULTÈRE (Jr 29, 23).
Dn 13, 57 : Ainsi agissiez-vous envers les
filles d’Israël, et elles, parce qu’elles avaient peur, vous parlaient. Plus haut,
Jr 5, 8 : Chacun hennissait après la femme
du voisin. Deuxièmement,
le mensonge : ET ILS ONT PRONONCÉ EN MON NOM DES PAROLES MENSONGÈRES. En
effet, ils disaient que la libération était proche et que le Christ devait
naître d’elles, afin de tromper ainsi les femmes par l’adultère. Plus haut,
Jr 23, 21 : Je ne leur parlais pas, et ils
prophétisaient.
551. Ici,
il présente la justice du jugement : JE SUIS JUGE, pour infliger le
châtiment ; ET TÉMOIN, pour convaincre de la faute, car, à l’instigation
divine, ils ont été pris miraculeusement. Dn 13, 45 : Le Seigneur a éveillé l’esprit d’un jeune enfant ayant pour nom Daniel,
etc.
552. Ici,
il s’en prend à celui qui combat la vérité, car, étant un pseudo-prophète et promettant
une libération prochaine, irrité contre Jérémie à cause de la lettre que
celui-ci avait envoyée à Babylone, il écrivit au chef des prêtres à Jérusalem
des lettres contre Jérémie.
553. À
ce propos, il fait deux choses. Premièrement, le combat contre la vérité est présenté ;
deuxièmement, la menace contre lui est présentée, en cet endroit : LA
PAROLE DE DIEU FUT DONC ADRESSÉE À JÉRÉMIE (Jr 29, 29).
554. À
propos du premier point, il fait deux choses. Premièrement, il présente le
contenu de la lettre : PUISQUE TU AS ENVOYÉ... [UNE LETTRE] (Jr 29, 24).
C’est une manière de parler déficiente, comme s’il disait : «Tu subiras un
châtiment», ce qu’il dit peu après avoir dit d’autres choses (Jr 29, 25).
555. Premièrement,
il rappelle l’exemple d’un prédécesseur : LE SEIGNEUR T’A ÉTABLI À LA
PLACE DE JÉHOYADA (Jr 29, 26), qui mit à mort de faux prêtres,
afin que tu agisses semblablement contre Jérémie, le faux prophète,
2 R 11. En second lieu, il rappelle [sa] fonction : AFIN QUE TU
SOIS PRÊTRE DANS LA MAISON DU SEIGNEUR [POUR SURVEILLER] TOUT PRÉTENDU
[PROPHÈTE], qui, inspiré par un esprit impur, se comporte comme un prophète. En
effet, il relevait de la fonction du prêtre d’exercer le discernement entre les
esprits. 1 Jn 4, 1 : Ne vous fiez pas à
tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu, car
beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde, etc. Il porte aussi une accusation
contre certaines choses, à savoir la lettre de Jérémie : CAR [JÉRÉMIE]
NOUS A ADRESSÉ [UNE LETTRE] À CE SUJET À BABYLONE (Jr 29, 27‑28).
En effet, il ne s’est pas contenté de nous prédire des maux.
Am 5, 10 : Ils ont pris en haine celui qui
[les] corrigeait près de la porte, et ils ont eu en abomination celui qui
tenait un discours irréprochable. 1 R 22, 8 : Je l’ai pris en
haine parce qu’il ne prophétise pas le bien à mon sujet, mais rien que le
mal : Michée, fils de Jemla.
556. Deuxièmement,
il montre comment il est parvenu à la connaissance du prophète : LE PRÊTRE
SOPHONIE FIT DONC ÉCOUTER CE LIVRE À JÉRÉMIE LE PROPHÈTE, afin de lui adresser
une remontrance. Plus haut, Jr 20, 8 : La parole du Seigneur a été pour moi source d’opprobre et de dérision
tout le jour.
557. Ici
est présentée une menace contre lui. Premièrement, il lui reproche sa
faute : PUISQU’IL A PROPHÉTISÉ [ALORS QUE JE NE L’AVAIS PAS ENVOYÉ] (Jr 29, 31).
Is 28, 15 : Nous avons mis notre espoir dans
le mensonge, et nous avons été protégés par le mensonge ! Et la parole est adressée aux
captifs par une autre lettre.
558. Deuxièmement,
il menace d’un châtiment : C’EST POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 29, 32).
En premier lieu, contre leurs fils : IL N’Y AURA PERSONNE, comme s’il
disait : «Il ne laissera subsister personne parmi le peuple.»
Ex 20, 5 : Je suis le Seigneur, ton Dieu,
fort, jaloux, qui fait porter aux fils la faute de leurs pères jusqu’à la troisième
et à la quatrième génération de ceux qui m’ont pris en haine. En second lieu, contre
lui-même : ET IL NE VERRA PAS LE BIEN QUE JE FERAI À MON PEUPLE. Plus
haut, Jr 17, 6 : Il sera comme les chardons dans le
désert, qui ne voient pas arriver le bonheur. En troisième lieu, il reprend
l’accusation : EN EFFET, IL A PRÊCHÉ LA RÉVOLTE CONTRE LE SEIGNEUR, car,
par ses paroles, il s’est révolté contre le Seigneur en parlant, en promettant
la prospérité, alors que le Seigneur annonçait l’adversité.
Jb 40, 2 : L’adversaire de Dieu se calme-t-il
si facilement ?
559. Après
avoir menacé, il commence ici à présenter la consolation : premièrement,
il présente la consolation pour tous d’une manière générale ;
deuxièmement, d’une manière particulière pour la cité royale, Jérusalem, au
chap. 33 : ET LA PAROLE DE DIEU FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE UNE DEUXIÈME FOIS
(Jr 33, 1).
560. La
première partie [se divise] en deux : premièrement, il les console par des
paroles ; deuxièmement, il indique la consolation par un geste, au chap.
32 : PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE DE LA PART DU SEIGNEUR
(Jr 32, 1).
561. La
première partie [se divise] en deux : dans la première, il les console
pour avoir échappé à l’adversité ; dans la seconde, par la promesse de la
prospérité, au chap. 31 : EN CE TEMPS-LÀ, LE SEIGNEUR DIT
(Jr 31, 1).
562. La
première partie [se divise] en deux : dans la première, il promet la
libération d’une manière générale ; dans la seconde, il poursuit par une
promesse particulière, en cet endroit : ET CES PAROLES QUE LE SEIGNEUR A
DITES (Jr 31, 10).
563. À propos du premier point, il fait deux
choses. Premièrement, le Seigneur donne au prophète l’ordre de conserver sa
prophétie : ÉCRIS POUR TOI TOUTES CES CHOSES (Jr 30, 2),
qui ont été annoncées à l’avance et qui suivront, dont il avait déjà reçu la
révélation intérieure, afin que cela soit conservé. Il signifie par cela que
cela ne s’accomplira pas rapidement. Is 8, 1 : Prends un grand livre et écris avec une plume ordinaire : «Vite,
arrache les dépouilles, saisis rapidement ta proie !». Ha 2, 2 : Écris ce que tu as vu et mets-le sur des tablettes afin que le parcoure
celui qui [les] lira.
564. Deuxièmement,
il promet le bienfait de la libération : CAR VOICI QUE JE RAMÈNERAI [LES
CAPTIFS] (Jr 30, 3), c’est-à-dire que je les rappellerai du
pays où ils sont captifs, pour ce qui est du point de départ, POUR QU’ILS
RETOURNENT, car tous [ne reviendront pas], mais seulement ceux qui seront
dignes d’un tel retour, ISRAËL, les dix tribus, ceux qui vinrent vers le roi
Ézéchias à Jérusalem. 2 Ch 30 : Car ils ont été
faits captifs avec eux, et ils sont revenus lorsque ceux-ci sont revenus. Ou bien il faut mettre cela en
rapport avec la conversion à la foi au Christ. JE [LES] FERAI REVENIR [AU PAYS
QUE J’AI DONNÉ À LEURS PÈRES], pour ce qui est du point d’arrivée.
Ps 126[125], 1 : Quand le Seigneur transforma la
captivité de Sion, nous avons été consolés.
565. Ici,
il poursuit en indiquant les parties de la libération. Premièrement, il leur
promet la libération de l’esclavage des ennemis ; deuxièmement, [la
libération] des multiples destructions qu’ils ont supportées, en cet endroit :
CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jb 30, 10).
566. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, il présente
l’oppression antérieure, qu’il indique en présentant la crainte des
ennemis : NOUS AVONS ENTENDU UN CRI D’EFFROI (Jr 30, 5),
annoncée à l’avance par les prophètes ; C’EST LA TERREUR, NON LA
PAIX ! alors que quelqu’un porte secours. Jb 15, 21 : Le bruit de la terreur est toujours dans ses oreilles, et alors que
c’est la paix, il soupçonne toujours des pièges ! [Il présente] l’expression de la
crainte par un geste corporel, car, à l’image des femmes qui enfantent qui
portent les mains à leurs reins dans la stupeur, INTERROGEZ (Jr 30, 6).
Ps 48[47], 7 : Ce seront comme les douleurs d’une
femme qui accouche ! Et par le passage au rouge : [POURQUOI] LES VISAGES ONT-ILS
ROUGI ? C’est une couleur noire mélangée au rouge, qui survient chez ceux
qui sont en colère. Et par un vent brûlant. Is 13, 8 : Leurs visages, des visages en feu ! Jl 2, 6 : Tous leurs visages seront tournés dans la marmite ! Il présente aussi l’ampleur de la
peur et de l’anxiété : MALHEUR ! C’EST LE GRAND, par l’ampleur de la
tribulation, JOUR, celui de la prise de Jérusalem (Jr 30, 7).
So 1, 14‑15 : La voix du jour du Seigneur est
amère : le fort y sera plongé dans les tribulations ! Ce jour est un
jour de colère, un jour de tribulation et d’angoisse, un jour de calamité et de
misère, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de sonnerie de cor et de
trompette, etc.
567. Deuxièmement,
il promet le salut à venir. Premièrement, il promet la libération : ET IL
SERA SAUVÉ DE CELUI-CI, c’est-à-dire de ce temps, bien qu’il soit mauvais.
Os 1, 7 : Je les sauverai par leur Seigneur,
leur Dieu. Deuxièmement,
[il indique] le mode du salut et son ordre, en promettant une libération de
l’esclavage qui écarte la domination des ennemis : ET IL ARRIVERA QU’EN CE
JOUR... JE BRISERAI LE JOUG (Jr 30, 8), Nabuchodonosor
lui-même. ET IL NE T’ASSERVIRA PLUS, ce qui s’est accompli à l’époque de Simon.
1 M, vers la fin. Ou bien il faut mettre cela en rapport avec la
libération du pouvoir des démons réalisée par le Christ.
Is 9, 4 : Car tu l’as emporté sur son joug pesant
et sur le bâton posé sur son épaule, et sur le sceptre de son bourreau. Et en promettant le pouvoir
souhaité : MAIS [ISRAËL ET JUDA] SERONT SOUMIS (Jr 30, 9),
à quelqu’un qui sera pour vous comme David, comme à Simon et à Jonathan. Ou
bien à Zorobabel, qui était de la descendance de David. Ou au Christ. Car le
pouvoir exercé par David était désiré d’eux au plus haut point en raison de la
prospérité et de la paix qu’ils avaient eues en son temps, et parce qu’il ne
les avait pas opprimés comme des esclaves, comme Salomon.
Ez 37, 25 : David, mon serviteur, sera leur
prince à jamais. Il
apporte aussi la libération de la captivité en écartant la crainte : TOI
DONC, NE CRAINS PAS (Jr 30, 10). Is 43, 5 : Ne crains pas, car je suis avec toi. J’amènerai d’orient ta descendance
et je te rassemblerai depuis l’occident. Et en présentant la libération pour ce qui
est de son point de départ : CAR VOICI QUE JE VAIS TE SAUVER D’UNE TERRE
LOINTAINE. Za 8, 7 : Voici que je sauverai mon peuple
d’une terre d’orient et d’une terre où se couche le soleil, et je les
amènerai : ils habiteront dans Jérusalem, et ils seront mon peuple et je
serai leur Dieu en vérité et justice. Et pour ce qui est du point d’arrivée :
[JACOB] REVIENDRA ET SERA PAISIBLE, pour ce qui est de la tranquillité de la
paix, EN TOUTES CHOSES, pour ce qui est de l’abondance des biens.
Is 32, 18 : Mon peuple sera assis dans une
grande paix, dans des tentes sûres et dans un long repos. Troisièmement, il montre l’auteur
du salut. En premier lieu, il indique la présence du sauveur : CAR JE SUIS
AVEC TOI (Jr 30, 11). Plus haut, Jr 20, 11 : Le Seigneur est avec moi comme un combattant puissant. C’est pourquoi
ceux qui me persécutent tomberont, seront affaiblis et seront puissamment
confondus, car ils n’ont pas compris la honte éternelle qui ne disparaîtra jamais.
En deuxième lieu,
[il indique] la vengeance contre les ennemis : JE VAIS EN FINIR [AVEC
TOUTES LES NATIONS] : je les mènerai au terme de la déchéance.
Is 10, 23 : Le Seigneur Dieu des armées
réalisera une destruction complète au milieu de tout le pays. En troisième lieu, [il indique] la
miséricorde qui vous préserve : MAIS JE NE TE DÉTRUIRAI PAS, de telle
sorte qu’il ne reste rien de toi. Plus haut, Jr 5, 18 : À la vérité, en ces jours-là, dit le Seigneur, je ne vous détruirai
pas. En quatrième
lieu, il inflige un châtiment modéré en vue d’une correction : JE TE
CHÂTIRAI SELON LE DROIT. Plus haut, Jr 10, 24 : Corrige-moi, Seigneur, selon le droit, et non selon la colère pour me
ramener au néant, selon le droit de l’équité.
568. Ici,
il promet la libération de la destruction et de la grande affliction qu’ils
avaient supportée.
569. À
ce propos, il fait deux choses. Premièrement, il présente la destruction
antérieure, en montrant son ampleur, car c’est comme si l’ampleur de la
correction ne pouvait être réparée par la force humaine : TA RUPTURE (Jr 30, 12),
qui indique l’interruption de la continuité et signifie la destruction des
hommes ou des villes, EST INCURABLE, en elle-même, bien que Dieu puisse sauver,
ET INGUÉRISSABLE, en raison de sa profondeur. Lm 2, 13 : Ta brisure est grande comme la mer : qui te guérira ? En écartant même l’intervention
d’une aide humaine, soit par un juste jugement de celui qui juge du tort causé :
PERSONNE NE PEUT TE JUGER (Jr 30, 13), contre les ennemis,
POUR T’ENSERRER, comme les soigneurs couvrent les plaies d’emplâtres.
Is 59, 15 : Le Seigneur voit : le mal est
apparu à ses yeux, car il n’y a pas de justice ; soit par l’affection d’une amitié
secourable : IL N’Y A AUCUNE UTILITÉ POUR TOI (Jr 30, 14),
à savoir, de la part de tes amis, car tu as vraiment offensé le médecin.
Lm 1, 2 : Tous ses amis l’ont foulé aux
pieds, et ils sont devenus ses ennemis. En montrant aussi l’équité du châtiment en
indiquant la cause du châtiment : LA BLESSURE FAITE PAR UN ENNEMI, parce
qu’il frappe pour tuer, est incurable, CRUELLE, car elle est profonde. [JE T’AI
FRAPPÉ] EN RAISON DE LA MULTITUDE [DE TES PÉCHÉS]. Ainsi était-il nécessaire
qu’il y ait une grande blessure qui comprenne tous les abcès. UN RUDE
[CHÂTIMENT], pour ce qui est de l’entêtement. Ainsi était-il nécessaire que [la
blessure] soit violente et profonde afin d’atteindre jusqu’au plus profond.
Lm 2, 5 : Le Seigneur est devenu comme un
ennemi ; il a abattu Israël, il a abattu tous ses murs, il a dispersé tous
ses moyens de défense, et il a accumulé dans la fille de Juda les humiliés et
les humiliées. Et
il écarte la plainte de ceux qui murmurent : POURQUOI CRIES-TU ? (Jr 30, 15),
en murmurant. Ils ne peuvent être guéris que par une poudre très pénétrante,
par laquelle je pourrai amputer les chairs corrompues et inguérissables.
Lm 3, 39 : Pourquoi l’homme vivant a-t-il
murmuré, l’homme brave contre ses péchés ?
570. Deuxièmement,
il promet la libération. En premier lieu, il promet le bienfait de son aide
pour une juste vengeance contre le tort infligé aux personnes, car il n’y a
personne d’autre qui libère : [MAIS TOUS CEUX] QUI TE DÉVORENT (Jr 30, 16),
en tuant, TES ENNEMIS, qui te font captif. Plus haut, Jr 2, 3 : Tous ceux qui te dévorent sont coupables ; le mal fondra sur eux,
dit le Seigneur. Et
contre le tort infligé aux biens : ET TOUS CEUX QUI TE DÉVASTENT, pour ce
qui est des biens immobiliers, ET TE PILLENT, pour ce qui est des biens
meubles. Is 33, 1 : Malheur à qui te pille ! Ne
sera-t-il pas lui aussi pillé ? Et pour ce qui est du sentiment affectueux de
celui qui soigne, en présentant les soins : CAR JE VAIS TE PORTER REMÈDE (Jr 30, 17) :
je te soignerai tellement bien qu’aucun vestige de ta blessure antérieure ne
sera visible. Ps 147[146], 3 : Lui qui guérit les
cœurs brisés et qui bande leurs blessures. Ces choses [sont survenues] sous Zorobabel
lorsque les Babyloniens et les Chaldéens dévastèrent les Assyriens, et que les
Mèdes et les Perses firent de même pour ceux-là. Et alors la cicatrice a été
enlevée, etc. Et il en indique la raison : CAR ILS T’APPELAIENT «LA
RÉPUDIÉE», à savoir, tes ennemis. Pr 24, 17‑18 : Si ton ennemi tombe, ne te réjouis pas, et que ton cœur n’exulte pas
lorsqu’il trébuche, de crainte que, voyant cela, le Seigneur ne soit mécontent
et qu’il ne détourne de lui sa colère. En effet, l’outrage des ennemis est la cause
de la compassion divine.
571. En
second lieu, il montre la manière de secourir : AINSI PARLE LE SEIGNEUR
(Jr 30, 18) : premièrement, pour ce qui est de la manière
de prêter secours : VOICI QUE JE VAIS RÉTABLIR [LES TENTES DE
JACOB] ; deuxièmement, pour ce qui est du mode de la vengeance :
VOICI L’OURAGAN DU SEIGNEUR (Jr 30, 23).
572. À
propos du premier point, il promet en premier lieu le rétablissement de toutes
les constructions d’une manière générale : JE VAIS RÉTABLIR (Jr 30, 18),
c’est-à-dire que je ramènerai à l’état antérieur, LES TENTES, les demeures.
Is 61, 4 : Ils relèveront les endroits vidés
de leur population, et ils rebâtiront les ruines antiques ; ils
restaureront les villes désertes et abandonnées de génération en génération. Et pour ce qui est des choses
principales en particulier : ET LA VILLE SERA RECONSTRUITE, à savoir,
Jérusalem. Is 44, 26 : Moi qui dis à
Jérusalem : «Tu seras habitée», et aux villes de Juda : «Vous serez
reconstruites». Et je relèverai ses déserts. En second lieu, il promet la prospérité des
hommes pour ce qui est de la joie de leurs cœurs : ET IL EN SORTIRA LA
LOUANGE (Jr 30, 19). Is 51, 3 : On trouvera en elle joie et allégresse, action de grâce et chant de
louange. Et pour
ce qui est du peuple nombreux : JE LES MULTIPLIERAI, ILS NE DIMINUERONT
PLUS, pour autant que cela relève de moi et que cela ne soit pas causé par leur
faute. Ps 139[138], 18 : Je les compte :
ils seront plus nombreux que le sable. Ou bien il faut l’entendre de ceux qui se
convertissent au Christ. Et pour ce qui est de l’exaltation de l’homme :
JE [LES] GLORIFIERAI, soit corporellement, soit spirituellement pour ce qui est
de la sainteté de la vertu, ET SES FILS SERONT COMME JADIS (Jr 30, 20),
c’est-à-dire semblables aux saints pères, DEVANT MOI, par la pureté de la vie.
ET JE VISITERAI [SES OPPRESSEURS], car je les défendrai et je les vengerai.
Jb 29, 2 : Qui me donnera d’être comme dans
les mois anciens, aux jours où Dieu me gardait ? En troisième lieu, pour ce qui est
de la bonté des dirigeants, en présentant d’abord leur proximité, car ils
seront de la même descendance : SON CHEF SERA ISSU DE LUI (Jr 30, 21).
Cela se rapporte à Zorobabel ou au Christ. Os 2, 17 : Je lui donnerai des vendangeurs issus du même endroit. [En présentant] en deuxième lieu
leur sainteté : JE M’APPROCHERAI DE LUI, et il viendra [à moi] par la
justice : QUI DONC OSERAIT APPROCHER SON CŒUR DE MOI ? En cela est
montré l’auteur de l’approche, car personne ne s’approche à moins d’être attiré
par Dieu. Jn 6, 44 : Personne ne peut venir à moi à
moins que le Père, qui m’a envoyé, ne l’ait attiré. En troisième lieu, il aborde le
résultat de la justice : ET VOUS SEREZ MON PEUPLE (Jr 30, 22).
Si 10, 2 : Tel le dirigeant de la ville, tels
ceux qui l’habitent.
573. Ici, il présente le mode de la
vengeance. Premièrement, il menace de châtiment : VOICI L’OURAGAN [DU
SEIGNEUR] (Jr 30, 23), qui disperse, par la captivité, comme
l’agitation de l’air [disperse] la poussière. L’ORAGE, qui absorbe par la mort
comme les vagues de la mer. [SUR LA TÊTE] DES IMPIES, qui ont affligé les Juifs
et ne se sont pas corrigés de leurs
maux. [L’ARDENTE COLÈRE NE] S’APAISERA [PAS] (Jr 30, 24),
comme un châtiment permanent. Is 30, 32 : Ce sera le passage de la férule que le Seigneur fera demeurer sur lui. Deuxièmement, il écarte la
miséricorde : NE SE DÉTOURNERA PAS. Is 9, 12 : En tout cela, la colère du Seigneur n’a pas été détournée, mais sa main
est encore étendue. Troisièmement,
il promet la compréhension de ces choses : À LA FIN DES JOURS, VOUS
COMPRENDREZ CELA. Ps 9, 17 : Le Seigneur se fera
connaître par ses jugements ; l’impie s’est pris à ses propres œuvres.
574. Ici, il les console par la
promesse de la prospérité, et, à ce propos, il fait deux choses :
premièrement, il promet la prospérité du peuple ; deuxièmement, le
développement de la ville, en cet endroit : VOICI VENIR DES JOURS, etc.
(Jr 31, 31).
575. La
première [partie] se divise en trois. Dans la première, il console les dix
tribus ; dans la deuxième, les deux [tribus], en cet endroit : AINSI
PARLE LE SEIGNEUR, ETC. (Jr 31, 23) ; dans la troisième, les
deux, en cet endroit : VOICI QUE DES JOURS VIENDRONT, etc.
(Jr 31, 27).
576. La
première partie se divise en deux. Dans la première, le rétablissement du
peuple détruit est présenté ; dans la seconde, l’ordre du rétablissement,
en cet endroit : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR : «CRIEZ DE JOIE POUR
JACOB !» (Jr 31, 7).
577. À
propos du premier point, il y a trois choses. Premièrement, il leur promet le
rétablissement en vue du culte religieux : EN CE TEMPS-LÀ (Jr 31, 1),
ou après le retour de Babylone, [JE SERAI LE DIEU] DE TOUTES [LES FAMILLES
D’ISRAËL], pour ceux des dix tribus qui s’étaient joints aux deux
[tribus] ; ou bien pour tous, car l’ensemble d’Israël sera sauvé après que
la totalité des nations y sera entrée, Rm 11. Ap 21, 3 : Ils seront son peuple, et Dieu-avec-eux sera lui-même leur Dieu.
578. Deuxièmement,
il promet le rétablissement dans le lieu de leur naissance, en promettant le
bienfait de leur rappel : LE PEUPLE QUI AVAIT ÉCHAPPÉ À L’ÉPÉE (Jr 31, 2),
de Babylone, AU DÉSERT, dans le pays de [leur] captivité, dans lequel ils semblaient
désertés par Dieu, et par lequel il sont revenus purifiés dans leur pays, comme
vers une terre promise à travers un désert. IL A TROUVÉ GRÂCE, c’est-à-dire
qu’il a trouvé auprès de Dieu cette miséricorde de MARCHER VERS SON REPOS,
c’est-à-dire vers son pays où il repose en paix, ce qui peut être interprété
mystiquement en rapport avec la paix qu’ils obtinrent à l’époque de Simon le
Macchabée, 1 M 14. Is 32, 18 : Mon peuple reposera dans la beauté de la paix et dans des tentes sûres,
et dans un généreux repos. En précisant le moment du rappel : DE LOIN (Jr 31, 3),
avant que cela ne se produise, [LE SEIGNEUR] M’EST APPARU, me révélant la
libération à venir. Plus haut, Jr 28, 11 : Je briserai le joug de Nabuchodonosor, le roi de Babylone, dans deux
ans, en l’enlevant des épaules de toutes les nations. Ha 2 : là aussi, il est
aperçu de loin, pour apparaître finalement, et il ne mentira pas. Et en
montrant les sentiments de celui qui rappelle : D’UN AMOUR ÉTERNEL JE T’AI
AIMÉ, comme s’il disait : «Ce n’est pas seulement pour un temps, mais pour
l’éternité que je t’ai comblé de biens.» IL [T’]A ATTIRÉ, en ton propre lieu,
EN TE PRENANT EN PITIÉ, en accomplissant extérieurement sa miséricorde par un
bienfait. Os 11, 4 : Je les menais avec des attaches
d’homme, avec des liens d’amour. Plus haut, Jr 2, 2 : Je me suis souvenu
de toi, en prenant en pitié ton adolescence et l’amour de tes épousailles.
579. Troisièmement,
il présente leur rappel à un état de prospérité. En premier lieu, il promet la
prospérité pour ce qui est du rétablissement du peuple : DE NOUVEAU JE
[TE] BÂTIRAI (Jr 31, 4), conformément à la métaphore selon
laquelle il est appelé maison d’Israël. Plus haut, Jr 24, 6 : Je les bâtirai et ne les détruirai pas ; je les planterai et ne
les arracherai pas. Pour
ce qui est de la joie du cœur : VIERGE D’ISRAËL, TU SERAS PARÉE DE TES
TAMBOURINS, c’est-à-dire que tu t’avanceras parée en jouant au son du
tambourin. Is 30, 29 : La joie sera dans
vos cœurs comme lorsqu’on marche au son de la flûte pour aller à la montagne du
Seigneur, le rocher d’Israël. Et pour ce qui est de la tranquillité de la paix : DE NOUVEAU TU
PLANTERAS DES VIGNES SUR LES MONTAGNES DE SAMARIE (Jr 31, 5),
en raison des trois villes qui ont été ajoutées pour les Juifs.
1 M 10. ILS PLANTERONT JUSQU’À CE QUE VIENNE LE TEMPS, comme s’il
disait : «À cause de la crainte des ennemis, ils ne se préoccuperont pas
du moment des vendanges.» Am 9, 14 : Ils planteront des
vignes et mangeront de leur fruit. En deuxième lieu, il indique la raison de la
prospérité : CAR CE SERA LE JOUR (Jr 31, 6), par quoi est
signifié le retour au culte de Dieu auquel ils s’exhortent mutuellement. [MONTONS]
À SION, et non à Béthel, vers les veaux de Jéroboam. 1 R 12. Et
Is 2, 3 : Venez, montons vers la montagne du
Seigneur et vers la maison du Dieu de Jacob ; il nous enseignera ses
voies, et nous marcherons dans ses sentiers.
580. Ici,
il déroule l’ordre de l’opération.
581. À
ce propos, il fait deux choses. Premièrement, il les incite à
l’exultation : CRIEZ DE JOIE (Jr 31, 7).
Ps 81[80], 2 : Criez de joie pour Dieu, notre
sauveur, réjouissez-vous pour le Dieu de Jacob. Pour faire ressortir cette exultation, il
indique l’insulte des ennemis : ET CRIEZ CONTRE LA PREMIÈRE DES NATIONS, à
savoir, le roi de Babylone ou des Assyriens, qui [les] a menés en captivité.
Ha 2, 7 : Est-ce que ne se relèveront pas
aussitôt ceux qui te mordaient et ne seront pas relevés ceux qui t’écorchaient,
ne seras-tu pas volé par eux ? [Il indique] aussi la louange divine :
FAITES-VOUS ENTENDRE, par des psaumes et des choses de ce genre.
582. Deuxièmement,
il présente l’ordre de la libération : VOICI QUE JE LES RAMÈNERAI (Jr 31, 8),
en décrivant le point de départ du retour, DU PAYS DU NORD, et le rassemblement
de ceux qui revenaient, PARMI EUX [L’AVEUGLE ET LE BOITEUX], comme s’il
disait : «Personne ne sera empêché de revenir en raison d’une infirmité
corporelle», et cela parce qu’il viendront en sécurité.
Is 35, 6 : Alors le boiteux grimpera comme un
cerf. [En
décrivant] aussi le mode du retour : EN LARMES [ILS REVIENNENT] (Jr 31, 9) :
certains, à cause de la joie du retour, d’autres, en voyant la dévastation du
pays. 1 Esd 3, 13 : Personne ne pouvait
comprendre le cri de ceux qui se réjouissaient et le cri du peuple qui
pleurait. ET JE
LES RAMÈNERAI AVEC COMPASSION, de la honte de leur esprit.
Is 54, 7 : Je te rassemblerai avec une
immense pitié. [JE
VAIS LES CONDUIRE] AUX COURS D’EAU, sur lesquels ils avancent facilement en
naviguant et le long desquels se trouvent de bonnes routes ; par cela sont
écartés la fatigue et l’ennui du chemin. Pr 3, 23 : Tu marcheras sur ta route avec confiance, et ton pied ne butera pas.
583. Troisièmement,
il en indique la raison, le sentiment paternel, qui le porte vers eux :
CAR JE SUIS DEVENU UN PÈRE [POUR ISRAËL]. Ainsi, comme un père, je ne peux
m’empêcher de les prendre en pitié. En effet, Israël est le premier-né de tous
les peuples. Ex 4 : aux fils de Joseph ont été donnés les
premiers-nés ; comme il est dit en 1 Ch 5, où Éphraïm obtient la
préséance sur Manassé ; Gn 48 : il reste donc qu’Éphraïm était
le premier-né.
584. Ici
est présentée la divulgation de la libération.
585. Premièrement,
il incite les nations à l’attention : ÉCOUTEZ, [NATIONS] (Jr 31, 10),
afin que toutes aient confiance en celui qui peut libérer de cette manière.
Is 49, 1 : Îles, écoutez, peuples lointains,
portez attention !
586. Deuxièmement,
il annonce à l’avance la libération du peuple, nonobstant l’indignation divine,
car CELUI QUI A DISPERSÉ ISRAËL LE RASSEMBLERA. Is 40, 11 : Comme un pasteur qui paît son troupeau, il prendra les agneaux dans ses
bras et les portera sur son sein, et il portera lui-même les brebis mères. Nonobstant non plus le pouvoir de
ceux qui retiennent : [CAR DIEU] A RACHETÉ [JACOB] (Jr 31, 11),
autrefois des Égyptiens, et aussi DE LA MAIN D’UN PLUS FORT, à savoir, du
Chaldéen. Ps 72[71], 12 : Il a libéré le
pauvre du puissant, le pauvre qui n’avait aucun secours.
587. Troisièmement,
il promet la prospérité de la libération. En premier lieu, il promet
l’observance appropriée de la religion pour tous : SUR LA MONTAGNE DE SION
(Jr 31, 12), et non à Béthel pour les veaux.
Is 51, 11 : Ceux qui ont été rachetés par le
Seigneur reviendront, et ils viendront vers Sion avec des louanges, et une joie
éternelle reposera sur leur tête. [Il promet aussi] l’abondance de biens temporels, en présentant la
fertilité des biens pour ce qui, provenant de la terre, sert à notre nourriture
et est assaisonné, dans le cas des animaux. ILS AFFLUERONT ET LOUERONT, Dieu,
POUR LE BLÉ ET LE VIN. Gn 27, 37 : Je l’ai comblé de
blé, de vin et d’huile. [Il promet encore] le rassasiement de ceux qui posséderont : ET
LEUR ÂME SERA COMME UN JARDIN ARROSÉ, qui n’est pas en attente de la pluie.
Cela peut s’entendre des biens spirituels conférés par le Christ, ce qui [se
réalise] maintenant partiellement, et pleinement dans l’avenir.
Ap 7, 16 : Ils n’auront plus soif ni faim, et
le soleil ne s’abattra pas sur eux, ni aucune chaleur ardente. [Et il promet] la joie du cœur,
pour ce qui est des signes de la joie : LA VIERGE PRENDRA JOIE [À LA DANSE]
(Jr 31, 13). Plus haut, Jr 30, 19 : La louange viendra de lui de même que la voix de ceux qui jouent, et je
les multiplierai, etc. Et pour ce qui est de la cessation de la tristesse : JE CHANGERAI
LEUR DEUIL EN ALLÉGRESSE. Tb 3, 22 : Après la tempête, tu
amènes la paix, et après les larmes et les pleurs, tu donnes l’allégresse. En second lieu, [sa promesse
s’adresse] aux prêtres d’une manière particulière : J’ENIVRERAI [LES
PRÊTRES] (Jr 31, 14), c’est-à-dire je rassasierai en abondance,
DE GRAISSE, par l’abondance des offrandes et des sacrifices, ET [MON] PEUPLE
SERA RASSASIÉ [DE MES BIENS], afin qu’il puisse en offrir à Dieu. Cela s’entend
spirituellement de la graisse de la dévotion. Ps 63[62], 6 : Comme de graisse et de moelle se rassasie mon âme, lèvres jubilantes,
louange en ma bouche.
588. Ici
est présentée la consolation des nations.
589. Premièrement,
il indique les pleurs d’une mère : RACHEL (Jr 31, 15),
qui fut la mère de Joseph, QUI PLEURE, la destruction de ses fils. Il parle de
manière figurée, selon que l’on dit par hyperbole que la tristesse pour le
malheur des fils retombe sur les parents décédés. Ou bien parce que, durant la
captivité romaine, les Juifs captifs ont été menés près du sépulcre de Rachel
et vendus. Ou bien, d’une manière figurée, on dit qu’elle pleure ses enfants
tués près d’elle alors qu’elle-même a été ensevelie près de Bethléem, comme on
le trouve en Gn 35. UNE PLAINTE, qui se fait par des paroles exprimant la
douleur, DES PLEURS, pour ce qui est du versement de larmes, LE DEUIL, pour ce
qui est d’une certaine observance dans l’expression de la douleur, comme cela
se fait par le changement de vêtements et les choses de ce genre. Plus haut,
Jr 3, 21 : Une voix se fait entendre sur les
routes, des pleurs et des lamentations sur les fils d’Israël, car ils ont
emprunté une mauvaise route, ils ont oublié le Seigneur leur Dieu. Il écarte le remède de la
consolation : ELLE NE VEUT PAS ÊTRE CONSOLÉE POUR [SES FILS], CAR ILS NE
SONT PLUS : retournés avec les autres, car ils ont été ramenés au néant.
Os 13, 14‑15 : La consolation se dérobe à mes
yeux, car lui-même sépare les frères.
590. Deuxièmement,
il apporte le remède de la consolation : AINSI PARLE LE SEIGNEUR :
CESSE TA PLAINTE (Jr 31, 16), pour ce qui est des
lamentations, [SÈCHE] TES YEUX, pour ce qui est des pleurs.
Ap 21, 4 : Dieu essuiera toute larme des yeux
des saints, et il n’y aura plus de mort, ni de deuil, ni de lamentations, ni de
douleur, car les choses anciennes ont passé.
591. Troisièmement,
il promet le bienfait de la libération. En premier lieu, pour ce qui est du
point de départ, car il y a UNE COMPENSATION [POUR LA PEINE], par quoi il est
montré qu’ils ont été sauvés par le mérite des saints pères. [ILS VONT REVENIR
DU PAYS] ENNEMI, le Chaldéen. Is 40, 10 : Voici qu’il obtient sa récompense et que ses œuvres sont devant lui. En second lieu, pour ce qui est du
point d’arrivée : IL Y A DONC DE L’ESPOIR POUR L’AVENIR (Jr 31, 17),
pour signifier que, dans les derniers temps, ils reviendront à la vraie foi et
peut-être même à leur pays, après la mort de l’Antéchrist.
Pr 10, 28 : La joie attend les justes, mais
l’espoir des impies périra.
592. Ici
est présenté l’accueil de ceux qui se repentent, que précède l’aveu de la confession :
J’AI BIEN ENTENDU (Jr 31, 18), c’est-à-dire que j’ai exaucé
par miséricorde. Ex 3, 7 : J’ai bien vu
l’affliction de mon peuple en Égypte et j’ai entendu son cri. Puis suit la confession : TU
M’AS CORRIGÉ, SEIGNEUR, ET COMME UN TOUT JEUNE HOMME J’AI APPRIS, lequel est
difficile à corriger, et encore par de nombreux coups.
Is 28, 19 : Seule la peur fera comprendre ce
qu’on entend.
593. Deuxièmement,
la demande est présentée : FAIS-MOI REVENIR QUE JE REVIENNE.
Lm 5, 21 : Fais-nous revenir vers toi,
Seigneur, et nous reviendrons ; renouvelle nos jours comme au début.
594. Troisièmement,
la raison de la demande est indiquée en regard de la pénitence qu’il a entamée.
Ainsi, en premier lieu, il présente le châtiment : CAR APRÈS QUE TU M’AS
FAIT REVENIR, par l’infusion de la grâce, APRÈS QUE TU M’AS MONTRÉ, [mes] péchés
par les châtiments, J’AI FRAPPÉ MA CUISSE, en indiquant la douleur intérieure
par un coup extérieur, comme le fait un homme qui éprouve de la douleur. Ou
bien : J’AI FRAPPÉ MA CUISSE, en réprimant les voluptés charnelles.
Jb 42, 5 : Je t’ai bien entendu, et
maintenant mon œil te voit. En second lieu, [il présente] la pénitence, car, par la peine qu’il a
endurée en reconnaissant [son] péché, il a connu la honte, qui était un signe
de la pénitence : J’ÉTAIS PLEIN DE HONTE (Jr 31, 19), à
l’intérieur, JE ROUGISSAIS, à l’extérieur, CAR JE PORTAIS L’OPPROBRE,
c’est-à-dire le châtiment et le trouble, pour les péchés DE MA JEUNESSE. Et il
précise la jeunesse, le temps avant la conversion, comme s’il disait qu’il
avait péché par ignorance. Jb 13, 26 : Tu inscris contre moi des choses amères, et tu veux que je me consume
pour les péchés de ma jeunesse.
595. Ici,
il accueille celui qui se repent. Premièrement, la compassion divine est présentée ;
deuxièmement, l’instruction de celui qui se repent, en cet endroit :
DRESSE-TOI UNE TOUR (Jr 31, 21) ; troisièmement, son rappel, en
cet endroit : REVIENS, VIERGE D’ISRAËL !
596. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, il présente la
raison de la miséricorde du point de vue du peuple : SI ÉPHRAÏM ÉTAIT POUR
MOI UN FILS DIGNE D’HONNEUR (Jr 31, 20), comme s’il
disait : «N’est-il pas un fils digne d’honneur ?» En raison du droit
de primogéniture. S’IL ÉTAIT UN ENFANT DÉLICAT, en raison de son jeune âge, car
Joseph était le plus jeune des fils de Jacob, et Éphraïm, le plus petit des
fils de Joseph. Et ces deux choses attirent davantage la compassion des pères.
Os 11, 1 : Quand Israël était un enfant, je
l’ai aimé, et j’ai rappelé d’Égypte mon fils. Il présente aussi la raison [de la
miséricorde] du point de vue de Dieu : CAR CHAQUE FOIS QUE J’EN AI PARLÉ,
comme s’il disait : «Il ne convient pas que les paroles de Dieu soient
annulées.» JE ME SOUVIENDRAI, de [mes] paroles. Nb 23, 19 : Est-ce qu’il dit et ne fait pas ? Parle et n’accomplit pas ? Deuxièmement, il montre la
compassion : C’EST POUR CELA QUE MES ENTRAILLES S’ÉMEUVENT, un
anthropomorphisme par lequel [est montrée] la compassion intérieure, J’AI
PITIÉ, et le secours extérieur. Os 11, 8 : Mon cœur en moi est bouleversé, et toutes mes entrailles frémissent.
597. Ici
est présentée l’instruction de celui qui se repent : DRESSE-TOI UNE TOUR (Jr 31, 21),
afin d’observer la prospérité qui est annoncée ou le chemin par lequel tu pourras
retourner. LES AMERTUMES, les préoccupations au sujet du retour. REMARQUE,
observe le chemin par lequel tu es venu afin que tu puisses retourner par lui.
Ou mieux : LE MIROIR[6], de la contemplation. LES
AMERTUMES, des péchés passés. LE CHEMIN SANS DÉTOURS, c’est-à-dire le chemin de
la justice sur lequel tes pères ont marché. Ap 2, 5 : Rappelle-toi d’où tu es tombé, repens-toi, reprends ta conduite
première.
598. Ici
est présenté leur rappel dans leur pays.
599. Premièrement,
leur rappel est présenté : REVIENS... JUSQUES À QUAND T’ÉGARERAS-TU DANS
LES PLAISIRS, FILLE VAGABONDE ? (Jr 31, 21‑22).
Cela est adressé à ceux qui, absorbés dans les délices des Chaldéens, ne
voulaient pas retourner dans la terre promise, qui étaient à juste titre
appelés des femmes en raison de leur faiblesse. Plus haut,
Jr 3, 1 : Mais toi, tu as forniqué avec de
nombreux amants ; mais reviens à moi, dit le Seigneur, et je te
reprendrai.
600. Deuxièmement,
la raison du rappel est présentée en regard de l’incarnation du Christ, qui
doit amener tous [les hommes] à s’éloigner des plaisirs : CAR LE SEIGNEUR
A CRÉÉ DU NOUVEAU SUR LA TERRE, car c’est par la seule puissance divine active
que cette conception s’est réalisée. LA FEMME, en raison de la condition
fragile de son sexe, ENTOURERA, en son sein, SON MARI, le Christ, parfait en
science et en grâce dès le début de sa conception. Ainsi, vous devez vous hâter
vers le pays où cette nouveauté doit se produire. Ep 4, 24 : Revêtez l’homme nouveau qui a été créé selon Dieu dans la justice et la
sainteté de la vérité. Za 6, 12 : Voici un homme ! Son nom est
«Orient», et on se lèvera sous sa direction, et il reconstruira le Temple du
Seigneur.
601. Ici,
la consolation est présentée d’une manière particulière pour les deux tribus.
602. Premièrement,
l’annonce joyeuse est présentée, car elle annonce la sainteté de la
religion : ON DIRA ENCORE (Jr 31, 23), en louant le
Seigneur et son Temple, et non les idoles : «BEAUTÉ DE LA JUSTICE,
MONTAGNE SAINTE !», à savoir, le mont Sion. En effet, c’est à partir de
lui que l’enseignement de la loi et la justice se répandaient dans tout le
royaume, à cause des prêtres et des rois qui y demeuraient. Ps 145[144], 3 :
Grand est le Seigneur et digne de louanges, et sa grandeur n’a pas de
limites ! Ou
bien : LA MONTAGNE, c’est-à-dire le Christ. Dn 2, 34 : Une pierre détachée de la montagne. IL promet aussi la sécurité de la paix :
ILS HABITERONT [CE PAYS] (Jr 31, 24‑25).
Is 62, 4 : Tu ne seras plus appelée
«Abandonnée», et ton pays ne sera plus appelé «Désert» ; mais tu seras
appelée «Ma volonté en lui», et ton pays sera habité. Il promet encore une abondance de
biens : CAR J’AI ENIVRÉ, j’ai comblé, MON ÂME FATIGUÉE, par les tribulations
anciennes. Ps 107[106], 9 : Car il a rassasié
celui qui était épuisé et comblé de biens l’affamé.
603. Deuxièmement,
l’allégresse de celui qui annonce est présentée : SUR CE, J’AI ÉTÉ ÉVEILLÉ
(Jr 31, 26), à savoir, par la révélation divine, [ET JE VIS
QUE MON SOMMEIL AVAIT ÉTÉ] AGRÉABLE, en raison de la prospérité aperçue. Il se
peut aussi que ce soient des paroles du peuple et que le sommeil signifie la
misère qui avait précédé. AGRÉABLE, pour autant qu’il obtient miséricorde.
Ps 3, 6 : Je me suis endormi et assoupi,
puis je me suis levé parce que le Seigneur m’a soutenu. Si 5, 11 : Le sommeil est doux pour celui qui travaille, qu’il mange peu ou
beaucoup.
604. Ici,
il console les deux d’une manière générale. Premièrement, une promesse est
présentée ; deuxièmement, la confirmation de la promesse, en cet
endroit : VOICI CE QUE DIT LE SEIGNEUR, etc. (Jr 31, 35).
605. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, il promet des
biens temporels, pour ce qui est de la multiplication des hommes et des
animaux : J’ENSEMENCERAI (Jr 31, 27), comme [s’il
disait] : «Je multiplierai en ensemençant.» Za 2, 4 : Jérusalem sera habitée par un grand nombre d’hommes sans qu’il y ait de
mur, et il y aura [un grand nombre] d’animaux en son sein. Et pour ce qui est de la
réparation de ce qui a été détruit : DE MÊME QUE J’AI VEILLÉ [SUR EUX] (Jr 31, 28),
j’ai soigneusement réalisé ce dont j’avais menacé, POUR ARRACHER, en enlevant
tout campement qui leur donnait une raison de se montrer fermes, POUR DÉMOLIR,
c’est-à-dire détruire, pour ce qui est d’exterminer les hommes et de la
désertion des villes, POUR DÉTRUIRE, l’enceinte du secours humain et angélique
en l’enlevant, POUR DISPERSER, par la captivité en divers endroits, POUR AFFLIGER,
les captifs par le lourd fardeau de l’esclavage. Za 8, 14 : De même que j’ai pensé vous affliger lorsque vos pères avaient provoqué
ma colère, dit le Seigneur, et que je n’ai pas eu pitié, de même, en ces jours,
j’ai pensé me retourner pour venir en aide à la maison de Juda et à Jérusalem. Et pour ce qui est de l’immunité
du châtiment en raison des péchés des pères : EN CES JOURS (Jr 31, 29).
Ez 18, 2 : Qu’avez-vous à répéter ce proverbe
au pays d’Israël : «Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents
des fils ont été agacées ?»
606. Deuxièmement,
il promet des biens spirituels : VOICI VENIR DES JOURS (Jr 31, 31).
Premièrement, il promet le renouvellement de l’alliance. DES JOURS, à savoir,
de grâce, ALLIANCE NOUVELLE, un nouveau testament, c’est-à-dire l’évangile. UNE
DOMINATION (Jr 31, 32), en frappant cruellement et en faisant
sentir son pouvoir. Is 55, 3 : Je conclurai avec
vous un pacte éternel, réalisant les faveurs promises à David. Deuxièmement, il présente la
teneur du pacte : MAIS VOICI LE PACTE... JE METTRAI MA LOI (Jr 31, 33),
l’évangile, AU FOND DE LEUR CŒUR, et non sur des tables de pierre.
Os 2, 14 : Je la mènerai au désert et je
parlerai à son cœur. Troisièmement, il présente l’utilité du pacte d’abord pour ce qui est
de l’obéissance : ET JE SERAI LEUR DIEU. Ez 34, 24, la même
chose. En second lieu, pour ce qui est de la sagesse : ET PERSONNE N’AURA
PLUS À INSTRUIRE SON VOISIN (Jr 31, 34), par quoi il écarte la
nécessité d’enseigner. Et cela s’accomplit actuellement par le fait que nous ne
parvenons pas à la vérité divine par les arguments de la prophétie et par des
trouvailles humaines, pas davantage que par les traditions juives ; mais,
à l’avenir, cela se réalisera pleinement. Mt 23, 8 : Qu’on ne vous appelle pas : «Maître», car vous n’avez qu’un seul
maître. Et il en
indique la raison : CAR TOUS ME CONNAÎTRONT. Is 54, 13 : Tous tes enfants seront disciples du Seigneur, et grande sera la paix
pour tous tes enfants. Jn 15, 15 : Tout ce que j’ai entendu du Père,
je vous l’ai fait connaître. Troisièmement, pour ce qui est de la purification des péchés : CAR
JE VAIS PARDONNER LEUR FAUTE. Ps 103[102], 3 : Lui qui pardonne toutes tes fautes, qui guérit toutes tes infirmités.
607. Ici
est présentée la confirmation de la promesse. Premièrement, il [la] confirme en
se référant à l’immuabilité des créatures, en présentant le pouvoir de celui
qui promet : LUI QUI ÉTABLIT LE SOLEIL POUR ÉCLAIRER LE JOUR (Jr 31, 35).
Ps 136[135], 7 : Lui qui a fait les grands
luminaires, le soleil pour commander au jour et les étoiles pour commander à la
nuit. Comme s’il
disait : «Celui qui a fait ces choses immuables peut aussi confirmer sa
promesse.» [Et en présentant] une comparaison : SI JAMAIS CES LOIS VENAIENT
À FAILLIR (Jr 31, 36), comme s’il disait : «De même
qu’elles ne défailliront pas jusqu’à la fin du monde, de même [en sera-t-il] de
la semence d’Israël pour ceux qui sont sauvés.» Is 66, 22 : Comme les cieux nouveaux et la terre nouvelle que je fais tenir devant
moi, dit le Seigneur Dieu, ainsi tiendra votre semence et votre nom.
608. Deuxièmement,
[il confirme] en se référant à l’immensité des créatures : AINSI PARLE LE
SEIGNEUR (Jr 31, 37). En premier lieu, il présente
l’impossibilité de mesurer : SI ON PARVIENT À MESURER LE CIEL LÀ‑HAUT,
par le génie humain. Is 40, 12 : Qui a mesuré l’eau
de la mer dans le creux de sa main, évalué à l’empan la dimension du
ciel ? En
deuxième lieu, il propose la promesse : ALORS JE REJETTERAI, comme s’il
disait : «Comme cela est impossible, de même en est-il de ceci», TOUTE LA
RACE, car il en a rejeté certains parmi eux. Lm 3, 33 : Car ce n’est pas de bon cœur qu’il a humilié et rejeté les fils des
hommes.
609. Ici
est promise la restauration de la ville. Premièrement, sa reconstruction est promise :
[LA VILLE] SERA RECONSTRUITE (Jr 31, 38).
Is 44, 26 : Moi qui dis à Jérusalem : «
Tu seras habitée !», et aux villes de Juda : «Vous serez
rebâties !» Et je réveillerai son désert.
610. Deuxièmement,
il présente [son] développement : DEPUIS LA TOUR D’HANANÉEL, dont certains
disaient qu’elle était à Anatoth, ce que Jérôme écarte dans la Glose, JUSQU’À
LA PORTE DE L’ANGLE, où deux murs se rejoignaient, AU-DELÀ DES FRONTIÈRES,
anciennes, SUR LA HAUTEUR DE GAREB (Jr 31, 39), dont le sens
est «lèpre», où demeuraient peut-être les lépreux en dehors de la ville, VERS
GOATHA, qui veut dire «nation pécheresse», où demeuraient ceux qui étaient
impurs en raison d’un péché, VALLÉE DES CADAVRES (Jr 31, 40),
où se trouvaient les sépulcres du peuple, [AVEC] SES CENDRES, où étaient jetées
les cendres pures, comme celles qui venaient des sacrifices, ou impures, comme
celles qui venaient des maisons des lépreux et de ceux de ce genre, DE LA MORT,
où les malfaiteurs étaient tués, JUSQU’À L’ANGLE DE LA PORTE DES CHEVAUX, VERS
L’EST : en effet, les chevaux ne pouvaient pas monter de partout en raison
de l’escarpement de la montagne. Is 54, 2 : Élargis le lieu de ton campement et étends les peaux de tes tentes.
611. Troisièmement,
la durée est présentée : LE SAINT DU SEIGNEUR NE SERA PLUS DÉMOLI,
c’est-à-dire le sanctuaire, le Temple, ou bien toute la ville qui avait été
consacrée au Seigneur. Plus haut, Jr 3, 1 : Ils appelleront Jérusalem «Trône du Seigneur», et toutes les nations
seront rassemblées en elle au nom du Seigneur, à Jérusalem. Is 33, 20 : [Jérusalem], tente qu’on ne déplacera pas, dont on n’arrachera jamais
les piquets, dont toutes les cordes ne seront jamais rompues. Les Juifs interprètent cela de
l’enceinte de Jérusalem, ce que Jérôme désapprouve dans la Glose et interprète
de l’Église, qui rassemble en elle des parfaits, des imparfaits et des
pécheurs, qui sont signifiés par les lieux impurs hors de la ville. On peut
aussi dire d’une autre façon que cela s’est accompli sous Esdras ; ainsi,
on trouve en Ne 3, 1 : Car ils se mirent à
construire Hananéel, et, au sens littéral, ils ont peut-être ajouté un espace à la ville.
Qu’on dise qu’elle demeure à jamais, on l’entend que [ce soit à la condition]
qu’ils n’aient pas péché. Plus haut, Jr 18, 10 : Mais si cette nation fait ce qui est mal à mes yeux en refusant
d’écouter ma voix, alors je me repentirai du bien que j’entendais lui faire.
612. Ici,
il les console par un geste. Premièrement, il indique le moment de la prophétie
en regard de l’époque du roi : DANS LA DIZIÈME ANNÉE DE SÉDÉCIAS, ROI DE
JUDA, C’EST-À-DIRE LA DIX-HUITIÈME ANNÉE DE NABUCHODONOSOR (Jr 32, 1),
comme on le déduit de ce qui a été dit plus haut, Jr 25, 1 : Car la quatrième année de Joakim était la première de Nabuchodonosor. À partir du siège de la
ville : L’ARMÉE DU ROI DE BABYLONE ASSIÉGEAIT ALORS JÉRUSALEM (Jr 32, 2).
Is 29, 3 : Je camperai en cercle contre toi,
j’entreprendrai contre toi un siège, et je dresserai contre toi des retranchements.
Et la prison du
prophète, en présentant l’état misérable de la prison : ET LE PROPHÈTE
JÉRÉMIE ÉTAIT ENFERMÉ DANS LA COUR DE GARDE. Lm 3, 7 : Il m’a emmuré afin que je ne puisse sortir, il a alourdi mes chaînes. Et il en indique la cause : POURQUOI
PROPHÉTISES-TU ? (Jr 32, 3). Parce qu’il annonçait la
prise de la ville : VOICI QUE JE VAIS LIVRER CETTE VILLE AUX MAINS DU ROI
DE BABYLONE. [Il annonçait aussi] la captivité du roi : ET SÉDÉCIAS, ROI
DE JUDAS, N’ÉCHAPPERA PAS DES MAINS DES CHALDÉENS (Jr 32, 4).
Et le revers des guerres : SI VOUS COMBATTEZ [LES CHALDÉENS], VOUS NE
RÉUSSIREZ PAS ! (Jr 32, 5). Plus haut, Jr 21, 5‑6 :
Et je combattrai moi-même contre vous, à main étendue et à bras
puissant, avec colère, fureur et grande indignation, et je frapperai les
habitants de cette ville. C’est pourquoi, selon le sens historique, le présent chapitre doit
continuer celui-là.
613. Deuxièmement,
le geste prophétique est présenté : ET JÉRÉMIE DIT (Jr 32, 6).
Premièrement, l’achat est présenté ; deuxièmement, l’explication du geste,
en cet endroit : ET JE REMIS L’ACTE D’ACQUISITION À BARUCH
(Jr 32, 12) ; troisièmement, la confirmation de l’explication,
en cet endroit : ET JE PRIAI LE SEIGNEUR (Jr 32, 16).
614. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, l’invitation du
vendeur à vendre est présentée, en présentant la parole d’invitation qui lui
avait été révélée : VOICI, HANAMÉEL VA VENIR TE TROUVER..., CAR TU AS UN
DROIT [DE RACHAT POUR L’ACQUÉRIR] (Jr 32, 7). Afin que les
tribus ne soient pas mélangées, le Seigneur avait ordonné que leurs biens
soient vendus à ceux qui étaient de la même lignée, Nb 11, ce qui était
principalement observé pour les biens des lévites. Il présente aussi l’arrivée
de celui qui invite : ET VOICI QUE MON COUSIN HANAMÉEL VINT ME TROUVER
SELON LA PAROLE DU SEIGNEUR (Jr 32, 8), qui ne peut survenir
en vain. Nb 23, 19 : Est-ce lui qui dit et ne fait
pas ? Qui parle et n’accomplit pas ? Deuxièmement, l’achat est présenté : JE
COMPRIS [ALORS QUE C’ÉTAIT UN ORDRE DU SEIGNEUR], par l’esprit prophétique,
autrement il semblait insensé d’acheter un champ à ce moment-là, ce en quoi est
aussi relevée l’obéissance du prophète. Plus haut, Jr 17, 16 : Je ne suis pas pressé plus qu’un berger derrière toi, et je n’ai pas désiré
le jour fatal, tu le sais ! Puis est présenté le versement du prix : ET JE LUI PESAI
[L’ARGENT] (Jr 32, 9), sur une balance : DIX-SEPT POIDS,
c’est-à-dire sicles, dont chacun comporte vingt oboles.
Ez 45, 12 : les sicles d’argent sont la même chose que les
poids. Troisièmement, la confirmation de l’achat est présentée : JE
RÉDIGEAI L’ACTE ET LE SCELLAI (Jr 32, 10), avec le sceau du vendeur
et des témoins. LES STIPULATIONS (Jr 32, 11), lorsque, l’un
interrogent et l’autre répondant, le contrat est confirmé. RATIFIÉ, à savoir,
la ratification de la vente. Is 8, 2 : J’ai pris des témoins fidèles, etc.
615. Ici
est présentée l’explication de l’achat. Premièrement, il donne l’acte : EN
PRÉSENCE DE TOUS LES JUDÉENS QUI SE TROUVAIENT DANS LA COUR DE GARDE (Jr 32, 12),
qui étaient venus pour [le] consoler et [le] consulter, car c’était une
question qui les concernait tous. Ez 12, 4 : Tu sortiras le soir, à leurs yeux, comme sort un émigrant. Deuxièmement, la garde attentive
est indiquée : ET, DEVANT EUX, JE DONNAI CET ORDRE À BARUCH : «AINSI
PARLE LE SEIGNEUR DES ARMÉES, LE DIEU D’ISRAËL. PRENDS CES DOCUMENTS, CET ACTE
D’ACHAT, L’ACTE D’ACHAT SCELLÉ AINSI QUE L’ACTE QUI EST OUVERT» (Jr 32, 13‑14),
c’est-à-dire qui n’est pas scellé, afin qu’il puisse y jeter un regard
lorsqu’ils l’enverraient. Os 12, 11 : J’ai ressemblé aux prophètes. Troisièmement, [les actes] sont placés sous
bonne garde : ET TU LES METTRAS DANS UN VASE DE TERRE. CAR AINSI PARLE LE
SEIGNEUR... (Jr 32, 15). Voilà ce que Jérémie disait plus haut
avoir compris de la parole de Dieu. Za 8, 12 : La vigne donnera son fruit, la terre donnera sa semence, et le ciel donnera
sa rosée, etc.
616. Ici est présentée la
confirmation de l’explication. En effet, parce qu’ils ne croyaient pas aux
paroles du prophète, [celui-ci] demande une révélation divine à ce sujet afin
de lever leur doute. Ainsi, en premier lieu, la prière du prophète est
présentée ; en second lieu, la réponse du Seigneur, en cet endroit :
ET LA PAROLE DE DIEU FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE (Jr 32, 26).
617. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il loue la
justice divine ; deuxièmement, il met de l’avant le juste châtiment
infligé, en cet endroit : TOI QUI PRODUISIS DES SIGNES (Jr 32, 20) ;
troisièmement, il s’étonne de la cause de l’ordre passé, en cet endroit :
ET TU ME DIS, SEIGNEUR DIEU (Jr 32, 25).
618. Or,
là où il y a justice, elle fait que l’homme veut des choses justes. De sorte
que, pour son accomplissement, deux autres choses sont requises : savoir
et pouvoir. Ainsi, en vue de l’accomplissement parfait de la justice, il montre
la perfection de la science et de la puissance. En premier, [celle de] la
puissance, en présentant la création des choses : VOICI QUE TU AS FAIT (Jr 32, 17).
Plus haut, Jr 27, 5 : C’est moi qui ai fait la terre,
les hommes et les animaux qui sont à surface de la terre par ma grande force et
mon bras étendu ; et je l’ai donnée à qui m’a plu. Et il loue la perfection de la
puissance : RIEN N’EST DIFFICILE POUR TOI ! ce pour quoi tu as fait
de si grandes choses. Lc 1, 37 : Rien n’est impossible
à Dieu ! Et
il continue par la mise en œuvre de la justice associée à miséricorde :
QUI FAIS MISÉRICORDE (Jr 32, 18), en récompensant les bons, À
DES MILLIERS, c’est-à-dire jusqu’à mille générations, [MAIS QUI PUNIS LA FAUTE
DES PÈRES] SUR LEURS FILS, au moins pendant une génération, afin que la
miséricorde l’emporte sur le châtiment. Ex 20, 5 : Je suis le Seigneur ton Dieu, le Fort, le Jaloux, qui punis l’iniquité
des pères sur leurs fils jusqu’à la troisième et à la quatrième génération de
ceux qui m’ont haï. Et
il se hâte de condamner la puissance, de sorte que la puissance se change en justice
miséricordieuse. [DIEU] FORT, pour autant qu’il soutient toutes choses.
He 1, 3 : Soutenant toutes choses par la
parole de sa puissance. Jb 9, 19 : Si on cherche la force, il est le
plus fort. [DIEU]
GRAND, pour autant que la multitude des créatures n’épuise pas sa puissance,
puisqu’il peut encore en produire en nombre infini. [DIEU] PUISSANT, capable de
tout faire. Sg 12, 18 : Tu n’as qu’à
vouloir, et tu peux. LE SEIGNEUR DES ARMÉES, pour ce qui est du gouvernement, principalement
des [créatures] raisonnables, célestes, terrestres et infernales.
Jb 25, 3 : Y a-t-il un nombre de ses soldats ?
619. Deuxièmement,
il montre la perfection de la science. En premier lieu, en communiquant la
perfection de la science : GRAND DANS TES DESSEINS (Jr 32, 19),
c’est-à-dire parfait dans les décisions de ta sagesse ; ET QU’IL EST
IMPOSSIBLE DE COMPRENDRE, pour les hommes. Jb 36, 26 : Voici le grand Dieu qui l’emporte sur notre science. Rm 11, 33 : Quelle élévation de la richesse de la sagesse et de la science de
Dieu ! Que ses jugements sont insondables et ses voies
incompréhensibles ! En deuxième lieu, il présente la mise en œuvre de la justice :
DONT LES YEUX SONT OUVERTS SUR TOUTES LES VOIES DES FILS D’HOMME.
Jb 34, 21 : Ses yeux sont ouverts sur les
voies des hommes, et il examine toutes leurs démarches.
620. Ici,
il présente le châtiment infligé aux Juifs par la justice divine. Pour montrer
qu’il était juste, il fait trois choses. Premièrement, il présente la
manifestation des bienfaits [de Dieu] dans la libération miraculeuse :
JUSQU’À AUJOURD’HUI (Jr 32, 20‑21), tes signes se sont
accomplis. Ou bien : ta puissance pour le salut d’Israël et des autres
s’est manifestée. Ps 78[77], 12 : Il a fait des
merveilles en terre d’Égypte, au champ de Tanis. Et dans une demeure regorgeant de
biens : PUIS TU LEUR AS DONNÉ CE PAYS (Jr 32, 22).
Lv 20, 24 : Prenez possession de leur pays que
je vous donnerai en héritage, un pays où coulent le lait et le miel.
621. Deuxièmement,
il présente [leur] ingratitude : ILS VINRENT DONC (Jr 32, 23).
Dt 32, 15 : Le bien-aimé s’est engraissé, puis
a regimbé ; il s’est engraissé, il s’est empiffré, il a grossi, puis il a
abandonné Dieu, son créateur, et il s’est éloigné de Dieu, son salut. Is 1, 2 : J’ai élevé des fils, je les ai fait grandir, mais ils se sont tournés
contre moi.
622. Troisièmement,
[il présente] l’infliction du châtiment : ET VOICI QUE SONT SURVENUS [LES
TERRASSEMENTS POUR L’ASSAUT] (Jr 32, 24).
Ha 1, 10 : [Ce peuple] se rit de toutes les
forteresses, il entasse la terre et les prend !
623. Ici,
il s’étonne de l’ordre donné par Dieu : ET TOI, TU ME DIS : «ACHÈTE
CE CHAMP !» (Jr 32, 25). Ce qui est étonnant, car ce
n’était pas le temps d’acheter. Ez 7, 12 : Que celui qui achète ne se réjouisse pas, et que celui qui vend ne
pleure pas, car la colère s’abat sur tout son peuple.
624. Ici
est présentée la réponse du Seigneur. Premièrement, il met de l’avant sa puissance :
Y A-T-IL POUR MOI QUELQUE CHOSE DE DIFFICILE ? (Jr 32, 26‑27).
Gn 18, 13 : Pourquoi ton épouse, Sara,
a-t-elle ri en disant : «Est-ce qu’une vieille femme peut avoir un
enfant ?» Est-ce que quelque chose est difficile pour Dieu ?
625. Deuxièmement,
il montre le juste châtiment infligé par une telle puissance, en prédisant le
châtiment : C’EST POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 32, 28‑29).
Plus haut, Jr 19, 13 : Les maisons de
Jérusalem et les maisons des rois de Juda seront impures, comme le lieu de
Tophet. Et il
ajoute la faute, en montrant la continuité de la faute : CAR ILS ONT FAIT
LE MAL À MES YEUX DEPUIS LEUR JEUNESSE (Jr 32, 30), lorsqu’ils
sont sortis d’Égypte. Plus haut, Jr 3, 25 : Nous et nos pères avons péché depuis notre jeunesse jusqu’à
aujourd’hui. [En
montrant] aussi l’universalité de la faute : CETTE VILLE A ÉTÉ POUR MOI UN
SUJET DE COLÈRE ET DE FUREUR DEPUIS LE JOUR OÙ ON L’A BÂTIE (Jr 32, 31).
1 Ch 11. À CAUSE DE LA MALICE [DES FILS D’ISRAËL ET DES FILS DE JUDA]
(Jr 32, 32). Is 1, 6 : De la plante des pieds au sommet de la tête, il n’y a en lui rien qui
soit en santé ! Plus haut, Jr 21, 10 : J’ai tourné mon
visage vers cette ville pour son mal, et non pour son bien, dit le Seigneur. En montrant aussi la gravité de la
faute pour ce qui est du mépris de Dieu : ILS M’ONT TOURNÉ LE DOS (Jr 32, 33),
par la désobéissance, à la manière de ceux qui méprisent.
Za 7, 11 : Ils me tournèrent le dos en
s’éloignant et ils endurcirent leurs oreilles pour ne pas entendre. Et pour ce qui est du sacrilège de
la souillure du Temple : ILS ONT INSTALLÉ DES HORREURS (Jr 32, 34).
Plus haut, Jr 11, 15 : Comment se fait-il que
mon bien-aimé a commis de nombreuses horreurs dans ma maison ? Et pour ce qui est du sacrilège
joint à l’homicide : ET ILS ONT CONSTRUIT DES HAUTS LIEUX... [POUR BRÛLER
LEURS FILS ET LEURS FILLES] (Jr 32, 35).
Ps 106[105], 37 : Ils immolèrent leurs fils et leurs
filles aux démons.
626. Troisièmement,
il promet la miséricorde. En premier lieu, il aborde le désespoir : C’EST
POURQUOI, MAINTENANT, DIT LE SEIGNEUR (Jr 32, 36), car je peux
tout faire : de même que j’ai puni, de même je libérerai avec puissance.
VOUS DITES, par désespoir, QU’ELLE EST LIVRÉE [AU ROI DE BABYLONE]. Plus haut,
Jr 15, 2 : Qui est pour l’épée, à
l’épée ! Qui est pour la famine, à la famine ! Qui est pour la
captivité, à la captivité !
627. En
second lieu, il présente la promesse : MOI, JE VAIS, et il promet
premièrement le rappel : LES RASSEMBLER (Jr 32, 37).
Ez 36, 24 : Je vous prendrai parmi les
nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous mènerai dans
votre pays. Et il
promet la sécurité à ceux qui ont été rappelés : ET JE LES FERAI HABITER
EN SÉCURITÉ. Plus haut, Jr 23, 6 : En ces jours-là,
Juda sera sauvé et Israël habitera en sécurité. Deuxièmement, il promet la prospérité à ceux
qui sont retournés : d’abord quant aux biens spirituels ; ensuite,
quant aux biens temporels, en cet endroit : ET JE LES PLANTERAI DANS CE
PAYS (Jr 32, 41).
628. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il promet la
sainteté, c’est-à-dire l’obéissance à Dieu : ET ILS SERONT MON PEUPLE (Jr 32, 38).
Ap 21, 3 : Ils seront son peuple, et
Dieu-avec-eux sera leur Dieu. [Il promet aussi] la concorde avec le prochain : ET JE LEUR
DONNERAI UN SEUL CŒUR (Jr 32, 39). Ac 4, 32 : La multitude des croyants n’avaient qu’un seul cœur et qu’une seule
âme. Deuxièmement,
la constance de la sainteté : JE CONCLURAI AVEC EUX UNE ALLIANCE
ÉTERNELLE, ET JE NE CESSERAI DE LEUR FAIRE DU BIEN (Jr 32, 40),
pour ce qui est du fruit de la sainteté qu’il avait abordée ; [JE METTRAI]
MA CRAINTE, pour ce qui est du don de la sainteté. Is 55, 3 : Je conclurai avec vous une alliance éternelle, mes faveurs envers David
seront fidèles. Troisièmement,
[il promet] l’acceptation de la sainteté : JE TROUVERAI MA JOIE [À LEUR
FAIRE DU BIEN] (Jr 32, 41), c’est-à-dire que j’accepterai le
bien qu’ils feront. Ps 104[103], 31 : Le Seigneur se réjouira de ses œuvres.
629. Ici,
il promet des biens temporels. Premièrement, une résidence durable dans la patrie :
ET JE LES PLANTERAI (Jr 32, 41), afin qu’ils ne soient
facilement arrachés, DANS LA VÉRITÉ, sans duplicité, [DE TOUT MON] CŒUR, pour
ce qui est de [sa] connaissance, [DE TOUTE MON] ÂME, pour ce qui est de [sa]
volonté. Plus haut, Jr 24, 6 : Je vous bâtirai et
ne vous détruirai pas ; je vous planterai et ne vous arracherai pas. Et il le confirme par une
comparaison : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR : «DE MÊME QUE J’AI AMENÉ
SUR CE PEUPLE TOUT CET IMMENSE MALHEUR, DE MÊME JE LEUR AMÈNERAI TOUT LE BIEN
[QUE JE LEUR PROMETS]» (Jr 32, 42). Ba 4, 18 : Celui qui a amené sur vous ces maux vous arrachera des mains de vos
ennemis.
630. Deuxièmement,
il promet la libre possession des biens en présentant la plénitude de la
possession : ET ILS POSSÉDERONT DES CHAMPS (Jr 32, 43).
Is 34, 17 : Ils habiteront [ce pays] pour
toujours : ils l’habiteront de génération en génération. En second lieu, [il promet] la
liberté des contrats : ON ACHÈTERA DES CHAMPS À PRIX D’ARGENT (Jr 32, 44).
Ps 126[125], 1 : Quand le Seigneur ramena les
captifs de Sion, nous avons été comme ceux qui sont consolés.
631. Ici
est présentée la consolation pour les deux tribus d’une manière particulière,
et principalement pour ce qui est de Jérusalem, où se trouvait le siège du
règne et du sacerdoce. Et, à ce propos, [il fait] deux choses. Premièrement, il
présente le titre de la prophétie, dans lequel il présente la prison du
prophète : PENDANT QUE JÉRÉMIE ÉTAIT ENCORE ENFERMÉ DANS LA COUR DE GARDE (Jr 33, 1).
Deuxièmement, par rapport à la vision précédente faite pour une seconde fois,
en promettant l’autorité : AINSI PARLE LE SEIGNEUR QUI FERA (Jr 33, 2),
comme un artisan en préparant son matériau, ET DONNERA FORME, en menant à
l’achèvement de la forme, PRÉPARERA, en l’ordonnant à sa fin. SON NOM EST LE
SEIGNEUR, car il est le Seigneur de toutes choses d’une manière unique.
Ps 83[82], 19 : Car ton nom est «Seigneur», seul
tu es le Très-haut sur toute la terre. Par rapport à la solidité de sa promesse et à
sa grandeur : INVOQUE-MOI (Jr 33, 3), en priant pour le
peuple, ET JE T’ENTENDRAI, non pas pour ne pas faire de mal, mais pour te
libérer après le mal qui t’aura été fait. Et ainsi, cela n’est pas contraire à
ce qui a été dit plus haut, Jr 7, 16 : Mais toi, ne prie pas pour ce peuple, ne prends pas sur toi d’adresser
la louange et la prière, et n’insiste pas auprès de moi, car je ne t’écouterai
pas. [JE
T’ANNONCERAI DES CHOSES DONT] IL NE SAIT RIEN, c’est-à-dire qu’on ne pourrait
soupçonner par conjecture humaine. Is 48, 6 : Je t’ai fait connaître dès maintenant des choses nouvelles, secrètes et
inconnues de toi.
632. Deuxièmement,
il présente la parole de la prophétie. En premier lieu, la promesse se
rapportant au peuple est présentée; en second lieu, celle se rapportant au
règne et au sacerdoce, en cet endroit : VOICI VENIR DES JOURS (Jr 33, 14).
633. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il promet la
guérison de la blessure infligée ; deuxièmement, la joie du cœur, en cet
endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR : «ON ENTENDRA ENCORE DANS CE
LIEU...» (Jr 33, 10) ; troisièmement, la tranquillité de
la paix, en cet endroit : AINSI PARLE LE SEIGNEUR DES ARMÉES, etc. (Jr 33, 12).
634. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il aborde la
blessure infligée : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 33, 4),
à propos de la destruction des édifices, AU SUJET DES MAISONS.
Lm 2, 2 : Sans pitié le Seigneur a détruit
toutes les demeures de Jacob, il a renversé, en sa fureur, les forteresses de
la fille de Juda, et les a jetées à terre. Et pour ce qui est de l’extermination des
hommes : AU SUJET DE CEUX QUI PRENNENT L’ÉPÉE (Jr 33, 5),
pour venir en aide à Jérusalem, ou bien parmi les nations, ou dans le royaume
des deux tribus ; POUR REMPLIR [LA VILLE DE CADAVRES], par mode
d’occasion, car, leur faisant confiance, ils ont résisté aux ennemis et ils ont
été tués ; [DONT LA MÉCHANCETÉ M’A FAIT] ME DÉTOURNER, à savoir, en leur
enlevant ma protection. Ez 39, 23 : Les nations sauront
que la maison d’Israël a été mise en esclavage à cause de ses fautes et parce
qu’elle m’avait abandonné, et que je m’étais détourné d’eux. Deuxièmement, il promet le
bienfait de la guérison d’une manière générale : VOICI QUE MOI JE GUÉRIRAI
LEUR BLESSURE (Jr 33, 6). Plus haut,
Jr 30, 17 : J’enlèverai ta blessure et je
guérirai tes plaies. Et, d’une manière particulière, pour ce qui est d’entendre leur
prière : ET JE LEUR RÉVÉLERAI, en réalisant leur souhait, LEUR PRIÈRE, car
ils m’ont demandé la paix et la vérité de la religion les uns pour les autres.
Is 39, 8 : Qu’il n’y ait que paix et vérité
en mes jours. Pour
ce qui est de la restitution de leur patrie : JE RAMÈNERAI [LES CAPTIFS DE
JUDA] (Jr 33, 7). Plus haut, Jr 30, 18 : Voici que je vais rétablir les tentes de Jacob, je prendrai en pitié
ses habitations. Pour
ce qui est de la rémission du péché, suite à purification de la faute : JE
LES PURIFIERAI (Jr 33, 8). Ez 36, 25 : Vous serez purifiés de toutes vos fautes, et je vous purifierai de
toutes vos idoles. Et
suite à l’absolution du châtiment : ET JE PARDONNERAI TOUTES LEURS FAUTES.
Ps 103[102], 3 : Lui qui pardonne toutes tes
fautes, qui guérit toutes tes infirmités. Troisièmement, il présente le fruit de la
libération pour ce qui est de la gloire divine : [JÉRUSALEM DEVIENDRA POUR
MOI] UN NOM (Jr 33, 9). Plus haut, Jr 32, 41 : Je me réjouirai à leur sujet, lorsque je leur ferai du bien. Is 43, 21 : Je me suis forgé un peuple, il racontera ma louange. Pour ce qui est de la joie des
amis : ET POUR L’EXULTATION DEVANT TOUTES LES NATIONS DE LA TERRE.
Ps 48[47], 3 : [Le mont Sion] est créé, joie de
toute la terre, le mont Sion, contrefort de l’Aquilon, cité du grand roi !
Pour ce qui est
de l’angoisse des envieux : [LES NATIONS] SERONT PRISES DE CRAINTE.
Is 26, 11 : Ils verront et seront confondus
ceux qui jalousent ton peuple, et le feu dévorera tes ennemis.
635. Ici,
il lui promet la joie. Premièrement, [la joie] temporelle : CRI DE JOIE (Jr 33, 11).
Plus haut, Jr 25, 10 : Je ferai disparaître
de chez eux les cris de joie et d’allégresse, les appels du fiancé et de la
fiancée, le bruit de la meule et la lumière de la lampe.
636. Deuxièmement,
[la joie] spirituelle exprimée par les louanges de Dieu : LA VOIX DE CEUX
QUI DIRONT : «RENDEZ GRÂCE AU SEIGNEUR !» Is 51, 3 : Joie et allégresse se trouveront en elle, action de grâce et chant de
louange ! Tb 13, 22 :
Dans tous ses bourgs on chantera : «Alleluia !» [La joie spirituelle exprimée]
par des offrandes : ET DE CEUX QUI APPORTENT DES OFFRANDES À LA MAISON DU
SEIGNEUR. Is 19, 21 : Ils lui rendront un culte par des
victimes, et ils feront des dons et des promesses au Seigneur, et ils les
tiendront.
637. Troisièmement,
il indique la raison : CAR JE FERAI REVENIR [LES CAPTIFS] DANS LEUR PAYS.
Lm 5, 21 : Renouvelle nos jours comme
autrefois.
638. Ici,
il leur promet la tranquillité de la paix, qu’il indique par une habitation
sûre dans leur pays : DES TROUPEAUX PASSERONT SOUS LA MAIN [DU PASTEUR]
QUI LES COMPTE (Jr 33, 12‑13), comme s’il disait :
«Ils jouiront d’une telle sécurité qu’ils pourront compter librement leurs
brebis.» Ez 34, 14 : Je les paîtrai dans de riches
pâturages, et leurs pâturages occuperont les montagnes élevées d’Israël.
639. Ici
est présentée la consolation pour ce qui est du règne et du sacerdoce. Premièrement,
le rétablissement des deux est promis ; deuxièmement, une confirmation de
la promesse est présentée, en cet endroit : PUIS LA PAROLE DU SEIGNEUR FUT
ADRESSÉE À JÉRÉMIE (Jr 33, 19).
640. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, il promet le
rétablissement du règne ; deuxièmement, du sacerdoce, en cet
endroit : ET JAMAIS PARMI LES PRÊTRES ET LES LÉVITES UN HOMME NE MOURRA
[SANS DESCENDANT] (Jr 33, 18).
641. À
propos du premier point, [il fait trois choses. Premièrement, il indique
l’opportunité du moment : VOICI VENIR DES JOURS (Jr 33, 14),
à savoir, de grâce, ET JE SUSCITERAI, j’accomplirai, LA PROMESSE, que j’ai
faite à propos du rétablissement du royaume. Os 2, 2 : Les fils de Juda et les fils d’Israël se réuniront, ils se donneront un
chef unique, et ils déborderont du pays. Ce qui s’est accompli dans le Christ.
642. Deuxièmement,
[il indique] la condition du règne pour ce qui est de la noblesse de son
gouvernement : EN CES JOURS-LÀ, JE FERAI POUSSER POUR DAVID UNE SEMENCE DE
JUSTICE (Jr 33, 15), le Christ, qui est la justice même.
Is 11, 1 : Un rejeton sortira de la souche de
Jessé, et une fleur sortira de ses racines. IL EXERCERA LE JUGEMENT, lors de son premier
avènement en faveur du monde, lors de son second, sur le monde, ET LA JUSTICE,
en l’enseignant par la parole, en la réalisant en lui-même par un acte et dans
les autres par le don de la grâce. Ps 119[118], 121 : J’ai rendu le droit et la justice. Et pour ce qui est de l’utilité du
gouvernement en vue du salut du peuple : EN CES JOURS-LÀ, JUDA SERA SAUVÉ (Jr 33, 16),
pour ce qui est de ceux qui ont cru en premier lieu et croiront lors du second
avènement. Os 1, 7 : Je les sauverai par le Seigneur,
leur Dieu. Dans
la sécurité de la paix : ET ISRAËL HABITERA EN SÉCURITÉ.
Is 32, 18 : Mon peuple sera assis dans la
beauté de la paix, dans des tentes sûres et dans un somptueux repos. Et dans la confession de la vraie
foi : ET VOICI LE NOM [QU’ON DONNERA À LA VILLE] : LE
SEIGNEUR-EST-NOTRE-JUSTICE (Jr 33, 16).
Ps 199[118], 137 : Tu es juste, Seigneur, et ton
jugement est honnête.
643. Troisièmement,
il présente la durée du règne : CAR AINSI PARLE LE SEIGNEUR : «JAMAIS
DAVID NE MANQUERA D’UN DESCENDANT [QUI PRENNE PLACE SUR LE TRÔNE DE LA MAISON
D’ISRAËL]» (Jr 33, 17), le Christ et son règne.
Dn 7, 14 : Son pouvoir est un pouvoir éternel
qui ne sera pas supprimé, et son règne ne dépérira pas.
644. Ici,
il présente le rétablissement du sacerdoce. Et de même que le règne est rétabli
dans le Christ lui-même et dans ses membres, de même en est-il du sacerdoce. En
effet, de même qu’il est roi, il est aussi prêtre.
Ps 110[109], 4 : Tu es prêtre pour l’éternité selon
l’ordre de Melchisédech. Et il a fait de ses membres des rois et des prêtres.
Ap 5, 10 : Tu as fait de nous un royaume et
des prêtres. Ep 5, 2 :
Il s’est offert en sacrifice à Dieu dans une odeur agréable. Et il fait en sorte que ses
membres offrent des sacrifices à Dieu. Ez 44, 15 : Quant aux prêtres et aux lévites, fils de Sadoch, qui ont assuré le
service de mon sanctuaire lorsque les fils d’Israël s’égaraient loin de moi, ce
sont eux qui s’approcheront de moi pour me servir, ils se tiendront devant moi
pour m’offrir la graisse et le sang, dit le Seigneur Dieu.
645. Ici
est présentée la confirmation de la promesse. Premièrement, à partir de la
durée des créatures : SI VOUS POUVEZ ROMPRE MON ALLIANCE AVEC LE JOUR [ET
MON ALLIANCE AVEC LA NUIT] (Jr 33, 20‑21), comme s’il
disait : «Elle ne peut être rompue jusqu’à la fin du monde.»
Ps 89[88], 30 : J’établirai sa descendance pour
les siècles des siècles, et son trône comme les jours du ciel. Deuxièmement, à partir de la multitude
[des créatures] : COMME LES ÉTOILES DU CIEL NE PEUVENT ÊTRE DÉNOMBRÉES (Jr 33, 22),
si ce n’est par Dieu seul, de même le nombre des élus est-il connu de Dieu
seul. Gn 22, 17 : Je multiplierai ta descendance
comme les étoiles du ciel et comme le sable qui se trouve sur le rivage de la
mer.
646. Il
repousse ici la moquerie des ennemis. Premièrement, [leur] insulte est
présentée : LES DEUX FAMILLES [QUE LE SEIGNEUR AVAIT CHOISIES ONT ÉTÉ REJETÉES !]
(Jr 33, 24), la royale et la sacerdotale, ou bien celle des
dix et des deux tribus. Ps 71[70], 10 : Ceux qui veillaient sur mon âme se sont concertés en disant : «Le
Seigneur l’a abandonné ; poursuivez-le et emparez-vous de lui, car il n’y
a personne pour le sauver !» Deuxièmement, un reproche est présenté : AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 33, 25‑26).
Rm 11, 1 : Dieu a-t-il rejeté son
peuple ? Nullement, etc.
647. Parce
que les Juifs étaient tellement obstinés qu’ils n’étaient pas effrayés par les
choses tristes ni fléchis par les choses joyeuses, il montre à juste titre la
menace, la consolation et, troisièmement, l’opposition de ceux qui
écoutent : premièrement, par la transgression du jugement ;
deuxièmement, par la destruction de l’Écriture, chap. 36 : LA QUATRIÈME
ANNÉE DE JOAKIM, FILS DE JOSIAS, ROI DE JUDA (Jr 36, 1) ;
troisièmement, par la persécution du prophète, chap. 37 : LE ROI SÉDÉCIAS,
FILS DE JOSIAS, DEVINT ROI À LA PLACE DE JÉCHONIAS, FILS DE JOAKIM
(Jr 37, 1).
648. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, ils sont
convaincus de transgression par un geste ; deuxièmement, par un exemple, chap
35 : PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE DE LA PART DU SEIGNEUR
(Jr 35, 1). Il les convainc d’avoir transgressé par le fait
que même l’alliance qu’ils avaient faite avec Dieu au sujet de la libération
des esclaves conformément à la loi, ils ne l’ont pas observée.
649. Or,
cela se divise en deux parties. Premièrement, un certain allègement des maux
après la conclusion de l’alliance est présenté ; deuxièmement, une menace
est présentée après la transgression de l’alliance conclue, en cet
endroit : PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE PAR LE SEIGNEUR... [APRÈS QUE
LE ROI SÉDÉCIAS EUT CONCLU AVEC TOUT LE PEUPLE DE JÉRUSALEM UNE ALLIANCE]
(Jr 34, 8).
650. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, il présente le
titre de la prophétie, dans lequel il décrit le moment : À L’ÉPOQUE DE
NABUCHODONOSOR (Jr 34, 1). Plus haut,
Jr 1, 15 : Voici que je rassemblerai toutes
les familles des royaumes du Nord, dit le Seigneur ! Elles viendront et
chacune établira son trône à l’entrée des portes de Jérusalem, etc. Deuxièmement, il présente la
parole du prophète : AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 34, 2).
Et il fait trois choses. En premier lieu, il présente la menace en raison des
fautes passées pour ce qui est de la destruction de la ville : VOICI QUE
JE VAIS LIVRER CETTE VILLE AUX MAINS DU ROI DE BABYLONE, ET IL L’INCENDIERA.
Ps 74[73], 7 : Ils ont incendié ton sanctuaire,
ils ont souillé dans le pays la tente qui porte ton nom. Et pour ce qui est de la captivité
du roi : ET TOI, TU N’ÉCHAPPERAS PAS ! (Jr 34, 3).
Lm 2, 22 : Aux jours de la colère du
Seigneur, il n’y eut ni rescapé ni survivant ! En deuxième lieu, il présente la
récompense pour l’alliance contractée : TOUTEFOIS, ÉCOUTE... TU NE MOURRAS
PAS ! (Jr 34, 4‑7). Mais cela ne s’accomplit pas,
car on ne respecta pas l’alliance et il mourut dans la honte pour avoir pris un
laxatif durant le banquet. Ha 2, 15 : Malheur à celui qui donne à boire à son ami en y mêlant du fiel, et qui
l’enivre au point de voir sa nudité ! Cependant, sur ce point, on peut dire que
s’est accompli le fait qu’il ne fut pas tué par l’épée de l’ennemi. Plus haut,
Jr 22, 18 : Pour lui, point de
lamentation : «Hélas, mon frère ! Hélas, ma soeur !» On ne
criera pas : «Hélas, Seigneur ! Hélas, Majesté !» En troisième lieu, il aborde la
tribulation imminente afin que la promesse soit mieux reçue : C’EST MOI
QUI LE DÉCLARE ! Ha 1, 10 : Il se rit de toutes
les forteresses ; il entasse de la terre et les prend.
651. Ici
est présentée la menace après la transgression de l’alliance :
Premièrement, la transgression de l’alliance est présentée ; deuxièmement,
la menace contre les transgresseurs, en cet endroit : ET UNE PAROLE FUT
ADRESSÉE À JÉRÉMIE DE LA PART DU SEIGNEUR (Jr 34, 12).
652. À propos du premier point, [il fait] trois choses. En premier lieu, l’alliance est présentée : APRÈS QUE LE ROI SÉDÉCIAS EUT CONCLU UNE ALLIANCE (Jr 34, 8‑9), et même après qu’il l’eut enfreinte, POUR PROCLAMER UN AFFRANCHISSEMENT, selon la loi. Ex 21, 2 : Si tu as acheté un esclave hébreu, il te servira pendant six ans ; la septième année, il partira libre et sans compensation. Et en Lv 25, 35s, il leur est interdit de retenir certains de leurs frères comme esclaves, et ils ne peuvent imposer de force l’esclavage à leurs serviteurs ; qu’ils soient comme des salariés ou des hôtes. En deuxième lieu, l’observance de l’alliance pendant un certain temps est présentée : [TOUS LES PRINCES ET TOUT LE PEUPLE] ÉCOUTÈRENT DONC ET RENVOYÈRENT DONC [LEURS ESCLAVES] (Jr 34, 10). Ps 106[105], 13 : Ils s’empressèrent d’oublier ses actions, et ils ne respectèrent pas sa décision. En troisième lieu, la transgression de l’alliance est présentée : MAIS, PAR LA SUITE, ILS CHANGÈRENT D’AVIS (Jr 34, 11). Os 7, 16 : Ils se sont retournés pour ne pas porter le joug, ils sont devenus comme un arc trompeur.
653. Ici, les transgresseurs
sont menacés. Premièrement, il présente la faute des pères, en présentant
l’alliance : J’AI CONCLU UNE ALLIANCE (Jr 34, 13‑14).
Plus haut, Jr 31, 32 : Non pas comme l’alliance que j’ai conclue avec vos
pères, le jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays
d’Égypte, alliance qu’eux-mêmes ont rompue, etc. [Il
présente] aussi la transgression : MAIS ILS NE M’ONT PAS ÉCOUTÉ. Plus
haut, Jr 11, 8 : Ils ne m’ont pas écouté ni ne m'ont prêté l’oreille, mais ils se
sont éloignés dans la méchanceté de leur cœur mauvais. [Il présente] aussi la faute des fils, en présentant
l’alliance : VOUS VOUS ÉTIEZ DÉTOURNÉS, de la transgression de vos pères,
DANS LA MAISON [DU SEIGNEUR], dans le Temple (Jr 34, 15).
Is 64, 11 : Notre Temple saint et magnifique, où nos pères te louaient, etc. PUIS VOUS AVEZ CHANGÉ D’AVIS, ET VOUS AVEZ SOUILLÉ MON NOM (Jr 34, 16),
en transgressant [mon alliance]. Ex 20, 7 : Ne prends pas en vain le
nom de ton Dieu. Ez 36, 22 : Ce n’est pas pour vous que
je le ferai, maison d’Israël, mais c’est à cause de mon saint nom que vous avez
souillé parmi les nations où vous vous êtes installés.
654. Deuxièmement, il menace d’un châtiment : C’EST POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 34, 17). À ce propos, [il fait] deux choses. En premier lieu, il présente la menace d’une manière générale pour tous, en prédisant leur extermination : VOICI QUE MOI, JE VAIS RENDRE LA LIBERTÉ, pour que vous soyez tués librement. Plus haut, Jr 15, 2 : Qui est pour l’épée, à l’épée ! Qui est pour la famine, à la famine ! Qui est pour la captivité, à la captivité ! [En prédisant aussi] l’esclavage de ceux qui resteront : ET JE RENDRAI LES HOMMES... [PAREILS] AU VEAU [QU’ILS ONT COUPÉ EN DEUX POUR PASSER ENTRE SES MORCEAUX] (Jr 34, 18), à savoir qu’ils avaient confirmé l’alliance par la séparation d’un veau en sacrifiant à Dieu. D’où vient cette manière de parler : «frapper» ou «battre» une entente[7]. Lm 1, 14 : Le Seigneur m’a livré à une main que je ne pourrai pas fuir. Il prédit aussi que les cadavres seront dévorés : LEURS CADAVRES SERVIRONT DE NOURRITURE AUX OISEAUX DU CIEL (Jr 34, 19‑20). Jr 16, 4 : Ils ont donné leurs cadavres en pâture aux bêtes de la terre. Pour les dirigeants d’une manière particulière ; [JE LIVRERAI] SÉDÉCIAS, ROI DE JUDA, ET SES PRINCES (Jr 34, 21). Dt 28, 36 : Le Seigneur te conduira ainsi que le roi que tu mettras à ta tête chez une nation que ni toi ni tes pères n’avez connus. QUI SE SONT ÉLOIGNÉS DE VOUS, ou étaient considérés comme des étrangers. Plus loin, Jr 37. En second lieu, il présente l’ordre selon lequel cela s’accomplira : VOICI QUE J’ORDONNE (Jr 34, 22). Plus haut, Jr 12, 10 : Il ont transformé ma part enviable en désert désolé, ils l’ont dilapidée, et elle est devenue pour moi objet de deuil.
655. Ici,
il les convainc de transgression par l’exemple de certains qui ont obéi :
premièrement, l’expérience de l’obéissance est présentée ; deuxièmement,
la condamnation de la désobéissance est présentée, en cet endroit : ET LA
PAROLE DE DIEU FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE (Jr 35, 12).
656. À propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, l’ordre de faire l’expérience [de l’obéissance] est présenté au prophète par le Seigneur : VA À LA MAISON DES RÉCHABITES (Jr 35, 1‑2), qui s’adonnaient à l’étude de l’Écriture ; ainsi, ils s’abstenaient de vin. Il en est question en 1 Ch 2, 55 : Des familles de scribes habitant Jabes, qui chantaient et jouaient, et demeuraient dans des tentes. Ce sont les Cinéens qui étaient venus de la chaleur du père de la maison de Réchab[8]. [AMÈNE-LES] DANS UNE SALLE, une chambre à l’écart de l’édifice principal. TU LEUR DONNERAS [DU VIN À BOIRE], en mettant à l’épreuve leur obéissance. Plus haut, Jr 6, 27 : Je t’ai établi comme celui qui éprouve rudement mon peuple, pour que tu connaisses et éprouves leur conduite. JE PRIS DONC..., ET LES FIS ENTRER DANS LA MAISON DU SEIGNEUR DANS LE GAZOPHYLACIUM (Jr 35, 3‑4), où l’on conservait les richesses du Temple. GAZA, richesses, PHYLAXA, qui veut dire en grec «conservation». [AU-DESSUS DE CELLE DE] MAASIAS, qui avait reçu le ministère au temps de David. [GARDIEN] DU VESTIBULE, de la cour intérieure, Jr 35, 4. En effet, parce que la maison était devant la chambre des princes, dans laquelle les vêtements étaient gardés, elle est appelée vestibule ; la coutume s’est établie que toute salle de passage s’appelle un vestibule. [JE MIS] DES COUPES (Jr 35, 5), remplies d’eau. JE LEUR DIS : «BUVEZ DU VIN !» afin qu’il fasse l’expérience de mystères. Pr 9, 5 : Mangez mon pain et buvez le vin que je vous ai préparé. Troisièmement, [leur] protestation d’obéissance est présentée : ILS RÉPONDIRENT (Jr 35, 6). En premier lieu, l’ordre paternel de ne pas boire de vin est mis de l’avant : VOUS NE BOIREZ PAS [DE VIN, NI VOUS, NI VOS FILS]. Qo 2, 3 : J’ai pensé soustraire mon corps au vin, afin de porter mon âme vers la sagesse. [L’ordre paternel] au sujet de la pauvreté, de sorte qu’ils n’interrompent pas leur étude de la sagesse par la préoccupation des choses temporelles : VOUS NE BÂTIREZ PAS DE MAISON (Jr 35, 7). 2 Co 6, 10 : N’ayant rien, et pourtant possédant tout. En deuxième lieu, l’observance [du commandement] est présentée : NOUS AVONS DONC OBÉI (Jr 35, 8‑9). Pr 3, 1 : Mon fils, n’oublie pas mon commandement, et que ton cœur garde mes préceptes. HABITANT SOUS LA TENTE (Jr 35, 10). Sg 11, 2 : Ils se sont construit des maisons dans le désert. En troisième lieu, la transgression nécessaire [du commandement] est présentée : MAIS QUAND NABUCHODONOSOR EST MONTÉ, etc. (Jr 35, 11).
657. Ici est présentée la
condamnation de la désobéissance. Premièrement, les divers mérites sont
comparés, alors qu’est présenté l’étonnement devant la désobéissance : NE
SAISIREZ-VOUS PAS LA LEÇON ? (Jr 35, 12‑13). Même
avec les coups et les exemples. Plus haut, Jr 2, 30 : C’est en vain que j’ai
frappé vos fils : ils n’ont pas saisi la leçon. La raison de l’étonnement est aussi présentée : [LES ORDRES DU
FILS DE RÉCHAB] ONT PRÉVALU (Jr 35, 14‑16), comme s’il
disait : «Les paroles d’un père charnel ont été plus efficaces que celles
d’un père spirituel.» He 12, 9 : Nous avons eu comme maîtres nos pères charnels.
N’obéirons-nous pas encore davantage au père des esprits afin de vivre ? Et il montre la comparaison : ceux-là ont obéi, ceux-ci n’ont
pas obéi : MAIS MOI, JE VOUS AI PARLÉ. Plus haut,
Jr 7, 13 : Je vous ai parlé dès le matin en me levant, mais vous n’avez pas
écouté et ne m’avez pas répondu.
658. Deuxièmement, diverses récompenses sont promises. En premier lieu, il promet un châtiment à ceux qui désobéissent : C’EST POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 35, 17). Pr 1, 24‑26 : J’ai appelé et vous avez refusé ; j’ai étendu la main, et personne n’a regardé ; vous avez méprisé tous mes conseils et négligé mes reproches. Je me rirai donc de votre mort et vous raillerai lorsque ce que vous craigniez arrivera, etc. En deuxième lieu, [il promet] la miséricorde à ceux qui obéissent : ALORS JÉRÉMIE DIT AUX RÉCHABITES (Jr 3, 18‑19). 1 Sm 15, 22 : L’obéissance est meilleure que les victimes ; écouter vaut mieux qu’offrir la graisse de béliers.
659. Ici
est présentée, en premier lieu, la description de l’écrit ; en second
lieu, la destruction de l’écrit, en cet endroit : LE ROI ÉTAIT ASSIS DANS
SA MAISON D’HIVER (Jr 36, 22) ; en troisième lieu, le
rétablissement [de l’écrit], en cet endroit : LA PAROLE DE DIEU FUT ALORS
ADRESSÉE À JÉRÉMIE (Jr 36, 27).
660. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il présente
l’ordre d’écrire : PRENDS UN ROULEAU (Jr 36, 2).
Ha 2, 2 : Écris ce que tu as vu, et
expose-le sur des tablettes pour qu’on le parcoure rapidement. Deuxièmement, il présente le résultat
de l’écrit : PEUT-ÊTRE QU’EN
ENTENDANT [LE MAL QUE J’AI DESSEIN DE LEUR FAIRE], LA MAISON DE JUDA
[REVIENDRA DE SA VOIE MAUVAISE] (Jr 36, 3).
Ez 18, 21 : Si l’impie fait pénitence de tous
les péchés qu’il a commis et garde mes commandements, accomplit le droit et la
justice, il vivra et ne mourra pas. Troisièmement, [il présente] le serviteur qui
écrit : JÉRÉMIE APPELA BARUCH (Jr 36, 4).
Ap 1, 11 : Ce que tu vois, écris-le dans un
livre, et envoie-le aux sept églises qui sont en Asie.
661. Ici
est présentée, en premier lieu, la dénonciation au peuple ; en deuxième
lieu, aux princes, en cet endroit : LORSQUE MICHÉE EUT ENTENDU [LES
PAROLES DU SEIGNEUR TIRÉES DU LIVRE] (Jr 36, 11) ; en troisième
lieu, au roi, en cet endroit : APRÈS AVOIR ENTENDU TOUTES LES PAROLES
(Jr 36, 16).
662. À
propos du premier point, il présente, premièrement, l’ordre de dénoncer :
JE SUIS ENFERMÉ (Jr 36, 5). 2 Tm 2, 3 : Peine comme un bon soldat du Christ Jésus. Ph 1, 14 :
Afin qu’un plus
grand nombre de frères, enhardis dans le Seigneur du fait même de mes chaînes,
redoublent d’audace pour annoncer la parole de Dieu.
663. Deuxièmement,
il présente la manière de dénoncer pour ce qui est du lieu : DANS LE
TEMPLE DU SEIGNEUR (Jr 36, 6), qui est un lieu de dévotion,
Is 56, 7 : Ma maison sera appelée maison de
la prière par tous les peuples, dit le Seigneur Dieu. Pour ce qui est du moment :
LE JOUR DU JEÛNE, qui est un temps de contrition. Is 58, 6 : N’est-ce pas là plutôt le jeûne que j’ai voulu ? Détacher les
liens injustes, délier les liens du joug, renvoyer libres les opprimés et briser
tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé, héberger
chez toi les pauvres sans abri ? Lorsque tu verras quelqu’un qui est nu,
couvre-le afin de ne pas regarder ta propre chair. Pour ce qui est des auditeurs : AU PEUPLE.
Pour ce qui est des étrangers : DE MÊME, À TOUS CEUX DE JUDA QUI SONT
VENUS DE LEURS VILLES.
664. Troisièmement,
il présente le résultat de la dénonciation, en en présentant l’utilité :
PEUT-ÊTRE LEUR PRIÈRE TOMBERA-T-ELLE SOUS LE REGARD DU SEIGNEUR (Jr 36, 7),
c’est-à-dire qu’elle sera accueillie. [Et en présentant] la sainteté qui en
découlera : ET CHACUN SE DÉTOURNERA-T-IL DE SA VOIE MAUVAISE, CAR GRANDES
SONT LA COLÈRE ET LA FUREUR [DONT LE SEIGNEUR A MENACÉ CE PEUPLE].
2 R 22, 13 : La grande colère du Seigneur s’est
enflammée contre nous, car nos pères n’ont pas écouté les paroles de ce livre,
afin d’accomplir tout ce qui a été écrit pour nous.
665. Quatrièmement,
un complément du commandement est présenté pour ce qui est de l’acte : ET
BARUCH OBSERVA [PONCTUELLEMENT L’ORDRE] (Jr 36, 8).
He 13, 17 : Obéissez à ceux qui vous dirigent
et soyez-leur soumis. Pour ce qui est du moment : LA CINQUIÈME ANNÉE DU RÈGNE DE JOAKIM (Jr 36, 9).
Jl 2, 16 : Sanctifiez l’assemblée, réunissez
les anciens, regroupez les enfants et les nourrissons. Pour ce qui est du lieu : ET
BARUCH LUT... À L’ENTRÉE DE LA PORTE NEUVE (Jr 36, 10), que
Joas avait construite, 2 Ch 27. DANS LA COUR D’EN HAUT, c’est-à-dire dans
la partie supérieure de la cour intérieure, où les prêtres immolaient.
2 Esd 9, 3 : Ils lurent dans le livre du
Seigneur, leur Dieu, quatre fois durant le jour et quatre fois durant la nuit.
666. Ici
est présentée la dénonciation adressée aux princes. Premièrement, elle est présentée
à partir de l’écrit contenant la prophétie, dont le sens est indiquée aux
princes : ET MICHÉE LEUR ANNONÇA (Jr 36, 11‑13).
Ap 22, 17 : Que celui qui entende dise :
«Viens !»
Deuxièmement, la demande de l’écrit [est présentée] : ALORS, TOUS LES
PRINCES ENVOYÈRENT À BARUCH [JEHUDI]... POUR LUI DIRE : «CE VOLUME QUE TU
AS LU AU PEUPLE, PRENDS-LE [ET VIENS] !» (Jr 36, 14), au
sens mystique, mets-le en pratique. Qo 9, 10 : Tout ce que ta main peut faire, fais-le immédiatement, car il n’y a ni
action, ni raison, ni sagesse, ni science dans le lieu souterrain dont tu
t’approches. L’action
d’apporter : [BARUCH] PRIT DONC [LE LIVRE]. Troisièmement, il présente la
lecture de l’écrit : ET ILS LUI DIRENT : «ASSIEDS-TOI, ET
DONNE-NOUS-EN LECTURE.» (Jr 36, 15).
Ac 20, 27 : Je n’ai recouru à aucun subterfuge
pour vous annoncer tout ce que Dieu a décidé. Et l’effet de la lecture : APRÈS AVOIR
ENTENDU TOUTES LES PAROLES, ILS FURENT EFFRAYÉS (Jr 36, 16).
Plus haut, Jr 23, 29 : Mes paroles ne
sont-elles pas comme un feu ardent, dit le Seigneur, et comme un marteau qui
écrase les pierres ?
667. Ici
est présentée la dénonciation au roi.
668. Premièrement,
la préparation de la dénonciation est présentée : en effet, ils expliquent
l’intention de la dénonciation : [ILS DIRENT : «NOUS DEVONS INFORMER
[LE ROI DE TOUT CELA]» (Jr 36, 16), car lui peut corriger les
péchés du peuple. Pr 20, 8 : Le roi qui siège sur
son trône pour juger écarte tout mal de son regard. Ils examinent avec attention le
mode de publication. Ainsi, en premier lieu, une question est posée : ILS
INTERROGÈRENT [BARUCH] EN DISANT : «APPRENDS-NOUS COMMENT TU AS ÉCRIT
TOUTES CES PAROLES ISSUES DE LA BOUCHE [DE JÉRÉMIE]» (Jr 36, 17),
afin d’apprendre par la manière si l’écrit venait de l’Esprit divin.
1 Jn 4, 1 : N’accordez pas foi à tout esprit,
mais mettez les esprits à l’épreuve afin de voir s’ils viennent de Dieu, car
beaucoup de faux prophètes sont apparus dans le monde. Et la réponse est présentée :
BARUCH RÉPONDIT : «[JÉRÉMIE] ME LES DICTAIT TOUTES COMME S’IL LISAIT» (Jr 36, 18),
SANS EMPÊCHEMENT NI RÉFLEXION PRÉALABLE. Mt 10, 19 : Ne cherchez pas comment parler et ce que vous direz, car ce que vous
devrez dire vous sera donné à ce moment-là. En effet, ce n’est pas vous qui
parlez, mais l’Esprit de votre Père qui parle en vous. Plus haut,
Jr 1, 9 : Voici que j’ai mis mes paroles
dans ta bouche, etc. Et le conseil de se cacher lui est donné : CACHE-TOI ! (Jr 36, 19),
par crainte de l’entêtement et de la cruauté du roi. 1 R 18, 13‑14 :
N’a-t-on pas appris à toi, mon seigneur, ce que j’ai fait quand Jézabel
a massacré les prophètes du Seigneur ? J’ai caché cent des prophètes du
Seigneur, cinquante à la fois, dans une grotte, et je les ai ravitaillés de
pain et d’eau. Et maintenant, tu dis : «Va dire à ton maître : “Voici
Élie !” pour qu’il me tue !»
669. Deuxièmement, la dénonciation est
présentée : ILS SE RENDIRENT [CHEZ LE ROI] (Jr 36, 20).
Sg 6, 10 : Rois, c’est à vous que s’adressent
mes paroles, afin que vous appreniez la sagesse et ne tombiez pas.
670. Troisièmement,
la lecture de l’écrit est présentée : ET LE ROI ENVOYA JUDI [CHERCHER LE
LIVRE] (Jr 36, 21). Jb 29, 25 : Lorsque je siégeais comme un roi entouré de son armée, j’étais le
consolateur de ceux qui étaient dans l’affliction.
671. Ici
est présentée la destruction de l’écrit. À ce sujet, [il fait] deux
choses : premièrement, la destruction de l’écrit est présentée ;
deuxièmement, la persécution de ceux qui avaient écrit, en cet endroit :
ET LE ROI ORDONNA À JÉRÉMIE (Jr 36, 26).
672. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, la disposition à
détruire est présentée : UN BRASERO ÉTAIT PLACÉ DEVANT LUI, REMPLI DE
CHARBONS, DANS LA MAISON D’HIVER (Jr 36, 22) : en effet,
il avait pour son plaisir des maisons particulières pour l’hiver et pour l’été.
Am 3, 15 : Je frapperai la maison d’hiver
avec la maison d’été, les maisons d’ivoire seront détruites, bien des maisons
disparaîtront.
673. Deuxièmement,
la destruction est présentée : CHAQUE FOIS QUE JUDI AVAIT LU TROIS
FEUILLETS, de petites pages, [LE ROI LES LACÉRAIT] AVEC UN CANIF (Jr 36, 23),
un petit couteau, avec lequel il préparait sa plume. Is 30, 11 :
Éloignez-vous de mon chemin, écartez-vous de ma route, que le Saint
d’Israël disparaisse à vos yeux ! Ils firent ainsi ce qu’ils ne devaient pas
faire, et en plus ils omirent de faire ce qu’ils devaient faire. MAIS ILS NE
FURENT PAS EFFRAYÉS (Jr 36, 24), à l’exemple de Josias.
2 R 22, 11 : Lorsque le roi eut entendu les
paroles du livre de la loi, il déchira ses vêtements, etc.
674. Troisièmement,
l’opposition des princes est présentée : ET POURTANT, ELNATHAN, DALAJAS ET
GAMARIAS S’ÉTAIENT OPPOSÉS AU ROI (Jr 36, 25). Quelque chose
de semblable en 2 Sm 24, 4 : Cependant l’ordre du
roi s’imposa à Joab et à ses chefs, etc.
675. Ici
est présentée la persécution de ceux qui avaient écrit : premièrement,
l’ordre injuste est présenté : [LE ROI ORDONNA] DE SAISIR [BARUCH ET
JÉRÉMIE] (Jr 36, 26) ; deuxièmement, l’aide divine est
présentée : MAIS LE SEIGNEUR LES AVAIT CACHÉS, et il fit en sorte qu’ils
ne puissent être trouvés. Ps 34[33], 21 : Le Seigneur a veillé sur tous leurs os, aucun d’entre eux ne sera
détruit.
676. Ici
est présenté le remplacement de l’écrit. Premièrement, l’ordre de remplacer est
présenté : PRENDS UN AUTRE [LIVRE] (Jr 36, 27‑28).
Plus haut, Jr 1, 19 : Ils te combattront mais ne
l’emporteront pas, car je suis avec toi pour te libérer, dit le Seigneur.
677. Deuxièmement,
celui qui a détruit [le livre] est menacé de mort, en cet endroit : ET
CONTRE JOAKIM, ROI DE JUDA, TU DIRAS (Jr 36, 29). De là, il
lui reproche sa faute : TU AS BRÛLÉ CE LIVRE. Pr 29, 1 : Celui qui, sous les reproches, raidit la nuque sera soudain brisé, et
il n’y aura pas de guérison pour lui. Et il le menace de châtiment : C’EST
POURQUOI AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 36, 30) : la fin de
la succession royale : IL N’Y AURA PLUS PERSONNE POUR SIÉGER SUR LE TRÔNE
DE DAVID. Plus haut, Jr 22, 30 : Personne de sa
descendance ne siégera sur le trône de David et n’exercera plus le pouvoir sur
Juda. Le rejet de
son cadavre : SON CADAVRE SERA JETÉ, la sépulture d’un âne.
Is 14, 19 : Toi, on t’a jeté hors de ton
sépulcre comme un rameau qui ne sert à rien, souillé et enroulé, au milieu des
gens tués par l’épée, qui sont descendus jusqu’au fond du piège. La destruction de ses sujets pour
ce qui est des gens de sa maison : JE CHÂTIERAI LUI ET SA DESCENDANCE (Jr 36, 31).
Ps 89[88], 33 : Je punirai leurs transgressions
avec le bâton, leurs fautes avec des coups. Et pour ce qui est des autres : ET
J’AMÈNERAI SUR EUX, SUR LES HABITANTS DE JÉRUSALEM ET SUR LES GENS DE JUDA TOUT
LE MALHEUR [DONT JE LES AI MENACÉS]. Is 44, 24 : Je suis le Seigneur et il n’y en a point d’autre, qui donne forme à la
terre et crée les ténèbres, qui fait la paix et crée le malheur. Je suis le
Seigneur qui fait toutes ces choses.
678. Troisièmement,
il présente l’accomplissement de l’ordre : JÉRÉMIE PRIT DONC UN AUTRE
LIVRE (Jr 36, 32). Sg 7, 30 : La sagesse l’emporte sur le mal.
679. Ici
est montrée l’opposition en raison de la persécution du prophète : premièrement,
sa persécution est présentée en raison d’un faux soupçon ; deuxièmement,
en raison de sa prédication vraie, chap. 38 : MAIS SAPHATIAS, FILS DE
MAHAN, ENTENDIT (Jr 38, 1).
680. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il présente
l’occasion du soupçon ; deuxièmement, il présente le soupçon, en cet
endroit : ALORS [LE ROI SÉDÉCIAS] S’EMPARA DE JÉRÉMIE, LE PROPHÈTE
(Jr 37, 21).
681. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, la consultation
est présentée ; deuxièmement, la réponse du prophète, déplaisante pour
eux, est présentée, en cet endroit : ET LA PAROLE DE DIEU FUT ADRESSÉE À
JÉRÉMIE (Jr 37, 6).
682. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il décrit la
condition de ceux qui consultent : [JOSIAS], QUE NABUCHODONOSOR AVAIT
ÉTABLI ROI (Jr 37, 1). 1 Sm 24. MAIS IL N’OBÉIT PAS (Jr 37, 2),
en ne payant pas le tribut au roi de Babylone et en ne cessant pas de pécher.
Mt 22, 21 : Rendez à César ce qui est à César,
et à Dieu qui est à Dieu. NI SES SERVITEURS, ses familiers, NI LE PEUPLE.
Si 10, 2 : Tel le gouvernant, tels ses subordonnés ;
tel celui qui dirige la ville, tels les habitants.
683. Deuxièmement,
la consultation est présentée : ET LE ROI ENVOYA... [AU PROPHÈTE JÉRÉMIE]
POUR LUI DIRE : «PRIE POUR NOUS !» (Jr 37, 3), afin
que [Dieu] nous indique ce que nous devons faire pour être libérés des ennemis.
Is 37, 4 : Offre une prière en faveur du
reste qui subsiste encore.
684. Troisièmement,
est présenté le motif de celui qui consulte: en effet, ils avaient mis
leur confiance dans la liberté du prophète qu’ils n’avaient pas encore
tourmenté : OR, JÉRÉMIE ALLAIT ET VENAIT PARMI LE PEUPLE (Jr 37, 4) ;
et [le motif] de la levée du siège : CEPENDANT L’ARMÉE DE PHARAON ÉTAIT
SORTIE D’ÉGYPTE (Jr 37, 5) : en effet, le roi d’Égypte
était sorti pour libérer les Judéens. Après l’échec [de celui-ci], l’armée [du
roi de Babylone] revint. Is 36, 6 : Voici que tu te fies
à ce roseau brisé, l’Égypte, etc.
685. Ici est présentée la réponse du prophète. Premièrement, il écarte l’aide des Égyptiens : VOILÀ QUE L’ARMÉE DE PHARAON... S’EN RETOURNE EN SON PAYS ! (Jr 37, 6‑7). Is 30, 7 : C’est en vain que l’Égyptien viendra à l’aide ! Deuxièmement, il annonce à l’avance le retour des Chaldéens : LES CHALDÉENS REVIENDRONT (Jr 37, 8). NE VOUS ABUSEZ PAS VOUS-MÊMES ! (Jr 37, 9), par un faux espoir. Lm 1, 19 : J’ai appelé mes amis, et ils m’ont trompé. Troisièmement, il écarte un empêchement : MÊME SI VOUS AVIEZ TAILLÉ EN PIÈCES [L’ARMÉE DES CHALDÉENS] (Jr 37, 10). Dt 32, 30 : Comment donc un seul homme en met-il mille en fuite, et comment deux en poursuivent-ils dix mille ? N’est-ce pas parce que le Seigneur, ton Dieu, les a vendus et que le Seigneur les a livrés ?
686. Ici, il présente l’occasion prise d’un geste : POUR TOUCHER SA PART (Jr 37, 11), qu’il avait achetée, c’est-à-dire qu’il la distingue des autres champs, ou bien qu’il la distribue aux autres, afin de demeurer sans aide. 2 Co 6, 10 : Comme n’ayant rien mais possédant tout.
687. Ici est présentée un faux soupçon. Ps 27[26], 12 : De faux témoins se sont dressés contre moi, et l’iniquité a menti.
688. Ici est présentée la
persécution sous trois aspects. Par la captivité (Jr 37, 14).
Lm 3, 52 : Ils m’ont chassé. Par les coups :
[ILS LUI DONNÈRENT] DES COUPS (Jr 37, 15‑16). On a
quelque chose de semblable dans Ac 8. He 11, 36 : D’autres ont connu des
dérisions et des coups. Par l’emprisonnement :
AINSI JÉRÉMIE ENTRA-T-IL AU CACHOT. Ps 88[87], 5 : J’ai été compté comme
descendu dans la fosse. [TRANSFORMÉ] EN
PRISON : c’est à proprement parler une prison à laquelle quelqu’un est
condamné pour une chose qu’il a faite.
689. Deuxièmement, la libération est présentée : [SÉDÉCIAS] L’ENVOYA CHERCHER (Jr 37, 17). À ce propos, [il fait] trois choses. Premièrement, l’occasion de la libération est présentée, en présentant l’interrogation par le roi : PENSES-TU QU’IL Y A UNE PAROLE DE LA PART DU SEIGNEUR (Jr 37, 17), [une parole] qui annonce à l’avance l’avenir et qui t’a été révélée ? Is 8, 19 : Un peuple ne demande-t-il pas à son Dieu une vision pour les vivants et pour les morts ? Et il présente la réponse : ET JÉRÉMIE RÉPONDIT : «OUI !» 1 R 14, 6 : Je t’ai été envoyé avec un dur message. Deuxièmement, la demande de libération est présentée : ET JÉRÉMIE DIT AU ROI, en montrant là l’injustice de son châtiment : «EN QUOI AI-JE PÉCHÉ CONTRE TOI ?» (Jr, 37, 18). Jb 6, 30 : Vous ne trouverez pas d’iniquité sur ma langue, et mon palais ne laissera pas entendre la bêtise. Il repousse le châtiment imposé : OÙ SONT VOS PROPHÈTES ? (Jr 37, 19). Comme s’il disait : «Leur fausseté est claire ainsi que ma véracité.» En effet, l’armée des Chaldéens était déjà de retour, alors que [les faux prophètes] avaient nié qu’elle reviendrait. Plus haut, Jr 28, 9 : Le prophète qui prophétise la paix, c’est quand s’accomplit sa parole qu’on le reconnaît comme un authentique envoyé de Dieu ! Et il demande miséricorde : MAINTENANT, DAIGNE ÉCOUTER, JE T’EN SUPPLIE (Jr 37, 20). Pr 15, 1 : Une réponse douce apaise la colère, une parole dure excite la rage. Si 6, 5 : Une parole agréable multiplie les amis et diminue les ennemis ; une langue affable coule avec abondance chez l’homme bon. Troisièmement, l’exaucement de la demande est présenté : ALORS LE ROI SÉDÉCIAS ORDONNA QUE JÉRÉMIE SOIT AMENÉ DANS LA COUR DE LA PRISON ET QU’ON LUI DONNE UNE GALETTE DE PAIN CHAQUE JOUR, SANS RAGOÛT (Jr 37, 21), qu’il ne voulut pas ajouter. [AINSI JÉRÉMIE RESTA] DANS LA COUR, c’est-à-dire dans la cour intérieure.
690. Dans
cette partie, on montre la persécution du prophète en raison de sa prédication
véridique, et elle se divise en trois parties.
691. Premièrement,
il présente la prédication : [JÉRÉMIE] DISAIT (Jr 38, 1).
Bien qu’il fût en prison, beaucoup venaient néanmoins vers lui. Il y menaçait
de mort ceux qui restaient [dans la ville] : QUI RESTERA DANS CETTE VILLE
MOURRA (Jr 38, 2). Et il promettait le salut à ceux qui
s’enfuiraient : MAIS QUI S’ENFUIRA... VIVRA ! [Il annonçait] la
capture de la ville : POUR SÛR, [CETTE VILLE] SERA LIVRÉE (Jr 38, 3).
Et il avait présenté ces trois choses plus haut. Ainsi, il semblait les
prolonger, selon l’ordre historique.
692. Deuxièmement,
il présente la persécution, où il présente la demande inique des princes. En
effet, ils demandent sa mort : ALORS LES PRINCES DIRENT (Jr 38, 4).
Sg 2, 12 : Tendons des pièges au juste, car
il s’oppose à nos entreprises. Ils accusent sa prédication : CAR IL DÉCOURAGE LES HOMMES [QUI
SONT RESTÉS DANS LA VILLE], ce qui est contraire à la fonction prophétique.
Is 35, 3 : Fortifiez les mains affaiblies,
affermissez les genoux qui chancellent. Et ils pervertissent son intention : CAR
CET HOMME NE CHERCHE PAS LA PAIX. Ga 4, 16 : Suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vérité ? Mais Jérémie ne voulait pas enlever
la volonté de résister : sur l’ordre du Seigneur, il disait ces choses
pour le bien et le salut du peuple. Il présente aussi le consentement insensé
du roi : ET LE ROI SÉDÉCIAS DIT : [«IL EST ENTRE VOS MAINS !»] (Jr 38, 5).
Il n’est donc pas excusé, bien qu’il ait moins péché.
Jn 19, 11 : Pour cette raison, celui qui m’a
livré à toi commet un plus grand péché. Il présente aussi la mise en oeuvre
minutieuse : ILS SE SAISIRENT DONC DE JÉRÉMIE ET LE JETÈRENT DANS UNE
FOSSE (Jr 38, 6), une citerne sans eau.
Ps 88[87], 7 : Ils m’ont placé au tréfonds de la
fosse, dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Et il indique la manière dont le
prophète y eut accès : ET JÉRÉMIE DESCENDIT DANS LA BOUE.
Ps 69[68], 3 : Je suis entré dans l’abîme des
profondeurs, et il n’y a rien de solide.
693. Troisièmement,
la libération est présentée. Ici, il présente deux choses. En premier lieu, le
fait qu’il est libéré de la prison ; en second lieu, qu’il est libéré de
la crainte de la mort, en cet endroit : ET LE ROI SÉDÉCIAS ENVOYA CHERCHER
JÉRÉMIE POUR QU’ON LE LUI AMÈNE (Jr 38, 10).
694. À
propos du premier point, il y a quatre choses. Premièrement, il décrit le requérant :
ABDEMÉLECH (Jr 38, 7), qui signifie «serviteur du roi», ce
qu’il dit en raison de son humilité. Rm 1, 1 : Paul, serviteur du Christ, etc. ÉTHIOPIEN, en raison de la mortification de
sa chair. Ps 68[67], 32 : L’Éthiopie tendra
les mains vers Dieu. Ct 1, 4 : Je suis noire, mais je suis belle.
UN HOMME, en
raison de sa force d’âme. EUNUQUE, en raison de sa chasteté.
Mt 19, 12 : Il y a des eunuques qui se sont
castrés eux-mêmes en vue du royaume des cieux. QUI FAISAIT PARTIE DE LA MAISON DU ROI.
Ph 3, 20 : Notre vie est dans les cieux. Sg 3, 14 : [Heureux] l’eunuque dont la main ne commet pas d’iniquité et qui ne
nourrit pas de pensées perverses contre Dieu ! En effet, il lui sera donné
pour sa fidélité un don de choix, une part très agréable dans le Temple de
Dieu.
695. En
second lieu, il présente la requête, en indiquant le lieu de la requête :
COMME LE ROI SIÉGEAIT À LA PORTE DE BENJAMIN, c’est-à-dire qu’elle conduisait à
la tribu de Benjamin. Et il présente la requête : ABDEMÉLECH SORTIT DE LA
MAISON DU ROI ET S’ADRESSA AU ROI... : «IL N’Y A PLUS DE PAIN DANS LA
VILLE.» (Jr 38, 8‑9), comme s’il disait : «Parce
qu’il a été enfermé, le pain a manqué.» Ou bien : «Il n’était pas
nécessaire de l’enfermer, puisque nous sommes tous assiégés et que nous sommes
dans la misère.» Sg 11, 16 : Le pécheur sera
châtié par où il pèche !
696. En
troisième lieu, l’exaucement est présenté : ALORS LE ROI DONNA L’ORDRE (Jr 38, 10).
697. En
quatrième lieu, l’exécution [de l’ordre] est présentée : ABDEMÉLECH PRIT
LES HOMMES AVEC LUI ET ENTRA DANS LA MAISON DU ROI... IL Y PRIT DES TISSUS
VIEUX ET USÉS (Jr 38, 11‑12), en raison des tribulations
qu’il avaient supportés. He 13, 7 : Souvenez-vous de vos
chefs qui vous ont fait entendre la parole de Dieu, et, considérant l’issue de
leur carrière, imitez leur foi. Ou bien parce que, au sens littéral, ils sont plus souples. [ILS SOULEVÈRENT
JÉRÉMIE] AU MOYEN DE CES CORDES (Jr 38, 13), des commandements
de Dieu. Qo 4, 12 : La corde triple ne rompt pas facilement.
[ET LE
REMONTÈRENT] DANS LA COUR DE GARDE, c’est-à-dire dans la cour intérieure. En
effet, on appelle cour la maison qui se trouve devant la chambre du roi, où
sont conservés les vêtements, de sorte que toute cour intérieure est appelée
cour.
698. Ici,
il est libéré de la crainte de la mort, après que la sécurité lui a été
accordée par le roi : premièrement, l’entente de paix est présentée ;
deuxièmement, l’observance de l’entente, en cet endroit : MAIS JÉRÉMIE
RESTA DANS LA COUR DE GARDE (Jr 38, 28).
699. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, la demande est présentée.
En effet, le roi demande une réponse ou un conseil de la part de Dieu : JE
TE RÉCLAME [UNE PAROLE] (Jr 38, 14). 1 R 22, 16 :
Je te demande de nouveau de me dire la vérité au nom de Dieu. Et le prophète demande la promesse
de [sa] sécurité : ET JÉRÉMIE RÉPONDIT À SÉDÉCIAS (Jr 38, 15).
Lc 22, 67 : Si je vous le disais, vous ne
croiriez pas, etc. En
effet, on peut lire cela comme une interrogation ou comme un reproche
indulgent. Deuxièmement, une solution mutuelle est présentée. En effet, le roi
fait d’abord la promesse de la sécurité [de Jérémie] : LE ROI SÉDÉCIAS
JURA DONC... : «SI JE TE FAIS MOURIR... (Jr 38, 16),
qu’un malheur m’arrive !» Is 42, 6 : Moi, le Seigneur, je t’ai appelé avec droiture, et je t’ai pris par la
main et je t’ai protégé.
700. Deuxièmement,
le prophète donne un conseil salutaire. Et, à ce sujet, il fait quatre choses.
En premier lieu, une exhortation salutaire du prophète est présentée :
ALORS JÉRÉMIE DIT [À SÉDÉCIAS] (Jr 38, 17‑18). Et le
choix est donné au roi de bien ou de mal agir. Si 15, 18 : La vie et la mort, le bien et mal sont placés devant l’homme, et il lui
sera donné ce qui lui aura plu. En deuxième lieu, la justification du roi est présentée : ALORS LE
ROI DIT... : «J’AI PEUR DES JUDÉENS» (Jr 38, 19), dont il
avait détruit les biens parce qu’ils avaient cherché refuge chez les Chaldéens.
Plus haut, Jr 9, 3 : Que chacun soit en garde contre
son proche et qu’il se méfie de son frère, car tout frère ne pense qu’à le
supplanter et tout ami s’avance pour tromper.
701. En
troisième lieu, est présenté le fait que [Jérémie] écarte la réponse : ET
JÉRÉMIE RÉPONDIT (Jr 38, 20), par quoi il écarte la crainte,
si le roi écoute son conseil : «ON NE TE LIVRERA PAS !»
Is 1, 19 : Si vous le voulez et si vous
m’écoutez, vous mangerez des fruits de ce pays ! Il présente une menace, si [le
roi] refuse d’écouter : MAIS SI TU REFUSES [DE SORTIR] (Jr 38, 21).
Il [le] menace d’insultes de la part des femmes : VOICI QUE TOUTES LES
FEMMES DIRONT (Jr 38, 22). Par les insultes, ils font reproche
au conseil des amis [du roi]. ILS T’ONT SÉDUIT, pour ce qui relevait de
lui ; ILS T’ONT EMPORTÉ, car tu les as crus, TES AMIS DE LA PAIX, qui te
promettaient la paix. Is 3, 12 : Ô mon peuple, ceux
qui te disent heureux te trompent et te mettent en déroute. Suit la perte : ET ILS TE
FONT PATAUGER DANS LE BOURBIER, du péché, SUR LE TERRAIN GLISSANT, du
châtiment. Ps 35[34], 6 : Que leurs chemins
deviennent enténébrés et glissants ! Et leur éloignement : ET ILS SE SONT
ÉLOIGNÉS DE TOI ! Si 6, 8 : L’ami est là quand
il le veut, mais il ne restera pas au jour de ton épreuve. Il menace aussi de la capture de
la famille [du roi] : ET TOUTES TES FEMMES..., [ON LES MÈNERA AUX CHALDÉENS]
(Jr 38, 23). Is 39, 7 : Ils se saisiront de tes fils qui sont issus de toi et que tu as
engendrés, et ils seront eunuques dans le palais du roi de Babylone. [Et de la capture] de sa propre
personne : ET TU N’ÉCHAPPERAS PAS. Lm 2, 22 : Au jour de la colère du Seigneur, il n’y aura personne qui échappera et
sera laissé. Il
menace même de la capture de la ville : ET CETTE VILLE, IL LA
BRÛLERA ! Am 1, 14 : Je mettrai le feu au
mur de Rabaa, et il dévorera ses maisons.
702. En
quatrième lieu, le roi lui demande de cacher le conseil donné [par
Jérémie] : SÉDÉCIAS DIT DONC À JÉRÉMIE (Jr 38, 24). Et, à
ce sujet, il fait trois choses. Premièrement, il fait la proposition de
cacher : QUE NUL NE SACHE. Tb 12, 7 : Il est bon de cacher le secret du roi, mais c’est un honneur de révéler
et de confesser les œuvres de Dieu. Deuxièmement, [le roi] indique la manière de
cacher : SI LES PRINCES ENTENDENT DIRE (Jr 38, 25‑26),
[Jérémie] devra taire la vérité et ne rien dire de faux.
Pr 10, 19 : Celui qui a la maîtrise de ses
lèvres est très sage. Troisièmement, quelque chose est ajouté à la demande [du roi] :
TOUS LES PRINCES VINRENT DONC TROUVER JÉRÉMIE (Jr 38, 27).
Pr 11, 13 : Celui qui révèle les secrets est
fourbe ; un ami cache ce qui lui a été confié par son ami.
703. Ici,
le respect de la demande est présenté : [ET JÉRÉMIE RESTA] DANS LA COUR (Jr 38, 28),
et ne fut pas envoyé dans la fosse, conformément à sa demande.
704. Ici
est présenté l’enseignement donné au reste du peuple, après la captivité de ce
même peuple. Et il se divise en trois parties. Dans la première, la capture est
présentée ; dans la deuxième, la préservation du reste, chap. 40 :
PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À JÉRÉMIE DE LA PART DU SEIGNEUR
(Jr 39, 1) ; troisièmement, l’enseignement donné au reste [du
peuple], chap. 42 : ET TOUS LES CHEFS DES GUERRIERS VINRENT [DIRE À
JÉRÉMIE] (Jr 42, 1).
705. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, la capture du
peuple est présentée ; deuxièmement, la libération de certains, en cet
endroit : ET PARMI LES PAUVRES QUI NE POSSÉDAIENT RIEN (Jr 39, 10).
706. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il présente le
siège : ET ILS L’ASSIÉGEAIENT (Jr 39, 1).
Is 29, 3 : Je camperai en cercle contre toi,
je dresserai contre toi un retranchement et j’entreprendrai contre toi un siège.
707. Deuxièmement,
il présente la capture de la ville : LA ONZIÈME ANNÉE [DE SÉDÉCIAS], AU
QUATRIÈME MOIS (Jr 39, 2), à savoir, en juillet. Toutefois,
elle fut brûlée au cinquième mois, le septième jour du mois, comme on le trouve
en 2 Sm 22. LE CINQ DU MOIS. En sens contraire, 2 Sm 22
parle du neuf du mois. Et il se peut que, le cinquième jour, les gens se sont
mis à fuir devant la famine, et que, le neuvième, la ville fut ouverte, après
qu’on eut retiré les gardes. Et cela, parce qu’on s’empara d’abord du rempart :
on avait alors pour ainsi dire capturé la ville ; et, par la suite, on
s’empara de la ville. C’est pourquoi on poursuit : [LES OFFICIERS DU ROI
DE BABYLONE] S’INSTALLÈRENT À LA PORTE DU MILIEU (Jr 39, 3),
c’est-à-dire au centre des deux murs, ou à celle qui se trouvait entre deux
portes de la même partie de la ville. Plus haut, Jr 1, 15 : Et chacun installera son trône à l’entrée des portes de Jérusalem et
sur ses murailles comme en un cercle, et dans toutes les villes de Juda. Il présente aussi la capture du
roi en indiquant sa fuite : ET DÈS QUE SÉDÉCIAS, LE ROI DE JUDA, LES VIT
AINSI QUE TOUS SES GUERRIERS, ILS S’ENFUIRENT EN SORTANT DE NUIT DE LA VILLE
PAR LE CHEMIN DU JARDIN DU ROI ET PAR LA PORTE ENTRE LES DEUX MURS (Jr 39, 4),
qui étaient reliés au mur de la ville près de la maison du roi et entouraient
le jardin royal, entre lesquels il y avait un chemin, alors que la porte était
à égale distance des deux. Lm 1, 6 : Et leurs chefs sont
devenus comme des béliers qui ne trouvent pas de pâturage, ils s’enfuirent sans
force devant celui qui les poursuivait. Et il ajoute la capture : MAIS L’ARMÉE
DES CHALDÉENS LES POURSUIVIT (Jr 39, 5).
Lm 4, 19 : Ceux qui nous poursuivaient
étaient plus rapides que l’aigle dans le ciel.
708. Troisièmement,
il présente la condamnation de ceux qui ont été capturés. Premièrement, [il
présente] celle du roi et des princes, à la mort : L’AYANT FAIT
PRISONNIER, le roi, ILS L’EMMENÈRENT AUPRÈS DE NABUCHODONOSOR, en vue du
prononcé du jugement : [LE ROI DE BABYLONE] LE FIT PASSER EN JUGEMENT.
Ez 16, 38 : Je te jugerai selon la sentences
des adultères et de ceux qui versent le sang. Et l’exécution de la sentence contre les
princes : [ET LE ROI DE BABYLONE] FIT TUER (Jr 39, 6).
Sg 6, 7 : Les puissants subiront de très
grands tourments. Et
l’aveuglement de leurs yeux : PUIS IL CREVA LES YEUX DE SÉDÉCIAS... POUR
L’AMENER À BABYLONE (Jr 39, 7). On trouve la même chose en
2 R 25. Deuxièmement, [il présente] la condamnation de la ville à
être détruite : LES CHALDÉENS INCENDIÈRENT AUSSI LA MAISON DU ROI ET LES
MAISONS DU PEUPLE (Jr 39, 8). Lm 2, 5 : Il a abattu toutes ses murailles et anéanti ses remparts. Troisièmement, [il présente] la
condamnation du peuple à l’exil : NABUZARDAN, COMMANDANT DES SOLDATS,
DÉPORTA À BABYLONE LE RESTE DE LA POPULATION (Jr 39, 9).
Ba 4, 26 : Mes enfants choyés ont marché par
de rudes chemins ; ils ont été emmenés comme un troupeau mené par des ennemis !
709. Ici,
il présente la libération de certains. Premièrement, celle DES PAUVRES QUI
N’AVAIENT PRESQUE RIEN...; ET IL LEUR DONNA DES VIGNES ET DES CITERNES (Jr 39, 10),
parce que la terre souffre du manque d’eau. Plus haut,
Jr 5, 18 : En vérité, en ces jours, dit le
Seigneur, je ne vous exterminerai pas.
710. Deuxièmement,
[il présente] la libération des justes. En premier lieu, celle du prophète, en
présentant un ordre : [NABUCHODONOSOR] AVAIT ORDONNÉ (Jr 39, 11‑12),
et l’exécution [de cet ordre] : IL ENVOYA DONC [POUR LE CONDUIRE] À LA
MAISON, à sa [maison] (Jr 39, 14). Pr 11, 8 : Le juste a été libéré de l’angoisse et on l’a échangé pour l’impie. Pr 10, 24 : Ce que redoute le méchant lui échoit, ce que souhaite le juste lui est
donné. Et
Pr 16, 7 : Lorsque les démarches de l’homme
plairont au Seigneur, il convertira même ses ennemis à la paix. En second lieu, [il présente] la
libération d’un eunuque : LA PAROLE DU SEIGNEUR AVAIT ÉTÉ ADRESSÉE À JÉRÉMIE
(Jr 39, 15). Premièrement, il promet la libération de la
domination des ennemis : ET TU NE SERAS PAS LIVRÉ (Jr 39, 17).
Sg 10, 12 : Il l’a gardé de ses ennemis et l’a
protégé des séducteurs. Deuxièmement, [la libération] de la mort par l’épée : TU NE
TOMBERAS PAS SOUS L’ÉPÉE (Jr 39, 18).
Ps 91[90], 7 : Mille tomberont à tes côtés et dix
mille à ta droite, mais il n’approchera pas de toi. Plus haut,
Jr 17, 7 : Bienheureux l’homme qui met sa
confiance dans le Seigneur : le Seigneur sera sa garantie. Si 2, 6 : Crois en Dieu et il te sauvera ; redresse ton chemin et espère en
lui.
711. Après
avoir présenté la destruction de la ville et la captivité du peuple, il
présente le salut du reste. Premièrement, le rassemblement du peuple est
présenté ; deuxièmement, le bouleversement du peuple rassemblé, chap.
41 : ET, AU SEPTIÈME MOIS, IL ADVINT (Jr 41, 1).
712. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, le rassemblement
est présenté ; deuxièmement, la révélation de certaines embûches qui
troublaient la paix du peuple, en cet endroit : JOHANAN, FILS DE CARÉA
(Jr 40, 13).
713. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, le rassemblement
du peuple est présenté pour ce qui est du prophète ; deuxièmement, pour ce
qui est des princes, en cet endroit : LORSQUE TOUS LES OFFICIERS DE
L’ARMÉE EURENT ENTENDU..., ILS VINRENT AUPRÈS DE GODOLIAS
(Jr 40, 7) ; troisièmement, pour ce qui est du peuple, en cet
endroit : MAIS TOUS LES JUIFS AUSSI (Jr 40, 11).
714. À
propos du premier point, [il fait] quatre choses. Premièrement, l’annonce à
l’avance de la libération est présentée : PAROLE QUI FUT ADRESSÉE À
JÉRÉMIE (Jr 40, 1). Puisqu’aucune parole ne suit, on comprend
que cela a d’abord été révélé par une parole, dont on raconte ensuite
l’accomplissement en acte. Ps 69[68], 34 : Il a entendu les pauvres, et il n’a pas méprisé les captifs. Deuxièmement, la libération du
prophète est présentée : LE COMMANDANT DE LA GARDE PRIT DONC JÉRÉMIE (Jr 40, 2).
Et il en donne la raison, à savoir que le prophète dit la vérité : LE
SEIGNEUR, TON DIEU, A PARLÉ (Jr 40, 2‑3), par toi.
Am 3, 6 : Il n’y pas de mal dans la ville
que le Seigneur n’ait fait. Et il présente la libération : VOILÀ QUE MAINTENANT JE T’AI LIBÉRÉ
DE TES CHAÎNES (Jr 40, 4‑5).
Ps 107[106], 14 : Il les a fait sortir des ténèbres
et de l’ombre de la mort, et il a brisé leurs liens. Troisièmement, un choix lui est
proposé : aller à Babylone, rester avec Godolias ou se rendre où il lui
plaît : S’IL TE PLAÎT. Gn 13, 15 : Tout le pays que tu vois, etc. Pr 4, 11 : Je te mènerai par des sentiers de justice : lorsque tu t’y seras
engagé, tu ne seras pas empêché d’y marcher et tu ne rencontreras aucun
obstacle dans ta course. Et les provisions qui lui sont données sont aussi présentées : ET
LE COMMANDANT DE LA GARDE LUI REMIT DES VIVRES (Jr 40, 5).
Quatrièmement, le choix du prophète est présenté : ET JÉRÉMIE SE RENDIT
AUPRÈS DE GODOLIAS (Jr 40, 6). Il ne se rendit donc pas en
Chaldée, car ceux-là avaient comme consolation Daniel et Ézéchiel.
Is 61, 1 : Il m’a envoyé porter la nouvelle
aux doux, panser les cœurs meurtris, annoncer aux captifs la libération et aux
prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part du Seigneur
et un jour de vengeance pour notre Dieu, pour consoler tous les affligés et
apporter la consolation à ceux qui pleurent Sion.
715. Ici
est présenté le rassemblement des princes. Premièrement, leur rassemblement est
présenté : LORSQUE TOUS LES CHEFS DE L’ARMÉE EURENT ENTENDU..., ILS
VINRENT AUPRÈS DE GODOLIAS (Jr 40, 7‑8).
Si 10, 3 : Un roi ignorant perdra son peuple,
et les villes prospéreront par l’intelligence des sages. Deuxièmement, l’assurance donné à
ceux qui étaient rassemblés est présentée : ET GODOLIAS LEUR FIT SERMENT... :
«NE CRAIGNEZ PAS !» (Jr 40, 9).
1 P 2, 18 : Esclaves, soyez soumis à vos maîtres
en toute crainte, non seulement aux bons et aux modérés, mais aussi aux
difficiles.
Troisièmement, il montre la façon d’être en sécurité : POUR MOI, VOICI... (Jr 40, 10),
comme s’il disait : «Je porterai moi-même tout le fardeau pour que vous
soyez en paix.» 1 Co 4, 10 : Nous sommes insensés
à cause du Christ, mais vous, vous êtes sages dans le Christ. Is 53, 4 : Vraiment, il a pris toutes nos faiblesses, et lui-même a porté nos
douleurs. Jn 10, 11 :
Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. MAIS TOUS LES JUIFS QUI SE TROUVAIENT
EN MOAB, etc. (Jr 40, 11‑13). Ici est présenté le
rassemblement du peuple. Ps 147[146-147], 2 : Il rassemble les déportés d’Israël.
716. Ici
est présentée la machination en vue de mettre des pièges. Premièrement, celle
qui est pratiquée par les princes d’une manière générale : SAIS-TU QUE
BAALIS (Jr 40, 14), qui résistait encore aux Chaldéens. ET IL
NE [LES] CRUT PAS, croyant [plutôt] les paroles fourbes d’Ismaël.
Pr 14, 15 : Le naïf croit à toute parole, mais
le fourbe examine sa démarche. Deuxièmement, celle qui est pratiquée par quelqu’un en
particulier : JOHANAN (Jr 40, 15). En premier lieu, le
projet : J’IRAI [TUER ISMAËL]. Pr 11, 10 : La ville sera édifiée par le bien que font les justes, et elle se
réjouira de la perte des méchants. Deuxièmement, le rejet [du projet] est
présenté : MAIS GODOLIAS RÉPONDIT (Jr 40, 16). Plus haut,
Jr 11, 19 : Et moi, j’ignorais qu’ils
tramaient contre moi des machinations en disant : «Mettons du bois dans
son pain et arrachons-le de la terre des vivants !»
717. Ici est présenté le bouleversement du peuple
rassemblé en raison de la méchanceté d’Ismaël. Premièrement, le meurtre fourbe
de certains est présenté. Deuxièmement, l’entassement des cadavres, en cet
endroit : LA FOSSE DANS LAQUELLE ISMAËL AVAIT JETÉ LES CADAVRES DE TOUS
LES HOMMES... C’EST [LE PUITS] QUE LE ROI ASA [AVAIT FAIT AMÉNAGER]
(Jr 41, 9). Troisièmement, la capture violente des autres [est
présentée], en cet endroit : PUIS [ISMAËL] FIT PRISONNIERS [TOUS CEUX QUI
RESTAIENT] (Jr 41, 10).
718. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, le meurtre du
chef et de ses familiers est présenté ; deuxièmement, le meurtre de
certains étrangers, en cet endroit : MAIS LE DEUXIÈME JOUR, etc.
(Jr 41, 4).
719. À
propos du premier point, [il fait] trois choses. Premièrement, il présente la
ruse d’une paix simulée : [ISMAËL] QUI ÉTAIT DE SOUCHE ROYALE (Jr 41, 1),
raison qui le poussait à agir contre celui qu’il voyait à la tête des Juifs, alors
que lui était écarté du règne. Si 6, 10 : Tel est ami qui s’assied à ta table, qui ne restera pas fidèle au jour
de l’épreuve. Deuxièmement,
il présente l’accomplissement du meurtre du chef : DIX HOMMES SE LEVÈRENT (Jr 41, 2),
de table, ET FRAPPÈRENT, alors que les autres n’en soupçonnaient rien.
2 Sm 3, 33 : Abner, devais-tu mourir comme
meurent les insensés ? Troisièmement, il présente le meurtre des familiers : ET IL FRAPPA
TOUS LES JUIFS QUI ÉTAIENT AVEC GODOLIAS (Jr 41, 3).
Si 11, 34 : Une étincelle allume un grand
brasier, et le sang versé s’accumule à cause d’un seul fourbe.
720. Ici,
il présente le meurtre d’étrangers. Premièrement, il décrit leur condition pour
ce qui est du deuil : LA BARBE RASÉE (Jr 41, 5).
Lm 1, 4 : Ses prêtres pleuraient. Ba 4, 9 : Dieu a amené sur moi un grand deuil, etc. Et pour ce qui est de leur intention :
ils portaient DES OFFRANDES, DE L’ENCENS, qui était offert avec toute oblation,
Lv 2. DANS LA MAISON DU SEIGNEUR, c’est-à-dire au Temple. Is 19, 21 :
Ils lui rendront un culte par des victimes, par des offrandes, et ils
feront des vœux pour le Seigneur et les accompliront.
721. Deuxièmement,
il présente le meurtre, en le faisant précéder de la ruse d’une tristesse
simulée : [ISMAËL] SORTIT EN PLEURANT (Jr 41, 6).
Si 12, 11 : Même s’il se fait humble et
s’avance en courbant l’échine, veille sur toi-même et méfie-toi de lui. Et d’un conseil trompeur :
LORSQU’IL LES EUT REJOINTS. Pr 26, 28 : La langue trompeuse n’aime pas la vérité, et la bouche enjôleuse
provoque la chute. Et
il ajoute le meurtre : QUAND ILS EURENT PÉNÉTRÉ EN PLEINE VILLE, ISMAËL
LES TUA (Jr 41, 7). Lm 3, 53 : Ils ont précipité ma vie dans une fosse, ils ont placé une pierre sur
moi. Os 4, 2 :
Le sang versé a succédé au sang.
722. Troisièmement,
il présente la libération de certains en raison de la promesse de richesses
qu’ils disaient posséder : TOUTEFOIS, IL Y EN AVAIT DIX (Jr 41, 8).
Pr 13, 8 : De grandes richesses sont la
rançon d’une vie d’homme ; mais celui qui est pauvre ne supporte pas de
reproche.
723. Ici,
il présente l’entassement des cadavres : [LA CITERNE] QUE LE ROI ASA (Jr 41, 9).
Dans 1 R 16, il est dit qu’Asa fit construire Gabaa de Benjamin à
Masphat, en utilisant ce que Baasa avait préparé pour construire Rama contre
lui. Peut-être a-t-il fait construire une citerne pour défendre la place.
Ps 88[87], 5‑6 : Déjà compté comme
descendu dans la fosse, j’ai été relâché sans aide au milieu des morts.
724. Ici,
il présente la captivité. Premièrement, la capture de ceux qui restaient est présentée :
LE RESTE [DU PEUPLE] (Jr 41, 10), car il en avait fait tuer un
certain nombre qui étaient les proches de Godolias. Is 5, 14 : L’enfer a dilaté sa gorge et il a ouvert une gueule démesurée.
725. Deuxièmement,
la libération est présentée, en la faisant précéder de la préparation des libérateurs :
[QUAND JOHANAN] APPRIT (Jr 41, 11‑12).
Pr 24, 11 : Délivre ceux qu’on envoie à la
mort, et ceux qu’on traîne au supplice, puisses-tu les sauver ! Et il ajoute la libération des
captifs : LORSQUE LE PEUPLE QUI ÉTAIT AVEC ISMAËL ET JOHANAN..., ILS SE
RÉJOUIRENT (Jr 41, 11‑14). Pr 11, 10 : Au bonheur des justes, la ville exulte ; à la perte des méchants,
c’est un cri de joie ! Et il ajoute l’évasion de celui qui avait capturé : QUANT À
ISMAËL, IL S’ENFUIT AVEC HUIT HOMMES (Jr 41, 15), après que
deux eurent été tués. Is 33, 1 : Malheur à toi qui
détruis : ne seras-tu pas toi aussi détruit ?
726. Troisièmement,
il présente leur peur. À ce sujet, [il fait] deux choses. Premièrement, il
présente un signe de la peur, à savoir l’intention de fuir : JOHANAN PRIT
DONC (Jr 41, 16‑17). Pr 28, 1 : Le méchant s’enfuit alors que personne ne le poursuit. Deuxièmement, il présente une
incitation à la peur : EN EFFET, ILS LES CRAIGNAIENT (Jr 41, 18).
Sg 17, 10 : La cruauté anticipe toujours,
troublée par la conscience. Jb 15, 21 : Alors que c’est la paix, il
soupçonne toujours des embûches.
727. Ici
débute l’instruction donnée au peuple, et elle se divise en deux parties. Premièrement,
l’instruction générale donnée au peuple est présentée ; deuxièmement, une
instruction spéciale pour Baruch, chap. 45 : PAROLE QU’ADRESSA LE PROPHÈTE
JÉRÉMIE À BARUCH (Jr 45, 1).
728. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, l’instruction au
prophète est présentée ; deuxièmement, l’opposition du peuple, en cet
endroit, chap. 43 : LORSQUE JÉRÉMIE EUT ACHEVÉ DE DIRE AU PEUPLE
(Jr 43, 1).
729. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, la demande d’une
instruction est présentée ; deuxièmement, l’instruction est présentée, en
cet endroit : AU BOUT DE DIX JOURS (Jr 42, 7).
730. À
propos du premier point, [il fait] deux choses. Premièrement, ils demandent les
suffrages d’une prière, là où la demande est présentée : QUE NOTRE PRIÈRE
PUISSE TE TOUCHER ! (Jr 42, 2), comme s’il disait :
«Qu’elle ait lieu devant toi !» Si 35, 21 : La prière de qui s’humilie pénétrera les nuées, et elle ne se consolera
pas avant de s’être approchée, et elle ne cessera pas avant que le Très-Haut ne
regarde. Par là,
ils veulent attirer la bienveillance [de Jérémie]. PRIE POUR NOUS, où ils
demandent un bienfait. Is 37, 4 : Élève donc une
prière pour ceux qui restent. CAR NOUS SOMMES RESTÉS BIEN PEU, par quoi ils l’incitent à la
miséricorde. Dt 28, 62 : Vous ne resterez
qu’en petit nombre, vous qui étiez auparavant comme la multitude des astres du
ciel. ET QUE
[DIEU NOUS] ANNONCE (Jr 42, 3), par quoi l’on souhaite
vivement que la prière porte fruit. LE SEIGNEUR. Is 8, 19 : Est-ce qu’un peuple ne demandera pas à son Dieu une vision à propos des
vivants et des morts ? LA VOIE, car ils n’avaient pas écarté d’aller du côté de l’Égypte. Plus
haut, Jr 10, 23 : La voie de l’homme n’est pas en
son pouvoir, et il n’est pas donné à l’homme qui marche de diriger ses
pas ! 2 Ch 20, 12 :
Puisque nous ignorons ce que nous devons faire, il ne reste qu’à
tourner les yeux vers toi. La promesse du prophète est aussi présentée, en cet endroit : [LE
PROPHÈTE JÉRÉMIE] DIT (Jr 42, 4). Il promet donc des
prières : JE VAIS [INTERCÉDER]. 1 Sm 12, 23 : Que je ne commette pas ce péché contre le Seigneur de ne plus prier
pour vous ! Et
de leur communiquer [ce que Dieu répondra] : TOUTE PAROLE QUE [LE
SEIGNEUR] ME RÉPONDRA, JE VOUS LA FERAI CONNAÎTRE. Ac 20, 27 : Car je ne me suis pas caché pour vous annoncer toute parole venue de
Dieu. Deuxièmement,
ils promettent l’obéissance, qu’ils ne devaient cependant pas respecter :
ET ILS DIRENT (Jr 42, 5‑6). Quelque chose de semblable
en Ex 19, 8 : Tout ce que le Seigneur a dit,
nous le ferons.
731. Ici
est présentée l’instruction. À ce propos, [il fait] trois choses. Premièrement,
il montre l’autorité de celui qui révèle : AINSI PARLE LE SEIGNEUR (Jr 42, 9),
parce que, en tant que médiateur entre vous et Dieu, je présente vos prières à
Dieu et à vous sa réponse. Dt 5, 5 : Et moi, en
médiateur, je me tenais en ce temps-là entre Dieu et vous afin de vous faire
connaître ses paroles. Deuxièmement, il [les] exhorte au repos d’une double façon. En écartant
les maux causés par la punition divine, en présentant une promesse : JE
VOUS BÂTIRAI (Jr 42, 10), en vous donnant des biens, JE VOUS
PLANTERAI, en vous affermissant. Et en écartant un empêchement : CAR JE
SUIS DÉJÀ APAISÉ. Ex 32, 14 : Et le Seigneur a été
apaisé, de sorte qu’il ne fera pas de mal à son peuple. Ps 103[102], 9 : Il ne sera pas toujours en colère et il ne menacera pas éternellement. Et il écarte la crainte d’une
persécution de l’ennemi en garantissant la sécurité : NE CRAIGNEZ PAS (Jr 42, 11).
Is 51, 12 : Qui es-tu pour craindre un homme
mortel et un fils d’homme qui se dessèche comme le foin ? Et il promet le secours d’une
aide : CAR JE SUIS AVEC VOUS. Plus haut, Jr 20, 11 : Le Seigneur est avec moi comme un guerrier puissant. C’est pourquoi
ceux qui me persécutent tomberont, seront blessés et plongés dans la honte, car
ils n’ont pas compris la honte éternelle qui ne sera pas abolie. Is 50, 7 : Le Seigneur Dieu est mon secours : je ne serai donc pas
confondu...
1. [85242] Sur les Lamentations, Préambule [on n'a pas le texte de ce préambule] .
Voici qu’une main fut tendue vers moi, dans laquelle était un livre enroulé. Et elle le déroula devant moi ; il était écrit recto verso ; et il y était écrit : Lamentations, et chant, et hélas ! (Ez 2, [9-10]).
A partir de ces paroles, on peut comprendre quatre choses au sujet du présent ouvrage des Lamentations de Jérémie : l’auteur, le mode, l’utilité et la matière.
2. L’auteur représente la bonté, car il dit : Voici qu’une main fut tendue. Cette main est la sagesse de Dieu, par laquelle tout a été fait, comme il est dit dans le Ps 103, [24] : Tu as tout fait avec sagesse.
C’est elle qui ouvre l’intellect pour voir. Ez 40, [1-2] : La main du Seigneur a été mise sur moi, et il m’a emmené là-bas dans des visions divines.
C’est elle qui libère la langue pour parler. Jr 1, [9] : Il a mis sa main, il a touché ma bouche, et il m’a dit, le Seigneur : ‘Voici, j’ai donné mes paroles dans ta bouche’.
C’est elle qui guide la main pour écrire. Dn 5, [5] : Apparurent des doigts comme d’homme écrivant : ce sont les prophètes et autres docteurs auxquels nous attribuons différents dons de sagesse, de sorte que tout ce que l'homme fait en transmettant la sagesse divine à l’extérieur par le ministère, elle-même le parachève à l’intérieur par son autorité. Is 26, [12] : Toutes nos œuvres, tu les as accomplies en nous. 2Co 3, [5] : Non que nous soyons capables d’imaginer quelque chose par nous-mêmes, comme venant de nous-mêmes ; non, notre capacité vient de Dieu.
3. Cette sagesse est si haute, que nous qui sommes tout en bas, nous ne pourrions rien recevoir d’elle si cela ne nous était envoyé. Et c’est pourquoi la bonté de l’auteur est représentée par la main tendue. Rm 11, [33] : O altitude de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu !
Elle est tendue, comme si elle nous était proposée de trois façons.
Dans la création des choses réelles, à partir desquelles nous pouvons l'examiner. Rm 1, [20] : L’invisible de Dieu est vu par l’intelligence à travers ses œuvres. Sg 13, [5] : A partir de la grandeur et de la beauté des créatures, on pourra voir leur créateur.
Elle est tendue aussi par l’inspiration intérieure. Sg 7, [27] : A travers les nations, [la Sagesse] passe dans les âmes saintes, et les constitue amis de Dieu et prophètes.
Elle fut tendue très éminemment dans l’Incarnation, quand devant des yeux corporels la Sagesse invisible apparut. Sg 9, [10] : Envoie-la de tes cieux saints et du siège de ta grandeur, pour qu’elle soit avec moi et qu’elle travaille avec moi, pour que je sache ce qui te plaît en tout temps.
4. Dans le mode est montrée la difficulté, d’où la suite : Dans laquelle était un livre enroulé. C’est ce même livre enroulé dans un ornement de mots, c’est pourquoi il est écrit en vers et coloré d’ornements rhétoriques. Pr 15, [2] : La langue des sages orne la science.
Il est aussi enroulé dans la profondeur des mystères. 1Co 14, [2] : Il dit en esprit des choses mystérieuses. Et il est dit aux apôtres, dans la personne de tous ceux qui ont produit les Saintes Écritures : C’est à vous qu’il a été donné de connaître les mystères du royaume (Mt 13,[11]).
Il est aussi enroulé dans la diversité des comparaisons, comme tous les autres livres de prophètes. Pr 1, [6] : Pour considérer la parabole et l’interprétation, les paroles des sages et leurs énigmes. Os 12, [11] : Moi j’ai multiplié les visions, et dans les mains des prophètes j’ai fait des comparaisons.
5. Et cela est signifié par les trois enveloppements dans lesquels les vases sacrés étaient enveloppés, Nb 4.
Le voile qui était teint de diverses couleurs et avec une belle bigarrure, comme il est dit en Ex 26, représente la diversité des comparaisons.
Les peaux et le manteau couleur hyacinthe représentent les mystères célestes dont ce livre est comme imprégné.
Le manteau pourpre représente les ornements de style. En effet cet enveloppement du Saint-Esprit est expliqué par les commentateurs sacrés, car les Saintes Écritures ont été expliquées par le même Esprit par lequel elles ont été produites, comme dit Augustin.
D’où la suite : Il le déroula devant moi. En effet Dieu ouvre les paroles des Écritures, ainsi qu’il est dit au dernier chapitre de Luc [Lc 24, 45] : Il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures.
Il dévoile les mystères cachés, Dn 2, [47] : Vraiment notre Dieu est le Dieu des dieux, et le maître des rois, le révélateur des mystères.
Il explique les comparaisons, Ps 17 ? : Devant la foudre à son aspect les nuages ont passé.
6. Dans la multiplicité est aussi montrée l’utilité, d’où la suite : Il était écrit recto verso. En effet des deux côtés il contient la sagesse écrite : l’enveloppe contient le sens littéral et la partie cachée le sens des idées, de sorte que soit vrai ce qui est dit en Jean 10, [9] : Dedans et dehors il trouvera sa nourriture.
7. Dans la matière se montre la variété, d’où la suite : Et il y était écrit :Lamentations, et chant, et hélas.
Il pleure la mort violente de Josias, et quant à cela il contient des lamentations. 2Ch 35, [24-25] : Tout Juda et Jérusalem firent un deuil pour Josias, surtout Jérémie, dont tous les chanteurs et chanteuses jusqu’à nos jours répètent les lamentations sur Josias.
Il pleure sur le peuple qui a été piétiné, et quant à cela il contient un chant. Ez 32, [2] : Fils d’homme, chante un chant de deuil sur la multitude !
Il pleure aussi sur la dévastation de Jérusalem et de tout le pays ; et quant à cela, il contient Hélas ! Jr 4, [13] : Malheur à nous ! Nous sommes dévastés !
8. Ou bien ces trois [expressions] peuvent se rapporter
à un triple sens par lequel ce livre est expliqué dans les Gloses, de sorte que
- Hélas se rapporte au sens symbolique, métaphorique ou moral, par lequel il pleure sur l’esclavage du péché. Plus loin, au dernier chapitre [Lm 5, 16] : La couronne de notre tête est tombée. Malheur à nous, car nous avons péché !
- Chant se rapporte au sens mystique, par lequel il pleure sur le veuvage de
l’Eglise. Ps 39, [4] : Il a mis dans ma bouche un chant nouveau, un chant pour notre Dieu.
- Lamentations, quant au sens historique, par lequel il déplore la captivité des Juifs. Jr 9, [18] : De Sion une lamentation s’est fait entendre. Comme nous avons été dévastés et violemment couverts de honte !
9. Et c’est de là que ce livre tire son nom, et on l’appelle aussi Thrènes, ce qui en grec signifie Lamentations, bien que certains disent Treni, autrement dit Terni [c’est-à-dire « par trois »] parce qu’au début du livre le procédé est de [strophes de] trois vers dépendant d’une lettre [dans l'ordre alphabétique], il y a donc trois séries différentes de lettres : d’abord [aux chapitres 1 et 2], sous une lettre il met trois vers, jusqu’au chapitre 3 où il répète la même lettre aux trois vers à chaque fois. Dans le chapitre 4 il enferme deux vers sous la même lettre.
10. A noter qu’en hébreu, à chaque lettre dans l’ordre alphabétique commence une partie distincte - qu'on appelle une strophe - comme chez nous dans l’hymne [alphabétique] A solis ortus cardine[9]. Et selon la traduction de ce genre de lettres, chaque lettre est assortie au sens du vers en tête duquel elle est placée.
11. [85243] Sur les Lamentations, chapitre 1.
En tête de cet ouvrage il y
a un préambule dans lequel sont décrits :
- l’époque : Après
qu’en captivité…,
- l’auteur : Jérémie
s’assit, sous-entendu par terre, comme quelqu’un qui pleure. Is 41 ?: Descends,
assieds-toi dans la poussière, vierge, fille de Babylone,
- la matière : Il a
pleuré en lamentation. Jr 9, [9] : Sur les montagnes j’élèverai
pleurs et lamentations, et sur les pacages du désert une complainte, car ils
sont incendiés, il n’y a personne qui y passe,
- le sentiment de
l’auteur : D’un cœur amer. Plus loin [Lm 3, 15] : Il m’a saturé
d’amertumes et m’a enivré d’absinthe.
12. [85244] Sur les Lamentations, 1, 1.
Ce livre se divise en deux
parties.
Dans la première, le
prophète déplore le malheur du peuple ; dans la seconde, par la prière il
se tourne vers la miséricorde divine, chapitre 5: Souviens-toi, Seigneur, de
ce qui nous est arrivé…
La première [partie] se
divise en trois. Dans la première, il pleure sur le malheur de
l’esclavage ; dans la deuxième sur le malheur de la destruction, chapitre
2 : Comment ! Le Seigneur en sa fureur a enténébré la fille de Sion… ;
dans la troisième sur le malheur de la captivité, chapitre 4 : Comment !
L’or s’est terni…
La première [partie se
divise] en deux : premièrement le prophète déplore l’abaissement de son
peuple ; deuxièmement il introduit la plainte du peuple ou de la cité,
là : O vous tous qui passez…[verset 12].
La première en deux :
dans la première il déplore la servitude ; dans la deuxième il décrit en détail
la grandeur de la servitude, là : Juda a émigré etc. [verset 3].
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il montre la servitude du peuple, ou
l’abjection quant à la perte de la gloire ; deuxièmement quant à la
violation de l’amitié, là : Pleurant elle pleura etc. [verset 2].
13. [Verset 1, Aleph :
Comment !
Elle est assise, désertée, la ville pleine de peuple !
Elle est
devenue comme une veuve, la maîtresse des nations,
La princesse
des provinces est soumise au tribut.]
Il montre aussi sa gloire
par trois choses. Premièrement parce qu’elle [était] peuplée de nombreux
citoyens : COMMENT ! ELLE EST ASSISE, avilie et
découragée, DÉSERTÉE, abandonnée par ses habitants. Ba 4, [19-20] :
Moi je reste délaissée, solitaire. J’ai quitté la robe de paix. PLEINE,
autrefois. 1R 4, [20] : Juda et Israël étaient innombrables, [aussi
nombreux que le sable qui est au bord de la mer]. Is 22, [2] : Ville
populeuse, cité joyeuse.
Deuxièmement parce que ses
princes lui faisaient honneur, car c’était une cité royale et sacerdotale. ELLE
EST DEVENUE COMME VEUVE de ses rois ou de ses prêtres. Is 47, [9] : Ces
deux [malheurs] t’arriveront en un seul jour : privation d’enfants et
veuvage. MAÎTRESSE DES NATIONS qui jadis lui étaient soumises. Ez 5,
[5] : Celle-ci est Jérusalem placée au milieu des nations.
Troisièmement, [parce qu'elle
était] enrichie de tributs : PRINCESSE DES PROVINCES qu’elle avait rendues
tributaires. 2S 8, [2, 6] : Moab (…) et la Syrie devinrent sujets de David
et lui payèrent tribut. Ou bien Salomon avait divisé son royaume entre
elles, préposant des préfets à chacune (1R 4). ELLE EST SOUMISE AU TRIBUT des
Chaldéens. Pr 12, [24] : La main vaillante dominera, mais celle qui est
nonchalante sera soumise au tribut.
14. En tête de ce verset est mise la lettre ALEPH, qui se
traduit « enseignement », pour montrer que c’est parce que le peuple
a manqué à l’observance de l’enseignement divin dont il avait connaissance,
qu’il a été mis en captivité. Is 5, [13] : C’est pourquoi mon peuple a
été emmené en captivité, parce qu’il n’a pas eu la science.
Il faut savoir aussi qu’alors
que généralement [Jérémie] utilise des couleurs et des lieux rhétoriques, dans
cette Lamentation, il y a le "lieu d'appel à la pitié" n° 4[10].
Allégoriquement : LA
VILLE [signifie] l’Église présente, PLEINE DE PEUPLE : rassemblement
de nations diverses, MAÎTRESSE DES NATIONS obéissant à la foi, PRINCESSE DES
PROVINCES : des diverses Eglises pour lesquelles elle décrète le chemin de
vie, a été DÉSERTÉE, la protection ou l’aide des anges l’ayant abandonnée,
VEUVE, car la présence de son époux lui a été ôtée, TRIBUTAIRE : exposée
aux tyrans.
Moralement : LA
CITÉ [signifie] l’âme, PLEINE DE PEUPLE : de bonnes affections,
MAÎTRESSE DES NATIONS : des vices, PRINCESSE DES PROVINCES : ses
sens, DÉSERTÉE par les suffrages des bons, VEUVE des embrassements de son
époux, TRIBUTAIRE des vices.
15. [85245] Sur les Lamentations, 1, 2
[Verset 2,
Beth :
Pleurant
elle a pleuré la nuit, et les larmes sur ses joues,
Il n’y a
personne pour la consoler parmi tous ses chéris,
Tous ses
amis l’ont dédaignée et lui sont devenus ennemis.]
Ici il pleure sur la
violation de l’amitié, et premièrement il montre la nécessité des amis :
PLEURANT, comme si Jérusalem [était] continuellement pressée de diverses adversités,
LA NUIT, en privé par peur des ennemis, ou dans l’adversité, SUR SES JOUES,
parce qu’il n’y avait personne pour essuyer. Ps 6, [7] : Chaque nuit je
baignerai mon lit ;
deuxièmement la
soustraction de l’aide : IL N’Y A PERSONNE POUR LA CONSOLER, lui offrir
une aide contre les ennemis. PARMI TOUS SES CHÉRIS, Égyptiens et autres alliés.
Qo 4, [1] : J’ai vu les calomnies qui sont faites sous le soleil, et
les larmes des innocents, et pas de consolateur ;
troisièmement le changement
de sentiment : TOUS SES AMIS. Jb 19, [13] : Il a éloigné mes
frères de moi, et mes relations se sont écartées de moi comme des étrangers.
16. En tête de ce verset il y a la lettre BETH, qui se
traduit « maison », parce que la maison de Jacob est en pleurs.
Lieu d'appel à la pitié
n°13.
Allégoriquement :
l’Église pleure les adversités SUR SES JOUES : les prélats, PARMI TOUS SES
CHÉRIS : les saints anges, ONT DÉDAIGNÉ en se conformant à la justice
divine.
Moralement : l’âme
pleure LA NUIT ses péchés, SUR SES JOUES : sa conscience dans laquelle
parle l’action humaine ; PARMI TOUS SES CHÉRIS : les affections
privées ; ONT DÉDAIGNÉ les sentiments de jouissance dépravée.
17. [85246] Sur les Lamentations, 1, 3
Ici il décrit en détail le
malheur de la servitude, pour en montrer la grandeur. Et [le verset] est divisé
en deux parties. Dans la première il déplore ce [malheur] quant à l’oppression
des hommes ; dans la deuxième quant au pillage des biens, là : L’ennemi
a étendu sa main vers tous ses biens désirables [verset 10].
La première [se divise] en
deux : dans la première il déplore le malheur de l’oppression, dans la
seconde il montre la raison du malheur, là : Jérusalem a péché un péché
[verset 8].
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il déplore leur malheur quant à [la
situation] présente qu’ils supportaient ; deuxièmement quant aux
[événements] passés qu’ils ruminaient, là : Et Jérusalem s’est souvenue
des jours de son affliction [verset 7].
Pour le 1 il aborde trois
points : premièrement le malheur de la servitude pour ceux qui fuient ;
deuxièmement pour ceux qui restent, là : Les chemins de Sion sont en
deuil etc. [verset 4]; troisièmement pour les captifs, là : Ses
oppresseurs ont le dessus [verset 5].
18. [Verset 3, Gimel :
Juda a
émigré, à cause de l’oppression et de la multitude de servitude,
Elle a
habité parmi les nations et n’a pas trouvé le repos,
Tous ses
poursuivants l’ont atteinte dans des lieux étroits].
Pour le premier point il
aborde trois choses.
Premièrement la
fuite : A ÉMIGRÉ, fuyant son pays vers les pays voisins, A CAUSE DE
L’OPPRESSION contre les personnes, ET DE LA MULTITUDE DE SERVITUDE dans les
tributs qu’ils supportaient sur leur propre terre de la part des Chaldéens. Is
16, [4] : Ils habiteront chez toi mes réfugiés. Que Moab soit leur
refuge. Is 21, [14-15] : Vous qui habitez la terre du Sud, allez
avec des pains à la rencontre du réfugié, car ils ont fui la face des épées, la
face de l’épée dressée.
Deuxièmement il déplore
l’angoisse qui menace les fugitifs : ELLE A HABITÉ PARMI LES NATIONS,
Moabites et Ismaélites, ET N’A PAS TROUVÉ LE REPOS, car là aussi elle a
souffert l’angoisse de leur part. Dt 28, [65] : Parmi ces nations non
plus tu n’auras pas de tranquillité, et il n’y aura pas de repos pour la plante
de ton pied.
Troisièmement il prédit les
angoisses à l’arrivée de la puissance ennemie : TOUS SES POURSUIVANTS
Chaldéens L’ONT ATTEINTE DANS DES LIEUX ÉTROITS, [angoisses][11]
qu’ils subissaient de la part de ceux auprès de qui ils s’étaient réfugiés,
comme en Égypte. Jr 42, [16] : L’épée que vous redoutez vous atteindra
en terre d’Egypte, et la famine qui vous inquiète s’attachera à vous. Ez 6,
[9 : …parmi les nations où ils seront captifs, eux dont j’aurai brisé
le cœur prostitué qui m’a abandonné, et les yeux qui se prostituent après leurs
ordures. Jr 2, 24] : Ceux qui la cherchent ne la manqueront pas, et
dans ses menstruations ils la chercheront.
19. En tête de ce verset est la lettre GIMEL, qui se
traduit « plénitude », car à cause de la multitude de leurs
péchés ils ont subi la plénitude du malheur. Mt 23, [32] : Et vous, comblez
la mesure de vos pères. Lc 6, [38] : De la mesure dont vous
mesurez, on mesurera pour vous.
Lieu d'appel à la pitié
n°10.
Allégoriquement :
JUDA, l’Eglise qui est unie au Christ, A ÉMIGRÉ d’ennemis en ennemis, elle
cherche le repos auprès de nous ET NE LE TROUVE PAS, mais elle est opprimée par
tous à volonté.
Moralement : JUDA,
l’âme qui doit confesser Dieu, A ÉMIGRÉ vers les vices, PARMI LES
NATIONS : les vices ou les démons ; [PAS] LE REPOS à cause des
moqueries des vices ou des démons ; SES POURSUIVANTS, les démons, L’ONT
ATTEINTE dans la mort.
20. [85247] Sur les Lamentations, 1, 4
[Verset 4,
Dalet :
Les chemins
de Sion sont en deuil en ce que nul ne vient à ses fêtes,
Toutes ses
portes sont détruites, ses prêtres gémissent,
Ses vierges
en vêtements de deuil, et elle-même opprimée d’amertume.]
Ici il déplore le malheur
de ceux qui restent, premièrement quant aux étrangers dont elle était peuplée.
LES CHEMINS DE SION SONT EN DEUIL, ils suscitent le deuil. SES FÊTES, les
trois : la Pâque, la Pentecôte, la fête des Tentes. Is 33, [8] : Les
routes sont détruites, il n’y a plus de passant sur le sentier, le pacte est
rompu ; deuxièmement quant aux personnes qui faisaient honneur à la cité, à
savoir : les princes : TOUTES SES PORTES SONT DÉTRUITES, car on rendait
la justice aux portes. Is 3, [26] : Ses portes s’affligeront et seront
en deuil, désolée elle s’assiéra par terre ; les prêtres : SES
PRÊTRES GÉMISSENT. Jl 2, [17] : Entre le vestibule et l’autel
pleureront les prêtres ; les vierges : SES VIERGES EN VÊTEMENTS
DE DEUIL, enlaidies. Jb 30, [3] : Avilis par le désastre et la misère,
ils mangeront l’herbe des steppes.[Voir] Ml 1. Et les
princes ont gémi [réf ?] ; troisièmement quant au peuple
qui la remplissait : ET ELLE-MÊME, la cité, OPPRIMÉE D’AMERTUME. Rt 1,
[20] : Le Tout-Puissant m’a remplie d’une grande amertume.
21. En tête de celui-ci est la lettre DALET, c’est-à-dire
« passé à la herse », car il pleure sur la destruction du Temple, qui
était lambrissé de cèdre couvert d’or, comme il est dit en 1R 6.
Lieu d'appel à la pitié
n°8.
Allégoriquement : LES
CHEMINS - vers le ciel - DE SION [signifient] les prophètes et les
prédicateurs ; AUX FÊTES de la patrie céleste ; LES PORTES : les
prélats de l’Eglise, qui font entrer [les gens] ; LES PRÊTRES, serviteurs
du sacré, LES VIERGES, qui dans l’Eglise ont le premier rang : tous
ceux-là sont ébranlés pour les péchés, et comme ils sont ébranlés, même le
peuple qui est au-dessous est lui-même rempli d’amertume. D’où Ex 32, [19] :
Moïse brisa les tables.
Moralement : LES
CHEMINS sont les vertus de l’âme, AUX FÊTES de la contemplation, LES
PORTES : les sens, LES PRÊTRES, les âmes dans la sainteté de la religion
divine, LES VIERGES, [les âmes]dans la pureté de conscience ; ceux-ci
ébranlés, l’âme elle-même est opprimée par l’amertume des vices.
22. [85248] Sur les Lamentations, 1, 5
Ici il pleure sur
l’oppression en ce qui concerne les captifs, et premièrement il pleure sur la
captivité des plus petits, deuxièmement [sur celle] des plus âgés, là : De
la fille de Sion s’est retirée toute sa beauté [verset 6].
[Verset 5,
Hé :
Ses
oppresseurs ont été mis à sa tête, ses ennemis sont enrichis,
Car le
Seigneur a parlé sur elle à cause de la multitude de ses péchés,
Ses petits
enfants ont été emmenés captifs devant l’oppresseur.]
Pour le premier point il
présente trois choses.
Premièrement l’élévation
des ennemis dans la puissance : LES ENNEMIS, les Chaldéens, À LA TÊTE,
autrement dit dominant sur eux. Et quant aux richesses : ILS SONT ENRICHIS.
Dt 28, [44] : C’est lui [l’étranger qui est chez toi] qui sera à la
tête et tu seras à la queue.
Deuxièmement il donne la
raison de cette élévation : CAR LE SEIGNEUR A PARLÉ, en quelque sorte [il
a prononcé] des sentences contre elle, inspirant aux nations de venir, ou
faisant des prédictions par l’intermédiaire de Moïse. Et cela, À CAUSE DE LA
MULTITUDE DE SES PÉCHÉS. [Voir] Jr 28. Je parlerai contre la nation et
contre le royaume, pour le détruire et le disperser [réf ?].
Troisièmement il présente
la captivité, SES PETITS ENFANTS, c’est-à-dire les petits enfants du peuple. Is
5, [13] : C’est pourquoi mon peuple a été emmené captif, parce qu’il
n’a pas eu la science.
23. En tête de celui-ci, il y a la lettre HÉ,
c’est-à-dire, ce sont les lois que le Seigneur avait dites par l’intermédiaire
de Moïse.
Il y a le lieu d'appel à la
pitié n° 8.
Ce qui est dit, À CAUSE DE
LA MULTITUDE…, est la première partie de la condition générale supposée, qu’on
appelle concession[12].
Allégoriquement : LES
ENNEMIS - les hérétiques, parce que la science manque dans l’Eglise - ONT ÉTÉ
MIS À LA TÊTE : ils gagnent dans les discussions ; ENRICHIS par leur
éloquence. LE SEIGNEUR A PARLÉ : donné la permission ; LES PETITS ENFANTS :
les débutants, EN CAPTIVITÉ : séparés de l’Église.
Moralement : LES
ENNEMIS [signifient] les démons, À LA TÊTE : corrompant l’intention,
ENRICHIS par la multiplicité des péchés ; A PARLÉ : permis ; LES
PETITS ENFANTS : les mouvements et passions ; L’OPPRESSEUR : le
démon. Ps 12, [5] : Mes persécuteurs se réjouiront si je suis ébranlé.
24. [85249] Sur les Lamentations, 1, 6
[Verset 6,
Vav :
De la fille
de Sion s’est retirée toute sa beauté,
Ses princes
sont devenus comme des béliers qui ne trouvent pas de pâture,
Ils ont
cheminé sans force devant qui les suivait.]
Ici il pleure sur la
captivité des plus âgés, et à ce propos il fait trois choses.
Premièrement il expose la
perte des ornements : DE LA FILLE DE SION, c’est-à-dire de Jérusalem,
S’EST RETIRÉE TOUTE SA BEAUTÉ, les vases qui ont été enlevés, les trésors, les
princes, les prêtres, avec Joiakîn le petit-fils de Josias (2R 24). Ez 19,
[14] : Tes vases d’honneur seront enlevés.
Deuxièmement le manque de
nourriture : SES PRINCES SONT DEVENUS COMME DES BÉLIERS QUI NE TROUVENT
PAS DE PÂTURE, ni pour eux, ni pour le peuple, car même le pain a manqué dans
la ville quand elle était assiégée au temps de Sédécias, comme il est dit en Jr
34, et en Is 5, [13] : Ses nobles sont morts de faim et sa multitude a
séché de soif.
Troisièmement il met la
captivité des princes : ET ILS ONT CHEMINÉ SANS FORCE, ne pouvant
résister, DEVANT QUI LES SUIVAIT, fuyant comme il est dit au dernier chapitre
de Jérémie. Les princes ont fui dans les campagnes de Jéricho, Ps 37,
[11] : Ma force m’a quitté.
25. En tête de ce verset est placée la lettre VAV, qui se
traduit « et », autrement dit ces choses aussi s’ajoutent à celles
qui précèdent pour que le Seigneur nous venge.
Et il y a le lieu d'appel à
la pitié n° 5.
Allégoriquement : LA
FILLE céleste DE SION est l’image de l’Église, et quand la beauté de la foi
s’est retirée d’elle, même LES PRINCES - les prélats - vont dans diverses
erreurs ; DEVANT QUI LES SUIVAIT, le diable ou l’hérétique qui pervertit
la foi, eux QUI NE TROUVENT PAS dans les Écritures LA PÂTURE de la parole de
Dieu et du Seigneur Jésus-Christ.
26. [85250] Sur les Lamentations, 1, 7
[Verset 7,
Zaïn :
Jérusalem
s’est souvenue de ses jours d’affliction et de transgression, de toutes ses choses
désirables qu’elle avait eues depuis les jours anciens,
Quand son
peuple tombait dans la main de l’ennemi et qu’il n’y avait pas de soutien,
Les ennemis
l’ont vue et ont ri de ses sabbats.]
Ici il déplore le malheur
venu du souvenir du passé, et premièrement il présente le souvenir du passé,
c’est-à-dire DE L’AFFLICTION passée, qui, lorsqu’on s’en souvient, suscite la
lassitude ; DE LA TRANSGRESSION, c’est-à-dire des péchés, qui suscitent le
remords de conscience ; DES CHOSES DÉSIRABLES, c’est-à-dire des prospérités qui
causent et allument le désir de concupiscence. Is 38, [15] : Je
repenserai à toi pendant mes années, dans l’amertume de mon âme ;
deuxièmement il expose la souffrance des malheurs présents : QUAND SON
PEUPLE TOMBAIT DANS LA MAIN DE L’ENNEMI. Ps 21, [12] : Proche est
l’angoisse, point de secours ! troisièmement le mépris des
ennemis : LES ENNEMIS L’ONT VUE ET ONT RI DE SES SABBATS et de tout ce qui
concernait le culte religieux. 1M 1, [39] : Ses jours de fête furent
changés en deuil, ses sabbats en dérision, ses honneurs en néant.
27. Les explications du lieu rhétorique et du sens
symbolique des lettres sont suffisamment abordées dans les Gloses.
28. [85251] Sur les Lamentations, 1, 8
Ici il montre la cause d’un
si grand malheur, et premièrement il expose le péché lui-même, et deuxièmement
la progression du péché, là : SES HAILLONS CRASSEUX SUR SES PIEDS.
[Verset 8,
Het :
Jérusalem a
péché un péché, c’est pourquoi elle a été déstabilisée,
Tous ceux
qui l’honoraient l’ont méprisée, car ils ont vu sa honte,
Elle,
gémissante, s’est détournée.]
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il expose le péché : LE PÉCHÉ, par
antonomase, d’infidélité et d’idolâtrie. Pr 14, [34] : Le péché rend
les peuples misérables ; deuxièmement il met l’effet du péché :
d’abord le malheur de l’instabilité : C’EST POURQUOI ELLE A ÉTÉ
DÉSTABILISÉE, c’est-à-dire : elle n’est pas restée sur sa terre mais a été
faite prisonnière et exilée en terre étrangère. Is 57, [20] : Les
impies [sont] comme la mer agitée qui ne peut se calmer ; deuxièmement la
honte de la confusion : TOUS CEUX QUI L’HONORAIENT, la bénissaient au
temps de sa prospérité, L’ONT MÉPRISÉE, CAR ILS ONT VU SA HONTE, celle de
l’adversité. Jb 29, [11] : L’oreille qui m’écoutait me félicitait,
l’œil qui me voyait me rendait témoignage ; troisièmement la tristesse du
cœur : ELLE, GÉMISSANTE, S’EST DÉTOURNÉE de la prospérité dont elle
jouissait en Dieu. Ps 39, [15] : Qu’ils se détournent et rougissent de
honte, ceux qui me veulent du mal.
29. [85252] Sur les Lamentations, 1, 9
[Verset 9,
Teth :
Ses haillons
crasseux sur ses pieds,
Elle ne
songeait pas à cette fin, elle est tombée si bas, n’ayant pas de consolateur,
Vois,
Seigneur, ma misère, parce que l’ennemi triomphe.]
Ici il met la progression
du péché, et premièrement il met la faute : SES HAILLONS CRASSEUX,
c’est-à-dire ceux des péchés, SUR SES PIEDS, c’est-à-dire dans ses sentiments,
comme pour une progression dans le péché ; LA FIN, c’est-à-dire celle de
la mort ou du jugement divin. Si 7, [36] : Souviens-toi de ta fin, et
tu ne pécheras jamais ; deuxièmement il met le châtiment : ELLE EST TOMBÉE
de son état de dignité, SI BAS, c’est-à-dire dans un malheur extrême. Ps 58,
[12] : Par ta puissance disperse-les, fais-les tomber ; troisièmement
il implore pitié : VOIS, SEIGNEUR, à savoir avec un sentiment de pitié. Ps
118, [153] : Vois ma petitesse, délivre-moi, car je n’ai pas oublié ta
loi.
30. [85253] Sur les Lamentations, 1, 10
Ici il pleure sur la
servitude quant au pillage de leurs biens, subi de la part des ennemis
vainqueurs, et premièrement il met le pillage des biens quant à ce que les
ennemis emportaient, deuxièmement quant à ce qu’ils détruisaient eux-mêmes,
là : Tout son peuple gémissant [verset 11].
[Verset 10,
Yod :
L’ennemi a
étendu la main vers toutes ses choses désirables,
Car elle a
vu les païens entrer dans son sanctuaire
Eux sur qui
tu avais prescrit qu’ils n’entrent pas dans ton église.]
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement le pillage des biens : L’ENNEMI, le
vainqueur chaldéen, LES CHOSES DÉSIRABLES, à savoir les trésors de la maison de
Dieu, de la maison du roi et de tous les autres. Is 64, [10] : Toutes
vos choses désirables se sont changées en ruines ; deuxièmement il met la
profanation de ces choses : CAR ELLE (le peuple juif) A VU [LES PAÏENS],
comme s’il disait : de cette manière il a pu se faire que tout soit emporté,
même ce qui était dans le Temple. 1M 2, [7] : Le sanctuaire a été livré
à la main des étrangers. Ou autrement : ELLE (le Seigneur) A VU LES
PAÏENS, prêtres en parole mais vivant païennement, quand ils ont installé une
idole dans le Temple, EUX SUR QUI TU AVAIS PRESCRIT (Lv 22,[4]), que personne,
même de la descendance d’Aaron, sur qui il y a une tache, ne se nourrisse
d’[aliments] consacrés au Seigneur. Et ainsi, parce qu’ils ont agi contre cette
[loi], ils ont été emmenés en captivité, selon que la faute est cause du
châtiment.
31. [85254] Sur les Lamentations, 1, 11
[Verset 11,
Kaph :
Tout son
peuple gémissant et cherchant du pain,
Ils ont
donné des choses précieuses pour de la nourriture, pour réconforter l’âme,
Vois,
Seigneur, et considère combien je suis méprisée.]
Ici il met le pillage des
biens quant à ce dont ils se sont eux-mêmes privés, et premièrement il met la
nécessité de [les] enlever, à cause du manque du nécessaire : CHERCHANT DU
PAIN. Ps 101, [5] : Battu comme l’herbe, mon cœur a séché et j’ai
oublié de manger mon pain ;deuxièmement il met cet enlèvement
lui-même : ILS ONT DONNÉ DES CHOSES PRÉCIEUSES POUR RÉCONFORTER, pas pour
rassasier, L’ÂME, une vie de peu de prix. C’est ce que nous lisons des
Égyptiens, Gn 48 ; troisièmement il appelle Dieu à la pitié : VOIS,
SEIGNEUR. Jr 2, [36] : Que tu mets de légèreté à changer de voie !
Et cette dernière parole est mise comme venant de la cité personnifiée ou du
peuple qui - comme si, un prophète exposant son malheur, elle ne pouvait supporter
de l’entendre davantage – éclate en lamentations et en sanglots.
32. [85255] Sur les Lamentations, 1, 12
Ici est abordée la plainte
de la part de la cité elle-même et du peuple, et premièrement elle se plaint
aux personnes présentes de la sévérité du juge, deuxièmement au juge, de la
cruauté de l’ennemi, là : Vois, Seigneur, combien je suis écrasée [verset
20].
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il expose la sévérité du juge en général,
deuxièmement il décrit en particulier, là : Il a ôté tous mes braves
[verset 15].
Pour le premier point il
fait trois choses : premièrement il expose l’indignation de Dieu, en tant
qu’en punissant il a sévi ; deuxièmement il expose la sévérité de la
discipline divine, en tant qu’en punissant il a enseigné, là : D’en
haut il a envoyé un feu [verset 13] ; troisièmement il expose la
rigueur de la justice, en tant qu’en punissant il a exercé la fonction de juge,
là : Il a surveillé le joug de mes iniquités [verset 14].
33. [Verset 12, Lamed :
O vous tous
qui passez par le chemin, regardez et voyez
S’il est une
douleur comme ma douleur,
Car le
Seigneur m’a vendangée comme il a dit au jour de colère de sa fureur.]
A l’égard du premier point,
il fait trois choses.
Premièrement il met une
invocation : Ô VOUS TOUS QUI PASSEZ PAR LE CHEMIN de cette région déserte.
Jr 22, [8] : Les païens passeront par cette cité, et chacun dira à son
voisin : Pourquoi le Seigneur a-t-il traité ainsi cette grande cité ?
Deuxièmement il met la
grandeur de la douleur, REGARDEZ, car tandis qu’elle considère sa douleur, elle
pense qu’il n’y en a pas de semblable. [Cette douleur] fut très grande, car les
pertes spirituelles et temporelles [furent] très grandes. Jr 8, [21] : Je
suis blessé de la blessure de Jérusalem.
Troisièmement il met
l’indignation de Dieu, qui est la raison de la douleur, car IL M’A VENDANGÉE
des habitants faits prisonniers et tués, comme une vigne de ses grappes. Is 5,
[7] : La vigne du Seigneur des armées, c’est la maison d’Israël. Ps
79, [13] : Tous ceux qui passent sur le chemin l’ont grappillée. IL
A DIT, en menaçant par les prophètes.
34. [85256] Sur les Lamentations, 1, 13
[Verset 13,
Mem :
D’en haut il
a envoyé un feu dans mes os et m’a instruite,
Il a déployé
un filet devant mes pieds, il m’a renversée,
Il m’a
désolée, accablée de chagrin tout le jour.]
Ici il met la sévérité de
la discipline, dans la mesure où comme un maître d’école il a enseigné par de
durs châtiments, et premièrement il aborde la sévérité qui corrige les [péchés]
commis : D’EN HAUT, c’est-à-dire dans son haut conseil, IL A ENVOYÉ UN FEU
d’affliction, ou par lequel cité et camp ont été littéralement brûlés, DANS MES
OS, c’est-à-dire dans les puissants et les fortifications ; et ainsi par
de pénibles coups de fouet IL M’A INSTRUITE. Is 28, [19] : Et seule la
douleur fera comprendre le sens.
Deuxièmement il montre la
sévérité attentive au futur : IL A DÉPLOYÉ UN FILET, c’est-à-dire un
obstacle par lequel il l’a retirée du péché. Os 2, [8] : Je ferai une
haie de ronces à ton chemin.
Troisièmement il montre la
sévérité qui supprime les bienfaits de la consolation : IL M’A DÉSOLÉE,
sous-entendu : il n’a donné aucune consolation après les coups de fouet,
comme un maître d’école fait habituellement avec les enfants. Ba 4, [9] : Dieu
m’a amené un grand chagrin.
35. [85257] Sur les Lamentations, 1, 14
[Verset 14,
Nun :
Il a
surveillé le joug de mes iniquités, dans sa main elles sont enroulées
Et posées
sur mon cou, ma force a été affaiblie,
Le Seigneur
m’a mise dans une main dont je ne pourrai sortir.]
Ici il montre la rigueur de
la justice de Dieu lui-même, en tant qu’il est juge, et à cet égard il fait
trois choses.
Premièrement il met
l’observation attentive des péchés : IL A SURVEILLÉ, autrement dit il a
observé avec vigilance, LE JOUG de l’affliction, à m’imposer de ses mains pour
mes péchés. Jr 1, [11] : Que vois-tu, Jérémie ? Je vois une branche
de « veilleur » [l’amandier].
Deuxièmement il met la dure
affliction du châtiment : ELLES (les iniquités) SONT ENROULÉES, à la
manière d’une chaîne, en un lien indissoluble, et POSÉES SUR [MON COU], tandis
que pour elles je subis le châtiment. Ps 37, [5] : Mes iniquités me
dépassent la tête, et pèsent sur moi comme un lourd fardeau ;
Troisièmement il exclut la
délivrance, tantôt pour cause de faiblesse, A ÉTÉ AFFAIBLIE, tantôt pour cause
de puissance de l’ennemi, LE SEIGNEUR M’A MISE DANS LA MAIN des Chaldéens. Ps
30, [11] : Ma force a été affaiblie dans la pauvreté.
36. [85258] Sur les Lamentations, 1, 15
Ici il décrit en détail le
malheur de la servitude, et premièrement en ce qui concerne la première
captivité sous Joiakîn petit-fils de Josias, comme il est dit à l’avant-dernier
chapitre du deuxième livre des Rois ; deuxièmement en ce qui concerne la
dernière, qui fut sous Sédécias, dont il est question au dernier chapitre du
deuxième livre des Rois, et au dernier de Jérémie, là : Sion étend les
mains [verset17].
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il déplore la captivité des gens,
deuxièmement la suppression de la consolation, là : C’est pourquoi je
pleure, et mon œil laisse couler les eaux [verset 16].
37. [Verset 15, Samek :
Le Seigneur
a ôté tous mes braves du milieu de moi,
Il a appelé
contre moi le temps pour détruire mes élus,
Le Seigneur
a piétiné au pressoir la vierge, fille de Juda.]
Pour le premier point il
fait trois choses.
Premièrement il présente la
captivité de ceux qui étaient éminents en dignité, MES BRAVES, les princes, à
qui il appartient de faire de grandes choses. Les autres restent, mais eux sont
emmenés en captivité. Is 3, [1-2] : Le Seigneur va enlever de Juda et
de Jérusalem (…) héros et homme de guerre ;
Deuxièmement ceux qui
étaient éminents en vaillance : IL A APPELÉ CONTRE MOI LE TEMPS, apte à la
destruction, POUR DÉTRUIRE MES ÉLUS, d’une vaillance supérieure. Ps 74,
[3] : Quand j’aurai pris le temps, je jugerai les justices. Ex 32,
[34] : Mais moi je les visiterai au jour de vengeance et [je les
punirai] de leur péché. Qo 3, [1] : Il y a un temps pour tout.
Troisièmement l’affliction
de ceux qui étaient prééminents par la pureté, ou encore par la piété : AU
PRESSOIR, c’est-à-dire par l’affliction, LA VIERGE, au sens littéral ; ou
le peuple lui-même, qui jusqu’alors avait été quasiment vierge, et qui fut aussi
emmené en captivité. Jr 25, [30] : Il chantera un chant rythmé comme
celui des fouleurs, contre tous les habitants de la terre.
Ici selon la Glose il faut
écrire en tête la lettre, mais il est mieux de l’écrire en tête de ce qui suit,
car [le verset] comporte trois [vers].
38. [85259] Sur les Lamentations, 1, 16
[Verset 16,
Aïn :
C’est
pourquoi je pleure et mon œil laisse couler les eaux,
Car il est
loin de moi, le consolateur qui me rendrait la vie,
Mes fils
sont perdus car l’ennemi est trop fort.]
Ici il déplore la
suppression de la consolation, et premièrement il met la plainte douloureuse,
JE PLEURE. Jr 8, [23] : Qui donnera de l’eau à ma tête ?;
deuxièmement le sujet de la douleur : CAR IL EST LOIN DE MOI, LE
CONSOLATEUR égyptien, QUI, [me sortant] du malheur que je subis, ME RENDRAIT la
prospérité d’avant. Ps 87, [9] : Tu as éloigné de moi mes
relations ; troisièmement il met l’effet de ce [sujet de
douleur] : MES FILS SONT PERDUS. Car la conséquence du manque de secours
est la puissance de l’adversaire et la captivité du peuple. Jr 50, [6] : Le
troupeau qui a été perdu, c’est mon peuple.
39. [85260] Sur les Lamentations, 1, 17
Ici il déplore la seconde
captivité qui eut lieu sous Sédécias, quand la totalité du peuple fut emmenée
en captivité, et à cet égard il fait trois choses : premièrement il
déplore le siège, deuxièmement la captivité, là : Juste est le Seigneur
etc. [verset 18], troisièmement la faim qui consume, là : J’ai appelé
mes amis [verset 19].
40. [Verset 17, Pé :
Sion étend
les mains, il n’y a personne pour la consoler,
Le Seigneur
a mandé contre Jacob ses ennemis de toute part,
Jérusalem
est devenue comme impure par ses menstruations au milieu d’eux.]
Pour le premier point il
fait trois choses.
Premièrement il met la
défection des amis qui auraient dû venir à son secours et empêcher le
siège : SION ÉTEND LES MAINS, comme pour appeler les Egyptiens au secours
(plus loin, dernier chapitre : Nous tendons la main à l’Egypte et à
l’Assyrie), ou Dieu. Is 1, [15] : Quand vous étendrez les mains, je
détournerai les yeux.
Deuxièmement il met
l’arrivée des ennemis : IL A MANDÉ, en les répartissant avec justice, DE
TOUTE PART, pour assiéger, SES ENNEMIS, les Chaldéens. Is 10, [6] :
Contre le peuple objet de ma fureur je le manderai pour lui enlever le butin.
Troisièmement l'abjection
des assiégés : JÉRUSALEM EST DEVENUE COMME IMPURE, nul ne va à elle pour
la défendre. Jr 2, [24] : Ceux qui la cherchent ne manqueront pas.
41. [85261] Sur les Lamentations, 1, 18
[Verset 18,
Sadé :
Juste est le
Seigneur car j’ai provoqué sa bouche à la colère,
Ecoutez, je
vous en conjure, tous les peuples, et voyez ma douleur,
Mes jeunes
filles et mes jeunes gens sont partis en captivité.]
Ici il déplore la
captivité, et à cet égard il fait trois choses.
Premièrement il confesse la
justice du juge : JUSTE EST LE SEIGNEUR. Dn 9, [14] : Juste est le
Seigneur notre Dieu dans toutes ses œuvres qu’il fait.
Deuxièmement il cherche à
capter l’attention bienveillante des auditeurs, les provoquant à la
compassion : ÉCOUTEZ, JE VOUS EN CONJURE. Jr 4, [ ?] :
Écoutez, cités de Sion !
Troisièmement il déplore le
malheur de la captivité : MES JEUNES FILLES ET MES JEUNES GENS, qui ont
pu, grâce à la robustesse de leur âge, échapper à la mort de faim, SONT PARTIS
EN CAPTIVITÉ. Jr 51, [34] : Il a rempli son ventre de mes bons morceaux,
et m’a chassée.
42. [85262] Sur les Lamentations, 1, 18
[Verset 19,
Qoph :
J’ai appelé
mes amis et ils m’ont déçue,
Mes prêtres
et mes vieillards ont expiré dans la ville,
Car ils se
sont cherché à manger pour réconforter leur âme.]
Ici il déplore le
dépérissement de ceux qui sont morts de faim pendant le siège, et premièrement
il met la déception causée par les amis, MES AMIS égyptiens, car ils n’ont pas
porté secours comme j’espérais. Is 30, [7] : L’Egypte dont l’aide sera
vanité et néant, c’est pourquoi j’ai crié sur cela ; deuxièmement il met le
dépérissement qui en est la conséquence : LES PRÊTRES, pour qui cela
paraît le plus immérité, ONT EXPIRÉ de faim. Is 5, [13] : Les nobles
sont morts de faim ; troisièmement il donne la raison de ce dépérissement :
CAR ILS ONT CHERCHÉ, pour se réconforter, pas pour se rassasier, et ils n’ont
pas trouvé. Ou bien, il donne comme raison à cela leur faute, car ils ont
cherché pour eux-mêmes, pas pour le peuple. Ez 34, [2] : Malheur aux
pasteurs d’Israël, qui se mènent paître eux-mêmes.
43. [85263] Sur les Lamentations, 1, 20
Ici il commence à se
plaindre au juge lui-même, et à cet égard il fait trois choses : premièrement
il expose son propre malheur, deuxièmement il dénonce la faute des ennemis,
là : Ils ont entendu que je gémis [verset 21] ; troisièmement il
réclame vengeance, là : Que toute leur méchanceté vienne devant toi
[verset 22].
44. [Verset 20, Resh :
Vois,
Seigneur, quelle est ma détresse, mon ventre est bouleversé,
Mon cœur se
retourne en moi car je suis pleine d’amertume,
Dehors
l’épée tue, et à la maison c’est comme la mort.]
Pour le premier point il
fait trois choses.
Premièrement il suscite
l’attention : VOIS, SEIGNEUR…Ps 30, [10] : Aie pitié de moi, Seigneur,
car je suis dans la détresse.
Deuxièmement il expose sa
douleur sous la métaphore d’une douleur interne et d’un cœur serré (BOULEVERSÉ)
qu’il explique : CAR JE SUIS PLEINE D’AMERTUME. Jr 4, [19] : J’ai
mal au ventre. Rt 1, [20] : Le Tout-Puissant m’a remplie d’une
grande amertume.
Troisièmement il donne la
raison de la douleur : DEHORS L’ÉPÉE TUE. Dt 32, [25] : Au dehors
ils seront dévastés par l’épée, au dedans par l’épouvante.
45. [85264] Sur les Lamentations, 1, 21
[Verset 21,
Shin :
Ils ont
entendu que je gémis et il n’y a personne pour me consoler,
Tous mes
ennemis ont entendu mon malheur, ils se sont réjouis de ce que tu as fait,
Tu as amené
le jour de consolation et ils deviendront comme moi.]
Ici il dénonce la faute des
autres, et à cet égard il fait trois choses.
Premièrement il dénonce la
non-assistance : ILS (les Égyptiens et d’autres en qui j’avais confiance)
ONT ENTENDU. Jr 31, [15] : Une voix s’est fait entendre d’en haut, des
pleurs et une plainte de lamentations.
Deuxièmement il dénonce la
joie des ennemis : TOUS MES ENNEMIS ONT ENTENDU MON MALHEUR, ILS SE SONT
RÉJOUIS. Ps 12, [5] : Ceux qui m’écrasent se réjouiront si je suis
ébranlé.
Troisièmement : sûr, pour
ainsi dire, de la justice divine, il prédit leur perte : TU AS AMENÉ LE
JOUR (c’est-à-dire tu amèneras, puisqu’il en est sûr) DE CONSOLATION, [ET ILS DEVIENDRONT]
COMME MOI, douleurs et afflictions. Is 65, [13] : Voici, mes esclaves
mangeront, et vous, vous aurez faim.
46. [85265] Sur les Lamentations, 1, 22
[Verset 22,
Tav :
Que toute
leur méchanceté vienne devant toi, et vendange-les
Comme tu
m’as vendangée à cause de toutes mes iniquités,
Car nombreux
sont mes gémissements et mon cœur est accablé de chagrin.]
Ici il réclame vengeance,
et premièrement il ramène à la mémoire la faute : QUE TOUTE LEUR
MÉCHANCETÉ VIENNE, leur péché. Ps 108, [14] : Que la faute de ses pères
revienne à la mémoire du Seigneur, et que le péché de sa mère ne soit pas
détruit ; deuxièmement il réclame un châtiment, VENDANGE-LES. Plus
haut : Le Seigneur m’a vendangée comme il a dit au jour de sa fureur
[verset 12] ; troisièmement il donne la cause : CAR NOMBREUX SONT MES
GÉMISSEMENTS, à cause des malheurs que je souffre de leur part. Jr 8,
[ ?] : Ma douleur au-dessus des douleurs.
47. [85266] Sur les Lamentations, 2, 1
Ici il déplore la
destruction de la cité, du peuple, et de toute la région. Et [cette partie] est
divisée en deux. Dans la première il déplore la destruction, dans la seconde il
exclut le désespoir du peuple (chapitre 3) : Moi, homme voyant ma
pauvreté [verset 1].
Le premier point [se
divise] en deux : premièrement il pleure sur le malheur de la destruction,
deuxièmement il entreprend d’obtenir la miséricorde divine, là : Leur
cœur a crié vers le Seigneur [verset 18].
48. [Verset 1, Aleph :
Comment !
Le Seigneur en sa fureur a enténébré la fille de Sion,
Il a
précipité du ciel la terre illustre d’Israël,
Et ne s’est
pas souvenu de son marchepied, au jour de sa fureur.]
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il déplore la destruction en général,
deuxièmement [il la déplore] en particulier, là : LE SEIGNEUR A PRÉCIPITÉ.
Pour le premier point, il
s’étonne de la destruction à cause de la multiple gloire qui avait précédé, et
premièrement en ce qui concerne la prérogative de connaissance divine, dont
parle Ps 147, [20] : Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; et
en sens contraire il dit : COMMENT ! IL A ENTÉNÉBRÉ d’ignorance ou de tristesse.
Is 59, [10] : Nous avons trébuché à midi comme dans les ténèbres, dans
le noir comme des morts ; deuxièmement en ce qui concerne la puissance
de la dignité royale, contre quoi Esd 4, [20 dit] : Il y a eu à
Jérusalem des rois très puissants qui dominèrent toute la région au-delà du
fleuve. Contre cela il dit : IL A PRÉCIPITÉ DU CIEL, c’est-à-dire du
sommet de la dignité et du pouvoir ; ou de la fréquentation céleste. Ap 6,
[13] : Les étoiles du ciel tombèrent du ciel ; troisièmement
en ce qui concerne le culte de la divine religion. Ps 143, [15] :
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu.
Contre cela il dit :
IL NE S’EST PAS SOUVENU, en bien, DE SON MARCHEPIED, du Temple où il était
adoré, comme un roi avec l’escabeau de ses pieds. Ez 43, [7] : Le lieu
de mon trône, et le lieu de la trace de mes pieds, où j’habite au milieu des
fils d’Israël pour l’éternité.
49. [85267] Sur les Lamentations, 2, 2
Ici il décrit en
particulier ce qui est arrivé à l’égard de la destruction, et premièrement il
pleure sur les circonstances accessoires de la destruction, deuxièmement sur ce
qui a suivi la destruction, là : A qui te comparerai-je ?[verset
13]
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il pleure sur la destruction des édifices
ordinaires, deuxièmement [sur celle des édifices] éminents, là : Il a
forcé comme un jardin etc. [verset 6].
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il pleure sur la destruction des édifices
qui concernent la force du roi, deuxièmement de ceux qui concernent l’usage du
peuple, là : Il a bandé son arc etc. [verset 4].
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il pleure sur la destruction, deuxièmement
sur l’impuissance des résistants, là : Il a brisé dans la colère de sa
fureur [verset 3].
50. [Verset 2, Beth :
Le Seigneur
a renversé, sans les épargner, toutes les splendeurs de Jacob,
Il a détruit
dans sa fureur les remparts de la vierge de Juda,
Il a jeté à
terre, il a profané le royaume et ses princes.]
Pour le premier point, il
fait trois choses.
Premièrement il déplore la
destruction de ce qui est pour l’embellissement : TOUTES LES SPLENDEURS.
Jl 1, [19] : Le feu a dévoré les beaux endroits du désert.
Deuxièmement [il déplore la
destruction] de ce qui touche à la force : IL A DÉTRUIT LES REMPARTS. Is
25, [12] : Les remparts de tes hauts murs s’écrouleront et seront
abaissés et ramenés jusqu’à terre dans la poussière. Jr 33,
[4] : Le Seigneur dit cela pour les maisons de cette ville et pour les
maisons du roi de Juda qui ont été détruites.
Troisièmement il conclut
sur la flétrissure du royaume : IL A PROFANÉ LE ROYAUME. Ez 28,
[7-8] : Ils ont profané ta splendeur. Ils te détruiront,
t’abaisseront, et tu mourras de mort violente au cœur de la mer.
51. [85268] Sur les Lamentations, 2, 3
[Verset 3,
Gimel :
Il a brisé
dans la colère de sa fureur toute la corne d’Israël,
Il a retiré
en arrière sa droite devant la face de l’ennemi,
Et il a
allumé dans Jacob comme un feu de flamme qui dévore tout autour.]
Ici il montre
l’impossibilité de résister, et premièrement il exclut la force humaine, LA
CORNE, c’est-à-dire la puissance. Ps 74, [11] : Je briserai toutes les
cornes des pécheurs ; deuxièmement IL A RETIRÉ le secours divin, sous-entendu
de la défense par laquelle auparavant il les défendait. Ps 73, [11] : Pourquoi
détournes-tu ta main, ta droite ?; troisièmement il conclut sur
l’incendie de la terre : ET IL A ALLUMÉ. Is 42, [25] : [La colère
de Dieu] l’a brûlé, et il n’a pas compris.
52. [85269] Sur les Lamentations, 2, 4
Ici il pleure sur la
destruction de ce qui touche à l’usage du peuple, et premièrement de ce qui
touche à la décoration, deuxièmement de ce qui touche à la défense, là : Le
Seigneur est devenu comme un ennemi [verset 5].
53. [Verset 4, Dalet :
Il a bandé
son arc comme un ennemi, il a fortifié sa droite comme un adversaire,
Il a tué
tout ce qui était beau à voir,
Sur la tente
de la fille de Sion il a déversé son indignation comme un feu.]
Pour le premier point il
fait trois choses.
Premièrement il montre
l’indignation de Dieu : IL A BANDÉ SON ARC, c’est-à-dire son jugement, ou
l’armée chaldéenne, pour frapper en quelque sorte de loin, IL A FORTIFIÉ, rendu
percutante SA DROITE, pour frapper de près. Ps 7, [13] : Si vous ne
vous convertissez pas, il brandira son épée, il a bandé son arc et l’a préparé.
Deuxièmement il met
l’application du châtiment : IL A TUÉ (il a détruit) TOUT CE QUI ÉTAIT
BEAU, hommes, édifices et autres choses de ce genre. Nb 24, [5] : Que
tes tentes sont belles, Jacob !
Troisièmement il montre la
grandeur du châtiment, et en ce qui concerne son abondance
incommensurable : IL A DÉVERSÉ, et en ce qui concerne sa violence :
COMME UN FEU ; ou c’est pour indiquer quelle sorte [de châtiment], car la
cité fut brûlée. Dt 32, [22] : Un feu a jailli de ma fureur, et brûlera
jusqu’au fond de l’enfer. Ps 68, [25] : Répands sur eux ta colère.
54. [85270] Sur les Lamentations, 2, 5
[Verset 5,
Hé :
Le Seigneur
a été comme un ennemi, il a détruit Israël,
Il a détruit
tous ses murs, il a abattu ses remparts,
Et il a
rempli la fille de Juda d’humiliation et d’humiliation.]
Ici il pleure sur la
destruction des édifices touchant à la défense, et à cet égard il fait trois choses.
Premièrement il met
l’indignation de Dieu : COMME UN ENNEMI, comme si Dieu aidait leurs
ennemis dans le combat. Is 63, [10] : Il s’est changé pour eux en
ennemi et les a lui-même combattus.
Deuxièmement la destruction
des édifices : IL A ABATTU SES REMPARTS. Ps 88, [41] : Tu as
détruit toutes ses clôtures.
Troisièmement il conclut
sur l’humiliation du peuple : ET IL A REMPLI, c’est-à-dire multiplié. Ps
43, [26] : Notre âme est effondrée dans la poussière, notre ventre est
collé à la terre.
55. [85271] Sur les Lamentations, 2, 6
Ici il pleure sur la
destruction des édifices principaux, et premièrement du Temple, deuxièmement du
palais royal, là : Le Seigneur a médité d’abattre le rempart de la
fille de Sion [verset 8].
La première [partie se
divise] en deux : premièrement il met la destruction du Temple lui-même,
deuxièmement [celle] des objets qui étaient dans le Temple, là : Le Seigneur
a pris en dégoût[13]
son autel [verset 7].
56. [Verset 6, Vav :
Il a détruit
comme un jardin sa tente, il a démoli sa tente,
Le Seigneur
dans Sion a livré à l’oubli fêtes et sabbats,
Au
déshonneur le roi et le prêtre dans l’indignation de sa fureur.]
Pour le premier point il
fait trois choses.
Premièrement il met la
destruction du Temple : LA TENTE qui avait été faite dans le désert et
installée à Silo, LA TENTE que Salomon avait édifiée COMME UN JARDIN facile à détruire.
Ps 77, [60] : Il a délaissé la demeure de Silo, sa tente où il a habité
parmi les hommes. Jr 26, [6] : Je traiterai cette maison comme Silo,
et je ferai de cette ville une malédiction.
Deuxièmement la cessation
des fêtes du Temple : LE SEIGNEUR DANS SION A LIVRÉ À L’OUBLI FÊTES ET
SABBATS, autrement dit, ils ne [lui] plaisent pas comme avant. Is 1, [14] Vos
calendes et vos solennités, mon âme les hait.
Troisièmement la
réprobation des ministres : ET (sous-entendu : il a livré) AU DÉSHONNEUR
LE ROI, à qui il revenait de défendre le Temple, ET LE PRÊTRE à qui revenait
son administration. Jb 12, [19] : Il conduit leurs prêtres sans gloire,
et donne un croc-en-jambe aux aristocrates.
57. [85272] Sur les Lamentations, 2, 7
[Verset 7,
Zaïn :
Le Seigneur
a pris en dégoût son autel, il a maudit son sanctuaire,
Il a livré à
la main de l’ennemi les murs de ses tours,
Ils ont crié
dans la maison du Seigneur comme en un jour de fête.]
Ici il met la destruction
des édifices qui étaient dans le Temple, et premièrement de l’autel destiné au
culte : L’AUTEL des holocaustes, IL L’A PRIS EN DÉGOÛT, le livrant aux
ennemis pour le profaner, [IL A MAUDIT SON] SANCTUAIRE, les sacrifices
d’apaisement qui y étaient offerts. 1M 4, [38] : Ils virent le
sanctuaire désert, l’autel profané.
[Deuxièmement] IL A LIVRÉ À
LA MAIN… 1M 2, [7] : Le sanctuaire est tombé dans la main des étrangers.
Troisièmement [il met]
l’incendie du Temple par les hommes : ILS ONT CRIÉ des blasphèmes, ou des
cris de guerre, COMME EN UN JOUR DE FÊTE les prêtres avaient l’habitude de
louer Dieu. Is 66, [6] : Voix du peuple venant de la cité, voix venant
du Temple, la voix du Seigneur, rendant leur dû à ses ennemis.
58. [85273] Sur les Lamentations, 2, 8
[Verset 8,
Het :
Le Seigneur
a médité d’abattre le rempart de la fille de Sion,
Il a tendu
son cordeau et n’a pas détourné sa main de la destruction,
Et il a
endeuillé l’avant-mur, et le mur pareillement a été détruit.]
Ici il met la destruction
de la forteresse de Sion, et premièrement il met la délibération divine :
IL A MÉDITÉ, autrement dit : en méditant il a décidé, sans l’accomplir
aussitôt, [D’ABATTRE LE REMPART] DE LA FILLE DE SION, de sa forteresse, ou
Jérusalem elle-même. Is 14, [26]: Telle est la décision prise contre toute
la terre etc.; deuxièmement [il met] le juste jugement : IL A TENDU
SON CORDEAU, comme pour mesurer sa justice, afin que la peine soit égale à la
faute, IL N’A PAS DÉTOURNÉ [SA MAIN], car il n’a rien abandonné de la juste
peine. Is 34, [11] : Sur elle sera étendue la mesure, pour qu’elle soit
réduite à rien ; troisièmement il montre l’effet de la justice : ET IL
A ENDEUILLÉ L’AVANT-MUR, c’est-à-dire incité les ruines au deuil, comme
ci-dessus au chapitre 1 [verset 4] : Les chemins de Sion sont en deuil.
Is 21 / La terre a pleuré et s’est écoulée, elle s’est affaiblie ;
le monde s’est écoulé.
59. [85274] Sur les Lamentations, 2, 9
Ici il déplore la
destruction des humains, et premièrement de ceux dont le malheur est extrêmement
malheureux à cause de la hauteur de leur dignité, deuxièmement de ceux dont [le
malheur] est malheureux à cause de leur condition respectable, là : Les
vieillards se sont assis par terre, ils se sont tus [verset 10],
troisièmement de ceux dont [le malheur] est malheureux à cause de leur bas âge,
là : Mes yeux sont consumés de larmes [verset 11].
60. [Verset 9, Teth :
Ses portes
ont été enfouies sous terre, il a détruit et brisé les barres,
Son roi et
ses princes chez les païens, il n’y a plus de loi,
Et ses
prophètes n’ont pas reçu de vision du Seigneur.]
Pour le premier point, deux
choses.
Premièrement, pour les
princes du monde, il met en tête une parabole ou métaphore : ENFOUIES SOUS
TERRE, c’est-à-dire qu’ils ont été enveloppés dans les tribulations de façon à
ne pas pouvoir facilement s’en dégager. Ps 68, [3] : J’enfonce dans la
bourbe du gouffre, et rien qui tienne. LA PORTE [représente] les rois,
à qui appartenait le pouvoir judiciaire, qui s’exerçait aux portes. IL A
DÉTRUIT (par la capture) ET BRISÉ (en réduisant à la captivité) LES BARRES (les
princes, par qui le royaume était consolidé comme les portes par les barres).
Et il explique : SON ROI ET SES PRINCES CHEZ LES PAÏENS, parmi les païens.
Ps 106, [16] : Il a brisé les portes d’airain, et broyé les barres de
fer. Is 3, [26] : Ses portes pleureront et seront en deuil, et
seront désertées.
Deuxièmement, pour les
princes spirituels, à savoir les prêtres - IL N’Y A PLUS DE LOI que les
prêtres aient fonction d’enseigner. Ml 2, [7] : Les lèvres du prêtre
gardent la science et c’est de sa bouche qu’on attend la Loi - et les
prophètes : ET SES PROPHÈTES N’ONT PAS REÇU DE VISION DU SEIGNEUR. Ps
75 / Il n’y a plus de prophète, et il ne nous reconnaîtra pas davantage.
61. [85275] Sur les Lamentations, 2, 10
[Verset 10,
Yod :
Ils se sont
assis par terre, ils se sont tus, les vieillards de la fille de Sion,
Elles ont
mis de la poussière sur leur tête, elles[14] ont revêtu des sacs,
Elles ont
penché la tête vers la terre, les vierges de Jérusalem.]
Ici il pleure sur la
destruction de ceux qui sont malheureux à cause de leur condition respectable :
premièrement les vieillards : ILS SE SONT ASSIS PAR TERRE, ILS SE SONT
TUS, signes de grande tristesse. Jb 2, [13] : Ils s’assirent avec lui
par terre pendant six jours, et personne ne lui disait un mot, car ils voyaient
que sa douleur était violente ; deuxièmement les vierges : LES FILLES
DE SION, qui étaient dans la citadelle, ou à côté du Temple les filles des
prêtres, ONT MIS DE LA POUSSIÈRE SUR LEUR TÊTE en signe de tristesse.
LES VIERGES DE JÉRUSALEM,
pour celles qui habitaient dans la cité, ONT REVÊTU DES SACS, ELLES ONT PENCHÉ
VERS LA TERRE, de honte et de peur, LES VIERGES DE JUDA, pour celles qui
habitaient un peu partout dans le royaume. Is 3, [24] : Au lieu de
parfum, la pourriture, au lieu de ceinture une corde, au lieu de cheveux
bouclés, la tête rase.
62. [85276] Sur les Lamentations, 2, 11
Ici il pleure sur ceux qui
sont malheureux à cause de leur jeune âge, et premièrement il présente leur
mort, deuxièmement le déroulement de leur mort, là : Ils ont dit à
leurs mères [verset 12].
63. [Verset 11, Kaph :
Mes yeux
sont consumés de larmes, mes entrailles sont bouleversées,
Mon foie
s’est répandu par terre, pour le brisement de la fille de mon peuple,
Tandis que
défaillaient le petit enfant et le nourrisson sur les places de la forteresse.]
Pour le premier point il
fait deux choses.
Premièrement il montre sa
compassion en versant des larmes. CONSUMÉS, comme s’ils ne pouvaient plus
pleurer davantage. Jr 9, [23] : Qui donnera de l’eau à ma tête, et à
mes yeux une source de larmes ? A cause de l’émotion de ses
entrailles, ELLES SONT BOULEVERSÉES, comme s'il disait : "Je souffre tant,
c’est comme une douleur d’entrailles bouleversées, ou une douleur qui va jusqu’au
fond du cœur". Jr 31, [20] : Mes entrailles s’émeuvent pour lui.
Quant au foie qui se
répand : MON FOIE S’EST RÉPANDU PAR TERRE, c’est-à-dire, "je souffre
comme s’il s’était répandu, ou bien parce que mon amour, dont le siège est dans
le foie, a été jeté par terre, car ceux que j’aime gisent par terre". Os
13, [8] : Je déchirerai l’intérieur de leur foie, et je les dévorerai.
Deuxièmement sa compassion
miséricordieuse : POUR LE BRISEMENT de la place forte, c’est-à-dire de
Jérusalem - car elle a été avilie - ou d’une autre quelconque. Jr 51,
[22] : En toi je frapperai vieillard et enfant, jeune homme et jeune
fille.
64. [85277] Sur les Lamentations, 2, 12
[Verset 12,
Lamed :
Ils ont dit
à leurs mères : 'Où y a-t-il du blé et du vin ?',
Tandis
qu’ils défaillaient comme des blessés sur les places de la cité,
Et qu’ils
versaient leur âme sur le sein de leur mère.]
Ici il expose le
déroulement de leur mort, pour exciter davantage la pitié, et premièrement la
réclamation qu’ils font à leurs mères : OÙ Y A-T-IL DU BLÉ ET DU
VIN ? Sous-entendu : 'il n’y en a pas, donnez-nous à manger'. Voir
plus loin, chapitre 4 : Les tout-petits ont demandé du pain, et il n’y
avait personne pour leur en rompre [Lm 4, 4] ; deuxièmement la nécessité de
demander : TANDIS QU’ILS DÉFAILLAIENT, qu’ils mouraient de faim, SUR LES
PLACES, autrement dit à la vue de tous, et personne ne pouvant y remédier. Jr
21, [9] : Qui habitera dans cette ville mourra par l’épée, la peste et
la famine ; troisièmement la mort très amère : ILS VERSAIENT LEUR ÂME
SUR LE SEIN DE LEUR MÈRE. 2R 4, [20] : Elle le posa sur ses genoux
jusqu’à midi, et il mourut.
65. [85278] Sur les Lamentations, 2, 13
Ici est abordé ce qui a
suivi la destruction, ce qui habituellement arrive après l’achèvement de
l’affaire, et premièrement il exclut que la plaie puisse être guérie, deuxièmement
il aborde l’étonnement des spectateurs, là : Ils ont battu des mains à
cause de toi, tous les passants sur le chemin [verset 15], troisièmement la
recommandation du juge qui a porté une telle vengeance, là : Le
Seigneur a fait ce qu’il a décidé [verset 17].
Pour le premier point il
fait deux choses : premièrement il montre la plaie incurable, deuxièmement
il donne la cause, là : Tes prophètes ont eu pour toi des visions
fausses [verset 14].
66. [Verset 13, Mem :
A qui te
comparerai-je, ou à quoi te dirai-je semblable, fille de Jérusalem ?
A qui
t’égalerai-je, et te consolerai-je, vierge, fille de Sion ?
Car il est
grand comme la mer, ton brisement. Qui te guérira ?]
A l’égard du premier point
il fait deux choses.
Premièrement il montre que
[cette plaie] ne peut être adoucie par des consolations tirées de la
comparaison avec les autres, ce qui habituellement est pour les affligés une
sorte de consolation. À QUI [TE] COMPARERAI-JE ? La similitude est plus
que la comparaison, car toutes les choses qui se tiennent à distance d’une même
essence sont comparables, pourvu qu’elles ne soient pas distantes à l’infini ni
cependant semblables, si elles participent d’une même qualité, ni qu’elles
aient toutes choses égales mais seulement ces choses dont une ne diverge pas de
l’autre dans la participation à cette qualité. Or ses plaies divergent de
celles des autres en ceci qu’elle a perdu la gloire temporelle et spirituelle,
que les autres nations n’ont pas eue.
[TE] CONSOLERAI-JE,
autrement dit : les autres n’ont rien souffert de pire ou de semblable à
toi. [Voir] plus haut [chapitre] 1 : Tu as amené le jour de
consolation, et ils deviendront comme moi [Lm 1, 21].
Deuxièmement il montre que
[cette plaie] ne peut être guérie par des médicaments, à cause de sa grandeur :
GRAND COMME LA MER, qui est très large et agitée. Jr 30, [15] : Incurable,
ta plaie !
67. [85279] Sur les Lamentations, 2, 14
[Verset 14,
Nun :
Tes
prophètes ont eu pour toi des visions fausses et stupides,
Et ils ne
révélaient pas ton iniquité pour t’inciter à la pénitence,
Ils ont vu
pour toi des assomptions fausses et des expulsions.]
Ici il donne la cause de
l’incurabilité, car les médecins à son époque (à savoir les prophètes) ont
négligé de la soigner, et premièrement il montre la fausseté des prophètes
- quant aux choses fausses
qu’ils prédisaient : ILS ONT EU DES VISIONS (ils disaient qu’ils avaient
des visions) FAUSSES ET STUPIDES, car il était stupide de croire que Dieu ne
punirait pas les pécheurs. Ez 22, [28] : Ses prophètes les tartinaient
[de mensonges] sans mesure. 2P 2, [1] : Il y a eu de faux
prophètes, comme aussi parmi vous il y aura de faux docteurs.
- et quant à ce qu’ils
taisaient : ET ILS NE RÉVÉLAIENT PAS TON INIQUITÉ. Is 58, [1] : Crie,
ne cesse pas, comme le cor élève ta voix, annonce à mon peuple leurs crimes.
68. Deuxièmement il explique de quelle sorte étaient
leurs fausses visions : ILS ONT VU POUR TOI DES ASSOMPTIONS, à savoir des
fardeaux écrasants, de même qu’un fardeau porté en haut comprime plus. Mi 3,
[5] : Voici ce que dit le Seigneur sur les prophètes qui égarent mon peuple.
DES EXPULSIONS : des libérations. Jr 28, [11] : Je briserai le
joug de Nabuchodonosor roi de Babylone après deux années de jours. Ou bien
DES ASSOMPTIONS parce que Dieu vous prendra avec lui, DES EXPULSIONS parce que
leurs adversaires seront expulsés.
69. [85280] Sur les Lamentations, 2, 15
Ici il met l’étonnement des
spectateurs, et premièrement [celui] des amis, deuxièmement [celui] des
ennemis, là : Ils ont tous ouvert contre toi leur bouche [verset
16].
70. [Verset 15, Samek :
Ils ont
battu des mains pour toi, tous les passants du chemin,
Ils ont
sifflé et hoché la tête sur la fille de Jérusalem,
Disant :
‘Est-ce elle, la ville de parfaite beauté, la joie de toute la terre ?’]
Pour le premier point il
met l’étonnement compatissant des amis, exprimé par quatre signes :
l’applaudissement, ILS ONT BATTU DES MAINS, TOUS LES PASSANTS DU CHEMIN de ta
terre, qui voyaient la dévastation de la terre ; le sifflement, ILS ONT SIFFLÉ
; le hochement de tête, ET HOCHÉ LA TÊTE ; la parole, EST-CE ELLE, LA VILLE DE
PARFAITE BEAUTÉ (spirituelle et temporelle, car c’était une cité royale et
sacerdotale), LA JOIE DE TOUTE LA TERRE ? Car ils venaient de partout pour
les fêtes. Ps 47, [3] : Fondé sur l’exultation de toute la terre, le
mont Sion, côté du Nord, cité du grand roi. Is 22, [2] : Ville
fréquentée, cité joyeuse. Jr 22, [8] : Des nations nombreuses passeront
par cette ville, et chacun dira à son voisin : 'Pourquoi le Seigneur
a-t-il traité ainsi une si grande ville ?'
71. [85281] Sur les Lamentations, 2, 16
[Verset 16,
Pé :
Ils ont
ouvert contre toi leur bouche, tous tes ennemis,
Ils ont
sifflé, grincé des dents, disant : ‘Nous l’avons dévorée,
Voici le
jour que nous attendions. Nous l’avons atteint, nous l’avons vu’.]
Ici il met les insultes des
ennemis : TES ENNEMIS, les Iduméens, Moabites et autres, ONT OUVERT [LEUR
BOUCHE] avec des accusations, ILS ONT SIFFLÉ avec mépris, GRINCÉ DES DENTS menaçantes :
NOUS LA DÉVORERONS d’insultes. Ps 21, [14] : Contre moi ils ont ouvert
la bouche, comme un lion vorace et rugissant. Jr 51, [34] : Il m’a
dévorée, consommée, Nabuchodonosor roi de Babylone. Ps 34, [21] : [La
bouche large ouverte contre moi], ils ont dit : Bravo, bravo à notre
âme ! Nos yeux ont vu !
72. [85282] Sur les Lamentations, 2, 17
[Verset 17,
Aïn :
Le Seigneur
a fait ce qu’il a décidé, il a accompli sa parole
Qu’il avait
décrétée depuis les jours anciens, il a détruit, il n’a pas épargné,
Il a réjoui
l’ennemi à tes dépens et il a élevé la corne de tes ennemis.]
Ici il met la délibération
du juge, et premièrement est abordée sa constance dans le propos : LE
SEIGNEUR A FAIT CE QU’IL A DÉCIDÉ. Is 14, [24] : Comme j’ai projeté,
cela se fera. Deuxièmement il est montré véridique en parole : IL A
ACCOMPLI, car IL AVAIT DÉCRÉTÉ la destruction du peuple DEPUIS LES JOURS
ANCIENS (Dt 28). Ou aussi par les prophètes précédents. Nb 23, [19] : Il
a dit et ne fera pas ? Il a parlé et n’accomplira pas ?
Troisièmement il est montré juste en acte : IL A DÉTRUIT la Judée, IL N’A
PAS ÉPARGNÉ, ce qui aurait été renoncer à la rigueur de sa justice. LA CORNE,
la puissance. Ps 88, [43] : Tu as élevé la droite de ses agresseurs.
73. [85283] Sur les Lamentations, 2, 18
Ici il se tourne vers la
prière pour implorer la pitié du juge, et premièrement il invite à prier,
deuxièmement il présente la prière, là : Vois, Seigneur, et considère
[verset 20].
Pour le premier point, deux
choses : premièrement il enseigne à préparer par les larmes la place pour
la prière, deuxièmement il enseigne la manière de prier, là : Lève-toi,
loue [verset 19].
74. [Verset 18, Sadé :
Leur cœur a
crié vers le Seigneur par-dessus les murs de la fille de Sion,
Laisse
couler tes larmes comme un torrent jour et nuit,
Ne te donne
pas de repos, et que la pupille de ton œil ne se taise pas.]
Pour le premier point il
fait trois choses.
Premièrement il aborde la
raison des pleurs : LEUR CŒUR, celui des ennemis, A CRIÉ en blasphémant
VERS LE SEIGNEUR, c’est-à-dire contre lui, PAR-DESSUS LES MURS, comme si la
destruction de la cité était une occasion de blasphème, comme si Dieu n’était
pas capable de la défendre. Ex 16, [8] : Ce n’est pas contre nous mais
contre le Seigneur que va votre murmure. Ou bien LEUR CŒUR, celui des
Juifs, de sorte qu’il enseigne à la douleur du cœur à sortir sous forme de
prière avec larmes. Ps 118, [145] : J’ai crié de tout cœur, exauce-moi,
Seigneur !
Deuxièmement il invite à
pleurer abondamment : LAISSE COULER TES LARMES COMME UN TORRENT. Jr 9,
[17] : Que nos yeux versent des larmes, que nos paupières laissent
ruisseler de l’eau.
Troisièmement il invite à
continuer le deuil JOUR ET NUIT, c’est-à-dire dans la prospérité et dans
l’adversité, ou bien littéralement : tout le temps, en acte, dans le vêtement…Jr
15 / Que mes yeux laissent couler des larmes jour et nuit.
75. [85284] Sur les Lamentations, 2, 19
[Verset 19,
Qoph :
Lève-toi,
loue dans la nuit au début des veilles,
Répands ton
cœur comme de l’eau devant le visage du Seigneur,
Lève vers
lui tes mains pour l’âme de tes petits enfants qui ont défailli de faim à la
tête de tous les carrefours.]
Ici il enseigne la façon de
prier, et à cet égard il fait deux choses.
Premièrement il enseigne la
façon de prier,
- d'abord quant au
moment : LÈVE-TOI du sommeil, LOUE Dieu par la prière, DANS LA NUIT, quand
on a plus de temps libre et à cause de la tranquillité du moment, AU DÉBUT DES
VEILLES.
Les veilles de la nuit se distinguaient
selon la garde de ceux qui gardaient la ville, comme il est dit en Ct 3,
[3] : Les vigiles m’ont rencontrée, ceux qui gardaient la ville. Il
y en avait quatre :
La première s’appelle
« la veille du silence », quand on couvre le feu.
La deuxième, vers minuit,
s’appelle intempestum, « le fond de la nuit inerte », car ce
temps n’est pas opportun pour faire quelque chose. En effet tempestum
pour les anciens signifie « opportun ».
La troisième :
« le chant du coq ».
La quatrième s’appelle
« avant-lumière ».
Donc il dit de se lever AU
DÉBUT DES VEILLES, c’est-à-dire à la première veille ; ou au début de
n’importe quelle veille. Is 26, [9] : Mon âme t’a désiré pendant la
nuit, et avec mon esprit dans mes entrailles le matin je veillerai vers toi.
76. - ensuite quant à la dévotion du cœur, RÉPANDS [TON
CŒUR] COMME DE L’EAU, autrement dit : qu’il devienne liquide d’amour et de
dévotion, comme de la glace [qui fond]. Ps 41, [5] : Je me souviens, et
j’ai déversé mon âme en moi.
- et quant au signe de
dévotion, LÈVE VERS LUI. 1Th 2, [8] : Je veux que les hommes prient en
tout lieu, levant des mains pures, sans colère ni discussions.
77. Deuxièmement, il aborde la matière de la prière, POUR
LES ÂMES, c’est-à-dire pour les âmes séparées des corps, ou bien ÂME est mis
pour « la vie » elle-même. DES CARREFOURS, c’est-à-dire de quatre
routes qui se rencontrent. Plus haut dans ce chapitre, [verset 12] : Tandis
que le petit enfant défaillait, et le nourrisson sur les places de la ville.
78. [85285] Sur les Lamentations, 2, 20
Ici il présente la prière,
et premièrement il incite à la pitié à cause de la cruauté du châtiment,
deuxièmement à cause de son universalité, là : Ils étaient couchés par
terre dehors, vieillard et enfant [verset 21], troisièmement à cause de
l’impossibilité d’y échapper, là : Tu as convoqué comme pour un jour de
fête [verset 22].
79. [Verset 20, Resh :
Vois,
Seigneur, et regarde : qui as-tu vendangé ainsi ?
Les femmes
mangeront-elles donc leur fruit, les tout-petits à la mesure de la paume ?
Le prêtre et
le prophète seront-ils tués dans le sanctuaire du Seigneur ?]
Pour le premier point il
aborde deux choses.
Premièrement
l’attention : QUI AS-TU VENDANGÉ [AINSI] ? Sous-entendu : personne
d’autre que moi. Ou bien : qui [est] comme moi ? Car [j’ai été]
choisi parmi mes pères. Plus haut chapitre 1 [verset 12] : Le Seigneur
m’a vendangée dans la colère de sa fureur.
Deuxièmement il présente la
cruauté du châtiment,
- contraire aux sentiments
naturels : LES FEMMES MANGERONT-ELLES DONC LEUR FRUIT ?
Sous-entendu : vas-tu supporter cela ? Nous lisons que cela fut
accompli au siège des Romains contre Joseph et Hégésippe (2R ch 5 et 7 ??)
et au siège de Samarie [2R 6]. Plus loin chapitre 4 [verset 10] : Les
mains des femmes compatissantes ont fait cuire leurs enfants ;
- et aussi contraire à la
morale de la religion : LE PRÊTRE ET LE PROPHÈTE SERONT-ILS TUÉS DANS LE
SANCTUAIRE DU SEIGNEUR ? Autrement dit : vas-tu supporter qu’ils
soient tués ? Ez 9, [6] : Commencez [l’extermination] à partir de
mon sanctuaire.
80. [85286] Sur les Lamentations, 2, 21
[Verset 21,
Shin :
Ils étaient
couchés par terre dehors, l’enfant et le vieillard,
Mes jeunes
filles et mes jeunes gens sont tombés sous l’épée,
Tu as tué,
au jour de ta fureur, tu as frappé, tu n’as pas eu pitié.]
Ici il aborde
l’universalité du châtiment, et à cet égard il fait trois choses.
Premièrement il aborde le
châtiment commun à tous : ILS ÉTAIENT COUCHÉS, morts ou abattus, DEHORS,
sur les places ou hors de la ville. Jr 51, [22] : En toi j’ai écrasé
vieillard et enfant, jeune homme et jeune fille.
Deuxièmement l’indignation
de celui qui punit, TU AS TUÉ, de ton autorité, quoique par les services des
Chaldéens. Is 63, [3] : Je les ai foulés dans ma fureur, je les ai
piétinés dans ma colère.
Troisièmement il exclut la
pitié : TU AS FRAPPÉ, TU N’AS PAS EU PITIÉ. Dt 32, [39] : C’est
moi qui tue et moi qui fais vivre, moi qui blesse et moi qui guéris. Jb 5,
[18-19] : Sa main frappe et guérira. En six épreuves il te délivrera,
et à la septième le mal ne te touchera pas.
81. [Verset 22, Tav :
Tu as
convoqué comme pour un jour de fête ceux qui me terrifiaient de tous côtés,
Et il n’y a
eu, au jour de la fureur du Seigneur, ni rescapé ni survivant.
Ceux que
j’avais élevés et nourris, mon ennemi les a exterminés.]
Ici il expose
l’impossibilité d’échapper, et à cet égard il fait trois choses.
Premièrement il présente le
siège : COMME POUR UN JOUR DE FÊTE, c’est-à-dire que de même que les Juifs
avaient l’habitude de venir aux solennités, de même à présent, inspirés par toi
[les ennemis] sont venus assiéger. Is 29, [3] : Je camperai en cercle
autour de toi, je ferai un remblai contre toi, j’installerai des fortifications
pour t’assiéger.
Deuxièmement
l’impossibilité d’échapper : NI RESCAPÉ. Is 41, [25] : Je les ai
suscités du Nord, et ils viendront de l’Orient.
Troisièmement la
destruction des encerclés : CEUX QUE J’AI ÉLEVÉS ET NOURRIS, MON ENNEMI
LES A EXTERMINÉS. Ba 4, [11] : Je les ai nourris avec joie.
82. [85287] Sur les Lamentations, 3, 1[-3]
Ici, après l’énumération de
nombreux châtiments, il exclut le désespoir du peuple. Et [le chapitre] se
divise en trois parties.
Dans la première, il
présente ce qui provoque le désespoir.
Dans la deuxième, des
arguments pour prendre confiance, là : Souviens-toi de ma pauvreté
[verset 19].
Dans la troisième, ayant
pris confiance, il se met à implorer pitié, là : Scrutons nos voies
[verset 40].
Pour le premier point, il
fait trois choses : premièrement il expose l’affliction, deuxièmement il
subit la honte, là : Mon âme est exclue [verset 17], troisièmement
il conclut sur le désespoir, là : J’ai dit : Je suis mort [verset
54]
Pour le premier point, deux
choses : premièrement il présente les coups qu’ils ont subis de la main
qui les frappait, deuxièmement la façon de les infliger, là : Un ours
aux aguets [verset 10].
Pour le premier point,
trois choses : premièrement il présente le fouet de la souffrance venue de
Dieu, deuxièmement l’effet de la flagellation, là : Il a fait vieillir
ma peau [verset 4], troisièmement il exclut la possibilité d’évasion,
là : Il m’a emmuré [verset 7].
83. Pour le premier point, trois choses :
[1. Aleph.
Moi, homme voyant ma pauvreté sous la verge de son indignation,]
- il présente l’indignation
de celui qui frappe : MOI, HOMME VOYANT MA PAUVRETÉ. Jérémie parle soit en
son propre nom, car lui aussi avait été frappé avec les autres, soit au nom du
peuple, dont il considérait le malheur comme le sien propre. Ap 3, [17] : Tu
ne sais pas que tu es aveugle et pauvre et malheureux et misérable.
Au sens allégorique, [cela
représente] le Christ et l’Église ; au sens moral, l’âme.
84. [2. Aleph. Il m’a menacé et conduit dans
les ténèbres, non dans la lumière.]
- il présente la suppression
de la consolation : IL M’A MENACÉ ET CONDUIT DANS LES TÉNÈBRES des
épreuves, NON DANS LA LUMIÈRE de la consolation, car après les coups de fouet
il n’a pas appliqué de consolation comme il fait d’habitude. Jb 3,
[ ?] : Dieu m’a entouré de ténèbres.
85. [3. Aleph. Contre moi seul il tourne et
retourne sa main tout le jour.]
- les conditions où ces
coups de fouet sont donnés : CONTRE MOI SEUL (il suit la coutume des
affligés, qui ne considèrent que leurs propres blessures) IL TOURNE ET RETOURNE,
frappant et refrappant. Is 8, [11] : Sa main m’a saisi et il m’a appris.
Et dans ce chapitre, la
même lettre est mise en tête de trois versets de suite, et la [lettre] suivante
en tête de trois autres, chacune à son tour…
86. [85288] Sur les Lamentations, 3, [4-6]
[4. Beth. Il
a fait vieillir ma peau et ma chair, il a brisé mes os.]
Ici il aborde l’effet des
coups divins, comme les bleus causés par les coups de baguette, et à ce propos
il fait trois choses.
Premièrement l’épuisement
des forces dans tout le peuple, car LA PEAU (elle représente le peuple, qui se
tient à la périphérie), LA CHAIR (elle représente les gens délicats et frêles),
LES OS (ils représentent les hommes forts du peuple, les guerriers), bref, tout
vieillit et dépérit. Ba 3, [10] : Pourquoi, Israël, es-tu au pays de
tes ennemis, vieillissant en terre étrangère ?
87. [5. Beth. Il a construit en rond autour
de moi, il m’a entouré de fiel et de peine.]
Deuxièmement l’assiègement
de gens déjà affaiblis : IL A CONSTRUIT EN ROND AUTOUR DE MOI une armée
d’assiégeants. DE FIEL, c’est-à-dire d’une armée qui m’a apporté peine et
amertume. Jb 7, [12] : Suis-je la mer ou un monstre marin, que tu m’as
enfermé en prison ?
88. [6. Beth. Il m’a mis dans les ténèbres
comme les morts éternels.]
Troisièmement la captivité
de ceux qui sont déjà pris : DANS LES TÉNÈBRES (en prison), COMME LES
MORTS, ceux qui ont été condamnés à mort. Ps 142, [3] : Il m’a mis dans
le noir comme ceux qui sont morts à jamais. Ils peuvent aussi se comprendre
comme Jérémie en personne qui dans une foule d’angoisses a été affaibli
physiquement et enfermé en prison.
89. [85289] Sur les Lamentations, 3, [7-9]
Ici il exclut la
possibilité d’évasion,
[7. Gimel.
Il a construit tout autour de moi et je ne peux sortir, il a alourdi mes chaînes.]
premièrement à cause du
siège ennemi : IL A CONSTRUIT TOUT AUTOUR une armée d’assiégeants, MES
CHAÎNES (même signification que le siège), comme [on fait] à ceux qui sont
jetés en prison, pour les empêcher de s’enfuir. Ps 87, [9] : Je suis
enfermé et je ne peux sortir. Jb 13, [27] : Tu as mis mes pieds
dans les fers, tu as observé tous mes sentiers.
90. [8. Gimel. Mais même quand je crie et
implore, il exclut ma prière.]
Deuxièmement à cause de
l’exclusion de la prière : MAIS MÊME QUAND JE CRIE ET IMPLORE, IL EXCLUT
MA PRIÈRE. Ps 21, [3] : Le jour j’appelle, et tu ne réponds pas.
[9. Gimel.
Il a barré mes chemins avec des pierres de taille, il a fait dévier mes sentiers.]
Troisièmement à cause de
l’obstacle aux projets : IL A BARRÉ MES CHEMINS, mes projets d’évasion,
AVEC DES PIERRES, avec de gros obstacles. Os 2, [8] : Je borderai de
ronces tes chemins.
91. [85290] Sur les Lamentations, 3, [10-12]
Ici il montre la façon dont
ils sont frappés, et c’est en premier lieu insidieusement, en deuxième lieu
ouvertement, là : Il a bandé son arc [verset 12], en troisième lieu
abondamment, là : Il m’a saturé [verset 15].
92. Pour le premier point il fait deux choses.
[10. Dalet.
Il s’est fait pour moi ours aux aguets, lion à l’affût.]
Premièrement il présente
les embûches des ennemis : IL S’EST FAIT POUR MOI Nabuchodonosor qui me
combat par des embuscades, OURS (qui symbolise sa cruauté) et LION (qui
symbolise sa puissance). Os 13, [7] : Moi je serai pour eux comme une
lionne, comme un léopard sur la route des Assyriens.
93. [11. Dalet. Il a fait dévier mes
sentiers, il m’a brisée, il m’a rendue déserte.]
Deuxièmement il exclut les
embuscades, ou les projets qu’ils font pour repousser les embûches des
ennemis : IL A FAIT DÉVIER MES SENTIERS. Plus haut [Lm 1, 13] : Il
m’a rendue déserte, accablée de chagrin tout le jour.
94. [12. Dalet. Il a bandé son arc et m’a
pris pour cible de sa flèche.]
IL A BANDÉ. Ici il montre
que [Dieu] l’a affligé publiquement et ouvertement, et à cet égard il fait
trois choses.
Premièrement il aborde le
projet : L’ARC ; le jugement ou l’armée ennemie : POUR CIBLE
vers laquelle tous envoient publiquement leurs flèches. Ps 7, [13] : Il
a bandé son arc. Jb 16, [12] : Il m’a brisé et m’a pris pour cible
de ses flèches.
95. [85291] Sur les Lamentations, 3, [13-15]
[13. Hé. Il
a planté dans mes reins les filles de son carquois.]
Ici, en deuxième lieu il
présente le châtiment qui frappe : DANS MES REINS, qui symbolisent la
luxure du peuple. LES FILLES, les flèches ou les peines diverses émanées de sa
Providence. Jb 30, [11 ?] : Il a ouvert son carquois et m’a
terrassé.
96. [14. Hé. Je suis devenu la risée de tout
le peuple, leur chanson tout le jour.]
En troisième lieu il présente
la dérision où se trouve le puni : JE SUIS DEVENU LA RISÉE DE TOUT LE
PEUPLE. Cela est accompli (Jr 20, [7] : Je suis un objet de dérision
tout le jour, tout le monde se moque de moi), de même aussi le peuple a été
tourné en dérision par les autres.
97. [15. Hé. Il m’a saturé d’amertumes, il
m’a enivré d’absinthe.]
IL M’A SATURÉ. Ici il
montre avec quelle abondance, et premièrement en ce qui concerne la multitude
de peines : IL M’A SATURÉ D’AMERTUMES, d’angoisses diverses, IL M’A
ENIVRÉ, il n’y est pas allé de main morte.
[Voir] Jr 41[15].
Deuxièmement là : IL A
BRISÉ, en ce qui concerne le nombre de gens punis.
98. [85292] Sur les Lamentations, 3, [16-18]$/
[16. Vav. Il
a brisé mes dents en pièces détachées, il m’a nourri de cendre,]
Ici il décrit les
coups : MES DENTS, les guerriers par qui ils étaient défendus, de même
qu’une bête se défend avec ses dents, EN PIÈCES DÉTACHÉES, de sorte qu’il n’en
reste plus. DE CENDRE, d’humiliation. Jb 4[10] : Les dents des
lionceaux ont été brisées. Ps 101, [10] : Je mangeais la cendre
comme du pain.
99. [17. Vav. Et mon âme est exclue, j’ai
oublié le bonheur,]
ET MON ÂME EST EXCLUE. Ici
il subit la réprobation. EXCLUE de la miséricorde de Dieu. Ps 88, [39] : Mais
toi tu as repoussé et dédaigné. J’AI OUBLIÉ, à cause de l’expérience du
malheur. Si 11,[27] : Une seule heure de malheur fait oublier le
bien-être.
100. [18. Vav. Et j’ai dit : Mon
existence est perdue, mon espérance qui venait du Seigneur.]
ET J’AI DIT. Ici il conclut
sur le désespoir, comme s’il disait : parce que je suis dans l’angoisse et
que le Seigneur m’a repoussé pour ne pas m’aider, J’AI DIT dans mon cœur au nom
des désespérés : MON EXISTENCE EST PERDUE, sous-entendu : je n’obtiendrai
pas ce que j’attendais. Jr 2 ?: J’ai désespéré, je ne vais jamais y
arriver. Ml 3, [14] : Vous avez dit : Il est vain de servir
Dieu.
101. [85293] Sur les Lamentations, 3, [19-21]
Ici il expose des arguments
pour exclure le désespoir, et premièrement à partir de la divine miséricorde,
deuxièmement à partir de la divine justice, là : Pour écraser sous les
pieds tous les captifs du pays [verset 34], troisièmement à partir de la
divine puissance, là : Qui donc parle pour que les choses soient ?
N’est-ce pas le Seigneur qui décide ? [verset 37].
Pour le premier point il
fait deux choses : en premier lieu il montre la divine miséricorde quant à
la comparaison des bienfaits, en second lieu quant à la relaxe des peines,
là : Car il ne repousse pas pour toujours [verset 31].
Pour le premier point il
aborde trois choses : premièrement la mémoire des bienfaits passés,
deuxièmement l’expérience des [bienfaits] présents, là : Les miséricordes
du Seigneur car nous ne sommes pas anéantis [verset 22], troisièmement
quant à l’attente des [bienfaits] futurs, là : Le Seigneur est bon pour
ceux qui espèrent en lui [verset 25].
102. Pour le premier point, trois choses.
[19. Zaïn.
Souviens-toi de ma pauvreté et de ma transgression d’absinthe et de fiel.]
Premièrement le prophète
incite Dieu à considérer les malheurs qu’ils ont supportés, en disant :
Seigneur, qui parais te cacher et nous oublier, SOUVIENS-TOI, en nous libérant
DE LA PAUVRETÉ quant à la spoliation de nos biens, DE notre TRANSGRESSION, de
notre faute qui est cause de tant de malheur, qui est ABSINTHE quant à
l’amertume et à l’affliction humaine. Plus loin, dernier chapitre : Souviens-toi,
Seigneur, de ce qui nous est arrivé [Lm 5, 1].
103. [20. Zaïn. Dans ma mémoire je me
souviendrai et mon âme languira en moi,]
Deuxièmement il s’incite
lui-même à se souvenir des bienfaits qu’ils ont reçus : DANS MA MÉMOIRE JE
ME SOUVIENDRAI des bienfaits ET [MON ÂME] LANGUIRA, se consumera d’admiration
ou de désir. Ps 41, 5 : Je m’en suis souvenu, et j’ai versé en moi mon
âme.
104. [21. Zaïn. C’est pourquoi, passant cela
en revue dans mon cœur, j’espérerai.]
Troisièmement, il conclut
sur la confiance, PASSANT CELA EN REVUE, les bienfaits. Si 51, 8 : Je
me suis souvenu de ta miséricorde, Seigneur.
105. [85294] Sur les Lamentations, 3, [22-24]
Ici il met l’expérience de
la divine miséricorde dans le présent, et
[22. Het.
Les miséricordes du Seigneur, car nous ne sommes pas anéantis car sa pitié n’a
pas fait défaut,]
premièrement est abordée la
reconnaissance de cette [miséricorde] : LES MISÉRICORDES DU SEIGNEUR,
comme s'il ne punissait pas, bien qu'[il soit]sans pitié, car il
a puni sans aller jusqu’à ce qui aurait été mérité, il ne nous a pas anéantis.
Jr 10, 24 : Corrige-moi, Seigneur, mais avec justice, pas avec fureur,
pour ne pas risquer de m’anéantir.
106. [23. Het. Je [te] connais au petit matin,
grande est ta foi.]
Deuxièmement est abordée la
confirmation de cette [miséricorde] par le Seigneur : JE [TE] CONNAIS[16]
AU PETIT MATIN, c’est-à-dire ouvertement, moi le Seigneur. GRANDE EST TA FOI,
celle de Jérémie, toi qui au milieu des supplices reconnais [mes] bienfaits. Mt
15, 28 : Grande est ta foi, qu’il soit fait pour toi comme tu veux.
107. [24. Het. Ma part, [c’est] le Seigneur, a
dit mon âme, c’est pourquoi je l’attendrai.]
Troisièmement il met la
conclusion visée : MA PART, [C’EST] LE SEIGNEUR, parce que contrairement à
d’autres qui le méprisent, c’est lui que j’ai choisi comme part pour moi. Ps
15, 5 : Le Seigneur est ma part d’héritage, et ma coupe.
108. [85295] Sur les Lamentations, 3, [25-27]
Ici il montre la divine
miséricorde à partir de l’attente du futur, et premièrement il met l’attente,
deuxièmement la condition de l’attente, là : Il sera assis, seul et en
silence [verset 28].
Pour le premier point il
fait trois choses.
[25. Teth.
Le Seigneur est bon pour ceux qui espèrent en lui, pour l’âme qui le cherche.]
Premièrement il présente le
fruit de l’attente. BON, comme s’il diffusait sa bonté propre. Ps 72,
[1] : Que Dieu est bon pour Israël, pour les hommes au cœur droit.
109. [26. Teth. Il est bon d’attendre en
silence le salut du Seigneur,]
Deuxièmement il présente le
mode d’attente : IL EST BON D’ATTENDRE EN SILENCE, patiemment, sans
murmurer. Is 30, 15 : Dans le silence et l’espérance sera votre force.
[27. Teth.
Il est bon pour l’homme de porter le joug dès sa jeunesse.]
Troisièmement [il présente]
le temps de l’attente : IL EST BON POUR L’HOMME DE PORTER LE JOUG de la
crainte du Seigneur et de l’amour, DÈS SA JEUNESSE, pour que l’âge de l’effervescence
soit calmé et plus facilement accoutumé au bien. Pr 22, 6 : [Instruis]
le jeune homme selon sa voie : même quand il sera vieux il ne s’en
détournera pas.
110. [85296] Sur les Lamentations, 3, [28-30]
Ici il met la condition de
celui qui attend, et
[28. Yod. Il
sera assis seul et en silence, car il s’est élevé au-dessus de lui-même.]
premièrement, quant à la
profondeur de sa contemplation : SEUL, pour ne pas être dérangé, EN
SILENCE loin du tourbillon des pensées et des désirs, CAR ainsi IL S’EST ÉLEVÉ
AU-DESSUS DE LUI-MÊME pour contempler les choses divines. Os 2, [16] : Je
la conduirai au désert et je parlerai à son cœur. Ou bien, en cela il
montre l’abaissement de celui qui attend, car il demeure à attendre. IL SERA
ASSIS, SEUL ET EN SILENCE, car humilié, et IL S’ÉLÈVERA en s’enorgueillissant.
111. [29. Yod. Il mettra sa bouche dans la
poussière. Si par hasard il y a de l’espoir ?]
Deuxièmement, quant à
l’humilité de sa parole : IL METTRA SA BOUCHE DANS LA POUSSIÈRE, en parlant
humblement. Is 29, [4] : Ta voix s’élèvera de la terre.
112. [30. Yod. Il donnera sa joue à celui qui
le frappe, il se rassasiera d’opprobres.]
Troisièmement, quant à sa
patience dans l’épreuve : IL DONNERA SA JOUE À CELUI QUI LE FRAPPE, [il
sera] prêt à la donner. Mt 5, [39] : Si quelqu’un te frappe sur une
joue, offre-lui aussi l’autre. IL SE RASSASIERA [D’OPPROBRES], il s’en
délectera, les espérant comme une faveur. Rm 5, 3 : Non seulement cela,
mais nous nous glorifions aussi de nos épreuves. Is 50, [6] : J’ai
donné mon corps à ceux qui me frappaient et mes joues à ceux qui m’arrachaient
la barbe.
113. [85297] Sur les Lamentations, 3, [31-33]
Ici il montre la divine
miséricorde quant à la cessation des peines, et
[31. Kaph.
Car le Seigneur ne repoussera pas pour toujours,]
premièrement il aborde la
libération par rapport aux peines : NE REPOUSSERA PAS, car il ne punira
pas toujours. Ps 93, [14] : Le Seigneur ne repoussera pas son peuple.
Is 28, [24] : Il ne va pas éternellement le battre comme du blé et le
maltraiter.
114. [32. Kaph. Car il a abaissé et il aura
pitié, dans l’abondance de ses miséricordes,]
Deuxièmement, pour cela il
prend argument
- de la pitié divine :
CAR IL A ABAISSÉ ET IL AURA PITIÉ, car c’est le propre d’un tendre père de
consoler après avoir frappé pour corriger. Tb 3 [ ?] : S’il a été
dans la correction, il sera permis à ta miséricorde d’arriver.
115. [33. Kaph. Car ce n’est pas de bon cœur
qu’il a humilié et abaissé les fils d’homme.]
- et de son amour pour les
hommes : CAR CE N’EST PAS DE BON CŒUR QU’IL A HUMILIÉ, c’est-à-dire
chassé de son amour. Ps 35, [8] : Ainsi les fils des hommes espéreront
à l’abri de tes ailes.
116. [85298] Sur les Lamentations, 3, [34-36]
Ici il prend argument
de la justice divine, et
[34. Lamed.
Quand on écrase sous ses pieds tous les prisonniers de la terre,]
premièrement il en exclut
l’oppression tyrannique : LE SEIGNEUR A-T-IL IGNORÉ, en pratique, QUAND ON
ÉCRASE, comme un tyran qui contrairement à la justice opprime LES PRISONNIERS,
les affligés. Ps 68, [34] : Le Seigneur a exaucé les pauvres et n’a pas
méprisé ses captifs.
117. [35. Lamed. Quand on dévie le droit d’un
homme en présence du visage du Très-Haut,]
Deuxièmement il exclut la
perversité du juge : QUAND ON DÉVIE - sous-entendu : de la ligne
droite - LE SEIGNEUR L’A-T-IL IGNORÉ ? Jb 34, [12] : En vérité,
Dieu ne condamnera pas en vain, le Tout-Puissant ne pervertira pas le droit.
118. [36. Lamed. Quand on fait tort à un homme
dans un jugement, le Seigneur l’a-t-il ignoré ?]
Troisièmement il exclut
l’intention perverse dans le jugement, comme elle existe chez ceux qui, sous le
manteau de la justice, essaient d’opprimer autrui : QUAND ON FAIT TORT
DANS UN JUGEMENT, c’est-à-dire par un jugement, LE SEIGNEUR L’A-T-IL IGNORÉ ?
Pr 4 ? : Les voies qui sont à droite, le Seigneur les connaît.
119. [85299] Sur les Lamentations, 3, [37-39]
Ici il prend argument de la
puissance divine, par laquelle il gouverne et prévoit tout, et
[37. Mem.
Qui est celui qui a parlé pour que les choses soient ? N’est-ce pas le Seigneur
qui décide ?]
premièrement contre ceux
qui insultent la divine Providence, en blasphémant déloyalement : QUI EST
CELUI QUI A PARLÉ POUR QUE SOIT quelque chose, mais pas tout, sans la
Providence de Dieu ? Ainsi est exclue l’hérésie de ceux qui disent que la
Providence de Dieu s’étend jusqu’aux choses universelles et incorporelles comme
les corps célestes, et même jusqu’aux hommes à cause de la conformité de la
nature humaine à Dieu, comme dit Rabbi Moïse [Maïmonide] ; mais que les
autres choses particulières, Dieu ne les connaît pas.
120. [38. Mem. N’est-ce pas uniquement de la
bouche du Très-Haut que sortiront les maux et les biens ?]
DE LA BOUCHE DU TRÈS-HAUT,
c’est-à-dire par une sentence, LES BIENS (la prospérité), LES MAUX
(l’adversité). Ainsi est exclue l’erreur de ceux qui disent que tout arrive par
hasard, et aussi [de ceux] qui disent qu’aucun châtiment ne vient de Dieu,
comme dit Tullius [Cicéron]. Jn 1, [3] : Par lui tout a été fait, et
sans lui rien n’a été fait. Is 45, [7] : Moi le Seigneur qui fais
le bien et crée le mal.
121. [39. Mem. Qu’a-t-il murmuré, l’homme,
l’homme vivant, pour ses péchés ?]
Deuxièmement il parle
contre ceux qui l'insultent en murmurant par impatience : QU’A-T-IL
MURMURÉ, c’est-à-dire « pourquoi » ; POUR SES PÉCHÉS,
c’est-à-dire pour ce qu’il souffre pour ses péchés ? Sg 1, [11] : Gardez-vous
des murmures qui ne servent à rien, épargnez à votre langue les mauvais propos.
122. [85300] Sur les Lamentations, 3, [40-42]
Ici déjà, ayant pris
confiance, il se met à implorer la divine miséricorde, et pour cela il fait
deux choses : premièrement il aborde la préparation à la prière,
deuxièmement il aborde la prière, là : Nous, nous avons péché
[verset 42].
Pour le premier point, deux
choses.
[40. Nun.
Examinons nos chemins, et cherchons, et revenons au Seigneur.]
Premièrement, un lieu pour
la prière est préparé grâce à l’amendement de la vie : EXAMINONS, en
inspectant nos péchés passés, ET CHERCHONS le Seigneur avec désir de cœur et en
demandant son aide ; celle-ci reçue, REVENONS en agissant bien. Jr 2,
[23] : Vois tes traces dans la vallée, reconnais ce que tu as fait.
123. [41. Nun. Levons nos cœurs et nos mains
vers le Seigneur aux cieux.]
Deuxièmement le lieu est
préparé grâce à la dévotion : LEVONS NOS CŒURS. 1Tm 2, [8] : Je
veux que les hommes prient en tous lieux en levant les mains.
Nous, nous avons mal agi [verset 42]. Ici commence une prière, et premièrement
il cherche à gagner la bienveillance, deuxièmement il porte plainte pour faute,
là : Tu as vu, Seigneur, l’injustice [verset 59], troisièmement il
réclame vengeance, là : Rends-leur à leur tour etc. [verset 64].
Pour le premier point,
trois choses : premièrement il cherche à gagner la bienveillance [en parlant]en
son nom et au nom du peuple plaignant, deuxièmement en faisant parler
l’adversaire, là : Ils ont ouvert contre nous leur bouche, tous nos
ennemis [verset 46], troisièmement en faisant parler le juge, là : J’ai
invoqué ton nom, Seigneur [verset 55]. La bienveillance en son propre nom
et en celui du peuple, il la recherche en exposant ses malheurs, et pour le
premier point il fait deux choses : premièrement il expose l’affliction du
peuple, deuxièmement sa propre compassion, là : Mon œil est affligé [verset
49].
Pour le point 1, deux
choses.
124. [42. Nun. Nous, nous avons mal agi, nous
avons provoqué ta colère, c’est pourquoi tu es inflexible.]
Premièrement il reconnaît
sa faute, afin que le châtiment qui en est la conséquence n’influe pas sur la
cruauté du juge. MAL, en péchant contre le prochain,
TA COLÈRE, en péchant
contre Dieu, INFLEXIBLE, car tu te détournes de nos prières. Jr 7, [16] : Et
toi, ne prie pas pour ce peuple-là, n’élève en leur faveur ni prière ni
louange, car je ne t’exaucerai pas. Jn 9, [31] : Les pécheurs, Dieu
ne les exauce pas, mais si quelqu’un a un culte pour Dieu, Il l’exauce.
Deuxièmement il expose le
péché.
125. [85301] Sur les Lamentations, 3, [43-45]
[43. Samek.
Tu t’es recouvert de colère, tu nous as frappés, tués, et pas épargnés.]
TU NOUS AS FRAPPÉS,
premièrement par des tribulations diverses, et pour finir TU NOUS AS TUÉS. Pr
6, [34] : Car la jalousie excite la fureur du mari, au jour de la vengeance
il sera sans pitié.
126. [44. Samek. Tu t’es enveloppé dans un
nuage pour que [notre] prière ne passe pas.]
Deuxièmement en repoussant
la prière des pécheurs, TU T’ES ENVELOPPÉ DANS UN NUAGE, c’est-à-dire nos
péchés, les mettant comme un écran contre notre prière. Is 59, [2] : Vos
fautes ont creusé un abîme entre vous et votre Dieu.
[45. Samek.
Tu as fait de nous un arrachement et une abjection au milieu des peuples.]
Troisièmement en les
dispersant, UN ARRACHEMENT, pour ainsi dire arrachés à la solidité de ta
protection, et remplis de ton indignation. Sg 4, [4-5] : Ils seront
déracinés par la violence des vents, leurs rameaux seront brisés avant d’être
formés.
127. [85302] Sur les Lamentations, 3, [46-48]
Ici il cherche à gagner la
bienveillance du parti de l’adversaire, en excitant contre lui l’indignation à
cause des malheurs que celui-ci lui a causés, et en premier lieu sont abordés
les préparatifs de la capture, en deuxième lieu la capture elle-même, là :
Ils m’ont pris à la chasse [verset 52].
Pour le premier point,
trois choses.
[46. Pé. Ils
ont ouvert la bouche contre nous, tous nos ennemis.]
Premièrement les
préparatifs des ennemis : ILS ONT OUVERT, comme prêts à dévorer. Ps 21,
[14] : Ils ont ouvert contre moi leur gueule, comme un lion rapace et
rugissant.
128. [47. Pé. Frayeur et fosse ont été notre
lot, vaticination et brisement.]
Deuxièmement est abordée la
tromperie des prophètes, grâce auxquels ils auraient dû être fortifiés contre
les ennemis : FRAYEUR – cause de frayeur avant la capture - ET PIÈGE -
pendant la capture -, BRISEMENT – après la capture -, VATICINATION des faux
prophètes. Is 24, [17] : Frayeur, fosse et piège pour toi, habitant de
la terre.
129. [48. Pé. Mon œil a fait couler des
ruisseaux divisés, sur le brisement de la fille de mon peuple.]
Troisièmement est abordée
sa compassion : DIVISÉS, comme s’il pleurait sur chaque malheur un par un.
Ps 118, [136] : Mes yeux ruissellent de larmes.
Il faut pourtant savoir que
ces trois versets, selon certains, doivent être placés avant les précédents, en
sorte que la lettre Pé soit avant Aïn, contrairement à la coutume habituelle[17].
130. [85303] Sur les Lamentations, 3, [49-51]
Ici est abordée la
compassion du prophète, et
[49. Aïn. Mon
œil s’est affligé et n’a pas cessé, il n’y a pas de répit]
premièrement quant au deuil
extérieur : MON ŒIL S’EST AFFLIGÉ, en pleurant, ET N’A PAS CESSÉ de
pleurer, [PAS] DE RÉPIT aux tribulations pour le peuple. Jr 9, [17-18] : Mes
yeux ont donné des larmes, car une voix de lamentation s’est fait entendre de
Sion.
[50. Aïn.
Jusqu’à ce que le Seigneur regarde et voie du haut du ciel.]
Et la fin du deuil, JUSQU'
À CE QU’IL REGARDE avec un œil de miséricorde. Ps 101, [20] : Car il
s’est penché du haut de son sanctuaire.
[51. Aïn.
Mon œil a pillé mon âme pour toutes les filles de ma ville.]
Deuxièmement quant à
l’aiguillon de la douleur intérieure : MON ŒIL, voyant le pillage de la
terre, A PILLÉ MON ÂME ; en lui volant sa joie ou en se lamentant il a tiré toute
la douleur du cœur à l’extérieur.
131. [85304] Sur les Lamentations, 3, [52-54]
Ici est abordée
l’affliction dans laquelle ils sont tombés, et
[52. Sadé.
Ils m’ont pris à la chasse, mes ennemis, gratuitement.]
premièrement est abordée la
capture elle-même : À LA CHASSE, autrement dit par des embuscades, des
machinations, des forces mises en œuvre, MES ENNEMIS, les Chaldéens,
GRATUITEMENT - car je ne les avais offensés en rien - ne m’avaient été d’aucun
profit. Is 52, [5 ?] : Assur sans aucune raison lui a fait des
ennuis. Jr 16, [16] : Après cela j’enverrai beaucoup de chasseurs
et ils les chasseront.
132. [53. Sadé. Ma vie est tombée dans la
fosse, et ils ont posé une pierre sur moi.]
Deuxièmement est abordée
l’incarcération des captifs : MA VIE EST TOMBÉE DANS LA FOSSE de la prison
et de la captivité. Ps 87, [7] : Ils m’ont mis dans le fond de la
fosse, dans le noir, dans l’ombre de la mort.
[54. Sadé.
Les eaux ont submergé ma tête, j’ai dit : ‘Je suis mort’.]
Troisièmement l’affliction
des prisonniers : LES EAUX des tribulations ONT SUBMERGÉ, se sont
multipliées, J’AI DIT désespéré et impatient. Jon 2, [4] : Tous tes
tourbillons d’eau sont passés sur moi.
133. [85304] Sur les Lamentations, 3, [55-57]
Ici il cherche à gagner la
bienveillance de la personne du juge, et premièrement il montre la miséricorde
de celui-ci envers les malheureux, deuxièmement il montre sa justice, là :
Tu as jugé, Seigneur, la cause de mon âme [verset 58].
Pour le premier point il
aborde trois choses.
[55. Qoph.
J’ai invoqué ton nom, Seigneur, du fond de la fosse.]
Premièrement la prière des
malheureux : J’AI INVOQUÉ, en étant à d'autres moments dans la détresse,
DU FOND DE LA FOSSE, du fond des plus grandes tribulations, par exemple en
Egypte et souvent dans le livre des Juges. Si 51, [10] : J’ai invoqué
le Seigneur, Père de mon Seigneur, pour qu’il ne m’abandonne pas [au jour de
l’épreuve].
134. [56. Qoph. Tu as entendu ma voix, ne
détourne pas ton oreille de mon sanglot et de mes cris.]
Deuxièmement il aborde
l’exaucement miséricordieux de la prière : TU AS ENTENDU MA VOIX, ainsi
maintenant non plus NE DÉTOURNE PAS. Ps 6, [10] : Le Seigneur a écouté
ma prière, il a accueilli ma prière.
[57. Qoph.
Tu t’es approché, le jour où je t’ai appelé, tu as dit : ‘N’aie pas
peur !’]
Troisièmement il rappelle
le réconfort après l’exaucement de la prière : TU T’ES APPROCHÉ LE JOUR,
me fortifiant de ton aide, alors maintenant aussi ! Jb 17, [3] : Place-moi
près de toi. Is 41, [10] : N’aie pas peur, mon serviteur, car je
suis avec toi, ne plie pas.
135. [85306] Sur les Lamentations, 3, [58-60]
[58. Resh.
Tu as jugé, Seigneur, la cause de mon âme, rédempteur de ma vie.]
Ici il recommande au juge
la justice, TU AS JUGÉ dans les temps passés : maintenant aussi
fais-le ! Ps 43, [1] : Juge-moi, Dieu, défends ma cause.
[59. Resh.
Tu as vu, Seigneur, l’injustice contre moi. Rends-moi justice.]
TU AS VU. Ici, ayant
cherché à gagner la bienveillance du juge, il expose son accusation contre
l’adversaire, et premièrement il accuse l’iniquité de leur action : TU AS
VU, SEIGNEUR, sous-entendu : ils ne peuvent nier ce qui t’est connu.
[Voir] plus haut 1, [22]: Que toute leur méchanceté vienne en ta présence,
et vendange-les comme tu m’as vendangée.
[60. Resh.
Tu as vu toute leur fureur, toutes leurs machinations contre moi.]
Deuxièmement il accuse la
fureur de leur cœur : TU AS VU TOUTE LA FUREUR. Jr 18, [18] : Venez,
tramons un complot contre Jérémie.
Troisièmement il accuse le
péché de leur bouche : Tu as entendu leurs outrages [verset 61].
136. [85307] Sur les Lamentations, 3, [61-63]
Ici il accuse le péché de
cet [adversaire], et
[61. Shin.
Tu as entendu leurs outrages, Seigneur, toutes leurs machinations contre moi,]
Premièrement quant aux
outrages infligés : TU AS ENTENDU LEURS OUTRAGES, sous-entendu : il
n’y a pas besoin de preuve. Dn 9, [16] : Jérusalem et ton peuple sont
en opprobre à tous ceux qui nous environnent.
[62. Shin.
Les lèvres de ceux qui se dressent contre moi et leurs projets contre moi tout
le jour.]
Deuxièmement quant aux
menaces : LES LÈVRES DE CEUX QUI SE DRESSENT. Ps 37, [13] : Ceux
qui cherchent à me faire du mal ont dit des mensonges.
137. [63. Shin. Vois-les s’asseoir et se
relever, je suis leur chanson.]
Troisièmement quant aux
moqueries et insultes : S’ASSEOIR, car ils s’asseyent à l’Assemblée pour
causer ma perte, SE RELEVER, se lever. LEUR CHANSON, car ils font sur moi des
chansons moqueuses. Et tout cela peut se comprendre pour le prophète personnellement,
ou pour le peuple personnifié, comme il a été dit plus haut. Jb 30, [9] :
Maintenant je suis devenu leur chanson, j’ai été changé pour eux en proverbe.
Ps 68, [13] : Les buveurs de vin faisaient des chansons contre moi.
138. [85308] Sur les Lamentations, 3, [64-66]
Ici il réclame vengeance
contre ses adversaires, et comme il se sent en sécurité à cause de l’exaucement
de sa prière, son exposé est plutôt une prédiction qu’une prière, alors il fait
deux choses.
[64. Tav. Tu
leur rendras leur dû, Seigneur, selon les œuvres de leurs mains.]
Premièrement il prédit la
juste rétribution des pécheurs, TU LEUR RENDRAS LEUR DÛ, à savoir des
châtiments. Ps 27, [4] : Rétribue-les selon leurs œuvres, paie-les de
leur salaire.
139. Deuxièmement il expose la fixation de la peine, et
[65. Tav. Je
leur donnerai le bouclier du cœur, ta peine.]
premièrement quant à sa
durée : JE LEUR DONNERAI TA PEINE, c’est-à-dire le péché dans lequel ils t’ont
fait peiner. Is 1, [14] : Je suis fatigué de supporter. LE BOUCLIER
DU CŒUR, c’est-à-dire que pour leurs péchés tu les rétribueras en mettant sur
leur cœur un bouclier, à savoir la dureté, de sorte qu’ils ne soient pas
pénétrés par les flèches de ta grâce dans l’épée de ta parole. Jb 41,
[7] : Son corps [est] comme une rangée de boucliers.
140. [66. Tav. Tu les poursuivras dans ta fureur
et tu les écraseras sous les cieux, Seigneur.]
Deuxièmement quant au
châtiment du corps : TU POURSUIVRAS de diverses afflictions, enfin TU
ÉCRASERAS, par la mort et la damnation éternelle SOUS LES CIEUX, ceux qui ont
voulu être dans les cieux. Jr 17, [18] : Fais venir sur eux le jour
d’affliction, brise-les d’un double brisement, Seigneur notre Dieu. Ps 82,
[16] : Ainsi tu les poursuivras de ta tempête, et de ta colère tu les
bouleverseras.
141. [85309] Sur les Lamentations, 4, 1
Ici il pleure surtout sur
le malheur du siège, et [ce chapitre] est divisé en deux parties. Dans la
première il pleure sur le malheur du peuple, dans la deuxième il dévoile la
joie des insulteurs, là : Réjouis-toi et exulte, fille d’Edom
[verset 21].
Pour le premier point, deux
choses : premièrement il pleure sur l’affliction du peuple, deuxièmement
sur l’impuissance à résister, là : Alors que jusque-là nous avons tenu
bon, nos yeux se sont consumés [verset 17].
Le premier point [se
divise] en deux : premièrement il pleure sur le malheur du peuple en général,
deuxièmement il raconte en détail, là : Même les lamies ont dénudé
[verset 3].
Pour le premier point, deux
[parties] : dans la première il met une métaphore, dans la deuxième il
explique, là : Les illustres fils de Sion [verset 2].
142. [1. Aleph. Comment ! L’or s’est
terni, la meilleure couleur s’est altérée,
Les pierres
du sanctuaire sont dispersées au coin de toutes les places.]
Les Juifs étaient
supérieurs en trois choses.
[Premièrement] par la
finesse de leur connaissance de Dieu. Ps 147, [20] : Il n’a pas ainsi
traité les autres nations, il ne leur a pas manifesté ses jugements. C’est
pourquoi il dit L’OR. Pr 20, [15] : Il y a l’or et une foule de pierres
précieuses, mais le vase [le plus] précieux ce sont les lèvres de science.
Et cet [OR] S’EST TERNI, par la honte de l’infidélité. Is 5, [13] : Mon
peuple a été emmené captif, car il n’avait pas la science.
Deuxièmement ils étaient
supérieurs par la beauté morale. Si 44, [6] : Ayant la passion de la
beauté, vivant en paix dans leurs maisons. Et c’est pourquoi il est dit LA
MEILLEURE COULEUR [S’EST ALTÉRÉE], comme si elle avait pris le noir du péché et
de la tristesse. 2M 3, [16] : Son visage et son teint étaient altérés.
Troisièmement ils étaient
supérieurs par la religion, c’est pourquoi il est dit : LES PIERRES DU
SANCTUAIRE SONT DISPERSÉES AUX COINS DES PLACES, des diverses nations. 1M 4,
[46] : Ils portèrent les pierres contaminées dans un lieu impur.
143. [85310] Sur les Lamentations, 4, 2
[2. Beth.
Les illustres fils de Sion, revêtus d’or de première qualité,
Comment !
Ils sont comptés pour des vases d’argile, œuvres des mains du potier !]
Ici il explique ce qu’il
avait dit plus haut : ILLUSTRES, car de la race des saints, D’OR DE
PREMIÈRE QUALITÉ, le meilleur, c’est-à-dire la sagesse. Sg 7, [9] :
Tout l’or, comparé à elle, est un peu de sable.
POUR DES VASES D’ARGILE,
c’est-à-dire une population faible et de peu de valeur. Is 64, [7] : Et
maintenant, Seigneur, tu es notre père, et nous de l’argile.
144. [85311] Sur les Lamentations, 4, 3
Ici il décrit le malheur en
détail, et premièrement il aborde l’affliction du siège quant à la faim,
deuxièmement la capture et la destruction de la cité, là : Le Seigneur
a assouvi sa fureur [verset 11], troisièmement les moqueries contre les
citoyens captifs, là : Arrière, impurs ! etc. [verset 15].
Pour le premier point,
quatre choses : premièrement il aborde la faim des petits enfants,
deuxièmement la faim des personnes raffinées, là : Ceux qui mangeaient
raffiné sont morts dans les rues [verset 5], troisièmement la faim des
consacrés à Dieu, là : Plus blancs que la neige [verset 7],
quatrièmement l’immense faim des mères elles-mêmes, là : Les mains des
femmes miséricordieuses ont fait cuire leurs enfants [verset 10].
Pour le premier point, deux
choses : premièrement la faim des nourrissons, deuxièmement celle des
petits enfants et des jeunes gens, là : Les petits enfants ont demandé
du pain [verset 4].
Pour le premier point, deux
choses : premièrement le manque de lait, deuxièmement l’effet de ce
manque, là : La langue du nourrisson s’est attachée à son palais [verset
4].
145. [3. Gimel. Mais même les lamies ont
dénudé leur mamelle, allaité leurs petits.
La fille de
mon peuple est cruelle comme l’autruche du désert.]
LES LAMIES, monstres ayant
un corps de femme et des pieds de cheval, et dont le nom vient de laniare
[lacérer, mettre en pièces, déchirer], parce qu’elles lacèrent leurs enfants.[18]
CRUELLE COMME L’AUTRUCHE,
dont [parle] Jb 39, [16] : Dure pour ses petits comme s’ils n’étaient
pas à elle, elle ne s’inquiète pas d’une peine inutile. Et ici les femmes de
Jérusalem [lui] sont comparées, non pour la cruauté du sentiment, mais pour la
similitude de l’acte, car elles ne donnaient pas de lait à leurs enfants parce
qu’il n'y en avait pas pour les nourrir.
146. [85312] Sur les Lamentations, 4, 4
[4. Dalet.
De soif, la langue du nourrisson a adhéré à son palais.
Les petits
enfants ont demandé du pain et il n’y avait personne pour leur en rompre.]
Ici il aborde l’effet, à
savoir la soif des enfants : LA LANGUE DU NOURRISSON A ADHÉRÉ À SON PALAIS,
à cause de sa sécheresse.
LES PETITS ENFANTS, ceux
qui étaient déjà assez grands pour manger de la nourriture solide, n’avaient
pas besoin de lait. Am 8, [13 ] : S’étiolent de soif les belles jeunes
filles et les jeunes gens. [Voir] plus haut [chapitre] 2, [12] : Ils
dirent à leurs mères :Où y a-t-il du blé et du vin ?
147. [85313] Sur les Lamentations, 4, 5
Ici il aborde la faim de
ceux qui mangent raffiné, et premièrement il aborde l’affliction de la faim,
deuxièmement il met une comparaison, là : La faute de la fille de mon
peuple fut plus grande que le péché de Sodome [verset 6].
[5. Hé. Ceux
qui mangeaient raffiné sont morts dans les rues,
Ceux qui
étaient élevés dans les vêtements dorés ont embrassé le fumier.]
La faim se montre par deux
signes : la mort, ILS SONT MORTS, et l’absorption de nourritures
grossières : CEUX QUI ÉTAIENT ÉLEVÉS DANS LES VÊTEMENTS DORÉS, quand la
nourriture leur a été ôtée de la bouche ONT EMBRASSÉ LE FUMIER, c’est-à-dire se
sont jetés sur des aliments grossiers. Ou littéralement, 2R 7. De même Jb 6 /
A une âme affamée, même les choses amères paraissent douces.
148. [85314] Sur les Lamentations, 4, 6
[6. Vav. Et
la faute de la fille de mon peuple fut plus grande que le péché de Sodome
Qui fut
renversée en un moment et où on ne faisait rien de ses mains.]
Ici il exagère le châtiment
en le comparant au châtiment de Sodome, LA FAUTE FUT PLUS GRANDE : plus
grande dans le châtiment manifesté. Et la faute fut plus grande à cause de
l’ingratitude et de la profanation du sanctuaire, et le châtiment plus grand
car plus durable. Ez 16, [48] : Sodome ta sœur n’a pas agi, elle et ses
filles, comme tu as agi, toi et tes filles. Mt 11, [24] : Le pays
de Sodome sera traité avec plus de douceur que toi au jour du jugement. Jb
9, [23] : S’il fouette, qu’il tue en même temps, mais ne se moque pas
des châtiments des innocents.
149. Dans la Glose : moralement, [il s’agit] du péché
de simulation, qui est un péché plus grand que le péché de Sodome. C’est le
contraire qui est dit en Is 3, [9] à ce propos : Ils ont étalé
leur péché comme Sodome. Dans la Glose : la seconde planche de salut,
c’est de cacher son péché.
A quoi on répond que pécher
en secret est une circonstance atténuante. Mais le péché de simulation est un
vice plus grand quand on cherche par ce moyen la tromperie et la gloire auprès
d’autrui. Et certes il est dit plus grand, non en lui-même, mais quant à
l’effet de la tromperie ou quant à la matière ; car ce péché concerne les
choses spirituelles, en lesquelles celui qui fait une fausseté est plus
coupable que celui qui fait de la fausse monnaie, comme dit le Philosophe.
150. [85315] Sur les Lamentations, 4, 7
Ici il décrit la faim des
consacrés à Dieu, les nazirs, dont la consécration est décrite en Nb 6, et
premièrement leur beauté, deuxièmement l’enlaidissement qui suit la faim,
là : Leur visage est plus noir que le charbon [verset 8], troisièmement
il fait une comparaison en ce qui concerne le châtiment, là : Ce fut
mieux pour les tués par l’épée que pour les morts de faim [verset 9].
151. [7. Zaïn. Ses nazirs plus blancs que la
neige, plus éclatants que le lait,
Plus rouges
que le corail, plus beaux que le saphir ancien.]
Pour la beauté corporelle
humaine est requis un aspect harmonieux qui rend le visage agréable, et
là-dessus il dit : PLUS BEAUX QUE LE SAPHIR, qui étant de la couleur du
ciel réjouit l’esprit.
Sont requises aussi les
deux couleurs nécessaires : le rouge, et là-dessus il dit PLUS ROUGES [QUE
LE CORAIL]; et le blanc, et là-dessus il dit PLUS BLANCS [QUE LA NEIGE]. Et
parce que, comme dit le Philosophe, la couleur blanche est surtout réceptive
aux autres, il faut que la blancheur soit sans tache, et là-dessus il dit PLUS
ÉCLATANTS.
152. Et ces expressions sont hyperboliques, et pourtant
pas fausses, car ce sont des figures qui disent une chose et en signifient une
autre. Et littéralement ils étaient beaux à cause de la pureté et de
l’abstinence de leur vie, comme il est dit de Daniel et de ses compagnons. Dt
33, [16] : La bénédiction de celui qui est apparu dans le buisson.
153. [85316] Sur les Lamentations, 4, 8
[8. Het.
Leur visage est devenu plus noir que le charbon, on ne les reconnaît pas sur
les places.
Leur peau
s’est collée à leurs os, elle est devenue comme du bois.]
Ici il présente
l’enlaidissement conséquence de la faim,
- quant au changement de
couleur : LEUR VISAGE EST DEVENU PLUS NOIR QUE LE CHARBON, ON NE LES
RECONNAÎT PAS à cause de l’enlaidissement,
- et quant au dessèchement
de l’embonpoint : LEUR PEAU S’EST COLLÉE À LEURS OS. Na 2, [11-12] : Les
visages de tous [sont] comme le noir de la marmite, là où est la tanière des
lions, le pâturage des lionceaux. Jb 7, [5] : Ma peau s’est desséchée.
154. [85317] Sur les Lamentations, 4, 9
[9. Teth. Ce
fut mieux pour les tués par l’épée que pour les morts de faim,
Car ceux-ci
se sont fanés, consumés par la stérilité de la terre.]
Ici il compare. ILS SE SONT
FANÉS, ils ont langui dans une longue affliction.
Si 30, [17] : La
mort est meilleure qu’une vie amère.
155. [85318] Sur les Lamentations, 4, 10
[10. Yod.
Les mains des femmes miséricordieuses ont fait cuire leurs enfants,
Ils leur ont
servi d’aliment, dans le désastre de la fille de mon peuple.]
Ici il présente l’immense
faim des mères, qui dans l’excès de leur faim ont mangé leurs enfants. [Voir]
plus haut [chapitre] 2, [20] : Les femmes mangeront-elles donc le fruit
de leurs [entrailles], leurs tout-petits ?
156. [85319] Sur les Lamentations, 4, 11
Ici il pleure sur la
captivité et la destruction de la cité, et premièrement il présente la destruction,
deuxièmement l’étonnement devant cet événement, là : Ils n’ont pas cru,
les rois de la terre [verset 12], troisièmement il donne la raison de la
destruction, là : A cause des péchés des prophètes [verset 13].
[11. Kaph.
Le Seigneur a assouvi sa fureur, il a déversé la colère de son indignation,
Il a allumé
un feu dans Sion et dévoré ses fondations.]
ASSOUVI en amenant le
châtiment, DÉVERSÉ car elle est abondante. ALLUMÉ, à cause du châtiment choisi,
car la cité fut incendiée. [SES] FONDATIONS, soit un exemple au hasard, soit
parce que les maisons ont été détruites jusqu’aux fondations. Dt 32,
[22] : Un feu a jailli de ma fureur, il brûlera jusqu’au fond de
l’enfer.
157. [85320] Sur les Lamentations, 4, 12
[12. Lamed.
Ils n’ont pas cru, les rois de la terre et tous les habitants du monde,
Que
l’agresseur et l’ennemi entreraient par les portes de Jérusalem.]
Ici il montre que
l’événement est étonnant, car auparavant il aurait été incroyable : ILS
N’ONT PAS CRU, quand il y avait en cette [ville] des rois puissants et des
remparts avec la protection divine.
L’AGRESSEUR, ouvertement
violent, L’ENNEMI, perfidement caché. Is 23, [8] : Qui a décidé cela
contre Tyr jadis couronnée. Is 30, [13] : Soudain, sans qu’on s’y
attende, vient sa destruction.
158. [85321] Sur les Lamentations, 4, 13
[13. Mem. A
cause des péchés de ses prophètes, des fautes de ses prêtres,
Qui en son
milieu ont versé le sang des justes.]
Ici, pour que l’étonnement
cesse, il donne la raison de la destruction, et c’est en premier lieu la faute
des supérieurs, PROPHÈTES ET PRÊTRES, qui auraient dû gouverner le peuple. Dn
13, [5] : L’iniquité est venue des vieillards, qui se donnaient pour
guides du peuple.
159. [85322] Sur les Lamentations, 4, 14
[14. Nun.
Ils ont erré aveugles sur les places, souillés de sang,
Et comme ils
ne pouvaient entrer ils ont tenu leurs pans de vêtements.]
En deuxième lieu il
présente l'insuffisance d'amendement de leur vie, car ils croyaient faire assez
en s'abstenant [du mal] seulement à partir de l’entrée du Temple. ILS ONT ERRÉ,
allant au hasard sur les places, AVEUGLES. [Ils s’égarent] car leur malice
les a aveuglés (Sg 2, [21]).
ENTRER dans le Temple.
LEURS PANS DE VÊTEMENTS, des vêtements découpés à la mode des bouffons et qu’on
appelle « lacérés », du [verbe] « lacérer » ; par quoi
est montré qu’ils ne renonçaient pas à leurs plaisirs. Ou selon une variante du
texte, LEURS LASCIVETÉS[19],
et là c’est plus clair. Is 59, [3] : Vos mains sont souillées par le
sang, vos doigts par l’iniquité. Ou bien on peut comprendre par ceux-là,
les captifs qui ont été rendus aveugles physiquement par les ennemis, et qui ne
pouvaient rentrer tout seuls chez eux sans tenir le bout du vêtement de celui
qui les guidait. Et cela se tient avec la suite.
160. [85323] Sur les Lamentations, 4, 15
[15. Samek.
Ils leur ont crié : ‘Arrière, impurs ! Arrière, partez, ne touchez
pas !’
Ils ont été
querelleurs et emportés, ils ont dit parmi les nations qu’il n’habite plus
parmi eux.]
Ici il présente les
moqueries des ennemis contre les citoyens captifs, et premièrement il leur
reproche la profanation du sanctuaire : ILS (les ennemis) LEUR ONT
CRIÉ (aux Juifs) : ÉLOIGNEZ-VOUS du lieu saint pour aller en captivité, NE
TOUCHEZ PAS les choses sacrées, vous impurs. Lv 21, [21] : Nul descendant
d’Aaron qui aura une tache ne s’approchera pour offrir une victime.
Deuxièmement il leur
reproche l’indignation de Dieu en ce qui concerne l’abandon du secours
divin : ILS (les ennemis) ONT ÉTÉ QUERELLEURS contre les Juifs ET EMPORTÉS,
les uns querellant, les autres souffrant QUE Dieu votre défenseur N’HABITE
[PLUS PARMI EUX]. Ps 70, [10-11] : Ils disent : Dieu l’a
abandonné.
161. [85324] Sur les Lamentations, 4, 16
[16. Pé. La
face du Seigneur les a divisés, il ne les regarde plus,
Ils n’ont
pas eu la pudeur de respecter la face des prêtres, ils n’ont pas eu pitié des
vieillards.]
Et quant à l’application du
châtiment, quand il dit : LA FACE DU SEIGNEUR, sa Prescience, LES A
DIVISÉS, dispersés parmi les nations. Ps 34 ?: Ils ont été dispersés
par la colère de sa face.
Troisièmement il leur
reproche le manque de respect envers les anciens, et ce sont des paroles
d’ennemis contre les Juifs : ILS N’ONT PAS EU LA PUDEUR DE RESPECTER LA
FACE DES PRÊTRES. Is 3, [5] : Le jeune garçon s’en prendra au
vieillard, l’homme de peu au notable. Ou bien ce sont peut-être les paroles
du prophète à propos des ennemis.
162. [85325] Sur les Lamentations, 4, 17
[17. Aïn.
Alors que nous tenions bon jusque-là, nos yeux ont défailli, épiant un secours
illusoire,
Quand nous guettions
une nation qui ne pouvait sauver.]
Ici il exclut la
possibilité d’échapper, en excluant quatre échappatoires possibles : premièrement
le secours d’amis : ALORS QUE NOUS TENIONS BON JUSQUE-LÀ, que nous
attendions UN SECOURS ILLUSOIRE, celui des Égyptiens. Is 30, [7] : L’Égypte
dont l’aide sera vanité et néant.
163. [85326] Sur les Lamentations, 4, 18
[18. Sadé.
Ils ont rendu chancelants nos pas sur le chemin de nos places,
Notre fin
s’est approchée, nos jours sont accomplis car notre fin est venue.]
Deuxièmement il exclut [le
secours] de leurs propres forces : RENDU CHANCELANTS, comme si par
faiblesse nous ne pouvions tenir debout solidement, et comme si les routes
étaient obscures et glissantes. Ps 34, [6] : Que leurs chemins soient
ténèbre et glissade, l’ange du Seigneur les poursuivant ! Jr 23,
[12] : Leurs chemins seront comme un lieu glissant dans les ténèbres.
Et c’est pourquoi [NOTRE]
FIN (la captivité, ou la mort) S’EST APPROCHÉE, et pour finir, NOS JOURS
étaient ACCOMPLIS. Ez 7, [6] : La fin vient, vient la fin.
164. [85327] Sur les Lamentations, 4, 19
[19. Qoph.
Nos poursuivants furent plus rapides que les aigles du ciel,
Dans les
montagnes ils nous ont poursuivis, dans le désert ils nous ont dressé des embûches.]
Troisièmement il exclut la
solution de la fuite. Ici il aborde l’histoire qui est racontée dans le dernier
[chapitre] de Jérémie, que les Chaldéens ont arrêté Sédécias en fuite dans un
chemin solitaire. Expression hyperbolique. Ha 1, [8] : Ils voleront
comme l’aigle qui fond.
165. [85328] Sur les Lamentations, 4, 20
[20. Resh.
Le souffle de notre bouche, le Seigneur Messie, a été pris pour nos péchés.
Nous lui
avons dit : ‘A ton ombre nous vivrons chez les nations’.]
Quatrièmement il exclut la
protection des rois : LE SOUFFLE DE NOTRE BOUCHE, par où nous respirions
au milieu des angoisses, LE SEIGNEUR MESSIE, Josias, A ÉTÉ PRIS, a été tué par
les Égyptiens (2 R, 24 ?), POUR NOS PÉCHÉS, car lui, il était juste. Ou
bien il peut s’agir de Sédécias, selon la suite de cette histoire. Ou mieux, du
Christ. Is 53, [5] : Lui, il a été blessé à cause de nos iniquités.
À [TON] OMBRE, sous [ta]
protection. Ct 2, [3] : A l’ombre de celui que j’avais désiré, je me
suis assise.
166. [85329] Sur les Lamentations, 4, 21
Ici il menace les
insulteurs et surtout les Iduméens. Premièrement il les menace, deuxièmement il
console les Juifs, là : Ta faute est expiée [verset 22].
[21. Shin.
Réjouis-toi et jubile, fille d’Edom qui habites sur la terre de Hus.
A toi aussi
passera la coupe, tu te soûleras et seras dénudée.
Pour le premier point, deux
choses.
Premièrement il exclut la
joie [en disant] ironiquement : RÉJOUIS-TOI. 2S 2, [20] : Ne le
publiez pas dans Gat, ne l’annoncez pas dans les rues d’Ashqelôn. FILLE
D’ÉDOM, peuple des Iduméens, SUR LA TERRE DE HUS. Contre : Dt 2,
[5] : J’ai donné le mont Seïr à Esaü comme domaine. En outre : Hus
fut le premier-né de Nachor (Gn 22, [21]), mais il faut dire qu’il ne s’agit
pas [ici] de l’homme Hus, mais de la terre de Hus, qui s’appelle aussi
l’Ausitide, comme dit la Glose. Jr 25, [20] : Tous les rois du pays
d’Ausitide, qui est aux confins des Iduméens et des Arabes.
Deuxièmement, il menace de
châtiment : À TOI AUSSI PASSERA LA COUPE, la colère de Dieu, TU TE
SOÛLERAS, tu te rempliras de malheur, TU SERAS DÉNUDÉE, dépouillée de tous tes
biens. Jr 49, [12] : Ceux pour qui ce n’était pas justice qu’ils
boivent la coupe, en buvant ils la boiront !
167. [85330] Sur les Lamentations, 4, 22
[22. Tav. Ta
faute est expiée, fille de Sion, il ne te déportera plus,
Il punira
ton iniquité, fille d’Edom, il découvrira tes péchés.]
Ici il console les Juifs,
premièrement avec leur libération. TA FAUTE EST EXPIÉE, purgée par le
châtiment, IL NE TE DÉPORTERA PLUS pour les péchés passés, excepté si tu
recommences ces péchés. Is 40, [2] : Sa faute est expiée, son péché
remis ; et deuxièmement avec la punition des ennemis : IL PUNIRA,
comme un juge ou quelqu’un qui examine les châtiments eux-mêmes, IL DÉCOUVRIRA
[TES PÉCHÉS], les rendant manifestes par les châtiments. Jr 49, [10] :
C’est moi qui ai dénudé Esaü, qui ai mis au jour ses cachettes.
168. [85331] Sur les Lamentations, 5
Ici le prophète, après de
multiples lamentations, se tourne vers le remède de la prière, et premièrement
il expose le malheur du peuple, deuxièmement il implore miséricorde, là : Mais
toi, Seigneur etc. [verset 19].
La première [partie] en
deux : premièrement il expose le malheur du peuple quant aux maux qui sont
survenus, deuxièmement quant aux biens qu’ils ont perdus, là : Les
vieillards ont déserté les portes [verset 14].
Pour le premier point, deux
choses.
169. [1. Souviens-toi, Seigneur, de ce qui
nous est arrivé,
Regarde et
considère notre opprobre.]
Premièrement il attire son
attention, SOUVIENS-TOI, sois attentif à mes malheurs. Plus haut 3, [19] :
Souviens-toi de ma pauvreté et de ma transgression. SOUVIENS-TOI, autrement
dit : garde connaissance de moi, REGARDE, c’est-à-dire, une fois la
connaissance rétablie, fixe ton attention, CONSIDÈRE, en réfléchissant et en
scrutant.
Deuxièmement là :
NOTRE HÉRITAGE A PASSÉ À DES ÉTRANGERS, il présente l’affliction du peuple, et
premièrement en général, deuxièmement en descendant aux personnes
particulières, là : Ils ont humilié des femmes dans Sion [verset
11].
Pour le premier point, deux
choses.
Premièrement il exclut ce
qui leur permettait de résister aux malheurs, à savoir :
170. [2. Notre héritage est passé à des
étrangers,
Nos maisons à
des inconnus.]
- les possessions
personnelles, qui passèrent au pouvoir des ennemis : NOTRE HÉRITAGE
EST PASSÉ À DES ÉTRANGERS. Plus haut 1, [10] : L’ennemi a étendu la
main vers tous ses trésors. Jr 6, [12] : Et leurs maisons passeront
à d’autres, et leurs champs, et leurs femmes également.
171. [3. Nous sommes devenus orphelins, sans
père,
Nos mères
[sont] comme des veuves.]
- la protection
divine : NOUS SOMMES DEVENUS ORPHELINS, car privés de consolation divine,
paternelle pour ainsi dire.
NOS MÈRES, les synagogues,
[SONT] COMME DES VEUVES, elles dont on disait l’époux [c'est-à-dire Dieu]
jaloux [litt. "une aiguille", acus]. Is 9, [16] : De
ses orphelins et de ses veuves il n’aura pas pitié, car chacun d’eux est
hypocrite et vaurien.
172. Deuxièmement, là : A prix d’argent nous
buvons notre eau [verset 4], il décrit les malheurs particuliers qu’ils
subissaient, premièrement la servitude, deuxièmement l’affliction, là : Contre
nos vies nous rapportions notre pain [verset 9].
Pour le premier point, deux
choses : premièrement il présente la servitude du peuple, deuxièmement il
l’exagère, là : Nos pères ont péché et ne sont plus [verset 7].
Pour le premier point, deux
choses :
173. [4. A prix d’argent nous buvons notre
eau,
Notre bois,
nous nous le procurons en payant.]
Premièrement il présente la
servitude qu’ils subissaient quant à leurs biens : À PRIX D’ARGENT NOUS
BUVONS NOTRE EAU, car des ennemis nous oppriment tyranniquement. Dt 2,
[6] : Vous puiserez et boirez de l’eau achetée.
Deuxièmement il présente la
servitude quant aux personnes proprement dites, et
174. [5. Nous exposions nos cous [au
joug], il n’y aura pas de repos pour les épuisés.]
premièrement [la servitude]
forcée : NOUS EXPOSIONS NOS COUS, autrement dit, nous ne voulions pas
persister à recevoir des coups sur la nuque en chemin ; ou bien, attachés
par le cou. Dt 28, [65] : Parmi ces nations non plus tu ne trouveras
pas le repos, il n’y aura pas de repos pour toi.
175. [6. Nous avons tendu la main à l’Égypte
Et aux
Assyriens pour être rassasiés de pain.]
Deuxièmement il aborde la
servitude personnelle volontaire, car poussés par le dénuement ils se vendaient
à autrui comme esclaves, purement et simplement, ou pour un temps, et
c’est : NOUS AVONS TENDU LA MAIN À L’ÉGYPTE, autrement dit, en nous
mettant sous leur joug. 1S 2, [5] : Les rassasiés se sont embauchés
pour du pain. Ou bien, NOUS AVONS TENDU LA MAIN, en demandant aide. Jr 2,
[18] : A quoi bon partir en Égypte pour boire de l’eau trouble ?
176. [7. Nos pères ont péché et ne sont plus,
Et nous
avons porté leurs fautes.]
NOS PÈRES ONT PÉCHÉ. Ici il
exagère la servitude, premièrement à partir de la condition de ceux qui sont
esclaves, car ils sont punis pour les péchés des autres, ET NE SONT PLUS, car
ils sont morts. NOUS AVONS PORTÉ, en portant leur peine.
Contre. Ez 18, [2] : Pourquoi
entre vous tournez-vous la parabole en proverbe, disant : ‘Nos pères ont
mangé des raisins verts, et les dents des fils ont été agacées ?’
Solution. Ex 20, [5] :
Moi je suis le Dieu Jaloux, qui punis la faute des pères sur les fils et à
la troisième et quatrième génération. Dt 32, [41] : Je paierai de
retour ceux qui me haïssent.
177. [8. Des esclaves ont dominé sur nous,
Il n’y a eu
personne pour nous racheter de leur main.]
Deuxièmement il exagère la
servitude à partir de la condition de ceux qui dominent : DES ESCLAVES ONT
DOMINÉ SUR NOUS, par exemple les Moabites, les Iduméens et autres voisins
qu’auparavant ils avaient dominés. Pr 30, [21-22] : Par trois maux
tremble la terre (…) : un esclave qui devient roi, un sot gorgé de
nourriture, une femme odieuse qui se marie.
178. [9. Contre nos âmes nous rapportions
notre pain,
Loin de la
face de l’épée dans le désert.]
CONTRE NOS ÂMES. Ici il
aborde l’affliction de la faim, et il montre premièrement la pénurie :
CONTRE NOS ÂMES, c’est-à-dire au péril de nos âmes, c’est-à-dire de notre vie,
fuyant DANS LE DÉSERT LA FACE DE L’ÉPÉE de Babylone ; ou le fait qu’en se
chargeant de victuailles ils s’exposaient à des dangers, de sorte qu’ils
fuyaient DANS LE DÉSERT les poursuites ennemies ; ou parce qu’ils usaient
leur corps par une peine excessive pour la recherche de nourriture. Is 21,
[14] : Vous qui habitez le pays du sud, venez avec des pains à la
rencontre du fugitif.
179. [10. Notre peau est brûlante comme un
four,
Par la face
du mauvais temps de la faim.]
Deuxièmement il présente
l’effet de la faim : NOTRE PEAU EST BRÛLANTE, desséchée par la faim. DU
MAUVAIS TEMPS, car assiégés et fuyant la faim ils ont longTEMPS souffert. Os 7,
[4] : Tous adultères, comme un four allumé par le cuisinier. Jb
9 ? : Mes chairs ont fondu, mes os adhèrent à ma peau.
180. [11. Ils ont humilié des femmes dans
Sion,
Des jeunes
filles dans les cités de Juda.]
DES FEMMES. Ici il descend
jusqu’aux personnes particulières : premièrement les femmes : ILS ONT
HUMILIÉ [DES FEMMES] en les corrompant. Dt 28, [30, 32] : Tu prendras
une épouse, mais un autre dormira avec elle. (…)Tes filles seront livrées à un
peuple étranger, sous tes yeux.
181. [12. Des princes ont été suspendus de
leur main,
Ils n’ont
pas respecté le visage des vieillards.]
Deuxièmement les
princes : DES PRINCES ONT ÉTÉ SUSPENDUS DE LEUR MAIN, sous-entendu sur un
chevalet de torture pour leur faire avouer [où ils cachaient] leurs richesses.
Dt 28, [49-50] : Il amènera sur toi un peuple lointain, venu du bout du
monde, semblable à l’aigle qui fond, dont tu ne pourras comprendre la langue,
une nation très effrontée qui ne respecte pas le vieillard et n’a pas pitié du
petit enfant.
182. [13. Ils ont fait subir des abus sexuels
à des adolescents,
Des enfants
se sont écroulés sous le bois.]
Troisièmement les
jeunes : ILS ONT FAIT SUBIR DES ABUS SEXUELS À DES ADOLESCENTS. Jl [4],
3 : Ils ont fait du petit garçon un prostitué, ils ont vendu la petite
fille pour du vin, pour boire.
183. [14. Les vieillards ont déserté les
portes,
Et les
jeunes les groupes de chanteurs.]
LES VIEILLARDS ONT DÉSERTÉ
LES PORTES. Ici il aborde le malheur quant aux biens qui ont fait défaut, et
premièrement quant à la fonction des personnes : ILS ONT DÉSERTÉ LES
PORTES, autrement dit ils ne rendent plus la justice aux portes.
LES GROUPES : autrement
dit, ils ne chantent plus, ce qui était la fonction des nobles. 1M 2,
[9] : Ses vieillards furent massacrés sur les places et ses jeunes gens
tombèrent par l’épée.
184. [15. La joie a disparu de notre cœur,
Notre chœur
s’est changé en deuil.]
Deuxièmement quant à la
pratique des joies, LA JOIE A DISPARU. Am 8, [10] : Je changerai vos
fêtes en deuil, et tous vos chants en lamentations.
185. [16. La couronne est tombée de notre
tête.
Malheur à
nous car nous avons péché.]
Troisièmement quant à la
gloire des honneurs, et en premier lieu quant à la gloire royale : LA
COURONNE EST TOMBÉE. Jb 19, [9] : Il m’a dépouillé de ma gloire, il a
enlevé la couronne de ma tête.
186. [17. C’est pourquoi notre cœur est
attristé dans la douleur.
C’est
pourquoi nos yeux sont obscurcis]
En deuxième lieu quant à la
gloire du temple, en le recouvrant de tristesse. C’EST POURQUOI NOTRE CŒUR EST
ATTRISTÉ DANS LA DOULEUR ; C’EST POURQUOI NOS YEUX SONT OBSCURCIS, de trop
de larmes. Jr 8, [18 ?] : Pour moi, douleur sur douleur.
187. [18. A cause du Mont Sion, car il a péri,
Les renards
s’y sont promenés.]
Et la cause de la
tristesse : À CAUSE DU MONT SION, où était le Temple. LES RENARDS S’Y SONT
PROMENÉS, comme en des lieux déserts. Mi 3, [12] : Sion sera labourée
comme un champ, Jérusalem sera comme un tas de pierres, et le mont du Temple
une hauteur boisée.
188. [19. Mais toi, Seigneur, tu demeureras
pour l’éternité,
Ton trône
d’âge en âge.]
MAIS TOI, SEIGNEUR. Ici il
se met à implorer, et premièrement il confesse la majesté elle-même, en premier
lieu quant à l’éternité de la substance : TU DEMEURERAS POUR L’ÉTERNITÉ,
et en deuxième lieu quant à la durée de la gloire royale : TON TRÔNE D’ÂGE
EN ÂGE. Ps 101, [13] : Mais toi, Seigneur, tu demeureras pour
l’éternité, mémoire de toi d’âge en âge.
189. [20. Pourquoi nous oublierais-tu pour
toujours,
Nous
abandonnerais-tu dans la longueur des jours ?]
Deuxièmement il s’étonne de
l’indignation : POURQUOI NOUS OUBLIERAIS-TU POUR TOUJOURS ? Is 49,
[15] : Une femme peut-elle oublier son petit enfant, est-elle sans
pitié pour le fils de ses entrailles ?
190. [21. Fais-nous revenir à toi, Seigneur,
et nous reviendrons.
Renouvelle
nos jours comme au commencement.]
Troisièmement il présente
sa demande : FAIS-NOUS REVENIR, SEIGNEUR. Jr 31, [18] : Fais-moi
revenir, que je revienne, car tu es le Seigneur mon Dieu.
Contre. Za 1, [3] :
Revenez à moi [et je reviendrai vers vous].
Et il faut dire que l’un et
l’autre sont vrais en ceci, que pour une œuvre méritoire sont exigées la
préparation du libre arbitre et l’infusion de la grâce.
RENOUVELLE NOS JOURS. Jb
29, [2] : Qui me fera revivre les mois d’autrefois, les jours où Dieu
me protégeait ?
191. [22. Mais tu nous as rejetés et exclus,
Irrité
contre nous violemment.]
Quatrièmement il aborde la
nécessité de réclamer : MAIS TU NOUS AS REJETÉS ET EXCLUS. Jr 14,
[19] : As-tu chassé et abandonné Juda, ton âme a-t-elle horreur de
Sion ? Pourquoi donc nous as-tu frappés de sorte qu’il n’y a pas de
guérison ?
J: Commentaire de Jérémie
L: Commentaire des Lamentations de Jérémie
Genèse
J463. Gn 1, 22; J541. Gn 1, 22; J350. Gn 4, 14; J448.
Gn 6, 5; J314. Gn 6, 9; J294. Gn 8, 11; J714.
Gn 13, 15; J513. Gn 14, 10; J131. Gn 17, 11; J624.
Gn 18, 13; J137. Gn 18, 32; J431. Gn 21, 6; J645.
Gn 22, 17; L166. Gn 22, 21; J301. Gn 25, 5‑6; J228.
Gn 27, 36; J587. Gn 27, 37; J132. Gn 49, 11
Exode
J592. Ex 3, 7; J28. Ex 4, 10; J131. Ex 6, 10; J31.
Ex 7, 1; L74. Ex 16, 8; J101. Ex 15, 2; J730.
Ex 19, 8; J62. Ex 20, 3; J491. Ex 20, 3; J558.
Ex 20, 5; J618. Ex 20, 5; J653. Ex 20, 7; J388.
Ex 20, 8; J652. Ex 21, 2; J349. Ex 22; J443.
Ex 22, 21; J443. Ex 23, 7; L5. Ex 26; J374. Ex 27, 2; L176.
Ex 20, 5; J731.
Ex 32, 14; L21. Ex 32, 19; L37. Ex 32, 34; J196.
Ex 33; J317.
Ex 33, 3; J40. Ex 33, 12
Lévitique
J55. Lv 7, 31; J447. Lv 19, 13; J620. Lv 20, 24; L160.
Lv 21, 21; L30.
Lv 22; J652.
Lv 25, 35; J131. Lv 26, 41
Nombres
L150. Nb 6; J614.
Nb 11; J8.
Nb 12, 6;
J485.
Nb 12, 6; J59. Nb 14, 7; J334. Nb 14, 16; J223.
Nb 16, 26; J400. Nb 20, 17; J170. Nb 25, 11; J54.
Nb 20, 5; J396. Nb 23, 19; J596. Nb 23, 19; J614.
Nb 23, 19; L72. Nb 23, 19; L53. Nb 24, 5
Deutéronome
L166. Dt 2, 5; L173.
Dt 2, 6; J254.
Dt 4, 19; J278. Dt 4, 20; J7. Dt 5, 5; J731.
Dt 5, 5; J206. Dt 6, 5; J206. Dt 6, 5; J278.
Dt 6, 3; J59. Dt 8, 15; J317. Dt 10, 14‑15;
J108.
Dt 10, 16; J536. Dt 13, 1; J475. Dt 13, 1‑2; J366.
Dt 14, 1; J512. Dt 16, 18; J476. Dt 18, 22; J536.
Dt 18, 22; J85. Dt 24, 1‑4; J279.
Dt 27, 16; L72. Dt 28; L180. Dt 28; J354. Dt 28, 25; J216. Dt 28, 30; J654.
Dt 28, 36; L22. Dt 28, 44; L181. Dt 28, 49-50; J146.
Dt 28, 49; J374. Dt 28, 48; J145. Dt 28, 52; J730.
Dt 28, 62; J368. Dt 28, 65; L174. Dt 28, 65; L18. Dt
28, 65; J443.
Dt 29, 23‑24; J212. Dt 31, 27; J454. Dt 32, 1; J319.
Dt 32, 3‑4; J264. Dt 32, 9; J55. Dt 32, 9; J621.
Dt 32, 15; J150. Dt 32, 15; L152. Dt 33, 16; J402.
Dt 32, 20; J491. Dt 32, 21; J144. Dt 32, 21; J289.
Dt 32, 21; J440. Dt 32, 22; L156. Dt 32, 22; J42.
Dt 32, 22; J374. Dt 32, 22; L53. Dt 32, 22; L44. Dt
32, 25; J181.
Dt 32, 25; J337. Dt 32, 25; J278. Dt 27, 26; J685.
Dt 32, 30; J326. Dt 32, 33; J72. Dt 32, 37; L80. Dt
32, 39; J151.
Dt 32, 41; L176.
Dt 32, 41; J305.
Dt 32, 42
Josué
J157. Jos 15, 8
Ruth
L44. Rt 1, 20; L20.
Rt 1, 20
Premier livre de Samuel
J682. 1 Sm; J244. 1 Sm 2, 3; J353.
1 Sm 2, 5; 411. 1 Sm 3, 11; 1 Sm;
4, 14‑16; J33. 1 Sm 9, 9; J730.
1 Sm 12, 23; J288. 1 Sm 16, 1; J658.
1 Sm 15, 22
Deuxième livre de Samuel
J707. 2 Sm; J707. 2 Sm; J719.
2 Sm 3, 33; J455. 2 Sm 14, 14; J674.
2 Sm 24, 4
Premier livre des Rois
J294. 1 R 6, 23; J528.
1 R 7; J191. 1 R 8; J579. 1 R 12; J689. 1 R 14, 6; J723.
1 R 16; J361. 1 R 17, 1; J472.
1 R 18; J668. 1 R 18, 13‑14; J301.
1 R 18, 21; J406. 1 R 19, 12; J515.
1 R 22; J510. 1 R 22, 8; J555.
1 R 22, 8; J345. 1 R 22, 19; J699.
1 R 22, 16; J521. 1 R 22, 22
Deuxième livre des Rois
J89. 2 R 1; L147. 2
R 7; J555.
2 R 11; J77. 2 R 16; J90. 2 R 17, 19; J198.
2 R 17; J12. 2 R 17; J207. 2 R 17, 16; J17.
2 R 20; J350. 2 R 21; J411. 2 R 21, 12; J411.
2 R 21, 16; J673. 2 R 22, 11; J664.
2 R 22, 13; J445. 2 R 23; J485. 2 R 23; J350.
2 R 23, 26; J320. 2 R 24, 8; J449.
2 R 24; J526. 2 R 24; J17. 2 R 24; J541.
2 R 24; J708. 2 R 25
Chroniques
J656. Ch 2, 55; J583. Ch 5; J730.
Ch 20, 12; L7. Ch 35, 24-25; J449. Ch 36
Néhémie
J611. Ne 3, 1; J388.
Ne 13, 15
Tobie
J359. Tb 3, 17; J587.
Tb 3, 22; J702. Tb 12, 7; J636. Tb 13, 22
1 Maccabées
L26. 1 M; L30.
1 M; L57.
1 M; L57.
1 M; L142.
1 M; J238.
1 M 1, 66; J432. 1 M 2, 7; L183. 1
M 2, 9; J528.
1 M 2, 9; J95. 1 M 3, 3; J578.
1 M 14; J579. 1 M 10
2 Maccabées
L142. 2 M; J95.
2 M 1, 19; J190. 2 M 5, 19; J1.
2 M 15, 14; J404. 2 M 15, 14
Job
L61. Jb 2, 13; L84. Jb 3, ?; J431. Jb 3, 3; J431.
Jb 3, 11; J366. Jb 3, 19; L95. Jb 3; L98. Jb 4; J412. Jb 5, 13; J371.
Jb 5, 18; L80. Jb 5, 18-19; L147. Jb 6; J298. Jb 6, 16; J247.
Jb 6, 12; J146. Jb 6, 26; J689. Jb 6, 30; J538.
Jb 6, 16; L153. Jb 7, 5; L87. Jb 7, 12; J73. Jb 9, 3; J322.
Jb 9, 3; J193. Jb 9, 13; J618. Jb 9, 19; L148.
Jb 9, 23; J385.
Jb 9, 34; J23. Jb 10, 11; J358. Jb 10, 12; J355.
Jb 10, 18; J76. Jb 11, 4; J318. Jb 12, 3; J228.
Jb 12, 4; J297. Jb 12, 6; J214. Jb 12, 7; J514.
Jb 12, 12; J379. Jb 12, 16; J215. Jb 12, 17; L56. Jb
12, 19; J296.
Jb 13, 3; L89. Jb 13, 27; J594. Jb 13, 26; J213.
Jb 15, 26; J123. Jb 16, 15; J366. Jb 16, 7; J384.
Jb 16, 20; J566. Jb 15, 21; J726. Jb 15, 21; L94. Jb
16, 12; L134.
Jb 17, 3; L185.
Jb 19, 9; L15.
Jb 19, 13; J41.
Jb 19, 21; J446. Jb 20, 9; J499. Jb 20, 15; J297.
Jb 21, 7; J67. Jb 21, 15; J323. Jb 22, 5; J400.
Jb 22, 15‑16; J397. Jb 22, 23; J120. Jb 22, 5; J345.
Jb 23, 3; J390. Jb 23, 11; J88. Jb 24, 23; J618.
Jb 25, 3; L190. Jb 29, 2; J572. Jb 29, 2; L28. Jb
29, 11; J670.
Jb 29, 25; J448. Jb 29, 25; L20. Jb 30, 3; L137. Jb 30, 9; J565.
Jb 30, 10; J549. Jb 31, 12; J28. Jb 32, 7; J10.
Jb 32, 8; L117. Jb 34, 12; J619. Jb 34, 21; J350.
Jb 34, 30; J194. Jb 35, 6; J619. Jb 36, 26; J327.
Jb 37, 17; J314. Jb 38, 3; J148. Jb 38, 10; J341.
Jb 38, 28; J332. Jb 39, 1; L145. Jb 39, 16; J327.
Jb 39, 26; J37. Jb 40, 2; J558. Jb 40, 2; J184.
Jb 40, 13; J213. Jb 40, 18; L139. Jb 41, 7; J42.
Jb 41, 23; J594. Jb 42, 5
Psaumes
J378. Ps 1, 3; J539. Ps 1, 4; J139. Ps 2, 2; J139.
Ps 2, 3; J388. Ps 2, 10; J411. Ps 2, 10; J206.
Ps 2, 11; J378. Ps 2, 13; J603. Ps 3, 6; J325. Ps 4, 3; J478.
Ps 4, 3; J132. Ps 6, 7; L15. Ps 6, [7]; L134.
Ps 6, 10; L53.
Ps 7, 13; L94.
Ps 7, 13; J515.
Ps 7, 17; J437. Ps 7, 17; J194. Ps 7, 17; J443.
Ps 2, 10; J370. Ps 9, 17; J476. Ps 9, 17; J573.
Ps 9, 17; J150. Ps 9, 30; J301. Ps 9, 30; L23. Ps
12, 5; L45.
Ps 12, 5; J184.
Ps 14[13], 1; J137. Ps 14[13], 3; J213.
Ps 14[13], 3; J55. Ps 14[13], 4; J191. Ps 15[14], 1; L107.
Ps 15, 5; J297.
Ps 17[16], 3; J264. Ps 16[15], 5; J97.
Ps 16[15], 6; L5. Ps 17; J31. Ps 18[17], 44; J220.
Ps 18[17], 8; J223. Ps 18[17], 27; J370.
Ps 18[17], 3; J260. Ps 18[17], 8; J261. Ps 19[18], 2; L90. Ps
21, 3; L26.
Ps 21, 12; L71.
Ps 21, 14; L127.
Ps 21, 14; J469.
Ps 22[21], 15; J362. Ps 23[22], 4; J103.
Ps 23[22], 5; J29. Ps 24[23], 4; L138. Ps 27, 4; J687.
Ps 27[26], 12; J542. Ps 28[27], 3; J342.
Ps 28[27], 3; J233. Ps 28[27], 3; J493.
Ps 28[27], 4‑5; L44. Ps 30, 10; L35. Ps 30, 11; J145.
Ps 32[31], 9; L161. Ps 34 ?; L163. Ps 34, 6; L71. Ps
34, 21; J675.
Ps 34[33], 21; J701. Ps 35[34], 6; L115.
Ps 35, 8; J471.
Ps 35[34], 6; J62. Ps 36[35], 10; L35. Ps
37, 5; L24.
Ps 37, 11; L136.
Ps 37, 13; J271.
Ps 37[36], 23; J448. Ps 37[36], 35; J272.
Ps 38[37], 2; J172. Ps 38[37], 13; J293.
Ps 38[37], 13; J537. Ps 38[37], 15; J426.
Ps 39[38], 4; L8. Ps 39, 4; J371. Ps 39[38], 12; L28. Ps
39, 15; J78.
Ps 40[39], 5; J196. Ps 40[39], 7; L76. Ps
41, 5; L103.
Ps 41, 5; J381.
Ps 41[40], 5; J427. Ps 40[39], 15; J385.
Ps 40[39], 15; J212. Ps 41[40], 9; L135.
Ps 43, 1; L54.
Ps 43, 26; J340.
Ps 44[43], 14; J334. Ps 46[45], 2; J126.
Ps 46[45], 4; J25. Ps 47[46], 5; L70. Ps 47, 3; J451. Ps 48[47], 7; J566.
Ps 48[47], 7; J181. Ps 48[47], 7; J130.
Ps 48[47], 7; J634. Ps 48[47], 3; J380.
Ps 49[48], 12; J379. Ps 49[48], 11; J196.
Ps 50[49], 13; J339. Ps 51[50], 5; J294.
Ps 52[31], 10; J164. Ps 55[54], 12; J292.
Ps 55[54], 23; J405. Ps 57[56], 7; J220.
Ps 58[57], 5; L29. Ps 58, 12; J324. Ps 59[58], 12; J326.
Ps 60[59], 5; J101. Ps 62[61], 8; J244.
Ps 62[61], 8; J587. Ps 63[62], 6; J403.
Ps 64[63], 4; J233. Ps 64[63], 8‑9; J106.
Ps 66[65], 8; J174. Ps 66[65], 12; L60. Ps
68, 3; J420.
Ps 68[67], 7; L137. Ps 68, 13; L53. Ps 68, 25; J360.
Ps 69[68], 2; J692. Ps 69[68], 3; J359.
Ps 69[68], 8; J31. Ps 69[68], 12; J154.
Ps 69[68], 30; J694. Ps 68[67], 32; L116.
Ps 68, 34; J714.
Ps 69[68], 34; L160. Ps 70, 10-11; J646. Ps 71[70], 10; L108.
Ps 72, 1; J586.
Ps 72[71], 12; J427. Ps 72[71], 12; J227.
Ps 73[72], 3; J297. Ps 73[72], 3; L51. Ps
73, 11; J301.
Ps 73[72], 18; J402. Ps 74[73], 1; L37. Ps
74, 3; J650.
Ps 74[73], 7; L51. Ps 74, 11; L60. Ps 75; J319. Ps 75[74], 6; J496.
Ps 75[74], 9; L56. Ps 77, 60; J620. Ps 78[77], 12; J78.
Ps 78[77], 33; J192. Ps 78[77], 60; J421.
Ps 78[77], 64; J203. Ps 79[78], 2; J412.
Ps 79[78], 2; J220. Ps 79[78], 7; J272.
Ps 79[78], 6; J488. Ps 79[78], 4; L33. Ps
79, 13; J42.
Ps 80[79], 17; J581. Ps 81[80], 2; J440.
Ps 82[81], 4; J443. Ps 82[81], 4; L140.
Ps 82, 16; J324.
Ps 83[82], 14; J631. Ps 83[82], 19; J87.
Ps 85[84], 6; J23. Ps 85[84], 9; J389. Ps 85[84], 13; J95.
Ps 86[85], 9; J443. Ps 87[86], 2; L132.
Ps 87, 7; L38.
Ps 87, 9; L89.
Ps 87, 9; J688.
Ps 88[87], 5; J723. Ps 88[87], 5‑6; J692.
Ps 88[87], 7; L99. Ps 88, 39; L54. Ps 88, 41; L72. Ps
88, 43; J98.
Ps 89[88], 27; J645. Ps 89[88], 30; J481.
Ps 89[88], 33; J293. Ps 89[88], 33; J335.
Ps 89[88], 33; J677. Ps 89[88], 33; J155.
Ps 89[88], 33; J710. Ps 91[90], 7; L113.
Ps 93, 14; J291.
Ps 94[93], 11; J476. Ps 97[96], 3; J72.
Ps 97[96], 7; J263. Ps 97[96], 7; L31. Ps
101, 5; L98.
Ps 101, 10; L130.
Ps 101, 20; L188.
Ps 101, 13; J100.
Ps 103[102], 3; J634. Ps 103[102], 3; J606.
Ps 103[102], 3; J94. Ps 103[102], 9; J731.
Ps 103[102], 9; L2. Ps 103, 24; J262. Ps 104[103], 3; J332.
Ps 104[103], 11; J371. Ps 104[103], 28; J628.
Ps 104[103], 31; J156. Ps 105[104], 19; J479.
Ps 105[104], 19; J29. Ps 105[104], 28; J220.
Ps 106[105], 6; J652. Ps 106[105], 13; J97.
Ps 106[105], 24; J602. Ps 107[106], 9; L60. Ps
106, 16; J625.
Ps 106[105], 37; J411. Ps 106[105], 38; J60.
Ps 106[105], 38; J201. Ps 106[105], 38; J714.
Ps 107[106], 14; J168. Ps 107[106], 33; J377.
Ps 107[106], 33; J298. Ps 107[106], 34; J541.
Ps 107[106], 37; L46. Ps 108, 14; J404. Ps 109[108], 5; J405.
Ps 109[108], 14; J355. Ps 109[108], 28; J255.
Ps 114[113], 13‑15; J259. Ps 115; J188. Ps 119; L129.
Ps 118, 136; L74.
Ps 118, 145; L29.
Ps 118, 153; J644.
Ps 110[109], 4; J359. Ps 119[118], 103; J479.
Ps 119[118], 103; J156. Ps 119[118], 105; J642.
Ps 119[118], 121; J642. Ps 199[118], 137; J296.
Ps 119[118], 137; J479. Ps 119[118], 140; J106. Ps 125[124], 1; J564.
Ps 126[125], 1; J630. Ps 126[125], 1; J327.
Ps 126[125], 4; J262. Ps 135[134], 7; J62.
Ps 135[134], 15; J607. Ps 136[135], 7; J205.
Ps 138[137], 2; J572. Ps 139[138], 18; L88. Ps
142, 3; J272.
Ps 143[142], 2; J370. Ps 144[143], 7; L48. Ps
143, 15; J41.
Ps 144[143], 5; J602. Ps 145[144], 3; J247.
Ps 147; J715.
Ps 147; J570.
Ps 147[146], 3; L48. Ps 147, 20; L142. Ps 147, 20; J156.
Ps 148[147], 18
Proverbes
J421. Pr 1; L4. Pr 1, 6; J70. Pr 1, 16; J470.
Pr 1, 16; J658. Pr 1, 24‑26; J285.
Pr 1, 24; J192. Pr 1, 24; J87. Pr 2, 17; J286.
Pr 2, 17‑18; J656. Pr 3, 1; J29. Pr 3, 6; J274.
Pr 3, 11; J102. Pr 3, 12; J188. Pr 3, 17; J262.
Pr 3, 19; J582. Pr 3, 23; J393. Pr 3, 32; J545.
Pr 4, 1; J714. Pr 4, 11; J188. Pr 4, 11; J229.
Pr 4, 16; J491. Pr 6, 3; J439. Pr 6, 34; L125.
Pr 6, 34; J318.
Pr 6, 34‑35; J86. Pr 7, 9; J129. Pr 7, 10; J335.
Pr 7, 10‑11; J656. Pr 9, 5; J326. Pr 9, 5; J702.
Pr 10, 19; J710. Pr 10, 24; J220. Pr 10, 28; J591.
Pr 10, 28; J385. Pr 10, 29; J288. Pr 11, 1; J710.
Pr 11, 8; J716. Pr 11, 10; J725. Pr 11, 10; J378.
Pr 11, 28; J702. Pr 11, 13; L13. Pr 12, 24; J722.
Pr 13, 8; J716. Pr 14, 15; L28. Pr 14, 34; J513.
Pr 15, 1; J689. Pr 15, 1; L4. Pr 15, 2; J470. Pr 15, 7; J192.
Pr 16, 2; J138. Pr 16, 2; J710. Pr 16, 7; J271.
Pr 16, 9; J344. Pr 16, 12; J248. Pr 17, 16; J43.
Pr 18, 19; J541. Pr 19, 25; J187. Pr 20, 4; J199.
Pr 20, 6; J378. Pr 20, 5; J345. Pr 20, 8; J668.
Pr 20, 8; J70. Pr 20, 9; L142. Pr 20, 15; L109.
Pr 22, 6; J323.
Pr 22, 6; J725. Pr 24, 11; J570. Pr 24, 17‑18;
J43.
Pr 25, 23; J233. Pr 25, 18; J233. Pr 26, 22; J721.
Pr 26, 28; J183. Pr 27, 23; J726. Pr 28, 1; J677.
Pr 29, 1; J350. Pr 29, 12; J70. Pr 30, 12; J367.
Pr 30, 20; L177. Pr 30, 21-22; J114. Pr 30, 30; J366.
Pr 31, 6
Ecclésiaste
J246. Qo 1, 18; J656. Qo 2, 3; L37. Qo 3, 1; J521 Qo 3, 1; L15. Qo
4, 1; J697.
Qo 4, 12; J248. Qo 5, 12; J246. Qo 8, 17; J666.
Qo 9, 10; J247. Qo 9, 11
Cantique
J694. Ct 1, 4; J298. Ct 1, 5; L165. Ct 2, 3; L75. Ct
3, 3; J43.
Ct 4, 4; J43. Ct 4, 16; J327. Ct 4, 16; J389.
Ct 5, 1; J41. Ct 5, 4; J132. Ct 5, 12; J326.
Ct 8, 2; J43. Ct 8, 10
Sagesse
J443. Sg 1, 1; L121. Sg 1, 11; J247. Sg 2, 11; J692.
Sg 2, 12; J403. Sg 2, 12; J510. Sg 2, 20; L159.
Sg 2, 21; J403.
Sg 2, 21; J269. Sg 2, 21; J273. Sg 2, 21; J694.
Sg 3, 14; L126. Sg 4; J455. Sg 4, 11; J229. Sg 5, 7; J400.
Sg 5, 7; J139. Sg 6, 1; J708. Sg 6, 7; J669.
Sg 6, 10; J103. Sg 6, 12; L143. Sg 7, 9; J371. Sg 7, 16; J395.
Sg 7, 16; L3. Sg 7, 27; J7. Sg 7, 27; J678.
Sg 7, 30; J477. Sg 8, 1; J103. Sg 8, 3; L3. Sg
9, 10; J710.
Sg 10, 12; J29. Sg 10, 21; J656. Sg 11, 2; J695.
Sg 11, 16; J207. Sg 11, 16; J618. Sg 12, 18; J255.
Sg 13, 1; L3. Sg 13, 5; J255. Sg 13, 10; J263.
Sg 14, 10; J342. Sg 14, 22; J395. Sg 15, 7; J370.
Sg 15, 16; J406. Sg 17, 9‑10; J385.
Sg 17, 10; J726. Sg 17, 10; J193. Sg 18, 21
Ecclésiastique
L99. Si 1; J710. Si 2, 6; J185.
Si 2, 5; J400. Si 3, 14; J173. Si 4, 21; J218.
Si 4, 21; J358. Si 5, 4; J689. Si 6, 5; J701.
Si 6, 8; J719. Si 6, 10; J603. Si 5, 11; J389.
Si 6, 19; L29. Si 7, 36; J152. Si 9, 2; J715.
Si 10, 3; J572. Si 10, 2; J682. Si 10, 2; J350.
Si 10, 2; J510. Si 10, 2; J503. Si 10, 8; J298.
Si 10, 34; J721. Si 12, 11; J222. Si 12, 11; J719.
Si 11, 34; J223. Si 13, 1; J477. Si 16, 16; J238.
Si 18, 30; J440. Si 15, 17; J670. Si 15, 18; J447.
Si 21, 9; J453. Si 21, 14; J446. Si 22, 11; J40.
Si 23, 20; J363. Si 23, 38; J390. Si 23, 38; J294.
Si 24, 19; J232. Si 27, 5; J403. Si 28, 17; J538.
Si 28, 24; J213. Si 30, 8; L154. Si 30, 17; J28.
Si 32, 3; J78. Si 34, 1; J477. Si 34, 1; J456.
Si 34, 2; J730. Si 35, 21; J371. Si 36, 7; J170.
Si 36, 8; J542. Si 36, 17; J395. Si 38, 32; J455.
Si 38, 20; J43. Si 43, 16‑17; J187.
Si 43, 20; L142. Si 44, 6; J40. Si 44, 23; J23. Si 49, 7;
J31.
Si 49, 7; L104. Si 51, 8; L133. Si 51, 10
Isaïe
J621. Is 1, 2; J388. Is 1, 26; J175. Is 1, 2; J62.
Is 1, 2; J214. Is 1, 3; J352. Is 1, 4; J411.
Is 1, 4; J217. Is 1, 5; J221. Is 1, 6; J625.
Is 1, 6; J443. Is 1, 7; J64. Is 1, 7; J126.
Is 1, 7; J117. Is 1, 8; J177. Is 1, 11; L56. Is
1, 14; J481.
Is 1, 14; L40. Is 1, 15; J117. Is 1, 16; J311.
Is 1, 19; J701. Is 1, 19; J491. Is 1, 19; J503.
Is 1, 20; J150. Is 1, 23; J95. Is 1, 26; J72.
Is 1, 29; J388. Is 1, 31; J109. Is 1, 31; J579.
Is 2, 3; J72. Is 2, 8; J485. Is 3, 1; J541.
Is 3, 1; L161. Is 3, 5; J178. Is 3, 5; J405.
Is 3, 8; L149. Is 3, 9; J65. Is 3, 9; J175.
Is 3, 10; J378. Is 3, 10; J701. Is 3, 12; L139.
Is 1, 14; L18.
Is 2; L37.
Is 3; L20.
Is 3, 26; L60.
Is 3, 26; L61.
Is 3, 24; L11.
Is 4; J132.
Is 4, 4; J306. Is 5, 2; J68. Is 5, 1; J233.
Is 5, 4; J303. Is 5, 5; J86. Is 5, 6; L33. Is
5, 7; J168.
Is 5, 7; J303. Is 5, 7; L14. Is 5, 13; L22. Is 5, 13; L24. Is 5, 13; L42. Is 5, 13; L142. Is 5, 13; J124.
Is 5, 13; J215. Is 5, 13; J304. Is 5, 13; J724.
Is 5, 14; J383. Is 5, 19; J215. Is 5, 21; J88.
Is 5, 22; J243. Is 5, 25; J207. Is 5, 25; J356.
Is 5, 26; J36. Is 5, 26; J117. Is 5, 28; J343.
Is 6, 1; J28. Is 6, 8; J147. Is 6, 10; J126.
Is 6, 11‑12; J563. Is 8, 1; J614. Is 8, 2; J315.
Is 8, 7; J291. Is 8, 11; J434. Is 8, 11; L85. Is
8, 11; J285.
Is 8, 12; J689. Is 8, 19; J730. Is 8, 19; J567.
Is 9, 4; J345. Is 9, 6; J352. Is 9, 12; J573.
Is 9, 12; J472. Is 9, 15; L171. Is 9, 16; J337.
Is 9, 16; J353. Is 9, 17; J215. Is 10, 1; L40. Is
10, 6; J200.
Is 10, 6; J114. Is 10, 7; J464. Is 10, 22‑23;
J127.
Is 10, 23; J567. Is 10, 23; J533. Is 10, 27; J162.
Is 10, 31‑32; J413. Is 10, 33; J642. Is 11, 1; J319.
Is 13, 2; J443. Is 13, 3; J566. Is 13, 8; J493.
Is 13, 21; J338.
Is 14, 6; J449. Is 14, 19; J207. Is 14, 19; J677.
Is 14, 19; L72. Is 14, 24; J498. Is 14, 26; L58. Is
14, 26; J127.
Is 14, 27; J405. Is 15, 5; J297. Is 15, 8; L18. Is
16, 4; J344.
Is 16, 5; J425. Is 16, 7; J237. Is 17, 1; J115.
Is 19, 1; J636. Is 19, 21; J720. Is 19, 21; J314.
Is 19, 25; J300. Is 19, 25; J72. Is 20, 4; J105.
Is 21, 12; L178. Is 21, 14; J128. Is 21, 15; J441.
Is 22, 1; L70. Is 22, 2; L13. Is 22, 2; J414. Is 22, 2; J319.
Is 22, 4; J36. Is 22, 7‑8; J421.
Is 22, 18; J446. Is 22, 18; J344. Is 22, 23; L157.
Is 23, 8; J127.
Is 24, 4; J308. Is 24, 7; J331. Is 24, 7; J497.
Is 24, 9; J331. Is 24, 11; J470. Is 24, 4; J145.
Is 24, 16; J226. Is 24, 16; L128. Is 24, 17; J287.
Is 24, 18; J431. Is 25, 2; L50. Is 25, 12; L75. Is
26, 9; J634.
Is 26, 11; J288. Is 27, 4; J153. Is 27, 8; J324.
Is 27, 8; L2. Is 26, 12; J169. Is 28, 9; J481.
Is 28, 10; J101. Is 28, 15; J191. Is 28, 15; J212.
Is 28, 15; J168. Is 28, 19; L34. Is 28, 19; L113.
Is 28, 24; J612.
Is 29, 3; J706. Is 29, 3; L81. Is 29, 3; L111. Is 29, 4; J499.
Is 29, 9; J318. Is 29, 9; J469. Is 29, 9; J137.
Is 29, 13; J246. Is 29, 14; J539. Is 28, 15; J557.
Is 28, 15; J592. Is 28, 19; J65. Is 30, 2; J77.
Is 30, 3; J335. Is 30, 7; J685. Is 30, 7; L42. Is
30, 7; L162.
Is 30, 7; J541.
Is 30, 8; J293. Is 30, 10; J673. Is 30, 11; J353.
Is 30, 13; L157. Is 30, 13; J414. Is 30, 14; J337.
Is 30, 14; L109. Is 30, 15; J378. Is 30, 18; J542.
Is 30, 19; J156. Is 30, 27; J116. Is 30, 28; J579.
Is 30, 29; J573. Is 30, 32; J377. Is 31, 1; J228.
Is 32, 7; J242. Is 32, 9; J222. Is 32, 17; J464.
Is 32, 18; J567. Is 32, 18; J578. Is 32, 18; J642.
Is 32, 18; J570. Is 33, 1; J725. Is 33, 1; L20. Is
33, 8; J43.
Is 33, 16; J611. Is 33, 20; J298. Is 34, 6; J504.
Is 34, 6; L58. Is 34, 11; J630. Is 34, 17; J692.
Is 35, 3; J582. Is 35, 6; J684. Is 36, 6; J4.
Is 36, 12; J436. Is 37, 3; J436. Is 37, 4; J683.
Is 37, 4; J730. Is 37, 4; L26. Is 38, 15; J421.
Is 39, 6; J701. Is 39, 7; J634. Is 39, 8; J190.
Is 40, 3; L167. Is 40, 2; J280. Is 40, 9; J450.
Is 40, 9; J591. Is 40, 10; J586. Is 40, 11; J608.
Is 40, 12; J475. Is 40, 13; J260. Is 40, 28; J427.
Is 40, 30; J521. Is 42, 5; J23. Is 42, 6; J699.
Is 42, 6; J370. Is 42, 10; J238. Is 42, 23; L51. Is
42, 25; J255.
Is 41, 7; L134. Is 41, 10; J318. Is 41, 15; J331.
Is 41, 17; J256. Is 41, 23; L81. Is 41, 25; J362.
Is 43, 1; J567. Is 43, 5; J368. Is 43, 18; J465.
Is 43, 18; J314. Is 43, 21; J634. Is 43, 21; J353.
Is 43, 24; J4. Is 44, 8; J255. Is 44, 13; J255.
Is 44, 14; J677. Is 44, 24; J572. Is 44, 26; J609.
Is 44, 26; L120. Is 45, 7; J398. Is 45, 7; J288.
Is 45, 20; J100. Is 45, 22; J320. Is 47, 1; J323.
Is 47, 2; L13. Is 47, 9; J273. Is 47, 10; J3.
Is 47, 13; J631. Is 48, 6; J450. Is 48, 8; J67.
Is 48, 8; J513. Is 48, 16; J585. Is 49, 1; J371.
Is 49, 2; J78. Is 49, 4; J424. Is 49, 4; L189.
Is 49, 15; J23.
Is 49, 49; J89. Is 50, 1; J126. Is 50, 2; J38.
Is 50, 4; L112. Is 50, 6; J427. Is 50, 7; J731.
Is 50, 7; J42. Is 50, 11; J572. Is 51, 3; J636.
Is 51, 3; J587. Is 51, 11; J731. Is 51, 12; J37.
Is 51, 12‑13; L131. Is 52; J715. Is 53, 4; L165. Is 53, 5; J291.
Is 53, 7; J291. Is 53, 8; J610. Is 54, 2; J582.
Is 54, 7; J606. Is 54, 13; J79. Is 55, 1; J606.
Is 55, 3; J628. Is 55, 3; J542. Is 55, 6; J85.
Is 55, 7; J491. Is 55, 7; J33. Is 55, 11; J476.
Is 55, 11; J480. Is 56, 1; J663. Is 56, 7; J5.
Is 56, 10; J60. Is 56, 11; J172. Is 56, 11; J198.
Is 56, 11; J284. Is 56, 11; J305. Is 57, 21; J456.
Is 57, 13; J492. Is 57, 16; L28. Is 57, 20; J366.
Is 57, 21; L67. Is 58, 1; J112. Is 58, 1; J335.
Is 58, 3; J663. Is 58, 6; J148. Is 59, 2; L126.
Is 59, 2; L159.
Is 59, 3; J166.
Is 59, 7‑8; J400. Is 59, 10; L48. Is 59, 10; J141.
Is 59, 12; J334. Is 59, 12; J76. Is 59, 14; J569.
Is 59, 15; J16. Is 59, 21; J388. Is 60, 7; J714.
Is 61, 1; J572. Is 61, 4; J74. Is 61, 10; J602.
Is 62, 4; J388. Is 62, 4; L80. Is 63, 3; J503. Is 63, 3; J221.
Is 63, 8‑9; L54. Is 63, 10; J87. Is 63, 14; J542.
Is 64, 4; J193. Is 64, 7; L143. Is 64, 7; J395.
Is 64, 8; L30. Is 64, 10; J653. Is 64, 11; J67.
Is 65, 7; J198. Is 65, 12; L45. Is 65, 13; J106.
Is 65, 16; J477. Is 66, 1; J177. Is 66, 3; L57. Is
66, 6; J607.
Is 66, 22
Jérémie
J16. Jr 1, 1; J17. Jr 1, 2; J15. Jr 1, 2; J17.
Jr 1, 3; J14. Jr 1, 4; J23. Jr 1, 4; J11.
Jr 1, 5; J23. Jr 1, 5; J297. Jr 1, 5; J29.
Jr 1, 7; J22. Jr 1, 7; J29. Jr 1, 8; L2. Jr
1, 9; J668.
Jr 1, 9; J30. Jr 1, 9; J21. Jr 1, 9; J31.
Jr 1, 10; J309. Jr 1, 10; J20. Jr 1, 11; J33.
Jr 1, 11; L35. Jr 1, 11; J33. Jr 1, 12; J34.
Jr 1, 13; J440. Jr 1, 13; J36. Jr 1, 14; J270.
Jr 1, 14; J112. Jr 1, 14; J36. Jr 1, 15; J650.
Jr 1, 15; J707. Jr 1, 15; J36. Jr 1, 16; J116.
Jr 1, 16; J19. Jr 1, 17; J37. Jr 1, 17; J38.
Jr 1, 18; J362. Jr 1, 18; J39. Jr 1, 19; J676.
Jr 1, 19; J18. Jr 2, 1; J54. Jr 2, 2; J578.
Jr 2, 2; J55. Jr 2, 3; J570. Jr 2, 3; J53.
Jr 2, 4; J58. Jr 2, 5; J59. Jr 2, 6; J86.
Jr 2, 7; J59. Jr 2, 7; J3. Jr 2, 8; J60.
Jr 2, 8; J61. Jr 2, 9; J57. Jr 2, 9; J400.
Jr 2, 10; J62. Jr 2, 10; J62. Jr 2, 11; J62.
Jr 2, 12; J165. Jr 2, 13; J368. Jr 2, 13; J380.
Jr 2, 13; J62. Jr 2, 13; J57. Jr 2, 14; J64.
Jr 2, 14; J118. Jr 2, 15; J64. Jr 2, 15; J64.
Jr 2, 16; J64. Jr 2, 17; L175. Jr 2, 18; J65.
Jr 2, 18; J66. Jr 2, 19; J63. Jr 2, 20; J67.
Jr 2, 20; J67.
Jr 2, 20; J288. Jr 2, 20; J325. Jr 2, 20; J374.
Jr 2, 20; J450. Jr 2, 20; J56. Jr 2, 21; J68.
Jr 2, 21; J485. Jr 2, 21; J69. Jr 2, 22; J70.
Jr 2, 22; J94. Jr 2, 23; L122. Jr 2, 23; J69.
Jr 2, 23; J70. Jr 2, 23; J332. Jr 2, 24; L40. Jr
2, 24; L11.
Jr 2, 24; J70.
Jr 2, 24; J72. Jr 2, 25; J399. Jr 2, 25; J72.
Jr 2, 26; J72. Jr 2, 27; J72. Jr 2, 28; J73.
Jr 2, 29; J71. Jr 2, 29; J73. Jr 2, 30; J138.
Jr 2, 30; J199. Jr 2, 30; J657. Jr 2, 30; J353.
Jr 2, 30; J71. Jr 2, 31; J74. Jr 2, 31; J74.
Jr 2, 32; J322. Jr 2, 33; J76. Jr 2, 33; J76.
Jr 2, 34; J76. Jr 2, 35; J75. Jr 2, 36; J77.
Jr 2, 36; L31. Jr 2, 36; J599. Jr 3, 1; J611.
Jr 3, 1; J77. Jr 2, 37; J52. Jr 3, 1; J85.
Jr 3, 1; J86. Jr 3, 2; J218. Jr 3, 3; J86.
Jr 3, 3; J87. Jr 3, 4; J87. Jr 3, 5; J88.
Jr 3, 5; J89. Jr 3, 6; J84. Jr 3, 6; J89.
Jr 3, 7; J89. Jr 3, 8; J90. Jr 3, 8; J91.
Jr 3, 11; J94. Jr 3, 12; J83. Jr 3, 12; J94.
Jr 3, 13; J94. Jr 3, 14; J95. Jr 3, 14; J93.
Jr 3, 14; J95. Jr 3, 15; J463. Jr 3, 15;
Jr 3, 15; J95. Jr 3, 16; J95. Jr 3, 17; J115.
Jr 3, 17; J343. Jr 3, 17; J96. Jr 3, 18; J658.
Jr 3, 18‑19; J92. Jr 3, 19; J97. Jr 3, 19; J206.
Jr 3, 19; J99. Jr 3, 20; J82. Jr 3, 20; J99.
Jr 3, 21; J589. Jr 3, 21; J100. Jr 3, 22; J101.
Jr 3, 22; J370. Jr 3, 23; J101. Jr 3, 23; J101.
Jr 3, 24‑25; J625. Jr 3, 25; L41. Jr 4, ?; J81. Jr 4, 1; J105.
Jr 4, 1; J106. Jr 4, 2; J137. Jr 4, 2; J108.
Jr 4, 3; J108. Jr 4, 4; J195. Jr 4, 4; J220.
Jr 4, 5; J110. Jr 4, 5; J157. Jr 4, 6; J112.
Jr 4, 6; J111. Jr 4, 7; J114. Jr 4, 7; J115.
Jr 4, 8; J115. Jr 4, 9; J182. Jr 4, 8; J115.
Jr 4, 10; J336. Jr 4, 10; J434. Jr 4, 10; J401.
Jr 4, 11; J116. Jr 4, 11; J113. Jr 4, 11; J305.
Jr 4, 11; J116. Jr 4, 12; J241. Jr 4, 13; J113.
Jr 4, 13; J117. Jr 4, 13; L7. Jr 4, 13; J117. Jr 4, 14; J118.
Jr 4, 15; J110. Jr 4, 15; J220. Jr 4, 15; J118.
Jr 4, 16; J119. Jr 4, 17; J104. Jr 4, 17; J120.
Jr 4, 18; L44. Jr 4, 19; J110. Jr 4, 19; J122.
Jr 4, 19; J123. Jr 4, 20; J268. Jr 4, 20; J123.
Jr 4, 21; J124. Jr 4, 22; J121. Jr 4, 23; J126.
Jr 4, 23; J126. Jr 4, 24; J237. Jr 4, 25; J126.
Jr 4, 25; J126. Jr 4, 26; J146. Jr 4, 27; J127.
Jr 4, 27; J315. Jr 4, 27; J127. Jr 4, 28; J128.
Jr 4, 29; J125. Jr 4, 29; J129. Jr 4, 30; J130.
Jr 4, 31; J221. Jr 4, 31; J323. Jr 4, 31; J107.
Jr 5, 1; J137.
Jr 5, 1; J137. Jr 5, 2; J138. Jr 5, 3; J136.
Jr 5, 4; J139. Jr 5, 4; J139. Jr 5, 5; J135.
Jr 5, 6; J140. Jr 5, 6; J134. Jr 5, 7; J144.
Jr 5, 7; J226. Jr 5, 8; J550. Jr 5, 8; J145.
Jr 5, 8; J145. Jr 5, 9; J145. Jr 5, 10; J146.
Jr 5, 12; J146. Jr 5, 13; J146. Jr 5, 14; J146.
Jr 5, 15; J146. Jr 5, 16; J146. Jr 5, 17; J567.
Jr 5, 18; J708. Jr 5, 18; J146. Jr 5, 18; J146.
Jr 5, 19; J143. Jr 5, 20; J147. Jr 5, 20‑21; J257.
Jr 5, 22; J148. Jr 5, 22; J148. Jr 5, 23; J148.
Jr 5, 24; J148. Jr 5, 25; J142. Jr 5, 26; J149.
Jr 5, 26; J150. Jr 5, 27; J150. Jr 5, 28; J151.
Jr 5, 29; J149. Jr 5, 30; J152. Jr 5, 30; J152.
Jr 5, 31; J133. Jr 6, 1; J112. Jr 6, 1; J157.
Jr 6, 1; J158. Jr 6, 2; J160. Jr 6, 2; J303.
Jr 6, 3; J160. Jr 6, 3; J159. Jr 6, 4; J161.
Jr 6, 4; J162. Jr 6, 5; J163. Jr 6, 6; J164.
Jr 6, 6; J165. Jr 6, 7; J168. Jr 6, 8; J168.
Jr 6, 9; J158. Jr 6, 9; J169. Jr 6, 10; J167.
Jr 6, 10; J131. Jr 6, 10; J167. Jr 6, 11; J170.
Jr 6, 11; J170. Jr 6, 11‑12; L170.
Jr 6, 12; J172.
Jr 6, 13; J475. Jr 6, 14; J172. Jr 6, 14; J86.
Jr 6, 15; J155. Jr 6, 15; J173. Jr 6, 15; J171.
Jr 6, 16; J515. Jr 6, 16; J174. Jr 6, 16; J450.
Jr 6, 17; J174. Jr 6, 17; J175. Jr 6, 18; J175.
Jr 6, 19; J171. Jr 6, 20; J177. Jr 6, 20; J178.
Jr 6, 21; J322. Jr 6, 22; J492. Jr 6, 22; J180.
Jr 6, 22; J180. Jr 6, 23; J181. Jr 6, 24; J181.
Jr 6, 25; J115. Jr 6, 26; J182. Jr 6, 26; J179.
Jr 6, 27; J183. Jr 6, 27; J656. Jr 6, 27; J356.
Jr 6, 28; J184. Jr 6, 28; J73. Jr 6, 29; J185. Jr 6, 29;
J186.
Jr 6, 30; J133. Jr 7, 1; J387. Jr 7, 2; J509.
Jr 7, 2; J190. Jr 7, 2; J190. Jr 7, 3; J190.
Jr 7, 4; J191. Jr 7, 5; J191. Jr 7, 6; J191.
Jr 7, 7; J191. Jr 7, 8; J191. Jr 7, 9; J191.
Jr 7, 10; J192. Jr 7, 11; J192. Jr 7, 12; J657.
Jr 7, 13; J283. Jr 7, 13; J192. Jr 7, 13; J509.
Jr 7, 14; J192. Jr 7, 14; J192. Jr 7, 15; J193.
Jr 7, 17; J631. Jr 7, 16; L124. Jr 7, 16; J335.
Jr 7, 16; J288. Jr 7, 16; J272. Jr 7, 16; J193.
Jr 7, 16; J189. Jr 7, 16; J193. Jr 7, 18; J194.
Jr 7, 19; J195. Jr 7, 20; J189. Jr 7, 21; J196.
Jr 7, 21; J59. Jr 7, 22; J196. Jr 7, 22; J278.
Jr 7, 23; J198. Jr 7, 23; J198. Jr 7, 24; J388.
Jr 7, 24; J491. Jr 7, 25; J198. Jr 7, 25; J198.
Jr 7, 26; J198. Jr 7, 27; J199. Jr 7, 28; J197.
Jr 7, 29; J200. Jr 7, 29; J201. Jr 7, 30; J201.
Jr 7, 31; J412. Jr 7, 32; J414. Jr 7, 32; J203.
Jr 7, 32; J203. Jr 7, 33; J203. Jr 7, 34; J350.
Jr 7, 33; L186. Jr 8; L46. Jr 8, ?; L46. Jr 8, ?; J202. Jr 8, 1; J207.
Jr 8, 1; J202. Jr 8, 1; J207. Jr 8, 1; J207.
Jr 8, 2; J207. Jr 8, 2; J202. Jr 8, 3; J202.
Jr 8, 3; J208. Jr 8, 3; J208. Jr 8, 3; J80.
Jr 8, 4; J80. Jr 8, 4; J212. Jr 8, 4; J213.
Jr 8, 6; J212. Jr 8, 4; J212. Jr 8, 5; J212.
Jr 8, 5; J213. Jr 8, 6; J214. Jr 8, 7; J214.
Jr 8, 7; J211. Jr 8, 8; J211. Jr 8, 8; J215.
Jr 8, 8; J215. Jr 8, 8; J215. Jr 8, 9; J215.
Jr 8, 9; J211. Jr 8, 10; J211. Jr 8, 10; J217.
Jr 8, 11; J217. Jr 8, 11; J218. Jr 8, 12; J211.
Jr 8, 12; J218. Jr 8, 12; J211. Jr 8, 12; J218.
Jr 8, 12; J218. Jr 8, 12; J219. Jr 8, 13; J219.
Jr 8, 13; J267. Jr 8, 13; J267. Jr 8, 13; J210. Jr 8, 14;
J220.
Jr 8, 14; J210. Jr 8, 14; J220. Jr 8, 14; J319.
Jr 8, 15; J339. Jr 8, 15; J220. Jr 8, 15; J115.
Jr 8, 15; J319. Jr 8, 15; J339. Jr 8, 15; J115.
Jr 8, 15; J220. Jr 8, 15; J220. Jr 8, 16; J220.
Jr 8, 16; J220. Jr 8, 17; J220. Jr 8, 17; J221. Jr 8, 18;
J221.
Jr 8, 18; J221. Jr 8, 19; J221. Jr 8, 19; J221.
Jr 8, 20; J221. Jr 8, 20; L33. Jr 8, 21; J221. Jr 8, 21; J221.
Jr 8, 21; L33. Jr 8, 21; J221. Jr 8, 22; J221.
Jr 8, 22; J224. Jr 8, 23; L38. Jr 8, 23; J224. Jr 8, 23; L38. Jr
8, 23; J209.
Jr 9, 1; J224. Jr 9, 1; J226. Jr 9, 2; J227.
Jr 9, 3; J670. Jr 9, 3; J228. Jr 9, 4; J230.
Jr 9, 5; J480. Jr 9, 5; J225. Jr 9, 6; J232.
Jr 9, 6; J233. Jr 9, 7; J234. Jr 9, 8; L11. Jr
9, 9; J231.
Jr 9, 9; J237. Jr 9, 9; J237. Jr 9, 10; J238.
Jr 9, 11; J515. Jr 9, 11; J238. Jr 9, 12; J238.
Jr 9, 13; J239. Jr 9, 14; J239. Jr 9, 15; J240.
Jr 9, 16; J241. Jr 9, 17; L74. Jr 9, 17; L130. Jr 9, 17-18; J241.
Jr 9, 18; L8. Jr 9, 18; J242. Jr 9, 19; J242.
Jr 9, 20; J243. Jr 9, 21; J244. Jr 9, 22; J244.
Jr 9, 23; J245. Jr 9, 24; J300. Jr 9, 2; J337.
Jr 9, 16; J363. Jr 9, 24; J235. Jr 9, 22; J236.
Jr 9, 16; J236. Jr 9, 21; L63. Jr 9, 23; J4. Jr 10, 2; J254.
Jr 10, 2; J255. Jr 10, 3; J255. Jr 10, 4; J255.
Jr 10, 5; J253. Jr 10, 6; J257. Jr 10, 6; J257.
Jr 10, 7; J252. Jr 10, 8; J258. Jr 10, 8; J259.
Jr 10, 8; J259. Jr 10, 9; J260. Jr 10, 10; J252.
Jr 10, 11; J261. Jr 10, 11; J262. Jr 10, 12; J262.
Jr 10, 13; J341. Jr 10, 13; J263. Jr 10, 14; J251.
Jr 10, 14; J263. Jr 10, 15; J264. Jr 10, 16; J267.
Jr 10, 17; J250. Jr 10, 17; J267. Jr 10, 18; J268.
Jr 10, 19; J268. Jr 10, 20; J123. Jr 10, 20; J269.
Jr 10, 21; J266. Jr 10, 21; J312. Jr 10, 21; J270.
Jr 10, 22; J266. Jr 10, 22; J36. Jr 10, 22; J265.
Jr 10, 23; J271. Jr 10, 23; J730. Jr 10, 23; J29.
Jr 10, 23; J272. Jr 10, 24; J567. Jr 10, 24; L105.
Jr 10, 24; J272.
Jr 10, 25; J249. Jr 11, 1; J277. Jr 11, 2; J277.
Jr 11, 3; J278. Jr 11, 4; J278. Jr 11, 5; J280.
Jr 11, 6; J276. Jr 11, 7; J283. Jr 11, 7; J544.
Jr 11, 7; J653. Jr 11, 8; J284. Jr 11, 8; J285.
Jr 11, 9; J285. Jr 11, 10; J282. Jr 11, 11; J287.
Jr 11, 11; J288. Jr 11, 12; J288. Jr 11, 13; J288.
Jr 11, 14; J471. Jr 11, 15; J625. Jr 11, 15; J288.
Jr 11, 15; J288. Jr 11, 16; J288. Jr 11, 17; J281.
Jr 11, 18; J291. Jr 11, 18; J716. Jr 11, 19; J291.
Jr 11, 19; J292. Jr 11, 20; J427. Jr 11, 20; J293.
Jr 11, 21; J293. Jr 11, 22; J293. Jr 11, 23; J275.
Jr 12, 1; J296. Jr 12, 1; J297. Jr 12, 2; J219.
Jr 12, 3; J297. Jr 12, 3; J298. Jr 12, 4; J298.
Jr 12, 5; J298. Jr 12, 6; J224. Jr 12, 7; J295.
Jr 12, 7; J300. Jr 12, 7; J334. Jr 12, 7; J505.
Jr 12, 7; J301. Jr 12, 8; J303. Jr 12, 9; J301.
Jr 12, 9; J303. Jr 12, 10; J160. Jr 12, 10; J654.
Jr 12, 10; J303. Jr 12, 11; J305. Jr 12, 12; J503.
Jr 12, 12; J331. Jr 12, 13; J306. Jr 12, 13; J302.
Jr 12, 13; J309. Jr 12, 14; J299. Jr 12, 14; J310.
Jr 12, 15; J311. Jr 12, 16; J311. Jr 12, 17; J249.
Jr 13, 1; J314. Jr 13, 1; J314. Jr 13, 2; J315.
Jr 13, 3‑4; J316. Jr 13, 6; J316. Jr 13, 7; J313.
Jr 13, 8; J317. Jr 13, 9; J317. Jr 13, 10; J317.
Jr 13, 11; J318. Jr 13, 12; J318. Jr 13, 13; J318.
Jr 13, 14; J319. Jr 13, 15; J319. Jr 13, 16; J319.
Jr 13, 17; J320. Jr 13, 18; J320. Jr 13, 19; J322.
Jr 13, 20; J322. Jr 13, 21; J76. Jr 13, 21; J323.
Jr 13, 22; J323. Jr 13, 23; J324. Jr 13, 24; J324.
Jr 13, 25; J325. Jr 13, 26; J321. Jr 13, 27; J325.
Jr 13, 27; J51. Jr 14, 1; J330. Jr 14, 1; J331.
Jr 14, 2; J331. Jr 14, 3; J331. Jr 14, 4; J332.
Jr 14, 5; J332. Jr 14, 6; J70. Jr 14, 6; J329.
Jr 14, 7; J334. Jr 14, 7; J334. Jr 14, 8; J334.
Jr 14, 9; J335. Jr 14, 10; J335. Jr 14, 11; J335.
Jr 14, 12; J336. Jr 14, 13; J333. Jr 14, 13; J337.
Jr 14, 14; J476. Jr 14, 14; J337. Jr 14, 15‑16;
J365.
Jr 14, 16; J337. Jr 14, 17; J337. Jr 14, 18; J333.
Jr 14, 19; L191. Jr 14, 19; J338. Jr 14, 19; J339.
Jr 14, 20; J340. Jr 14, 21; J341. Jr 14, 22; J380.
Jr 14, 21; L74. Jr 15; J328. Jr 15, 1; J346. Jr 15, 1; J349.
Jr 15, 1; J293. Jr 15, 2; J350. Jr 15, 2; J405.
Jr 15, 2; J488. Jr 15, 2; J626. Jr 15, 2; J654.
Jr 15, 2; J350. Jr 15, 3; J350. Jr 15, 4; J351.
Jr 15, 5; J352. Jr 15, 6; J353. Jr 15, 7; J353.
Jr 15, 8; J353. Jr 15, 9; J348. Jr 15, 10; J355.
Jr 15, 10; J432. Jr 15, 10; J356. Jr 15, 11; J356.
Jr 15, 12; J356. Jr 15, 13; J374. Jr 15, 13; J356.
Jr 15, 14; J358. Jr 15, 15; J359. Jr 15, 16; J479.
Jr 15, 16; J359. Jr 15, 14; J359. Jr 15, 17; J360.
Jr 15, 18; J476. Jr 15, 19; J361. Jr 15, 19; J357.
Jr 15, 19; J39. Jr 15, 20; J362. Jr 15, 20; J362.
Jr 15, 21; J347. Jr 16, 1; J365. Jr 16, 1‑2; J11.
Jr 16, 2; J365. Jr 16, 3; J365. Jr 16, 4; J366.
Jr 16, 5; J366. Jr 16, 6; J366. Jr 16, 4; J449.
Jr 16, 4; J654. Jr 16, 4; J366. Jr 16, 8; J492.
Jr 16, 9; J366. Jr 16, 9; J364. Jr 16, 10; J367.
Jr 16, 10; J368. Jr 16, 11; J368. Jr 16, 12; J146.
Jr 16, 13; J368. Jr 16, 13; J368. Jr 16, 14; J368.
Jr 16, 15; L131. Jr 16, 16; J369. Jr 16, 16; J369.
Jr 16, 17; J369. Jr 16, 18; J370. Jr 16, 19; J370.
Jr 16, 20; J370. Jr 16, 21; J454. Jr 17, 1; J374.
Jr 17, 1; J374. Jr 17, 2; J374. Jr 17, 3; J374.
Jr 17, 4; J373. Jr 17, 5; J375. Jr 17, 5; J377.
Jr 17, 5; J558. Jr 17, 6; J377. Jr 17, 6; J710.
Jr 17, 7; J378. Jr 17, 7; J378. Jr 17, 8; J376.
Jr 17, 9; J378. Jr 17, 9; J378. Jr 17, 10; J375.
Jr 17, 11; J379. Jr 17, 11; J150. Jr 17, 11; J341.
Jr 17, 12; J380. Jr 17, 12; J380. Jr 17, 13; J101.
Jr 17, 13; J381. Jr 17, 14; J375. Jr 17, 15; J383.
Jr 17, 15; J384. Jr 17, 16; J385. Jr 17, 17; J385.
Jr 17, 18; J387. Jr 17, 19; J388. Jr 17, 20; J388.
Jr 17, 21; J388. Jr 17, 22; J388. Jr 17, 23; J388.
Jr 17, 24; J388. Jr 17, 25; J388. Jr 17, 26; J388.
Jr 17, 27; J427. Jr 17, 10; J614. Jr 17, 16; L140.
Jr 17, 18; J293.
Jr 17, 18; J372. Jr 18, 1; J393. Jr 18, 2; J393.
Jr 18, 3; J395. Jr 18, 3‑4; J394.
Jr 18, 7; J395. Jr 18, 5; J395. Jr 18, 6; J396.
Jr 18, 7; J397. Jr 18, 8; J509. Jr 18, 8; J397.
Jr 18, 9‑10; J397. Jr 18, 10; J611. Jr 18, 10; J513.
Jr 18, 11; J398. Jr 18, 11; J190. Jr 18, 11; J72.
Jr 18, 12; J392. Jr 18, 12; J399. Jr 18, 12; J400.
Jr 18, 13; J400. Jr 18, 14; J400. Jr 18, 15; J401.
Jr 18, 16; J401. Jr 18, 17; J391. Jr 18, 18; J403.
Jr 18, 18; J412. Jr 18, 16; J456. Jr 18, 17; L135.
Jr 18, 18; J6.
Jr 18, 20; J404. Jr 18, 19; J407. Jr 18, 20; J404. Jr 18, 20;
J405.
Jr 18, 21; J405. Jr 18, 21‑22; J405.
Jr 18, 23; J372. Jr 19, 1; J408. Jr 19, 2; J411.
Jr 19, 3; J411. Jr 19, 4; J411. Jr 19, 5; J203.
Jr 19, 6; J412. Jr 19, 6; J412. Jr 19, 7; J412.
Jr 19, 8; J492. Jr 19, 8; J412. Jr 19, 9; J413.
Jr 19, 10; J410. Jr 19, 10; J414. Jr 19, 11; J414.
Jr 19, 12; J625. Jr 19, 13; J414. Jr 19, 13; J409.
Jr 19, 14; J415. Jr 19, 14‑15; J50.
Jr 20, 1; J420. Jr 20, 1; J420. Jr 20, 2; J420.
Jr 20, 3; J421. Jr 20, 4; J421. Jr 20, 5; J421.
Jr 20, 6; J419. Jr 20, 7; J424. Jr 20, 7; L96. Jr
20, 7; J434.
Jr 20, 7; J425. Jr 20, 8; J556. Jr 20, 8; J169.
Jr 20, 8; J146. Jr 20, 9; J156. Jr 20, 9; J426.
Jr 20, 9; J423. Jr 20, 10; J427. Jr 20, 10; J483.
Jr 20, 11; J567. Jr 20, 11; J731. Jr 20, 11; J427.
Jr 20, 11; J427. Jr 20, 12; J427. Jr 20, 13; J431.
Jr 20, 14; J431. Jr 20, 15; J431. Jr 20, 16; J431.
Jr 20, 17; J432. Jr 20, 18; J418. Jr 21, 1; J436.
Jr 21, 2; J436. Jr 21, 1; J437. Jr 21, 3; J437.
Jr 21, 4; J437. Jr 21, 5; J612. Jr 21, 5‑6; J439.
Jr 21, 7; J440. Jr 21, 8; J440. Jr 21, 9; J524.
Jr 21, 9; J526. Jr 21, 9; J544. Jr 21, 9; L64. Jr
21, 9; J625.
Jr 21, 10; J440. Jr 21, 10; J440. Jr 21, 11; J440.
Jr 21, 12; J441. Jr 21, 13; J441. Jr 21, 14; J435.
Jr 22, 1; J442. Jr 22, 1; J443. Jr 22, 2; J443.
Jr 22, 3; J443. Jr 22, 4; J443. Jr 22, 5; J777.
Jr 22, 6; J443. Jr 22, 7; J443. Jr 22, 8; L33. Jr
22, 8; L70.
Jr 22, 8; J443.
Jr 22, 9; J446. Jr 22, 10; J455. Jr 22, 10; J446.
Jr 22, 11‑12; J447. Jr 22, 13; J447. Jr 22, 14; J448.
Jr 22, 15; J448. Jr 22, 15‑16; J445.
Jr 22, 16; J448. Jr 22, 17; J240. Jr 22, 18; J449.
Jr 22, 18; J650. Jr 22, 18; J449. Jr 22, 19; J450.
Jr 22, 20; J450. Jr 22, 21; J450. Jr 22, 22; J451.
Jr 22, 22‑23; J445. Jr 22, 24; J453. Jr 22, 24; J453.
Jr 22, 25; J453. Jr 22, 26‑27; J453.
Jr 22, 28; J452. Jr 22, 29; J454. Jr 22, 29; J454.
Jr 22, 30; J456. Jr 22, 22; J533. Jr 22, 29; J677.
Jr 22, 30; J417. Jr 23, 1; J460. Jr 23, 1; J461.
Jr 23, 2; J192. Jr 23, 2; J459. Jr 23, 3; J462.
Jr 23, 3; J462. Jr 23, 3; J463. Jr 23, 3; J463.
Jr 23, 4; J464. Jr 23, 5; J464. Jr 23, 6; J491.
Jr 23, 6; J627. Jr 23, 6; J368. Jr 23, 7‑8; J458.
Jr 23, 9; J469. Jr 23, 9; J470. Jr 23, 10; J468.
Jr 23, 11; J471. Jr 23, 11; J533. Jr 23, 11; J471.
Jr 23, 12; L163. Jr 23, 12; J472. Jr 23, 13; J472.
Jr 23, 14; J472. Jr 23, 15; J467. Jr 23, 15; J521.
Jr 23, 16; J475. Jr 23, 16; J475. Jr 23, 17; J475.
Jr 23, 18; J476. Jr 23, 19; J476. Jr 23, 20; J4.
Jr 23, 21; J337. Jr 23, 21; J476. Jr 23, 21; J524.
Jr 23, 21; J550. Jr 23, 21; J476. Jr 23, 22; J474.
Jr 23, 23; J477. Jr 23, 23; J477. Jr 23, 24; J477.
Jr 23, 25; J478. Jr 23, 26; J478. Jr 23, 27; J479.
Jr 23, 28; J479. Jr 23, 29; J666. Jr 23, 29; J480.
Jr 23, 30; J473. Jr 23, 30; J480. Jr 23, 31; J480.
Jr 23, 32; J481. Jr 23, 33; J466. Jr 23, 33; J481.
Jr 23, 34; J482. Jr 23, 35; J482. Jr 23, 36; J482.
Jr 23, 37; J483. Jr 23, 39; J483. Jr 23, 40; J457.
Jr 24, 1; J485. Jr 24, 1; J485. Jr 24, 1; J485.
Jr 24, 2; J486. Jr 24, 3; J487. Jr 24, 4; J487.
Jr 24, 5; J487. Jr 24, 6; J579. Jr 24, 6; J629.
Jr 24, 6; J487. Jr 24, 7; J488. Jr 24, 8; J544.
Jr 24, 8; J488. Jr 24, 9; J488. Jr 24, 10; J612.
Jr 25, 1; J490. Jr 25, 1; J490. Jr 25, 3; J491.
Jr 25, 3; J491. Jr 25, 4; J491. Jr 25, 5; J491.
Jr 25, 7; J492. Jr 25, 8; J491. Jr 25, 8; J492.
Jr 25, 9; J406. Jr 25, 9; J489. Jr 25, 8; J492.
Jr 25, 10; J635. Jr 25, 10; J492. Jr 25, 11; J542.
Jr 25, 12; J493. Jr 25, 12; J493. Jr 25, 13; J493.
Jr 25, 14; J494. Jr 25, 15; J496. Jr 25, 15; J497.
Jr 25, 16; J498. Jr 25, 17; J498. Jr 25, 18; J498.
Jr 25, 19‑20; L166. Jr 25, 20; J498. Jr 25, 21‑25;
J498.
Jr 25, 26; J495. Jr 25, 27; J499. Jr 25, 27; J500.
Jr 25, 28; J501. Jr 25, 29; J503. Jr 25, 30; L37. Jr
25, 30; J503.
Jr 25, 31; J503. Jr 25, 32; J365. Jr 25, 33; J503.
Jr 25, 33; J502. Jr 25, 34; J504. Jr 25, 34; J504.
Jr 25, 35; J505. Jr 25, 36; J505. Jr 25, 37; J505.
Jr 25, 38; J416. Jr 26, 1; J506. Jr 26, 2; J508.
Jr 26, 7; J509. Jr 26, 2; J509. Jr 26, 3; J509.
Jr 26, 4‑6; J192. Jr 26, 6; L56. Jr 26, 6; J510. Jr 26, 7; J510.
Jr 26, 8; J510. Jr 26, 9; J512. Jr 26, 10; J513.
Jr 26, 11; J513. Jr 26, 12; J513. Jr 26, 13; J513. Jr 26, 14;
J513.
Jr 26, 15; J508. Jr 26, 16; J514. Jr 26, 16; J515.
Jr 26, 17; J515. Jr 26, 18; J515. Jr 26, 19; J516.
Jr 26, 20; J516. Jr 26, 21; J516. Jr 26, 22‑23;
J517.
Jr 26, 24; J506. Jr 27, 1; J518. Jr 27, 1; J520.
Jr 27, 2; J298. Jr 27, 2‑3; J520. Jr 27, 3;
J521.
Jr 27, 4; J521. Jr 27, 5; J618. Jr 27, 5; J521.
Jr 27, 6; J521. Jr 27, 7; J521. Jr 27, 8; J521.
Jr 27, 9; J521. Jr 27, 10; J522. Jr 27, 11; J519.
Jr 27, 12; J524. Jr 27, 12; J524. Jr 27, 13; J524.
Jr 27, 14; J524. Jr 27, 15; J523. Jr 27, 16; J526.
Jr 27, 16; J526. Jr 27, 17; J527. Jr 27, 18; J528.
Jr 27, 19-20; J528. Jr 27, 21; J528. Jr 27, 22; L22. Jr
28; J518.
Jr 28, 1; J533. Jr 28, 1; J533. Jr 28, 2; J533.
Jr 28, 3; J533. Jr 28, 4; J534. Jr 28, 5; J532.
Jr 28, 6; J535. Jr 28, 6; J536. Jr 28, 7‑9; J689.
Jr 28, 9; J537. Jr 28, 10; J531. Jr 28, 10; J537.
Jr 28, 11; J578. Jr 28, 11; L68. Jr 28, 11; J530.
Jr 28, 12; J538. Jr 28, 12; J538. Jr 28, 13; J538.
Jr 28, 14; J539. Jr 28, 15; J539. Jr 28, 16; J539.
Jr 28, 17; J529. Jr 29, 1; J541. Jr 29, 1; J541.
Jr 29, 2; J541. Jr 29, 3; J541. Jr 29, 4; J541.
Jr 29, 5; J541. Jr 29, 6; J541. Jr 29, 7; J541.
Jr 29, 8; J540. Jr 29, 8; J541. Jr 29, 10; J316.
Jr 29, 10; J542. Jr 29, 8‑9; J542.
Jr 29, 10; J542. Jr 29, 11; J542. Jr 29, 12; J542.
Jr 29, 13; J543. Jr 29, 14; J543. Jr 29, 15; J544.
Jr 29, 16; J544. Jr 29, 17; J544. Jr 29, 18; J544.
Jr 29, 19; J545. Jr 29, 20; J548. Jr 29, 21; J548.
Jr 29, 22; J550. Jr 29, 23; J547. Jr 29, 23; J546.
Jr 29, 24; J554. Jr 29, 24; J554. Jr 29, 25; J152.
Jr 29, 26; J420. Jr 29, 26; J555. Jr 29, 26; J555.
Jr 29, 27‑28; J553. Jr 29, 29; J557. Jr 29, 31; J558.
Jr 29, 32; J49. Jr 30, 1; J563. Jr 30, 2; J564.
Jr 30, 3; J566. Jr 30, 5; J566. Jr 30, 6; J566.
Jr 30, 7; J537. Jr 30, 8; J567. Jr 30, 8; J567.
Jr 30, 9; J567. Jr 30, 10; J567. Jr 30, 11; J548.
Jr 30, 12; J569. Jr 30, 12; J268. Jr 30, 12; J301.
Jr 30, 12; J360. Jr 30, 12; J569. Jr 30, 13; J569.
Jr 30, 14; J569. Jr 30, 15; L66. Jr 30, 15; J570.
Jr 30, 16; J570. Jr 30, 17; J634. Jr 30, 17; J634.
Jr 30, 18; J571. Jr 30, 18; J572. Jr 30, 18; J587.
Jr 30, 19; J572. Jr 30, 19; J572. Jr 30, 20; J572.
Jr 30, 21; J572. Jr 30, 22; J571. Jr 30, 23; J503.
Jr 30, 23; J573. Jr 30, 23; J573. Jr 30, 24; J561.
Jr 31, 1; J577. Jr 31, 1; J578. Jr 31, 2; J578.
Jr 31, 3; J54. Jr 31, 3; J579. Jr 31, 4; J579.
Jr 31, 5; J579. Jr 31, 6; J576. Jr 31, 7; J581.
Jr 31, 7; J582. Jr 31, 8; J582. Jr 31, 9; J585.
Jr 31, 10; J562. Jr 31, 10; J586. Jr 31, 11; J587.
Jr 31, 12; J587. Jr 31, 13; J587. Jr 31, 14; J99.
Jr 31, 15; J241. Jr 31, 15; L45. Jr 31, 15; J589.
Jr 31, 15; J590. Jr 31, 16; J591. Jr 31, 17; J592.
Jr 31, 18; L190. Jr 31, 18; J594. Jr 31, 19; J596.
Jr 31, 20; L63. Jr 31, 20; J595. Jr 31, 21; J597.
Jr 31, 21; J70. Jr 31, 21; J599. Jr 31, 21‑22;
J25.
Jr 31, 22; J575. Jr 31, 23; J602. Jr 31, 23; J602.
Jr 31, 24‑25; J603. Jr 31, 26; J575. Jr 31, 27; J487.
Jr 31, 28; J605. Jr 31, 27; J605. Jr 31, 28; J605.
Jr 31, 29; J574. Jr 31, 31; J606. Jr 31, 31; J606.
Jr 31, 32; J653. Jr 31, 32; J606. Jr 31, 33; J606.
Jr 31, 34; J604. Jr 31, 35; J607. Jr 31, 35; J607.
Jr 31, 36; J608. Jr 31, 37; J609. Jr 31, 38; J610.
Jr 31, 39; J610. Jr 31, 40; J560. Jr 32, 1; J612.
Jr 32, 1; J612. Jr 32, 2; J612. Jr 32, 3; J612.
Jr 32, 4; J612. Jr 32, 5; J613. Jr 32, 6; J614.
Jr 32, 7; J614. Jr 32, 8; J614. Jr 32, 9; J614.
Jr 32, 10; J614. Jr 32, 11; J615. Jr 32, 12; J613.
Jr 32, 12; J615. Jr 32, 13‑14; J615.
Jr 32, 15; J613. Jr 32, 16; J618. Jr 32, 17; J618.
Jr 32, 18; J619. Jr 32, 19; J617. Jr 32, 20; J620.
Jr 32, 20‑21; J620. Jr 32, 22; J621. Jr 32, 23; J622.
Jr 32, 24; J623. Jr 32, 25; J617. Jr 32, 25; J616.
Jr 32, 26; J624. Jr 32, 26‑27; J625.
Jr 32, 28‑29; J625. Jr 32, 30; J625. Jr 32, 31; J625.
Jr 32, 32; J625. Jr 32, 33; J625. Jr 32, 34; J625.
Jr 32, 35; J626. Jr 32, 36; J627. Jr 32, 37; J628.
Jr 32, 38; J628. Jr 32, 39; J628. Jr 32, 40; J627.
Jr 32, 41; J628. Jr 32, 41; J634. Jr 32, 41; J629.
Jr 32, 41; J629. Jr 32, 42; J630. Jr 32, 43; J630.
Jr 32, 44; J559. Jr 33, 1; J631. Jr 33, 1; J631.
Jr 33, 2; J631. Jr 33, 3; J634. Jr 33, 4; L50. Jr
33, 4; J634.
Jr 33, 5; J634. Jr 33, 6; J634. Jr 33, 7; J634.
Jr 33, 8; J634. Jr 33, 9; J633. Jr 33, 10; J635.
Jr 33, 11; J633. Jr 33, 12; J638. Jr 33, 12‑13;
J632.
Jr 33, 14; J464. Jr 33, 15; J641. Jr 33, 14; J642.
Jr 33, 15; J642. Jr 33, 16; J642. Jr 33, 16; J643.
Jr 33, 17; J640. Jr 33, 18; J639. Jr 33, 19; J645.
Jr 33, 20‑21; J645. Jr 33, 22; J646. Jr 33, 24; J646.
Jr 33, 25‑26; L24. Jr 34; J48. Jr 34, 1; J650. Jr 34, 1; J650.
Jr 34, 2; J650. Jr 34, 3; J650. Jr 34, 4‑7; J649.
Jr 34, 8; J652. Jr 34, 8‑9; J652.
Jr 34, 10; J652. Jr 34, 11; J651. Jr 34, 12; J653.
Jr 34, 13‑14; J653. Jr 34, 15; J653. Jr 34, 16; J654.
Jr 34, 17; J654. Jr 34, 18; J654. Jr 34, 19‑20;
J654.
Jr 34, 21; J654. Jr 34, 22; J648. Jr 35, 1; J656.
Jr 35, 1‑2; J656. Jr 35, 3‑4; J656.
Jr 35, 4; J656. Jr 35, 5; J656. Jr 35, 6; J656.
Jr 35, 7; J656. Jr 35, 8‑9; J656.
Jr 35, 10; J656. Jr 35, 11; J655. Jr 35, 12; J657.
Jr 35, 12‑13; J657. Jr 35, 14‑16; J658.
Jr 35, 17; J647. Jr 36, 1; J660. Jr 36, 2; J660.
Jr 36, 3; J660. Jr 36, 4; J662. Jr 36, 5; J663.
Jr 36, 6; J664. Jr 36, 7; J665. Jr 36, 8; J665.
Jr 36, 9; J665. Jr 36, 10; J661. Jr 36, 11; J666.
Jr 36, 11‑13; J666. Jr 36, 14; J666. Jr 36, 15; J661.
Jr 36, 16; J666. Jr 36, 16; J668. Jr 36, 16; J668.
Jr 36, 17; J668. Jr 36, 18; J668. Jr 36, 19; J669.
Jr 36, 20; J670. Jr 36, 21; J672. Jr 36, 22; J673.
Jr 36, 23; J673. Jr 36, 24; J674. Jr 36, 25; J671.
Jr 36, 26; J659. Jr 36, 22; J659. Jr 36, 27; J675.
Jr 36, 26; J676. Jr 36, 27‑28; J677.
Jr 36, 29; J454. Jr 36, 30; J677. Jr 36, 30; J677.
Jr 36, 31; J678. Jr 36, 32; J647. Jr 37, 1; J682.
Jr 37, 1; J682. Jr 37, 2; J683. Jr 37, 3; J684.
Jr 37, 4; J684. Jr 37, 5; J681. Jr 37, 6; J685.
Jr 37, 6‑7; J685. Jr 37, 8; J685. Jr 37, 9; J685.
Jr 37, 10; J686. Jr 37, 11; J688. Jr 37, 14; J688.
Jr 37, 15‑16; J689. Jr 37, 17; J689. Jr 37, 17; J689.
Jr 37, 19; J689. Jr 37, 20; J689. Jr 37, 21; J680.
Jr 37, 21; J679. Jr 38, 1; J691. Jr 38, 1; J691.
Jr 38, 2; J691. Jr 38, 3; J692. Jr 38, 4; J692.
Jr 38, 5; J692. Jr 38, 6; J694. Jr 38, 7; J695.
Jr 38, 8‑9; J693. Jr 38, 10; J696. Jr 38, 10; J697.
Jr 38, 11‑12; J697. Jr 38, 13; J699. Jr 38, 14; J699.
Jr 38, 15; J699. Jr 38, 16; J700. Jr 38, 17‑18;
J670.
Jr 38, 19; J701. Jr 38, 20; J701. Jr 38, 21; J701.
Jr 38, 22; J701. Jr 38, 23; J702. Jr 38, 24; J702.
Jr 38, 25‑26; J702. Jr 38, 27; J698. Jr 38, 28; J703.
Jr 38, 28; J47. Jr 39, 1; J704. Jr 39, 1; J706.
Jr 39, 1; J707. Jr 39, 2; J17. Jr 39, 2; J36.
Jr 39, 3; J707. Jr 39, 3; J707. Jr 39, 4; J707.
Jr 39, 5; J708. Jr 39, 6; J708. Jr 39, 7; J708.
Jr 39, 8; J708. Jr 39, 9; J705. Jr 39, 10; J710.
Jr 39, 11‑12; J710. Jr 39, 14; J710. Jr 39, 15; J710.
Jr 39, 17; J710. Jr 39, 18; J714. Jr 40, 1; J714.
Jr 40, 2; J714. Jr 40, 2‑3; J714.
Jr 40, 4‑5; J714. Jr 40, 5; J714. Jr 40, 6; J713.
Jr 40, 7; J715. Jr 40, 7‑8; J715.
Jr 40, 9; J522. Jr 40, 9; J715. Jr 40, 10; J713.
Jr 40, 11; J715. Jr 40, 11‑13; J712.
Jr 40, 13; J716. Jr 40, 14; J716. Jr 40, 15; J716.
Jr 40, 16; J711. Jr 41, 1; J719. Jr 41, 1; J719.
Jr 41, 2; J719. Jr 41, 3; J718. Jr 41, 4; J720.
Jr 41, 5; J721. Jr 41, 6; J721. Jr 41, 7; J722.
Jr 41, 8; J723. Jr 41, 9; J717. Jr 41, 9; J717.
Jr 41, 10; J724. Jr 41, 10; J725. Jr 41, 11‑12;
J725.
Jr 41, 11‑14; J725. Jr 41, 15; J726. Jr 41, 16‑17;
J726.
Jr 41, 18; J704. Jr 42, 1; J730. Jr 42, 2; J730.
Jr 42, 3; J730. Jr 42, 4; J730. Jr 42, 5‑6; J729.
Jr 42, 7; J731. Jr 42, 9; J731. Jr 42, 10; J731.
Jr 42, 11; L18. Jr 42, 16; J728. Jr 43, 1; J193.
Jr 44, 19; J727. Jr 45, 1; J46. Jr 46, 1; J221.
Jr 46, 11; J128. Jr 48, 28; J503. Jr 48, 33; L167.
Jr 49, 10; L166.
Jr 49, 12; J501.
Jr 49, 12; J406. Jr 49, 17; J96. Jr 50, 4; J312.
Jr 50, 6; J319. Jr 50, 6; J460. Jr 50, 6; L38. Jr
50, 6; J146.
Jr 50, 41; J180. Jr 50, 41‑42; J496.
Jr 51, 7; L80. Jr 51, 22; L63. Jr 51, 22; J365.
Jr 51, 22‑23; J315. Jr 51, 34; L41. Jr 51, 34; L71. Jr 51, 34; J440. Jr 51, 45; J45.
Jr 52, 1
Lamentations de Jérémie
J374. Lm 1, 1; J129. Lm 1, 2;
J569.
Lm 1, 2; J320. Lm 1, 3; J368. Lm 1, 3; J421.
Lm 1, 3; J720. Lm 1, 4; J123. Lm 1, 6; J504.
Lm 1, 6; J707. Lm 1, 6; J218. Lm 1, 7; J533.
Lm 1, 10; J76. Lm 1, 11; J221. Lm 1, 12; J401.
Lm 1, 12; L93. Lm 1, 13; J439. Lm 1, 14; J453.
Lm 1, 14; J33. Lm 1, 14; J548. Lm 1, 14; J654.
Lm 1, 14; J685. Lm 1, 19; J337. Lm 1, 20; L66. Lm
1, 21; J634.
Lm 2, 2; J569. Lm 2, 5; J708. Lm 2, 5; J331.
Lm 2, 9; J6. Lm 2, 11; J122. Lm 2, 11; J221.
Lm 2, 12; J301. Lm 2, 13; J569. Lm 2, 13; J406.
Lm 2, 15; J241. Lm 2, 18; J337. Lm 2, 18; J650.
Lm 2, 22; J701. Lm 2, 22; J154. Lm 3, 1; J369.
Lm 3; J420.
Lm 3, 7; J612. Lm 3, 7; J220. Lm 3, 5; J140.
Lm 3, 10; J425. Lm 3, 14; L11. Lm 3, 15; J239. Lm 3, 15; J359.
Lm 3, 15; J358. Lm 3, 19; J264. Lm 3, 24; J222.
Lm 3, 26; J608. Lm 3, 33; J146. Lm 3, 37; J174.
Lm 3, 40; J274. Lm 3, 39; J569. Lm 3, 39; J188.
Lm 3, 40; J224. Lm 3, 48; J404. Lm 3, 51; J688.
Lm 3, 52; J721. Lm 3, 53; J292. Lm 3, 59; J405.
Lm 3, 59; L64. Lm 4, 4; J412. Lm 4, 10; J437.
Lm 4, 12; J707. Lm 4, 19; L102. Lm 5, 1; J170. Lm 5, 2; J307.
Lm 5, 2; J64. Lm 5, 11; J203. Lm 5, 15; J366.
Lm 5, 15; J320. Lm 5, 16; L8. Lm 5, 16; J343. Lm 5, 19; J593.
Lm 5, 21; J637. Lm 5, 21; J186. Lm 5, 22; J267.
Lm 5, 22; J338. Lm 5, 22
Baruch
J541. Ba 1, 11; J8. Ba 3, 1; L86. Ba 3, 10; J453. Ba 3, 10‑11; J629.
Ba 4, 18; L13. Ba 4, 19-20; J708. Ba 4, 26; J720.
Ba 4, 9; L34. Ba 4, 9; L81. Ba 4, 11; J268. Ba 5, 6; J255. Ba 6, 7; J259.
Ba 6, 12
Ezéchiel
J217. Ez 1; J288.
Ez 1; J349.
Ez 1; L50.
Ez 2; J412.
Ez 2; J230.
Ez 2, 6; J148. Ez 2, 8; L1. Ez 2, 9-10; J312.
Ez 3; J198.
Ez 3, 7; J38. Ez 3, 9; J37. Ez 3, 9; J408.
Ez 3, 17; J174. Ez 3, 17; J520. Ez 3, 25; J533.
Ez 4, 6; J200. Ez 5, 2; J239. Ez 5, 2; J456.
Ez 5, 2; L13. Ez 5, 5; J62. Ez 5, 6; J400.
Ez 5, 6; J350. Ez 5, 12; J374. Ez 6; L18. Ez
6, 9; L163.
Ez 7, 6; J623.
Ez 7, 12; J403. Ez 7, 26; J146. Ez 8, 12; J498.
Ez 9, 6; L79. Ez 9, 6; J298. Ez 9, 9; J343.
Ez 10, 1; J615. Ez 12, 4; J4. Ez 13, 3; J475.
Ez 13, 3; J542. Ez 13, 3; J527. Ez 13, 5; J337.
Ez 13, 6; J478. Ez 13, 9; J172. Ez 13, 16; J472.
Ez 13, 19; J5. Ez 13, 19; J316. Ez 15, 5; J193.
Ez 16, 2; J314. Ez 16, 6; J277. Ez 16, 8; J132.
Ez 16, 9; J301. Ez 16, 10; J160. Ez 16, 13; J70.
Ez 16, 15; J325. Ez 16, 37; J708. Ez 16, 38; J36. Ez 16, 38;
J86.
Ez 16, 39; J168. Ez 16, 42; J301. Ez 16, 42; L148.
Ez 16, 48; J145.
Ez 16, 49; J91. Ez 16, 51; J439. Ez 17, 15; J605.
Ez 18, 2; J368. Ez 18, 2; L176. Ez 18, 2; J660.
Ez 18, 21; J397. Ez 18, 24; L24. Ez 19, 14; J439.
Ez 20, 34; J501. Ez 21, 3; J5. Ez 22, 28; J524.
Ez 22, 28; L67. Ez 22, 28; J152. Ez 22, 28; J35.
Ez 24, 11; J319. Ez 24, 23; J103. Ez 31, 9; L7. Ez
32, 2; J398.
Ez 33, 11; J482. Ez 33, 31; J510. Ez 33, 31; L42. Ez
34, 2; J269.
Ez 34, 5; J322. Ez 34, 10; J463. Ez 34, 13; J638.
Ez 34, 14; J461. Ez 34, 21; J606. Ez 34, 24; J653.
Ez 36, 22; J95. Ez 36, 24; J368. Ez 36, 24; J487.
Ez 36, 24; J543. Ez 36, 24; J627. Ez 36, 24; J634.
Ez 36, 25; J487. Ez 36, 26; J198. Ez 36, 28; J567.
Ez 37, 25; J303. Ez 39, 17; J634. Ez 39, 23; L2. Ez
40, 1-2; L48.
Ez 43, 7; J95.
Ez 43, 7; J344. Ez 43, 7; J644. Ez 44, 15; J614.
Ez 45, 12; J79. Ez 47, 9
Daniel
J602. Dn 2, 34; L5. Dn 2, 47; J521. Dn 4; J521.
Dn 4, 14; J521. Dn 5, 18; L2. Dn 5, 5; J643. Dn 7, 14; J464.
Dn 7, 27; J64. Dn 9, 5‑6; L41. Dn
9, 14; L136.
Dn 9, 16; J41.
Dn 10, 10; L158. Dn 13, 5; J472. Dn 13, 5; J551. Dn 13, 45; J550. Dn 13, 57
Osée
J351. Os 1, 6; J567. Os 1, 7; J642. Os 1, 7; J567.
Os 1, 7; J642. Os 1, 7; J464. Os 1, 11; J464.
Os 1, 11; J641. Os 2, 2; J641. Os 2, 2; J303.
Os 2, 7; J434. Os 2, 8; L34. Os 2, 8; L90. Os 2, 8; L34. Os 2, 8; L90. Os 2, 8; J606. Os 2, 14; J606.
Os 2, 14; J54. Os 2, 15; J572. Os 2, 17; L110.
Os 2, 16; L110.
Os 2, 16; J572.
Os 2, 17; J94. Os 2, 18; J99. Os 3, 1; J524.
Os 4, 5; J227. Os 4, 2; J721. Os 4, 2; J721.
Os 4, 2; J524. Os 4, 5; J215. Os 4, 6; J301.
Os 4, 14; J72. Os 6, 1; J101. Os 6, 2; J74.
Os 6, 3; J479. Os 6, 5; J479. Os 6, 5; J86.
Os 6, 9; J286. Os 6, 7; J549. Os 7, 4; L179.
Os 7, 4; L179.
Os 7, 4; J549.
Os 7, 4; J505. Os 7, 11; J505. Os 7, 11; J226.
Os 7, 16; J285. Os 7, 16; J652. Os 7, 16; J374.
Os 8, 11; J485. Os 9, 10; J485. Os 9, 10; J55.
Os 9, 10; J405. Os 9, 14; J596. Os 11, 1; J314.
Os 11, 4; J434. Os 11, 4; J578. Os 11, 4; J397.
Os 11, 8; J596. Os 11, 8; J450. Os 12, 2; J314.
Os 12, 11; J520. Os 12, 11; J615. Os 12, 11; L4. Os
12, 11; L92.
Os 13, 7; L63.
Os 13, 8; J318.
Os 13, 14‑15; J589. Os 13, 14‑15; J288.
Os 14, 7; J294. Os 14, 7
Joël
L182. Jl 4, 3; J331.
Jl 1, 11; J237. Jl 1, 19; 41. Jl 1, 19;
J505.
Jl 1, 19; L50. Jl 1, 19; J443. Jl 2, 3; J566.
Jl 2, 6; J242. Jl 2, 9; J665. Jl 2, 16; L20. Jl
2, 17; J4.
Jl 3, 1
Amos
J701. Am 1, 14; J714. Am 3, 6; J503. Am 3, 8; J672.
Am 3, 15; J212. Am 5, 2; J510. Am 5, 10; J555.
Am 5, 10; J383. Am 5, 18; J421. Am 7, 17; J222.
Am 8, 3; J353. Am 8, 9; L184. Am 8, 10; L146.
Am 8, 13; J579.
Am 9, 14
Abdias
J441. Ab 1, 3; J405. Ab 1, 5; J168. Ab 5, 9
Jonas
L132. Jon 2, 4
Michée
J535. Mi 2, 11; J515.
Mi 3, 1; J42. Mi 3, 3; J161. Mi 3, 5; L68. Mi
3, 5; J5.
Mi 3, 5; L187. Mi 3, 12; J61. Mi 6, 2; J58. Mi 6, 3;
J244.
Mi 6, 8; J503. Mi 6, 2; J485. Mi 7, 1; J227.
Mi 7, 5; J274. Mi 7, 9; J268. Mi 7, 9
Nahum
J356. Na 2, 9; J42. Na 2, 10; L153. Na 2, 11-12
Habacuc
L164. Ha 1, 8; J140.
Ha 1, 8; J622. Ha 1, 10; J650. Ha 1, 10; J163.
Ha 1, 10; J138. Ha 1, 13; J369. Ha 1, 14; J296.
Ha 2, 1; J660. Ha 2, 2; J563. Ha 2, 2; J379.
Ha 2, 6; J581. Ha 2, 7; J650. Ha 2, 15; J327.
Ha 3, 3; J219. Ha 3, 17
Sophonie
J145. So 1, 12; J66. So 1, 14; J566. So 1, 14‑15; J123.
So 1, 16; J206. So 2, 3
Aggée
J16. Ag 2, 11; J138. Ag 2, 18
Zacharie
L190. Za 1, 3; J605.
Za 2, 4; J43. Za 2, 5; J309. Za 2, 8; J294.
Za 4, 14; J76. Za 5, 9; J600. Za 6, 12; J72.
Za 7, 11; J625. Za 7, 11; J374. Za 7, 12; J567.
Za 8, 7; J103. Za 8, 13; J615. Za 8, 12; J605.
Za 8, 14; J406. Za 10, 8; J312. Za 11, 17; J312.
Za 11, 16; J443. Za 11, 1; J4. Za 13, 2
Malachie
J335. Ml 1, 10; J11. Ml 2, 7; L60. Ml 2, 7; L100. Ml 3, 14
Matthieu
J206. Mt 4, 10; J154. Mt 5, 3; J464. Mt 5, 20; L112.
Mt 5, 39; J301.
Mt 6, 2; J426. Mt 7, 6; J41. Mt 8, 3; J668. Mt 10, 19;
J361.
Mt 10, 20; J516. Mt 10, 23; J385. Mt 10, 28; L148.
Mt 11, 24; J102.
Mt 11, 25; J174. Mt 11, 29; J482. Mt 12, 37; J108.
Mt 13, 7; L4. Mt 13,11; J248. Mt 13, 22; J306.
Mt 13, 27; J269. Mt 15, 14; L106. Mt 15, 28; J204.
Mt 18, 20; J694. Mt 19, 12; J192. Mt 21, 13; J682.
Mt 22, 21; J475. Mt 22, 29; J5. Mt 23, 6; J606.
Mt 23, 8; L19. Mt 23, 32; J368. Mt 23, 32; J4.
Mt 23, 34; J187. Mt 24, 12
Luc
J464. Lc 1, 33; J618. Lc 1, 37; J3. Lc 1, 76; J155.
Lc 1, 78; J353. Lc 3, 17; L19. Lc 6, 38; J119. Lc 19, 43; J514.
Lc 23, 15; J240. Lc 23, 28; J292. Lc 23, 34; J407.
Lc 23, 34; J699. Lc 22, 67; L5. Lc 24, 45
Jean
J17. Jn 1; L120.
Jn 1, 3; J407.
Jn 2, 1; J555. Jn 4, 1; J668. Jn 4, 1; J314.
Jn 4, 10; J79. Jn 4, 14; J463. Jn 4, 18; J464.
Jn 5, 22; J572. Jn 6, 44; J64. Jn 8, 33; L124.
Jn 9, 31; J480.
Jn 10, 1; J715. Jn 10, 11; J40. Jn 10, 14; J484.
Jn 11, 9; J464. Jn 12, 31; J319. Jn 12, 35; J188.
Jn 14, 6; J542. Jn 14, 21; J204. Jn 14, 23; J389.
Jn 15, 16; J356. Jn 15, 19; J156. Jn 15, 22; J463.
Jn 17, 12; J407. Jn 17, 24; J606. Jn 15, 15; J692.
Jn 19, 11
Actes
J420. Ac 4, 5; J513.
Ac 4, 19; J628. Ac 4, 32; J513. Ac 6, 13; J245.
Ac 7, 25; J169. Ac 7, 51; J4. Ac 10, 43; J442.
Ac 10, 20; J516. Ac 12; J666. Ac 20, 27; J730.
Ac 20, 27
J273. Ac 26, 24; J425. Ac 26, 24
Romains
J694. Rm 1, 1; L3. Rm
1, 20; J301.
Rm 1, 28; J273. Rm 1, 22; J213. Rm 2, 5; J131.
Rm 2, 29; L112. Rm 5, 3; J363. Rm 5, 3; J400.
Rm 6, 21; J451. Rm 6, 21; J102. Rm 8, 15; J378.
Rm 8, 27; J199. Rm 10, 10; J646. Rm 11, 1; J294.
Rm 11, 17; J619. Rm 11, 33; L3. Rm 11, 33; J479. Rm 12, 3; J484. Rm 13, 12;
J521.
Rm 13, 5; J124. Rm 16, 19
Première épître aux
Corinthiens
J263. 1 Co 1, 20; J464.
1 Co 1, 24; J542. 1 Co 2, 11; J205.
1 Co 3, 17; J258. 1 Co 3, 19; J715.
1 Co 4, 10; J366. 1 Co 5, 11; J10.
1 Co 14, 2; J205. 1 Co 6, 19; J365.
1 Co 7, 27; J246. 1 Co 8, 1; J139.
1 Co 8, 7; JJ362. 1 Co 11, 1; J365.
1 Co 11, 30; J516. 1 Co 14, 33; J498.
1 Co 15, 26; J223. 1 Co 15, 33
Deuxième épître aux
Corinthiens
J356. 2 Co 1, 3‑4; J363.
2 Co 1, 12; J384. 2 Co 4, 3; J455.
2 Co 5, 1; J464. 2 Co 6, 2; J686.
2 Co 6, 10; J656. 2 Co 6, 10; J479.
2 Co 6, 14; J334. 2 Co 6, 16; J363.
2 Co 7, 4; J244. 2 Co 10, 17; J359.
2 Co 12, 5; J434. 2 Co 12, 16
Galates
J692. Ga 4, 16; J363. Ga 6, 14
Ephésiens
J204. Ep 3, 17; J7.
Ep 4, 3; J600. Ep 4, 24; J644. Ep 5, 2
Philippiens
J662. Ph 1, 14; J390.
Ph 3, 12; J694. Ph 3, 20
Première épître aux Thessaloniciens
L76. 1 Th 2, 8; J342. 1 Th 5, 3; J539.
1 Th 5, 3; J484. 1 Th 5, 7
Première épître à Timothée
J541. 1 Tm 2, 1; L123. 1
Tm 2, 8; J487.
1 Tm 2, 19
Deuxième épître à Timothée
J387. 2 Tm; J662. 2 Tm 2, 3; J40.
2 Tm 2, 19
Hébreux
J618. He 1, 3; J156. He 4, 12; J443.
He 6, 13; J371. He 10, 31; J688. He 11, 36; J301.
He 12, 8; J657. He 12, 9; J407. He 12, 24; J5.
He 13, 2; J697. He 13, 7; J389. He 13, 15; J665.
He 13, 17
Jacques
J274. Jc 1, 12; J154.
Jc 2, 5; 361. Jc 4, 8; J248. Jc 5, 2; J516. Jc 5, 10; J6.
Jc 5, 16
Première épître de
Pierre
J390. 1 P 2, 21
Deuxième épître de Pierre
J4. 2 P 1, 19; J524.
1 P 2, 18; J715. 1 P 2, 18; J501.
1 P 4, 17; J498. 1 P 4, 17
Apocalypse
J660. Ap 1, 11; J597.
Ap 2, 5; J453. Ap 2, 5; L83. Ap 3, 17; J644. Ap 5, 10; J154.
Ap 3, 17; J204. Ap 3, 20; L48. Ap 6, 13; J132. Ap 7, 14; J258.
Ap 7, 12; J587. Ap 7, 16; J220. Ap 9, 5; J208.
Ap 9, 6; J434. Ap 10, 10; J493. Ap 13, 10; J326.
Ap 14, 8; J326. Ap 14, 9; J390. Ap 14, 4; J500.
Ap 14, 9‑10; J455. Ap 14, 13; J483. Ap 18, 21; J190.
Ap 21, 3; J487. Ap 21, 3; J577. Ap 21, 3; J628.
Ap 21, 3; J590. Ap 21, 4; J205. Ap 21, 22; J378. Ap 22, 2; J666. Ap 22, 17; J79. Ap 22, 22
J pour Livre de Jérémie
L pour Lamentations de Jérémie
Adultère : J226, J549-550
Affliction : J221, J239,
L34-35, L37, L82, L85, L131-132, L144, L147, L154, L169, L172, L178
Amour : pour Dieu J4, J54 ; désordonné J42 ; divin J103 ; de Dieu pour les
hommes L115 ; fraternel J5-7 ; amour
paternel de Dieu J583
Anges : J43, J62, L14, L16
Antéchrist : J591
Anthropomorphisme : J596
Apôtres : prédits J463
Argument a majori : J528
Bêtes : J521
Bonté de Dieu : J30, J57,
J59, J74, J85, J87, J106, L2-3, L108
Cannibalisme : L79, L155
Captivité : J12, J17, J64, J94, J105, J116, J369, J708, J724
Châtiment : J41, J64,
J86, J89, J99, J101, J118, J140, J145-146, J153, J203, J220, J267-270, J293,
J298, J300, J303-305, J318, J335, J368, J374, J411-414, J491-493, J503s, J620,
J622, J625, J654, J658, L30, L34-35, L46, L53, L67, L78, L79-80, L82, L95,
L124, L138, L140, L148, L150, L156, L161, L166-167, L176
Chemin : J188
Christ : J25, J95, J550,
J567, J587, J641, L19, L25, L83, L165 ; préfiguré par la persécution de Jérémie
J290 ; connaît tout par grâce d'union J291 ; une image de la kénose J301 ;
comment le suivre J390 ; il dit du bien de nous J407 ; roi J454 ; promis J464 ;
libère J465 ; son incarnation J600 ; symbolisé par la montagne J602 ; est la
justice J642 ; roi et prêtre J644
Cœur : dur J73, J85, J374
; comment le purifier J131-132 ; devient liquide d'amour et de dévotion L76
Colère de Dieu J42, J106, J374, L166 ; colère de la colombe J506
Commandements : J62, J89, J139 ; observer
les J278-280
Comparaison : J317, L5 ;
le prophète parle par similitudes J8 ; et similitude L66 ; métaphores L60, L141
Confiance : L104 ; dans
les choses ou en Dieu J437 ; vraie et fausse J190-192, J441, J448 ; ne pas la
mettre dans la force/la richesse J244, J247-248, J374, J377, J379, dans le
culte J245, dans la sagesse J246 ; la mettre dans le Seigneur J378
Connaissance :
d'approbation : J23-24, J40 ; de Dieu par ses œuvres L3, L14, L48, L142, L169 ;
la science manque J124, J139, J214, L23 ; perfection de la science J619
Conscience : L16, L21,
L26
Consolation : J62, J358, J360, J368, J612, J631
Contemplation : J6, L21,
L110
Conversion : J96, J100, J105-106, J369 ; des nations J370 ; à la foi au
Christ J369 ; retour J96, J99, J101, J108, J316
Crainte : J37, J181, J726 ; peur du noir J162
Culte : de Dieu J579,
J587 ; religion J602, J634
Damnation : J42, L140
Démons : J3, J43, J464,
L19, L23, L25
Dévotion : L76, L123
Dieu : puissant J257,
J618, J624 ; sage J258, éternel et vrai J260, créateur J262, témoin qualifié
J477
Dirigeants : J149, J505 ; rois J12, J17 ; mauvaise influence des
J312 ; le peuple est puni pour le péché du roi J350 ; le vent les mène J456 ;
leurs torts J460-463 ; mauvais ou bons J485-488 ; gouvernement pour le salut du
peuple J642
Divination, devin : J3-4, J73
Ecriture : J10, J17,
J659-660, J666, J668, L4-5, L25 ; caractéristiques techniques J8, J13 ;
autorité de celui qui écrit J10 ; détourner l'Ecriture J480 ; étude de l' J656
; destruction et remplacement de l'écrit J670-678
Eglise : J24, J43, J611,
L8, L14, L19, L21, L23, L25, L83
Enfants : leurs déficiences
J28-30 ; leur conception J25 ; infusion de l'âme J24
Eschatologie : J96 ; 1er
et 2ème avènement J464
Esprit : J10, L5 ;
l'esprit de vie est un souffle J24 ; appelé vent du sud J327 ; Esprit de Dieu
J668
Eternité de la substance
: L188
Evangile : J606
Foi : vraie foi J642
Forme : J23
Gloire : J79, J95, L12,
L13, L48, L66, L185, L186, L188
Grâce : J24-25, J27, J30,
J40-41, J79, L139, L190 ; le temps de la grâce est appelé "jour" J484
; infusion de la grâce J594 ; don de la grâce J642
Guérison : promise J633-634
Hasard : L120
Hérésie : L119 ;
hérétiques L23, L25
Humilité : J319-325, L111
; humiliation L54, L98, L110
Idolâtrie : J64, J86,
J89, J118, J144, J196, J201, J254, J374, J470, J472, L28, L30 ; idole J58, J60, J67, J70, J76, J90, J94, J101, J106,
J129, J370 ; vanité des idoles J255-256, J259, J261, J263
Impureté : J610-611
Incarnation : due à la
bonté de Dieu L3
Indignation de Dieu : J116, L33, L53-54, L80,
L83, L126-127, L160, L189
Jeûne : J335
Joie : J370,
J579, J581-582, J603, J633, J635-636
Juifs : J128, J620, J647,
L8, L142, L160-161, L166 ; alphabet hébreu J498 ; fêtes juives : L20, L56, L70,
L81; synagogues L171 ; observer le shabbat J386-388 ; le grand prêtre corrige
les faux prophètes J420 ; rôle du prêtre J11,
J555 ; Israël J577, J583, J620 ; exégèse juive J549, J611; lévites J16, J614 ; sacerdoce rétabli J639-640, J644
Justice : J24, J26, J95,
J138, J149-150, J443, J618, J620, L35, L41, L45, L58, L72, L101, L116, L133,
L135 ; le jugement divin est révocable J397 ; injustice
: J447-448
Libération : J542,
J564-565, J567, J570, J582, J586-587, J591, J709-710, J714, J725
Libre-arbitre : n'est pas
soumis aux astres J254 ; L190 ; son
rapport avec les prophéties J396
Main de Dieu : J371
Maudire les tribulations
J428-430
Méchants : fuir leur
société J223 ;
prospérité des J297, J301
Miséricorde : J127, J146,
J592, J596, J626, J658, L99, L101, L105-106, L108, L113, L122, L130, L133-134,
L168
Mort : du mari, des fils
J353 ; L7, L19, L29, L62, L64, L88, L140, L147, L163, L176 ; tuer J76, J85 ;
prophétisée J365-366
Mystères : J10, L4-5
Obéissance : J606, J656 ; comment
obéir à Dieu J206 ; désobéissance J174, J198, J238, J285, J657
Ordre : les choses
inanimées respectent l'ordre divin J400
Paix : J633-634, J638,
J642 ; fausse J342
Parole : le Verbe J17 ; de Dieu est un feu J156 ; ceux
qui n'écoutent pas celle de Dieu J169
Patience : J274, L112
Pauvreté : J154
Péché (faute) : J3,
J25-27, J30, J41, J57, J61, J65-67, J69-70, J76, J86, J88-89, J97, J101, J139,
J145, J152, J184, J193, J209, J227, J290, J301, J335, J611, L8, L21, L23, L26,
L28-29, L34-35, L42, L45-46, L58, L67, L102, L121-122, L124, L135-136,
L138-139, L142, L148-149, L158, L167, L176 ; est vanité J78; est froidure J187
; cause de souillure J176 ; remis J634 ; amour du péché J374 ; transgression de
l'alliance J647-655
Pénitence : J182, J594
Père : J102 ; amour paternel J596
Pitié (compassion) : J6, J122, J221, J271-272,
J337, L31, L41, L63-64, L70, L73, L78, L80, L82, L114, L129-130
Pleurer (déplorer) : J43, J240-242, J446, J589
; ne pas pleurer sur un mort J455 ; L7, L11-12, L15-17, L22, L36, L38-39,
L41-42, L47-50, L52, L54, L59, L61-63, L73-74, L130, L141, L156
Prédestination : J23-24,
J40
Prière : J6-7, J193,
J381, J730, L12, L73-75, L77-78, L90, L122-124, L126, L134, L138, L168 ;
intercession J333-334, 338 ; ce qui empêche son exaucement J349-350 ; c'est
Dieu qui prie l'homme J353 ; pour soi-même J355 ; de Jérémie J404
Profanation : L30, L148
Promesse : J95, J98, J362, J463-464, J559-579, J582, J586-587, J591,
J602, J605-609, J626-643, J645, J658 ; menace J170, J173, J175, J401, J411,
J491, J505, J650-651, J654
Prophète : J3, J8-13,
J16-17, J290, J359, J491, J616, L2, L21, L60, L72 ; son renoncement J301 ; il
se plaint J424-433 ; son émotion J469 ; persécuté J612, J631, J510-517, J679s ;
est humble J537, obéissant J614 ; donne de bons conseils J541, J700 ; faux
prophètes J4, J73, J336-337, J472-478, J524, J526, J546s, J552-558, L128 ;
châtiment du faux prophète J539 ; prophétie J446, J508-509, J520-521, J612, J632, J650 ;
don de prophétie J30 ; tirée de l'observation J393 ss ; de prédestination ou de
prescience J396 ; fausses visions L67, L68 ; fausses prophéties J533, J536,
J538-539
Providence : J146, L95,
L119
Sagesse : J606 ; de Dieu
L2, L3, L6, L143
Sacrements : J24, J27, J30, J43, J79 ; baptême J132
Sacrifices :
J177, J196, J288, J335
Sainteté (sanctification)
: J24-27, J95, J106 ; le saint est symbolisé par l'olivier J294 ; gloire des
saints J363 ; les saints portent des fruits J389 ; promise J628
Séduire : comment le
Seigneur séduit J434
Serment : J106
Silence : J222
Sifflement : J406,
Simulation : L149
Soif : J331-332,
sécheresse J377
Souffrance (douleur, tribulation) : J64-65, J72, J130, J319, J360, J594, L26, L33, L38, L44-45, L63, L66, L74, L82, L121, L130
Souvenir (mémoire) : L26, L46, L101, L103
Stérilité : J454
Symboles : L8, L27 ; eau
J79, J224 ; vigne J168 ; trône J343-345 ; vin J326 ; arbre J378
Temple : J205, J341,
J506, J611, L21, L30, L48, L55-57, L61, L159, L186-187 ; Dieu habite avec nous
J204 ; vases sacrés du Temple J528, J533 ; l'espérance des justes est dans le
Temple J380
Tentation : J43
Veille : J33, L75
Vices : incorrigibilité J185 ; sans-gêne J218 ; ingratitude J148,
J352, J621 ; blasphème J146 ;
endurcissement J212 ; impénitence et négligence J213 ; orgueil 215 ; avarice
J216-217 ; concupiscence J42, J70, J145, L26 ; luxure J145,
L95 ; fourberie etc J172 ; malhonnêteté J228-230 ; entêtement J353, J372ss,
J403 ; désobéissance J450
Vierge : J25-26 ; virginité J11
Vision : de Dieu J28 ;
J30, J33, J103 ; et l'explication J485-488 ; J496 s
Volonté divine et humaine
J535
Ambroise
J24
Augustin J3
Cassiodore J3
Denys J3
Grégoire
J30
Jérôme
J16, J88, J393, J446, J610-611
Josèphe
J449
Symmaque
J377
[1] Au XIIIe siècle, les livres bibliques étaient généralement précédés d’un «prologue», transmis en même temps que le texte. Les commentateurs de livres bibliques amorçaient donc leur commentaire par une explication du prologue, avant d’en venir au texte lui-même. Ces prologues ayant disparu des éditions plus récentes de la Bible, il est parfois devenu difficile de comprendre le commentaire qui en est donné.
[2] La question se justifie par le texte latin : Verbum Domini factum est.
[3] On a ici un bel exemple de collatio qui accompagne et complète le bref commentaire littéral du texte biblique par Thomas d’Aquin. Ces collationes (elles commencent souvent par les mots Nota ou Notandum est) étaient sans doute destinées à regrouper des textes bibliques et des thèmes de prédication autour de certains sujets abordés dans le commentaire. On verra, à ce propos, J.-P. Torrell, Initiation à saint Thomas d’Aquin. Sa personne et son œuvre, Paris-Fribourg, 2002 (2e éd.), p. 43 et ss., 493.
[4] Le texte porte : de his etiam quae libero arbitrio non subjacent, mais le contexte et la conclusion qui suit immédiatement semblent indiquer qu’il faille lire : de his etiam quae libero arbitrio subjacent : «à propos de ce qui est soumis au libre arbitre.»
[5] Le texte ajoute : et est ut consecutivum. Autrement dit, le ut employé dans le membre de phrase précédent (ut longe faciant) a valeur consécutive.
[6] Le commentateur hésite entre specula (tour) et speculum (miroir).
[7] Percutere vel ferire foedus : ces expressions font allusion aux gestes qui accompagnaient la conclusion d’une entente ou d’une alliance.
[8] Dans la version latine, ce passage est très éloigné du texte qu’on trouve dans les versions bibliques modernes.
[9] A solis ortus cardine
Adusque terre limitem
Christum canamus principem
Natum Maria virgine.
Beatus auctor seculi
Servile corpus induit,
Ut carne carnem liberans
Non perderet, quos condidit.
Caste parentis viscera
Celestis intrat gratia,
Venter puelle baiulat
Secreta, que non noverat. Etc.
(hymne de la Nativité, de st Siadhal ou Sedulius,
moine irlandais du 5ème siècle)
[10] "Locus consuestionis", terme technique de rhétorique. Voir le De Inventione de Cicéron.
[11] Angustiae signifie
« lieux étroits » et « angoisses » [ANGOISSES] QU’ILS SUBISSAIENT DE
CEUX VERS QUI ILS S’ETAIENT REFUGIES.
[12] La notion de concession,
issue du verbe latin concedere
(se retirer, admettre une opinion, convenir de), appartient au vocabulaire de
la rhétorique avant d'appartenir à celui de la grammaire. Non répertoriée chez
Aristote, elle reçoit sa première définition dans le De institutione oratoria de Quintilien :
« aveu qui ne peut porter aucun préjudice [...] concession lorsque, forts de la
bonté de notre cause, nous avons l'air d'admettre même des faits qui nous sont
contraires ».
[13] En fait ici st Thomas dit « replevit », mais plus loin quand il commente le verset 7 c’est bien « repulit » comme dans la Vulgate. J’ai donc ici rectifié l’erreur.
[14] la Vulgate dit accincti, au masculin
[15] Jr 41 décrit les massacres faits par Yishmaël fils de Netanya
[16] Novi diluculo (version de Thomas). Novae diluculo (version Vulgate) : elles sont neuves (les miséricordes du Seigneur) chaque matin
[17] En effet dans les chapitres 2, 3 et 4, Pé précède Aïn. Dans le chapitre 1, les lettres sont dans l’ordre normal. Le chapitre 5 a bien 22 versets mais pas de lettres.
[18] En réalité lamia vient du mot grec lamuros qui signifie « vorace ». C’était une sorte de vampire dont on menaçait les enfants.
[19] Lacinias, pans de vêtements / lascivias, lascivetés