Saint Thomas d’Aquin, Docteur de l’Eglise

Prières devant le Saint Sacrement

Traduction par Denis Sureau

(Ecrit authentique)

Avec l’aimable autorisation de l’Edition de l’Emmanuel

Deuxième édition numérique, https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique, 2010

Les œuvres complètes de saint Thomas d'Aquin

 

Table des matières

 

Prières pour le Très Saint Sacrement : Antiennes 1

Prières de la messe du Saint-Sacrement 2

Séquence de la messe : Lauda Sion_ 3

ECCE PANIS ANGELORUM_ 6

Hymne des matines : Sacris solemniis 6

Hymne des laudes : Verbum supernum_ 8

Hymne des vêpres : Pange lingua_ 9

Rythme pour l'élévation du Corps du Christ : Adoro te_ 10

Prière avant la communion_ 11

Autre prière après la communion_ 12

Prières personnelles 13

Prière de saint Thomas avant l'étude_ 13

Prière sur la croix angélique_ 13

Prière de saint Thomas au début d'un cours 14

Prière que saint Thomas récitait chaque jour devant le Crucifix_ 14

Prière d'action de grâces 16

Prière fervente pour la rémission des péchés 17

Prière pour obtenir les vertus 18

Prière pour les âmes contemplatives que saint Thomas lui-même disait en pleine contemplation_ 20

Prière à la bienheureuse Vierge Marie_ 21

Prière que saint Thomas disait souvent avant de dicter, d'écrire ou de prêcher 22

Ame du Christ : Anima Christi 23

Seize conseils pour acquérir le trésor de la science_ 24

 

 

 

 

Prières pour le Très Saint Sacrement : Antiennes

 

Qu'il est suave, Seigneur, ton esprit !

Voulant montrer ta tendresse à tes enfants,

par un pain très doux venu du ciel,

tu combles de biens les affamés,

renvoyant les mains vides les riches dédaigneux.

 

 

O banquet sacré où est reçu le Christ,

se perpétue le mémorial de sa Passion,

l'âme est remplie de grâce,

nous est donné le gage de la gloire future !

 

 

Elle est dressée pour nous, la table du Seigneur,

contre tous ceux qui nous persécutent.

 

Qu'ils exultent en cris d'allégresse,

ceux qui goûtent à la table du Seigneur !

 

De ton autel, Seigneur, nous recevons le Christ,

en qui notre cœur et notre chair exultent.

 

Versets

 

V. Tu leur as donné un pain du ciel,

R.  Qui contient tout agrément.

V. O Dieu, dans ta douceur, tu as préparé la nourriture du pauvre.

R. Toi qui nous fais vivre en concorde dans ta maison.

 

 

 

Prières de la messe du Saint-Sacrement

 

Prière d’ouverture

 

Dieu qui, sous un sacrement admirable,

nous as laissé le mémorial de ta Passion,

donne-nous, nous t'en supplions,

de vénérer tellement les mystères sacrés de ton Corps et de ton Sang,

que nous en ressentions continuellement en nous

le fruit de ta rédemption.

Toi qui vis et règnes avec Dieu le Père en l'unité du Saint-Esprit,

pour les siècles des siècles. Amen.

 

Prière sur les offrandes

 

Nous t'en supplions, Seigneur,

accorde à ton Eglise les dons de l'unité et de la paix

figurés mystiquement par ces offrandes que nous te présentons.

 

Prière après la communion

 

Fais, nous t'en supplions, Seigneur,

que nous soyons rassasiés par l'éternelle jouissance de ta divinité,

que figure ici-bas la réception de ton Corps et de ton Sang précieux.

 

 

Séquence de la messe : Lauda Sion

Le plus long texte de notre Hymnaire, l’un des plus beaux, le plus théologique, le chef-d’œuvre de la poésie dogmatique, où, « tout en gardant l’exacte précision de la terminologie scolastique, saint Thomas expose avec splendeur le dogme eucharistique ».

Il le fait en 24 strophes d’inégale étendue: 18 de 3 lignes, 4 de 4 lignes, et 2 de cinq lignes. En une page ou deux, écrit M. Rouzic, « nous avons les figures et la réalité, les prophéties et l’événement. Nous sommes au Cénacle le soir du Jeudi-Saint et nous sommes partout où se dresse un autel catholique. Nous assistons à l’action de Jésus établissant une Pâque nouvelle, et nous apprenons le fond du mystère et les opérations sanctifiantes de l’Hostie dans les âmes ». On comprend que le Père Parsch déclare que cette « poésie dogmatique mérite d’être méditée ».

Et que dire du chant, sinon que sa royale splendeur n’a d’égale que les somptuosités du Te Deum et du triomphal Credo de Du Mont, qu’une initiative récente de Sa Sainteté Jean XXIIII a remis à l’honneur?

 

Lauda Sion

 

Lauda, Sion, Salvatorem,

Lauda ducem et pastorem

In hymnis et canticis.

 

Quantum potes, tantum aude,

Quia major omni laude,

Nec laudare sufficis.

 

Laudis thema specialis,

Panis vivus et vitalis

Hodie proponitur.

 

Quem in sacrae mensa cœnae

Turbae fratrum duodenae

Datum non ambigitur.

 

Sit laus plena, sit sonora ;

Sit jucunda, sit decora

Mentis jubilatio.

 

Dies enim solemnis agitur

In qua mensae prima recolitur

Hujus institutio.

 

In hac mensa novi Regis,

Novum pascha novae legis

Phase vetus terminat.

 

Vetustatem novitas,

Umbram fugat veritas,

Noctem lux eliminat.

 

Quod ln cœna Christus gessit

Faciendum hoc expressit

In sui memoriam.

 

Docti sacris institutis,

Panem, vinum in salutis

Consecramus hostiam.

 

Dogma datur christianis

Quod in camem transit panis

Et vinum in sanguinem.

 

Quod non capis, quod non vides

Animosa firmat fides

Praeter rerum ordinem.

 

Sub diversis speciebus,

Signis tantum et non rebus,

Latent res eximiae.

 

Caro cibus, sanguis potus,

Manet tamen Christus totus

Sub utraque specie.

 

A sumente non concisus,

Non confractus, non divisus,

Integer accipitur.

 

Sumit unus, sumunt mille,

Quantum isti tantum ille,

Nec sumptus consumitur.

 

Sumunt boni, sumunt mali,

Sorte tamen inaequali

Vitae vel interitus.

 

Mors est malis, vita bonis :

Vide paris sumptionis

Quam sit dispar exitus.

 

Fracto demum Sacramento,

Ne vacilles, sed memento

Tantum esse sub fragmento

Quantum toto tegitur.

 

Nulla rei fit scissura,

Signi tantum fit fractura

Qua nec status nec statura

Signati minuitur.

Loue, Sion

 

Loue, Sion, ton Sauveur,

Loue ton chef et ton pasteur

Par des hymnes et des cantiques.

 

Ose de tout ton pouvoir,

Car il est plus grand que toute louange

Et à le louer tu ne suffis pas.

 

Un thème de louange spéciale,

Le pain vivant et vivifiant,

Aujourd'hui nous est proposé.

 

Lors du repas de la sainte Cène,

Aux Douze ses frères

Il fut donné, nous n'en doutons pas.

 

Que la louange soit pleine, qu'elle soit sonore ;

Qu'elle soit joyeuse, qu'elle soit parfaite,

La jubilation de l'esprit.

 

Car nous vivons ce jour solennel

Qui de cette table entend célébrer

L'institution première.

 

A cette table du nouveau Roi,

La nouvelle pâque de la nouvelle loi

Met un terme à la phase ancienne.

 

La nouveauté chasse la vieillerie,

La vérité l'ombre,

La lumière dissipe la nuit.

 

Ce que fit le Christ à la Cène,

Il nous ordonna de le faire

En mémoire de lui.

 

Instruits par ses saints préceptes,

Nous consacrons le pain et le vin

En hostie salutaire.

 

Ce dogme est donné aux chrétiens

Que le pain se change en chair,

Et le vin en sang.

 

Ce que tu ne comprends ni ne vois,

Une ferme foi te l'assure,

Hors de l'ordre naturel.

 

Sous diverses espèces,

Signes seulement et non réalités,

Des choses sublimes se cachent.

 

La chair est une nourriture, le sang un breuvage,

Pourtant le Christ total demeure

Sous l'une et l'autre espèce.

 

On le prend sans le déchirer

Le briser, ni le diviser,

Il est reçu intègre.

 

Un seul le prend, mille le prennent

Autant celui-ci, autant ceux-là

Le reçoivent sans le consumer.

 

Les bons le prennent, les méchants le prennent,

Mais d'un sort inégal,

Ici de vie, là de ruine.

 

Il est mort aux méchants, vie aux bons,

Vois d'une même manducation

Combien l'effet est dissemblable !

 

Le sacrement enfin rompu,

Ne vacille pas, mais souviens-toi

Qu'il est sous chaque fragment

Comme sous le tout il se cache.

 

Nulle division n'est réelle,

Le signe seulement se fractionne,

Et par là, de ce qui est signifié

Ni l'état ni la stature n'est amoindri.

 

 

AUTRE TRADUCTION, 1962, Maurice LE BAS

Séquence de la Messe du Saint Sacrement

No 70 bis : Lauda, Sion

Chante; ô Sion, dans tes cantiques.

Et par des hymnes magnifiques,

Ton Sauveur, ton Roi, ton Pasteur.

 

Tout ce que ton amour t’inspire,

Ose-le; mais que peux-tu dire

Pour égaler tant de grandeur ?

 

C’est aujourd’hui l’Eucharistie,

Pain vivant qui donne la vie,

Qu’on propose à ta piété.

 

C’est le pain qu’à la troupe élue

Jésus lui-même distribue,

Et le Christ dit la vérité.

 

Que ta louange glorieuse

Eclate en hymne radieuse,

En chant de jubilation.

 

Car cette fête solennelle

Du festin sacré nous rappelle

La première institution.

 

Le Roi nous présente à la Cène,

Mettant fin à la Pâque ancienne

La nouvelle Pâque d’amour.

 

La vérité succède à l’ombre,

L’ère nouvelle au passé sombre,

La nuit s’enfuit devant le jour.

 

Le Christ, Auteur du sacrifice,  

A désiré qu’on l’accomplisse

Pour rappeler son souvenir.

 

Nous consacrons comme au Cénacle

Le pain et le vin du miracle,      

Pour notre salut à venir.

 

C’est un dogme de foi chrétienne         

Que le pain et le vin deviennent

Son corps et son sang précieux.

 

Notre ardente foi nous assure

Ce qui dépasse la nature,

Ce que ne peuvent voir nos yeux.

 

Sous des espèces différentes,   

Invisiblement sont présentes

De sublimes réalités.

 

Chair et sang nourrissent notre âme ;    

En chacune la foi proclame

Que demeure le Christ entier.   

 

On le prend sans qu’on le divise,

Sans qu’on le rompe ou qu’on le brise,

On le reçoit sans l’entamer.

 

Qu’un seul ou mille communient,

A tous le Christ donne sa vie,

Mais en lui rien n’est consumé.

 

Quand méchants et bons le reçoivent

Et qu’à la même coupe ils boivent,

Ils trouvent la vie ou la mort.

 

C’était pourtant la même hostie,

Mais face à la mort ou la vie

Combien différent est leur sort.

 

S’il faut rompre l’Eucharistie,

Ne t’émeus pas, jamais n’oublie

Que le plus infinie fragment

Contient le Christ, entièrement.

 

Ce n’est pas le corps que l’on brise,

C’est le signe que l’on divise,

Et le Christ, dans ce sacrement,

Ne subit aucun changement.

 

 

 

 

 

ECCE PANIS ANGELORUM

 

Factus cibus viatorum,

Vere panis filiorum

Non mittendus canibus.

 

In figuris praesignatur,

Cum Isaac immolatur,

Agnus paschae deputatur,

Datur manna patribus.

 

Bone Pastor, panis vere,

Jesu nostri miserere,

Tu nos pace, nos tuere,

Tu nos bona f ac videre

In terra viventium.

 

Tu qui cuncta scis et vales

Qui nos pascis hic mortales,

Tuos ibi commensales,

Coheredes et sociales

Fac sanctorum civium.

Amen.

Voici le pain des anges

Fait aliment des voyageurs,

Vrai pain des enfants

A ne pas jeter aux chiens.

 

D'avance il est désigné en figures,

Lorsqu' Isaac est immolé,

L'agneau pascal sacrifié,

La manne, donnée à nos pères.

 

Bon Pasteur, vrai pain,

Jésus, aie pitié de nous;

Nourris-nous, défend-nous,

Fais-nous voir nos biens

Dans la terre des vivants.

 

Toi qui sais et peux tout,

Qui nous nourris ici-bas mortels,

Rends-nous là-haut les commensaux,

Les cohéritiers et les compagnons

De la cité des saints.

Amen.

C’est pour nous le pain angélique,

Qui devient notre viatique;

Le vrai pain des fils du Seigneur,

Qu’on ne livre pas au pécheur.

 

Isaac montant au supplice,

L’agneau pascal du sacrifice,

La manne envoyée aux aïeux,

Etaient symboles précieux.

 

O bon Pasteur, pain véritable,

O Jésus, sois-nous secourable;

Par le pain d’immortalité

Accorde-nous de mériter

Le bonheur dans l’éternité.

 

Toi qui nourris ta créature,

Dont le pouvoir est sans mesure,

Fais-nous place au banquet du ciel,

Dans l’héritage paternel,

Avec les saints, Christ immortel.

Amen. Alleluia!

 

 

Hymne des matines : Sacris solemniis

 

Après un début débordant d’enthousiasme lyrique, voici l’histoire de la Cène, eucharistique, qui se termine par la strophe que connaissent tous les chrétiens: Panis angelicus. On aurait pu craindre que la poésie, ne cédât le pas au langage sec et abrupt de la scolastique: « Docteur par la pensée, saint Thomas d’Aquin est poète par l’amour. » (C. Albin de igala.)

 

Sacris solemniis

 

Sacris solemniis juncta sint gaudia,

Et ex praecordiis sonent praeconia,

Recedant vetera, nova sint omnia,

Corda, voces et opera.

 

Noctis recolitur cœna novissima,

Qua Christus creditur agnum et azyma

Dedisse fratribus juxta legitima

Priscis indulta patribus.

 

Post agnum typicum, expletis epulis,

Corpus Dominicum datum discipulis

Sic totum omnibus quod totum singulis

Ejus fatemur manibus.

 

Dedit fragilibus Corporis ferculum,

Dedit et tristibus Sanguinis poculum,

Dicens : Accipite quod trado vasculum,

Omnes ex eo bibite.

 

Sic sacrificium istud instituit,

Cujus officium committi voluit

Solis presbyteris, quibus sic congruit

Ut sumant et dent cœteris.

 

Panis angelicus fit panis hominum.

Dat panis cœlicus figuris terminum.

O res mirabilis ! manducat Dominum

Pauper servus et humilis.

 

Te trina Deitas unaque poscimus

Sic nos tu visita sicut te colimus,

Pet tuas semitas duc nos quo tendimus

Ad lucem quam inhabitas.

Amen.

Que la joie accompagne ces saintes solennités,

Et que les louanges résonnent du fond des cœurs,

Arrière le passé, que tout soit nouveau,

Les cœurs, les voix et les œuvres.

 

Nous célébrons la dernière cène nocturne

En laquelle, nous le croyons, le Christ donna à ses frères

L'agneau et les azymes, selon les lois

Jadis prescrites à leurs pères.

 

Après l'agneau typique, le festin achevé,

Nous confessons que le corps du Seigneur même,

De ses propres mains fut donné aux disciples,

Entier pour tous et pour chacun.

 

Faibles, il leur donna son Corps pour mets,

Tristes, il leur donna son Sang pour breuvage,

Disant : Prenez la coupe que je vous livre,

Buvez en tous.

 

Ainsi institua-t-il ce sacrifice,

Voulant que le ministère en fût confié

Aux seuls prêtres. A eux donc

De s'en nourrir et de le donner aux autres

 

Le pain des anges devient le pain des hommes.

Le pain du ciel met un terme aux figures.

Chose admirable ! Il mange son Seigneur,

Le pauvre, l'esclave et l'humble.

 

O Déité trine et une, nous t'en supplions,

Visite-nous tandis que nous t'honorons,

Par tes chemins, conduis-nous où nous tendons,

A la lumière que tu habites.

Amen.

AUTRE TRADUCTION, 1962, Maurice LE BAS

No 69 : Sacris solemniis

Exultons en ce jour de fête solennelle, Proclamons dans nos chants la gloire du Seigneur. Oublions le passé : que tout se renouvelle, Nos œuvres, nos voix, notre cœur.

 

Evoquons le Cénacle et le repas ultime Où Jésus célébra la Pâque avec les siens, Mangeant l’agneau prescrit avec le pain azyme, Selon les rites des anciens.

Quand fut mangé l’agneau comme avaient fait les pères, Jésus nourrit ses fils de son corps glorieux; De ses mains il se donne entier à tous ses frères, Et tout entier à chacun d’eux.

Il leur livre son corps pour guérir leur faiblesse, Pour chasser leur tristesse il leur offre son sang : Prenez tous, leur dit-il, le sang que je vous laisse, Voici la coupe, buvez-en.

Ce nouveau sacrifice, alors il le confie A des prêtres qui seuls le renouvelleront; Recevant les premiers la sainte Eucharistie, Aux autres ils la donneront.

Le pain du ciel devient le pain de notre table, Les figures d’antan ont perdu leur valeur

O merveille ! un esclave, indigent, méprisable, Se nourrit du corps du Seigneur.

Exauce, ô Trinité, notre désir suprême: Viens visiter nos cœurs, fais ta demeure en eux;

Puis trace-nous la route et conduis-nous toi-même Vers ton paradis lumineux.

 

 

 

Hymne des laudes : Verbum supernum

 

Quatre tableaux dans ce poème: le Verbe descend du ciel pour Sauver l’homme pécheur; il s’assied avec les siens au festin de la Cène; il se donne à eux. Enfin, le quatrième tableau nous présente à la fois, dans un raccourci saisissant, la crèche, le cénacle, la croix et le ciel.

« Dans ses hymnes presque surnaturelles, écrit le P. Faber, saint Thomas d’Aquin sait concilier la sérénité inflexible du dogme avec une douceur et une mélodie qui ressemblent plutôt à un écho du ciel qu’à un chant de la terre. »

 

Verbum Supernum

 

Verbum supernum prodiens,

Nec Patris linquens dexteram,

Ad opus suum exiens

Venit ad vitae vesperam.

 

In mortem a discipulo

Suis tradendus aemulis

Prius in vitae ferculo

Se tradidit discipulis.

 

Quibus sub bina specie

Carnem dedit et sanguinem,

Ut duplicis substantiae

Totum cibaret hominem.

 

Se nascens dedit socium,

Convescens in edulium,

Se moriens in pretium,

Se regnans dat in praemium.

 

O SALUTARIS HOSTIA

Quae cœli pandis ostium !

Bella premunt hostia,

Da robur, fer auxilium.

 

Uni trinoque Domino

Sit sempiterna gloria,

Qui vitam sine termino

Nobis donet in patria.

Amen.

 

Le Verbe descend des cieux

Sans quitter la droite du Père.

Sorti pour accomplir son œuvre

Il vient au soir de sa vie.

 

Avant d'être livré par un disciple

Aux ennemis pour mourir,

Le premier, il se livre lui-même

Aux disciples, aliment de vie.

 

A eux, sous une double espèce

Il donne sa chair et son sang,

Afin de nourrir tout l'homme

En sa double substance.

 

Naissant, il se fait notre compagnon,

Commensal, notre nourriture,

Mourant, notre rançon,

Régnant, notre récompense.

 

O salutaire hostie,

Qui ouvres la porte du ciel,

Des guerres violentes nous pressent

Donne-nous force et secours.

 

Au Seigneur trine et un,

Soit gloire à jamais!

Qu'il nous donne dans la patrie

La vie sans terme.

Amen.

 

AUTRE TRADUCTION, 1962, Maurice LE BAS

No 70 : Verbuni supernum

Le Verbe est descendu du ciel,

Sans quitter la droite du Père,

Pour sauver l’homme criminel

Et touche à son heure dernière.

 

Tout à l’heure à ses ennemis

Judas va le livrer, le traître;

Mais c’est d’abord à ses amis

Que Jésus se livre, ô bon Maître.

 

Il leur donne sa chair, son sang,

Voilés sous la double apparence,

Pour nourrir l’homme entièrement,

L’âme et le corps, double substance.

 

Enfant, c’est notre compagnon,

A la Cène il est pain de vie,

Au Calvaire notre rançon,

Au ciel récompense infinie.

 

O toi qui nous rouvres le ciel,

O sainte, ô salutaire Hostie,

Contre notre ennemi mortel

Que ta grâce nous fortifie.

 

Puissions-nous te louer sans fin,

O Trinité par nous bénie,

Et goûter un bonheur divin

Dans notre éternelle patrie.

 

 

 

 

Hymne des vêpres : Pange lingua

 

Voici « le grand cantique de l’Eglise ». Dans un début d’un haut lyrisme, le poète célèbre le mystère ineffable du Corps et du Sang du Christ. Après un court rappel de la vie du Sauveur, il évoque le souvenir de la dernière Cène et la première Communion des Apôtres. Voici enfin le Tantum ergo, la prière qu’on ne chante qu’à genoux, prière humaine, certes, mais inspirée, qui se clôt par une doxologie, « écho de l’éternel cantique du ciel à la gloire et à la louange du Dieu Eucharistie ».

Saint Thomas a toujours été reconnu comme l'auteur inspiré des hymnes de cette fête.

 

Pange lingua

 

Pange, lingua, gloriosi

Corporis mysterium,

Sanguinisque pretiosi

Quem in mundi pretium

Fructus ventris generosi

Rex effudit gentium.

 

Nobis datus, nobis natus

Ex intacta Virgine

Et in mundo conversatus

Sparso verbi sermine,

Sui moras incolatus

Miro clausit ordine.

 

In supremae nocte cœnae

Recumbens cum fratribus,

Observata lege plene

Cibis in legalibus,

Cibum turbae duodenae

Se dat suis manibus.

 

Verbum caro panem verum

Verbo carnem efficit,

Fitque Sanguis Christi merum,

Et si sensus deficit

Ad fimandum cor sincerum

Sola fides sufficit.

 

TANTUM ERGO SACRAMENTUM

Veneremur cernui,

Et antiquum documentum

Novo cedat ritui ;

Praestet fides supplementum

Sensuum defectui.

 

Genitori Genitoque

Laus et jubilatio ;

Salus, honor, virtus quoque

Sit et benedictio ;

Procedenti ab utroque

Compar sit laudatio.

Amen.

 

Chante, ma langue, le mystère

Du Corps de gloire

Et du Sang précieux

Que pour le rachat du monde

Le Roi des nations,

Fruit d'un noble sein, a versé.

 

A nous donné, né pour nous

D'une Vierge sans tache,

Ayant, dans ce monde où il vécut,

Jeté la semence du verbe,

Il termina son séjour

Selon un ordre admirable.

 

Dans la nuit de la dernière cène,

A table avec ses frères,

La loi pleinement observée

Concernant la nourriture légale,

En nourriture aux Douze

Il se donne lui-même de ses mains.

 

Le Verbe fait chair, par son verbe

Change du vrai pain en sa chair,

Le vin devient le Sang du Christ,

Et si les sens défaillent,

Pour affermir un cœur sincère,

La foi seule suffit.

 

Vénérons donc prosternés

Un si grand sacrement;

Que les anciens préceptes

Cèdent la place au nouveau rite;

Et que la foi supplée

A la faiblesse des sens.

 

Au Père et au Fils,

Louange et jubilation,

Salut, honneur, puissance

Et bénédiction !

A Celui qui procède de l'un et de l'autre

Soit une même louange !

Amen.

 

Autre traduction, 1962, Maurice LE BAS:

No 68 : Pange, lingua, gloriosi corporis

Chante, ô ma langue, le mystère

Du corps sacré, corps glorieux,

Livré pour nous sur le Calvaire,

Et celui du sang précieux,

Versé pour racheter la terre

Par le fruit d’un sein merveilleux.

 

Il naît pour nous dans une étable,

Dieu nous le donne sans retour;

Fils d’une Mère incomparable,

Dans le monde il sème l’Amour,

Et par un prodige admirable

Il va couronner son séjour.

 

La nuit, dans la Cène suprême,

Assis à table avec les siens,

Il observe la Loi qu’il aime,

Dans les mets prescrits aux anciens;

Aux Douze, il se donne lui-même

En nourriture, de ses mains.

 

D’un mot de sa bouche adorable

Il change le pain en son corps,

Le vin en son sang véritable;

Si mon œil me dit que j’ai tort,

Ma foi demeure inébranlable

Et j’y puise mon réconfort.

 

Prosternons-nous dans la présence

Du plus auguste sacrement,

Et que la nouvelle Alliance

Succède à l’autre Testament;

La foi, devant mon ignorance,

Supplée à mon aveuglement.

 

A Dieu le Père, au Christ mon frère

Louange et jubilation,

Honneur, salut, puissance entière

Et chants de bénédiction.

A l’Esprit du Fils et du Père

Notre égale acclamation.

 

 

 

 

Rythme pour l'élévation du Corps du Christ : Adoro te

 

Adoro te

 

Adoro te devote, latens Deitas,

Quae sub his figuris vere latitas ;

Tibi se cor meum totum subjicit,

Quia te contemplans totum deficit.

 

Visus gustus, tactus in te fallitur,

Sed auditu Solo tuto creditur.

Credo quidquid dixit Dei Filius,

Nil hoc Veritatis verbo verius.

 

In cruce latebat sola Deitas,

At hic latet simul et humanitas.

Ambo tamen credens atque confitens.

Peto quod petivit latro pœnitens.

 

Plagas, sicut Thomas, non intueor ;

Deum tamen meum te confiteor.

Fac me tibi semper magis credere,

In te spem habere, te diligere.

 

O memoriale mortis Domini,

Panis vivus, vitam praestans homini,

Praesta meae menti de te vivere

Et te illi semper dulce sapere.

 

Pie pellicane, Jesu Domine,

Me immundum munda tuo sanguine,

Cujus una stilla salvum facere

Totum mundum quit ab omni scelere.

 

Jesu quem velatum nunc aspicio

Oro, fiat illud quod tam sitio :

Ut te revelata cernens facie

Visu sim beatus tuae gloriae.

Amen.

 

Je t'adore dévotement, Déité cachée,

Qui sous ces figures est réellement présente.

A toi mon cœur tout entier se soumet,

Car en te contemplant tout entier il défaille.

 

Vue, toucher, goût sont ici déroutés,

Mais par l'ouïe seule est totalement crédible.

Je crois tout ce qu'a dit le Fils de Dieu,

Rien n'est plus vrai que ce verbe de Vérité.

 

Sur la croix se cachait la seule Déité,

Ici se cache aussi l’humanité

Pourtant, croyant et confessant l'une et l'autre,

J'implore ce qu'implora le larron pénitent.

 

Je n'inspecte pas tes plaies comme Thomas,

Pourtant, je te confesse comme mon Dieu.

Fais que de plus en plus en toi je croie,

Qu'en toi j'espère, que je t'aime.

 

O mémorial de la mort du Seigneur,

Pain vivant donnant la vie à l'homme,

Donne à mon âme de vivre de toi,

Et de toujours te goûter avec douceur

 

Bon pélican, Seigneur Jésus,

Purifie-moi, impur, par ton sang

Dont une seule goutte peut sauver

Le monde entier de ses crimes.

 

Jésus, que j'aperçois maintenant voilé,

Je te prie, fais ce dont j'ai tant soif :

Que, contemplant à découvert ta face

Je sois heureux de la vue de ta gloire.

Amen.

 

 

 

Prière avant la communion

 

Prière après la communion

 

Je te rends grâces,

Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel,

de ce que tu as daigné me rassasier du Corps et du Sang précieux

de ton Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,

moi pécheur, ton indigne serviteur,

sans aucun mérite de ma part,

mais par ta pure miséricorde.

 

Et je te supplie que cette sainte communion

ne soit pas pour moi un sujet de châtiment,

mais un titre salutaire de pardon.

 

Qu'elle me soit une armure de foi,

et un bouclier de bonne volonté.

 

Qu'elle soit l'expulsion de mes vices,

l'extinction de la concupiscence et des désirs impurs,

l'augmentation de la charité et de la patience,

de l'humilité et de l'obéissance, et de toutes les vertus;

une ferme défense contre les embûches de mes ennemis,

visibles aussi bien qu'invisibles,

un apaisement complet de ma chair comme de mon esprit,

une adhésion très ferme à toi,

Dieu unique et véritable,

un heureux achèvement de ma fin.

 

Et je te supplie de daigner me conduire,

moi pécheur, à ce banquet ineffable où,

avec votre Fils et le Saint-Esprit,

tu es pour tes saints la lumière vraie,

le rassasiement complet, la joie éternelle,

le bonheur consommé, la félicité parfaite.

Par le même Christ notre Seigneur.

Amen.

 

Dieu tout-puissant et éternel,

voici que je m'approche du sacrement

de ton Fils unique, notre Seigneur Jésus-Christ.

 

J'y viens comme infirme au médecin de la vie,

comme impur à la fontaine de miséricorde,

comme aveugle à la lumière de l'éternelle clarté,

comme pauvre et indigent au Seigneur du ciel et de la terre.

 

J'implore donc l'abondance de ton immense largesse,

afin que tu daignes guérir mon infirmité,

laver mes souillures,

illuminer ma cécité,

enrichir ma pauvreté,

vêtir ma nudité ;

afin que je reçoive le pain des anges,

Roi des rois et Seigneur des seigneurs,

avec tout le respect et l'humilité,

toute la contrition et la dévotion,

toute la pureté et la foi,

avec un propos et une intention

qui conviennent au salut de mon âme.

 

Donne-moi, je t'en prie, de recevoir

non seulement le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur,

mais aussi l'effet et la vertu du sacrement.

 

O Dieu très clément, donne-moi de recevoir

le Corps de ton Fils unique, notre Seigneur Jésus-Christ,

qu'il prit de la Vierge Marie,

avec de telles dispositions

que je mérite d'être incorporé à son corps mystique

et compté parmi ses membres.

 

O Père très aimant, ton Fils bien-aimé

que maintenant, en chemin,

je me propose de recevoir sous les voiles,

accorde-moi de le contempler un jour,

à visage découvert, perpétuellement.

 

Lui qui, étant Dieu, vit et règne avec toi

dans l'unité du Saint-Esprit,

pour les siècles des siècles.

Amen.

 

 

 

Autre prière après la communion

 

Très doux Jésus, que ton Corps très sacré et ton Sang soient douceur et suavité pour mon âme,

salut et sainteté en toute tentation, joie et paix en toute tribulation, lumière et force en toute parole ou action, et suprême protection à ma mort.

Amen.

 


Prières personnelles

 

Prière de saint Thomas avant l'étude

 

 

Prière de Saint Thomas d’Aquin avant l’étude :

 

Créateur ineffable, Vous êtes la vraie source de la lumière et de la sagesse. Daignez répandre Votre clarté sur l’obscurité de mon intelligence ; chassez de moi les ténèbres du péché et de l’ignorance. Donnez-moi :

 

La pénétration pour comprendre,

La mémoire pour retenir,

La méthode et la facilité pour apprendre,

La lucidité pour interpréter,

Une grâce abondante pour m’exprimer,

 

Aidez le commencement de mon travail,

Dirigez en le progrès,

Couronnez en la fin,

Par Jésus Christ Notre Seigneur,

Amen.

Autre traduction de cette prière par sœur Marie-Hélène Deloffre osb.

 

Créateur ineffable qui, des trésors de ta sagesse, as choisi les trois hiérarchies des anges et les as placées dans un ordre admirable au-dessus du ciel empyrée ;

Toi qui as disposé avec tant d'art les parties de l'univers, toi qu'on appelle à bon droit source de lumière et Sagesse et Principe suprême, daigne répandre sur les ténèbres de mon intelligence un rayon de ta clarté ;

Chasse de moi la double ténèbre dans laquelle je suis né, celle du péché et celle de l'ignorance.

Toi qui rends diserte la langue même des enfants, forme ma langue et verse sur mes lèvres la grâce de ta bénédiction.

Donne-moi la pénétration pour comprendre, la capacité de retenir, la méthode et la facilité pour apprendre, la sagacité pour interpréter et une élégance abondante pour m'exprimer.

Dispose le commencement, dirige le progrès, couronne la fin. Par le Christ notre Seigneur.

Amen.

 

Prière sur la croix angélique

 

 

CRVX ANGELICA

 

Cette croix s’est répandue dans le monde chrétien sous le nom de Croix angélique, ou Croix de saint Thomas. Les habitants d’Anagni en ont un fac-similé dans leur maisons pour se préserver contre le feu du ciel, et Pie IX, de sainte mémoire, a daigné accorder 300 jours d’indulgence à quiconque réciterait  pieusement les aspirations formant le distique.

 https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique/livresformatweb/opuscules/74prieresdesaintthomas_fichiers/image002.jpg

CROIX ANGELIQUE

 

Crux mihi certa salus, Crux est quam semper adoro ;

Crux Domini mecum, Crux mihi refugium.

 

O Croix, de mon salut l’espérance assurée,

Croix sainte, sois toujours de mon cœur adorée !

Croix du Seigneur, reste avec moi ;

O Croix, mon refuge est en toi !


 

Pour comprendre l’ingénieuse disposition des lettres et, y lire le distique proposé, il faut chercher au centre l’initiale du mot Crux; en remontant la ligne médiane, on trouve Crux mihi certa salus, et en descendant : Crux est quam semper adoro.

Puis, en allant du centre vers la gauche, en suivant la médiane horizontale, on a : Crux domini mecum; enfin à droite : Crux mihi refugium.

 

 

Prière de saint Thomas au début d'un cours

 

Demandons à l'Esprit Saint, le Père des pauvres

D'illuminer notre cœur et notre intelligence

Pour nous conduire à la vérité tout entière.

 

Prière que saint Thomas récitait chaque jour devant le Crucifix

 

Accorde-moi, Dieu miséricordieux,

de désirer ardemment ce qui te plais,

de le rechercher prudemment,

de le reconnaître véritablement

et de l'accomplir parfaitement,

à la louange et à la gloire de ton nom

 

Mets de l'ordre en ma vie,

accorde-moi de savoir ce que tu veux que je fasse,

donne-moi de l'accomplir comme il faut

et comme il est utile au salut de mon âme.

 

Que j'aille vers toi, Seigneur,

par un chemin sûr, droit, agréable menant au terme,

qui ne s'égare pas entre les prospérités et les adversités,

tellement que je te rendes grâces dans les prospérités,

et que je garde la patience dans les adversités,

ne me laissant ni exalter par les premières,

ni déprimer par les secondes.

 

Que rien ne me réjouisse ni me m'attriste,

hors ce qui me mène à toi ou m'en écarte.

Que je ne désire plaire ou ne craigne

de déplaire à personne, si ce n'est à toi.

Que tout ce qui passe devienne vil à mes yeux

à cause de toi, Seigneur,

et que tout ce qui te touche me soit cher,

mais toi, mon Dieu, plus que tout le reste.

 

Que toute joie me dégoûte qui est sans toi,

et que je ne désire rien en dehors de toi.

Que tout travail, Seigneur, me soit plaisant qui est pour toi,

et tout repos ennuyeux qui est sans toi.

Donne-moi souvent de diriger mon cœur vers toi,

et, dans mes défaillances, de les peser avec douleur,

avec un ferme propos de m'amender.

 

Rends-moi, Seigneur Dieu,

obéissant sans contradiction,

pauvre sans défection,

chaste sans corruption,

patient sans protestation,

humble sans fiction,

joyeux sans dissipation,

sérieux sans abattement,

retenu sans rigidité,

actif sans légèreté,

animé de votre crainte sans désespoir,

véridique sans duplicité,

faisant le bien sans présomption,

reprenant le prochain sans hauteur,

l'édifiant de parole et d'exemple sans simulation.

 

Donne-moi, Seigneur Dieu,

un cœur vigilant

que nulle curieuse pensée ne détourne de toi,

un cœur noble

que nulle indigne affection n'abaisse,

un cœur droit

que nulle intention perverse ne dévie,

un cœur ferme

que nulle épreuve ne brise,

un cœur libre

que nulle violente affection ne subjugue

 

Accorde-moi, Seigneur mon Dieu,

une intelligence qui te connaisse,

un empressement qui te cherche,

une sagesse qui te trouve,

une vie qui te plaise,

une persévérance qui t'attende avec confiance,

et une confiance qui t'embrasse à la fin.

 

Accorde-moi d'être affligé de tes peines par la pénitence,

d'user en chemin de tes bienfaits par la grâce,

de jouir de tes joies surtout dans la patrie par la gloire.

Toi qui, étant Dieu, vis et règnes

pour les siècles des siècles.

Amen.

 

Prière d'action de grâces

 

Je te loue,

je te glorifie,

je te bénis, mon Dieu,

pour les immenses bienfaits que tu m'as accordés,

à moi indigne.

 

Je loue ta clémence si patiente à m'attendre,

ta douceur qui ne fait que simuler la vengeance,

ta tendresse qui m'appelle, ta bénignité qui me reçoit,

ta miséricorde qui pardonne mes péchés,

ta bonté qui me comble au-delà de mes mérites,

ta patience qui ne se souvient pas de l'injure,

ta humilité qui me console,

ta longanimité qui me protège,

ton éternité qui me conserve,

ta vérité qui me récompense.

 

Que dirai-je, mon Dieu,

de ta générosité ineffable?

Fugitif, tu m'appelles,

à mon retour, tu me reçois,

titubant, tu m'aides,

désespérant, tu me réjouis,

négligent, tu me stimules,

combattant, tu m'armes,

triomphant, tu me couronnes,

pécheur, tu ne me méprises pas après la pénitence,

tu n'as pas souvenance de mon injure.

 

Tu me délivres d'innombrables périls,

tu adoucis mon cœur pour qu'il se repente,

tu m'effraies par des supplices,

tu m'attires par des promesses,

tu me corriges par des châtiments,

tu me gardes par le ministère des anges

tu me procures les biens temporels

et me réserves les biens éternels.

 

Tu m'exhortes par la dignité de la création,

tu m'invites par la clémence de la rédemption,

tu me promets les biens de la rémunération.

 

Pour tout cela, mes louanges ne suffisent pas.

A ta Majesté je rends grâces

pour l'abondance de ton immense bonté,

afin que toujours tu multiplies en moi la grâce,

et, multipliée, que tu la conserves,

et, conservée, que tu la récompenses.

Amen.

 

Prière fervente pour la rémission des péchés

 

A toi fontaine de miséricorde, ô Dieu,

voici que je viens, moi pécheur.

Daigne donc me laver, moi impur.

O soleil de justice, illumine un aveugle.

O médecin éternel, guéris un blessé.

O Roi des rois, revêts un dépouillé.

O médiateur de Dieu et des hommes,

réconcilie un coupable.

O bon Pasteur, ramène un errant.

 

Accorde, ô Dieu,

la miséricorde à un misérable,

l'indulgence à un criminel,

la vie à un mort,

la justification à un impie,

l'onction de la grâce à un endurci.

 

O très clément,

rappelle-moi quand je fuis,

attire-moi quand je résiste,

relève-moi quand je tombe,

soutiens-moi quand je suis debout,

conduis-moi quand je marche.

Ne m'oublie pas quand je t'oublie,

ne m'abandonne pas quand je t'abandonne,

ne me méprise pas quand je pèche.

Car en péchant,

je t'ai offensé, mon Dieu,

j'ai lésé mon prochain,

je ne me suis pas épargné moi-même.

 

J'ai péché, mon Dieu,

par fragilité contre toi, Père tout-puissant,

par ignorance contre toi, Fils très sage,

par malice contre toi, Esprit-Saint clément ;

en tout cela je t'ai offensé, Trinité sublime.

 

Ah ! malheureux, combien nombreuses et grandes,

combien diverses ont été mes fautes !

Je t'ai abandonné, Seigneur,

et devant ta bonté je le déplore,

par un amour mauvais,

par une mauvaise crainte,

et je préférai te perdre

que manquer de ce que j'aimais

ou affronter ce que je craignais.

O mon Dieu, que j'ai fait de mal en parole et en action,

péchant secrètement, ouvertement et opiniâtrement !

 

Je te supplie donc, eu égard à ma fragilité,

de ne pas regarder à mon iniquité,

mais à ton immense bonté,

et de remettre avec clémence ce que j'ai fait,

me donnant la douleur du passé

et une efficace vigilance pour l'avenir.

Amen.

 

Prière pour obtenir les vertus

 

O Dieu qui peux tout, qui sais tout,

qui n'as ni commencement ni fin,

toi qui donnes les vertus,

les conserve et les récompenses, daigne

m'établir sur le sol ferme de la foi,

me protéger de l'invincible bouclier de l'espérance,

me parer du vêtement nuptial de la charité.

 

Donne-moi

par la justice de t'être soumis,

par la prudence d'éviter les pièges du diable,

par la tempérance de garder un juste milieu,

par la force de supporter patiemment l'adversité.

 

Donne-moi

de partager volontiers le bien que j'ai

avec celui qui en manque,

le bien que je n'ai pas,

de le demander humblement à qui en est pourvu;

le mal que j'ai fait,

de l'avouer loyalement,

le mal que je souffre,

de le supporter avec égalité d'âme,

le bien du prochain,

de le regarder sans envie,

tes bienfaits,

de t'en rendre toujours grâces.

 

Apprends-moi à

garder la règle dans ma tenue, ma démarche et mes gestes,

retenir sur mes lèvres toute parole vaine,

préserver mes pas de tout écart,

empêcher mes yeux de divaguer,

défendre mes oreilles des rumeurs,

tenir le front humblement incliné,

élever mon esprit vers le ciel,

mépriser ce qui passe,

ne désirer que toi seul,

dompter ma chair,

purifier ma conscience,

honorer les saints,

te louer dignement,

progresser dans le bien

et couronner mes bonnes actions

par une sainte mort.

 

Plante en moi les vertus, Seigneur,

en sorte que je sois dévoué aux choses divines,

prévoyant dans les choses humaines,

et à charge à personne pour l'usage de mon corps.

 

Donne-moi, Seigneur,

la ferveur dans la contrition,

l'intégrité dans la confession,

la plénitude dans la satisfaction.

Mets de l'ordre au-dedans de moi par une bonne vie,

afin que je fasse ce qui convient,

ce qui sera profitable à moi comme mérite,

et aux autres comme exemple.

 

Donne-moi

de ne jamais me porter à des actions sans sagesse,

ni de me lasser des choses fastidieuses

afin qu'il ne m'arrive pas de désirer avant le temps ce que je dois faire,

ou de le délaisser avant de l'avoir mené à bonne fin.

Amen.

 

Prière pour les âmes contemplatives que saint Thomas lui-même disait en pleine contemplation

 

Je t'invoque, Dieu de toute consolation,

toi qui ne trouve en nous que tes propres dons,

pour qu'au terme de cette vie, tu daignes me donner

la connaissance de la Vérité première,

la jouissance de la divine Majesté.

 

Donne aussi à mon corps,

ô généreux Rémunérateur,

la beauté de la clarté,

la promptitude de l'agilité,

la pénétration de la subtilité,

la force de l'impassibilité.

 

Ajoutes-y l'abondance des richesses,

l'affluence des délices,

l'accumulation des biens,

afin que je puisse me réjouir

au-dessus de moi de ta consolation,

au-dessous de moi de la douceur du séjour,

au-dedans de moi de la glorification de mon corps et de mon âme,

auprès de moi de l'exquise compagnie des anges et des hommes.

 

Qu'auprès de toi, Père très clément, je trouve

pour mon esprit les illuminations de la sagesse,

pour ma sensibilité l'accomplissement de mes désirs,

pour mes puissances de combat la gloire du triomphe;

auprès de toi, dis-je, là où est

l'absence de tout péril,

la variété des demeures,

la concorde des volontés

où est la douceur du printemps,

la lumière de l'été,

la fertilité de l'automne

et le repos de l'hiver.

 

Donne-moi, Seigneur Dieu,

la vie qui ne connaît plus la mort,

la joie qui est sans douleur,

où réside la souveraine liberté,

la libre sécurité,

la sûre tranquillité,

la joyeuse félicité,

l'heureuse éternité,

l'éternelle béatitude,

la vision et la louange de la vérité

Ainsi soit-il.

 

Prière à la bienheureuse Vierge Marie

 

O bienheureuse et très douce Vierge Marie,

Mère de Dieu,

pleine de toute bonté,

Fille du Roi des rois,

Souveraine des Anges,

Mère du Créateur de l'univers,

je jette dans le sein de ta bonté,

aujourd'hui et tous les jours de ma vie,

mon corps et mon âme,

toutes mes actions, mes pensées, mes volontés,

mes désirs, mes paroles, mes œuvres,

ma vie tout entière et ma mort,

afin que, par tes suffrages,

tout cela tende au bien,

selon la volonté de ton cher Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,

afin que je t'aie, ô ma très sainte Souveraine,

pour alliée et pour consolatrice,

contre les embûches et les pièges de l'antique adversaire

et de tous mes ennemis.

 

De votre cher Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,

daigne m'obtenir la grâce qui me permettra de résister

aux tentations du monde, de la chair et du démon,

et d'avoir toujours le ferme propos de ne plus pécher à l'avenir,

mais de persévérer en ton service et en celui de ton cher Fils.

 

Je te prie aussi, ô ma très sainte Souveraine,

de m'obtenir une vraie obéissance

et une vraie humilité du cœur,

afin que je me reconnaisse en vérité

comme un misérable et fragile pécheur,

impuissant non seulement à faire la moindre bonne œuvre,

mais encore à résister aux attaques continuelles,

sans la grâce et le secours de mon Créateur et vos saintes prières.

 

Obtiens-moi aussi, ô ma très douce Souveraine,

une perpétuelle chasteté d'esprit et de corps,

afin que d'un cœur pur et d'un corps chaste,

je puisse servir ton Fils aimé et toi-même

selon ma vocation.

 

Obtiens-moi de lui la pauvreté volontaire,

avec la patience et la tranquillité d'esprit,

afin que je sache supporter les travaux de ma condition

pour mon salut et celui de mes frères.

 

Obtiens-moi encore, ô très douce Souveraine,

une charité vraie qui me fasse aimer de tout cœur

ton très saint Fils, notre Seigneur Jésus-Christ,

et toi, après lui, par-dessus toutes choses,

et le prochain en Dieu et à cause de Dieu,

sachant me réjouir de son bien,

m'affliger de son mal, ne mépriser personne,

ne jamais juger témérairement,

ne me préférer dans mon cœur à quiconque.

 

Apprends-moi en outre, ô Reine du Ciel,

à toujours unir dans mon cœur

la crainte et l'amour de votre très doux Fils ;

à toujours rendre grâces de tant de bienfaits qui me viennent

non de mes mérites, mais de sa pure bonté ;

à faire des mes péchés une confession pure et sincère,

une pénitence vraie,

pour mériter ainsi miséricorde et grâce.

 

Je te supplie enfin, ô Mère unique,

porte du ciel et avocate des pécheurs,

de ne pas permettre qu'à la fin de ma vie,

moi, ton indigne serviteur,

je dévie de la sainte foi catholique,

mais que vous tu secoures

selon ta grande miséricorde et amour,

et que tu me défendes des esprits mauvais ;

que par la glorieuse Passion de ton Fils béni,

et par ta propre intercession,

mon cœur plein d'espérance,

tu m'obtiennes de Jésus le pardon de mes péchés,

de sorte que, mourant dans votre amour et le sien,

tu me diriges dans la voie de la délivrance du salut.

Amen.

 

Prière que saint Thomas disait souvent avant de dicter, d'écrire ou de prêcher

 

Créateur ineffable,

qui des trésors de votre sagesse as choisi les trois hiérarchies angéliques

et les as placées en un ordre admirable au-dessus du ciel empyrée ;

toi qui as disposé avec tant d'harmonie les parties de l'univers;

toi, dis-je, qu'on nomme à juste titre

source de lumière et de sagesse et principe suprême,

daigne projeter sur les ténèbres de mon intelligence un rayon de votre clarté,

chassant de moi les doubles ténèbres dans lesquelles je suis né,

celle du péché et celle de l'ignorance.

 

Toi qui rends diserte la langue des enfants,

forme ma langue et verse sur mes lèvres la grâce de ta bénédiction.

Donne-moi la pénétration pour comprendre,

la capacité de retenir,

la méthode et la facilité pour apprendre,

la subtilité pour interpréter,

une grâce abondante pour parler.

Dispose le commencement,

dirige le progrès,

couronne la fin.

 

Toi, vrai Dieu et vrai homme,

qui vis et règnes dans les siècles des siècles.

Amen.

 

Ame du Christ : Anima Christi

 

Ame du Christ très sainte, sanctifie-moi.

Corps du Christ très sacré, sauve-moi.

Sang du Christ très précieux, enivre-moi.

Eau du côté du Christ très pure, purifie- moi.

Sueur du visage du Christ très puissante, guéris-moi.

Passion du Christ très douce, fortifie-moi.

O bon Jésus, garde-moi.

Dans tes plaies, cache-moi.

 

Ne permets pas que je sois séparé de toi.

De l'ennemi malfaisant, défends-moi.

A l'heure de ma mort, appelle-moi,

ordonne que je vienne à toi

et place-moi près de toi

afin qu'avec tes anges et tes archanges

je te loue sans fin pendant les siècles des siècles.

Amen.

 


 

Seize conseils pour acquérir le trésor de la science

 

Puisque tu m'as demandé, mon très cher Jean dans le Christ, comment tu dois étudier pour acquérir le trésor de la science, voici le conseil que je te donne.

 

-          Entre dans la mer par les petits ruisseaux, non d'un trait; car c'est par le plus facile qu'il convient d'aller au plus difficile. Tel est mon avis et ma recommandation.

-          Je veux que tu sois lent à parler, lent à te rendre là où l'on parle.

-          Garde la pureté de ta conscience.

-          N'abandonne jamais l'oraison.

-          Aime beaucoup ta cellule, si tu veux être introduit dans le cellier à vin.

-          Montre-toi aimable avec tous.

-          Ne t'enquiers en rien des actions d'autrui.

-          Ne sois pas trop familier avec personne, car trop de familiarité engendre le mépris et conduit à s'arracher à l'étude.

-          Ne te mêle nullement des paroles et des actions des gens du monde.

-          Fuis par-dessus tout les démarches inutiles.

-          Imite la conduite des saints et des hommes de bien.

-          Ne regarde pas qui tu parle, mais tout ce qui se dit de bon, confie-le à ta mémoire.

-          Ce que tu lis et entends, efforce-toi de le comprendre.

-          Assure-toi de tes doutes.

-          Tout ce que tu pourras, efforce-toi de le ranger dans la bibliothèque de ton esprit, comme celui qui veut remplir un vase.

-          Ne cherche pas ce qui te dépasse.

 

En suivant cette route, tu porteras et produiras, pendant toute ta vie, des feuilles et des fruits utiles dans la vigne du Seigneur des Armées. Si tu t'attaches à ces conseils, tu pourras atteindre ce que tu désires. Adieu.