Saint Thomas d’Aquin

Docteur de l'Eglise

 

Commentaire des m้t้orologiques d’Aristote

ฉ Livres 1, 2 et 3, Copyright et traduction par Barbara Ferr้, 2020

 

Edition num้rique https://www.i-docteurangelique.fr/DocteurAngelique 2020

Les œuvres compl่tes de saint Thomas d'Aquin

Livre 1 ─ [Les ph้nom่nes c้lestes] 3

Chapitre 1 ─ [Objet du livre des m้t้orologiques] 3

Chapitre 2 – [Recherche sur les principes des transformations c้lestes] 8

Chapitre 3 – [Etude de ces principes] 11

Chapitre 4 – [Rapport du feu et de l’air au premier corps] 17

Chapitre 5 – [La condensation des nuages] 23

Chapitre 6 – [Les corps c้lestes, com่tes et galaxies] 28

Chapitre 7 – [Les ้toiles filantes] 32

Chapitre 8 – [Les ph้nom่nes c้lestes lumineux] 35

Chapitre 9 – [Les com่tes et la voie lact้e] 38

Chapitre 10 – [La th้orie des astres] 41

Chapitre 11 – [Aristote et sa th้orie des com่tes] 45

Chapitre 12 – [La Voie lact้e] 51

Chapitre 13 – [Aristote et sa th้orie de la voie lact้e] 56

Chapitre 14 – [Les nuages et l’humidit้] 60

Chapitre 15 – [La gr๊le] 68

Chapitre 16 – [Les sources et les fleuves] 76

Chapitre 17 – [La dur้e des fleuves] 82

Livre 2 ─ [Les ph้nom่nes m้t้orologiques terrestres] 88

Chapitre 1 – [Plan – L’origine des mers] 88

Chapitre 2 – [Pourquoi la mer est-elle sal้e ?] 94

Chapitre 3 – [L’origine des fleuves] 100

Chapitre 4 – [La mer a-t-elle toujours exist้ ?] 104

Chapitre 5 – [Hypoth่ses sur l’origine du sel de la mer] 107

Chapitre 6 – [La cause du sel dans la mer] 111

Chapitre 7 – [La cause et les effets des vents] 119

Chapitre 8 – [Le mouvement des vents] 126

Chapitre 9 – [L’augmentation et la diminution des vents] 128

Chapitre 10 – [Les vents (suite)] 133

Chapitre 13 – [par un commentateur inconnu] 140

Chapitre 14 – [ ] 144

Chapitre 15 – [ ] 154

Chapitre 16 – Commentateur inconnu [ ] 158

Chapitre 17 – [ ] 162

Livre 3 ─ Commentateur inconnu [ ] 165

Chapitre 1 – [ ] 165

Chapitre 2 – [ ] 169

Chapitre 3 – [ ] 174

Chapitre 4 – [ ] 179

Chapitre 5 – [ ] 184

Chapitre 6 – [ ] 190

Chapitre 7 – [ ] 207

Chapitre 8 – [ ] 209

Chapitre 9 – [ ] 213

Livre 4 ─ Commentateur inconnu [ ] 217

Chapitre 1 – [ ] 217

Chapitre 2 – [ ] 220

Chapitre 3 – [ ] 224

Chapitre 4 – [ ] 226

Chapitre 5 – [ ] 228

Chapitre 6 – [ ] 230

Chapitre 7 – [ ] 232

Chapitre 8 – [ ] 235

Chapitre 9 – [ ] 237

Chapitre 10 – [ ] 243

Chapitre 11 – [ ] 245

Chapitre 12 – [ ] 248

Chapitre 13 – [ ] 253

Chapitre 14 – [ ] 257

Chapitre 15 – [ ] 260

Chapitre 16 – [ ] 262

 

 

 

Textum Leoninum Romae 1886 editum
ac automato translatum a Roberto Busa SJ in taenias magneticas
denuo recognovit Enrique Alarc๓n atque instruxit

Traduction par Barbara Ferr้, 2012.

 

 

Liber 1

Livre 1 ─ [Les ph้nom่nes c้lestes]

 

 

Caput 1

Chapitre 1 ─ [Objet du livre des m้t้orologiques]

 [80063] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 1 Sicut in rebus naturalibus nihil est perfectum dum est in potentia, sed solum tunc simpliciter perfectum est, quando est in ultimo actu; quando vero medio modo se habens fuerit inter puram potentiam et purum actum, tunc est quidem secundum quid perfectum, non tamen simpliciter; sic et circa scientiam accidit. Scientia autem quae habetur de re tantum in universali, non est scientia completa secundum ultimum actum, sed est medio modo se habens inter puram potentiam et ultimum actum. Nam aliquis sciens aliquid in universali, scit quidem aliquid eorum actu quae sunt in propria ratione eius: alia vero sciens in universali non scit actu, sed solum in potentia. Puta, qui cognoscit hominem solum secundum quod est animal, solum scit sic partem definitionis hominis in actu, scilicet genus eius: differentias autem constitutivas speciei nondum scit actu, sed potentia tantum. Unde manifestum est quod complementum scientiae requirit quod non sistatur in communibus, sed procedatur usque ad species: individua enim non cadunt sub consideratione artis; non enim eorum est intellectus, sed sensus.

1. De m๊me que, parmi les choses naturelles, aucune n’est parfaite tant qu’elle est en puissance, mais qu’elle est alors seulement parfaite de fa็on absolue lorsqu’elle est dans son acte ultime ; et que, quand elle se trouve, dans un mode interm้diaire, entre pure puissance et pur acte, elle est alors parfaite de fa็on relative, et non cependant de fa็on absolue ; il en est de m๊me pour la science. La science qui porte sur la chose seulement de fa็on universelle n’est pas une science compl่te selon l’acte ultime, mais se trouve, dans un mode interm้diaire, entre pure puissance et pur acte. Car quelqu’un qui sait une chose de fa็on universelle sait une chose parmi celles qui sont en acte dans sa propre raison ; mais celui qui sait d’autres choses de fa็on universelle ne sait pas en acte, mais seulement en puissance. Par exemple, celui qui conna๎t l’homme en tant qu’il est un animal sait seulement une partie de la d้finition de l’homme en acte, เ savoir son genre ; il ne sait pas encore en acte les diff้rences constitutives de son esp่ce, mais seulement en acte. De fait, il est manifeste que compl้ter la science demande de ne pas s’arr๊ter aux choses communes, mais de progresser jusqu’aux esp่ces ; en effet, les individus ne tombent pas sous la consid้ration de l’art ; car d’eux il n’est de compr้hension non par l’intellect, mais par les sens.

[80064] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 2 Quia igitur Aristoteles in libro de generatione determinavit de transmutationibus elementorum in communi, necessarium fuit ad complementum scientiae naturalis, determinare de speciebus transmutationum quae accidunt circa elementa: et de his determinat in hoc libro, qui intitulatur Meteorologicorum.

Est igitur intentio eius in hoc libro determinare de transmutationibus quae accidunt circa elementa, secundum singulas species. Et ad manifestandam suam intentionem, praemittit prooemium.

In quo tria facit: primo enim enumerat ea de quibus tractatum est in libris scientiae naturalis praecedentibus hunc librum; secundo manifestat de quibus in hoc libro sit agendum, ibi: reliqua autem pars huius etc.; tertio ostendit de quibus in sequentibus libris restat agendum, ibi: pertranseuntes autem de his et cetera.

2. Donc puisqu’Aristote a d้termin้, dans le livre sur La G้n้ration, sur les changements des ้l้ments en commun, il ้tait n้cessaire, pour compl้ter la science naturelle, de d้terminer sur les esp่ces de changement qui arrivent aux ้l้ments ; et il d้termine sur cela dans ce livre, qui est intitul้ M้t้orologiques.

Son intention est donc de d้terminer dans ce livre sur les changements qui surviennent aux ้l้ments, selon chacune de leurs esp่ces. Et, pour montrer quelle est son intention, il pr้sente une introduction.

Dans cette derni่re, il fait trois choses : premi่rement, il ้num่re ce qui a ้t้ trait้ dans les livres de science naturelle pr้c้dant ce livre-ci ; deuxi่mement, il montre ce dont il doit ๊tre question dans ce livre, lเ : il reste เ examiner, etc. ; troisi่mement, il montre ce dont il reste เ traiter dans les livres suivants, lเ : Apr่s avoir pass้ cela en revue, etc.

[80065] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 3 Praecedunt autem hunc librum, secundum ordinem, in scientia naturali tres libri. Unde tria facit. Primo ponit de quo sit actum in libro physicorum. In quo quidem, quantum ad duos primos libros eius, agitur de causis naturae: et hoc tangit, concludens ex determinatione praecedentium librorum, cum dicit: de primis quidem igitur causis naturae; ut intelligantur primae causae naturae prima principia, quae sunt materia, forma et privatio, et etiam quatuor genera causarum, scilicet materia, forma, agens et finis, in sequentibus autem libris physicorum agitur de motu in generali: et hoc est quod subdit: et de omni motu naturali.

Secundus scientiae naturalis liber est liber de caelo et mundo. In cuius prima parte, scilicet in duobus eius primis libris, agitur de caelo et stellis, quae moventur motu circulari: et quantum ad hoc dicit: adhuc autem de secundum superiorem lationem perornatis astris; perornatis, idest valde ornate dispositis, secundum superiorem lationem, idest secundum motum circularem, quo moventur omnia corpora caelestia. In secunda autem parte huius libri, scilicet tertio et quarto libro, determinat de numero elementorum et de motu locali eorum: et quantum ad hoc dicit: et de elementis corporalibus, quot et quae sint. Dicit autem elementa corporalia, ad differentiam primorum principiorum, scilicet materiae et formae, quae non sunt corpora, sed corporum elementa seu principia: ignis autem et aqua et terra corpora sunt, et sunt aliorum corporum elementa.

Tertius liber scientiae naturalis est liber de generatione: in quo determinat de permutatione elementorum in invicem, in secundo libro, et de generatione et corruptione in communi in primo libro. Et hoc tangit consequenter, cum dicit: et de ea quae invicem et cetera.

3. Trois livres pr้c่dent ce livre-ci en science naturelle, selon l’ordre. De ce fait, il fait trois choses. Premi่rement, il pose ce dont il est question dans le livre de la Physique. Dans ce dernier, en ce qui concerne ses deux premiers livres, il est question des causes de la nature : et il aborde ce sujet, en tirant une conclusion เ partir de ce qui a ้t้ d้termin้ dans les livres pr้c้dents, lorsqu’il dit : on a donc parl้ auparavant des causes premi่res de la nature ; afin que l’on comprenne les premiers principes de la nature, qui sont la mati่re, la forme et la privation et aussi les quatre genres de cause, เ savoir la mati่re, la forme, l’agent et la fin ; mais dans les livres suivants de la Physique, il est question du moteur en g้n้ral : et c’est la raison pour laquelle il ajoute : et de tout mouvement naturel.

Le second livre de science naturelle est le livre Sur le ciel et le monde. Dans sa premi่re partie, เ savoir dans les deux premiers livres, il est question du ciel et des ้toiles, qui se meuvent par un mouvement circulaire ; et c’est เ propos de cela qu’il dit : mais encore des astres rehauss้s selon la translation sup้rieure ; rehauss้s, c’est-เ-dire dispos้s de fa็on fort ้l้gante, selon la translation sup้rieure, c’est-เ-dire selon le mouvement circulaire selon lequel tous les corps c้lestes sont mus. Dans la deuxi่me partie de ce livre, เ savoir dans les livres trois et quatre, il d้termine sur le nombre des ้l้ments et sur leur mouvement local ; et c’est เ propos de cela qu’il dit : et des ้l้ments corporels, combien ils sont et quels ils sont. Il parle d’้l้ments corporels, เ la diff้rence des premiers principes, เ savoir la mati่re et la forme, qui ne sont pas des corps, mais les ้l้ments ou les principes des corps : le feu, l’eau, la terre sont des corps, et les ้l้ments des autres corps.

Le troisi่me livre de science naturelle est le livre sur La G้n้ration : il y d้termine sur le changement des ้l้ments les uns en les autres, dans le second livre, et sur la g้n้ration et la corruption en commun, dans le premier livre. Et par cons้quent il aborde ce sujet quand il dit : et du changement les uns en les autres.

[80066] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 4 Deinde cum dicit: reliqua autem pars huius etc., manifestat de quo sit in hoc agendum.

Et circa hoc duo facit: primo ponit nomen consuetum huius doctrinae; secundo enumerat ea quae in hac doctrina continentur.

Dicit ergo primo quod reliqua pars huius methodi, idest scientiae naturalis, quam prae manibus habemus, restat adhuc consideranda, quam omnes priores philosophi vocabant meteorologiam, a meteoron, quod est excelsum vel elevatum, et logos, quod est sermo vel ratio: considerantur enim in hac doctrina ea quae in excelsis generantur, sicut stellae cadentes, stellae cometae, pluviae, nives, et alia huiusmodi. Quamvis et alia quaedam considerentur quae fiunt in imo, sicut fulmina, terraemotus, et alia huiusmodi: sed quia ea quae fiunt in alto, sunt mirabiliora et magis desiderata, ideo ab eis tota doctrina nomen accepit.

4. Ensuite, quand il dit : il reste เ examiner encore la partie, etc., il montre ce dont il est question dans ce livre-ci.

Et concernant cela il fait trois choses : premi่rement, il donne le nom habituel de cette discipline ; deuxi่mement, il ้num่re ce qui y est contenu.

Il dit donc premi่rement que la partie restante de cette m้thode, c’est-เ-dire de la science naturelle, que nous avons devant nos mains, doit ๊tre encore examin้ ; tous les philosophes qui nous ont devanc้s l’appelaient m้t้orologie, de meteoron, ce qui est ้lev้ ou en haut, et de logos, qui est le discours ou la raison : on ้tudie en effet, dans cette discipline, ce qui est engendr้ dans les cieux, comme les ้toiles filantes, les com่tes, la pluie, la neige et autres ph้nom่nes de ce genre. Cependant, on y ้tudie aussi certains autres ph้nom่nes qui se produisent tout en bas, comme les ้clairs, les tremblements de terre, et autres ; mais puisque ceux qui se produisent en haut sont plus ้tonnants et plus attrayants, c’est d’eux que la discipline tout enti่re a re็u son nom.

[80067] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 5 Secundo ibi: haec autem sunt etc., enumerat ea de quibus in hac doctrina consideratur. Quae videntur in quatuor distingui. Quaedam enim sunt quae fiunt in loco supremo propinquo corpori caelesti: et haec primo tangit, cum dicit: haec autem sunt, scilicet de quibus adhuc restat considerandum, quaecumque accidunt quidem secundum naturam, sed inordinatam, et casualiter, ut quidam putabant. Natura tamen inordinatior non est natura illa quae est primi elementi corporum, idest corporis caelestis; quod dicitur elementum, quia est pars totius universi corporalis, licet non veniat in compositionem corporis mixti, sicut elementa. Est autem natura secundum quam haec accidunt, inordinatior natura caelestis corporis: quia ea quae sunt in caelesti corpore, semper similiter se habent, in huiusmodi autem transmutationibus inferiorum corporum, accidit multa varietas. Propter quam quidam crediderunt quod haec non a natura, sed a casu acciderent, non considerantes quod naturaliter fiunt non solum ea quae sunt semper, sed etiam quae sunt ut in pluribus. Haec, inquam, accidunt circa locum maxime propinquum lationi astrorum, idest astris circulariter motis. Et hoc ponit ad differentiam subsequentium. Et exemplificat, dicens: puta de lacte, idest de lacteo circulo qui Galaxia dicitur, et stellis quae cometae dicuntur, et phantasmatibus, idest apparitionibus, ignitis et motis, quae dicuntur stellae cadentes.

5. Deuxi่mement, lเ : il s’agit de, etc., il ้num่re les choses qui sont ้tudi้es dans cette discipline. Elles semblent ๊tre divis้es en quatre. En effet, certaines sont celles qui se produisent dans le lieu le plus ้lev้, proche du corps c้leste : et ce sont les choses qu’il aborde en premier quand il dit : il s’agit de, เ savoir celles qu’il reste encore เ ้tudier, tout ce qui arrive selon une nature, mais d้sordonn้e, et par hasard, comme certains le pensaient. Pourtant, la nature d้sordonn้e n’est pas la nature du premier ้l้ment des corps, c’est-เ-dire du corps c้leste ; ce dernier est appel้ ้l้ment, parce qu’il est une partie de tout l’univers corporel, bien qu’il n’entre pas dans la composition du corps mixte, comme les ้l้ments. La nature selon laquelle ces choses se produisent est plus d้sordonn้e que la nature du corps c้leste : puisque les choses qui se trouvent dans le corps c้leste sont toujours de la m๊me mani่re, tandis que, dans les transformations des corps inf้rieurs, il se produit beaucoup de vari้t้. C’est en raison de cette vari้t้ que certains ont cru que ces choses ne se produisent pas par nature, mais par hasard, sans prendre en consid้ration que se font naturellement non seulement les choses qui sont toujours, mais aussi celles qui sont la plupart du temps. Ces choses, dis-je, arrivent dans le lieu le plus proche de la translation des astres, c’est-เ-dire des astres mus circulairement. Il avance cela pour ้tablir une diff้rence avec ce qui suit. Et il donne des exemples, en disant : par exemple au sujet de la Voie lact้e, c’est-เ-dire du cercle lact้ appel้ Galaxie, et au sujet des ้toiles appel้es com่tes et des fantasmes, c’est-เ-dire des apparitions, ign้s et mobiles, appel้es ้toiles filantes.

[80068] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 6 Secundo cum dicit: et quaecumque ponemus etc., enumerat ea quae sub praedictis fiunt; scilicet quaecumque ponuntur esse passiones communes aeris et aquae, quia ex materia aquea in loco aeris generantur, vaporibus in aquam transmutatis.

6. Ensuite, quand il dit : et tout ce dont nous ้tablirons, etc., il ้num่re ce qui entre dans les cat้gories pr้c้dentes, เ savoir tout ce dont on ้tablit que ce sont des accidents communs เ l’air et เ l’eau, puisqu’ils sont engendr้s เ partir d’une mati่re aqueuse dans la r้gion de l’air, une fois que les vapeurs se sont chang้es en eau.

[80069] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 7 Tertio cum dicit: adhuc autem terrae etc., enumerat ea quae in infimo sunt. Et dicit: adhuc autem oportet dicere de his quae sunt partes terrae, puta oriens, occidens, Septentrio, meridies; et quae sunt species, puta quod quaedam terra est calida et arenosa, quaedam frigida et calcata; et passiones partium terrae, puta quod quaedam est sulphurea, quaedam lapidosa, vel aliquo modo dissoluta. Ex quibus terrae rationibus considerabimus omnes causas spirituum, idest ventorum, quorum differentia attenditur secundum diversitatem terrae. Similiter de terraemotibus, quorum etiam causae assignantur ex diversa specie terrae; et de omnibus quae fiunt secundum motus horum, idest ventorum et terraemotuum. In quibus non omnia perfecte et secundum certitudinem tradere possumus, sed quaedam sub dubitatione relinquemus, ad utramque partem rationem inducentes: in quibusdam vero veritatem attingemus aliquo modo.

7. Troisi่mement quand il dit : et encore etc., il ้num่re ce qui se trouve tout en bas. Et il dit : il faut encore parler des parties de la terre, par exemple l’orient, l’occident, le nord, le sud, et des esp่ces, par exemple dire qu’une terre est chaude et sablonneuse, une autre est froide et compress้e, et des accidents des parties de la terre, par exemple dire que l’une est sulfureuse, une autre pierreuse, ou d้sagr้g้e de quelque mani่re. ภ partir de quoi nous examinerons toutes les causes des souffles, c’est-เ-dire des vents, dont les diff้rences sont dues เ la diversit้ de la terre. De m๊me pour les tremblements de terre, dont les causes sont attribu้es aux diverses esp่ces de la terre ; et pour tout ce qui se produit selon leurs mouvements, c’est-เ-dire selon ceux des vents et des tremblements de terre. Sur ces sujets, nous ne pouvons pas tout enseigner เ la perfection et avec certitude, mais nous laisserons certains points en suspens, en avan็ant une raison pour les deux parties : sur certains sujets nous atteindrons la v้rit้ de quelque mani่re.

[80070] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 8 Quarto ibi: adhuc autem de fulminum casu etc., enumerat ea quae ex alto in infimum descendunt, ex ventis causata, dicens: adhuc autem dicemus de casu fulminum et typhonibus (qui dicuntur siphones), et incensionibus quae circa huiusmodi typhones accidunt, et aliis circularibus, quaecumque propter coagulationem accidunt passiones ipsorum corporum, scilicet elementorum. Dicit autem hoc, quia typhones ex materia compacta generantur cum quadam rotatione; et multa alia similia accidunt typhonibus, ex materia coagulatione compacta, cum quadam circulatione. Vel potest hoc referri ad iridem et halonem (idest circulum continentem solem et lunam et stellas), quae accidunt ex reverberatione radiorum ad aliquam materiam spissam.

8. Quatri่mement, lเ : et encore la chute des ้clairs, il ้num่re les ph้nom่nes qui descendent du haut vers le bas caus้s par les vents, en disant : nous parlerons encore de la chute des ้clairs, des typhons (qui sont appel้s siphons), des incendies qui se produisent aux environs des typhons de ce genre, et des autres ph้nom่nes cycliques, ainsi que tous les accidents des corps qui se produisent en raison de la coagulation des corps eux-m๊mes, c’est-เ-dire des ้l้ments. Il affirme cela parce que les typhons sont g้n้r้s par la compression de la mati่re sous l’effet d’une rotation ; et bien d’autres ph้nom่nes semblables aux typhons se produisent en raison de la coagulation et de la compression de la mati่re sous l’effet d’un mouvement circulaire. Ou bien cela peut faire r้f้rence เ l’arc-en-ciel et au halo (c’est-เ-dire le cercle qui contient le Soleil, la Lune et les ้toiles), qui arrivent du fait de la r้verb้ration des rayons sur quelque mati่re dense.

[80071] Super Meteora, lib. 1 cap. 1 n. 9 Deinde cum dicit: pertranseuntes autem de his etc., ponit de quo restat agendum in libris sequentibus. Et dicit quod postquam pertransiverimus de his quae dicta sunt, tunc speculabimur, secundum nostrum posse, modo inducto in libris praecedentibus, scilicet non tantum recitando opiniones aliorum sed etiam causas inquirendo, de animalibus et plantis, et in universali et secundum singulas species. Et tunc fere erit finis scientiae naturalis, quam a principio elegimus tradere. Dicit autem fere, quia non omnia naturalia ab homine cognosci possunt.

9. Ensuite, quand il dit : apr่s avoir pass้ cela en revue, il pose ce qui reste เ traiter dans les livres suivants. Et il dit que, apr่s avoir pass้ en revue ce qui a ้t้ dit, nous examinerons les animaux et les plantes, de fa็on universelle et esp่ce par esp่ce, selon notre capacit้, en suivant la m้thode introduite dans les livres pr้c้dents, เ savoir non seulement en citant les opinions des autres, mais aussi en recherchant les causes. Et ce sera alors pratiquement la fin de la science naturelle, que nous avons choisi d’enseigner depuis le commencement. Il dit pratiquement parce que toutes les choses naturelles ne peuvent ๊tre connues par l’homme.

 

 

Caput 2

Chapitre 2 – [Recherche sur les principes des transformations c้lestes]

[80072] Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 1 Completo prooemio, in quo philosophus suam intentionem manifestavit, hic incipit procedere ad suum propositum ostendendum.

Et dividitur in duas partes: in prima resumit ea quae sunt necessaria ad cognoscendum principia transmutationum de quibus in hoc libro tractaturus est; in secunda incipit de eis tractare, ibi: resumentes igitur eas et cetera.

Circa primum duo facit: primo enumerat principia harum transmutationum, et differentiam eorum ad invicem; secundo ostendit quomodo se habeant ad invicem in causando, ibi: est autem ex necessitate continuus et cetera.

10. Apr่s avoir termin้ son introduction, o๙ il a montr้ son intention, le philosophe commence ici เ proc้der เ la d้monstration de sa proposition.

Cette derni่re se divise en deux parties : dans la premi่re, il reprend ce qui est n้cessaire pour conna๎tre les principes des changements dont il va ๊tre question dans ce livre-ci ; dans la seconde, il commence เ traiter de cela, เ cet endroit : donc en reprenant, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il ้num่re les principes de ces changements et leurs diff้rences les uns avec les autres ; deuxi่mement, il montre quelles sont leurs relations en tant que causes, lเ : il est, n้cessairement, en continuit้, etc.

[80073] Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 2 Dicit ergo primo quod prius determinatum est, tam in libro de caelo quam in libro de generatione, quod inter alia principia corporalia quae sunt principia aliorum corporum, unum est principium illorum corporum ex quibus constituitur natura corporum circulariter motorum, scilicet sphaerarum et stellarum: hoc autem principium dicit ipsam quintam essentiam, ex quo omnia huiusmodi formantur. Alia vero principia corporum inferiorum sunt quatuor, propter primas tangibiles qualitates, quae sunt principia agendi et patiendi, scilicet calidum, frigidum, humidum et siccum, quarum sunt tantum quatuor possibiles combinationes: nam calidum et siccum est ignis, calidum et humidum est aer, frigidum et humidum aqua, frigidum et siccum terra; calidum vero et frigidum, vel humidum et siccum aliquid esse, impossibile est.

Horum autem quatuor corporum sunt duo motus: unus quidem qui est a medio mundi sursum, qui est motus levium, scilicet ignis et aeris; alius autem motus est ad medium, qui est motus gravium, scilicet terrae et aquae. Et sic est triplex motus corporum: scilicet ad medium, qui est gravium; a medio, qui est levium; et circa medium, qui est corporum caelestium, quae neque sunt gravia neque levia. Levium autem et gravium est quaedam differentia. Nam aliquid est leve simpliciter, scilicet ignis, qui supereminet omnibus; aliquid autem est grave simpliciter, scilicet terra, quae subsidet omnibus; alia vero duo sunt secundum quid gravia et levia: nam aer est levis respectu terrae et aquae, gravis vero respectu ignis; aqua autem est levis respectu terrae, gravis autem respectu ignis et aeris. Et ideo haec duo ad alia duo extrema proportionaliter se habent, ut scilicet sicut aer est propinquior igni, ita aqua est propinquior terrae. Sic igitur patet quod iste mundus qui est circa terram, constat ex quatuor corporibus: et huius mundi oportet nos in hoc libro passiones considerare, quae sunt transmutationes variae in elementis inventae.

11. Il rappelle donc premi่rement ce qui a ้t้ d้termin้ aussi bien dans le livre Du ciel que dans le livre De la g้n้ration : parmi les autres principes corporels qui sont ceux des autres corps, il existe un unique principe pour les corps dont la nature des corps mus circulairement est constitu้e, เ savoir les sph่res et les ้toiles : il appelle quintessence ce principe m๊me, qui permet de former tous les corps de ce genre. Les autres principes des corps inf้rieurs sont au nombre de quatre, en raison de leurs premi่res qualit้s tangibles, qui sont les principes de l’action et de l’accident, c’est-เ-dire le chaud, le froid, l’humide et le sec, dont quatre combinaisons seulement sont possibles : car chaud et sec est le feu, chaud et humide est l’air, froide et humide est l’eau, froide et s่che est la terre ; mais il est impossible que quelque chose soit chaud et froid, ou bien humide et sec.

Les mouvements de ces quatre corps sont au nombre de deux : l’un qui va du centre du monde vers le haut, celui des corps l้gers, เ savoir le feu et l’air ; l’autre qui va vers le centre, celui des corps lourds, เ savoir la terre et l’eau. Et ainsi le mouvement des corps est triple : c’est-เ-dire vers le centre, celui des lourds, เ partir du centre, celui des corps l้gers, et autour du centre, celui des corps c้lestes, qui ne sont ni lourds, ni l้gers. Il existe une diff้rence chez les l้gers et les lourds. En effet, l’un est l้ger de fa็on absolue, เ savoir le feu, qui s’้l่ve au-dessus de tous ; l’autre est lourd de fa็on absolue, เ savoir la terre, qui se place au-dessous de tout ; et les deux autres sont lourds et l้gers de fa็on relative : car l’air est l้ger par rapport เ la terre et เ l’eau, mais lourd par rapport au feu ; l’eau est l้g่re par rapport เ la terre, mais lourde par rapport au feu et เ l’air. Et c’est pourquoi ces deux corps sont dans le m๊me rapport avec les autres extr๊mes, เ savoir que, de m๊me que l’air est plus proche du feu, de m๊me l’eau est plus proche de la terre. Ainsi donc, il est ้vident que le monde qui entoure la terre est constitu้ de quatre corps ; et nous devons examiner dans ce livre les ph้nom่nes de ce monde, qui sont les diff้rents changements d้couverts dans les ้l้ments.

[80074] Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 3 Deinde cum dicit: est autem ex necessitate continuus etc., ostendit quomodo principia praedicta se habeant adinvicem in causando. Et dicit quod necessarium est quod iste mundus inferior consistat ex quatuor elementis, sic continuatis superioribus lationibus, idest corporibus circulariter motis: continuum autem hic accipit pro contiguo, ut scilicet nihil sit medium inter ea. Cuius quidem necessitatis ratio est, non solum quia impossibile est locum vacuum esse, unde corpora oportet corporibus contiguari: sed etiam propter finem, ut scilicet tota virtus inferioris mundi gubernetur a superioribus corporibus, quod non esset nisi se tangerent; oportet enim quod agens corporale tangat passum et motum ab ipso.

12. Ensuite, quand il dit : il est, n้cessairement, en continuit้, etc., il montre quelles relations les principes susdits entretiennent en tant que causes. Et il dit qu’il est n้cessaire que le monde inf้rieur soit constitu้ des quatre ้l้ments, qui sont en continuit้ avec les translations sup้rieures, c’est-เ-dire les corps se mouvant circulairement : par continu il entend ici contigu, เ savoir qu’il n’y a rien entre eux. Cette n้cessit้ s’explique non seulement par le fait qu’il est impossible qu’il y ait un lieu vide, si bien que les corps doivent ๊tre contigus aux corps, mais aussi par la fin, เ savoir que toute la puissance du monde inf้rieur est gouvern้e par les corps sup้rieurs, ce qui ne pourrait ๊tre s’ils ne se touchaient pas ; car il faut que l’agent corporel touche le corps passif qui est m๛ par lui.

[80075] Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 4 Quod autem inferior mundus regatur a superioribus corporibus et moveatur, probat duabus rationibus. Quarum prima talis est. Causa movens, unde scilicet est principium motus, necesse est quod sit prima causa. Et hoc intelligitur per respectum ad causam formalem et materialem: nam materia patitur ab agente, agens autem naturaliter est prius patiente; forma etiam est effectus moventis, qui educit materiam de potentia in actum. Sed finis est prior agente, quia movet agentem: non tamen semper est prior in esse, sed solum in intentione. Manifestum est autem corpus caeleste inter naturalia esse primam causam: quod eius incorruptibilitas et nobilitas demonstrat. Oportet igitur quod corpus caeleste, respectu horum corporum inferiorum, sit causa unde principium motus.

13. Il prouve par deux raisons que le monde inf้rieur est r้gi et m๛ par les corps sup้rieurs. La premi่re est la suivante. La cause motrice, c’est-เ-dire celle qui est เ l’origine du principe du mouvement, est n้cessairement la cause premi่re. Et cela se comprend par rapport aux causes formelle et mat้rielle : car la mati่re subit en raison de l’agent, et l’agent est naturellement ant้rieur au patient ; la forme est aussi un effet de la cause motrice, qui tire la mati่re de la puissance vers l’acte. Mais la fin est ant้rieure เ l’agent, puisqu’elle le meut ; cependant, elle n’est pas toujours ant้rieure en ๊tre, mais seulement en intention. Or, il est manifeste que le corps c้leste est la premi่re cause parmi les choses naturelles : son incorruptibilit้ et sa noblesse le d้montrent. Il faut donc que le corps c้leste, par rapport เ ces corps inf้rieurs, soit la cause qui est เ l’origine du principe de leur mouvement.

[80076] Super Meteora, lib. 1 cap. 2 n. 5 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem etc.: quae talis est. Motus caelestis corporis est perpetuus. Et hoc apparet ex ipsa dispositione loci: nam in linea recta est accipere finem in actu, scilicet extremum ipsius lineae, in circulo vero non est accipere finem: et ideo dicit quod motus circularis non habet finem secundum locum. Et ne aliquis crederet propter hoc, quod motus circularis esset imperfectus, sicut motus rectus antequam perveniat ad finem, subiungit quod motus circularis semper est in fine: quodlibet enim signum datum in circulo est principium et finis; et motus circularis in qualibet parte ita est perfectus, sicut motus rectus quando est in fine. Sic igitur apparet ex ipsa dispositione loci, quod motui caelesti competit perpetuitas.

Motus autem inferiorum corporum non possunt esse perpetui: quia inferiora corpora moventur motibus rectis, motus autem rectus non durat unus continuus nisi secundum mensuram magnitudinis rectae per quam transit; motus autem reflexus non est continuus, ut in VIII Physic. probatum est. Unde cum omnia corpora inferiora distent finitis locis abinvicem, et nullum eorum sit infinitum, ut probatum est in III Physic. et in I de caelo, necesse est quod motus eorum sint finiti, et non perpetui. Illud autem quod est perpetuum et semper, consequenter est motivum eorum quae non sunt semper. Unde elementa inferiora, scilicet ignem et terram et alia syngenea his, idest congenerabilia eis, scilicet aerem et aquam, et quae ex eis componuntur, oportet putare causas accidentium circa ipsum mundum inferiorem, ut in specie materiae, idest per modum causae materialis: quia hoc modo dicimus subiectum et patiens esse causam rerum.

Sed quod est causa dictorum ut unde principium motus, idest per modum causae moventis, causandum est, idest existimandum est esse causam, eam virtutem quae est semper motorum, idest corporum caelestium, quae semper moventur: quod enim semper movetur, comparatur ad id quod non semper movetur, sicut agens ad patiens.

14. Il avance ici la deuxi่me raison : en outre, etc. La voici. Le mouvement d’un corps c้leste est ้ternel. Et cela appara๎t เ partir de la disposition de l’espace : car, sur une ligne droite, il est possible d’atteindre la fin en acte, เ savoir l’extr้mit้ de cette ligne, mais, sur une ligne circulaire, ce n’est pas possible ; et c’est pourquoi il dit que le mouvement circulaire n’a pas de fin dans l’espace. Et de peur que l’on en d้duise que le mouvement circulaire est imparfait, comme le mouvement rectiligne avant qu’il ne parvienne เ sa fin, il ajoute que le mouvement circulaire est toujours เ sa fin : car n’importe quel point donn้ sur un cercle en est le d้but et la fin ; et le mouvement circulaire, เ n’importe quelle partie, est parfait, tout comme le mouvement rectiligne quand il est เ sa fin. Ainsi donc, il appara๎t, d’apr่s la disposition de l’espace, que l’้ternit้ convient au mouvement c้leste.

Or, les mouvements des corps inf้rieurs ne peuvent ๊tre ้ternels, puisqu’ils se meuvent avec des mouvements rectilignes, et que le mouvement rectiligne ne reste pas unique et continu si ce n’est en suivant la mesure de la grandeur rectiligne par o๙ il passe ; or le mouvement r้trograde n’est pas continu, comme il est prouv้ dans le livre VIII de la Physique. De ce fait, comme tous les corps inf้rieurs sont ้loign้s les uns des autres par des espaces finis et qu’aucun d’entre eux n’est fini, comme l’ont prouv้ le livre III de la Physique et le livre I Du ciel, il est n้cessaire que leurs mouvements soient finis et non ้ternels. En cons้quence, ce qui existe ้ternellement et toujours est le moteur de ce qui n’existe pas toujours. Et c’est pourquoi les ้l้ments inf้rieurs, c’est-เ-dire le feu, la terre et les autres du m๊me genre, c’est-เ-dire pouvant ๊tre engendr้s en m๊me temps qu’eux, เ savoir l’air et l’eau, et ceux qui en sont compos้s, doivent ๊tre consid้r้s comme les causes de ce qui se produit autour de notre monde inf้rieur, comme dans une esp่ce de mati่re, c’est-เ-dire เ la fa็on d’une cause mat้rielle : en effet, c’est de cette mani่re que nous disons que le sujet et le patient sont causes des choses.

Mais ce qui constitue la cause de ce qui a ้t้ dit, d’o๙ provient le principe du mouvement, c’est-เ-dire เ la mani่re de la cause motrice, doit ๊tre attribu้ c’est-เ-dire consid้rer comme cause, เ la puissance des corps toujours mus, c’est-เ-dire des corps c้lestes qui se meuvent toujours ; en effet, ce qui se meut toujours est dans la m๊me relation avec ce qui ne se meut pas toujours que l’agent avec le patient.

 

 

Caput 3

Chapitre 3 – [Etude de ces principes]

[80077] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 1 Ostenso quae sunt principia activa et quae sunt principia materialia passionum de quibus intendit tractare, incipit nunc determinare de eis.

Et dividitur in partes duas: in prima determinat de particularibus transmutationibus elementorum quibus secundum se transmutantur; in secunda determinat de transmutationibus eorum secundum quod veniunt in compositionem mixti, in quarto libro, ibi: quoniam autem quatuor et cetera.

Prima autem pars dividitur in duas: in prima enim determinat de transmutationibus seu passionibus elementorum quae in alto accidunt; in secunda de his quae accidunt in infimo, et hoc in secundo libro, ibi: de mari autem et cetera.

Prima autem pars dividitur in tres: in prima dicit de quo est intentio; in secunda praemittit quaedam quae sunt necessaria ad subsequentium determinationem, ibi: dicimus itaque ignem et aerem etc., in tertia incipit determinare de principali proposito, ibi: his autem determinatis et cetera.

Dicit ergo primo quod dicendum est de phantasia lactis, idest de apparitione lactei circuli, et de cometis, et de aliis omnibus huiusmodi quae sunt his syngenea, idest congenerabilia; ita tamen quod resumamus positiones a nobis positas in prioribus libris, et determinationes in eis prius determinatas, ut eis utamur ad propositum manifestandum, cum opus fuerit.

15. Apr่s avoir montr้ quels sont les principes actifs et quels sont les principes mat้riels des accidents dont il a l’intention de traiter, il commence maintenant เ d้terminer เ leur sujet.

Et ce d้veloppement se divise en deux parties : dans la premi่re, il d้termine au sujet des transformations particuli่res des ้l้ments par lesquelles ils se transforment d’eux-m๊mes ; dans la seconde, il traite de leurs transformations selon qu’ils interviennent dans la composition d’un corps mixte, dans le quatri่me livre, lเ : puisque, au nombre de quatre, etc.

La premi่re partie se divise en deux : dans la premi่re, en effet, il d้termine au sujet des transformations ou des accidents des ้l้ments qui se produisent en haut ; dans la seconde, de ceux qui ont lieu tout en bas, et cela dans le second livre, lเ : sur la mer, etc.

La premi่re partie se divise en trois : dans la premi่re, il dit sur quoi porte son intention ; dans la seconde, il donne certaines raisons qui sont n้cessaires pour d้terminer les cons้quences, lเ : c’est pourquoi nous disons que le feu, l’air, etc., dans la troisi่me partie, il commence เ d้terminer au sujet de la principale proposition, lเ : apr่s avoir d้termin้ เ ce sujet, etc.

Il dit donc premi่rement qu’il faut parler de la phantasia de la lact้e, c’est-เ-dire de l’apparence de la Voie lact้e, des com่tes et de tous les autres ph้nom่nes de ce genre qui leur sont syngenea, c’est-เ-dire susceptibles d’๊tre engendr้s en m๊me temps qu’eux ; et c’est ainsi que nous reprendrons les th่ses ้tablies par nous dans les livres pr้c้dents, et les d้terminations effectu้es pr้c้demment, afin de les utiliser dans la d้monstration de cette proposition, quand le besoin s’en fera sentir.

[80078] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 2 Deinde cum dicit: dicimus itaque ignem et aerem etc., praemittit quaedam quae sunt necessaria ad subsequentia.

Et circa hoc duo facit: primo praemittit aliquid quod pertinet ad transmutationem elementorum adinvicem; secundo dicit de ordinatione eorum in mundo, et specialiter de aere, ibi: primum quidem igitur dubitabit et cetera.

Dicit ergo primo quod ignis et aer et aqua et terra fiunt ex invicem, quamvis Empedocles contrarium senserit: et hoc resumit ut probatum in II de Generat. Et huius rationem assignat, quia unumquodque elementorum est in alio in potentia; et quae sic se habent, adinvicem generari possunt. Ulterius huius rationem assignat, quia communicant in una materia prima, quae eis subiicitur, et in quam sicut in ultimum resolvuntur: omnia enim quorum materia est una communis, sic se habent quod unum eorum est potentia in alio; sicut cultellus est potentia in clavi, et clavis in cultello, quia utriusque materia communis est ferrum.

16. Ensuite, quand il dit : c’est pourquoi nous disons que le feu, l’air, etc., il avance certaines propos n้cessaires เ ce qui suit.

Et concernant cela, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il avance quelque chose qui concerne la transformation des ้l้ments les uns เ partir des autres ; deuxi่mement, il traite de leur ordre dans le monde, et sp้cialement de l’air, lเ : on se demandera donc premi่rement, etc.

Il dit donc premi่rement que le feu, l’air, l’eau et la terre sont form้s les uns เ partir des autres, bien qu’Emp้docle pensโt le contraire ; et il reprend cela tel qu’il l’avait prouv้ dans le livre II de la G้n้ration. Et il en donne la raison suivante : chacun des ้l้ments est dans l’autre en puissance ; et les choses qui sont ainsi peuvent ๊tre engendr้es les unes par les autres. Il en donne une derni่re raison : elles partagent une mati่re premi่re unique, qui est plac้e sous elles, et dans laquelle elles se r้solvent เ la fin, pour ainsi dire : car toutes les choses dont la mati่re est unique et commune sont telles que l’une est en puissance dans l’autre, tout comme le couteau est en puissance dans la cl้, et la cl้ dans le couteau, puisque la mati่re commune aux deux objets est le fer.

[80079] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 3 Deinde cum dicit: primum quidem igitur dubitabit etc., inquirit de ordine elementorum, et praecipue aeris.

Et circa hoc tria facit. Primo movet quaestionem: et dicit quod primo dubitatur circa corpus quod vocatur aer, quam naturam habeat in mundo qui ambit terram, utrum scilicet totum sit aer; et si non, quomodo ordinetur ad alia elementa.

Secundo ibi: moles quidem enim etc., proponit quaedam circa ordinem elementorum manifesta. Quorum primum est de terra: scilicet quod non est immanifestum quanta sit moles terrae, per comparationem ad magnitudines ambientes, scilicet caelestium corporum et aliorum elementorum. Iam enim apparuit per considerationes astrologicas, quod terra est multo minor quibusdam astris, et quod in comparatione ad ultimam sphaeram obtinet vicem puncti.

Secundum proponit de aqua, ibi: aquae autem naturam et cetera. Et dicit quod non videmus aquam per se constantem, et separatam a corpore locato circa terram, scilicet a mari et fluminibus, quae sunt manifesta nobis, et a congregationibus aquarum, si quae sunt in profundo terrae immanifestae nobis, ut quidam posuerunt. Nec etiam contingit aquam sic congregatam esse: eo quod humidum aqueum non terminatur nisi termino alieno.

17. Ensuite, quand il dit : on se demandera donc premi่rement, etc., il s’interroge sur l’ordre des ้l้ments et principalement sur la place de l’air.

Et, sur ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il soul่ve la question, et il dit que l’on peut premi่rement se demander, เ propos du corps appel้ air, quelle nature il poss่de dans le monde qui entoure la terre, เ savoir si tout est de l’air ; et si ce n’est pas le cas, quelle est sa place par rapport aux autres ้l้ments.

Deuxi่mement, lเ : en effet, la masse, etc., il avance certaines ้vidences sur l’ordre des ้l้ments. La premi่re d’entre elles concerne la Terre, เ savoir que la masse de la Terre en comparaison des grandeurs qui l’entourent, c’est-เ-dire des corps c้lestes et des autres ้l้ments, n’est pas inconnue. En effet, il a d้jเ ้t้ montr้ par des consid้rations astronomiques que la Terre est beaucoup plus petite que certains astres et qu’elle obtient le rang de point en comparaison de la derni่re sph่re.

Deuxi่mement, il fait un expos้ เ propos de l’eau, lเ : et nous ne voyons pas que la nature de l’eau, etc. Et il dit que nous ne voyons pas d’eau existant par elle-m๊me et s้par้e du lieu plac้ autour de la Terre, เ savoir de la mer et des fleuves, qui nous sont visibles, et de l’accumulation des eaux, celles qui nous sont cach้es dans les profondeurs de la Terre, comme certains l’ont ้tabli. Et il n’est pas non plus possible que l’eau se soit ainsi accumul้e, ้tant donn้ que l’humidit้ de l’eau n’est d้limit้e que par une autre limite.

[80080] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 4 Iterum ibi: intermedium autem terrae etc., hic prosequitur quaestionem suam iam motam, qua quaerit quid est inter praedicta medium.

Et circa hoc duo facit. Primo enim ostendit quod non totum spatium quod est a supremis stellis usque ad terram, est plenum uno aliquo corpore, scilicet igne vel aere, aut utroque; sed supra hoc est aliquod corpus praeter ista. Secundo ostendit quomodo ad illud supremum corpus ordinentur alia corpora secundum positionem, ibi: reliquum est autem et cetera.

Circa primum sic procedit. Primo dicit quod dubium est utrum inter terram et inter astra ultima, quae dicuntur non errantia sed fixa, sit putandum esse unum corpus, secundum proprietatem naturae, vel plura: et si plura, quot sunt, et ubi terminentur secundum locum.

18. De nouveau, lเ : entre la Terre, etc., il poursuit la question qu’il avait d้jเ soulev้e, o๙ il demande quel corps se trouve au centre parmi ceux qu’il a mentionn้s.

Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. En effet, il montre premi่rement que l’espace qui va des ้toiles les plus lointaines jusqu’เ la Terre n’est pas tout entier rempli d’un seul corps, เ savoir du feu ou de l’air, ou bien des deux ; mais qu’au-dessus de lui se trouve un autre corps en dehors de ceux-lเ. Deuxi่mement, il montre dans quel ordre sont les autres corps par rapport เ ce corps supr๊me, selon leur position, lเ : le reste est, etc.

Concernant le premier point, voici comment il proc่de. Il dit, premi่rement, qu’on peut se demander s’il faut penser qu’entre la Terre et les derniers astres, qui ne sont pas dits errants mais fixes, il n’y a qu’un corps, selon la propri้t้ de la nature, ou plusieurs ; et s’ils sont plusieurs, combien ils sont, et o๙ ils sont d้limit้s dans l’espace.

[80081] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 5 Secundo ibi: nobis quidem igitur etc., resumit quoddam in libro de caelo determinatum: quod est, quale est, secundum virtutem, primum elementum, scilicet caeleste corpus; et quod totus ille mundus qui est circa superiores lationes, idest qui movetur motu circulari, est plenus illo corpore; omnia enim corpora caelestia ad naturam illius primi elementi pertinent. Et quia philosophi ponebant contrarium, ideo, ne sua opinio nova videretur, subiungit quod hanc opinionem non solum ipse habuit, sed fuit etiam antiqua opinio priorum hominum. Illud enim corpus quod dicitur aether, quod nos caelum dicimus, antiquam habet appellationem.

Sed Anaxagoras videtur putasse quod significaret idem quod ignis: accepit enim quod aether dicitur non propter semper currere, idest continue moveri, sed ab aethein, quod est ardere; quia superiora corpora credidit esse plena igne. Et quamvis in hoc male diceret, ut ibi probatum est, tamen hoc recte putavit, quod nomen aetheris conveniret alicui potentiae corporali quae est praeter ista corpora. Omnes enim antiqui visi sunt opinari, et determinaverunt illud corpus nominari aethera, quod semper currit, idest movetur, et quod est quoddam divinum, idest perpetuum, secundum suam naturam; tanquam illud corpus nulli corporum quae sunt apud nos, sit idem. Nec est mirum si hanc opinionem, quam nos de novo videbamur assumpsisse, etiam antiqui habuerunt: quia nos dicimus quod eaedem opiniones sunt reiteratae in hominibus, postquam desierunt propter negligentiam studii, non tantum bis vel ter, sed infinities.

Hoc autem dicit secundum suam opinionem, qua putavit mundum et generationem hominum fuisse ab aeterno, ut apparet in prioribus libris: hoc enim supposito, manifestum fit quasdam opiniones et artes a quibusdam certis temporibus incoepisse; et oportet dicere quod multoties, vel magis infinities, sunt destructae, propter bella vel alias corruptiones, et iterum reinventae.

19. Deuxi่mement, lเ : nous avons donc, etc., il reprend quelque chose qui avait ้t้ d้termin้ dans le trait้ Du ciel : quel est le premier ้l้ment, เ savoir le corps c้leste, quelle est sa propri้t้, selon sa puissance ; et que le monde qui est autour des translations sup้rieures, c’est-เ-dire qui se meut d’un mouvement circulaire, est enti่rement plein de ce corps ; car tous les corps c้lestes participent de la nature de ce premier ้l้ment. Et puisque des philosophes ้tablissaient le contraire, pour cette raison, afin que son opinion ne paraisse pas nouvelle, il ajoute qu’il n’est pas le seul เ avoir cette id้e, mais que c’้tait aussi une opinion ancienne des hommes d’avant. En effet, le corps appel้ ้ther, que nous, nous nommons ciel, a une appellation ancienne.

Mais Anaxagore semble avoir pens้ qu’il signifiait la m๊me chose que le feu : car il pensait que l’้ther tirait son nom non pas de toujours courir, c’est-เ-dire de se mouvoir contin๛ment, mais d’ซ aethein ป, qui signifie ซ br๛ler ป, puisqu’il croyait que les corps sup้rieurs ้taient pleins de feu. Et bien qu’il se f๛t tromp้ en cela, comme on l’a prouv้ lเ, il a pourtant eu raison de penser que le nom ซ ้ther ป conviendrait เ quelque puissance dot้e d’un corps qui se trouve en dehors de ces corps-ci. En effet, tous les auteurs anciens semblaient penser, et d้terminaient que ce corps est nomm้ ้ther parce qu’il court, c’est-เ-dire se meut, toujours, et qu’il est de quelque mani่re divin, c’est-เ-dire ้ternel, selon sa nature, comme si ce corps ne ressemblait เ aucun de ceux qui sont pr่s de nous. Et il n’est pas ้tonnant que les auteurs anciens eux aussi aient eu l’opinion que nous avions l’air d’adopter de nouveau, puisque nous disons que les m๊mes opinions reviennent chez les hommes, apr่s qu’ils les ont abandonn้es pour en avoir n้glig้ l’้tude, non seulement deux fois ou trois, mais un nombre infini de fois.

Il dit cela en suivant son opinion, selon laquelle il pensait que le monde et la g้n้ration des hommes ont exist้ de toute ้ternit้, comme il appara๎t dans les livres pr้c้dents : en effet, en partant de cette hypoth่se, il devient ้vident que certaines opinions et certains arts ont commenc้ เ partir de certaines ้poques d้finies ; et il faut dire que c’est tr่s souvent, ou plut๔t un nombre infini de fois, qu’elles ont ้t้ ruin้es, en raison de guerres ou d’autres causes de destruction, et de nouveau r้invent้es.

[80082] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 6 Tertio ibi: quicumque autem ignem etc., ostendit quod non est unum horum corporum inferiorum, corpus quod circulariter movetur.

Et circa hoc tria facit: primo ostendit hoc quantum ad ignem; secundo quantum ad aerem, ibi: at vero neque aere etc.; tertio quantum ad utrumque, ibi: et etiam si duobus et cetera.

Circa primum sciendum est quod aliqui putaverunt solum corpora caelestia delata, idest solem, lunam et stellas, esse naturae igneae; quod vero est inter eas, est naturae aereae: quidam vero posuerunt totum esse naturae igneae, sicut Anaxagoras dixit. Dicit ergo quod quicumque posuerunt non solum corpora delata ignem purum, sed totum ambiens, scilicet omnes sphaeras; et id quod est intermedium terrae et astrorum est aer, scilicet a terra usque ad orbem lunae, et quod est desuper, totum est ignis; qui, inquam, sic dicunt, si considerarent ea quae nunc sunt sufficienter ostensa per mathematicam de magnitudinibus corporum, forte desisterent ab hac puerili opinione. Valde enim simplicis hominis est et ineruditi putare stellas esse parvas magnitudinibus, quia videntur parvae nobis tam a remotis aspicientibus.

Dictum est autem de his in superioribus theorematibus, scilicet in II de caelo: sed etiam nunc eadem ratione dicemus ad destructionem praedictae positionis. Cum enim corpora astrorum et sphaerarum quasi improportionaliter excedant quantitatem terrae et eorum quae sunt circa terram, si non solum corpora stellarum constarent ex igne, sed etiam distantiae quae sunt inter eas essent plenae igne, iam olim annihilatum esset unumquodque aliorum elementorum, propter excessum ignis super ea.

20. Troisi่mement lเ : mais tous ceux qui, etc., il montre que l’un de ces corps inf้rieurs n’est pas un corps qui se meut circulairement.

Et sur ce point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il le montre เ propos du feu ; deuxi่mement, เ propos de l’air, lเ : mais ils ne sont, etc. ; troisi่mement, เ propos des deux, lเ : m๊me si, etc.

Concernant le premier point, il faut savoir que quelques-uns pensaient que seuls les corps c้lestes transport้s, c’est-เ-dire le Soleil, la Lune et les ้toiles, sont d’une nature ign้e ; et ce qui est entre eux est de la nature de l’air : or certains ้tablissaient que tout est d’une nature ign้e, comme Anaxagore. Il dit donc que tous ceux qui ้tablissaient que non seulement les corps transport้s sont du feu pur, mais aussi tout ce qui les entoure, เ savoir toutes les sph่res, qu’entre la Terre et les astres il se trouve de l’air, เ savoir de la Terre เ la sph่re de la Lune, et que tout ce qui est au-dessus est du feu, ceux qui, dis-je, parlent ainsi, s’ils consid้raient ce qui a d้sormais ้t้ suffisamment d้montr้ par les math้matiques เ propos des dimensions des corps, abandonneraient peut-๊tre cette opinion pu้rile. En effet, c’est ๊tre tout เ fait na๏f et ignare que penser que les ้toiles sont de petite taille, sous pr้texte qu’elles nous semblent petites เ nous qui les regardons de loin.

Il en a ้t้ question dans les r้flexions pr้c้dentes, เ savoir dans le livre II Du ciel : mais maintenant avan็ons de nouveau le m๊me raisonnement pour ruiner l’opinion d้jเ mentionn้e. En effet, comme les corps des astres et des sph่res d้passent incommensurablement la taille de la Terre et des corps qui se trouvent autour d’elle, si non seulement les corps des ้toiles ้taient constitu้s de feu, mais aussi les intervalles qui sont entre eux, chacun des autres ้l้ments aurait d้jเ ้t้ annihil้ depuis longtemps, en raison de la quantit้ excessive de feu situ้ au-dessus d’eux.

[80083] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 7 Deinde cum dicit: at vero neque aere etc., ostendit idem quantum ad aerem, dicens quod non est possibile quod istae distantiae sint plenae aere. Manifestum est enim quod adhuc quantitas aeris multum excederet aequalitatem analogiae, idest proportionis, quae debet esse communis inter elementa, ad hoc quod elementa conserventur.

21. Ensuite, quand il dit : mais ils ne sont, etc., il montre la m๊me chose เ propos de l’air, affirmant qu’il n’est pas possible que ces intervalles soient remplis d’air. Car il est ้vident que la quantit้ d’air exc่derait encore de beaucoup l’้galit้ de l’analogie, c’est-เ-dire de la proportion, qui doit ๊tre commune entre les ้l้ments pour qu’ils soient pr้serv้s.

[80084] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 8 Deinde cum dicit: et etiam si duobus etc., ostendit idem quantum ad utrumque. Et circa hoc duo facit: primo ponit rationem; secundo excludit quandam cavillationem, ibi: differt autem nihil et cetera. Dicit ergo primo quod proportio debita elementorum non servatur, si totus locus qui est medius inter terram et supremum caelum, est plenus duobus elementis, scilicet igne et aere. Quia moles terrae, in qua continetur etiam omnis aquae multitudo, quasi nulla pars est, habens proportionem ad totam magnitudinem ambientium corporum, cum ad solam ultimam sphaeram obtineat vicem puncti, secundum astronomos. Videmus autem quod, cum ex aqua per disgregationem sive rarefactionem fit aer, aut ex aere ignis, non est tam immensus excessus quantitatis. Oportet autem ad hoc quod conservetur debita proportio in elementis, quod eandem rationem, idest proportionem, habeat haec parva aqua ad aerem factum ex ipsa, et tota aqua ad totum aerem; ut videlicet quantum excedit quantitas aeris quantitatem aquae ex qua fit, tantum excedat in mundo quantitas totius aeris quantitatem totius aquae.

22. Ensuite, quand il dit : m๊me si le lieu, il montre la m๊me chose concernant les deux ้l้ments. Et sur ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il expose la raison ; deuxi่mement, il rejette un sophisme, lเ : cela ne fait aucune diff้rence, etc. Il dit donc premi่rement que la proportion n้cessaire aux ้l้ments n’est pas pr้serv้e, si le lieu qui se trouve au centre entre la Terre et le dernier ciel est enti่rement rempli par deux ้l้ments, เ savoir le feu et l’air. En effet, la masse de la Terre, qui contient aussi toute la quantit้ d’eau, est pour ainsi dire une partie nulle, par rapport เ toute la grandeur des corps qui l’entourent, comme elle occupe la place d’un point par rapport เ la seule sph่re ultime, selon les astronomes. Or nous voyons que, comme l’air est cr้้ เ partir de l’eau, soit par d้sagr้gation, soit par rar้faction, ou bien que le feu est cr้้ เ partir de l’air, il n’y a pas un exc่s en quantit้ aussi immense. Pour que la proportion n้cessaire dans les ้l้ments soit pr้serv้e, il faut que cette petite quantit้ d’eau ait la m๊me raison, c’est-เ-dire proportion, avec l’air cr้้ เ partir d’elle, que l’eau tout enti่re avec l’air tout entier ; autrement dit, la quantit้ de l’air tout entier d้passe celle de toute l’eau dans le monde d’autant que la quantit้ d’air d้passe celle de l’eau เ partir de laquelle il est cr้้.

[80085] Super Meteora, lib. 1 cap. 3 n. 9 Deinde cum dicit: differt autem nihil etc., excludit quandam cavillationem: dicens quod nihil differt ad propositum si quis dicat, secundum opinionem Empedoclis, quod elementa non generantur ex invicem. Oportet enim, secundum eius opinionem, elementa esse aequalia proportione virtutis. Unde sic oportet quod conservetur aequalitas proportione virtutis in magnitudinibus elementorum, si non generantur ex invicem, sicut si generarentur.

Deinde recolligit quod dictum est, concludens ex dictis manifestum esse quod neque aer tantum replet medium locum qui est inter terram et supremas stellas, neque ignis: sed praeter haec duo elementa, oportet super ipsa esse corpus caeleste, quod nullum inferiorum est elementorum.

23. Ensuite quand il dit : cela ne fait aucune diff้rence, etc., il rejette un sophisme, affirmant que cela ne fait aucune diff้rence pour la proposition si quelqu’un dit, selon l’opinion d’Emp้docle, que les ้l้ments ne sont pas engendr้s les uns par les autres. Car il faut, selon cette opinion, que les ้l้ments soient ้gaux en puissance selon la proportion. De ce fait, il faut que l’้galit้ en puissance selon la proportion soit pr้serv้e dans les grandeurs des ้l้ments, s’ils ne sont pas engendr้s les uns par les autres, comme s’ils l’้taient.

Ensuite, il rassemble ce qui a ้t้ dit, concluant qu’il est ้vident, d’apr่s les propos tenus, que ce ne sont ni l’air, ni le feu qui remplissent le si vaste lieu interm้diaire qui se trouve entre la Terre et les ้toiles les plus lointaines : mais en dehors de ces deux ้l้ments, il faut qu’il y ait au-dessus d’eux un corps c้leste, qui ne soit aucun des ้l้ments inf้rieurs.

 

 

Caput 4

Chapitre 4 – [Rapport du feu et de l’air au premier corps]

[80086] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 1 Postquam philosophus ostendit ignem et aerem non esse corpus caeleste, quod vocatur primum elementum sive primum corpus, nunc intendit ostendere quomodo ignis et aer se habeant ad illud primum corpus.

Et circa hoc duo facit: primo movet hanc quaestionem, et duas alias necessarias ad propositum; secundo solvit eas, ibi: nos autem dicamus et cetera.

Prima dividitur in tres, secundum tres quaestiones quas movet: secunda incipit ibi: et propter quam causam etc.; tertia ibi: de aere igitur et cetera.

Dicit ergo primo quod post praedicta relinquitur perscrutari de ordine aeris et ignis ad primum corpus, scilicet caeleste, ex quo ostensum est ipsum esse aliud praeter ista.

24. Apr่s que le philosophe a montr้ que le feu et l’air ne sont pas le corps c้leste qui est appel้ premier ้l้ment ou premier corps, il a maintenant l’intention de montrer comment le feu et l’air se trouvent par rapport เ ce premier corps.

Et sur ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il pose cette question, ainsi que deux autres n้cessaires เ sa proposition ; deuxi่mement, il les r้sout, lเ : parlons, etc.

Il divise la premi่re en trois parties, suivant les trois questions qu’il pose : la seconde commence lเ : et pour quelle raison, etc. ; la troisi่me, lเ : parlons donc de l’air, etc.

Il dit donc premi่rement qu’apr่s les propos tenus il reste เ examiner attentivement la place de l’air et du feu par rapport au premier corps, เ savoir c้leste, ้tant donn้ qu’il a ้t้ montr้ qu’il est diff้rent d’eux.

[80087] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 2 Deinde cum dicit: et propter quam causam etc., movet secundam quaestionem: scilicet, propter quam causam a superioribus stellis causetur caliditas in his locis quae sunt circa terram. Et haec etiam quaestio habet ortum ex praemissis. Videtur enim secundum naturam esse quod simile generet sibi simile: si igitur corpus caeleste non est calidum, quia non est ignis neque aer, ut supra habitum est, remanet in dubio quomodo a corpore caelesti possit causari calor in istis inferioribus.

25. Ensuite, quand il dit : et pour quelle raison, etc., il pose la seconde question, เ savoir pour quelle raison les ้toiles sup้rieures causent de la chaleur dans les lieux qui sont autour de la Terre. Et cette question tire son origine de ce qui pr้c่de. En effet, il semble conforme เ la nature que le semblable engendre ce qui lui est semblable ; donc si un corps c้leste n’est pas chaud, puisqu’il n’est ni feu, ni air, comme on l’a dit ci-dessus, on se demande encore comment la chaleur peut ๊tre caus้e par un corps c้leste chez ces corps inf้rieurs-ci.


[80088] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 3 Deinde cum dicit: de aere igitur etc., movet tertiam dubitationem, quae etiam ex praemissis ortum habet. Dixerat enim prius quod oportebat considerare quomodo sit accipienda natura aeris in universo: et hoc ideo, quia multa eorum de quibus determinaturus est, generationem habent in aere. Dicit ergo quod, sicut supra supposuimus, oportet primo aliquid dicere de aere: et sic erit dicendum de aliis duobus quaestionibus motis. Unde statim incipit movere dubitationem ad naturam aeris pertinentem.

Ostensum est enim in libro de Generat. quod aqua fit ex aere, et e converso. Cum autem ex condensationibus nubium generatur pluvia, hoc est aerem converti in aquam. Quaerit ergo, si aqua fit ex aere et aer ex aqua, quare in superiori parte aeris non inspissentur nubes ad generationem aquae.

Et inducit rationem ad ostendendum quod hoc fieri deberet. Manifestum est enim quod condensatio nubium fit ex frigiditate: nam sicut calidi est rarefacere, ita frigidi inspissare. Locus autem aeris qui est remotior a terra, videtur esse frigidior: quia videntur ibi cessare duae causae calefactionis. Quarum una est propinquitas ad astra, ex quibus causatur calor: et hoc tangit cum dicit quod neque ille locus aeris, superior scilicet, est sic prope astra existentia calida, scilicet secundum effectum, ut caliditas astrorum possit impedire inspissationem nubium. Alia causa calefactionis est reverberatio radiorum solis a terra: et hoc tangit cum dicit: neque iterum ille locus superioris aeris est prope radios refractos, idest reverberatos, a terra, qui prohibent congregari nubes prope terram, per hoc quod sua caliditate disgregant consistentias vaporum.

Et quod haec secunda causa non impediat congregationem, manifestat per signum. Manifestum est enim quod congregationes nubium fiunt ibi, ubi radii repercussi a terra iam desinunt habere virtutem calefaciendi, propter hoc quod in immensum sparguntur, et sic multum distant a radiis cadentibus; unde non multiplicatur causa caloris.

Ad huius autem intelligentiam, sciendum est quod radii procedentes a sole ad terram sunt causa caliditatis. Cum autem radius in terram cadens repercutitur, fit iterum alius radius a terra quasi resursum tendens. Quanto ergo hi duo radii fuerint magis sibi invicem propinqui, tanto plus de calore causatur: quia virtus utriusque radii, scilicet cadentis et reflexi, pertingit ad eandem partem aeris. Et inde est quod ubi radius solis cadens super terram facit angulum rectum, ibi est maximus calor, quia reflexio fit in eandem partem: quanto vero radius cadens in aliquo loco fecerit angulum maiorem recto, tanto est minus de calore; quia, cum repercussio fiat secundum pares angulos, radius repercussus, propter amplitudinem anguli, multum distat a radio primo cadente. Manifestum est autem quod quanto duae lineae continentes angulum magis procedunt, tanto magis distant abinvicem. Unde quanto magis receditur a terra, ubi fit reverberatio, tanto praedicti duo radii magis distant abinvicem, et est minor calor. Et ideo propter immensam separationem praedictorum radiorum abinvicem in loco superiori, desinit calor, et condensantur ibi nubes propter frigus. Et hoc est quod dicit: nubium congregationes fiunt ubi desinunt iam radii propter spargi in immensum.

Sic igitur utraque causa quae posset impedire congregationem nubium in superiori parte aeris, cessat, ut dictum est. Et cum ibi non condensentur nubes, oportet dicere quod aqua non sit nata fieri ex omni aere: aut si similiter se habet omnis aer ad hoc quod generetur ex eo aqua, oportet quod iste aer qui est circa terram, non solum sit aer, sed sicut vapor, et ex hac causa congregetur ad generationem aquae; superior autem, qui est purus aer, non posset condensari in aquam. Sed hoc non potest esse: quia si totus iste aer qui est circa terram, cum sit tam magnus, vapor est, videtur sequi quod natura aeris et aquae multum excedat alia elementa. Quia superiores distantiae, quae scilicet sunt inter stellas, sunt plenae aliquo corpore, cum nihil sit vacuum, ut in IV Physic. probatum est: impossibile est autem quod sint plenae igne, quia sic omnia alia exsiccarentur, ut supra probatum est: relinquitur ergo quod sint plenae aere, et illud quod est circa terram sit plenum aqua. Sed hic aer est vapor: quia vapor est quaedam disgregatio aquae, idest aqua rarefacta. Et sic positis tribus quaestionibus, quasi colligens subdit quod de praedictis dubitatum sit hoc modo.

26. Ensuite, quand il dit : parlons donc de l’air, etc., il soul่ve la troisi่me interrogation, qui tire elle aussi son origine des propos pr้c้dents. Car il avait pr้c้demment affirm้ qu’il fallait consid้rer comment la nature de l’air dans l’univers doit ๊tre comprise : et cela parce qu’une grande partie des choses au sujet desquelles il va d้terminer trouve sa g้n้ration dans l’air. Il dit donc que, comme nous l’avons suppos้ ci-dessus, il faut premi่rement parler de l’air : et ainsi nous devrons parler des deux autres questions soulev้es. De ce fait, il commence aussit๔t เ soulever une interrogation concernant la nature de l’air.

En effet, il a ้t้ d้montr้ dans le livre sur la G้n้ration que l’eau se forme เ partir de l’air et inversement. Or, comme la pluie est engendr้e par la condensation des nuages, cela revient เ ce que de l’air soit transform้ en eau. Il demande donc pour quelle raison, si de l’eau se forme เ partir de l’air et de l’air เ partir de l’eau, dans la partie sup้rieure de l’air les nuages ne se condensent pas pour engendrer de l’eau.

Et il avance une raison pour montrer que cela devrait se produire. En effet, il est ้vident que la condensation des nuages est caus้e par le froid : car de m๊me que la chaleur a pour caract้ristique de rar้fier, de m๊me celle du froid est de condenser. Or l’air qui est situ้ เ un endroit plus ้loign้ de la Terre semble ๊tre plus froid, puisque les deux causes de r้chauffement semblent cesser lเ. La premi่re des deux est la proximit้ avec les astres, sources de chaleur ; et il aborde ce sujet quand il dit que le lieu o๙ se situe l’air, เ savoir sup้rieur, n’est pas pr่s des astres, qui sont chauds, c’est-เ-dire suivant leur effet, au point que leur chaleur puisse emp๊cher l’้paississement des nuages. L’autre cause de r้chauffement est la r้flexion des rayons du Soleil par la Terre ; et il aborde ce sujet quand il dit : de nouveau, le lieu o๙ se situe la partie sup้rieure de l’air ne se trouve pas pr่s des rayons r้fract้s, c’est-เ-dire r้fl้chis, par la Terre, lesquels emp๊chent les nuages de s’assembler pr่s de la Terre, du fait qu’ils d้sagr่gent les vapeurs en formation sous l’effet de leur chaleur.

Et il montre par une preuve que cette seconde cause n’emp๊che pas l’assemblement. En effet, il est ้vident que les assemblements des nuages se produisent lเ o๙ les rayons renvoy้s par la Terre cessent d้sormais d’avoir le pouvoir de r้chauffer, ้tant donn้ qu’ils se dispersent dans l’immensit้ et qu’ils sont ainsi tr่s ้loign้s des rayons qui tombent ; de ce fait, la cause de chaleur ne se multiplie pas.

Pour comprendre cela, il faut savoir que les rayons venant du Soleil vers la Terre sont la cause de la chaleur. Comme le rayon tombant sur la Terre est renvoy้, il se produit de nouveau un autre rayon qui part de la Terre pour se diriger derechef vers le haut, pour ainsi dire. Donc, plus ces deux rayons ont ้t้ proches l’un de l’autre, plus ils causent de chaleur, puisque la puissance des deux rayons, เ savoir celui qui tombe et celui qui est r้fl้chi, touche cette partie de l’air. Et c’est la raison pour laquelle lเ o๙ le rayon qui tombe du Soleil sur la Terre forme un angle se trouve la plus forte chaleur, puisque la r้flexion se produit au m๊me endroit : plus le rayon qui tombe dans un lieu a form้ un angle plus grand que le droit, moins il y a de chaleur, puisque, comme la r้flexion se fait avec des angles ้gaux, le rayon r้fl้chi, en raison de l’amplitude de l’angle, est tr่s ้loign้ du premier rayon qui ้tait tomb้. Il est ้vident que plus deux lignes contenant un angle s’avancent, plus elles sont ้loign้es l’une de l’autre. De ce fait, plus on s’้carte de la Terre, lเ o๙ la r้flexion a lieu, plus les deux rayons mentionn้s sont ้loign้s l’un de l’autre, et moindre est la chaleur. Et เ cause de cela, en raison de l’immense distance entre les rayons mentionn้s dans le lieu sup้rieur, la chaleur cesse et les nuages sont condens้s lเ du fait du froid. Et c’est ce qu’il dit : les nuages s’assemblent lเ o๙ les rayons disparaissent parce qu’ils se dispersent dans l’immensit้.

Ainsi donc, les deux causes qui pourraient emp๊cher l’assemblement des nuages dans la partie sup้rieure de l’air cessent, comme on l’a dit. Et comme les nuages ne se condensent pas เ cet endroit, il faut dire que l’eau n’est pas de nature เ ๊tre form้e par n’importe quel air : ou bien si n’importe quel air est tel qu’il engendre de l’eau, il faut que l’air qui entoure la Terre soit non seulement de l’air, mais une sorte de vapeur et que, pour cette raison, il s’assemble pour engendrer de l’eau ; or, la partie sup้rieure, qui est de l’air pur, ne pourrait pas se condenser en eau. Mais cela ne peut ๊tre, puisque, si tout l’air qui entoure la Terre est vapeur, comme il est si vaste, il semble s’ensuivre que la nature de l’air et de l’eau exc่de de beaucoup les autres ้l้ments. En effet, les intervalles sup้rieurs, เ savoir ceux qui se trouvent entre les ้toiles, sont remplis de quelque corps, comme rien n’est vide, ainsi que le livre IV de la Physique l’a montr้ : or il est impossible qu’ils soient remplis de feu, ้tant donn้ que, dans ce cas, tout le reste serait dess้ch้, comme on l’a montr้ ci-dessus ; il en r้sulte donc qu’ils sont remplis d’air et que ce qui entoure la Terre est rempli d’eau. Mais cet air est vapeur, puisque la vapeur est la d้sagr้gation de l’eau, c’est-เ-dire de l’eau rar้fi้e. Et ainsi apr่s avoir pos้ trois questions, en guise de conclusion il ajoute qu’il s’est interrog้ de cette mani่re เ propos de ce dont il a ้t้ question.

[80089] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 4 Deinde cum dicit: nos autem dicamus etc., solvit propositas quaestiones: et primo eam quae est de ordinatione elementorum; secundo eam quae est de generatione nubium, ibi: eius quidem igitur etc.; tertio eam quae est de caliditate a stellis in inferioribus causata, ibi: de facta autem caliditate et cetera.

Circa primum tria facit. Primo resumit quod dictum est de natura primi corporis: dicens quod, ad intellectum et eorum quae nunc quaesita sunt, et eorum quae postmodum sunt dicenda, oportet determinando dicere quod supremum corpus usque ad lunam est alterum ab igne et aere, sicut iam ostensum est; et quod in ipso supremo corpore est aliquid purius, et aliquid minus purum vel sincerum: non quod ibi sit aliqua compositio vel mixtio extraneae naturae; sed magis purum dicitur quod est magis nobile, magis virtuosum, magis formale. Unde et habet differentias in virtute et nobilitate: et maxime ista differentia manifesta est ex illa parte qua desinit ad aerem et ad mundum inferiorem qui est circa terram; in luna enim apparet defectus luminis, et quando est plena, apparent in ea quaedam umbrositates.

27. Ensuite, quand il dit : parlons, etc., il r้sout les questions pos้es : et premi่rement celle qui concerne l’ordre des ้l้ments ; deuxi่mement celle qui concerne la g้n้ration des nuages, lเ : donc, etc. ; troisi่mement celle qui concerne la chaleur caus้e par les ้toiles sur les corps inf้rieurs, lเ : de la chaleur engendr้e, etc.

ภ propos du premier point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il reprend ce qui a ้t้ dit sur la nature du premier corps, affirmant que, pour comprendre เ la fois ce qui vient d’๊tre recherch้ et ce qui doit ๊tre dit par la suite, il faut dire, en d้terminant, que le corps supr๊me jusqu’เ la Lune est autre que du feu et de l’air, comme on l’a d้jเ d้montr้, et que dans le corps supr๊me m๊me se trouve quelque chose de plus pur et quelque chose de moins pur ou sans m้lange : non pas qu’il y ait lเ quelque composition ou m้lange d’une nature ้trang่re, mais ซ plus pur ป signifie ซ plus noble, plus puissant, plus formel ป. De ce fait, il poss่de aussi des diff้rences en puissance et en noblesse ; et cette diff้rence est surtout manifeste dans la partie o๙ il c่de la place เ l’air et au monde inf้rieur qui entoure la Terre ; en effet, dans la Lune appara๎t un d้faut de lumi่re, et quand elle est pleine, apparaissent certaines ombres.

[80090] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 5 Secundo ibi: lato autem primo elemento etc., ostendit effectum quem habet corpus superius in inferiora. Et dicit quod primo elemento, idest caelo, circulariter moto, et motis corporibus quae sunt in ipso, idest sole et stellis, illa pars inferioris mundi quae est ei propinquior, quasi disgregata seu rarefacta per motum superioris corporis, accenditur: et sic fit caliditas. Et subiungit rationem, dicens quod hoc oportet intelligere incipiendo.

Tota enim natura corporalis quae est sub corpore circulariter moto, est sicut quaedam materia existens in potentia ad caliditatem, frigiditatem, siccitatem et humiditatem, et ad alias passiones et formas quae consequuntur ad haec: et quia materia reducitur in actum a primo agente, natura etiam corporalis fit talis actu per hoc quod participat de motu vel non participat, sed immobilis permanet, a corpore caelesti, quod supra diximus esse causam et principium unde est motus in istis inferioribus. Non est autem intelligendum quod corpora inferiora recipiant huiusmodi passiones a superioribus tanquam accidentaliter, et non secundum naturam, sicut aqua cum calefit ab igne: sed ipsam naturam vel formam, secundum quam naturaliter sunt calida vel frigida, a superiori corpore recipiunt multo principalius quam a generante; nam primum generationis principium est corpus caeleste.

28. Deuxi่mement, lเ : comme le premier ้l้ment, etc., il montre l’effet qu’a le corps sup้rieur sur les inf้rieurs. Et il dit que, le premier ้l้ment, c’est-เ-dire le ciel, s’้tant m๛ circulairement, tout comme les corps qui sont en lui, c’est-เ-dire le Soleil et les ้toiles, la partie du monde inf้rieur qui est plus proche de lui, comme d้sagr้g้e et rar้fi้e par le mouvement du corps sup้rieur, prend feu : et c’est ainsi que se produit la chaleur. Et il ajoute une raison, disant qu’il faut le comprendre par le commencement.

En effet, toute la nature corporelle qui se trouve au-dessous du corps se mouvant circulairement est une sorte de mati่re qui est en puissance chaleur, froid, s่cheresse et humidit้, et les autres propri้t้s et formes qui s’ensuivent : et puisque la mati่re est r้duite en acte par le premier agent, la nature corporelle elle aussi devient telle en acte du fait qu’elle participe ou non au mouvement, mais demeure immobile, en raison du corps c้leste, qui est la cause et le principe d’o๙ est issu le mouvement chez ces corps inf้rieurs, comme on l’a dit ci-dessus. Or il ne faut pas comprendre que les corps inf้rieurs re็oivent les propri้t้s de ce genre des corps sup้rieurs par accident et non naturellement, comme l’eau lorsqu’elle est chauff้e par le feu, mais ils re็oivent leur nature ou leur forme m๊me, selon laquelle ils sont naturellement chauds ou froids, du corps sup้rieur beaucoup plus que de celui qui les engendre ; car le premier principe de la g้n้ration est le corps c้leste.

[80091] Super Meteora, lib. 1 cap. 4 n. 6 Tertio ibi: in medio quidem igitur etc., ostendit ordinem elementorum. Si enim per participationem motus fit calor in istis inferioribus, et per elongationem a motu caelesti e converso fit frigus, necesse est quod illud quod est frigidissimum et gravissimum, idest aqua et terra, sit magis remotum a motu caelesti, existens in medio quantum ad terram, et circa medium quantum ad aquam. Vel dicit circa medium, eo quod medium, cum sit indivisibile, non potest esse locus corporis: sed circa medium, idest centrum mundi, est terra et aqua, centrum autem terrae est in centro totius. Circa haec autem, scilicet terram et aquam, et habita his, idest consequenter ordinata post ipsa, est aer et id quod consueto nomine vocamus ignem, in quibus abundat calor.

Exponit autem quod dixerat, dicens quod quartum elementum supra aerem ordinatum non proprie vocatur ignis. Ignis enim significat excessum calidi, et est quasi quidam fervor et accensio quaedam; sicut glacies non est elementum, sed est quidam excessus frigoris ad aquam congelatam. Id autem ad quod sic se habet ignis sicut glacies ad aquam, non est nominatum, et ideo nominamus ipsum nomine ignis: sicut si aqua non haberet nomen, et nominaremus elementum aquae glaciem.

Sed oportet intelligere quod de toto isto corpore quod a nobis dicitur aer, una pars, quae est propinqua terrae, est quasi calida et humida, propter id quod habet de vapore et exhalatione terrae. Sic enim elementa sunt ordinata, secundum quod eorum naturae competit: unde quia aer secundum naturam suam est calidus et humidus, sic est dispositus ut vaporem terrae suscipiat, ad eius calorem et humiditatem servandam. Sed illa pars corporis quod communiter vocatur aer, quae est superior, est calida et sicca; et hanc partem vocamus elementum ignis. Et sic aer nomen commune est duobus elementis.

Et quia dixerat de vapore et exhalatione terrae, ostendit differentiam inter ea. Et dicit quod natura vaporis est esse humidum et calidum, natura autem exhalationis est esse calidum et siccum: et sic vapor, propter humiditatem, est quasi in potentia ad aquam; exhalatio autem, propter siccitatem, est quasi in potentia ut igniatur.

28 bis. Troisi่mement, lเ : donc, au centre, etc., il montre l’ordre des ้l้ments. En effet, si la chaleur se forme chez les corps inf้rieurs par participation au mouvement et que le froid l’est par ้loignement du mouvement c้leste, au contraire, il est n้cessaire que ce qui est le plus froid et le plus lourd, c’est-เ-dire l’eau et la terre, soient plus ้loign้s du mouvement c้leste, se trouvant au centre, en ce qui concerne la terre, et autour du centre, en ce qui concerne l’eau. Ou bien il dit autour du centre, parce que le centre, comme il est indivisible, ne peut ๊tre le lieu d’un corps : mais autour du centre, c’est-เ-dire du centre du monde, se trouvent la terre et l’eau, mais le centre de la terre est au centre de tout. Autour d’elles, เ savoir la terre et l’eau, et de ce qui est tenu เ elles, c’est-เ-dire ce qui est plac้ apr่s elles de fa็on contigu๋, se trouvent l’air et ce que nous appelons ซ feu ป suivant l’usage, o๙ la chaleur abonde.

Il explique ce qu’il avait dit, เ savoir que le quatri่me ้l้ment plac้ au-dessus du feu ne s’appelle pas ซ feu ป เ proprement parler. Car le feu d้signe un exc่s de chaleur et constitue, pour ainsi dire, une certaine ardeur et un certain allumage, de m๊me que la glace n’est pas un ้l้ment, mais un certain exc่s de froid produisant de l’eau congel้e. Or ce qui est au feu ce que la glace est เ l’eau n’est pas nomm้, et c’est pourquoi nous l’appelons du nom de ซ feu ป : c’est comme si l’eau n’avait pas de nom et que nous appelions l’้l้ment de l’eau glace.

Mais il faut comprendre qu’au sein de ce corps tout entier que nous nommons ซ air ป, une partie, qui est proche de la terre, est comme chaude et humide, parce qu’elle tient de la vapeur et de l’exhalaison de la terre. En effet, les ้l้ments sont ordonn้s, selon ce qui revient เ leur nature : de ce fait, puisque l’air est chaud et humide selon sa nature, il est dispos้ เ accueillir la vapeur de la terre, pour pr้server sa chaleur et son humidit้. Mais la partie du corps qui est appel้ commun้ment ซ air ป, laquelle est sup้rieure, est chaude et s่che ; et c’est cette partie que nous l’appelons ้l้ment du feu. Et ainsi ซ air ป est un nom commun aux deux ้l้ments.

Et puisqu’il avait parl้ de la vapeur et de l’exhalaison de la terre, il montre la diff้rence qui se trouve entre elles. Et il dit que la nature de la vapeur est d’๊tre humide et chaude mais que celle de l’exhalaison est d’๊tre chaude et s่che ; et ainsi la vapeur, en raison de l’humidit้, est comme de l’eau en puissance ; mais l’exhalaison, en raison de sa s่cheresse, est comme du feu en puissance.

 

 

Caput 5

Chapitre 5 – [La condensation des nuages]

[80092] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 1 Soluta quaestione de ordinatione elementorum, solvit quaestionem de inspissatione nubium.

Et ponit duas solutiones. Quarum primam concludit ex praedictis, dicens quod hanc existimandum est esse causam quare in superiori parte aeris non congregantur nubes, quia pars eius superior, quae communiter vocatur aer, non solum est aer, sed magis est quasi ignis, ut dictum est. Sed quia etiam multo inferius infra illam partem adhuc non generantur nubes, necesse fuit ut poneret aliam solutionem.

29. Apr่s avoir r้solu la question de l’ordre des ้l้ments, il r้sout celle de la condensation des nuages.

Et il donne deux solutions. Il tire la premi่re d’entre elles des propos pr้c้dents, en disant qu’il faut estimer que la cause pour laquelle les nuages ne s’assemblent pas dans la partie sup้rieure de l’air est que cette partie sup้rieure, qui est appel้e commun้ment ซ air ป, est non seulement de l’air, mais est aussi une sorte de feu, comme on l’a dit. Mais puisque les nuages ne sont pas non plus engendr้s m๊me beaucoup plus bas que cette partie, il ้tait n้cessaire de proposer une autre solution.

[80093] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 2 Unde secundam solutionem ponit ibi: nihil autem prohibet et cetera. Et dicit quod nihil prohibet etiam propter motum aeris in circuitu, prohiberi quod nubes non congregentur in superiori loco: quia necessarium est quod totus aer qui est in circuitu terrae, fluat circulariter motus.

Sed ab isto fluxu excipit illum aerem qui capitur inter peripheriam, idest circumferentiam, definitam, idest quae continetur infra partes terrae, ut sic tota terra inveniatur esse sphaerica cum aere incluso inter partes terrae. Et sic ille aer qui excedit omnem altitudinem montium, in circuitu fluit: aer autem qui continetur infra montium altitudinem, impeditur ab hoc fluxu ex partibus terrae immobilibus. Et propter hoc generatio ventorum videtur esse nunc in locis terrae stagnantibus, idest in aere qui continetur infra partes terrae, ac si essent stagna aeris quiescentis.

Si enim aer in quo generantur venti, moveretur circulariter, oporteret quod omnes venti cum eo circulariter circumferrentur: nunc autem videmus ex diversis partibus ventos flare. Et quia in aere fluenti non generantur venti, sed in quiescenti, propter hoc venti non excedunt montes altos: dicitur enim ab antiquis quod, sacrificiis factis in altissimis montibus, post annum inveniebatur cinis adhuc salvus, in eodem loco manens. Et hoc quod venti non generantur ibi, est signum quod etiam nubes ibi non condensantur in pluvias. Quare autem aer qui excedit montes fluat, ostendit, subdens quod ideo fluit in circuitu, quia simul trahitur cum circulatione caeli: ignis enim est continuus, idest contiguus, cum corpore caelesti, aer autem cum igne.

Quia ergo superior aer fluit, per eius motum prohibetur congregari in aquam: quia motus rarefacit et congregationem impedit. Sed si qua pars illius aeris aliquo modo condensetur, aut aliquod spissum aliquo modo feratur per aliquam violentiam, feretur deorsum, idest in locum aeris propinqui terrae: et si quid calidum erat in ea, feretur sursum. Et alia pars illius aeris, quae non gravatur, feretur sursum simul cum igne exhalato. Et sic, dum eorum quae resolvuntur a terris et aquis aliquid manet in loco aeris, aliquid autem fertur ad locum ignis, continue unus locus manet plenus aere, et alius plenus igne: non tamen ita quod semper maneat idem aer et ignis numero incorruptus; sed semper, corrupta una parte aeris vel ignis, vel per violentiam ad terram expulsa, generatur alia, quae sursum a terra et aqua elevatur. Et ita, licet semper maneat in loco aeris aer, et in loco ignis ignis, tamen semper unumquodque ipsorum fit aliud et aliud per continuam generationem et corruptionem; sicut in fluvio decurrenti patet, in quo semper manet aqua, non tamen eadem numero, sed una defluente et alia succedente.

30. De ce fait, il donne la solution suivante, lเ : rien n’interdit, etc. Et il dit que rien n’interdit aussi que le mouvement de l’air en cercle emp๊che les nuages de s’assembler dans le lieu sup้rieur : en effet, il est n้cessaire que l’air qui se trouve dans le cercle de la Terre s’้coule tout entier circulairement.

Mais il exclut de ce flux l’air qui est compris เ l’int้rieur de la p้riph้rie, c’est-เ-dire de la circonf้rence, d้finie, c’est-เ-dire contenue dans les parties de la terre, de telle sorte que la totalit้ de la terre se trouve ๊tre sph้rique avec l’air inclus entre ses parties. Et ainsi l’air qui d้passe toute la hauteur des montagnes s’้coule en cercle ; l’air qui est contenu sous la hauteur des montagnes est ้cart้ de ce flux par les parties immobiles de la terre. Et c’est pour cette raison que la g้n้ration des vents semble ๊tre maintenant dans les lieux stagnants de la terre, c’est-เ-dire dans l’air qui est contenu sous les parties de la terre, m๊me si ce sont des nappes d’air immobile.

En effet, si l’air dans lequel les vents sont engendr้s se mouvait circulairement, il faudrait que tous les vents soient entra๎n้s avec lui circulairement ; or maintenant nous voyons que les vents soufflent de diff้rentes parties. Et puisque les vents ne sont pas engendr้s dans l’air en flux, mais dans l’air immobile, les vents ne d้passent pas les hautes montagnes ; car les Anciens disent que, lorsque des sacrifices avaient eu lieu sur les plus hautes montagnes, on trouvait un an plus tard des cendres encore intactes et demeur้es au m๊me endroit. Et le fait que les vents ne sont pas engendr้s เ cet endroit est la preuve que les nuages ne s’y condensent pas non plus en pluie. Il montre pourquoi l’air qui d้passe les montagnes s’้coule, ajoutant qu’il s’้coule en cercle parce qu’il est entra๎n้ avec le mouvement circulaire du ciel : car le feu est continu, c’est-เ-dire contigu, avec le corps c้leste, et l’air avec le feu.

Donc, puisque l’air sup้rieur s’้coule, ce mouvement l’emp๊che de s’assembler en eau parce que le mouvement le rar้fie et emp๊che l’assemblement. Mais si une partie de cet air se condensait de quelque mani่re, ou bien si quelque chose de dense ้tait emport้ de quelque mani่re par quelque violence, il le serait vers le bas, c’est-เ-dire เ l’endroit o๙ l’air est proche de la terre : et si quelque chose de chaud s’y trouvait, il serait emport้ vers le haut. Et une autre partie de cet air, qui n’est pas alourdie, serait emport้e vers le haut en m๊me temps que le feu exhal้. Et ainsi, pendant que, parmi les choses qui sont d้sagr้g้es par les terres et les eaux, l’une reste เ la place de l’air, et qu’une autre est entra๎n้e เ la place du feu, un lieu demeure continuellement rempli d’air, un autre rempli de feu, mais sans que l’air reste toujours le m๊me et que le feu demeure intact en nombre ; mais toujours, apr่s qu’une partie de l’air ou du feu a ้t้ corrompue ou bien expuls้e violemment vers la terre, une autre est engendr้e, et s’้l่ve vers le haut au-dessus de la terre et de l’eau. Et ainsi, bien que l’air demeure toujours เ la place de l’air, et le feu เ la place du feu, chacun d’entre eux devient toujours un autre et un autre par g้n้ration et corruption continues, comme on le voit dans le cours d’un fleuve, dans lequel il reste toujours de l’eau, pourtant pas la m๊me en nombre, mais une partie s’้coulant et une autre lui succ้dant.

[80094] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 3 Deinde recolligit ea quae dicta sunt, ibi: de eo quidem igitur etc., et dicit: tanta sunt dicta a nobis de eo quod non fiunt nubes, neque inspissatio vaporum in aquam, in superiori parte aeris; et etiam de hoc, quomodo oporteat accipere de loco qui est inter suprema astra et terram, quo scilicet corpore plenus est.

31. Ensuite, il rassemble ce qu’il a dit, lเ : donc sur l’absence, etc., et il dit : nous avons assez parl้ du fait que les nuages et la condensation de la vapeur en eau ne se font pas dans la partie sup้rieure de l’air, et aussi de la fa็on dont il faut concevoir le lieu qui se trouve entre les derniers astres et la terre, c’est-เ-dire de quel corps il est rempli.

[80095] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 4 Deinde cum dicit: de facta autem caliditate etc., solvit tertiam quaestionem.

Et circa hoc duo facit. Primo dicit de quo est intentio: dicens quod de caliditate quam sol facit in istis inferioribus, magis conveniret dicere secundum se et diligenter, idest perfecte, in his quae dicenda sunt in libris de sensu: quia calidum est quaedam sensuum passio, est enim obiectum sensus tactus; sensus autem et sensibile habent eandem scientiam, cum adinvicem dicantur quodammodo. Sed quia materia praesens hoc requirit, dicendum est nunc propter quam causam, cum corpora caelestia non sint calida in sui natura, fit ab eis caliditas in istis inferioribus.

32. Ensuite quand il dit : au sujet de la chaleur produite, etc., il r้sout la troisi่me question.

Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il dit quelle est son intention, d้clarant qu’il serait pr้f้rable de parler de la chaleur que produit le Soleil dans ces corps inf้rieurs en soi et diligemment, c’est-เ-dire parfaitement, dans les d้veloppements qui doivent ๊tre faits dans les livres sur la sensation, puisque le chaud est une certaine affection des sens, car c’est l’objet de la sensation du toucher ; la sensation et le sensible concernent la m๊me science ้tant donn้ qu’ils sont utilis้s l’un pour l’autre d’une certaine mani่re. Mais puisque la mati่re pr้sente le requiert, il faut maintenant dire pour quelle raison, alors que les corps c้lestes ne sont pas chauds par nature, ils produisent de la chaleur dans ces corps inf้rieurs.

[80096] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 5 Secundo ibi: videmus itaque etc., solvit quaestionem.

Et dividitur in duas partes: primo ponit quaestionis solutionem; secundo probat verum esse quod in quaestione supponebatur, ibi: signum autem sufficiens et cetera.

Prima dividitur in duas, secundum duas causas quas assignat: secunda incipit ibi: et quia ambiens et cetera.

Circa primum tria facit. Primo assignat causam propter quam a corporibus caelestibus non calidis existentibus, calor in istis inferioribus generatur. Et dicit quod sensibiliter videmus quod motus, quia potest disgregare aerem et rarefacere, potest etiam eum ignire: nam raritas et igneitas se consequuntur, sicut frigiditas et spissitudo; et propter hoc ea quae feruntur, sicut sagittae, si habeant plumbum et ceram, saepe videntur liquefieri, quasi motu ea calefaciente. Unde nihil inconveniens est, si caelum suo motu calefacit ista inferiora.

33. Deuxi่mement, lเ : de fait, nous voyons, etc., il r้sout le probl่me.

Et elle se divise en deux parties : premi่rement, il donne la solution de la question ; deuxi่mement, il prouve qu’est vrai ce qui ้tait suppos้ dans la question, lเ : une preuve suffisante, etc.

La premi่re se divise en deux, selon les deux causes qu’il avance ; la seconde commence lเ : et aussi parce que, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il avance la cause pour laquelle la chaleur est engendr้e dans ces corps inf้rieurs par des corps c้lestes qui ne sont pas chauds. Et il dit que notre vue nous montre que le mouvement, puisqu’il peut d้sagr้ger l’air et le rar้fier, peut aussi l’enflammer : car la raret้ et l’inflammation s’encha๎nent tout comme le froid et la condensation ; et c’est pour cette raison que les choses qui sont entra๎n้es, comme des fl่ches, si elles comportent du plomb et de la cire, semblent souvent se liqu้fier, comme si le mouvement les r้chauffait. De ce fait, nul inconv้nient เ ce que le ciel r้chauffe ces corps inf้rieurs par son mouvement.

[80097] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 6 Secundo ibi: eius quidem igitur etc., assignat causam quare calor in istis inferioribus causatur magis ex motu solis, quam ex motu alicuius alterius corporis superioris. Et dicit quod sol solus sufficiens est facere aestuantem calorem in istis inferioribus: nam calor qui fit ex aliis corporibus caelestibus, est quasi insensibilis respectu caloris qui fit a sole. Huius autem ratio est, quia motus qui causat vehementem calorem, oportet quod sit velox, et quod propinquus nobis. Motus autem astrorum tam fixorum quam quinque errantium quae sunt supra solem, secundum opinionem Aristotelis, scilicet Saturni, Iovis, Martis, Veneris et Mercurii, est quidem velox, remotus tamen a nobis longe; motus autem lunae, licet sit propinquus, est tamen tardus; motus autem solis habet utrumque sufficienter ad causandum calorem in istis inferioribus, scilicet et velocitatem et propinquitatem.

Quod autem hic dicitur de velocitate motus solis, referendum est ad motum quo movetur secundum motum diurnum, non ad proprios motus stellarum. Manifestum est enim quod motum diurnum omnia astra eodem temporis spatio peragunt: quanto autem aliquod caelestium corporum est propinquius centro, tanto minorem circumferentiam circuit, unde tardius movetur. Secundum autem proprios motus, luna velocissime movetur.

34. Deuxi่mement, lเ : donc le, etc., il avance la raison pour laquelle la chaleur est caus้e dans ces corps inf้rieurs plus par le mouvement du Soleil que par celui de quelque autre corps sup้rieur. Et il dit que le Soleil suffit เ lui seul เ produire une chaleur ardente chez ces corps inf้rieurs ; en effet, la chaleur qui est cr้้e par d’autres corps c้lestes est quasiment imperceptible au regard de celle qui est cr้้e par le Soleil. La raison en est que le mouvement qui cause une forte chaleur doit ๊tre rapide et proche de nous. Or le mouvement des astres fixes aussi bien que celui des cinq qui errent au-dessus du Soleil, selon l’opinion d’Aristote, เ savoir Saturne, Jupiter, Mars, V้nus et Mercure, est certes rapide, mais tr่s ้loign้ de nous ; le mouvement de la Lune, bien que proche, est pourtant lent ; celui du Soleil poss่de les deux caract้ristiques de fa็on suffisante pour causer la chaleur chez ces inf้rieurs, เ savoir la rapidit้ et la proximit้.

Ce qu’il dit ici de la rapidit้ du mouvement du Soleil doit ๊tre rapport้ au mouvement qui se fait selon la translation diurne, non aux mouvements propres des ้toiles. Car il est ้vident que tous les astres parcourent le mouvement diurne pendant la m๊me dur้e : plus un des corps c้lestes est proche du centre, plus la circonf้rence qu’il parcourt est petite, si bien qu’il se meut plus lentement. Selon les mouvements propres, la Lune se meut tr่s rapidement.

[80098] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 7 Tertio ibi: fieri autem magis etc., assignat causam quare magis generatur calor ex motu ipsius solaris corporis, quam ex motu sphaerae eius. Et dicit quod rationabile est quod caliditas fiat magis cum ipso solari corpore. Et huius simile possumus sumere ex his quae sunt apud nos: quia etiam hic, aer vicinus rebus spissis quae feruntur per violentiam, maxime fit calidus. Et hoc accidit etiam rationabiliter: quia maxime motus corporis solidi disgregat aerem; unde cum ipsum corpus solare sit magis solidum quam ceterae partes sphaerae ipsius, cum non sit diaphanum, magis ex motu eius generatur calor, quam ex motu sphaerae eius. Sic igitur propter causam istam caliditas a sole pertingit ad locum istum, quamvis sol non sit calidus. Nec huic causae impedimentum praestat quod luna est inter solem et nos, quae calefieri non potest: quia licet non calefiat a sole, aliquo tamen modo immutatur ab eo, videmus enim quod illuminatur ab eo; non semper autem eadem specie immutationis immutatur medium et extremum, sicut radius solis non inflammat vas vitreum plenum aqua, sed stupam oppositam. Apparet etiam ratio quare, ubi est umbra, non est tantus calor quantus est in loco ubi radii solares proiiciuntur: quia scilicet umbra causatur ex aliquo corpore opposito soli, quod interrumpit continuationem transmutationis quae est a sole; sed actio solis pertingit ad locum umbrae per quandam reflexionem.

Nec tamen putandum est quod motus solis, inquantum est motus tantum, causet calorem: sed inquantum est motus talis corporis, in sua natura habentis virtutem calefaciendi. Omnes enim formae corporum inferiorum reducuntur in corpora caelestia sicut in quaedam principia: et inde est quod diversa corpora caelestia diversos effectus in rebus corporalibus habent, non solum secundum calidum, sed etiam secundum alias passiones et formas.

35. Troisi่mement, lเ : il est logique que, etc., il donne la raison pour laquelle la chaleur est engendr้e par le mouvement du corps solaire m๊me plut๔t que par celui de sa sph่re. Et il dit qu’il est logique de penser que la chaleur est plut๔t produite avec le corps solaire m๊me. Et nous pouvons prendre un exemple de ce ph้nom่ne chez ce qui se trouve chez nous : en effet, ici aussi c’est l’air proche des choses compactes mues par la force qui devient le plus chaud. Et il est ้galement logique que cela se produise, puisque c’est surtout le mouvement du corps solide qui d้sagr่ge l’air ; de ce fait, comme le corps solaire lui-m๊me est plus solide que toutes les autres parties de sa sph่re m๊me, puisqu’il n’est pas diaphane, la chaleur est engendr้e par son mouvement, plut๔t que par celui de sa sph่re. Ainsi donc, c’est pour cette raison que la chaleur quitte le Soleil pour atteindre ce lieu, bien qu’il ne soit pas chaud.

Et le fait que la Lune se trouve entre le Soleil et nous ne fait pas obstacle เ ce raisonnement, puisqu’elle ne peut ๊tre r้chauff้e : en effet, bien qu’elle ne soit pas r้chauff้e par le Soleil, elle est cependant transform้e de quelque mani่re par lui, car nous voyons qu’elle est ้clair้e par lui ; son centre et son extr้mit้ ne sont pas toujours transform้s de la m๊me fa็on, de m๊me qu’un rayon de Soleil n’enflamme pas un vase en verre rempli d’eau, mais l’้toupe เ l’oppos้. Est aussi ้vidente la raison pour laquelle, lเ o๙ il y a de l’ombre, il n’y a pas autant de chaleur aussi forte qu’เ l’endroit o๙ les rayons du Soleil sont projet้s, c’est-เ-dire que l’ombre est caus้e par un corps oppos้ au Soleil, qui interrompt la continuit้ de la transformation qui provient du Soleil ; mais l’action de ce dernier atteint le lieu o๙ se trouve l’ombre par r้flexion.

Et pourtant il ne faut pas penser que le mouvement du Soleil, en tant que mouvement seul, cause la chaleur, mais en tant que mouvement d’un tel corps, poss้dant naturellement la capacit้ de r้chauffer. Car toutes les formes des corps inf้rieurs sont ramen้es aux corps c้lestes comme เ des principes ; et de lเ vient que diff้rents corps c้lestes produisent diff้rents effets sur les choses corporelles, non seulement en ce qui concerne la chaleur, mais aussi les autres affections et formes.

[80099] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 8 Deinde cum dicit: et quia ambiens etc., ponit propriam causam caliditatis generatae ex motu solis: quae tamen non est universalis, sed particularis. Unde dicit quod frequenter ignis qui ambit inferiores partes mundi, ex motu corporis caelestis, fertur quadam violentiam deorsum, et spargitur per aerem: quia, sicut supra dictum est, superior pars aeris et ignis quendam fluxum habet ex motu caeli.

36. Ensuite, quand il dit : et aussi parce que, etc., il donne la raison sp้cifique qui fait que la chaleur est engendr้e par le mouvement du Soleil, laquelle n’est pourtant pas universelle, mais particuli่re. De ce fait, il dit que le feu qui entoure les parties inf้rieures du monde est fr้quemment entra๎n้ vers le bas avec force par le mouvement du corps c้leste et dispers้ dans l’air : car, comme on l’a dit ci-dessus, la partie sup้rieure de l’air et du feu a une sorte de flux เ cause du mouvement du ciel.

[80100] Super Meteora, lib. 1 cap. 5 n. 9 Deinde cum dicit: signum autem sufficiens etc., manifestat quod quaestio supponebat, scilicet quod corpora caelestia non sunt calida aut ignita: et hoc per duo signa. Primum est quia ibi non apparent discursus astrorum quae videntur cadentia, quae ex ignitione generantur in inferiori loco: quod non esset si corpora caelestia essent calida aut ignita; quia ubi est motus maior et velocior, ibi citius aliquid ignitur. Secundum signum est quod sol, qui maxime videtur esse calidus ex effectu, videtur coloris albi et non ignei.

37. Ensuite, quand il dit : une preuve suffisante, etc., il d้montre ce que la question supposait, เ savoir que les corps c้lestes ne sont pas chauds ou en feu : et cela grโce เ deux preuves. La premi่re est qu’ici n’apparaissent pas les pluies d’astres qui semblent tomber et qui sont engendr้es par inflammation dans un lieu inf้rieur, ce qui ne serait pas le cas si les corps c้lestes ้taient chauds ou en feu, ้tant donn้ que lเ o๙ le mouvement est plus grand et plus rapide, un objet s’enflamme plus vite. La seconde preuve est que le Soleil, qui para๎t ๊tre effectivement le plus chaud, semble de couleur blanche et non ign้e.

 

 

Caput 6

Chapitre 6 – [Les corps c้lestes, com่tes et galaxies]

[80101] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 1 Positis his quae ad manifestationem sequentium philosophus induxerat, incipit primo determinare de his quae in alto ex materia sicca generantur; secundo de his quae generantur ex materia humida in alto, ibi: de loco autem positione et cetera.

Prima dividitur in tres: primo determinat de stellis cadentibus, et his quae similem habent causam; secundo determinat de cometis, ibi: de cometis autem etc.; tertio de lacteo circulo, qui dicitur Galaxia, ibi: qualiter autem et propter quam causam et cetera.

Circa primum duo facit: primo enim determinat de stellis cadentibus et aliis huiusmodi; secundo determinat de quibusdam aliis apparitionibus quae in aere videntur, ibi: apparent autem aliquando nocte et cetera.

Circa primum duo facit. Primo dicit de quo est intentio. Et dicit quod post determinationem praedictorum, dicendum est propter quam causam apparent in caelo flammae accensae, et sidera discurrentia, et vocati a quibusdam dali, idest titiones, et aeges, idest caprae. Ideo autem dicendum est simul de omnibus istis, quia omnia huiusmodi sunt idem secundum speciem, et secundum eandem causam fiunt; sed differunt per magis et minus, ut infra patebit.

38. Apr่s avoir ้tabli ce qu’il avait introduit pour montrer ce qui suit, le philosophe commence premi่rement par d้terminer au sujet des choses engendr้es en haut เ partir d’une mati่re s่che ; deuxi่mement au sujet des choses engendr้es en haut เ partir d’une mati่re humide, lเ : เ propos du lieu, etc.

La premi่re partie se divise en trois : il d้termine premi่rement au sujet des ้toiles filantes et des ph้nom่nes qui ont les m๊mes causes qu’elles ; il d้termine deuxi่mement au sujet des com่tes, lเ : เ propos des com่tes, etc. ; troisi่mement de la Voie Lact้e, appel้e ซ Galaxie ป, lเ : de quelle mani่re et pour quelle raison, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : en effet, il d้termine premi่rement au sujet des ้toiles filantes et autres corps de ce genre ; deuxi่mement, il d้termine au sujet de certains autres ph้nom่nes que l’on voit dans l’air, lเ : apparaissent parfois de nuit, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il dit quelle est son intention. Et il d้clare qu’apr่s la d้termination de ce qui pr้c่de, il faut dire pour quelle raison apparaissent dans le ciel des flammes ardentes, des ้toiles filantes et ce que certains appellent dali, c’est-เ-dire torches, et aeges, c’est-เ-dire ch่vres. Il faut parler en m๊me temps de tous ces ph้nom่nes, parce qu’ils sont tous identiques en esp่ce et se produisent suivant la m๊me cause ; mais ils diff่rent en degr้, comme on le verra ci-dessous.

[80102] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 2 Secundo ibi: principium autem et horum etc., determinat propositum.

Et circa hoc duo facit. Primo praemittit causas generationis praedictorum. Et dicit quod principium praedictarum passionum et multarum aliarum, tam activum quam materiale, est quod dicetur. Cum enim terra calefacta fuerit per motum solis, oportet aliquam exhalationem resolvi a terra. Quae non est uniusmodi, ut quidam putant, sed est duplex: quaedam enim est magis vaporosa et humida, quaedam vero est magis spumosa et sicca: nam ab humido aqueo quod est super terram, resolvitur et elevatur vaporosa exhalatio et humida; ab ipsa autem terra, quae est siccae naturae, elevatur exhalatio fumosa sive spumosa. Harum autem exhalationum, spumosa quidem supereminet propter calidum, quod in ea dominatur et magis ipsam subtiliat: siccum enim et calidum leve est, et talis est ignis natura. Vaporosa autem exhalatio, quae est magis humida, subest spumosae propter pondus, non enim ita rarefit: calidum enim et humidum pertinent ad naturam aeris, qui subest igni calido et sicco existenti.

Et huic attestatur ordo elementorum quae sunt circa terram. Nam sub circulari motu caeli primo est locatum id quod est calidum et siccum, quod communiter dicitur ignis, licet non sit nomen proprium, ut supra dictum est: quia enim id quod est commune omni fumosae exhalationi, est innominatum, et quod tale est maxime natum est exuri, propter hoc sic necessarium fuit uti nominibus, ut talis fumosa exhalatio ignis diceretur. Sub fumosa autem exhalatione est aer. Sic ergo posita est causa et effectiva praedictarum passionum, quae est latio solis, et causa materialis, quae est fumosa exhalatio.

39. Deuxi่mement, lเ : voici le principe de ces ph้nom่nes, etc., il d้termine la proposition.

Et concernant ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il avance les causes de la g้n้ration des ph้nom่nes mentionn้s. Et il dit que le principe des accidents mentionn้s et de nombreux autres, aussi bien actif que mat้riel, est le suivant. En effet, comme la terre a ้t้ r้chauff้e par le mouvement du Soleil, il faut qu’une exhalaison se d้gage de la terre. Et celle-ci n’est pas uniforme, comme certains le pensent, mais double : car l’une est plus vaporeuse et humide, et l’autre plus ้cumeuse et s่che ; en effet, une exhalaison vaporeuse et humide se d้gage et monte de l’humidit้ aqueuse qui est sur la terre ; une exhalaison fumeuse ou ้cumeuse s’้l่ve de la terre m๊me, qui est d’une nature s่che. Parmi ces exhalaisons, l’้cumeuse s’้l่ve au-dessus de l’autre en raison de la chaleur qui domine en elle et qui la rend plus subtile ; car ce qui est sec et chaud est l้ger, et telle est la nature du feu. L’exhalaison vaporeuse, qui est plus humide, se place sous l’้cumeuse เ cause de son poids, car elle ne se rar้fie pas เ ce point : en effet, le chaud et l’humide caract้risent la nature de l’air, qui est plac้ sous le feu, qui est chaud et sec.

En atteste l’ordre des ้l้ments qui entourent la terre. Car sous le mouvement circulaire du ciel est plac้ en premier lieu ce qui est chaud et sec, appel้ commun้ment ซ feu ป, bien que ce ne soit pas le nom appropri้, comme on l’a dit ci-dessus : en effet, puisque ce qui est commun เ toute exhalaison fumeuse n’a pas de nom et que ce qui est ainsi est par nature destin้ au plus haut point เ br๛ler, il ้tait n้cessaire d’utiliser des noms, si bien qu’une telle exhalaison fumeuse a ้t้ appel้e ซ feu ป. Sous l’exhalaison fumeuse se trouve l’air. Ainsi donc, on a ้tabli et la cause effective des accidents d้jเ mentionn้s, qui est la translation du Soleil, et la cause mat้rielle, qui est l’exhalaison fumeuse.

[80103] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 3 Secundo ibi: oportet autem intelligere etc., determinat de generatione praedictarum passionum.

Et circa hoc duo facit: primo assignat rationem generationis harum passionum; secundo assignat rationem quorundam accidentium circa ipsas, ibi: propter positionem et cetera.

Circa primum tria facit: primo assignat causam praedictarum passionum in communi; secundo assignat differentiam earum adinvicem, ibi: quacumque igitur se habeat maxime etc.; tertio movet dubitationem circa determinata, ibi: dubitabit utique quis et cetera.

Dicit ergo primo quod, secundum praedicta, oportet intelligere hoc quod nunc diximus ignem, scilicet fumosam exhalationem, esse ut quoddam hyppeccauma, idest quandam materiam incendii; et quod ordinatur in rotunditate quae est circa terram ultimo (incipiendo scilicet a terra); ita quod propter propinquitatem ad motum caelestem, saepe exuratur, sortiens augmentum caloris, modico motu, idest cum parum movetur ex motu superioris corporis; sicut accidit de fumo, dum incenditur et fit flamma: nihil enim est aliud flamma quam ardor spiritus, idest fumi, sicci. Ipsa ergo flammatio praedicti hypeccaumatis, communiter loquendo, est generatio praedictarum passionum, ex appropinquatione materiae praeparatae causae efficienti.

40. Deuxi่mement lเ : il faut maintenant comprendre, etc., il d้termine au sujet de la g้n้ration des accidents d้jเ mentionn้s.

Et sur ce point il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il avance la raison de la g้n้ration de ces accidents ; deuxi่mement, il donne la raison de ceux qui arrivent autour d’eux, lเ : en raison de la position, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il avance la cause commune des accidents mentionn้s ; deuxi่mement il pr้sente la diff้rence qui se trouve entre les uns et les autres, lเ : donc, lเ o๙ une telle substance rencontre, etc. ; troisi่mement, il soul่ve une question sur les points qui ont ้t้ d้termin้s, lเ : on se demandera, etc.

Il dit donc premi่rement que, selon les propos tenus, il faut comprendre que ce que nous venons d’appeler ซ feu ป, เ savoir l’exhalaison fumeuse, est une sorte d’hyppeccauma, c’est-เ-dire de combustible, qui est dispos้ sur la sph่re qui entoure la terre en dernier lieu (c’est-เ-dire en partant de la terre) ; par cons้quent, en raison de sa proximit้ avec le mouvement c้leste, il br๛le souvent, obtenant une plus forte chaleur, avec un mouvement mod้r้, c’est-เ-dire lorsqu’il se meut un peu sous l’effet du mouvement du corps sup้rieur, comme il arrive เ la fum้e quand elle br๛le et devient une flamme ; en effet, une flamme n’est rien d’autre que l’ardeur d’un souffle - autrement dit de la fum้e - sec. Donc l’embrasement m๊me de l’hyppeccauma susdit, pour parler commun้ment, g้n่re les accidents dont il a ้t้ question, lorsque la mati่re pr้par้e s’approche de la cause efficiente.

[80104] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 4 Deinde cum dicit: quacumque igitur se habeat maxime etc., assignat differentiam praedictarum passionum.

Et circa hoc duo facit. Primo ostendit unde sit accipienda differentia. Et dicit quod ex qua parte se habet praedicta materia (quocumque modo se habeat talis consistentia, idest praedicta materia incendii) optime disposita ad hoc quod igniatur, tali modo exuritur, quando fuerit mota per calefactionem a circulari motu caeli: et differt passio exignita secundum positionem praedictae materiae et multitudinem.

41. Ensuite, quand il dit : donc, lเ o๙ une telle substance rencontre, il pr้sente la diff้rence entre les accidents mentionn้s.

Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il montre comment il faut comprendre cette diff้rence. Et il dit que, dans la mesure o๙ la mati่re en question (quelle que soit une telle consistance, c’est-เ-dire la mati่re de ladite combustion) est dans les meilleures dispositions pour prendre feu, elle br๛le d’une telle mani่re, quand elle a ้t้ mue par le r้chauffement d๛ au mouvement circulaire du ciel ; et cet accident de combustion diff่re selon la position de la mati่re en question et selon sa quantit้.

[80105] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 5 Secundo ibi: si quidem enim etc., assignat differentiam praedictarum passionum. Et dicit quod si praedicta materia habeat magnam latitudinem et longitudinem, videtur esse quaedam flamma accensa in caelo, sicut cum stipula ardet in area. Si vero non habeat multum in latitudine, sed solum in longitudine, generantur et apparent illic dali, idest titiones, et aeges, idest caprae, et sidera discurrentia. Quia si praedicta materia fuerit plus secundum longitudinem quam latitudinem, et quando simul dum comburitur, ignis scintillat, idest videtur salire et discurrere quasi aeges, idest sicut caprae (quod quidem fit propter hoc quod incipit igniri non tota materia simul, sed secundum aliquas parvas partes, incipiens ex aliquo principio illius materiae): quando inquam hoc fit, tunc vocatur aeges, idest capra.

Sed quando fit incensio praedictae materiae sine praedicta passione, idest sine scintillatione, eo quod materia tota accenditur simul, tunc vocatur dalus, idest titio. Sed quando exhalatio non fuerit continua, sed frequens et dispersa per modicas partes et multis modis, tam secundum longitudinem quam secundum latitudinem, quam etiam secundum profunditatem, tunc fiunt sidera quae putantur volare: eo quod illa materia cito consumitur, et desinit esse ibi ubi prius accensa fuerat, sicut accidit de stuppa, si modicum de ea per longitudinem disponatur et accendatur: currit enim combustio, et videtur similis esse motui alicuius corporis ignei. Sic igitur patet quod plurimum habet de materia flamma accensa; mediocriter (propter quod vocantur) titiones et caprae; minimum autem stellae discurrentes, et propter hoc frequentius apparent.

42. Deuxi่mement, lเ : en effet, si, etc., il pr้sente la diff้rence entre les accidents mentionn้s. Et il dit que, si la mati่re mentionn้e a une grande largeur et une grande longueur, elle semble ๊tre une flamme qui s’embrase dans le ciel, เ l’image du chaume br๛lant sur une aire. Si elle n’a pas beaucoup de largeur, mais seulement de la longueur, des dali, c’est-เ-dire des torches, des aeges, c’est-เ-dire des ch่vres, et des ้toiles vagabondes sont engendr้s et apparaissent เ cet endroit. En effet, si la mati่re en question s’้tend plus en longueur qu’en largeur, quand le feu scintille tout en se consumant, c’est-เ-dire qu’il semble bondir et vagabonder comme des aeges, c’est-เ-dire เ la mani่re des ch่vres (cela se produit parce que la mati่re ne commence pas เ br๛ler tout enti่re en m๊me temps, mais par parcelles, d้butant par une extr้mit้ de la mati่re) ; quand, dis-je, cela arrive, alors on l’appelle aeges, c’est-เ-dire ch่vre.

Mais lorsque l’embrasement de la mati่re en question se fait sans ledit accident, c’est-เ-dire sans ้tincelle, du fait que la mati่re tout enti่re prend feu, alors on l’appelle dalus, c’est-เ-dire torche. Mais quand l’exhalaison n’est pas continue, mais qu’elle repr้sente de grandes quantit้s dispers้es en parcelles et cela de multiples mani่res, en longueur aussi bien qu’en largeur et aussi en profondeur, alors naissent des ้toiles qui ont l’air de voler : car cette mati่re se consume rapidement et elle cesse d’๊tre lเ o๙ elle avait auparavant pris feu, comme il arrive เ la paille, si on en dispose un peu en longueur et qu’elle prend feu ; en effet, la combustion court et semble ๊tre pareille au mouvement d’un corps en feu. Ainsi donc, il est ้vident que la flamme allum้e a une tr่s grande quantit้ de mati่re, que les torches et les ch่vres en ont peu (ce qui explique leur nom) et les ้toiles filantes, tr่s peu, et c’est pourquoi elles apparaissent plus souvent.

[80106] Super Meteora, lib. 1 cap. 6 n. 6 Sed quia sidera volantia habent aliam causam suae generationis, ideo subiungit quod aliquando exhalatio exusta a motu solis generat ea; aliquando autem, inspissato aere propter frigus, illud quod est ibi calidum, inspissatum extruditur inferius et separatur a frigido; et propter hoc illud inspissatum ignitur, et videtur stella cadens. Propter quod et motus siderum sic cadentium non assimilatur exustioni, sed magis proiectioni.

43. Mais puisque les ้toiles filantes sont engendr้es pour une autre raison, il ajoute que l’exhalaison br๛l้e เ cause du mouvement du Soleil les engendre parfois ; mais que, เ d’autres occasions, lorsque l’air s’est ้paissi เ cause du froid, ce qui est chaud เ cet endroit, une fois ้paissi, est expuls้ plus bas et s้par้ du froid ; et c’est pourquoi cet air ้paissi prend feu et semble ๊tre une ้toile filante. C’est pour cette raison que le mouvement des ้toiles tombant ainsi ne ressemble pas เ une combustion, mais plut๔t เ une projection.

 

 

Caput 7

Chapitre 7 – [Les ้toiles filantes]

[80107] Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 1 Quia assignavit duas causas generationis siderum discurrentium, hic movet quandam dubitationem circa ea.

Et circa hoc duo facit. Primo movet dubitationem: quae est utrum discursus siderum currentium fiat hoc modo, sicut cum fumosa exhalatio inferioris candelae incenditur a flamma superioris candelae vel lucernae (tunc enim videtur ignis descendere cum mirabili velocitate, et videtur proiectio unius et eiusdem ignis, et non videtur quod ignis fiat in alio et alio corpore); aut secundum veritatem discursus siderum cadentium sunt proiectiones alicuius eiusdem corporis cadentis.

44. Puisqu’il a pr้sent้ les deux causes de la g้n้ration des ้toiles filantes, il pose ici une question เ leur propos.

Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il pose la question, qui est si la course errante des ้toiles filantes se fait de la mani่re dont l’exhalaison fumeuse d’une chandelle plac้e dessous est allum้e par la flamme d’une chandelle ou d’une lampe plac้e dessus (en effet, le feu semble alors descendre เ une vitesse remarquable et para๎t la projection d’un seul et m๊me feu, et il ne semble pas que le feu se produise dans deux corps diff้rents), ou bien si les courses de ces ้toiles en chute sont en v้rit้ les projections d’un m๊me corps en chute.

[80108] Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 2 Secundo ibi: videtur itaque etc., solvit propositam dubitationem.

Et circa hoc duo facit. Primo dicit quod propter utramque causam videtur esse discursus siderum cadentium. Quandoque enim sic fit talis discursus per continuam ignitionem materiae, sicut dictum est de fumo lucernarum: quandoque autem aliqua ignita proiiciuntur, propter hoc quod expelluntur a superiori frigore, sicut cum aliqua cadunt expulsa ex digitis, ut nux cerasii. Unde et in terram et in mare videntur cadentia, et hoc tam in die quam in nocte, serenitate existente. Dicit autem de die, et non solum per noctem, quia huiusmodi ignis cadens, nisi appropinquaret terrae per motum, non appareret de die. Dicit autem serenitate existente, quia tempore nebuloso talis ignis ab humiditate nubium et aeris extingueretur. Sed licet ista quae cadunt expulsa sint ignita, et ita, ut videtur, deberent esse levia et ascendere, tamen deorsum iaciuntur, quia coagulatio frigoris impellens ea inclinat deorsum. Et propter hanc causam fulmina cadunt deorsum, licet sint ignita: quia generatio omnium horum sic cadentium non est per exustionem ab aliquo calido igniente, sed per separationem ab aliquo frigido expellente; quia omne calidum secundum naturam habet ferri sursum.

45. Deuxi่mement, lเ : les deux semblent, etc., il r้sout la question propos้e.

Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Il dit premi่rement que la course des ้toiles filantes semble avoir les deux causes. En effet, tant๔t une telle course se produit de cette mani่re par combustion permanente de la mati่re, comme on l’a dit เ propos de la fum้e des lampes ; tant๔t quelques-unes sont projet้es en feu, parce qu’elles sont expuls้es par le froid situ้ au-dessus, de m๊me que des objets press้s par les doigts tombent, comme les noyaux de cerise. De ce fait, on les voit tomber vers la terre et vers la mer, et cela aussi bien de jour que de nuit, si le ciel est serein. Il dit de jour, et non seulement la nuit, puisqu’un feu tombant de ce genre n’appara๎t pas de jour, เ moins de s’approcher de la terre par un mouvement. Il dit si le ciel est serein, puisque, par un temps nuageux, un tel feu serait ้teint par l’humidit้ des nuages et de l’air. Mais bien que les choses qui tombent apr่s avoir ้t้ expuls้es soient en feu, et, เ ce qu’il para๎t, doivent ๊tre l้g่res et monter, elles sont pourtant jet้es vers le bas, puisque la densification du froid qui les pousse les incline vers le bas. Et c’est pour cette raison que la foudre tombe vers le bas, bien qu’elle soit en feu ; en effet, ce qui engendre tous ces ph้nom่nes tombant ainsi n’est pas la combustion par un autre corps chaud, mais la s้paration d’un corps froid sous l’effet d’une expulsion, ้tant donn้ que tout corps chaud est de nature เ ๊tre entra๎n้ vers le haut.

[80109] Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 3 Secundo ibi: quaecumque quidem igitur etc., assignat differentiam inter discursus siderum ex duabus causis provenientes. Et dicit quod quaecumque siderum discurrentium magis generantur in supremo loco, fiunt per adustionem exhalationis: quaecumque vero demissius generantur, fiunt propter hoc quod humidior exhalatio concernitur, idest inspissatur, et infrigidatur. Haec enim humida exhalatio congregata deorsum tendens, impellit et quasi proiicit calidum deorsum, cum aliqua materia inspissata.

46. Deuxi่mement, lเ : donc tous les ph้nom่nes, etc., il pr้sente la diff้rence qui se trouve entre les courses des ้toiles issues de deux causes. Et il dit que toutes les ้toiles filantes qui sont plut๔t engendr้es dans le lieu le plus ้lev้ se forment sous l’effet de la combustion de l’exhalaison ; mais que toutes celles qui sont engendr้es plus bas se produisent parce qu’une exhalaison plus humide se m๊le, c’est-เ-dire s’้paissit et se refroidit. En effet, apr่s que cette exhalaison humide s’est assembl้e et qu’elle a tendu vers le bas, elle pousse le chaud et le projette, pour ainsi dire, vers le bas, avec quelque mati่re condens้e.

[80110] Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 4 Deinde cum dicit: propter positionem etc., assignat rationem quorundam accidentium circa praedicta.

Et circa hoc duo facit: primo assignat rationem de modo motus huiusmodi astrorum cadentium, secundum dispositionem ipsorum; secundo determinat locum generationis eorum, ibi: omnia autem haec sub luna et cetera.

Dicit ergo primo quod secundum diversam positionem exhalationis in latitudine et profunditate, secundum hoc diversimode fertur stella cadens, aut sursum aut deorsum aut ad latus expulsionis a frigore. Quia si materia frigida inspissata expellens fuerit adunata sursum, stella cadens per expulsionem fertur deorsum; si autem fuerit adunata inferius, fertur sursum; cum autem ex neutra parte adunatur, tunc fertur ad latus, quasi oblique et in diametrum. Et hoc pluries evenit: quia calidum expulsum fertur duabus lationibus; naturaliter enim, inquantum est calidum, fertur sursum, sed per violentiam expulsionis fertur deorsum; omnia autem talia, quorum motus sic compositi sunt, feruntur secundum diametrum, idest oblique, quia talis motus est quasi medius inter ascensum et descensum. Et ideo motus discurrentium siderum ut plurimum fit obliquus.

His autem dictis, epilogat quae dicta sunt. Et dicit quod omnium praedictorum causa materialis est exhalatio: causa autem movens est duplex; quandoque quidem motus superioris corporis, quandoque autem condensatio aeris inspissati ex frigore, et ex hoc expellentis calidum.

47. Ensuite quand il dit : c’est เ cause de la position, etc., il pr้sente la raison de certains accidents เ propos de ce qui a ้t้ dit.

Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne la raison pour laquelle les astres de ce genre tombent selon leur disposition ; deuxi่mement, il d้termine le lieu o๙ ils sont engendr้s, lเ : tous ces ph้nom่nes se produisent sous la Lune, etc.

Il dit donc premi่rement que c’est selon les diff้rentes positions de l’exhalaison en largeur et en profondeur que l’้toile filante est entra๎n้e de diff้rentes fa็ons, soit vers le haut, soit vers le bas, soit vers le c๔t้ de son expulsion par le froid. En effet, si la mati่re froide condens้e qui l’expulse s’est amass้e en haut, l’้toile filante est entra๎n้e vers le bas par l’expulsion ; mais si elle s’est amass้e plus bas, elle est entra๎n้e vers le haut ; mais lorsqu’elle ne s’est amass้e ni en haut, ni en bas, elle est alors entra๎n้e sur le c๔t้, de fa็on quasiment oblique et en diagonale. Et cela se produit assez souvent, puisque le chaud expuls้ est entra๎n้ par une double translation ; en effet, par nature, dans la mesure o๙ il est chaud, il est entra๎n้ vers le haut, mais, เ cause de la violence de l’expulsion, il est entra๎n้ vers le bas ; tous les corps de ce genre, dont les mouvements sont ainsi compos้s, sont entra๎n้s selon le diam่tre, c’est-เ-dire obliquement, puisqu’un tel mouvement est pour ainsi dire l’interm้diaire entre l’ascension et la descente. Et c’est pourquoi le mouvement des ้toiles filantes est le plus souvent oblique.

Apr่s avoir tenu ces propos, il tire une conclusion sur ce qu’il avait dit. Et il d้clare que la cause mat้rielle de tous les ph้nom่nes susdits est l’exhalaison ; mais que leur cause motrice est double ; tant๔t le mouvement du corps sup้rieur, tant๔t la condensation de l’air ้paissi par le froid, qui en expulse le chaud.

[80111] Super Meteora, lib. 1 cap. 7 n. 5 Deinde cum dicit: omnia autem haec sub luna etc., determinat locum generationis praedictorum. Et dicit quod omnia praedicta generantur sub luna. Cuius signum est quod apparent nobis valde velociter moveri, sicut illa quae proiiciuntur a nobis, utpote sagittae et alia huiusmodi, quae propter propinquitatem ad nos videntur excedere velocitatem astrorum et solis et lunae; quamvis manifestum sit quod, secundum rei veritatem, superiora corpora multo velocius moventur quam aliquid quod sit hic.

48. Ensuite, quand il dit : tous ces ph้nom่nes se produisent sous la Lune, etc., il d้termine le lieu de la g้n้ration des ph้nom่nes susnomm้s. Et il dit que tous ceux-lเ sont engendr้s sous la Lune. La preuve en est qu’ils nous semblent se mouvoir tr่s rapidement, comme les choses qui sont lanc้es par nous, telles que les fl่ches et autres projectiles de ce genre, qui, en raison de leur proximit้ avec nous, paraissent d้passer en v้locit้ les astres, le Soleil et la Lune, bien qu’il soit ้vident que, en v้rit้, les corps sup้rieurs se meuvent beaucoup plus vite qu’un objet qui est ici.

 

 

Caput 8

Chapitre 8 – [Les ph้nom่nes c้lestes lumineux]

[80112] Super Meteora, lib. 1 cap. 8 n. 1 Postquam philosophus assignavit causam accensionum quae videntur moveri in aere, hic assignat causam quorundam aliorum nocte apparentium.

Et circa hoc duo facit. Primo proponit illa quorum causas assignare intendit. Et dicit quod aliquando apparent in nocte, cum fuerit serenitas, phantasmata, idest apparitiones, in caelo; sicut hiatus, idest quaedam aperturae, ac si caelum esset apertum, et bothyni, idest voragines, quasi profundae aperturae, et etiam sanguinei colores.

49. Apr่s que le philosophe a donn้ la cause des feux que l’on voit se mouvoir dans l’air, il expose ici celle de certains autres ph้nom่nes qui apparaissent la nuit.

Et sur ce point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il propose ce dont il a l’intention de pr้senter les causes. Et il dit que l’on voit parfois dans la nuit, quand il fait beau, des phantasmata, c’est-เ-dire des apparitions, dans le ciel, telles que des hiatus, c’est-เ-dire des ouvertures, m๊me si le ciel est ouvert, des bothyni, c’est-เ-dire des gouffres, comme de profondes ouvertures, et aussi des couleurs sanglantes.

[80113] Super Meteora, lib. 1 cap. 8 n. 2 Secundo ibi: causa autem et in his etc., assignat causas horum.

Et circa hoc duo facit: primo assignat causam quare appareant praedicta; secundo quare multa alia fiunt quae non apparent, ibi: omnino autem in nigro album et cetera.

Circa primum duo facit: primo assignat causam colorum; secundo assignat causam hiatus et voraginis, ibi: hiatus autem et cetera.

Dicit ergo primo quod eadem causa est in his apparitionibus, quae etiam est ignitionum de quibus supra dictum est. Cum enim manifestum sit quod aer superior (quem supra dixit hypeccauma) sic disponitur quod in eo fiat ignitio; quae quidem aliquando talis est ut videatur ardere flamma, quandoque autem taliter fit ignitio ut videantur ferri titiones et sidera; nullum est inconveniens, cum incensiones fiant in aere multiformes, quod ille aer superior coloratus appareat omni genere colorum.

Duobus enim modis contingit quod aer aliquatenus inspissatus omnes modos colorum repraesentet: uno modo quando aliquod minus lumen, quod non sufficit totaliter illuminare, transparet per aliquem fumum aut vaporem spissiorem; alio modo quando fit repercussio luminis ad aliquem aerem aliquatenus inspissatum. Sed maxime ex istis duabus causis apparent in aere color puniceus et purpureus, idest rubeus et subrubeus: quia maxime hi colores apparent ex aliquo igneo et albo mixtis nigro.

Quae quidem mixtio potest fieri secundum duas supradictas causas: scilicet secundum superappositiones (quod supra dixit transparentiam minoris luminis per aliquod spissius), sicut sol et luna et alia astra apparent punicea in ortu et occasu et quasi subrubea, quando eorum lumen non est perfectum. Sed hoc dico si fuerit calor: quia quando est frigus, vapores sunt condensati, et magis obscurant lumen astrorum orientium vel occidentium, ut transparere non possit; quando autem est calor, exhalationes sunt rariores, et sic per eas lumen astrorum transparere potest. Et similiter si astra videantur mediante fumo, videntur talis coloris.

Et secundum etiam aliam praedictam causam fit praedicta mixtio, scilicet per refractionem; cum illud ad quod fit refractio luminis (quod hic speculum dicit), sive sit nubes aquosa sive aliquid huiusmodi, fuerit tale ut non repraesentet figuram, sed colorem. Haec autem exponet cum de iride agetur.

Assignat autem causam consequenter quare huiusmodi colores cito disparent et non multo tempore manent: quia scilicet causa apparitionis ipsorum est velox, idest cito pertransiens; aer enim non multo tempore manet similis, sed de facili ingrossatur vel subtiliatur.

50. Deuxi่mement, lเ : la cause en, etc., il donne leurs causes.

Et concernant cela, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne la raison pour laquelle les ph้nom่nes susdits apparaissent ; deuxi่mement, la raison pour laquelle beaucoup d’autres ph้nom่nes qui n’apparaissent pas se produisent, lเ : de fa็on g้n้rale, le blanc sur fond noir, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : il expose premi่rement la cause des couleurs ; deuxi่mement celle du hiatus et du gouffre, lเ : le hiatus, etc.

Il dit donc premi่rement que ces apparitions ont la m๊me cause, qui est aussi celle des embrasements dont il a ้t้ question ci-dessus. En effet, puisqu’il est manifeste que la couche sup้rieure de l’air (qu’il a nomm้e ci-dessus hypeccauma) est dispos้e de telle fa็on que s’y produit un embrasement, que ce dernier est parfois tel que tant๔t une flamme semble y br๛ler, tant๔t un embrasement s’y fait au point que des torches et des ้toiles semblent ๊tre entra๎n้es, il n’y a pas d’inconv้nient เ ce que cette couche sup้rieure de l’air paraisse teint้e de couleurs de toute sorte, ้tant donn้ que des feux polymorphes y naissent.

En effet, il arrive que l’air ้paissi jusqu’เ un certain point pr้sente toutes les sortes de lumi่re, de deux fa็ons : d’une part quand une lumi่re plus faible, qui ne suffit pas เ illuminer totalement, transpara๎t เ travers une fum้e ou une vapeur plus dense ; d’autre part lorsque la r้flexion de la lumi่re se produit sur l’air ้paissi jusqu’เ un certain point. Mais des couleurs vermeille et pourpre, c’est-เ-dire rouge vif et rouge fonc้, apparaissent dans l’air surtout pour ces deux raisons : parce que ce sont principalement ces couleurs qui naissent du flamboyant et du blanc m้lang้ au noir.

Et ce m้lange peut se produire pour les deux causes susdites, เ savoir par suraddition (ce qu’il a appel้ ci-dessus apparition d’une lumi่re plus faible เ travers un air plus ้paussi), de m๊me que le Soleil, la Lune et d’autres astres semblent rouge vif au lever et au coucher, et comme rouge fonc้, lorsque leur lumi่re n’est pas parfaite. Mais cela est valable s’il fait chaud, puisque quand il fait froid, les vapeurs sont condens้es et obscurcissent davantage la lumi่re des astres qui se l่vent ou qui se couchent, si bien qu’elle ne peut plus transpara๎tre ; mais quand il fait chaud, les exhalaisons sont moins denses, et la lumi่re des astres peut ainsi percer เ travers elles. Et de la m๊me mani่re si des astres apparaissent au centre de la fum้e, ils semblent de cette couleur.

Et le m้lange mentionn้ se produit suivant l’autre cause susdite, เ savoir par r้fraction, ้tant donn้ que ce sur quoi la lumi่re se r้fracte (qu’il appelle ici miroir), que ce soit un nuage charg้ de pluie ou quelque chose de ce genre, est tel qu’il ne repr้sente pas la forme, mais la couleur. Il l’expliquera quand il traitera de l’arc-en-ciel.

Par cons้quent, il donne la raison pour laquelle les couleurs de ce genre disparaissent et ne demeurent pas longtemps : la cause de leur apparition est rapide, c’est-เ-dire qu’elle passe vite ; en effet, l’air ne reste pas tr่s longtemps semblable, mais s’้paissit ou se rar้fie ais้ment.

[80114] Super Meteora, lib. 1 cap. 8 n. 3 Deinde cum dicit: hiatus autem etc., assignat causam hiatus et voraginis. Et dicit quod cum lumen quod apparet in aere, discontinuatur ex aliquo obscuro et nigro, quod scilicet est propter aliquem vaporem magis spissum, apparet quod sit aliqua profunditas et apertura in caelo. Et huius signum est quod, cum ille vapor qui interrumpit lumen, magis inspissatur, ex talibus hiatibus exeunt vel excidunt titiones ignei, quasi calido expulso a frigore vaporem inspissante. Sed quando ille vapor obscurus, discontinuans lumen, concretus et inspissatus fuerit magis, facit videri maiorem profunditatem, quia album superatur a nigro: cum autem fuerit e converso, tunc videtur solum hiatus vel apertura.

Patet ergo quod utraque apparitio, et colorum et hiatuum, habent similem causam, scilicet admixtionem adinvicem albi et nigri: sed color purpureus aut puniceus fit ex albo transparente per nigrum; hiatus autem et vorago ex nigro interrumpente album.

51. Ensuite, quand il dit : le hiatus, etc., il donne la cause du hiatus et du gouffre. Et il d้clare que, lorsque la lumi่re qui appara๎t dans l’air est travers้e par quelque chose d’obscur et de noir, caus้ par une vapeur plus ้paisse, on voit qu’il y a de la profondeur et une ouverture dans le ciel. Et la preuve en est que, lorsque cette vapeur qui interrompt la lumi่re est plus dense, des torches de feu sortent ou jaillissent de tels hiatus, comme si la chaleur expuls้e par le froid condensait la vapeur. Mais quand cette vapeur obscure, coupant la lumi่re, est devenue plus compacte et ้paisse, elle fait voir une plus grande profondeur, puisque le blanc est domin้ par le noir ; mais lorsque c’est le contraire, on voit alors seulement un hiatus ou une ouverture.

Il est donc ้vident que les deux apparitions, et de couleurs et de hiatus, ont une cause identique, เ savoir le m้lange du blanc et du noir ; mais la couleur rouge vif ou rouge fonc้ est cr้้e par le blanc transparaissant เ travers le noir ; quant au hiatus et au gouffre, ils le sont par le noir traversant le blanc.

[80115] Super Meteora, lib. 1 cap. 8 n. 4 Deinde cum dicit: omnino autem in nigro album etc., ostendit quod multa huiusmodi fiunt quae non apparent. Et dicit quod album coniunctum nigro multas facit differentias colorum; sicut apparet de flamma in fumo, quae facit diversos colores, secundum quod fumus fuerit densior vel rarior. Sed de die sol sua claritate prohibet huiusmodi colores apparere: de nocte vero non apparent nisi rubeus, quia alii colores, sicut viridis et alii obscuriores, sunt similes colori noctis, propter obscuritatem. Ultimo epilogat praedeterminata. Et dicit quod praedictas causas oportet existimare de astris discurrentibus et ignitis, et de aliis huiusmodi apparitionibus, quaecumque festinas faciunt phantasias, idest quaecumque pertranseuntes videntur absque magna mora temporis.

52. Ensuite quand il dit : de fa็on g้n้rale, le blanc sur fond noir, etc., il montre qu’il se produit beaucoup de ph้nom่nes de ce genre qui ne sont pas visibles. Et il dit que le blanc uni au noir cr้e de nombreuses variations de couleurs, comme la flamme dans la fum้e, qui cr้e diverses couleurs, selon que la fum้e est plus ou moins dense. Mais, de jour, le Soleil emp๊che par sa clart้ que des couleurs de ce genre n’apparaissent ; et, de nuit, aucune couleur n’appara๎t en dehors du rouge, puisque les autres couleurs, comme le vert et d’autres plus sombres, sont semblables เ la couleur de la nuit, en raison de l’obscurit้. Enfin, il conclut sur ce qu’il avait d้termin้ avant. Et il dit qu’il faut consid้rer ces causes en ce qui concerne les ้toiles filantes et en feu et les autres ph้nom่nes de ce genre, qui font de br่ves apparitions c’est-เ-dire qui semblent passer sans durer longtemps.

 

 

Caput 9

Chapitre 9 – [Les com่tes et la voie lact้e]

[80116] Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 1 Postquam philosophus determinavit de stellis cadentibus et similibus, hic determinat de cometis.

Et primo dicit de quo est intentio: dicens quod nunc dicendum est de cometis et lacteo circulo, hoc ordine servato circa utrumque, ut primo inferamus dubitationes, idest obiectiones, ad ea quae dicta sunt ab aliis, et postea determinemus quod nobis videtur.

Secundo ibi: Anaxagoras quidem igitur etc., prosequitur propositum ordine praemisso. Unde primo ponit opiniones aliorum de cometis; secundo determinat de eis secundum opinionem suam, ibi: quoniam autem de immanifestis et cetera. Prima dividitur in duas: in prima ponit opiniones; in secunda improbat eas, ibi: omnibus autem et cetera.

Prima dividitur in tres, secundum tres opiniones quas ponit.

53. Apr่s que le philosophe a d้termin้ au sujet des ้toiles filantes et ph้nom่nes semblables, il d้termine ici au sujet des com่tes.

Et il dit premi่rement quelle est son intention : il d้clare qu’il faut maintenant parler des com่tes et de la Voie lact้e, respectant cet ordre pour les unes et l’autre, afin de soulever d’abord des doutes, c’est-เ-dire des objections, sur ce qui a ้t้ dit par d’autres, et de d้terminer ensuite ce qui nous semble vrai.

Deuxi่mement, lเ : Anaxagore donc, etc., il expose la proposition suivant l’ordre annonc้. De ce fait, il ้tablit premi่rement les opinions des autres savants sur les com่tes ; deuxi่mement, il d้termine เ leur sujet selon sa propre opinion, lเ : puisque sur ce qui n’est pas manifeste, etc. Cette premi่re partie se subdivise en deux : dans la premi่re il expose les opinions ; dans la seconde, il les r้fute, ici : เ tous, etc.

La premi่re partie se divise en trois, suivant les trois opinions qu’il pr้sente.

[80117] Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 2 Primo ergo ponit opinionem Anaxagorae et Democriti, qui dixerunt cometas esse symphasim, idest coapparitionem, stellarum errantium. Quae sunt quinque, scilicet Saturnus, Iupiter, Mars, Venus et Mercurius; quarum aliquae, cum appropinquant adinvicem, videntur se tangere; et ita videtur una stella, et apparet ei coma, propter augmentum luminis.

54. Il expose donc en premier lieu l’opinion d’Anaxagore et de D้mocrite, qui disaient que les com่tes sont des symphasis, c’est-เ-dire des apparitions concomitantes aux ้toiles errantes. Lesquelles sont cinq, เ savoir Saturne, Jupiter, Mars, V้nus et Mercure ; certaines d’entre elles, lorsqu’elles s’approchent les unes des autres, semblent se toucher ; c’est ainsi qu’une ้toile est vue et qu’une chevelure lui appara๎t, en raison de l’intensification de sa lumi่re.

[80118] Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 3 Secundam opinionem ponit ibi: Italicorum autem et cetera. Et fuit quorundam Pythagoricorum in Italia commorantium, qui dixerunt cometam esse unam de stellis errantibus; sed non esse phantasiam, idest visionem, eius, nisi post multum tempus, propter hoc quod excedit, idest recedit a sole, modicum; sicut et accidit circa stellam Mercurii, quae quia modicum digreditur, idest elongatur a sole, frequenter non apparet, ita quod post longum tempus appareat, cum diu non apparuit.

55. Il expose la deuxi่me opinion lเ : certains, parmi les Italiens, etc. Et, parmi certains Pythagoriciens qui ont s้journ้ en Italie, il y en eut pour dire que la com่te fait partie des ้toiles errantes, mais qu’il n’y en a de phantasia, c’est-เ-dire d’apparition, qu’apr่s un long intervalle, parce qu’elle d้passe peu, c’est-เ-dire s’้loigne peu du Soleil, comme il arrive aussi เ l’้toile Mercure, qui, puisqu’elle s’้carte peu, c’est-เ-dire s’้loigne peu du Soleil, n’appara๎t pas souvent, si bien qu’elle appara๎t apr่s un long intervalle lorsqu’on ne l’a pas vue depuis longtemps.

[80119] Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 4 Tertiam opinionem ponit ibi: similiter his etc.: quae fuit quorundam sequentium Hippocratem et Aeschylum eius discipulum. Quae quidem opinio in hoc similis est secundae, quod posuit stellam cometam esse unam de errantibus: sed in hoc differt ab ea, quod secunda opinio posuit quod illa stella erratica habet comam ex se; sed ista tertia opinio ponit quod non habet comam ex seipsa, sed cum sit errans, ex loco aliquando accipit comam. Quia dicebant quod ab ipsa stella attrahitur quidam humor; et cum ponerent quod visus fieret extramittendo, posuerunt quod radius visualis pertingens ad illum humorem attractum ab ea, repercutitur usque ad solem; et sic ille vapor attractus est quasi quoddam speculum igneum solis (nam repercussio est causa quod aliquid in speculo videatur); et ita dicunt fieri comam.

56. Il pr้sente la troisi่me opinion lเ : il en est de m๊me, etc., qui appartenait เ certains de ceux qui suivaient Hippocrate et son disciple Eschyle. Et cette opinion est semblable เ la deuxi่me en ce qu’elle ้tablissait que la com่te est l’une des ้toiles errantes ; mais elle en diff่re en ce que la deuxi่me opinion consid้rait que cette ้toile errante tient sa chevelure d’elle-m๊me, tandis que la troisi่me affirmait qu’elle ne la tient pas d’elle-m๊me, mais la re็oit parfois เ travers l’espace en errant. En effet, ils disaient que l’humidit้ est attir้e par l’้toile elle-m๊me ; et comme ils ้tablissaient que notre vision se fait en s’้lan็ant vers l’ext้rieur, ils consid้raient que le rayon visuel, atteignant l’humidit้ attir้e par elle, se r้fl้chissait jusqu’au Soleil ; et ainsi cette vapeur attir้e est, pour ainsi dire, le miroir enflamm้ du Soleil (car la r้flexion est la cause qui fait que l’on voie quelque chose dans un miroir) ; et c’est ainsi que na๎t la chevelure, selon eux.

[80120] Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 5 Assignat autem consequenter causam de tempore apparitionis. Et dicit quod stella cometa apparet post plurimum tempus aliorum astrorum, idest magis occultatur quam aliquae aliae stellae, quia tardissime discedit a sole secundum tempus, videlicet cum peregerit totum suum circulum. Quod appellat subdeficere: dicuntur enim stellae errantes subdeficere respectu primi motus; vel quia moventur motu contrario, et sic videntur secundum proprium motum posteriorari; vel quia, sicut quidam dixerunt, tardius moventur quam primum caelum, quod revolvit omnia motu diurno. Sic autem dicebant quod stella cometa subdeficit a sole, totum suum circulum peragendo: et ideo, cum redierit ad illum terminum ex quo incoepit discedere, iterum apparet, quousque iterum coniungatur soli. Et dicebant etiam quod ista stella in suo motu recedit a sole, non tantum secundum longitudinem, sed etiam secundum latitudinem, declinans ad arctum et Austrum, idest ad Septentrionem et meridiem.

57. Il donne, en cons้quence, la cause du rythme de son apparition. Et il dit que la com่te appara๎t apr่s le plus long intervalle de temps parmi les autres astres, c’est-เ-dire qu’elle est plus cach้e que les autres ้toiles, puisqu’elle met un temps tr่s long เ s’้loigner du Soleil, assur้ment lorsqu’elle a parcouru tout son cercle. Cela, il l’appelle se laisser distancer : on dit, en effet, que les ้toiles errantes se laissent distancer par rapport au premier mouvement, soit qu’elles se meuvent d’un mouvement contraire, et qu’elles semblent ainsi ๊tre devanc้es suivant leur propre mouvement, soit que, comme certains l’affirmaient, elles se meuvent plus lentement que le premier ciel, qui fait tourner toute chose par son mouvement diurne. C’est ainsi qu’ils affirmaient qu’une com่te se laisse distancer par le Soleil, en accomplissant tout son cercle ; et c’est pourquoi, lorsqu’elle est revenue au point d’o๙ elle avait commenc้ เ s’้loigner, elle r้appara๎t, jusqu’เ ce qu’elle rejoigne le Soleil. Et ils d้claraient aussi que cette ้toile s’้carte du Soleil par son mouvement, non seulement en longueur, mais aussi en largeur, d้viant vers l’Ourse et l’Auster, c’est-เ-dire vers le nord et le sud.

[80121] Super Meteora, lib. 1 cap. 9 n. 6 Assignat etiam consequenter causam circa locum apparitionis huius stellae. Et dicit quod haec stella non apparet in medio duorum tropicorum, scilicet cancri et Capricorni: quia per illam partem caeli movetur sol et consumit humiditatem, unde in ea parte caeli non potest praedicta stella attrahere aquam. Sed cum declinat ad Austrum, recedens a via solis, invenit copiam ibi talis humiditatis, eo quod non est consumpta a sole. Sed propter obliquitatem horizontis, nobis qui habitamus in parte Septentrionali, pars circuli paralleli quae est supra terram est parva, quae autem est sub terra est maior: et sic sol, qui de nocte, cum videtur cometa, est sub terra, tantum distat ab humore attracto a stella, quod non potest visus hominum repercuti ab humore ad solem; neque si sol sit propinquus tropico, scilicet Capricorno, neque si sit in aestivis versionibus, idest in tropico aestivo, qui est cancer. Ubicumque enim fuerit sol sub terra, erit maior distantia eius ad vaporem contractum quam sit conveniens repercussioni, vel ex circulo, vel ex latitudine zodiaci. Sed quando stella illa relinquitur a sole versus Boream, idest ad Septentrionalem partem, tunc potest recipere comam: quia ibi est multum de humiditate, et peripheria circuli quae est super horizontem est ibi magna, et quae est subtus est parva, et sic de facili visus hominum refractus potest pertingere ad solem.

58. Par cons้quent, il donne aussi la cause pour laquelle cette ้toile appara๎t เ tel endroit. Et il dit qu’elle n’appara๎t pas au centre des deux tropiques, เ savoir du Cancer et du Capricorne, puisque le Soleil se meut dans cette partie du ciel et qu’il en absorbe l’humidit้, si bien que, dans cette partie du ciel, l’้toile susdite ne peut attirer d’eau. Mais lorsqu’elle d้vie vers l’auster, s’้cartant du trajet du Soleil, elle y trouve une telle humidit้ en abondance, ้tant donn้ qu’elle n’est pas consum้e par le Soleil. Mais, en raison de l’obliquit้ de l’horizon, pour nous qui habitons dans la partie nord, la partie du cercle parall่le qui est au-dessus de la Terre est petite, et celle qui est au-dessous est plus grande ; et ainsi le Soleil, qui, de nuit, lorsque l’on voit une com่te, est sous la Terre, est si distant de l’humidit้ attir้e par l’้toile que la vision des hommes ne peut ๊tre r้fl้chie par l’humidit้ vers le Soleil, m๊me si le Soleil est proche du tropique, เ savoir du Capricorne, m๊me s’il est dans ses tours d’้t้, c’est-เ-dire sur le tropique d’้t้, celui du Cancer. En effet, quel que soit le lieu sous la Terre o๙ le Soleil se trouve, la distance qui le s้pare de la vapeur contract้e est plus grande qu’il ne convient เ la r้flexion, que ce soit sur le cercle ou sur la largeur du zodiaque. Mais quand cette ้toile se laisse devancer par le Soleil du c๔t้ du bor้e, c’est-เ-dire dans la partie septentrionale, alors elle peut recevoir une chevelure : en effet, il y a beaucoup d’humidit้ เ cet endroit, et la circonf้rence du cercle qui est au-dessus de l’horizon est grande เ cet endroit, tandis que celle qui est au-dessous est petite ; et la vision des hommes peut ainsi ais้ment se r้fl้chir jusqu’au Soleil

 

 

Caput 10

Chapitre 10 – [La th้orie des astres]

[80122] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 1 Positis opinionibus, hic improbat eas.

Et primo ponit modum improbandi: et dicit quod quaedam intendit inducere quae sunt communiter contra omnes praedictas opiniones, quaedam vero quae sunt contra aliquam earum specialiter tantum.

Secundo ibi: primo quidem igitur etc., disputat contra positas opiniones: et primo contra secundam, quae fuit Pythagoricorum; secundo contra tertiam, quae fuit Hippocratis, ibi: adhuc autem si propter etc.; tertio contra primam, quae fuit Democriti et Anaxagorae, ibi: commune autem et his et cetera.

59. Apr่s avoir expos้ ces opinions, il les r้fute ici.

Et, premi่rement, il pr้sente sa m้thode pour les r้futer : il dit qu’il a l’intention de pr้senter certains arguments qui sont contre toutes les opinions susdites de fa็on commune et certains autres qui sont contre l’une d’entre elles en particulier seulement.

Deuxi่mement, lเ : premi่rement donc, etc., il raisonne contre les opinions expos้es : et premi่rement contre la seconde, qui ้tait celle des Pythagoriciens ; deuxi่mement contre la troisi่me, qui ้tait celle d’Hippocrate, lเ : de plus, si, etc. ; troisi่mement, contre la premi่re, qui ้tait celle de D้mocrite et d’Anaxagore, lเ : une premi่re objection commune, etc.

[80123] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 2 Circa primum ponit duas rationes: quarum prima talis est. Omnes stellae erraticae subdeficiunt, idest moventur quasi subdeficiendo, sicut expositum est, in circulo animalium qui dicitur zodiacus; sed multi cometae visi sunt extra hunc circulum; ergo non omnes cometae sunt stellae erraticae. Secunda ratio talis est. Saepe visi sunt cometae plures uno simul facti: non igitur cometa est una stellarum errantium. Harum rationum prima est communis contra has opiniones: secunda est propria contra secundam et tertiam opinionem.

60. Concernant le premier point, il avance deux raisons : la premi่re d’entre elles est la suivante. Toutes les ้toiles errantes se laissent distancer, c’est-เ-dire se meuvent comme si elles se laissaient distancer, comme on l’a expos้, sur le cercle des animaux qui est appel้ zodiaque ; mais beaucoup de com่tes sont visibles en dehors de ce cercle ; donc aucune com่te n’est une ้toile errante. La seconde raison est la suivante. On a souvent vu plusieurs com่tes se produire en m๊me temps : donc une com่te n’est pas l’une des ้toiles errantes. La premi่re de ces raisons r้fute ces opinions de fa็on commune ; la seconde r้fute la deuxi่me et la troisi่me opinion en particulier.

[80124] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 3 Deinde cum dicit: adhuc autem si propter etc., improbat opinionem Hippocratis per tres rationes. Circa quarum primam dicit quod, si aliquis planetarum propter refractionem visus habet comam, sicut dixit Hippocrates, oporteret quod aliquando haec stella erratica appareret sine coma. Et hoc ideo, quia non ubique habet comam, ut dictum est, sed solum cum est extra tropicos, declinans ad Septentrionem: manifestum est autem quod etiam in aliis locis subdeficit, quasi discedens a sole; et ita oportet quod aliquando videatur sine coma. Sed nulla stella visa est sine coma errans praeter quinque stellas supra nominatas; quae quandoque omnes apparent simul elevatae super horizontem, et omnibus eis existentibus super horizontem, vel etiam quibusdam earum apparentibus super horizontem et quibusdam existentibus cum sole, nihilominus apparent cometae. Et sic manifestum est quod non semper cometa est una quinque stellarum errantium. Et nulla est alia sine coma praeter has. Ergo cometa non est stella errans, quandoque sine coma apparens: quod oporteret si comam ex seipso non haberet, sed ex aliquo loco determinato, ut ipsi dicunt.

61. Ensuite quand il dit : de plus, si, etc., il conteste l’opinion d’Hippocrate pour trois raisons. ภ propos de la premi่re d’entre elles, il dit que, si l’une des plan่tes que l’on voit grโce เ la r้fraction avait une chevelure, comme l’avan็ait Hippocrate, il faudrait que cette ้toile errante apparaisse parfois sans chevelure. Et cela parce qu’elle n’a pas partout de chevelure, comme on l’a dit, mais seulement lorsqu’elle est dehors des tropiques, en d้viant vers le nord : or il est manifeste que, m๊me dans les autres lieux, elle se laisse distancer, comme si elle s’้cartait du Soleil ; et ainsi il faut qu’on la voie parfois sans chevelure. Mais on n’a vu aucune ้toile errer sans chevelure เ l’exception des cinq nomm้es ci-dessus ; et elles apparaissent toutes en m๊me temps, un jour ou l’autre, ้lev้es au-dessus de l’horizon, et, soit qu’elles soient toutes au-dessus de l’horizon, soit que certaines d’entre elles apparaissent au-dessus de l’horizon, soit que certaines se trouvent pr่s du Soleil, des com่tes apparaissent n้anmoins. Et il est ainsi clair qu’une com่te n’est pas toujours l’une des cinq ้toiles errantes. Et il n’y en a pas d’autres sans chevelure, เ part ces derni่res. Par cons้quent, une com่te n’est pas une ้toile errante qui appara๎t parfois sans chevelure, ce qui serait in้vitable, si elles ne tenaient pas leur chevelure d’elles-m๊mes, mais d’un lieu d้termin้, comme ils le disent eux-m๊mes.

[80125] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 4 Secundam rationem ponit ibi: at vero neque hoc verum et cetera. Et dicit quod non est verum quod cometa fiat solum in loco qui declinat ad Septentrionem, hoc simul observato quod sol tunc sit circa tropicos aestivales, quasi propinquius stellae. Quia magnus cometes qui factus est eo tempore quo fuit factus terraemotus magnus in Achaia et supergressio fluctuum, ortus fuit ab occasibus aequinoctialibus: et ita manifestum est quod fuit infra tropicos. Et iam etiam multi facti sunt ad Austrum. Falsum est ergo quod dicunt, quod fiat tantum ad Septentrionem.

62. Il donne la deuxi่me raison lเ : mais il n’est pas vrai, etc. Et il dit qu’il n’est pas vrai que les com่tes ne se forment que dans l’espace qui va vers le nord, au moment o๙ on observe le Soleil non loin des tropiques d’้t้, comme s’il s’approchait de l’้toile. En effet, la grande com่te qui s’est form้e lorsqu’un grand tremblement de terre et un raz de mar้e ont eu lieu en Acha๏e s’est lev้e du couchant d’้quinoxe ; et ainsi il est manifeste qu’elle s’est trouv้e เ l’int้rieur des tropiques. Et en outre beaucoup se sont form้es au sud ้galement. Il est donc faux de dire qu’une com่te ne se forme qu’au nord.

[80126] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 5 Tertiam rationem ponit ibi: sub principe autem et cetera. Et dicit quod tempore cuiusdam principis Atheniensium, facta fuit stella cometa, sole existente circa tropicos hiemales, idest circa Capricornum, et hoc mense Gamelione, idest Decembri vel Ianuario. Et hoc videtur esse impossibile, sicut etiam ipsi dicunt, quod fiat tanta refractio visus nostri ad solem, propter distantiam eius quae est tunc temporis de nocte ad solem, et propter magnitudinem decisionis circuli qui est sub horizonte. Falsum est ergo quod dicunt, quod non appareat cometa nisi sole existente circa tropicum aestivalem.

63. Il donne la troisi่me raison lเ : une ้toile com่te, etc. Et il dit qu’au temps d’un archonte ath้nien une com่te s’est form้e, alors que le Soleil ้tait autour des tropiques d’hiver, c’est-เ-dire du Capricorne, et cela au mois de Gam้lion, c’est-เ-dire en d้cembre ou en janvier. Et il semble impossible, comme ils le disent eux-m๊mes, que notre vision se r้fracte si loin sur le Soleil, en raison de la distance เ laquelle ce ph้nom่ne se produit เ ce moment-lเ de nuit sur le Soleil, et เ cause de la grandeur de la section du cercle qui se trouve sous l’horizon. Il est donc faux de dire que les com่tes n’apparaissent que si le Soleil est pr่s du tropique d’้t้.

[80127] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 6 Deinde cum dicit: commune autem et his etc., improbat primam opinionem per quatuor rationes. Quarum prima est contra omnes praedictas opiniones dicentes cometas esse stellas erraticas: quia etiam quaedam stellarum non errantium accipiunt comam. Et hoc non solum oportet credere Aegyptiis studentibus in mathematicis, qui hoc dicunt; sed ipse Aristoteles dicit se hoc vidisse, quod una stellarum quae est in figuratione canis, apud femur eius, comam habuit, sed debilem: quod patuit quia, quando aliquis fortiter intendebat in ipsam, debilitabatur lumen comae; sed quando aliquis iaciebat visum in stellam non nimis intense et remissius, plus apparebat lumen comae.

64. Ensuite quand il dit : une premi่re objection commune, etc., il r้fute la premi่re opinion par quatre raisons. La premi่re d’entre elles s’attaque เ toutes les opinions mentionn้es qui disent que les com่tes sont des ้toiles errantes : car certaines des ้toiles non errantes re็oivent aussi une chevelure. Et il ne faut pas seulement croire les ษgyptiens vers้s en math้matiques, qui le disaient ; mais Aristote lui-m๊me dit avoir vu que l’une des ้toiles qui se trouve dans la constellation du Chien, sur sa cuisse, avait une chevelure, mais faible : et c’้tait ้vident, puisque, lorsqu’on la fixait intens้ment, la lueur de la chevelure faiblissait, mais que, lorsqu’on lan็ait son regard sur elle non moins attentivement mais avec moins de tension, la lueur de la com่te apparaissait davantage.

[80128] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 7 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem omnes et cetera. Et dicit quod omnes cometae qui suo tempore fuerunt visi, disparuerunt in loco super horizontem sine occasu, idest sine appropinquatione ad solem. Tunc enim dicitur occasus stellarum, quando intrant sub radiis solis: sed cometae apparentes suo tempore, disparuerunt sine hoc quod appropinquarent ad solem, adhuc super horizontem existentes longe a sole. Et disparuerunt quasi paulatim consumpti, ita quod non derelinqueretur neque corpus unius stellae neque plurium. Quia magna stella de qua supra diximus quod fuit tempore terraemotus in Achaia, apparuit tempore hiemis in vespere, existente gelu et serenitate, sub Astio principe Atheniensium; et primo die non apparuit ipsa stella, sed solum coma eius, quasi occidens ante solem; secundo autem die apparuit quantum possibile fuit, quia per modicum tempus remansit post solem et mox occubuit; sed lumen cometa extendit usque ad tertiam partem caeli, quasi simul et non paulatim crescens in lumine, ita ut ille ascensus luminis vocatus fuerit via cometae; et ascendit etiam, retrocedens a sole, usque ad quasdam stellas quae vocantur zona Orionis, et ibi fuit dissoluta, non appropinquando ad solem, sed magis ac magis discedendo ab eo.

Haec etiam ratio est contra omnes opiniones praedictas, quae dicunt cometam esse unam vel plures stellarum errantium. Et sic patet per hanc rationem quod illud quod Democritus dixit ad confirmandam suam opinionem, non fuit sufficiens. Dixit enim quod, dissolutis cometis, aliquando apparuerunt stellae quaedam remanentes: quod ideo est insufficiens, quia oportebat ipsum probare quod, non aliquando, sed semper remanserunt stellae dissolutis cometis; quod apparet esse falsum ex eo quod dictum est.

65. Il donne la seconde raison lเ : en outre, toutes, etc. Et il dit que toutes les com่tes qui ont ้t้ vues เ son ้poque ont disparu dans un lieu situ้ au-dessus de l’horizon sans se coucher, c’est-เ-dire sans s’approcher du Soleil. En effet, on parle de coucher des ้toiles lorsqu’elles entrent sous les rayons du Soleil ; mais les com่tes qui apparaissaient เ son ้poque ont disparu sans s’approcher du Soleil, de plus en ้tant au-dessus de l’horizon loin du Soleil. Et elles ont disparu comme si elles s’้taient peu เ peu consum้es, au point de ne pas laisser derri่re elles le corps d’une ้toile, ni celui de plusieurs. De fait, la grande ้toile dont nous avons dit ci-dessus qu’elle s’้tait produite au moment d’un tremblement de terre en Acha๏e est apparue en hiver, le soir, lors d’une gel้e et par temps serein, sous l’archontat de l’Ath้nien Astius ; et, le premier jour, ce n’est pas l’้toile elle-m๊me qui est apparue, mais seulement sa chevelure, comme si elle s’้tait couch้e avant le Soleil ; or, le second jour, elle est apparue autant que possible, puisqu’elle est rest้e derri่re le Soleil pendant un court instant et qu’elle s’est bient๔t couch้e ; mais la com่te a ้tendu sa lueur jusqu’au tiers du ciel, comme si elle croissait d’un coup en lumi่re et non petit เ petit, si bien que l’augmentation de sa lueur a ้t้ appel้e ซ la voie de la com่te ป ; et elle s’est lev้e de nouveau, s’้loignant เ reculons du Soleil, jusqu’aux ้toiles appel้es ซ la ceinture d’Orion ป, et a disparu เ cet endroit, sans s’approcher du Soleil, mais en s’้cartant de plus en plus de lui.

Cette raison s’attaque aussi เ toutes les opinions mentionn้es affirmant qu’une com่te est l’une ou plus des ้toiles errantes. Et ainsi il est ้vident, grโce เ cette raison, que ce que D้mocrite disait pour confirmer son opinion n’้tait pas suffisant. En effet, il d้clarait qu’au moment de la disparition des com่tes il apparaissait parfois certaines ้toiles qui restaient : et cette explication n’est pas suffisante puisqu’il fallait qu’il prouve que ce n’est pas parfois, mais toujours, que des ้toiles restaient au moment de la disparition des com่tes, ce qui est, de toute ้vidence, faux, d’apr่s ce qui a ้t้ dit.

[80129] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 8 Tertiam rationem ponit ibi: adhuc autem et Aegyptii etc.: quae talis est. Aegyptii dicunt quod fiunt coniunctiones stellarum errantium adinvicem et ad alias stellas fixas. Et dicit se vidisse stellam Iovis se supposuisse cuidam stellae quae est in geminis, ita quod fecit eam disparere. Sed tamen non fuit factus cometa: quod oporteret secundum opinionem Democriti et Anaxagorae.

66. Il donne la troisi่me raison ici : en outre, les ษgyptiens, etc. : la voici. Les ษgyptiens disent que des conjonctions d’้toiles errantes se produisent les unes avec les autres, et avec les autres ้toiles fixes. Et il dit avoir vu la plan่te Jupiter se joindre เ une ้toile appartenant aux G้meaux au point de l’avoir fait dispara๎tre. Mais il n’y a pourtant pas eu de com่te, ce qui aurait d๛ ๊tre le cas selon l’opinion de D้mocrite et d’Anaxagore.

[80130] Super Meteora, lib. 1 cap. 10 n. 9 Quartam rationem ponit ibi: adhuc autem et ex ratione etc.: quae talis est. Quamvis stellarum quaedam videantur esse maiores et quaedam minores adinvicem comparatae, tamen unaquaeque secundum se considerata videtur quasi punctalis et indivisibilis. Sed si essent vere indivisibiles, se invicem tangentes non facerent maiorem magnitudinem, ut probatum est in VI Physic. Ergo quando videntur indivisibiles licet non sint, quando coniunguntur adinvicem, non debent videri maiores secundum apparentem magnitudinem. Et ita ex contactu stellarum non debet videri coma, quasi propter augmentum luminis. Hae autem duae ultimae rationes sunt proprie contra opinionem Democriti.

Ultimo autem recolligit illud quod dictum est: et patet in littera.

67. Il donne la quatri่me raison lเ : de plus, c’est aussi, etc. : la voici. Bien que certaines ้toiles semblent ๊tre plus grandes et d’autres plus petites, compar้es les unes aux autres, chacune consid้r้e en elle-m๊me semble n้anmoins ๊tre comme un point indivisible. Mais si elles ้taient vraiment indivisibles, elles ne formeraient pas une grandeur sup้rieure, en se touchant les unes les autres, comme l’a montr้ le livre VI de la Physique. Donc, quand on les voit indivisibles sans qu’elles ne le soient, lorsqu’elles sont en conjonction les unes avec les autres, on ne doit pas les voir plus grandes. Et ainsi, lors d’une conjonction d’้toiles, on ne doit pas voir de chevelure, comme produite par une augmentation de la lumi่re. Ces deux derni่res raisons s’attaquent en particulier เ l’opinion de D้mocrite.

Enfin, il r้sume ce qu’il a dit, comme le montre le texte.

 

 

Caput 11

Chapitre 11 – [Aristote et sa th้orie des com่tes]

[80131] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 1 Postquam philosophus reprobavit opiniones aliorum, hic incipit ponere opinionem propriam de cometis.

Et primo ostendit modum certitudinis qui est in hac materia exquirendus. Et dicit quod de talibus, quae sunt immanifesta sensui, non est exquirenda certa demonstratio et necessaria, sicut in mathematicis et in his quae subiacent sensui; sed sufficit per rationem demonstrare et ostendere causam, ita quod quaestionem solvamus per aliquam solutionem possibilem, ex qua non sequatur aliquod inconveniens, per ea quae hic apparent secundum sensum. Unde hoc modo in proposito ad habendam causam est procedendum.

68. Apr่s que le philosophe a r้fut้ les opinions des autres, il commence ici เ exposer sa propre opinion sur les com่tes.

Et il montre premi่rement le type de certitude qu’il faut rechercher เ ce propos. Et il dit que, sur de tels ph้nom่nes, qui demeurent cach้s เ notre sens, on ne doit pas rechercher une d้monstration certaine et n้cessaire, comme en math้matiques et pour ce qui est soumis เ notre sens ; mais il suffit de d้montrer la cause et de la mettre en ้vidence par un raisonnement, de mani่re เ r้soudre la question par une solution possible, de telle sorte qu’aucun inconv้nient ne s’ensuive par rapport เ ce que notre sens nous donne ici เ voir. De ce fait, c’est ainsi qu’il faut proc้der pour obtenir la cause dans cette proposition.

[80132] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 2 Secundo ibi: supponitur enim nobis etc., secundum praedictum modum incipit assignare causam de apparitione cometae.

Et circa hoc duo facit: primo assignat causam de apparitione cometae; secundo de loco et tempore apparitionis, ibi: eius autem quod est et cetera.

Prima dividitur in duas: in prima assignat causam apparitionis cometae; secundo hoc manifestat per signum, ibi: de eo autem quod est et cetera.

Circa primum duo facit: primo ostendit cometas apparere ex duabus causis; secundo ostendit differentiam inter cometas ex diversis causis apparentes, ibi: quando quidem igitur et cetera.

69. Deuxi่mement, lเ : en effet, nous supposons, etc., il commence เ exposer la cause de l’apparition de la com่te en suivant la m้thode susdite.

Et, concernant ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne la cause de l’apparition de la com่te ; deuxi่mement, celle du lieu et du temps de son apparition, lเ : la raison pour laquelle, etc.

La premi่re se divise en deux parties : dans la premi่re, il expose la cause de l’apparition de la com่te ; deuxi่mement, il la montre par une preuve, lเ : il faut trouver, etc.

Concernant le premier point il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il montre que les com่tes apparaissent pour deux raisons ; deuxi่mement, il montre la diff้rence entre les com่tes qui apparaissent pour les deux raisons, lเ : donc, quand, etc.

[80133] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 3 Circa primum tria facit. Primo resumit quaedam superius dicta, ad manifestandum propositum. Et dicit quod oportet supponere supradicta, quod huius inferioris mundi qui est circa terram, prima pars et suprema, sub corporibus circulariter motis, est exhalatio calidi et sicci. Iterum oportet supradicta supponere, quod ista exhalatio calida et sicca, et multa pars aeris, qui continuatur ad ignem, simul circumducitur circa terram sub sphaera caelesti, motu circulari, quasi delata et tracta a circulatione caeli. Et tertio oportet supponere quod exhalatio praedicta sic mota, frequenter ignitur, quocumque modo sit disposita ad hoc quod ignis in ea bene dominetur: propter quam causam fiunt discursus siderum, ut dictum est.

70. Concernant le premier point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement il r้sume certains propos tenus plus haut, pour d้montrer la proposition. Et il dit qu’il faut supposer les propos susdits, เ savoir que la premi่re partie du monde inf้rieur qui entoure la Terre, celle qui est tout en haut, sous les corps qui se meuvent circulairement, est une exhalaison de chaud et de sec. Il faut une deuxi่me fois supposer les propos susdits, เ savoir que cette exhalaison chaude et s่che et une grande partie de l’air, qui est contigu au feu, sont entra๎n้es en m๊me temps autour de la Terre sous la sph่re c้leste, par le mouvement circulaire, comme si elles ้taient emport้es et tra๎n้es par la r้volution du ciel. Et, troisi่mement, il faut supposer que l’exhalaison susdite ainsi mue s’enflamme fr้quemment, quelle que soit la mani่re dont elle est dispos้e เ ce que le feu domine bien en elle : c’est pour cette raison que se produisent les courses ้parses des astres, comme on l’a dit.

[80134] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 4 Secundo ibi: cum igitur in talem etc., assignat causam apparitionis cometae. Et dicit quod quando talis exhalatio fuerit condensata, et propter motum superioris corporis inciderit in ipsam exhalationem aliquod principium igneum, ita scilicet quod ex aliqua parte incipiat exuri; sic quod ignis non sit tam multus ut cito exurat materiam, neque etiam sit ita debilis ut cito extinguatur priusquam accendatur, sed sit talis quod plus et diu possit permanere, cum quantitate ignis et dispositione materiae inspissatae; cum hoc etiam quod simul de inferioribus ascendat continue exhalatio bene disposita ad hunc modum exustionis, ut scilicet diu duret; tunc fit stella cometa: quia illud quod iam ignitum est videtur quasi stella, reliqua autem exhalatio, quae nondum est perfecte ignita, sed apta ignitioni, videtur coma eius. Quia qualitercumque figuretur talis exhalatio, huiusmodi figura videbitur. Quia si exhalatio sit undique circumposita stellae, idest principio vel parti ignitae, videtur quasi coma, unde et cometes dicitur: si autem disponatur ad longitudinem principii igniti, videtur exhalatio esse quasi barba stellae, et ideo vocatur pogonias, idest quasi barbatus.

71. Deuxi่mement, lเ : lorsque, dans une telle, etc., il expose la raison de l’apparition de la com่te. Et il dit que, lorsqu’une telle exhalaison s’est condens้e et qu’un principe ign้ a atteint cette exhalaison m๊me en raison du mouvement du corps sup้rieur, de telle sorte qu’elle commence เ se consumer en partie ; เ la condition que le feu ne soit pas abondant au point de consumer rapidement la mati่re, qu’il ne soit pas non plus trop faible pour s’้teindre rapidement avant de s’๊tre embras้, mais qu’il soit tel qu’il puisse durer sur une grande distance et longtemps, avec la quantit้ de feu et la disposition de la mati่re condens้e ; et qu’en m๊me temps que monte continuellement d’en bas une exhalaison qui est bien apte เ ce mode de combustion, เ savoir d’une longue dur้e, alors il na๎t une com่te ; car ce qui est d้jเ enflamm้ semble ๊tre une sorte d’้toile, et le reste de l’exhalaison, qui n’est pas encore parfaitement enflamm้e, mais propre เ l’๊tre, semble sa chevelure. En effet, quelle que soit la forme que prend telle exhalaison, c’est une forme de ce genre que l’on verra. Car si l’exhalaison est plac้e tout autour de l’้toile, c’est-เ-dire autour de son d้but ou de sa partie enflamm้e, elle ressemble เ une sorte de chevelure, si bien qu’on l’appelle chevelue ; mais si elle est dispos้e dans le sens de la longueur de son d้but enflamm้, l’exhalaison semble ๊tre comme la barbe de l’้toile et c’est pourquoi elle est appel้e ซ pogonias ป, c’est-เ-dire barbue, pour ainsi dire.

[80135] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 5 Tertio ibi: sicut autem talis latio etc., manifestat quod dictum est de cometa, per comparationem ad stellam cadentem. Dictum est enim supra quod motus ignis accensi in tali materia, cum fuerit motus per expulsionem, videtur esse motus stellae: et similiter mansio vel quies igniti principii in praedicta materia, videtur esse mansio vel quies stellae. Dicit autem stellam cometam quiescere, ad excludendum motum qui apparet in stellis cadentibus; non autem ad excludendum motum cometae secundum quod circumvolvitur simul cum caelo, de quo post dicet. Huiusmodi autem mansio praedicti principii accidit propter hoc, quod materia non statim consumitur; tum propter multitudinem et spissitudinem, et ignis debilitatem; tum propter aliam materiam succedentem, ut dictum est.

Et est simile sicut si aliquis in magnum cumulum palearum immiserit titionem, aut aliud quodcumque ignitum principium: non enim statim discurret, quasi exurens paleam, sed videtur ignitio diu in uno loco manere. Et ita, si quis recte consideret, videtur similitudinem quandam habere discursus stellarum cadentium apparitioni cometae. Quia in stellis discurrentibus cito procedit ignitio in longitudinem, propter dispositionem scilicet hypeccaumatis ad hoc quod de facili aduratur: sed si ignitio maneret, et non pertransiret consumendo materiam, aut materia esset multum densa, ut non posset cito consumi, tunc, quasi subtracto medio discursu, remaneret solummodo stella manens, sicut est in principio discursus et in termino.

Et tale quid est cometa: ut imaginemur quod cometa sit quasi stella discurrens, prout talis stella est in principio et in fine discursus, subtracto motu discursionis. Sic igitur concludit quod, quando principium consistentiae ipsius fuerit in inferiori loco, idest sub globo lunari, dicitur cometa per se apparens, sine aliqua stella errante vel fixa.

72. Troisi่mement lเ : de m๊me qu’une telle translation, etc., il montre ce qu’il a dit sur les com่tes, en comparaison des ้toiles filantes. En effet, il a dit ci-dessus que le mouvement du feu allum้ dans une telle mati่re, lorsqu’il a ้t้ expuls้, semble ๊tre celui d’une ้toile ; et, de la m๊me fa็on, la station ou l’immobilit้ du d้but enflamm้ dans la mati่re susdite semble ๊tre la station ou l’immobilit้ d’une ้toile. Or il dit qu’une com่te est immobile, pour exclure le mouvement qui appara๎t chez les ้toiles filantes, non pour exclure celui de la com่te dans la mesure o๙ elle tourne en m๊me temps que le ciel, ce dont il parlera ensuite. Une station de ce genre, celle du d้but susdit, se produit parce que la mati่re ne se consume pas sur-le-champ, tant๔t en raison de sa quantit้, de sa condensation et de la faiblesse du feu, tant๔t en raison de l’autre mati่re qui est dessous, comme on l’a dit.

Et c’est comme si on enfon็ait un tison ou n’importe quelle source de feu dans un grand tas de paille : en effet, il n’erre pas aussit๔t ็เ et lเ, comme s’il incendiait la paille, mais la combustion semble demeurer longtemps เ un seul endroit. Et ainsi, si on r้fl้chit correctement, la course des ้toiles filantes para๎t avoir une ressemblance avec l’apparition d’une com่te. En effet, la combustion se r้pand rapidement en longueur chez les ้toiles filantes, en raison de la disposition de l’hypeccauma เ br๛ler ais้ment ; mais si la combustion restait et ne passait pas en consumant la mati่re, ou bien si la mati่re ้tait dense au point de ne pouvoir ๊tre consum้e rapidement, alors, comme si le centre de son parcours avait disparu, l’้toile demeurerait seulement immobile, comme elle l’est au d้but et เ la fin de sa course.

Et telle est la com่te : ainsi imaginons-nous que c’est une sorte d’้toile filante, dans la mesure o๙ une telle ้toile est au d้but et la fin de son parcours, abstraction faite du mouvement de sa course. Ainsi donc, il conclut que, lorsque le principe de sa consistance m๊me se trouve dans le lieu inf้rieur, c’est-เ-dire sous le globe de la Lune, on dit qu’une com่te appara๎t d’elle-m๊me, sans une ้toile filante ou fixe.

[80136] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 6 Deinde cum dicit: quando autem sub astrorum aliquo etc., assignat alium modum apparitionis cometae. Et dicit quod quando sub aliqua stellarum errantium vel non errantium, exhalatio adunatur per motum illius stellae, tunc aliqua stellarum dictarum fit cometa: non quod stella quae apparet sit aliquod igneum in aere, sicut in superiori modo dictum est, sed est verax stella, errans vel non errans; non tamen coma eius fit in loco caelesti ubi sunt astra, sed est sub caelo in aere.

Et ponit exemplum de halo, idest de aere qui videtur aliquando circumstare solem et lunam, etiam sole et luna motis. Huiusmodi enim halo non est in loco solis et lunae, licet sequatur solem et lunam, etiam sole et luna motis: haec enim passio fit in aere condensato sub motu solis et lunae, ut infra dicetur. Sicut igitur halo se habet ad solem et lunam, ita coma se habet ad stellas fixas vel erraticas, quando apparent cum comis: et est aliqua exhalatio inferius, scilicet in superiori loco aeris, consequens motum illarum stellarum. Sed tamen haec est differentia inter halo et comam, quia color eius quod dicitur halo, non est in ipso vapore, sed est ex reverberatione ad nubem, ut infra ostendetur: sed hoc quod videtur de comis, est proprie color ipsarum exhalationum fumosarum.

73. Ensuite quand il dit : quand c’est sous l’un des astres, etc., il pr้sente l’autre mode d’apparition des com่tes. Et il dit que lorsque, sous l’une des ้toiles errantes ou non errantes, une exhalaison s’agr่ge เ cause du mouvement de cette ้toile, alors l’une des ้toiles mentionn้es devient une com่te, non que l’้toile qui appara๎t soit un corps enflamm้ dans l’air, comme on l’a dit pour le mode pr้c้dent, mais c’est une v้ritable ้toile, errante ou non ; cependant la chevelure ne se forme pas เ l’endroit du ciel o๙ sont les astres, mais sous le ciel, dans l’air.

Et il donne l’exemple du halo, c’est-เ-dire de l’air qui semble parfois entourer le Soleil et la Lune, m๊me quand ils se meuvent. En effet, un halo de ce genre ne se trouve pas เ la place du Soleil et de la Lune, bien qu’il les suive, m๊me quand ils sont en mouvement : car ce ph้nom่ne se produit dans un air condens้, sous le mouvement du Soleil et de la Lune, comme on le dira ci-dessous. Donc, de m๊me que le halo appartient au Soleil et เ la Lune, de m๊me la chevelure appartient aux ้toiles fixes ou errantes, lorsqu’elles apparaissent avec des chevelures ; et il se trouve ainsi une exhalaison plus bas, เ savoir dans la partie sup้rieure de l’air, เ la suite du mouvement de ces ้toiles. Mais pourtant voici une diff้rence entre le halo et la chevelure : la couleur de ce qui est appel้ ซ halo ป ne se trouve pas sur la vapeur elle-m๊me, mais elle est caus้e par la r้verb้ration sur les nuages, comme on le montrera ci-dessous ; mais ce que l’on voit sur les com่tes est la couleur des exhalaisons fumeuses elles-m๊mes, เ proprement parler.

[80137] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 7 Deinde cum dicit: quando quidem igitur etc., ostendit differentiam inter cometas secundum duos dictos modos apparentes. Et dicit quod quando adunatio exhalationis fit secundum aliquam stellam fixam vel errantem, necesse est quod in cometa manifeste videatur ille motus qui est stellae cui adhaeret coma: sed quando stella cometa est per se ignis existens in aere, sine aliqua superiorum stellarum, tunc videntur subtardantes.

Et hoc manifestat per hoc quod latio inferioris mundi qui est circa terram, talis est, scilicet tardior motu caelesti: quamvis enim circumvolvatur ignis et magna pars aeris per motum firmamenti, non potest tamen attingere ad velocitatem motus caelestis. Exhalatio igitur ignita existens in superiori parte aeris, circumvolvitur solum cum aere et igne: sed quia motus horum corporum est tardior motu firmamenti, ideo cometa existens in aere remanet post corpora caelestia, quae velocissime moventur; et sic videtur habere motum contrarium firmamento, sicut et planetae, ex sola retardatione. Quod etiam quidam opinati sunt circa planetas: et inde est etiam quod praedictae opiniones posuerunt cometas esse planetas.

Sed hoc quod cometa saepe fit per se, et frequentius quam circa aliquam stellarum determinatarum, idest fixarum, quae habent esse fixum et determinatum in caelo, maxime manifestat quod cometa non est repercussio facta in exhalatione (quam nominat hypeccauma) ad ipsam stellam cui adhaeret coma, sicut est in halo. Si autem esset sicut est in halo, fieret repercussio visus ab exhalatione ad ipsam stellam, et non ad solem, sicut dicunt sequaces Hippocratis. Sed de halo posterius dicetur.

74. Ensuite quand il dit : donc, quand, etc., il montre la diff้rence entre les com่tes qui apparaissent selon les deux modes mentionn้s. Et il dit que, lorsque l’agr้gation d’une exhalaison se forme sous l’influence d’une ้toile fixe ou errante, il est n้cessaire que l’on voie clairement la com่te se mouvoir selon le mouvement qui est celui d’une ้toile เ laquelle adh่re une chevelure ; mais lorsque la com่te est un feu qui existe par lui-m๊me dans l’air, sans l’une des ้toiles sup้rieures, alors on les voit se laisser distancer.

Et ce qui le montre, c’est que la translation du monde inf้rieur qui est autour de la Terre, est telle, c’est-เ-dire plus lente que le mouvement c้leste ; en effet, bien que le feu et une grande partie de l’air accomplissent une r้volution en suivant le mouvement du firmament, ils ne peuvent pourtant pas atteindre la vitesse du mouvement c้leste. Donc l’exhalaison enflamm้e qui se trouve dans la partie sup้rieure de l’air accomplit une r้volution seulement en m๊me temps que l’air et le feu ; mais puisque le mouvement de ces corps est plus lent que celui du firmament, la com่te qui se trouve dans l’air reste derri่re les corps c้lestes, qui se meuvent tr่s vite ; et ainsi, elle semble avoir un mouvement contraire เ celui du firmament, tout comme les plan่tes, du fait de son retard seulement. Et c’est aussi ce que certains ont pens้ des plan่tes ; et c’est ้galement la raison pour laquelle les opinions pr้c้dentes ้tablissaient que les com่tes sont des plan่tes.

Mais le fait qu’une com่te se forme souvent d’elle-m๊me, et cela plus fr้quemment qu’autour d’une des ้toiles d้termin้es, c’est-เ-dire fixes, qui ont une existence fixe et d้termin้e dans le ciel, montre surtout qu’elle n’est pas une r้flexion faite dans une exhalaison (qu’il appelle hypeccauma) en direction de l’้toile m๊me เ laquelle adh่re une chevelure, comme dans un halo. Or si c’้tait comme dans un halo, la r้flexion de la vue se ferait de l’exhalaison vers l’้toile m๊me et non vers le Soleil, comme le disent les disciples d’Hippocrate. Mais du halo il sera question plus loin.

[80138] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 8 Deinde cum dicit: de eo autem quod est etc., manifestat quod dixerat, per signum. Et dicit quod huius quod est consistentiam cometarum esse igneam, vel quantum ad comam apparentem, argumentum est hoc, quod plures cometae significant spiritus et siccitates. Manifestum est enim quod venti et siccitates fiunt propter hoc, quod multa exhalatio sicca est segregata a terra; unde necesse est aerem esse sicciorem, et humidum quod evaporat ab aquis, rarefieri et dissolvi, propter multitudinem calidae exhalationis, ita quod non de facili vapores in aquam condensentur, sed magis generentur venti, qui causantur ex exhalationibus siccis; hoc autem erit manifestius quando dicetur de ventis. Sic igitur, quando apparent frequentes et multi cometae, quod accidit propter multitudinem exhalationis siccae, oportet quod anni sint notabiliter sicci et ventosi. Sed quando rarius fiunt cometae, et non ita magni fiunt, non sunt anni notabiliter sicci et ventosi; sed tamen, ut frequenter, fit excessus venti, aut secundum tempus, quia diu durat, aut secundum magnitudinem, quia vehementer flat.

Et ponit exempla. Aliquando enim in quibusdam fluviis cecidit lapis ex aere per diem, elevatus a vento; et tunc fuit factus quidam cometa circa vesperum. Et similiter circa illum magnum cometam de quo supra dixit, fuit hiems sicca et borealis, et propter contrarietatem ventorum factus fuit superexcessus fluctuum, ita quod propter hoc destructae dicuntur quaedam civitates; quia extra in pelago flabat magnus Auster, sed in sinu vincebat Boreas. Similiter sub principe Nicomacho apparuit quidam cometa, et tunc etiam fuit factus magnus ventus apud Corinthum.

75. Ensuite quand il dit : il faut trouver, etc., il montre ce qu’il avait dit, par un signe. Et il dit que ce qui prouve que la consistance des com่tes est ign้e, ou mieux en ce qui concerne leur chevelure apparente, c’est qu’un assez grand nombre de com่tes annoncent des souffles et des s้cheresses. En effet, il est ้vident que les vents et les s้cheresses se produisent parce qu’une importante exhalaison s่che s’est s้par้e de la Terre ; de ce fait, il est n้cessaire que l’air soit plus sec et que l’humidit้ qui s’้vapore des eaux se rar้fie et se dissolve en raison de la grande quantit้ de l’exhalaison chaude, de telle sorte que les vapeurs ne se condensent pas ais้ment en eau, mais que ce sont plut๔t des vents caus้s par les exhalaisons s่ches qui sont engendr้s ; cela sera plus ้vident quand on parlera des vents. Ainsi donc, quand les com่tes apparaissent souvent et en grand nombre, ce qui arrive en raison d’une grande quantit้ d’exhalaison s่che, il faut que les ann้es soient s่ches et venteuses de fa็on notable. Mais quand les com่tes se forment plus rarement, et qu’elles sont d’une taille moindre, les ann้es ne sont pas s่ches et venteuses de fa็on notable ; mais pourtant, comme souvent, il se produit un exc่s de vent, soit dans le temps, puisqu’il dure longtemps, soit en quantit้, puisqu’il souffle avec violence.

Et il donne un exemple. En effet, une pierre est parfois tomb้e de l’air dans certains fleuves de jour, apr่s avoir ้t้ soulev้e par le vent ; et c’est alors qu’une com่te s’est form้e vers le soir. Et, de la m๊me fa็on, lors de la grande com่te dont il a parl้ ci-dessus, il s’est produit un hiver sec et marqu้ par le bor้e et, parce que les vents ้taient contraires, un raz-de-mar้e a eu lieu, de telle sorte que, dit-on, des cit้s ont ้t้ d้truites เ cause de cela ; en effet, เ l’ext้rieur, sur la mer, un fort auster soufflait, mais l’auster l’emportait dans le golfe. De la m๊me mani่re, sous l’archontat de Nicomaque, une com่te est apparue et alors il s’est aussi produit un grand vent เ Corinthe.

[80139] Super Meteora, lib. 1 cap. 11 n. 9 Deinde cum dicit: eius autem quod est etc., assignat causam de loco et tempore apparitionis cometae. Et dicit quod causa eius quod non fiant multi neque saepe, et magis extra tropicos, idest extra viam solis, quam intra, est quod per motum solis et astrorum non solum sunt exhalationes calidae a terra resolutae, sed etiam, si aliquid est in huiusmodi exhalationibus consistens et spissum, per motum solis et stellarum disgregatur; et sic impeditur causa apparitionis cometae, nisi quando fuerit superabundans talis exhalationis multiplicatio, quod raro accidit. Et maxime etiam causa est rarae apparitionis cometarum, quia plurimum de materia tali ex qua causatur apparitio cometae, adunatur in regione lactei circuli, ut infra dicetur: unde raro tantum multiplicatur exhalatio, quod sufficiat apparitioni cometae et lactei circuli.

76. Ensuite, quand il dit : la raison pour laquelle, etc., il pr้sente la raison pour laquelle une com่te appara๎t เ tel endroit et เ tel moment. Et il dit que, si les com่tes ne se forment pas en grand nombre ni souvent, et davantage en dehors des tropiques, c’est-เ-dire en dehors de la voie du Soleil, qu’en dedans, c’est non seulement que les exhalaisons chaudes r้solues เ partir de la Terre sont caus้es par le mouvement du Soleil et des astres, mais aussi que, si quelque chose, dans les exhalaisons de ce genre, est consistant et dense, il se d้sagr่ge du fait de leur mouvement ; et ainsi la cause de l’apparition de la com่te est entrav้e, sauf parfois, en cas d’accumulation en surabondance d’une telle exhalaison, ce qui arrive rarement. Et surtout, la cause de la raret้ de l’apparition des com่tes est aussi que la plus grande partie de la mati่re qui cause une apparition de com่te s’accumule dans la r้gion de la Voie lact้e, comme on le dira plus bas : de ce fait, l’exhalaison se multiplie rarement en assez grande quantit้ pour suffire เ l’apparition d’une com่te et de la Voie lact้e.

 

 

Caput 12

Chapitre 12 – [La Voie lact้e]

[80140] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 1 Postquam philosophus determinavit de stellis cadentibus et cometis, nunc determinat de lacteo circulo.

Et primo ostendit de quo est intentio. Et dicit quod iam dicendum est de lacteo circulo, qualiter et propter quam causam est apparitio eius, et quid est illa claritas quae est quasi lac; hoc servato ordine, ut primo discutiamus ea quae ab aliis dicta sunt.

Secundo ibi: vocatorum quidem igitur etc., exequitur propositum.

Et primo ponit opiniones aliorum; secundo opinionem propriam, ibi: nos autem dicamus et cetera.

Prima dividitur in tres, secundum tres opiniones quas ponit: secunda incipit ibi: qui autem circa Anaxagoram etc.; tertia ibi: amplius autem est tertia et cetera.

77. Apr่s que le philosophe a d้termin้ au sujet des ้toiles filantes et des com่tes, il d้termine maintenant au sujet du cercle lact้.

Et il montre premi่rement ce เ quoi il pr๊te attention. Et il dit qu’il faut d้sormais parler du cercle lact้, ce qu’il est, quelle est la cause de son apparition, et quelle est cette clart้ qui rappelle le lait, en respectant l’ordre selon lequel nous discutons en premier lieu de ce qui a ้t้ dit par les autres.

Deuxi่mement lเ : certains de ceux, il ex้cute la proposition.

Et il pr้sente premi่rement les opinions des autres, deuxi่mement la sienne, lเ : disons, pour notre part, etc.

La premi่re partie se divise en trois, selon les trois opinions qu’il expose : la deuxi่me commence lเ : les disciples d’Anaxagore, etc. ; la troisi่me, lเ : en outre, il existe une troisi่me, etc.

[80141] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 2 Circa primum duo facit. Primo ponit opinionem. Et dicit quod quidam de numero philosophorum qui vocantur Pythagorici, dixerunt quod lacteus circulus est quaedam via. Sed in hoc diversificati sunt: quidam enim dixerunt quod erat via alicuius stellae quae per hanc partem caeli transivit, derelicto proprio cursu, tempore exorbitationis caeli, quae dicitur in fabulis fuisse facta sub Phaetonte; sed alii dicunt quod per istum circulum quandoque transivit sol. Et ita per motum solis vel stellae, locus iste caeli est quasi exustus, vel passus aliquam talem passionem, ut videatur ibi quaedam albedo.

78. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il expose l’opinion. Et il dit que certains des philosophes du nombre de ceux qui sont appel้s Pythagoriciens affirmaient que le cercle lact้ est une voie. Mais leurs avis diff้raient sur ce point : en effet, certains disaient que c’้tait la voie d’une ้toile qui ้tait pass้e par cette partie du ciel, apr่s avoir abandonn้ sa propre course, au moment o๙ le ciel a quitt้ son orbite, ce qui, dit-on dans les mythes, a eu lieu sous Pha้ton ; mais d’autres disent que le Soleil est parfois pass้ par ce cercle. Et ainsi, en raison du mouvement du Soleil ou de l’้toile, cette partie du ciel est comme br๛l้e ou a subi un tel accident qu’il semble y avoir lเ une blancheur.

[80142] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 3 Secundo ibi: inconveniens autem etc., improbat hanc opinionem. Et dicit quod inconveniens fuit quod ponentes hanc opinionem non simul intelligebant quod, si transitus solis vel stellae esset causa huius claritatis in hac parte caeli, multo magis oportebat quod haec dispositio esset in circulo zodiaco, quam in circulo lacteo: quia non solum sol, sed omnes stellae errantes feruntur per zodiacum. Circulus autem zodiacus totus manifestus est nobis, diversis temporibus, quia de nocte semper apparet medietas zodiaci super terram (terra enim obtinet vicem puncti respectu sphaerae stellarum fixarum: unde per grossitiem terrae nihil occultatur nobis de zodiaco): sed quamvis totus zodiacus sit a nobis visibilis, tamen non videtur in eo aliqua talis dispositio, nisi in parte qua coniungitur lacteo circulo.

79. Deuxi่mement lเ : il est absurde, etc., il r้fute cette opinion. Et il dit qu’il ้tait absurde que ceux qui ้tablissaient cette opinion n’aient pas en m๊me temps compris que, si le passage du Soleil ou d’une ้toile ้tait la cause de cette clart้ dans cette partie du ciel, il serait in้vitable que cette disposition se trouve dans le cercle du zodiaque, plut๔t que dans le cercle lact้ : en effet, non seulement le Soleil, mais aussi toutes les plan่tes sont emport้es par le zodiaque. Or le cercle du zodiaque nous est compl่tement visible, เ diff้rents moments, puisque, de nuit, une moiti้ du zodiaque appara๎t toujours au-dessus de la Terre (car la Terre occupe la place d’un point par rapport เ la sph่re des ้toiles fixes ; de ce fait, rien ne nous est cach้ du zodiaque par la grosseur de la terre) ; mais bien que le zodiaque tout entier nous soit visible, cependant on n’y voit pas une telle disposition, sauf dans la partie o๙ il touche le cercle lact้.

[80143] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 4 Deinde cum dicit: qui autem circa Anaxagoram etc., ponit secundam opinionem. Et primo recitat eam. Et dicit quod sectatores Anaxagorae et Democriti dixerunt claritatem lacteam quae apparet in caelo, esse lumen quarundam stellarum. Cum enim sol fertur sub terra, dicebant quod umbra terrae pertingit usque ad sphaeram stellarum fixarum, et occultat quasdam stellas, ne recipiant radios solis; non autem omnes, quia propter parvitatem terrae, umbra eius non occupat totum caelum, sed aliquam parvam partem. Dicebant enim quod claritas stellarum quae respiciuntur a sole, non apparet, quia prohibetur apparere a radiis solis ad eas pertingentibus; et sic circa eas non videtur claritas lactis. Sed illarum stellarum ad quas non pertingunt radii solis, impediente terra, apparet proprium lumen; quod dicebant esse claritatem lactis.

80. Ensuite, quand il dit : les disciples d’Anaxagore, etc., il expose la deuxi่me opinion. Et il commence par la citer. Et il dit que les disciples d’Anaxagore et de D้mocrite affirmaient que la clart้ lact้e qui appara๎t dans le ciel est la lumi่re de certaines ้toiles. En effet, ils disaient que, lorsque le Soleil est entra๎n้ sous la Terre, l’ombre de cette derni่re atteint la sph่re des ้toiles fixes et cache certaines ้toiles, afin qu’elles ne re็oivent pas les rayons du Soleil ; mais non pas toutes, puisque, en raison de la petite taille de la Terre, son ombre n’occupe pas tout le ciel, mais une petite partie. Ils disaient, en effet, que la clart้ des ้toiles qui sont regard้es par le Soleil n’appara๎t pas, puisque les rayons du Soleil qui les atteignent l’emp๊chent d’appara๎tre ; et ainsi on ne voit pas la clart้ du cercle lact้ autour d’elles. Mais appara๎t la lumi่re propre des ้toiles que les rayons du Soleil n’atteignent pas car la Terre fait obstacle, ce qui, selon eux, constitue l’้clat de la Voie lact้e.

[80144] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 5 Secundo ibi: manifestum est autem etc., reprobat hanc opinionem per duas rationes. Quarum primam ponit, dicens manifestum esse hoc quod dictum est esse impossibile. Quia claritas lactis semper apparet in eisdem stellis: quia circulus lacteus videtur esse unus de maximis circulis sphaerae, qui dividit eam per medium. Sed quia sol non semper manet in eodem loco caeli, oportet quod semper sint alia et alia astra quae occultantur radiis solis per umbram terrae: quia oportet imaginari motum umbrae in oppositum motui solis. Si igitur occultatio stellarum per umbram terrae esset causa apparitionis lacteae claritatis, oporteret, moto sole, transferri et lacteam claritatem. Sed hoc non videtur fieri, quia semper apparet in eodem loco et in eisdem stellis, ut dictum est. Falsa est igitur praedicta opinio.

81. Deuxi่mement lเ : or il est manifeste, etc., il rejette cette opinion pour deux raisons. Il expose la premi่re d’entre elles, en disant qu’il est manifeste que ce qui a ้t้ dit est impossible. En effet, la clart้ de la Voie lact้e se montre toujours dans les m๊mes ้toiles, puisque le cercle lact้ semble ๊tre l’un des plus grands cercles de la sph่re, celui qui la divise par le centre. Mais ้tant donn้ que le Soleil ne reste pas toujours au m๊me endroit du ciel, il faut qu’il y ait toujours de nouveaux astres qui soient cach้s aux rayons du Soleil par l’ombre de la Terre : en effet, il faut se figurer le mouvement de l’ombre เ l’oppos้ de celui du Soleil. Donc, si l’occultation des ้toiles par l’ombre de la Terre ้tait la cause de l’apparition de la clart้ lact้e, il faudrait que, lorsque le Soleil est en mouvement, elle se meut aussi. Mais on ne voit pas que cela se produise, puisqu’elle appara๎t toujours au m๊me endroit et dans les m๊mes ้toiles, comme on l’a dit. Par cons้quent l’opinion pr้c้dente est fausse.

[80145] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 6 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem si quemadmodum etc., dicens quod probatum est per astrologicas rationes et considerationes, quod sol est maior terra, et quod plus distant astra fixa a terra quam sol, sicut et sol plus quam luna. Quando autem corpus lucidum est maius corpore opaco ex cuius oppositione fit umbra, umbra non ascendit in immensum, sed pyramidaliter ascendit in conum usque ad aliquam quantitatem; et tanto minorem, quanto corpus lucidum minus distat a corpore opaco, et quanto magis excedit ipsum. Unde manifestum est quod non multum longe conus umbrae terrae proiicitur ad radios qui sunt a sole, neque umbra terrae, quae vocatur nox, est apud astra fixa: sed necesse est quod sol prospiciat omnia astra fixa, et quod nulli eorum obsistat terra. Obsistit autem lunae eclipsans ipsam, quia est inferior sole, ut dictum est. Et sic patet quod praedicta opinio falsum supponebat.

82. Il donne la seconde raison lเ : en outre, comme, etc., disant qu’il est prouv้ dans les raisonnements et les observations astronomiques que le Soleil est plus grand que la Terre et que les astres fixes sont plus distants de la Terre que le Soleil ne l’est, de m๊me que le Soleil est plus ้loign้ que la Lune. Or, quand le corps lumineux est plus grand que le corps opaque dont l’interposition cr้e l’ombre, l’ombre ne monte pas vers l’immensit้, mais monte en pyramide sous la forme d’un c๔ne jusqu’เ une certaine hauteur, qui est d’autant plus petite que le corps lumineux est moins ้loign้ du corps opaque et qu’il le d้passe. De ce fait, il est manifeste que le c๔ne de l’ombre de la Terre n’est pas projet้ tr่s loin vers les rayons qui proviennent du Soleil et que l’ombre de la Terre, qui est appel้e ซ nuit ป, n’atteint pas les astres fixes ; mais il est n้cessaire que le Soleil ait vue sur tous les astres fixes et que la Terre ne fasse obstacle เ aucun d’entre eux. Elle fait obstacle เ la Lune en l’้clipsant, puisqu’elle est plus petite que le Soleil, comme on l’a dit. Et ainsi il est ้vident que l’opinion pr้c้dente pr้sentait une hypoth่se erron้e.

[80146] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 7 Tertiam opinionem ponit ibi: amplius autem est tertia et cetera. Et primo recitat ipsam, dicens quod quaedam tertia opinio fuit de circulo lacteo. Dixerunt enim quidam quod claritas lactea est ex eo quod visus noster repercutiebatur a stellis quibusdam ad solem; et ideo apparebat claritas circa illas stellas repercutientes visum, ita quod sunt quasi quoddam speculum claritatis solaris, sicut et Hippocrates dixit de apparitione cometae.

83. Il expose la troisi่me opinion lเ : en outre, il existe une troisi่me, etc. Et il la cite, en disant qu’il existait une troisi่me opinion sur le cercle lact้. En effet, certains affirmaient que son clart้ laiteuse s’explique par le fait que notre vision ้tait r้fl้chie par certaines ้toiles vers le Soleil, et que, pour cette raison, une clart้ apparaissait autour des ้toiles r้fl้chissant notre vision, de telle sorte qu’elles sont comme un miroir de la clart้ solaire, comme Hippocrate le disait de l’apparition d’une com่te.

[80147] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 8 Secundo ibi: impossibile autem etc., improbat hanc opinionem per duas rationes. Quarum primam ponit, dicens quod impossibile est quod praedicta opinio ponit. Et praemittit hanc propositionem. Si omne, idest totum hoc, scilicet videns et speculum et res quae videtur per speculum, immobilis maneat, necesse est quod eadem pars emphaseos, idest formae apparentis, appareat in eodem signo speculi, idest in eodem puncto ad quod fit repercussio lineae visualis. Sed si speculum moveatur, et similiter res visa per speculum, videns autem quiescat; et illa duo quae moventur, semper remaneant in eadem distantia ad videntem, sed adinvicem comparata neque aequali velocitate moventur, neque sunt semper in eadem distantia; impossibile est quod eadem apparitio fiat in eadem parte speculi. Quia nihil differt quod speculum et res visa moveantur diversa velocitate, quam si unum moveretur et alterum quiesceret: quod si esset, manifestum est quod videretur in alia et alia parte speculi forma rei visae, propter diversam oppositionem secundum situm. Et hoc dico si videns quiescat: quia si videns moveatur, et speculum quiesceret, et res visa moveatur, posset forma rei visae apparere in eadem parte speculi; quia per motum videntis recompensaretur quod deesset motu rei visae, si sic proportionaliter moverentur. Unde oportet quod, quando videns quiescit, et speculum et res visa moventur inaequali velocitate, quod forma non appareat in eadem parte speculi.

Sed astra quae sunt in circulo lacteo existentia, quae ponuntur quasi speculum, moventur; et similiter sol movetur, ad quem ponitur fieri repercussio visus, et sic obtinet locum rei visae; nos autem, qui sumus videntes, quiescimus, propter quietem terrae (motus autem quo movemur per terram, non facit aliquam sensibilem differentiam respectu tantae magnitudinis); astra autem praedicta et sol moventur aequaliter nobis quidem, et distantia eorum semper (est) aequalis nobis. Quod non est sic intelligendum, quod aequalis sit distantia a nobis ad solem, distantiae quae est a nobis ad stellas, cum supra dictum sit quod stellae sunt supra solem; sed quod sol per motum suum non fit a nobis magis vel minus distans. Et similiter convenit stellae: ut intelligatur maior vel minor distantia, quae sit notabilis respectu distantiae quae est inter solem et stellas; et hoc propter parvitatem terrae. Sed a seipsis sol et stellae non semper distant aequaliter: quia Delphis, hoc est constellatio delphini, quae est in lacteo circulo, quandoque oritur in media nocte, quandoque autem diluculo; et manifestum est quod plus distat a sole quando oritur in media nocte, quam quando oritur diluculo. Sed partes lactei circuli semper manent in eodem loco: quod non oportebat si esset apparitio ex repercussione proveniens; non enim esset haec claritas in eisdem locis, ut ostensum est. Unde patet praedictam opinionem esse falsam.

84. Deuxi่mement lเ : cela aussi est impossible, etc., il r้fute cette opinion pour deux raisons. Il donne la premi่re d’entre elles, en disant que ce que l’opinion pr้c้dente ้tablit est impossible. Et il expose cette proposition. Si tout, c’est-เ-dire tout ceci, เ savoir l’observateur, le miroir et la chose qui est vue dans le miroir, demeure immobile, il est n้cessaire que la m๊me partie de l’emphasis, c’est-เ-dire de la forme apparaissant, apparaisse au m๊me signe du miroir, c’est-เ-dire au m๊me point o๙ la ligne visuelle vient se refl้ter. Mais si le miroir se meut, tout comme l’objet vu dans le miroir, mais que l’observateur reste immobile, que les deux objets qui se meuvent restent toujours เ la m๊me distance par rapport เ l’observateur, mais se meuvent เ une vitesse in้gale, l’un par rapport เ l’autre, et qu’ils ne sont pas toujours เ la m๊me distance, il est impossible que la m๊me apparition se produise dans la m๊me partie du miroir. En effet, c’est la m๊me chose si le miroir et l’objet vu se meuvent เ des vitesses diff้rentes que si l’un se meut et l’autre reste immobile ; s’il en ้tait ainsi, il est ้vident que l’on apercevrait la forme de l’objet vu dans telle ou telle partie du miroir, en raison de l’opposition qui varie selon la position. Et je le dis เ la condition que l’observateur soit immobile, puisque, s’il bougeait, que le miroir restait immobile et que l’objet vu se mouvait, la forme de l’objet vu appara๎trait dans la m๊me partie du miroir : en effet ce qui manquerait au mouvement de l’objet vu serait compens้ par le mouvement de l’observateur, s’ils se mouvaient en proportion. De ce fait, il faut que, lorsque l’observateur est immobile, et que le miroir et l’objet vu se meuvent เ une vitesse in้gale, la forme n’apparaisse pas dans la m๊me partie du miroir.

Mais les astres qui sont dans le cercle lact้, lesquels sont consid้r้s comme un miroir, se meuvent, tout comme le Soleil, vers lequel, pense-t-on, la r้flexion de la vue se fait, et ainsi il occupe la place de l’objet vu ; mais nous, qui sommes les observateurs, nous sommes immobiles, en raison de l’immobilit้ de la Terre (le mouvement avec lequel nous nous mouvons sur la Terre ne fait pas une diff้rence sensible par rapport เ une telle grandeur) ; or les astres mentionn้s et le Soleil se meuvent de fa็on ้gale pour nous, c’est certain, et leur distance (est) toujours ้gale pour nous. Cela, il ne faut pas le comprendre de la fa็on suivante : la distance entre nous et le Soleil est ้gale เ celle qui se trouve entre nous et les ้toiles, puisque l’on a dit ci-dessus que les ้toiles sont au-dessus du Soleil ; mais il faut comprendre que le mouvement du Soleil ne le rend pas plus ou moins distant de nous. Et cela s’applique aussi เ une ้toile : on comprend donc par ซ distance plus ou moins grande ป celle qui est notable par rapport เ la distance qui se trouve entre le Soleil et les ้toiles ; et cela en raison de la petite taille de la Terre. Mais le Soleil et les ้toiles ne sont pas toujours เ ้gale distance, puisque le Delphis, c’est-เ-dire la constellation du dauphin, qui se trouve dans le cercle lact้, se l่ve tant๔t au milieu de la nuit, tant๔t au point du jour ; et il est manifeste qu’il est plus ้loign้ du Soleil quand il se l่ve au milieu de la nuit que quand il se l่ve au point du jour. Mais les parties du cercle lact้ demeurent toujours au m๊me endroit : ce ne serait pas le cas, si cette apparition provenait d’une r้flexion ; car cette clart้ ne se trouverait pas aux m๊mes endroits, comme on l’a montr้. Il est donc ้vident que l’opinion susdite est fausse.

[80148] Super Meteora, lib. 1 cap. 12 n. 9 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem nocte et cetera. Et dicit quod de nocte in aqua et aliis huiusmodi corporibus specularibus aspicitur forma lactei circuli. Sed inconveniens est dicere quod tunc visus repercutiatur ab aqua ad solem: vel propter distantiam enim videtur valde inconveniens quod sint ibi duae repercussiones, una scilicet ab aqua ad lacteum circulum, et alia a lacteo circulo ad solem.

Ultimo autem epilogando concludit quod lacteus circulus neque est via alicuius planetarum, ut prima opinio dixit; neque est lumen stellarum quae non respiciuntur a sole, ut dixit secunda opinio; neque est repercussio visus a stellis ad solem, ut dixit tertia opinio. Hae enim opiniones fuerunt ante eum de Galaxia.

85. Il pr้sente la deuxi่me raison lเ : en outre, de nuit, etc. Et il dit que, de nuit, on contemple la forme du cercle lact้ dans l’eau et dans d’autres corps sp้culaires de ce genre. Mais il est absurde de dire que la vision est alors r้fl้chie par l’eau en direction du Soleil ; ou bien, en raison de la distance, il semble en effet tout เ fait absurde qu’il y ait lเ deux reflets, เ savoir l’un de l’eau vers le cercle lact้, et l’autre du cercle lact้ vers le Soleil.

Enfin, en guise d’้pilogue, il conclut que le cercle lact้ n’est pas la voie de l’une des plan่tes, comme le disait la premi่re opinion, qu’elle n’est pas la lueur des ้toiles qui ne sont pas vues par le Soleil, selon la seconde opinion, ni la r้flexion de la vue par les ้toiles vers le Soleil, selon la troisi่me opinion. En effet, telles ้taient les opinions sur la Voie lact้e avant lui.

 

 

Caput 13

Chapitre 13 – [Aristote et sa th้orie de la voie lact้e]

[80149] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 1 Reprobatis opinionibus aliorum de circulo lacteo, hic ponit propriam opinionem.

Et circa hoc duo facit: primo resumit quaedam superius dicta, quae sunt utilia ad propositum manifestandum; secundo manifestat propositum, ibi: quod itaque secundum unum astrorum accidit et cetera.

Resumit autem duo: primo quidem quod supra dictum est de positione siccae exhalationis, et eius inflammatione. Unde dicit quod vult resumere id quod supra posuit tanquam principium. Dictum est enim supra quod communiter vocatur aer totum hoc quod est intra terram et globum lunarem; huius autem suprema pars, licet non proprie possit dici ignis, quia ignis significat excessum in caliditate, sicut glacies in frigore, tamen illa pars superior aeris habet virtutem ignis, quia est calida et sicca; ita quod, cum aer per motum caelestem disgregatur, talis consistentia exhalationis praedictae segregatur a terra et ab aere inferiori, et elevatur sursum, et ex hoc dicimus apparere stellas cometas.

86. Apr่s avoir condamn้ les opinions des autres sur le cercle lact้, il expose ici sa propre opinion.

Et, sur ce point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il reprend certains des propos tenus plus haut, qui sont utiles pour montrer sa proposition ; deuxi่mement, il montre la proposition, lเ : Ainsi donc, ce qui arrive เ un seul astre, etc.

Il rappelle deux choses : premi่rement, ce qui a ้t้ dit ci-dessus sur la position de l’exhalaison s่che et son inflammation. De ce fait, il dit qu’il veut rappeler ce qu’il avait pos้ ci-dessus comme principe. Car il avait dit ci-dessus que l’on appelle commun้ment ซ air ป tout ce qui est entre la Terre et le globe lunaire ; sa partie sup้rieure, bien qu’on ne puisse pas l’appeler ซ feu ป เ proprement parler, puisque ซ feu ป d้signe un exc่s de chaleur, comme la glace pour le froid, pourtant cette partie sup้rieure de l’air a la vertu du feu, puisqu’elle est chaude et s่che ; par cons้quent, lorsque l’air est d้sagr้g้ par le mouvement c้leste, une consistance du genre de l’exhalaison s่che se s้pare de la Terre et de l’air inf้rieur et s’้l่ve, et c’est pour cette raison que nous disons que des com่tes apparaissent.

[80150] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 2 Secundo ibi: tale itaque oportet etc., resumit quod dictum est supra de uno modo apparitionis cometae. Et dicit quod oportet intelligere aliquid simile esse in lacteo circulo, quod fit in cometis, quando cometa non fuerit aliqua exhalatio elevata et ignita per se existens absque aliqua stella, sed fit eius apparitio ab aliqua stellarum fixarum vel errantium, sicut dictum est. Quia tunc apparent cometae propter hoc, quod tales exhalationes elevatae consequuntur motum stellarum quae videntur cometae; sicut etiam solem sequitur talis adunata exhalatio, ex qua, propter repercussionem radiorum, apparet halo, cum aer ad hoc fuerit dispositus.

87. Deuxi่mement, lเ : ainsi donc, il faut, etc., il rappelle ce qu’il avait dit ci-dessus sur l’un des modes d’apparition des com่tes. Et il dit qu’il faut comprendre qu’il arrive au cercle lact้ un ph้nom่ne semblable เ celui qui arrive aux com่tes, lorsque la com่te n’est pas une exhalaison ้lev้e et enflamm้e qui existe par elle-m๊me sans ้toile, mais que son apparition est produite par l’une des ้toiles fixes ou errantes, comme on l’a dit. Alors, en effet, des com่tes apparaissent parce que de telles exhalaisons, une fois qu’elles se sont ้lev้es, suivent le mouvement des ้toiles qui semblent des com่tes, de m๊me qu’une telle exhalaison, une fois assembl้e, suit aussi le Soleil, เ la suite de quoi, en raison de la r้flexion des rayons, appara๎t un halo, lorsque l’air est dispos้ เ cela.

[80151] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 3 Deinde cum dicit: quod itaque secundum unum astrorum accidit etc., manifestat propositum, ostendens quae sit causa apparitionis lactei circuli.

Et circa hoc tria facit: primo proponit causam apparitionis lactei circuli; secundo inducit signum eorum quae dicta sunt, ibi: signum autem etc.; tertio concludit propositum, ibi: quare si quidem et cetera.

Circa primum duo facit. Primo ostendit causam apparitionis lactei circuli. Et dicit quod illud quod accidit in apparitione secundum unam stellam, oportet accipere esse factum circa totum caelum et circa totum motum ipsius: quia rationabile est quod, si motus unius stellae attrahit et circumducit aliquam exhalationem, quod multo magis hoc possit facere motus omnium stellarum; et praecipue in loco illo caeli, ubi apparent frequentissimae stellae et plurimae et maximae.

88. Ensuite, lorsqu’il dit : ainsi donc, ce qui arrive เ un seul astre, etc., il d้montre la proposition, exposant la cause de l’apparition du cercle lact้.

Et, sur ce point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il donne la cause de l’apparition du cercle lact้ ; deuxi่mement, il avance une preuve de ce qu’il a dit, lเ : en voici la preuve, etc. ; troisi่mement il conclut la proposition, lเ : par cons้quent, si, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il montre la cause de l’apparition du cercle lact้. Et il dit que ce qui arrive lors de l’apparition avec une ้toile, on doit admettre que cela se produit pour le ciel tout entier et pour tout son mouvement : en effet, il est logique que, si le mouvement d’une seule ้toile attire et fait tourner une exhalaison, le mouvement de toutes les ้toiles puisse le faire bien davantage, et surtout dans un endroit du ciel o๙ apparaissent les ้toiles les plus denses, les plus nombreuses et les plus grandes.

[80152] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 4 Secundo ibi: qui quidem igitur animalium etc., ostendit causam quare in hac determinata parte caeli circuli lactei claritas apparet. Et dicit quod circulus animalium, qui dicitur zodiacus, dissolvit adunationem praedictae exhalationis, propter hoc quod per zodiacum movetur sol et alii planetae. Et haec est etiam causa propter quam, ut plurimum, cometae non apparent in zodiaco, sed extra tropicos, ut dictum est. Et haec est etiam causa propter quam circa solem et lunam non fit coma: quia videlicet per motum solis et lunae citius disgregatur exhalatio (quam diximus esse causam apparitionis cometae et lactei circuli), quam ut possit adunari ad causandum apparitiones praedictas. Sed iste circulus in quo apparet nobis videntibus lactea claritas, et est unus maximorum circulorum, quia dividit sphaeram per medium; et est sic dispositus secundum situm, ut ex utraque parte multum excedat utrumque tropicum, scilicet hiemalem et aestivum, licet intersecetur a zodiaco. Et etiam hic locus istius circuli est plenus magnis stellis fulgidis, et quae propter frequentiam et spissitudinem vocantur sporadicae, idest seminatae in caelo (quod etiam manifeste oculis videri potest); ita quod propter huiusmodi causam semper in tali parte caeli adunetur exhalatio; quia videlicet in hac parte caeli est efficax virtus stellarum ad attrahendam exhalationem, et non est causa vehemens quae impediat eius adunationem, sicut accidit sub zodiaco circulo. Ista igitur exhalatio adunata sub tali parte caeli, facit ibi videri lacteam claritatem, sicut et exhalatio consequens aliquam stellam, facit ibi videri comam.

89. Deuxi่mement, lเ : donc le cercle du zodiaque, etc., il montre la raison pour laquelle la clart้ du cercle lact้ appara๎t dans cette partie d้termin้e du ciel. Et il dit que le cercle des animaux, qui est appel้ zodiaque, dissout la condensation de l’exhalaison mentionn้e, parce que le Soleil et les autres plan่tes se meuvent sur le zodiaque. Et c’est aussi la raison pour laquelle, le plus souvent, les com่tes n’apparaissent pas sur le zodiaque, mais en dehors des tropiques, ainsi qu’on l’a dit. Et c’est ้galement la raison pour laquelle il n’y a pas de chevelure autour du Soleil et de la Lune : en effet, de toute ้vidence, l’exhalaison est trop vite d้sagr้g้e par le mouvement du Soleil et de la Lune (laquelle est, selon nous, la cause de l’apparition des com่tes et du cercle lact้) pour pouvoir se condenser afin de causer les ph้nom่nes mentionn้s. Mais ce cercle o๙ la clart้ lact้e appara๎t เ nous qui l’observons, est l’un des plus grands cercles, puisqu’il divise la sph่re en son centre ; et il se trouve dispos้ dans l’espace de fa็on เ largement d้passer les deux tropiques, เ savoir celui d’hiver et celui d’้t้, des deux c๔t้s, bien qu’il soit divis้ par le zodiaque. Et cette partie du cercle est ้galement remplie de grandes ้toiles lumineuses et qui, en raison de leur grand nombre et de leur densit้, sont dites sporades, c’est-เ-dire sem้es dans le ciel (ce que l’on peut aussi voir clairement de ses yeux) ; par cons้quent, l’exhalaison se condense toujours dans cette partie du ciel pour une raison de ce genre : en effet, de toute ้vidence, dans cette partie du ciel, la vertu des ้toiles est capable d’attirer l’exhalaison, et il n’y a pas de raison assez puissante pour emp๊cher sa condensation, comme c’est le cas sous le cercle du zodiaque. Donc cette exhalaison condens้e sous cette partie du ciel y fait voir une clart้ lact้e, tout comme l’exhalaison qui suit une ้toile y fait voir une chevelure.

[80153] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 5 Deinde cum dicit: signum autem etc., manifestat quod dictum est, per signum: dicens quod signum praedictorum est, quod in ipso lacteo circulo unus eius semicirculus duplatur, et habet amplius de lumine. Cuius causa est, quia in illo semicirculo sunt plures stellae et magis frequentes quam in alio, ac si nulla esset alia causa claritatis apparentis, quam motus astrorum plurimorum frequentium. Quia si in isto circulo apparet claritas in quo plures stellae ponuntur, et in illa eius parte plus apparet in qua sunt stellae plures et magis frequentes, verisimile est multitudinem stellarum esse causam huius apparitionis. Quod autem dictum est de isto circulo et de stellis in eo existentibus, potest considerari ex descriptione: quia astrologi describunt totam sphaeram cum stellis in ea existentibus.

90. Ensuite, quand il dit : en voici la preuve, etc., il montre ce qu’il avait dit par une preuve, affirmant que la preuve de ce qui pr้c่de est que dans le cercle lact้ lui-m๊me un des deux demi-cercles se d้double et produit plus de lumi่re. La raison en est que, dans ce demi-cercle, les ้toiles sont en plus grand nombre et plus denses que dans l’autre, comme s’il n’y avait aucune autre cause de la clart้ apparente que le mouvement d’astres plus nombreux et plus denses. En effet, si la clart้ appara๎t dans le cercle o๙ les ้toiles sont plus nombreuses, et qu’elle appara๎t davantage dans la partie o๙ les ้toiles sont plus nombreuses et plus denses, il est vraisemblable que la masse des ้toiles soit la cause de son apparition. Or ce qui a ้t้ dit sur ce cercle et sur les ้toiles qui s’y trouvent peut ๊tre observ้ sur une carte, ้tant donn้ que les astronomes repr้sentent toute la sph่re avec les ้toiles qui s’y trouvent.

[80154] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 6 Exponit autem consequenter quare stellae in circulo lacteo existentes vocantur sporadicae, idest seminatae: quia videlicet sic sunt dispersae per illam partem caeli, quod non contingit eas ordinare sub aliqua figuratione, sicut stellas existentes in aliis partibus caeli; quia unaquaeque earum non habet aliquam determinatam positionem, ut possit ad similitudinem alicuius figurae reduci. Et hoc manifestum est aspicienti in caelo: quia in solo hoc circulo spatia intermedia inter stellas maiores, sunt plena quibusdam parvis stellis; sed in aliis locis caeli manifeste deficiunt stellae, quapropter intermedia apparent vacua a stellis.

91. Par cons้quent, il explique pourquoi les ้toiles qui se trouvent dans ce cercle sont dites sporades, c’est-เ-dire diss้min้es : parce que, de toute ้vidence elles ont ้t้ ainsi dispers้es sur cette partie du ciel, vu qu’il n’est pas possible de les mettre en ordre dans une repr้sentation quelconque, tout comme les ้toiles qui se trouvent dans les autres parties du ciel ; car aucune d’entre elles n’a de position d้termin้e, permettant de les assimiler เ une figure. Et c’est ้vident pour quiconque l่ve les yeux au ciel : en effet, c’est seulement dans ce cercle que les intervalles entre ces ้toiles plus grandes sont remplis de petites ้toiles ; mais, dans les autres lieux du ciel, les ้toiles sont manifestement absentes, c’est pourquoi les intervalles paraissent vides d’้toiles.

[80155] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 7 Deinde cum dicit: quare si quidem etc., concludit ex supradictis suam intentionem. Et dicit quod si causa supra assignata de apparitione cometae, acceptanda est tanquam mediocriter dicta (quia scilicet nullum habet inconveniens manifestum), existimandum est etiam sic se habere de circulo lacteo: quia quod in cometis est coma circa unam stellam, eandem passionem accidit fieri circa quendam circulum. Ita quod lactea claritas, ut ita dicatur quasi definiendo, nihil aliud sit (lactea via) quam coma eiusdem maximi circuli, in caelo apparens propter segregationem, idest elevationem a terra, exhalationis ad illam partem adunatae. Et ideo, sicut prius dictum est, non fiunt multi cometae neque frequenter, quia talis adunatio exhalationis quae elevata est a terra, elevatur secundum unamquamque circulationem, et adunatur maxime in loco lactei circuli; ita quod a lacteo circulo exhalatio superabundans non relinquitur, quae possit esse materia apta ad cometae apparitionem.

92. Ensuite, lorsqu’il dit : par cons้quent, si, etc., il conclut sur son intention เ partir des propos pr้c้dents. Et il dit que, si la cause avanc้e ci-dessus เ propos de l’apparition de la com่te doit ๊tre consid้r้e comme dite avec mesure (puisqu’elle ne contient rien qui soit manifestement inconvenant), il faut aussi consid้rer qu’il en est ainsi pour le cercle lact้ : en effet, le ph้nom่ne qui cr้e une chevelure autour d’un unique astre chez les com่tes est susceptible de se produire autour d’un cercle. Par cons้quent, la clart้ lact้e, pour donner une forme de d้finition, n’est rien d’autre (la Voie lact้e) que la chevelure d’un tr่s grand cercle, apparaissant dans le ciel en raison de la s้paration, c’est-เ-dire de l’้l้vation, เ partir de la Terre, de l’exhalaison condens้e เ cette partie. Et c’est pourquoi, comme on l’a dit ci-dessus, les com่tes ne se forment pas en grand nombre ni fr้quemment, puisqu’une exhalaison ainsi condens้e, s’้levant de la Terre, le fait เ chaque r้volution, et se condense surtout เ cet endroit du cercle lact้, de telle sorte qu’une exhalaison surabondante ne se s้pare pas du cercle lact้ pour pouvoir donner mati่re เ l’apparition d’une com่te.

[80156] Super Meteora, lib. 1 cap. 13 n. 8 Ultimo autem recapitulat ea quae dicta sunt. Et dicit quod dictum est de his quae fiunt in hoc mundo qui est circa terram, qui scilicet est suppositus generationi et corruptioni, quantum ad illum locum qui est continuus, idest contiguus, motibus caelestibus: scilicet de discursu astrorum, et de ignita flamma, et de cometis et lacteo circulo; quia huiusmodi passiones apparent circa locum istum superiorem.

93. Enfin il r้capitule ce qui a ้t้ dit. Et il dit ce qui a ้t้ avanc้ sur ce qui se produit dans le monde qui est autour de la Terre, เ savoir celui qui est soumis เ la g้n้ration et เ la corruption, concernant le lieu qui est en continuit้, c’est-เ-dire contigu aux mouvements c้lestes : เ savoir sur les ้toiles filantes, sur les flammes qui br๛lent, les com่tes et le cercle lact้ ; en effet, les ph้nom่nes de ce genre apparaissent autour de cet espace sup้rieur.

 

 

Caput 14

Chapitre 14 – [Les nuages et l’humidit้]

[80157] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 1 Postquam philosophus determinavit de his quae causantur ex exhalatione sicca ad supremum locum aeris elevata, hic determinat de his quae causantur ex exhalatione humida.

Et primo de his quae causantur ex exhalatione humida super terram; secundo de his quae causantur ex exhalatione humida in terra, ibi: de ventis autem et cetera.

94. Apr่s que le philosophe a d้termin้ au sujet des ph้nom่nes qui sont caus้s par une exhalaison s่che qui s’est ้lev้e vers le lieu le plus ้lev้ de l’air, il d้termine ici au sujet de ceux qui sont caus้s par une exhalaison humide.

Et, premi่rement, de ceux qui sont caus้s par une exhalaison humide au-dessus de la Terre ; deuxi่mement, de ceux qui sont caus้s par une exhalaison humide sur la Terre, lเ : เ propos des vents.

[80158] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 2 Circa primum duo facit. Primo ostendit de quo est intentio: dicens quod nunc dicendum est de his quae fiunt in loco qui secundum situm, descendendo, est secundus post locum supremum aeris, in quo fiunt ea quae dicta sunt, sed ascendendo est primus, immediatus circa terram; quae inferior pars aeris est. Iste enim locus est communis et aquae et aeri: quia in eo aer est secundum naturalem ordinem elementorum, et aqua ex vaporibus elevatis ibi generatur. Unde non solum est communis aquae et aeri, sed etiam eis quae accidunt circa generationem ipsius aquae et aeris, quae fiunt superius dum aqua resolvitur in vapores, qui pertinent ad naturam aeris, et vapores congregantur in aquam. Ostendit etiam modum determinandi de istis, dicens quod debemus sumere primo principia communia et causas omnium horum accidentium.

95. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Il montre premi่rement ce sur quoi porte son attention, disant qu’il faut maintenant parler des ph้nom่nes qui se produisent dans l’espace qui, par sa position, en descendant, est le second apr่s l’espace le plus ้lev้ de l’air, dans lequel se produisent les ph้nom่nes mentionn้s, mais qui est le premier, en montant, imm้diatement apr่s la Terre, ce qui constitue la partie inf้rieure de l’air. En effet, cet espace est commun et เ l’eau et เ l’air, puisque l’air s’y trouve dans l’ordre naturel des ้l้ments et que l’eau y est engendr้e par les vapeurs qui se sont ้lev้es. De ce fait, il est commun non seulement เ l’eau et เ l’air, mais aussi aux ph้nom่nes qui arrivent lors de la g้n้ration de l’eau elle-m๊me et de l’air, qui se produisent plus haut pendant que l’eau se d้sagr่ge en vapeurs, qui participent de la nature de l’air, et que les vapeurs se condensent en eau. Il montre aussi quelle m้thode permet de d้terminer เ leur sujet, disant que nous devons comprendre premi่rement les principes communs et les causes de tous ces ph้nom่nes.

[80159] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 3 Secundo ibi: quod quidem igitur etc., determinat propositum. Et primo ponit ea quae communiter pertinent ad causam omnium huiusmodi passionum; secundo determinat de singulis passionibus, ostendens differentiam inter eas, ibi: elevato autem humido et cetera.

Circa primum tria facit. Primo ponit causam effectivam harum passionum. Et dicit quod illud quod est causa sicut movens et principale et primum principium omnium harum passionum, est circulus zodiacus, in quo manifeste movetur sol, qui et disgregat resolvendo vapores a terra, et congregat eos per suam absentiam: frigore enim invalescente in aere per absentiam solis, nubes condensantur in aquam. Et ideo subiungit quod ex hoc quod quandoque fit prope nos, quandoque autem elongatur a nobis, existit causa generationis et corruptionis. Fit prope autem nobis secundum proprium motum, quando accedit ad signa Septentrionalia: elongatur autem a nobis, dum moratur in signis meridionalibus.

96. Deuxi่mement, lเ : donc le principe, etc., il d้termine la proposition. Et, premi่rement, il ้tablit les principes qui sont communs เ la cause de tous les ph้nom่nes de ce genre ; deuxi่mement, il d้termine au sujet de chaque ph้nom่ne, montrant les diff้rences que l’on trouve entre eux, lเ : l’humide s’้levant, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il pose la cause efficiente de ces ph้nom่nes. Et il dit que ce qui constitue la cause, เ titre de principe moteur, principal et premier de tous ces ph้nom่nes, est le cercle du zodiaque, dans lequel le Soleil se meut manifestement, เ la fois en s้parant les vapeurs de la Terre par dissolution et en les agr้geant par son absence ; en effet, alors que le froid prend de la vigueur dans l’air en l’absence du Soleil, les nuages se condensent en eau. Et c’est pourquoi il ajoute que le fait que tant๔t il s’approche de nous, tant๔t il s’en ้loigne est la cause de la g้n้ration et de la corruption. Or il se rapproche de nous de son propre mouvement, quand il se dirige vers la constellation de la Grande Ourse ; il s’้loigne de nous pendant qu’il s’attarde dans les signes du sud.

[80160] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 4 Secundo ibi: manente autem terra etc., ostendit causam materialem harum passionum. Et dicit quod, cum terra quiescat in medio, illud humidum aqueum quod est circa ipsam, tum a radiis solis tum ab alia caliditate quae est a superioribus corporibus, resolvitur in vaporem, et sic subtiliatum per virtutem calidi sursum fertur.

97. Deuxi่mement ici : la Terre ้tant immobile, etc., il montre la cause mat้rielle de ces ph้nom่nes. Et il dit que, comme la Terre est immobile au centre, l’humidit้ aqueuse qui se trouve autour d’elle se r้sout en vapeur tant๔t sous l’effet des rayons du Soleil, tant๔t sous celui du reste de la chaleur qui est produite par les corps sup้rieurs, et est ainsi entra๎n้e vers le haut, apr่s ๊tre devenue plus subtile sous l’influence de la chaleur.

[80161] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 5 Tertio ibi: caliditate autem etc., ostendit modum generationis horum de quibus intendit.

Et circa hoc tria facit. Primo ponit in communi modum generationis harum passionum. Et dicit quod vapor qui sursum fertur per virtutem caloris, deseritur a caliditate quae sursum eum ferebat. Quod quidem contingit dupliciter: uno modo per hoc quod id quod erat subtilius et calidius in vapore, elevatur ulterius ad superiorem locum exhalationis siccae, et sic residua pars vaporis remanet frigida; alio modo per hoc quod calor qui est in vapore extinguitur, propter hoc quod longe elevatur a terra in aere qui est supra terram, ubi deficit calor propter hoc quod radii reverberati a terra in immensum sparguntur, ut supra dictum est. Sic igitur deficiente calore calefaciente et elevante vaporem aqueum, vapor aqueus redit ad suam naturam, coadunante etiam frigiditate loci; et sic infrigidatur, et infrigidatus inspissatur, et inspissatus cadit ad terram.

98. Troisi่mement ici : quand la chaleur, etc., il montre la fa็on dont sont engendr้s les ph้nom่nes sur lesquels il porte son attention.

Et, sur ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il expose, de mani่re g้n้rale, comment ces ph้nom่nes sont engendr้s. Et il dit que la vapeur qui est entra๎n้e vers le haut sous l’effet de la chaleur est abandonn้e par la chaleur qui l’entra๎nait vers le haut. Cela se produit de deux mani่res : d’une part parce que ce qui ้tait plus subtil et plus chaud dans la vapeur s’้l่ve plus loin vers l’espace sup้rieur de l’exhalaison s่che, et qu’ainsi la partie r้siduelle de la vapeur demeure froide ; d’autre part parce que la chaleur qui se trouve dans la vapeur s’้teint, du fait qu’elle s’้l่ve loin de la Terre dans l’air qui se trouve au-dessus d’elle, lเ o๙ la chaleur fait d้faut, puisque les rayons r้fl้chis par la Terre sont ้parpill้s dans l’immensit้, comme on l’a dit ci-dessus. Ainsi donc, comme la chaleur qui r้chauffe et fait s’้lever la vapeur m๊l้e d’eau manque, cette derni่re retourne เ sa nature, la froidure du lieu l’agr้geant aussi ; et ainsi elle se refroidit, se condense, apr่s s’๊tre refroidie, et tombe sur Terre, apr่s s’๊tre condens้e.

[80162] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 6 Secundo ibi: est autem quae quidem etc., ostendit quid sit medium in praedictis transmutationibus. In prima enim transmutatione, secundum quam aqua subtiliatur et elevatur, medium est vapor: nam ipsa exhalatio resoluta ab aqua vocatur vapor, qui est medius inter aerem et aquam. In illa autem transmutatione secundum quam aer condensatur in aquam, medium est nubes, quae est via generationis aquae. Sed cum nubes condensatur in aquam, id quod est residuum de nube, quod scilicet in aquam condensari non potuit, est caligo nebulae. Et ideo nebula magis est signum serenitatis quam pluviae: quia nebula est quasi quaedam nubes sterilis, idest sine pluvia, quae est naturalis effectus nubis. Contingit tamen aliquando nebulam elevari in ipsa exhalatione vaporum, antequam condensentur in nubem perfecte: et tunc nebula potest esse signum pluviae.

99. Deuxi่mement, lเ : l’exhalaison qui, etc., il montre quel est l’้tat interm้diaire dans les transformations pr้c้dentes. En effet, dans la premi่re transformation, dans laquelle l’eau devient plus subtile et s’้l่ve, l’interm้diaire est la vapeur : en effet, l’exhalaison elle-m๊me dissolue เ partir de l’eau s’appelle vapeur, qui est l’้tat interm้diaire entre l’air et l’eau. Or, dans la transformation o๙ l’air se condense en eau, l’้tat interm้diaire est le nuage, qui est la voie que prend la g้n้ration de l’eau. Mais lorsque le nuage se condense en eau, ce qui reste du nuage, เ savoir ce qui n’a pas pu se condenser en eau est le brouillard de la brume. Et c’est pourquoi la brume est signe de beau temps plut๔t que de pluie : en effet, la brume est comme un nuage st้rile, c’est-เ-dire sans pluie, laquelle est un effet naturel du nuage. Pourtant, il arrive parfois que de la brume s’้l่ve dans l’exhalaison m๊me des vapeurs, avant qu’elles ne se condensent parfaitement en nuage ; et alors la brume peut ๊tre signe de pluie.

[80163] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 7 Tertio ibi: fit autem circulus iste etc., ostendit quomodo in praedictis transmutationibus representatur similitudo primae causae moventis, scilicet circulationis solis. Attenditur enim quaedam circulatio in praedictis transmutationibus, dum aqua resolvitur in vapores, qui condensantur in nubes, et nubes in aquam, quae cadit in terram. Dicit ergo quod ista circularis transmutatio imitatur circularem motum solis: sol enim permutatur ad diversas partes caeli, puta ad Septentrionem et meridiem, et circulatio ista completur in hoc quod vapores ascendunt sursum et descendunt deorsum. Sed oportet intelligere quod iste fluxus vaporum ascendentium et descendentium, sit quasi quidam fluvius circularis communis aeri et aquae: nam quod aqua resolvitur in vaporem, ad aerem attinet, quod autem nubes in aquam condensantur, ad aquam. Cum ergo sol prope existit, iste fluvius vaporum ascendit sursum; cum autem elongatur sol, descendit deorsum; et hoc indesinenter fit secundum ordinem praedictum. Unde concludit quod forte antiqui dicentes Oceanum esse quendam fluvium circumdantem terram, occulte loquebantur de hoc fluvio, qui circulariter fluit circa terram, ut dictum est.

100. Troisi่mement, lเ : ce cycle de l’eau, etc., il montre comment on discerne, dans les transformations pr้c้dentes, une ressemblance avec la premi่re cause motrice, เ savoir le cycle du Soleil. En effet, on remarque un cycle dans les transformations pr้c้dentes, tandis que l’eau se r้sout en vapeurs, qui sont condens้es en nuages, et les nuages en eau, qui tombe sur la Terre. Il dit donc que cette transformation cyclique imite le mouvement cyclique du Soleil : car le Soleil change aux diff้rentes parties du ciel, เ savoir au nord et au sud, et ce cycle est complet en ce sens que les vapeurs montent en haut et descendent en bas. Mais il faut comprendre que ce flux de vapeurs ascendantes et descendantes est, pour ainsi dire, un fleuve circulaire commun เ l’air et เ l’eau ; en effet, le fait que l’eau se r้solve en vapeur concerne l’air et le fait que les nuages se condensent en eau concerne l’eau. Donc lorsque le Soleil est proche, ce fleuve de vapeurs monte vers le haut ; or lorsque le Soleil s’้loigne, il descend vers le bas ; et cela se produit incessamment dans l’ordre mentionn้. Il en conclut que les Anciens, qui disaient que l’Oc้an est un fleuve entourant la Terre, parlaient peut-๊tre de fa็on occulte de ce fleuve qui coule en cercle autour de la Terre, comme on l’a dit.

[80164] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 8 Deinde cum dicit: elevato autem humido etc., determinat de praedictis passionibus in speciali, ostendendo differentias earum adinvicem.

Et dividitur in duas partes: in prima determinat de generatione illorum quae manifestiorem habent causam; in secunda de generatione grandinis, circa quam est maior difficultas, ibi: ipsa autem aqua et cetera.

101. Ensuite, lorsqu’il dit : l’humide s’้levant, etc., il traite des ph้nom่nes pr้c้dents en particulier, en montrant les diff้rences qui se trouvent entre eux.

Et ce d้veloppement se divise en deux parties : dans la premi่re, il traite de la g้n้ration de ceux qui ont une cause ้vidente ; dans la seconde, de la g้n้ration de la gr๊le, qui cause une difficult้ plus grande, lเ : l’eau elle-m๊me, etc.

[80165] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 9 Circa primum duo facit. Primo determinat de pluviis: dicens quod cum humidum aqueum elevatur ex virtute calidi, et iterum fertur deorsum propter infrigidationem, secundum quasdam differentias, huiusmodi passionibus aeris diversa nomina imponuntur. Quia quando per modicas partes vapores inspissati in aquam cadunt, tunc dicuntur psecades, idest guttae, sicut aliquando contingit quod parvae guttae decidunt: quando vero secundum maiores partes decidunt guttae ex vaporibus generatae, vocatur pluvia.

102. Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il d้termine au sujet de la pluie, disant que, lorsque l’humide gonfl้ d’eau s’้l่ve du fait de la puissance de la chaleur et qu’il est entra๎n้ de nouveau vers le bas en raison du refroidissement, divers noms sont donn้s aux ph้nom่nes de ce genre affectant l’air, selon certaines diff้rences. En effet, lorsque les vapeurs condens้es en particules tombent en eau, on les appelle alors psecades, c’est-เ-dire ซ gouttes ป, de m๊me qu’il arrive parfois que de petites gouttes tombent ; mais quand des gouttes engendr้es par des vapeurs tombent en particules plus grandes, on les appelle ซ pluie ป.

[80166] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 10 Secundo ibi: ex eo autem quod de die etc., determinat de rore et pruina.

Et circa hoc tria facit. Primo determinat modum generationis eorum. Et dicit quod ros et pruina contingunt ex hoc quod de die, sole existente super terram, aliquid evaporat ex humido aqueo propter solis calorem; quod quidem evaporatum non multum suspenditur vel elevatur super terram, propter hoc quod ignis, idest calor elevans huiusmodi vaporem, est parvus in comparatione ad humorem aqueum qui elevatur. Et ita, cum de nocte infrigidatus fuerit aer, inspissatur ille vapor elevatus de die, et cadit in terram, et vocatur ros vel pruina: ut ita se habeat accessus solis et recessus secundum motum diurnum ad generationem roris et pruinae, secundum quod se habet ad generationem pluviae secundum motum proprium, secundum quod accedit et recedit in aestate et hieme.

103. Deuxi่mement, lเ : ce qui s’้vapore le jour, etc., il traite de la ros้e et de la gel้e blanche.

Et sur ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il d้termine leur mode de g้n้ration. Et il dit que la ros้e et la gel้e blanche se produisent parce que, le jour, alors que le Soleil est au-dessus de la Terre, une partie de l’humide charg้ d’eau s’้vapore en raison de sa chaleur ; du moins ce qui s’est ้vapor้ reste suspendu ou s’้l่ve en petite quantit้ au-dessus de la Terre, parce que le feu, c’est-เ-dire la chaleur qui fait s’้lever la vapeur de ce genre, est en faible quantit้ en comparaison de l’humeur aqueuse qui s’้l่ve. Et ainsi, lorsque l’air s’est refroidi la nuit, la vapeur qui s’est ้lev้e le jour se condense et tombe sur la Terre, et s’appelle ซ ros้e ป ou ซ gel้e blanche ป ; par cons้quent, l’arriv้e et l’้loignement du Soleil suivant le mouvement diurne produisent sur la g้n้ration de la ros้e et de la gel้e blanche le m๊me effet que son mouvement propre sur la g้n้ration de la pluie, selon qu’il arrive et s’้loigne en ้t้ et en hiver.

[80167] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 11 Secundo ibi: pruina quidem etc., ostendit differentiam eorum: dicens quod pruina fit, quando vapor prius congelatur quam condensetur in aquam; et propter hoc fit in hieme et in hiemalibus locis, idest in frigidis locis. Sed ros fit, quando vapor inspissatur in aquam, et neque est tantus aestus quod vapor elevatus desiccetur, neque est tantum frigus quod vapor congeletur. Et ideo oportet quod sit aut in tempore aut in loco calido: quia ros semper fit in tempore temperato et in locis temperatis, sed pruina, sicut dictum est, fit in tempore et loco magis frigidis. Cum enim vapor sit calidior aqua, quia adhuc est in eo aliquid de calore elevante, maior frigiditas requiritur ad congelationem vaporis quam aquae; et sic pruina nunquam fit nisi in magno frigore.

104. Deuxi่mement lเ : on parle de gel้e, etc., il montre leur diff้rence, disant que la gel้e blanche se forme lorsque la vapeur est gel้e avant de se condenser en eau ; et c’est pourquoi il appara๎t en hiver et dans les lieux hivernaux, c’est-เ-dire dans les r้gions froides. Mais la ros้e se forme lorsque la vapeur se condense en eau, que la chaleur n’est pas assez forte pour dess้cher la vapeur qui s’est ้lev้e et que le froid n’est pas assez vif pour la congeler. Et c’est pourquoi il faut que ce soit lors d’une saison chaude ou dans des lieux chauds : car la ros้e se produit toujours lors d’une saison et dans des r้gions temp้r้es, mais la gel้e blanche, comme on l’a dit, se forme lors d’une saison et dans des lieux plus froids. En effet, comme la vapeur est plus chaude que l’eau, puisqu’il y a encore en elle quelque trace de la chaleur qui la fait s’้lever, la cong้lation de la vapeur requiert un froid plus vif que celle de l’eau ; et ainsi la gel้e blanche se forme seulement lors d’un grand froid.

[80168] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 12 Deinde cum dicit: fiunt autem ambo etc., ostendit qualiter existente aere disposito, fit ros et pruina.

Et primo ostendit hoc communiter quantum ad utrumque; secundo specialiter de rore, ibi: fit autem ros ubique et cetera.

Circa primum duo facit: primo ostendit quod proponit; secundo ponit quoddam signum praedictorum, ibi: signum autem et cetera.

Dicit ergo primo quod tam ros quam pruina fiunt cum aer fuerit serenus absque nubibus et pluvia, et tranquillus absque vento. Quia si non sit serenus, non possunt elevari vapores de die, propter defectum caloris: si autem non fuerit tranquillitas, vento flante, non poterunt vapores condensari, ut generetur ros; nam ventus, commovendo aerem, impedit congregationem vaporum.

105. Ensuite, quand il dit : toutes deux se forment, etc., il montre par quelle disposition de l’air la ros้e et la gel้e blanche se forment.

Et, premi่rement, il le montre เ propos des deux ph้nom่nes en g้n้ral ; deuxi่mement, เ propos de la ros้e en particulier, lเ : or, la ros้e se forme, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il montre ce qu’il propose ; deuxi่mement, il donne une preuve sur ses propos pr้c้dents, lเ : la preuve, etc.

Il dit donc premi่rement qu’aussi bien la ros้e que la gel้e blanche se forment lorsque le temps a ้t้ beau, sans nuage, ni pluie, et calme, sans vent. En effet, s’il n’est pas beau, les vapeurs ne peuvent s’้lever le jour, en raison du manque de chaleur ; or si le temps n’a pas ้t้ calme, le vent soufflant, les vapeurs ne pourront pas se condenser pour engendrer la ros้e ; en effet, le vent, en faisant bouger l’air, emp๊che les vapeurs de s’agr้ger.

[80169] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 13 Deinde cum dicit: signum autem etc., manifestat per signum quod supra posuerat de generatione roris et pruinae. Et dicit quod signum huius quod ros et pruina causentur ex hoc quod vapor non longe elevatur a terra, est hoc quod in montibus non fit pruina, cum tamen ibi magis videatur fieri propter loci frigiditatem. Huius ergo sunt duae causae. Una quidem, quia vapor ex quo generatur ros et pruina, elevatur ex locis infimis et humefactis, ex quibus multi vapores generantur et elevantur: unde caliditas quae eos elevavit, non potuit elevare eos ad multam altitudinem, quasi portans onus quod excedit suam virtutem; sed prope loca infima dimittit calor vapores, et cadit ros et pruina. Unde in montibus altis pruina esse non potest.

Secunda autem causa est, quia sicut supra dictum est, aer superior excedens montes, fluit quasi tractus ex motu caeli; et ideo suo fluxu dissolvit huiusmodi adunationem vaporum, quae est causa roris et pruinae. Plus autem de motu requiritur ad multam materiam vaporosam disgregandam, quam disgregandam parvam: materia autem pluviae et nivis est multa, materia autem roris et pruinae est pauca simpliciter, licet sit multa in comparatione ad calorem parvum elevantem ipsam: unde in montibus altissimis, propter maiorem fluxum aeris, neque pluvia neque ros neque pruina cadit; in montibus autem non ita altis cadit pluvia et nix, propter minorem fluxum, non autem ros et pruina.

106. Ensuite, quand il dit : la preuve, etc., il montre par une preuve ce qu’il avait ้tabli sur la g้n้ration de la ros้e et de la gel้e blanche. Et il dit que la preuve que la ros้e et la gel้e blanche sont dues au fait que la vapeur ne s’้l่ve pas loin de la Terre, c’est que la gel้e blanche ne se forme pas dans les montagnes, alors qu’on pourrait plut๔t penser qu’elle s’y forme en raison de la froideur du lieu. Les causes sont donc au nombre de deux. L’une est que la vapeur qui engendre la ros้e et la gel้e blanche monte des lieux les plus bas et devenus humides, d’o๙ naissent et s’้l่vent de nombreuses vapeurs ; de ce fait, la chaleur qui les a fait monter ne peut pas le faire sur une altitude ้lev้e, comme si elle portait une charge qui d้passe sa force ; mais la chaleur relโche les vapeurs pr่s des lieux les plus bas, et la ros้e et la gel้e blanche tombent. De ce fait, dans les hautes montagnes, il ne peut y avoir de gel้e blanche.

La seconde cause est que, comme on l’a dit ci-dessus, l’air sup้rieur quittant les montagnes coule comme s’il ้tait entra๎n้ par le mouvement du ciel ; et c’est pourquoi il dissout par son flux une telle condensation de vapeurs, qui est la cause de la ros้e et de la gel้e blanche. Or, la d้sagr้gation d’une grande quantit้ de mati่re vaporeuse requiert plus de mouvement que celle d’une petite quantit้ ; la mati่re de la pluie et de la neige est en abondance, mais celle de la ros้e et de la gel้e blanche est, dans l’absolu, en petite quantit้, bien qu’elle soit importante en comparaison de la faible quantit้ de chaleur qui la soul่ve ; de ce fait, sur les plus hauts reliefs, en raison d’un plus grand flux d’air, ni la pluie, ni la ros้e, ni la gel้e blanche ne tombent ; sur les reliefs moins ้lev้s, la pluie et la neige tombent, en raison d’un plus petit flux, mais non la ros้e et la gel้e blanche.

[80170] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 14 Deinde cum dicit: fit autem ros ubique etc., ostendit specialiter de rore quali dispositione fiat.

Et circa hoc tria facit. Primo proponit veritatem: dicens quod ros fit in omnibus locis, flantibus Australibus ventis, non tamen ita validis quod impediant congregationem vaporum. Non autem fit flantibus borealibus ventis, nisi in regione Ponti, quae est frigidissima: ibi enim contrarie accidit, nam tempore boreali fit ros, non autem tempore Australi.

107. Ensuite quand il dit : or, la ros้e se forme, etc., il montre en particulier comment la ros้e se produit.

Et, concernant ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il ้nonce la v้rit้, disant que la ros้e se forme partout lorsque les austers soufflent, mais pas assez fort pour emp๊cher la condensation des vapeurs. Elle ne se forme pas quand soufflent les bor้es, sauf dans la r้gion du Pont, qui est la plus froide : en effet, lเ c’est le contraire qui arrive, car la ros้e na๎t quand le vent est orient้ au nord, mais non quand il est orient้ au sud.

[80171] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 15 Secundo ibi: causa autem similiter etc., assignat causam eius quod communiter accidit. Et dicit quod causa huius est similis ei quod dictum est: quia scilicet ros fit in tempore temperato, sed non fit in hieme, idest in tempore valde frigido. Et rationem similitudinis ostendit: quia Auster facit temperiem, sed Boreas facit hiemem et frigus, est enim frigidus; et ideo ex hieme, idest ex frigiditate, extinguit caliditatem exhalationis, ut scilicet non possint vapores elevari ad generationem roris.

108. Deuxi่mement, lเ : la cause est la m๊me, etc., il donne la cause de ce qui arrive commun้ment. Et il dit que la cause de ce ph้nom่ne est semblable เ ce qu’il avait dit : en effet, la ros้e se forme par temps doux, mais non en hiver, c’est-เ-dire par un temps tr่s froid. Et il montre la raison de cette similitude : en effet, l’auster produit un temps doux, mais le bor้e cr้e l’hiver et le froid, car il est froid ; et c’est pourquoi avec l’hiver, c’est-เ-dire le froid, il ้teint la chaleur de l’exhalaison, de fa็on เ ce que les vapeurs ne puissent pas s’้lever pour engendrer la ros้e.

[80172] Super Meteora, lib. 1 cap. 14 n. 16 Tertio ibi: in Ponto autem etc., assignat causam eius quod accidit in Ponto. Et est quod ibi, propter magnam frigiditatem, Auster non sufficit ad facere tantam temperiem quae sufficiat ad elevationem vaporis; et ideo tempore Australi ibi non fit ros. Sed Boreas, propter suam frigiditatem, congregat calidum quod est in locis humectis, antiperistasim faciens, idest cum quadam contrarietate circumstans calidum: cum enim frigidum circumstat calidum, si non omnino possit extinguere ipsum, congregat illud. Et sic ex congregatione calidi vigoratur effectus eius, et ideo magis resolvitur vapor. Et hoc non tantum in Ponto accidit, sed etiam in aliis locis frequenter videtur factum: quia putei magis vaporant flantibus ventis borealibus quam Australibus, propter calorem congregatum interius ex frigore circumstante. Sed tamen in aliis locis frigiditas Boreae extinguit caliditatem vaporum, antequam aliqua multitudo possit adunari ad generationem roris: sed quando fiunt venti Australes, non impeditur congregatio vaporum ut generetur ros. Sed in Ponto etiam aliquando propter Boream extinguitur calor vaporum, et impeditur eorum elevatio: sed aliquando, propter multitudinem frigoris, multum de calido includitur intra terram, et fit multa exhalatio vaporum; ita quod ad modicum tempus resistit frigiditati aeris, donec congregetur tantum quod sufficiat ad generationem roris.

109. Troisi่mement, lเ : or, dans le Pont, il pr้sente la cause de ce qui arrive dans le Pont. Et il y a que lเ, en raison du grand froid, l’auster ne suffit pas เ rendre le temps assez doux pour que de la vapeur s’้l่ve ; et c’est pourquoi, quand le vent est orient้ au sud, il ne s’y produit pas de ros้e. Mais le vent du nord, en raison de sa froidure, concentre le chaud qui se trouve dans les lieux humides, cr้ant une antip้ristase, c’est-เ-dire en entourant le chaud par un principe contraire : en effet, lorsque le froid entoure le chaud, s’il ne peut absolument pas le faire dispara๎tre, il le concentre. Et ainsi son effet est renforc้ par la concentration du chaud, et c’est pourquoi il se d้gage plus de vapeur. Et cela n’arrive pas seulement dans le Pont, mais semble aussi se produire fr้quemment dans d’autres lieux : en effet, les puits d้gagent davantage de vapeur par bor้es que par austers, parce que la chaleur est concentr้e plus เ l’int้rieur par le froid qui se trouve autour. Mais pourtant, dans les autres lieux, la froidure du bor้e ้teint la chaleur des vapeurs, avant qu’une certaine quantit้ puisse se condenser pour engendrer la ros้e ; mais lorsque les austers se l่vent, rien n’emp๊che la concentration de vapeurs d’engendrer de la ros้e. Mais, dans le Pont aussi, la chaleur des vapeurs s’้teint parfois en raison du bor้e et leur mont้e s’arr๊te ; mais parfois, en raison d’une grande quantit้ de froid, beaucoup de chaleur est enferm้e dans la Terre, et une grande exhalaison de vapeurs se forme, au point de r้sister pendant un temps bref เ la froidure de l’air, jusqu’เ ce que se concentre seulement ce qui suffit เ engendrer de la ros้e.

 

 

Caput 15

Chapitre 15 – [La gr๊le]

[80173] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 1 Postquam philosophus determinavit de generatione pluviae, roris et pruinae, hic incipit determinare de generatione grandinis.

Et circa hoc tria facit: primo ostendit locum generationis grandinis; secundo enumerat quaedam accidentia circa grandinem, quae faciunt difficultatem circa generationem ipsius, ibi: oportet autem accipere etc.; tertio assignat causam generationis eius, ibi: his quidem igitur et cetera.

Dicit ergo primo quod, licet vapor congeletur in hoc inferiori aere vicino terrae, tamen aqua non coagulatur hic ad generationem grandinis, sicut coagulatur in loco nubium. Ex illo enim loco veniunt tria corpora inspissata propter infrigidationem, scilicet aqua pluviae et nix et grando. Sed duobus horum corporum quaedam proportionalia fiunt in loco inferiori vicino terrae, quae ex eisdem causis generantur, sed differunt a pluvia et nive secundum magis et minus, prout scilicet citius vel tardius fit generatio, et secundum multitudinem et paucitatem.

Nix enim et pruina proportionaliter sunt idem, et similiter pluvia et ros: sed differunt secundum multum et paucum. Quia pluvia fit ex multo vapore infrigidato: huius autem multitudinis causa est et locus magnus et spatiosus, et multum tempus in quo vapor adunatur et colligitur, et multus etiam locus ex quo colligitur; quia enim in alto generantur pluviae, ex multis partibus illuc concurrunt vapores. Ros autem habet paucum de vapore, quia tempus in quo colligitur est paucum (consistentia enim illius vaporis est ephemeros, idest unius diei), et locus in quo congregatur parvus est, quia congregatur in propinquo terrae: et hoc manifestum fit per hoc quod generatio roris est velox, et multitudo eius est parva. Et sicut se habet de rore et pluvia, ita se habet de nive et pruina: quando enim tota nubes congelatur, fit nix; quando vero aliquis parvus vapor circa terram congelatur, tunc fit pruina. Et ideo utrumque eorum est signum temporis aut regionis frigidae: quia cum in vapore et nube adhuc sit aliquid de caliditate, non congelaretur nisi esset magnum frigus supervincens caliditatem ipsam; quia in nube adhuc multum residuum est de calore qui fecit evaporare humidum aqueum a terra, in vapore autem adhuc magis. Sic ergo, sicut pluvia et nix fiunt superius, ita ros et pruina inferius. Sed tamen, licet grando fiat superius, non convenit ei proportionale inferius: et huius causa erit manifesta, cum exposita fuerit causa generationis grandinis.

110. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la g้n้ration de la pluie, de la ros้e et de la gel้e blanche, il commence ici เ la d้terminer sur la g้n้ration de la gr๊le.

Et, concernant ce point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il montre le lieu o๙ la gr๊le est engendr้e ; deuxi่mement, il ้num่re certains des ph้nom่nes qui l’accompagnent et qui font difficult้ concernant sa g้n้ration, lเ : il faut consid้rer, etc. ; troisi่mement, il avance la cause de sa g้n้ration, lเ : pour ceux-ci, etc.

Il dit donc premi่rement que, bien que la vapeur soit congel้e dans la partie inf้rieure de l’air au voisinage de la Terre, l’eau n’est pourtant pas fig้e เ cet endroit pour engendrer la gr๊le, comme elle l’est dans les nuages. En effet, de ce lieu viennent trois corps condens้s เ cause du refroidissement, เ savoir l’eau de pluie, la neige et la gr๊le. Mais certains corps se forment de fa็on analogue เ deux d’entre elles dans l’espace inf้rieur, au voisinage de la Terre, lesquels sont engendr้s par les m๊mes causes, mais diff่rent de la pluie et de la neige par le plus et le moins, c’est-เ-dire dans la mesure o๙ la g้n้ration se fait plus ou moins vite et en plus ou moins grande quantit้.

La neige et la gel้e blanche, en effet, sont analogues, tout comme la pluie et la ros้e ; mais diff่rent par le plus et le moins. En effet, la pluie se forme เ partir d’une grande quantit้ de vapeur refroidie ; or la cause de cette quantit้, c’est เ la fois un lieu grand et spacieux, un temps long pendant lequel la vapeur se condense et se concentre et aussi un vaste espace o๙ se concentrer ; en effet, puisque les pluies sont engendr้es en altitude, les vapeurs s’y rassemblent en venant de tous les c๔t้s. Or la ros้e contient peu de vapeur, puisque le temps de sa concentration est bref (car la consistance de cette vapeur est ้ph้m่re, c’est-เ-dire d’une seule journ้e), et que le lieu de sa concentration est petit, puisqu’elle s’assemble pr่s de la Terre ; et cela devient manifeste du fait que la g้n้ration de la ros้e est rapide et que sa quantit้ est petite. Et il en est de m๊me pour la neige et la gel้e blanche que pour la ros้e et la pluie : en effet, lorsque le nuage est enti่rement gel้, de la neige se forme ; mais quand un peu de vapeur est gel้e autour de la Terre, c’est alors de la gel้e blanche. Et c’est pourquoi tous deux sont le signe d’une saison ou d’une r้gion froide : en effet, comme il y a encore de la chaleur dans la vapeur et le nuage, il ne pourrait pas geler, เ moins qu’un grand froid ne l’emporte sur la chaleur m๊me ; car, dans le nuage, il reste encore beaucoup de la chaleur qui a fait s’้vaporer de la Terre l’humidit้ charg้e d’eau, tandis que, dans la vapeur, il y en a encore plus. Ainsi donc, de m๊me que la pluie et la neige se forment en haut, de m๊me la ros้e et la gel้e blanche se forment en bas. Mais pourtant, bien que la gr๊le se forme en haut, il n’est pas de ph้nom่ne qui lui soit analogue en bas ; et la cause en sera manifeste, lorsque celle de la g้n้ration de la gr๊le aura ้t้ expos้e.

[80174] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 2 Deinde cum dicit: oportet autem accipere etc., proponit quaedam accidentia quae accidunt circa grandinem, et faciunt difficultatem circa generationem ipsius.

Et proponit duas difficultates circa generationem grandinis: secundam ponit ibi: inconveniens autem et cetera.

Dicit ergo primo quod oportet accipere ea quae accidunt circa generationem grandinis, quae putantur esse rationabilia, et non sunt falsa. Et primo proponit quod grando est sicut crystallus quidam, idest aqua vehementer congelata: et proponit iterum quod aqua maxime congelatur in hieme: ex quibus videtur sequi quod grando maxime fiat in hieme. Sed contrarium videtur accidere: quia grandines maxime fiunt in vere et in autumno; et post hoc, tempore fructuum, idest in aestate et circa principium autumni; minus autem in hieme, et tunc quando fuerit minus frigus hiemis. Et universaliter grandines fiunt in locis magis temperatis: nives autem in frigidioribus locis et temporibus. Unde et grandines, in quibus apparet maior congelatio, magis deberent fieri locis et temporibus frigidis.

111. Ensuite, quand il dit : il faut consid้rer, etc., il pr้sente des ph้nom่nes qui arrivent au sujet de la gr๊le et qui posent des difficult้s concernant sa g้n้ration.

Et il expose deux difficult้s autour de la g้n้ration de la gr๊le : il pr้sente la seconde lเ : or il ne convient pas, etc.

Il dit donc premi่rement qu’il faut consid้rer les ph้nom่nes qui arrivent au sujet de la g้n้ration de la gr๊le, qui sont consid้r้s comme logiques et qui ne sont pas faux. Et il avance premi่rement que la gr๊le est comme du cristal, c’est-เ-dire de l’eau fortement gel้e ; et il expose encore que l’eau est surtout gel้e en hiver ; il semble s’ensuivre que la gr๊le se produit surtout en hiver. Mais c’est le contraire que l’on voit se produire ; en effet, les chutes de gr๊le ont surtout lieu au printemps et en automne ; et apr่s cela, เ la saison des fruits, c’est-เ-dire en ้t้ et au d้but de l’automne ; mais moins en hiver, et au moment o๙ le froid hivernal est moins fort. Et, en g้n้ral, les chutes de gr๊le se produisent dans des lieux plus temp้r้s ; mais les neiges dans des lieux et des saisons plus froids. De ce fait, les chutes de gr๊le, o๙ la cong้lation appara๎t plus importante, devraient, elles aussi, se produire plut๔t dans des saisons et des lieux froids.

[80175] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 3 Deinde cum dicit: inconveniens autem etc., ponit secundam difficultatem. Et circa hoc tria facit. Primo ponit difficultatem. Et dicit quod inconveniens videtur quod aqua congeletur superius: quia non potest congelari antequam sit facta; neque postquam est facta, remanere elevata, quoniam statim cadit. Unde non videtur quod possit dari tempus in quo congeletur ad generationem grandinis.

112. Ensuite, quand il dit : or il ne convient pas, etc., il expose la seconde difficult้. Et, concernant ce point, il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il pr้sente la difficult้. Et il dit qu’il ne semble pas convenir que l’eau g่le en haut : en effet, elle ne peut pas geler avant d’๊tre devenue de l’eau, et elle ne peut pas rester en hauteur apr่s ๊tre devenue telle, puisqu’elle tombe aussit๔t. De ce fait, il ne semble pas possible de pr้ciser le moment o๙ elle g่le pour engendrer de la gr๊le.

[80176] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 4 Secundo ibi: at vero neque quemadmodum etc., ponit quandam apparentem solutionem huius difficultatis. Posset enim aliquis dicere quod aqua, divisa in partes minimas, remanet in aere quasi ei commixta; et non cadit statim, sed immoratur in aere. Et per hunc modum accidit quando cadunt psecades, de quibus supra dictum est. Et simile est etiam de terra respectu aquae, quae ita se habet ad terram sicut aer ad aquam: frequenter enim aurum vel terra supernatat aquae propter parvitatem partium; sed si congregarentur illae partes terrae vel auri, caderent sub aqua. Unde, congregatis parvis partibus aquae quae resident in aere, fiunt magnae guttae, et sic deorsum feruntur psecades. Et ita posset aliquis dicere non esse inconveniens quod aqua insidens aeri congelaretur ad generationem grandinis.

113. Deuxi่mement, lเ : ce n’est pas comme, etc., il donne une solution apparente เ cette difficult้. En effet, on pourrait dire que l’eau, divis้e en tr่s petites parties, demeure dans l’air comme si elle ้tait m้lang้e เ lui ; et elle ne tombe pas aussit๔t, mais s’attarde en l’air. Et c’est ce qui arrive quand tombent les psecades dont il a ้t้ question ci-dessus. Il en est de m๊me pour la terre par rapport เ l’eau, qui se trouve dans le m๊me rapport avec la terre que l’air par rapport เ l’eau ; en effet, de l’or ou de la terre flottent fr้quemment sur l’eau en raison de la petitesse de leurs parties ; mais si ces parties de terre ou d’or s’agr้geaient, elles tomberaient au fond de l’eau. De ce fait, lorsque de petites parties d’eau r้sidant dans l’air se sont agr้g้es, de grosses gouttes se forment, et ainsi des psecades sont entra๎n้es vers le bas. Et l’on pourrait ainsi dire qu’il n’est pas inconvenant de penser que de l’eau demeurant dans l’air se fige pour engendrer de la gr๊le.

[80177] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 5 Tertio ibi: hoc enim non contingit etc., excludit dictam solutionem: dicens quod non contingit fieri in grandine, sicut contingit in psecadibus. Quia partes aquae congelatae, si essent parvae, non possent uniri ut facerent aliquod magnum, sicut est grando, sicut continuantur partes aquae humidae existentis: quia duriora, ut sunt congelata, non ita adunantur sicut humidiora. Unde oporteret quod tanta aqua quanta est magnitudo grandinis, sursum maneret in aere non cadens: quod patet, quia non esset tanta post congelationem, si non fuisset tanta ante congelationem; ex multis enim parvis non possunt fieri multa magna continua. Sed quod tanta aqua sursum maneat non cadens, videtur impossibile.

114. Troisi่mement, lเ : mais cela ne peut pas, etc., il rejette la solution pr้c้dente, disant que ce qui peut se produire pour les psecades ne le peut pas pour la gr๊le. En effet, les parties d’eau congel้es, si elles ้taient petites, ne pourraient pas s’unir pour en former une grande, comme la gr๊le, เ la mani่re dont se rejoignent les parties d’eau liquide : car les solides, comme les corps congel้s, ne s’unissent pas comme les liquides. De ce fait, il faudrait qu’une quantit้ d’eau aussi grande que celle de la gr๊le reste en haut dans l’air sans tomber ; et il est ้vident qu’on ne pourrait trouver une aussi grande quantit้ apr่s cong้lation s’il n’y en avait pas eu autant avant cong้lation ; en effet, une grande quantit้ continue ne peut se former เ partir de nombreuses petites parties. Mais il semble impossible qu’une aussi grande quantit้ d’eau demeure en haut sans tomber.

[80178] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 6 Deinde cum dicit: his quidem igitur etc., assignat causam generationis grandinis.

Et primo ponit opinionem aliorum; secundo opinionem propriam, ibi: sed quoniam videmus et cetera.

Circa primum duo facit. Primo proponit opinionem aliorum. Et dicit quod quibusdam videtur quod, cum nubes ex magno calore fuerit impulsa in locum superiorem, qui est valde frigidus ex eo quod ibi desinunt radii refracti a terra, aqua veniens ibi coagulatur, propter frigiditatem loci. Et ideo in aestate et in regionibus calidis fiunt grandines, quia magnus calor multum impellit nubes in superiorem locum sursum longe a terra.

115. Ensuite, quand il dit : pour ceux-ci, il avance la cause de la g้n้ration de la gr๊le.

Et il expose premi่rement l’opinion des autres savants ; deuxi่mement sa propre opinion, lเ : mais puisque nous voyons, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement, il expose l’opinion des autres. Et il dit que certains sont d’avis que, lorsque le nuage a ้t้ chass้ par une grande chaleur vers l’espace sup้rieur, qui est extr๊mement froid du fait que les rayons renvoy้s par la Terre cessent เ cet endroit, l’eau venant lเ se solidifie, en raison du froid de ce lieu. Et c’est pourquoi les chutes de gr๊le se produisent en ้t้ et dans les r้gions chaudes, ้tant donn้ qu’une forte chaleur repousse violemment les nuages dans le lieu sup้rieur, vers le haut, loin de la Terre.

[80179] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 7 Secundo ibi: accidit autem etc., impugnat praedictam positionem tribus rationibus. Quarum prima est, quod videmus in altis montibus non fieri grandines: quod tamen oportebat, si per elevationem vaporis in locum multum altum generarentur grandines; sicut etiam videmus in montibus altis fieri nives, quae generantur in alto.

116. Deuxi่mement, lเ : c’est sur les lieux, etc., il attaque la th่se pr้c้dente pour trois raisons. La premi่re d’entre elles est que nous ne voyons pas les chutes de gr๊le se produire sur les hauteurs des montagnes ; il faudrait pourtant que ce soit le cas, si elles ้taient engendr้es par la mont้e de la vapeur dans un espace tr่s ้lev้, tout comme nous voyons aussi tomber sur les hauteurs des montagnes les chutes de neige, qui sont engendr้es en altitude.

[80180] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 8 Secundam rationem ponit ibi : adhuc autem saepe et cetera. Et dicit quod saepe visae sunt nubes quae feruntur prope terram cum multo sono, ita ut quidam audientes cadentes terreantur, ac si aliquod maius futurum portendatur. Aliquando etiam, talibus nubibus visis prope terram sine sono, fit multa grando, incredibilis magnitudinis et figurae non rotundae. Hoc autem, scilicet quod grando non sit figurae rotundae et quod sit magnae quantitatis, accidit ex hoc quod congelatio grandinis est facta prope terram, et ideo parvo tempore fit motus ipsius: quia si multo tempore fieret, deminuta fuisset quantitas grandinis, et figura fuisset facta rotunda, motu dissolvente praecipue partes angulares, fortius dividentes aerem et magis ei resistentes. Non ergo verum est quod generatio grandinis fit multum longe a terra.

117. Il pr้sente la deuxi่me raison lเ : en outre, on a souvent, etc. Et il dit que l’on a souvent vu des nuages se mouvoir pr่s de la Terre เ grand fracas, si bien que certains, en les entendant tomber, sont terrifi้s, comme s’ils annon็aient l’arriv้e de quelque plus grand danger. Quelquefois aussi, apr่s que l’on a vu de tels nuages se mouvoir pr่s de la Terre sans bruit, a lieu une grande chute de gr๊le, en quantit้ incroyable et de forme non ronde. Or ce ph้nom่ne, เ savoir que la gr๊le n’est pas de forme ronde et qu’elle est en grande quantit้, arrive parce que la cong้lation de la gr๊le s’est faite pr่s de la Terre, ce qui explique que son mouvement dure peu de temps : en effet, s’il avait dur้ longtemps, la quantit้ de gr๊le aurait diminu้, et la forme se serait arrondie, ้tant donn้ que le mouvement dissout surtout les parties anguleuses, qui coupent l’air avec plus de force et lui r้sistent davantage. Il n’est donc pas vrai que la g้n้ration de la gr๊le se produise tr่s loin de la Terre.

[80181] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 9 Tertiam rationem ponit ibi: at vero necessarium et cetera. Et dicit quod necesse est quod magnitudo grandinis contingat ex fortitudine causae coagulationis grandinis: quia grando est quoddam congelatum sicut crystallus, ut est cuilibet manifestum. Sed magnitudo grandinis maior est in grandinibus quae non sunt rotundae: ex quo potest concludi quod grandines quae non sunt figurae rotundae, habeant fortem causam congelationis. Sed hoc quod grando non sit figurae rotundae, est signum quod sit congelata prope terram: quia si venirent de longe, circumquaque essent attritae, propter motum a longinquo, et sic essent figurae rotundae et magnitudine minores. Unde concludit quod coagulatio grandinis non accidit propter hoc quod vapores propellantur in locum frigidum supremum, multum remotum a terra.

118. Il donne la troisi่me raison lเ : mais il est n้cessaire, etc. Et il dit qu’il est n้cessaire que la quantit้ de gr๊le soit li้e เ la force de sa solidification : en effet, la gr๊le est un corps congel้ comme le cristal, ce qui est ้vident pour quiconque. Mais la quantit้ de gr๊le est plus grande dans les gr๊lons qui ne sont pas ronds : on peut en conclure que les gr๊lons qui ne sont pas de forme ronde ont ้t้ congel้s sous une forte contrainte. Mais le fait qu’un gr๊lon ne soit pas d’une forme ronde est le signe qu’il a ้t้ congel้ pr่s de la Terre : en effet, s’ils venaient de loin, ils seraient frott้s de tout c๔t้, en raison de leur mouvement parti de loin, et ils seraient ainsi de forme arrondie et d’une taille plus petite. Il en conclut que la solidification de la gr๊le n’est pas caus้e par une pouss้e des vapeurs vers un lieu froid situ้ tout en haut, tr่s ้loign้ de la Terre.

[80182] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 10 Deinde cum dicit: sed quoniam videmus etc., assignat causam generationis grandinis. In quo primo excludit unam difficultatem superius motam; secundo excludit aliam, ibi: accidit autem hoc et cetera.

Dicit ergo primo quod per experimentum videmus quod calidum et frigidum sua contrarietate circumstant se invicem et aggregant. Et hoc manifestum est in terra. Nam in aestu interiora terrae sunt frigida, propter hoc quod caliditas aeris frigiditatem terrae circumstat; unde congregatur interius. E converso autem tempore frigoris interiora terrae sunt calida, propter hoc quod frigus concludit interius calorem qui erat in terra. Et inde est quod aqua fontium in aestate est frigida, et in hieme calida. Et hoc oportet putare fieri etiam in superiori loco. Unde in tempore calido frigidum, contrarietate calidi circumstantis inclusum, vehementius operatur: unde aliquando valde cito ex nube facit aquam. Et propter hoc multo maiores guttae fiunt in calidis diebus quam in hieme, et aquae pluviae fiunt labroterae, idest violentiores : quae quidem magnitudo et violentia accidunt ex eo quod quasi subito simul tota descendit pluvia, quod accidit propter celeritatem congelationis.

Et sic contrarium accidit ei quod dixit Anaxagoras. Dicebat enim hoc accidere, quando vapor ex quo generatur pluvia, ascendit in aerem valde frigidum: sed nos e converso dicimus quod hoc accidit, cum vapor descendit in aerem calidum; et tanto magis, quanto in magis calidum. Sic igitur ex calido circumstante frigidum et congregante ipsum, fiunt magnae guttae pluviarum et violentae. Sed cum frigidum magis congregatur conclusum ab exteriori calido, non solum subito condensantur nubes in aquam, sed ulterius aqua congelatur ex vehementi virtute frigidi inclusi, et sic fit grando. Unde patet solutio primae difficultatis: quare scilicet aqua congelatur in grandinem magis tempore aestatis quam hiemis.

119. Ensuite, lorsqu’il dit : mais puisque nous voyons, etc., il donne la cause de la g้n้ration de la gr๊le. Premi่rement, il y rejette une difficult้ soulev้e plus haut ; deuxi่mement, il en rejette une autre, lเ : c’est ce qui arrive, etc.

Il dit donc premi่rement que nous voyons par exp้rience que le chaud et le froid s’entourent l’un l’autre et s’agr่gent en raison de leur caract่re oppos้. Et c’est ้vident sur la Terre. En effet, lors d’une grande chaleur les souterrains sont froids, parce que la chaleur de l’air entoure le froid de la Terre ; il se condense donc เ l’int้rieur. ภ l’inverse, par temps froid, les souterrains sont chauds, ้tant donn้ que le froid comprime เ l’int้rieur la chaleur qui se trouvait sur la Terre. Et c’est la raison pour laquelle l’eau des sources est froide en ้t้ et chaude en hiver. Et il faut penser que cela se produit aussi dans le lieu sup้rieur. De ce fait, par temps chaud, le froid, enferm้ par le chaud qui l’entoure parce qu’il lui est oppos้, exerce une plus forte contrainte, si bien que parfois il forme tr่s vite de l’eau dans le nuage. Et c’est pourquoi il se forme de bien plus grosses gouttes pendant les jours chauds qu’en hiver, et les eaux de pluie deviennent labroterae, c’est-เ-dire plus violentes : cette grande quantit้ et cette violence arrivent parce que la pluie tombe soudain tout enti่re en m๊me temps, ce qui est d๛ เ la rapidit้ de la condensation.

Et ainsi c’est le contraire de ce qui disait Anaxagore qui se produit. Car il affirmait que cela arrive lorsque la vapeur qui engendre la pluie monte dans l’air tr่s froid ; mais nous, nous disons au contraire que cela se produit quand la vapeur descend dans l’air chaud ; et cela d’autant plus que l’air est plus chaud. Ainsi donc le chaud qui entoure le froid et qui le condense produit de grosses gouttes de pluie violente. Mais lorsque le froid, comprim้ par la chaleur ext้rieure, s’agr่ge davantage, ce sont non seulement les nuages qui se condensent soudain en eau, mais c’est aussi l’eau qui se cong่le en raison de la violence de la force du froid enferm้, et il se produit ainsi de la gr๊le. De ce fait, on voit ici se r้soudre la premi่re difficult้, เ savoir pourquoi l’eau se cong่le en gr๊le plus souvent en ้t้ qu’en hiver.

[80183] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 11 Deinde cum dicit: accidit autem hoc etc., solvit secundam difficultatem.

Et circa hoc tria facit: primo solvit difficultatem; secundo assignat rationem de tempore generationis grandinis, ibi: minus autem aestate etc.; tertio ponit quoddam conferens ad celeritatem generationis grandinis, ibi: confert autem et cetera.

Fuit autem secunda difficultas ex hoc quod non videbatur posse dari tempus in quo superius aqua congelaretur in grandinem ; quia statim dum aqua generatur, cadit ; et antequam generetur, congelari non potest. Ad solvendam igitur hanc difficultatem, dicit quod generatio grandinis accidit, quando est velocior aquae congelatio, propter virtutem frigoris congregati, quam motus aquae pluviae deorsum.

Et quod hoc sit possibile, ostendit. Cum enim omnis motus localis sit in tempore, manifestum est quod in aliquo determinato tempore aqua pluviae fertur deorsum; contingit autem quod in minori tempore frigiditas, propter suam vehementiam, congelat aquam, quam sit tempus descensus eius; unde nihil prohibet si congelatio fiat in minori tempore quam motus deorsum aquae, si frigidum existat fortius et vehemens. Et hinc est quod quanto propinquius nobis fit generatio aquae vel grandinis, tanto magis subito congeletur, calido existente fortiori prope terram, et vehementius expellente et concludente frigidum. Et ideo oportet quod et aquae pluviae fiant violentiores, et tam guttae pluviarum quam grandinum sint maiores, propter hoc quod per minus spatium feruntur, et minus ex eis dissolvitur. Illae autem guttae quae cadunt magnae, non sunt crebrae, propter eandem causam: quia enim subito et simul congelantur in magnas, non in multas partes dividuntur, et subito etiam cadunt; sicque materia pluviae et grandinis non tam spissim cadit.

120. Ensuite, quand il dit : c’est ce qui arrive, etc., il r้sout la seconde difficult้.

Et, sur ce point, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il r้sout la difficult้ ; deuxi่mement, il explique pour quelle raison la gr๊le est engendr้e เ tel moment, lเ : la gr๊le a lieu moins souvent en ้t้, etc. ; troisi่mement, il expose un ph้nom่ne qui contribue เ la rapidit้ de la g้n้ration de la gr๊le, lเ : ce qui contribue, etc.

La seconde difficult้ venait de ce qu’il ne semblait pas possible de pr้ciser le moment o๙ l’eau se cong่le plus haut en gr๊le, puisque l’eau tombe d่s qu’elle est engendr้e et qu’elle ne peut se congeler avant d’avoir ้t้ engendr้e. Donc, pour r้soudre cette difficult้, il dit que la g้n้ration de la gr๊le se fait lorsque la cong้lation de l’eau est plus rapide que le mouvement de l’eau de pluie vers le bas, en raison de la force de condensation du froid.

Et il montre que c’est possible. En effet, comme tout mouvement local se fait dans le temps, il est manifeste que l’eau de pluie est entra๎n้e vers le bas เ un moment donn้ ; or il arrive que le froid g่le l’eau, en raison de sa violence, pendant un temps plus court que celui de sa chute ; de ce fait, rien n’emp๊che que sa cong้lation se produise dans un temps plus court que celui du mouvement de l’eau vers le bas, dans la mesure o๙ le froid est plus fort et violent. Et c’est la raison pour laquelle plus la g้n้ration de l’eau ou de la gr๊le est proche de nous, plus vite ces derni่res se cong่lent, ้tant donn้ que le chaud est plus fort pr่s de la Terre et qu’il repousse et enferme le froid plus violemment. Et c’est pourquoi il faut เ la fois que les eaux de pluie deviennent plus imp้tueuses et que les gouttes de pluie tout comme les gr๊lons soient plus gros du fait qu’ils sont entra๎n้s sur un plus court espace et qu’ils sont moins d้sagr้g้s. Or les grosses gouttes qui tombent ne sont pas denses, pour la m๊me raison : en effet, comme elles se solidifient en grosses gouttes tout เ coup et en m๊me temps, elles ne divisent pas en de multiples particules et tombent aussi tout เ coup ; et ainsi la mati่re de la pluie et de la gr๊le ne tombe pas avec une telle densit้.

[80184] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 12 Deinde cum dicit : minus autem aestate etc., assignat rationem de tempore generationis grandinis. Et dicit quod minus cadunt grandines in aestate quam in vere et in autumno, sed magis quam in hieme. Ideo autem minus in aestate quam in vere et autumno, quia in aestate est siccior aer; in vere autem est adhuc humidus, propter hiemem praecedentem, et in autumno iam incipit humectari. Et sic in aestate non est tanta materia vaporum humidorum ad generationem grandinis, sicut in vere et in autumno, licet sit maior calor. In hieme autem, licet abundet materia, deficit tamen calor qui sit potens concludere frigidum ad generationem grandinis. Fiunt etiam grandines tempore maturationis fructuum, idest in fine aestatis, propter eandem causam: quia tunc calor adhuc viget, et etiam aer iam incipit humectari.

121. Ensuite, quand il dit : la gr๊le a lieu moins souvent en ้t้, etc., il donne la raison de la g้n้ration de la gr๊le เ tel moment. Et il dit qu’elle tombe moins en ้t้ qu’au printemps et en automne, mais plus qu’en hiver. Moins en ้t้ qu’au printemps et en automne parce qu’en ้t้ l’air est plus sec ; or au printemps l’air est encore humide, en raison de l’hiver qui le pr้c่de, et en automne il commence d้jเ เ s’humidifier. Et ainsi, en ้t้, les vapeurs humides ne fournissent pas assez de mati่re pour engendrer de la gr๊le, comme au printemps et en automne, bien que la chaleur soit plus forte. Or, en hiver, bien que la mati่re soit abondante, la chaleur qui est susceptible d’enfermer le froid pour engendrer la gr๊le fait pourtant d้faut. Les chutes de gr๊le se produisent aussi เ l’้poque de la maturation des fruits, c’est-เ-dire เ la fin de l’้t้, pour la m๊me raison : parce que la chaleur est alors encore forte et que l’air commence aussi d้jเ เ devenir humide.

[80185] Super Meteora, lib. 1 cap. 15 n. 13 Deinde cum dicit: confert autem etc., quia difficultatem superius motam solverat propter velocitatem generationis grandinis, contingentem ex vehementia frigoris, ponit hic quoddam aliud conferens ad celeritatem eandem. Et dicit quod confert ad celeritatem coagulationis, quod aqua fuit praecalefacta, adiuvante materia vaporosa caliditatem temporis: et ideo citius infrigidatur, quia frigus vehementius agit in ipsam, et potest intrinsecus penetrare aquam rarefactam per calorem. Et ideo multi, cum volunt infrigidare calidam aquam, ponunt eam ad solem primo. Et illi etiam qui piscantur in regione Ponti, cum fecerint habitacula tempore glaciei ad venandum pisces, quos venantur scindentes glaciem fluviorum vel maris, circumfundunt aquam calidam calamis quibus venantur, ut citius coaguletur; et sic utuntur glacie quasi plumbo, ut calami firmiter quiescant. Sed et in regionibus et in temporibus calidis aqua calida fit cito frigida, eo quod cito inspissatur, propter praedictam causam. Et ideo in Arabia et Aethiopia fiunt pluviae aestate et non hieme : quia scilicet vapores cito infrigidantur ex contrarietate calidi circumstantis, cum regio illa sit valde calida.

Ultimo autem epilogat quae dicta sunt : et est planum in littera.

122. Ensuite, quand il dit : ce qui contribue, etc., puisqu’il a r้solu la difficult้ soulev้e plus haut en raison de la rapidit้ de la g้n้ration de la gr๊le, laquelle se forme du fait de la violence du froid, il expose ici un autre ph้nom่ne qui contribue เ cette m๊me rapidit้. Et il dit que le fait que l’eau ait ้t้ pr้alablement chauff้e contribue เ la rapidit้ de sa solidification, alors que la substance vaporeuse renforce la chaleur de la saison ; et elle se refroidit plus vite, ้tant donn้ que le froid agit plus violemment sur elle et qu’il peut p้n้trer dans l’eau rar้fi้e par la chaleur. Et c’est pour cela que beaucoup de gens, lorsqu’ils veulent refroidir de l’eau chaude, la placent d’abord au Soleil. Et aussi ceux qui p๊chent dans la r้gion du Pont, apr่s avoir fabriqu้ des huttes เ la saison des glaces pour chasser le poisson, qu’ils p๊chent en per็ant la glace des fleuves ou de la mer, r้pandent de l’eau chaude sur les cannes avec lesquelles ils p๊chent, pour qu’elle se solidifie plus vite ; et ainsi ils se servent de la glace comme du plomb, pour que les cannes restent solidement immobiles. Mais l’eau chaude se refroidit rapidement dans les r้gions et les saisons chaudes aussi, du fait qu’elle se condense vite, pour la raison pr้c้dente. Et c’est pour cela qu’en Arabie et en ษthiopie les pluies se produisent en ้t้ et non en hiver : en effet, les vapeurs s’y refroidissent rapidement เ cause de l’influence contraire du chaud qui les entoure, ้tant donn้ que cette r้gion est extr๊mement chaude.

Enfin il donne un ้pilogue เ ses propos ; et c’est ้vident dans le texte.

 

 

Caput 16

Chapitre 16 – [Les sources et les fleuves]

[80186] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 1 Postquam philosophus determinavit de his quae generantur in alto ab exhalatione humida, hic determinat de his quae generantur in terra ex eadem materia, scilicet de fontibus et fluminibus.

Et dividitur in partes duas: in prima determinat de causa generationis fluviorum; in secunda de duratione eorum, ibi: non semper autem eadem loca et cetera.

Circa primum tria facit. Primo dicit de quo est intentio. Et dicit quod est de ventis et omnibus quae ex ventis causantur, et de fluviis et de mari. De quibus hoc ordine dicetur, quod primo proponemus dubitationes ad nosipsos, et postea declarabimus veritatem ad nosipsos, et non ad alios: quia de talibus nihil accepimus dictum ab aliis, quod non quilibet possit dicere, sicut et circa alias materias contingit.

123. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur ce qui est engendr้ en haut par l’exhalaison humide, il la d้termine ici เ propos de ce qui est engendr้ sur terre par la m๊me mati่re, เ savoir les sources et les fleuves.

Et ce d้veloppement se divise en deux parties : dans la premi่re il traite de la cause de la g้n้ration des fleuves ; dans la seconde de leur dur้e, lเ : ce ne sont pas toujours les m๊mes lieux, etc.

Concernant le premier point il proc่de en trois ้tapes. Il dit premi่rement quelle est son intention. Et il dit qu’il va ๊tre question des vents et de tout ce qui est caus้ par les vents, ainsi que des fleuves et de la mer. On parlera de ces ph้nom่nes dans cet ordre, parce que nous nous poserons d’abord les probl่mes เ nous-m๊mes et que nous d้clarerons ensuite la v้rit้ เ nous-m๊mes et non aux autres : en effet, concernant de tels ph้nom่nes nous n’avons recueilli aucun propos tenu par d’autres que n’importe qui ne puisse avancer, comme c’est le cas pour d’autres sujets aussi.

[80187] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 2 Secundo ibi: sunt autem quidam etc., ponit opiniones quorundam de ventis. Et dicit quod quidam dixerunt quod corpus quod dicitur aer, dum fluit et movetur, est ventus; dum autem constat et inspissatur, est nubes et aqua; ac si eadem natura sit aquae, aeris et venti, et nihil aliud sit ventus quam aer et aqua. Et quia aer totus est unus, ideo quidam, volentes multum sapienter loqui, dixerunt quod non est nisi unus ventus; et quod videantur venti differre, hoc non est nisi ex differentia locorum ex quibus moventur. Quod est simile ac si dicerent quod omnes fluvii sunt unus fluvius, et quod omnis aqua est una: quod manifeste falsum est. Unde multitudo hominum, qui vulgariter et sine inquisitione philosophiae loquuntur de ventis, melius loquuntur quam isti, qui sic inquirendo erraverunt. Quia si hoc esset verum, quod omnes fluvii fluerent ex uno principio, et hoc etiam posset aliquo modo esse verum, quod omnes venti essent ex uno principio: sed de ventis etiam, sicut de fluviis, manifestum est quod id quod dixerunt, leviter et mendaciter dixerunt.

Opportunum est autem de hoc considerare in proprio tractatu, quid est ventus, et quomodo generatur, et quid movet ipsum, et unde est principium ventorum; et utrum oporteat accipere ventum fluentem sicut ex aliquo vase, qui tandiu fluat donec illud evacuetur, ac si esset emissum ab aliquo utre, ut fabulatur Homerus; aut non est ex uno principio sed ex multis, sicut pictores pingunt diversos ventos emittentes ex seipsis principium flatuum.

124. Deuxi่mement, lเ : il y en a certains, etc., il pr้sente les opinions de certains savants sur les vents. Et il dit que d’aucuns affirmaient que le corps appel้ air, pendant qu’il s’้coule et se meut, est le vent ; mais quand il est arr๊t้ et qu’il se condense, il est nuage et eau ; comme s’il ้tait de la m๊me nature que l’eau, l’air et le vent, et que le vent n’est rien d’autre que de l’air et de l’eau. Et puisque l’air tout entier est un, certains, d้sireux de parler fort sagement, ont avanc้ qu’il n’y a qu’un vent ; et que si les vents semblent diff้rents, ce n’est qu’en raison de la diff้rence des lieux d’o๙ ils proviennent. C’est comme s’ils disaient que tous les fleuves sont un seul fleuve et que toute l’eau est une, ce qui manifestement faux. De ce fait, la majorit้ des hommes, qui parlent des vents de fa็on commune et sans faire de recherche philosophique, parlent mieux que ceux-lเ, qui se sont tromp้s en effectuant de telles recherches. En effet, s’il ้tait vrai que tous les fleuves s’้coulent เ partir d’un seul principe, il pourrait aussi ๊tre vrai, de quelque mani่re, que tous les vents viennent d’un seul principe ; mais m๊me en ce qui concerne les vents, tout comme pour les fleuves, il est manifeste que ce qu’ils ont dit ils l’ont dit avec l้g่ret้ et faussement.

Or, ce qu’il est opportun d’examiner เ ce propos dans ce trait้ particulier, c’est ce qu’est le vent, comment il est engendr้, ce qui le meut, d’o๙ vient le principe des vents, et s’il faut consid้rer que le vent s’้coule d’un vase, c’est-เ-dire qu’il s’้coule jusqu’เ ce que ce r้cipient soit vid้, comme s’il ้tait sorti d’une outre, เ ce qu’imagine Hom่re, ou bien s’il ne provient pas d’un principe unique mais de beaucoup, comme les peintres repr้sentent diff้rents vents expulsant d’eux-m๊mes le principe du souffle.

[80188] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 3 Tertio ibi: similiter autem de generatione etc., inducit similes opiniones de generatione fluviorum: propter hoc enim induxerat quod dictum est de ventis. Et circa hoc tria facit: primo ponit quorundam falsam opinionem; secundo reprobat eam, ibi: quamvis manifestum etc.; tertio excludit quandam rationem ipsorum, ibi: non solum sed et talia et cetera.

Dicit ergo primo quod similiter videtur quibusdam se habere de generatione fluviorum, sicut dictum est de generatione ventorum. Dicunt enim quod, cum aqua elevatur a terra per vaporationem, et iterum fluit deorsum, congregatur sub terra, et sic fluit ad generationem fontium et fluviorum; sicut si intelligantur exire ex aliquo magno ventre, idest ex aliqua magna voragine, ubi sit congregata multa aqua; sive ita sit quod omnes fluvii fluant ex uno principio tali, sive ex diversis talibus principiis diversi fluvii fluant. Et secundum hoc, aqua non generatur sub terra de novo ad fluxum fontium et fluviorum; sed illa quae prius fuit collecta in praedicta receptacula, est principium multitudinis aquarum et fluviorum.

Et huius signum dicebant esse, quod in hieme est maior fluxus fluviorum quam in aestate. Et hinc assignant causam quare quidam fluviorum sunt perpetui, et quidam non perpetui. Quando enim, propter magnitudinem voraginis, tanta aqua congregatur in hieme sub terra, ut sufficiat ad perpetuitatem fluvii, ita quod non deficiat aqua fluens priusquam iterum superveniat in nova hieme, tunc fluvius fit perpetuus usque in finem: si autem receptaculum sit parvum, tunc propter paucitatem aquae deficit origo fluvii, quasi evacuato vase, antequam iterum fluat aqua de caelo; et ideo fluvius non perenniter fluit.

125. Troisi่mement, lเ : certains croient, etc., il introduit des opinions semblables sur la g้n้ration des fleuves ; c’est, en effet, la raison pour laquelle il avait introduit ce qui a ้t้ dit sur les vents. Et concernant cela, il proc่de en trois ้tapes : premi่rement, il expose l’opinion erron้e de certains auteurs ; deuxi่mement, il la condamne, lเ : pourtant une chose est ้vidente, etc. ; troisi่mement, il rejette l’un de leurs raisonnements, lเ : non seulement, mais aussi, etc.

Il dit donc premi่rement que certains savants sont d’avis qu’il en est de m๊me pour la g้n้ration des fleuves que pour ce qui avait ้t้ dit de la g้n้ration des vents. En effet, ils affirment que, lorsque l’eau s’้l่ve de terre par ้vaporation et qu’elle s’้coule de nouveau vers le bas, elle s’accumule sous la terre et coule ainsi pour engendrer sources et fleuves ; c’est comme si on entendait qu’ils sortent d’un grand ventre, c’est-เ-dire d’un grand gouffre, o๙ une grande quantit้ d’eau s’est accumul้e, soit que tous les fleuves s’้coulent เ partir d’un m๊me principe semblable, soit que diff้rents fleuves s’้coulent เ partir de diff้rents principes de ce genre. Et selon cette opinion, l’eau n’est pas de nouveau engendr้e sous terre pour que s’้coulent sources et fleuves ; mais celle qui a ้t้ d’abord collect้e dans les r้ceptacles mentionn้s est le principe des multiples eaux et fleuves.

Et, selon eux, la preuve en est qu’en hiver le cours des fleuves est plus abondant qu’en ้t้. Et pour eux c’est la raison pour laquelle certains des fleuves coulent de fa็on continue et certains autres non. En effet, lorsque, en raison de la profondeur du gouffre, en hiver sous terre s’accumule une quantit้ d’eau telle qu’elle suffit เ rendre le cours des fleuves perp้tuel, de sorte que l’eau qui coule ne fait pas d้faut avant que l’eau de pluie ne revienne lors d’un nouvel hiver, alors le cours du fleuve se met เ couler en permanence jusqu’เ la fin ; mais si le r้ceptacle est petit, alors la source du fleuve se tarit en raison de la faible quantit้ d’eau, comme si le vase ้tait vid้, avant que ne coule de nouveau l’eau tomb้e du ciel ; et c’est pourquoi ce fleuve ne coule pas constamment.

[80189] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 4 Deinde cum dicit: quamvis manifestum etc., improbat praedictam positionem quadrupliciter: primo quidem dicens quod, si aliquis velit prae oculis considerare multitudinem aquae quae continue fluit per fluvios per totum universum, excederet totam quantitatem terrae, vel parum ab ea deficeret, si oporteret esse aliquod receptaculum sub terra, vel unum vel plura, unde flumina fluerent. Et sic oporteret totam terram interius esse concavam, ad capiendam tantam multitudinem aquae; et hoc ipsum non sufficeret. Hoc autem patet esse falsum. Cum enim terra naturaliter sit in medio, et naturaliter partes tendant ad medium, non potest dici quod terra sit tantum concava interius ad suscipiendam aquam; licet non sit inconveniens quod in multis locis terrae sint aliqua receptacula aquarum.

126. Ensuite, lorsqu’il dit : pourtant une chose est ้vidente, etc., il condamne l’opinion pr้c้dente pour quatre raisons : premi่rement, en disant que, si on voulait se mettre sous les yeux la grande masse d’eau qui coule continuellement dans les fleuves dans tout l’univers, elle exc่derait la masse de la Terre enti่re ou bien elle lui serait de peu inf้rieure, s’il fallait qu’il y ait sous la Terre un ou plusieurs r้ceptacles d’o๙ les fleuves couleraient. Et il serait ainsi n้cessaire que la Terre enti่re soit concave เ l’int้rieur, pour recevoir une quantit้ d’eau aussi importante ; et cela m๊me ne suffirait pas. Or, il est ้vident que c’est faux. En effet, comme la Terre est naturellement au centre, et que ses parties tendent naturellement vers le centre, on ne peut pas dire que la Terre soit seulement concave เ l’int้rieur pour recueillir l’eau ; pourtant, il n’est pas absurde de croire qu’il y a des r้ceptacles d’eau dans bien des endroits de la Terre.

[80190] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 5 Secundo ibi: non solum sed et inconveniens etc., ponit secundam rationem. Et dicit quod inconveniens est, si quis non putet quod ex aere evaporato intra terram fiat aqua, propter eandem causam propter quam fit etiam supra terram in aere. Unde si supra terram in aere aer evaporatus propter frigiditatem condensatur in aquam, oportet putare quod etiam a frigiditate terrae hoc idem fiat. Et sic non solum aqua separatim existens in terra quasi in aliquo receptaculo, fluet per fluvios; sed continue infra terram generatur per infrigidationem vaporum, et haec effluet per fluvios.

127. Deuxi่mement, lเ : non seulement, mais aussi (sic) il est inconvenant, etc., il donne la deuxi่me raison. Et il dit qu’il est absurde de ne pas penser que l’eau se forme เ partir de l’air ้vapor้ dans la terre, pour la m๊me raison qu’elle se forme aussi au-dessus de la terre dans l’air. De ce fait, si de l’air ้vapor้ se condense en eau au-dessus de la terre, dans l’air, en raison du froid, il faut penser que ce m๊me ph้nom่ne se produit aussi sous l’effet du froid de la terre. Et ainsi non seulement l’eau qui existe s้par้ment dans la terre comme dans un r้ceptacle coulera en fleuves ; mais elle est continuellement engendr้e sous terre par le refroidissement des vapeurs, et cette eau s’้coulera en fleuves.

[80191] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 6 Sed quia posset aliquis dicere quod ex vaporibus infra terram generatur quaedam aqua, sed tota simul colligitur in aliquibus receptaculis, ex quibus fluvii fluunt, quod esset simile et quasi idem positioni praedictae, ideo tertio hoc excludit per quoddam signum, ibi: adhuc autem et cetera.

Et dicit quod adhuc non est intelligendum tale esse principium fluviorum, quod aqua quidem generetur infra terram, sed existat ibi quotidie dum flumina fluunt, ac si essent quaedam stagna aquarum sub terra, ut quidam dicunt: sed oportet intelligere sic fieri intra terram, sicut fit supra terram. Supra terram enim, dum primo condensatur vapor, fiunt parvae guttae, quae adunantur cum aliis; et sic facile aqua fluens descendit cum quadam multitudine. Ita etiam fit infra terram: primo enim parvae guttae generantur; et sic principia fluviorum sunt quaedam scaturigines paulatim scaturientes in imo terrae.

Et hoc manifestatur per opus: qui enim volunt ducere aquas, puta facientes puteos vel aliquid tale, colligunt aquas in locis infimis et defossis, ac si fieret quaedam resudatio terrae per aquam a locis excelsis ad infima. Et ex hoc apparet quod aqua guttatim profluit a terra ad generationem fluviorum et fontium; non autem ita quod infra terram sint loca quae sint quasi stagna aquarum actu existentium.

128. Mais puisque l’on pourrait dire que l’eau est engendr้e par des vapeurs souterraines, mais qu’elle s’accumule tout enti่re dans des r้ceptacles d’o๙ coulent les fleuves, ce qui ressemblerait fort เ la th่se pr้c้dente, il rejette troisi่mement cette affirmation par une preuve, lเ : de plus, etc.

Et il dit que, de plus, il ne faut pas comprendre que les fleuves tirent leur origine du fait que l’eau est certes engendr้e sous terre, mais qu’elle se trouve lเ chaque jour tant que coulent les fleuves, comme s’il se trouvait des nappes d’eau sous terre, เ ce qu’affirment certains ; mais il faut comprendre qu’il en est sous terre comme sur terre. En effet, sur terre, tandis que la vapeur commence เ se condenser, de petites gouttes se forment et s’agglom่rent les unes aux autres ; et ainsi l’eau qui coule descend facilement en grande quantit้. Et voici comment cela se passe sous terre : en effet, de petites gouttes sont d’abord engendr้es et les origines des fleuves sont ainsi des sources qui jaillissent peu เ peu au fond de la terre.

C’est ce que certains travaux montrent : car ceux qui veulent construire des conduites d’eau, par exemple en creusant des puits ou faisant des ouvrages semblables, collectent les eaux dans des lieux plac้s tout en bas et enfouis, comme si la terre transpirait de l’eau venue du haut vers le bas. Il est donc clair que l’eau s’้coule goutte เ goutte pour engendrer les fleuves et les sources ; mais cela ne veut pas dire que se trouvent sous terre des lieux qui soient comme des eaux stagnantes existant en acte.

[80192] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 7 Quarto ibi: propter quod et rheumata etc., ponit aliud signum ad idem, sumptum ex naturali fluxu aquarum: nam praecedens signum fuit sumptum ex opere. Et dicit quod propter eandem causam rheumata, idest fluviorum fluxus, videntur esse ex montibus, et maximi fluvii fluunt ex maximis montibus; et fontes, ut plurimum, sunt vicini montibus et locis altis; sed in campestribus sunt pauci fontes separati a fluviis. Et hoc ideo est, quia loca montana et alta sunt sicut quaedam spongia spissa, propter soliditatem lapidum, ad eiiciendam aquam; et sunt suspensa, ad hoc quod aqua possit fluere; et sic producunt aquam in multis locis; et colligunt etiam aquam desuper complutam. Sed hoc secundum modicas partes, non tamen ita quod infra montes sint voragines in quibus congregatur aqua. Et ideo dicit quod colligunt aquam, quia suscipiunt magnam multitudinem aquae desuper advenientis per pluviam. Et ad hoc cooperatur figura montium: nam figura rotunda est capacissima figurarum.

Nihil autem differt ad recipiendam multitudinem aquae, an circumferentia sit disposita supreme secundum concavitatem, an secundum convexam gibbositatem: quia utroque modo aequalem quantitatem capiet. Unde licet montes non sint positi secundum concavitatem, sed magis secundum gibbositatem, tamen multitudinem aquarum recipere possunt. Et non solum colligunt multitudinem aquarum ut aliunde receptam, propter figuram, sed etiam producunt eam ut interius generatam propter frigiditatem: quia vaporem resolutum a terra, et ascendentem propter caliditatem innatam, frigiditas terrae infra terram partim coagulat, et sic iterum condensat ipsum in aquam. Et ideo, ut dictum est, maximi fluviorum fluunt ex maximis montibus.

Et hoc manifestum est, si quis consideret circularem descriptionem terrae: qui enim sic descripserunt terram, vel ipsi viderunt flumina et regiones, vel ab aliis inquisiverunt. Ponit ergo exemplum primo quidem in Asia de Parnaso, qui est ad ortum hiemalem, et de Caucaso, qui est ad ortum aestivalem, ex quibus, cum sint maximi montes, multi et maximi fluvii oriuntur; in Europa autem de monte Pyrenaeo, qui est ad occasum aequinoctialem, et de quibusdam aliis montibus qui sunt ad Septentrionem in Scythia, ex quibus etiam fiunt magna flumina; et in Africa, sive in Libya, de quibusdam aliis magnis montibus, ex quibus alia magna flumina fluunt. Et similiter dicit esse de aliis montibus et fluviis: et quod, quicumque alii fluvii fluunt ex paludibus, paludes istae sunt positae prope montes, et sic in idem redit.

Et sic, exemplis positis, concludit propositum, dicens: quod quidem igitur non oportet et cetera. Et repetit quod supra dictum est: unde planum est in littera.

129. Quatri่mement, lเ : et c’est pourquoi on voit les ้coulements, etc., il donne une autre preuve, tir้e du flux naturel des eaux : car la preuve pr้c้dente a ้t้ tir้e de travaux. Et il dit que c’est pour la m๊me raison que ซ des ้coulements ป, c’est-เ-dire les flux des fleuves, semblent venir des montagnes et que les plus grands fleuves s’้coulent เ partir des plus hautes montagnes ; et que les sources, le plus souvent, sont voisines des montagnes et des lieux en altitude ; mais que dans les plaines il y a peu de sources, ind้pendamment des fleuves. Et la raison en est que les lieux montagneux et ้lev้s sont comme des ้ponges denses, en raison de la solidit้ des pierres, afin de faire jaillir l’eau ; ils sont suspendus de telle sorte que l’eau peut s’้couler ; ils produisent ainsi de l’eau en de nombreux endroits ; et ils en rassemblent aussi lorsqu’il a plu d’en haut. Mais cela en petites quantit้s, sans qu’il y ait sous les montagnes des tourbillons o๙ l’eau se rassemble. Et c’est pourquoi il dit qu’ils recueillent l’eau, ้tant donn้ qu’ils re็oivent une grande quantit้ d’eau venue d’en haut en pluie. Et la forme des montagnes facilite cela, car la forme ronde est celle qui a la plus grande capacit้.

Cela ne fait nulle diff้rence, pour recevoir une grande quantit้ d’eau, que la circonf้rence se trouve au sommet avec une forme concave ou avec une bosse convexe : en effet elle recevra une quantit้ ้gale des deux mani่res. De ce fait, bien que les montagnes n’aient pas une forme concave, mais plut๔t gibbeuse, elles peuvent cependant recevoir une grande quantit้ d’eau. Et non seulement elles collectent la grande quantit้ d’eau qu’elles ont re็ue d’un autre lieu grโce เ leur forme, mais elles la produisent aussi une fois qu’elle a ้t้ engendr้e en elles par le froid ; en effet, le froid de la terre coagule en partie sous terre la vapeur que la terre a dissoute et en train de s’้lever เ cause de la chaleur qui se trouve en elle, et elle la condense ainsi de nouveau en eau. Et c’est pourquoi, comme on l’a dit, les plus grands des fleuves s’้coulent เ partir des plus grandes montagnes.

Et c’est manifeste si on examine une carte circulaire de la Terre : car ceux qui l’ont repr้sent้e, soit ont vu eux-m๊mes les fleuves et les r้gions, soit ont interrog้ d’autres personnes. Il donne donc premi่rement l’exemple du Parnasse en Asie, qui est situ้ vers le lever hivernal, et du Caucase, qui se trouve en direction du coucher estival, o๙ naissent un grand nombre de tr่s grands fleuves, comme ce sont de tr่s hautes montagnes ; en Europe du mont Pyr้n้e, qui se trouve vers le coucher ้quinoxial et de certaines autres montagnes qui sont en direction du septentrion en Scythie, o๙ naissent aussi d’autres grands fleuves ; et en Afrique, ou Libye, de certaines autres grandes montagnes, d’o๙ d’autres grands fleuves s’้coulent. Et il dit qu’il en est de m๊me pour les autres fleuves et les autres montagnes ; et que concernant tous les autres fleuves qui s’้coulent เ partir de mar้cages, ce sont des mar้cages situ้s pr่s de montagnes, ce qui revient au m๊me.

Et c’est ainsi qu’il conclut la proposition, apr่s avoir donn้ des exemples, par ces mots : il est donc ้vident qu’il ne faut pas, etc. Et il r้p่te ce qu’il avait dit plus haut : de ce fait le texte est clair.

[80193] Super Meteora, lib. 1 cap. 16 n. 8 Deinde cum dicit: non solum sed et talia etc., excludit rationem ponentium praedictam positionem. Et dicit quod non est inconveniens quod inveniantur aliqua loca habentia actu multitudinem aquae, ac si essent stagna; sed non ad tantum hoc valet, ut ex hoc possit accidere fluxus fluviorum. Non enim magis possumus dicere quod aquae, si quae collectae inveniuntur sub terra vel in montibus, contineant totam aquam fluviorum, quam si quis dicat quod fontes qui manifeste apparent extra terram, totam aquam fluviorum actu contineant: plurimi enim fluviorum fluunt ex fontibus (quod dicit propter hoc quod aliqui fluunt ex paludibus, ut dictum est). Unde simile est putare quod contineant totum corpus aquae quae fluit per flumina, illae collectiones subterraneae, ut existimare quod ipsam contineant istae collectiones aquarum quae inveniuntur extra terram in fontibus. Unde, cum de fontibus manifestum sit hoc esse falsum, per simile potest cognosci hoc etiam esse falsum de collectionibus aquarum quae sunt sub terra. Quod autem sint tales collectiones aquarum sub terra, manifestum esse potest per hoc quod multa flumina absorbentur a terra. Et hoc manifestat per multa exempla: et est planum in littera.

130. Ensuite, quand il dit : non seulement, mais aussi (sic), etc., il rejette le raisonnement des auteurs qui posent la th่se pr้c้dente. Et il dit qu’il n’est pas inconvenant de consid้rer que certains lieux ont une grande quantit้ d’eau en acte, comme s’ils ้taient des eaux stagnantes ; mais cela ne suffit pas pour que le flux des fleuves puisse venir de lเ. En effet, nous ne pouvons pas plus dire que les eaux qui se trouvent avoir ้t้ collect้es sous terre ou dans les montagnes contiennent toute l’eau des fleuves, que les sources qui apparaissent manifestement hors de la terre contiennent toute l’eau des fleuves en acte : car la plus grande partie des fleuves s’้coulent เ partir de sources (il dit cela parce que quelques-uns coulent เ partir de mar้cages, voir ci-dessus). De ce fait, c’est la m๊me chose de penser que ces r้serves d’eau souterraines contiennent tout le corps de l’eau qui coule par les fleuves et d’estimer que les r้serves d’eau qui se trouvent hors de terre dans les sources le contiennent. Par cons้quent, puisque cette conception est de toute ้vidence fausse concernant les sources, on peut reconna๎tre par un raisonnement semblable qu’elle est aussi fausse เ propos des r้serves d’eau qui sont sous terre. Que de telles r้serves d’eau se trouvent sous terre, le fait que de nombreux fleuves sont engloutis par la terre peut le prouver. Il le montre par beaucoup d’exemples ; et le texte est clair.

 

 

Caput 17

Chapitre 17 – [La dur้e des fleuves]

[80194] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 1 Postquam philosophus ostendit causam generationis fluviorum, hic determinat de duratione eorum.

Et circa hoc duo facit. Primo ponit opinionem suam circa hoc. Et dicit quod non semper eadem loca terrae sunt aquosa vel arida; sed hoc permutatur secundum quod fluvii generantur de novo vel deficiunt. Propter quam causam fit permutatio circa terram, ut quae nunc est arida, aliquando fiat mare, et e converso; et non semper in una et eadem parte terrae sint mare vel terra sicca. Sed hoc non accidit casu, sed secundum quendam ordinem, et secundum aliquam circulationem caeli; sicut et omnes transmutationes quae fiunt in istis inferioribus, ordinantur secundum motum caeli.

131. Apr่s que le philosophe a d้montr้ la cause de la g้n้ration des fleuves, il traite ici de leur dur้e.

Et sur ce point il proc่de en deux ้tapes. Premi่rement il expose son opinion sur cette question. Et il dit que ce ne sont pas toujours les m๊mes lieux de la terre qui sont humides ou secs ; mais que cela change selon que les fleuves sont engendr้s de nouveau ou qu’ils disparaissent. C’est la raison pour laquelle un changement a lieu concernant la terre, de telle sorte que celle qui est maintenant s่che se transforme un jour en mer, et inversement ; et la mer ou la terre s่che ne se trouvent pas toujours dans la seule et m๊me partie de la terre. Cependant cela n’arrive pas par hasard, mais selon un certain ordre et une certaine r้volution c้leste, de m๊me que toutes les transformations qui se font dans ces r้gions inf้rieures sont ordonn้es selon le mouvement du ciel.

[80195] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 2 Secundo ibi: principium autem etc., manifestat quod dixerat.

Et circa hoc duo facit: primo assignat causam unam eius quod dictum est; secundo excludit quandam causam ab aliis opinatam, ibi: qui quidem igitur respiciunt et cetera.

Circa primum duo facit: primo assignat causam praedictae transmutationis; secundo assignat causam quare praedicta transmutatio lateat, ibi: sed propterea quod fit et cetera.

Dicit ergo primo quod causa et principium transmutationis praedictae hoc est, quod virtus terrae habet suo modo statum et senectutem, sicut corpora animalium et plantarum. In hoc tamen est differentia, quod animalia et plantae patiuntur statum et senectutem, non successive secundum diversas partes, sed simul secundum totum: sed in terra haec transmutatio est secundum partem et partem, propter caliditatem et frigus, crescente una parte in caliditate vel frigore, et alia deminuta, propter motum solis et alias circulationes caelestium corporum.

Et inde est quod secundum diversum situm in aspectu solis et stellarum, partes terrae recipiunt diversam virtutem; ita quod aliquae partes terrae possunt diu permanere in humiditate et aquositate, secundum aliquod determinatum tempus, quod est eis quasi iuventus vel status; et postmodum siccari, quod est terrae quasi senectus, quae naturaliter propter defectum humorum habet desiccare. Et dum hae partes terrae exsiccantur, alia loca terrae vivificantur, et fiunt aquosa secundum aliquam partem. Quod patet per hoc, quia in vere omnia quasi iuvenescunt per humiditatem; quae in hieme postea senescunt propter nimiam siccitatem. Et in vere etiam nostrae partes terrae sunt in vigore, alibi vero sunt iam desiccata omnia. Et sic patet quod senectus et iuventus non accidunt secundum totum in terra, sicut in animalibus et plantis; sed secundum partem et partem.

Sic igitur in aliquibus partibus terrae, desiccatae modo praedicto fontes destruuntur: et ex hoc sequitur quod fluvii primo quidem ex magnis rediguntur in parvos, et tandem totaliter exsiccantur, propter siccitatem fontium ex quibus oriebantur. Et sic in una parte terrae, quae iam senuit, exsiccantur; in alia autem, quae facta est aquosa, proportionaliter de novo fiunt fontes et flumina. Et ita facta transmutatione circa flumina, ut scilicet in una parte terrae deficiant et in alia de novo esse incipiant, transmutatur per consequens mare; et ubi abundaverat primo per excrescentiam fluviorum, siccatis fluviis, recedit mare et remanet arida; ubi vero mare exsiccabatur per aliquam atterrationem causatam ex aliquibus fluxibus supervenientibus terrae, iterum ibidem stagnat, aquae abundantia congregata.

132. Deuxi่mement, lเ : le principe, etc., il montre ce qu’il avait dit.

Et sur ce point il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne une cause เ ce qui a ้t้ dit ; deuxi่mement, il exclut une certaine cause conjectur้e par d’autres, lเ : donc ceux qui voient, etc.

Concernant le premier point, il proc่de en deux ้tapes : premi่rement, il donne la cause de la transformation pr้c้dente ; deuxi่mement, il donne la raison pour laquelle la transformation pr้c้dente est cach้e, ici : mais ้tant donn้ que, etc.

Il dit donc premi่rement que la cause et le principe de la transformation pr้c้dente est que la vertu de la Terre a une apog้e et une vieillesse เ sa mani่re, comme les corps des animaux et des plantes. Sur ce point, il existe pourtant une diff้rence, เ savoir que les animaux et les plantes subissent leur apog้e et leur vieillesse, non pas partie par partie successivement, mais dans leur totalit้ simultan้ment ; mais, pour la Terre, cette transformation se fait partie par partie, en raison de la chaleur et du froid, เ savoir qu’une partie conna๎t une chaleur ou un froid croissant et une autre, une chaleur ou un froid diminuant, en raison du mouvement du Soleil et des r้volutions des autres corps c้lestes.

Et c’est la raison pour laquelle les parties de la Terre re็oivent diff้rentes vertus selon la diff้rence de leur situation au regard du Soleil et des ้toiles ; par cons้quent, quelques parties de la Terre peuvent rester longtemps dans un ้tat humide et aqueux, pendant un temps d้termin้, qui est pour elles une sorte de jeunesse ou d’apog้e, et, bient๔t apr่s, elles peuvent s’ass้cher, ce qui est, pour ainsi dire, la vieillesse de la Terre, qui tend naturellement เ se dess้cher en raison de la disparition des liquides. Et pendant que ces parties de la Terre s่chent, d’autres lieux se vivifient, et deviennent aqueux en partie. C’est ้vident parce qu’au printemps toutes les choses acqui่rent la force de la jeunesse, pour ainsi dire, grโce เ l’humidit้ ; et ensuite, en hiver, elles vieillissent en raison d’une trop grande s้cheresse. Et au printemps aussi nos parties de la Terre sont en pleine vigueur, mais ailleurs tout est d้jเ dess้ch้. Et il est ainsi clair que la vieillesse et la jeunesse n’arrivent pas sur toute la Terre, comme chez les animaux et les plantes, mais partie par partie.

Ainsi donc, dans certaines parties de la Terre, les sources dess้ch้es de la fa็on susdite sont d้truites ; et il s’ensuit que les fleuves, de grands, redeviennent petits et se dess่chent enfin totalement, en raison de la s้cheresse des sources d’o๙ ils jaillissaient. Et ainsi dans une partie de la Terre, qui a d้jเ vieilli, ils se dess่chent ; mais dans une autre, qui est devenue humide, les sources et les fleuves jaillissent de nouveau de fa็on analogue. Et ainsi, puisque cette transformation concernant les fleuves a eu lieu, เ savoir qu’ils disparaissent dans une partie de la Terre et qu’ils recommencent เ ๊tre dans une autre, la mer se transforme en cons้quence ; et lเ o๙ la mer avait d’abord ้t้ profuse en raison de la crue des fleuves, une fois les fleuves dess้ch้s, elle se retire et reste ass้ch้e ; mais lเ o๙ elle se dess้chait เ cause d’une s้dimentation due เ des ้coulements de terre qui la recouvrent, elle est de nouveau inond้e เ cet endroit m๊me par les flots qui se sont accumul้s en abondance.

[80196] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 3 Secundo ibi: sed propterea quod fit etc., assignat rationem quare praedictae transmutationes latent. Et dicit quod praedictae transmutationes maris et aridae latent, quia omnis naturalis transmutatio non fit subito, sed successive; et praedictae transmutationes, quae accidunt circa magnas partes terrae, fiunt in temporibus longissimis; et prius fit interitus et corruptio omnium gentium, quam maneat memoria transmutationis talis a sui principio usque in finem. Si enim semper eaedem gentes remanerent in eisdem partibus terrae, posset remanere aliqua memoria rerum etiam antiquissimarum, et transmutationum: sed quando aliqua gens deletur, et supervenit nova in locum eius, non remanet in secunda gente memoria antiquitatum quae fuerunt in prima gente; et multo minus in tertia vel quarta.

Corruptiones autem gentium quae novissimae sunt, fiunt per praelia, aliae autem fiunt per infirmitates et epidemias, aliae autem per sterilitates; et harum corruptionum quaedam sunt magnae simul, quaedam vero fiunt paulatim; ut etiam transmutationes gentium de loco ad locum lateant, eo quod aliqui a principio, ex eo quod incipit terra fieri sterilis vel infirma, vel propter guerras, relinquunt regionem, alii autem permanent quandiu possunt ibi nutriri; ita quod a primo discessu usque ad ultimum, quandoque est magnum tempus, et non est memoria primi recessus, etiam si homines non moriantur sed transmigrant. Et sicuti est de desertione terrarum, ita etiam est de habitatione earum: quia non est memoria, propter longinquitatem temporis, quando et a quibus gentibus primo inhabitari coeperunt, et quando sunt immutata ex paludosis in siccitatem, ut habitari possint; quia hoc paulatim factum est et in multo tempore. Et ponit exemplum de terra Aegypti, quae paulatim exsiccata est quasi a fluvio; et de quibusdam aliis terris, quae sunt transmutatae et desiccatae ab aquositate, et e converso; et est planum in littera.

133. Deuxi่mement, lเ : mais ้tant donn้ que, etc., il donne la raison pour laquelle les transformations pr้c้dentes sont cach้es. Et il dit que les transformations pr้c้dentes affectant la mer et la terre ferme sont cach้es, puisque toute transformation naturelle ne se fait pas soudainement, mais successivement ; et les transformations pr้c้dentes, qui arrivent เ de grandes parties de la Terre, se produisent dans des temps tr่s longs ; et l’an้antissement et la d้cadence de tous les peuples ont lieu avant que ne demeure le souvenir d’une telle transformation, de son d้but jusqu’เ sa fin. En effet, si les m๊mes peuples restaient toujours dans les m๊mes parties de la Terre, le souvenir des choses m๊me les plus anciennes et des transformations pourrait demeurer ; mais lorsqu’un peuple est d้truit et qu’un nouveau prend sa place, le souvenir des ้v้nements anciens qui ont eu lieu chez le premier peuple ne reste pas chez le second ; et bien moins chez un troisi่me ou un quatri่me.

Les d้cadences des peuples qui sont les plus r้cents sont caus้es par des batailles, d’autres par des maladies et des ้pid้mies, d’autres par des disettes ; et certaines de ces d้cadences sont massives et simultan้es, mais d’autres se font petit เ petit ; par cons้quent les migrations des peuples d’un lieu vers un autre nous ้chappent aussi, ้tant donn้ que quelques-uns abandonnent leur pays d่s que la terre commence เ devenir st้rile ou faible, ou bien en raison de guerres, mais que d’autres restent tant qu’ils peuvent se nourrir เ cet endroit ; en cons้quence, du premier d้part au dernier, il se passe parfois un temps long, et le souvenir du premier exil dispara๎t, m๊me si les hommes ne meurent pas, mais ้migrent. Et il en est de m๊me pour l’abandon des terres que pour leur occupation, puisque on ne se souvient pas, en raison de la longueur de la dur้e, de l’้poque เ laquelle elles ont commenc้es เ ๊tre habit้es ni par quel peuple, ni de l’้poque o๙ elles ont commenc้ เ se changer de marais en terres s่ches, de mani่re เ pouvoir ๊tre habit้es ; en effet, cela se fait peu เ peu et dans un temps long. Et il donne l’exemple de la terre d’ษgypte, qui s’est peu เ peu dess้ch้e quasiment เ partir d’un fleuve et de certaines autres terres, qui se sont transform้es et dess้ch้es เ partir d’un ้tat humide, et inversement ; et le sens du texte est clair.

[80197] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 4 Deinde cum dicit: qui quidem igitur respiciunt etc., excludit causam a quibusdam opinatam. Et circa hoc tria facit. Primo excludit causam falsam. Et dicit quod aliqui, respicientes ad aliquid modicum, volunt iudicare de toto caelo: putant enim causam talium transmutationum esse mutationem totius mundi, ac si caelum et mundus de novo sit generatus. Et ex hac causa dicunt quod mare est minoratum, quia a principio coepit desiccari a sole: unde plura loca apparent modo desiccata, quae prius non erant.

Sed hoc partim est verum, partim non. Quod enim aliqua loca sint desiccata, quae erant prius aquosa, verum est: licet etiam contrarium verum sit, quia in aliquibus locis invenitur supervenisse mare ubi prius erat arida. Sed hoc est falsum, quod causa huius transmutationis sit mundi generatio. Derisibile enim videtur ponere transmutationem in toto, propter transmutationes in parvis partibus; magnitudo autem terrae quasi nihil est in comparatione ad totum caelum; obtinet enim vicem puncti.

134. Ensuite, quand il dit : donc ceux qui voient, etc., il rejette la cause conjectur้e par certains auteurs. Et sur ce point il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement il rejette la cause erron้e. Et il dit que quelques-uns, qui ont une vue ้troite, veulent porter un jugement sur le ciel tout entier ; car ils pensent que la cause de telles transformations est un changement du monde entier, comme si le ciel et le monde ้taient engendr้s de nouveau. Et ils disent que la mer s’est amoindrie puisqu’elle a commenc้ d่s le d้but เ ๊tre dess้ch้e par le Soleil ; de ce fait, un plus grand nombre de lieux apparaissent bient๔t dess้ch้s alors qu’ils ne l’้taient pas avant.

Mais c’est en partie vrai, en partie faux. En effet, il est vrai que certains lieux qui ้taient auparavant humides se sont dess้ch้s, bien que le contraire soit aussi vrai, puisqu’il se trouve que la mer est survenue en des lieux o๙ auparavant se trouvait la terre s่che. Mais il est faux de dire que la cause de cette transformation est la g้n้ration du monde. En effet, il semble ridicule d’้tablir que tout s’est transform้ en raison de changements concernant de petites parties ; la taille de la Terre n’est, pour ainsi dire, rien en comparaison du ciel tout entier : car elle remplit le r๔le d’un point.

[80198] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 5 Secundo ibi: sed horum omnium etc., resumit veram causam. Et dicit quod vera causa istarum transmutationum est quod, sicut unus annus dividitur per diversa tempora, scilicet per hiemem et aestatem et consueta, sic et magna aliqua circulatio dividitur secundum statuta tempora, per magnam hiemem, in qua est multus excessus imbrium, et magnam aestatem, in qua est siccitas magna: non autem ita quod simul fiat iste magnus excessus imbrium vel siccitatis secundum totam terram, vel semper secundum easdem partes, sed in diversis partibus. Et ponit exemplum de diluvio facto tempore Deucalionis, in quadam determinata parte Graeciae.

135. Deuxi่mement, lเ : mais il faut penser que la cause de tous ces ph้nom่nes, etc., il reprend la vraie cause. Et il dit que la vraie cause de ces transformations est que, de m๊me qu’une ann้e se divise en diff้rents temps, c’est-เ-dire en hiver, en ้t้ et saisons habituelles, de m๊me une grande r้volution se divise aussi en temps d้termin้s, en grand hiver, o๙ les pluies sont en grand exc่s, en grand ้t้, o๙ r่gne une grande s้cheresse, sans que ce grand exc่s de pluie ou de s้cheresse ne se fasse en m๊me temps sur toute la Terre ou toujours sur les m๊mes parties, mais sur diff้rentes parties. Et il donne l’exemple du d้luge survenu เ l’้poque de Deucalion, dans une partie d้termin้e de la Gr่ce.

[80199] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 6 Tertio ibi: cum igitur talis factus fuerit etc., assignat ex praedictis causam diuturnitatis fluviorum. Et dicit quod cum in aliqua terra factus fuerit magnus excessus imbrium, ita imbibitur terra humiditate, quod sufficit ad multum tempus ad generationem fluviorum. Quod quidem commune est diversis opinionibus: sive dicatur quod perpetuitas fluviorum est ex magnitudine voraginum continentium multam aquam, ut quidam dicunt, sicut praedictum est; sive dicatur, secundum nostram opinionem superius positam, quod causa perpetuitatis fluviorum est magnitudo et spissitudo et frigiditas altorum locorum, ita quod huiusmodi loca possunt recipere multam aquam, et continere eam, et generare.

Sed illa loca in quibus sunt parvae substantiae montium et non multum elevatae in altum, aut sunt quasi spongiosae, ut non possit in eis conservari humiditas, et sunt lapidosae, ut non possint recipere aquam, et sunt argillosae, ut non possint eam generare: in talibus, inquam, locis deficit fluxus fluviorum, quoadusque iterum loca humectentur. Sic ergo oportet putare quod in quibuscumque locis advenerit abundantia imbrium in magna hieme, humiditates locorum erunt magis perpetuae, idest diuturnae. Sed tamen tempore procedente exsiccantur, et quaedam eorum fiunt minus humida, donec iterum revertatur periodus secundum quam fiat excessus imbrium. Et sic ultimo concludit quod, quia in toto universo necesse est fieri permutationem; non tamen ita quod generetur et corrumpatur, si totus mundus est perpetuus; necesse est, sicut dictum est, quod non semper eadem loca sint humida per mare vel flumina, aut etiam sicca; sed quae prius fuerunt humida, fiunt sicca, et e converso.

136. Troisi่mement lเ : donc, lorsque se font de telles, etc., il tire des propos pr้c้dents la cause de la dur้e des fleuves. Et il dit que, lorsque sur une terre sont tomb้es des pluies en exc่s, cette terre est si imbib้e d’humidit้ qu’elle suffit pour une longue p้riode เ engendrer des fleuves. Et cette conception est commune aux diff้rentes opinions, soit que l’on dise que la perp้tuit้ des fleuves vient de la grandeur des gouffres renfermant beaucoup d’eau, comme certains le disent, เ ce que l’on a vu, soit que l’on dise, selon notre opinion expos้e plus haut, que la cause de la continuit้ des fleuves est la grandeur, la densit้ et le froid des lieux situ้s en altitude, si bien que des endroits de ce genre peuvent recevoir beaucoup d’eau, la contenir et l’engendrer.

Mais les lieux dans lesquels les substances des montagnes sont petites et peu ้lev้es en hauteur, sont soit, en quelque sorte, spongieuses, au point de ne pouvoir conserver de l’humidit้ en elles, soit pierreuses, au point de ne pouvoir recevoir d’eau, soit argileuses, de mani่re เ ne pouvoir en engendrer ; dans de tels lieux, dis-je, le cours des fleuves s’arr๊te, jusqu’เ ce que ces lieux s’humidifient de nouveau. Ainsi donc il faut penser que dans tous les lieux o๙ la pluie est tomb้e en abondance lors du grand hiver, l’humidit้ sera davantage ซ perp้tuelle ป, c’est-เ-dire durable. Mais pourtant, le temps passant, ils se dess่chent et certains d’entre eux deviennent moins humides, jusqu’เ ce que revienne de nouveau la p้riode o๙ se produisent des pluies excessives. Et ainsi il conclut enfin que, puisque dans tout l’univers il est n้cessaire qu’un changement se fasse, mais sans qu’il y ait g้n้ration et corruption, si le monde entier est ้ternel, il est n้cessaire, comme on l’a dit, que ce ne soient pas toujours les m๊mes lieux qui soient inond้s par la mer ou les fleuves, ou bien secs, ้galement, mais que ceux qui ont ้t้ d’abord humides deviennent secs, et inversement.

[80200] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 7 Deinde cum dicit: manifestat autem quod etc., manifestat quod dictum est, per exempla. Et circa hoc tria facit. Primo ponit tria exempla. Quorum primum est de terra Aegypti, quae invenitur demissior mari circumstante: propter quam causam impediti sunt quidam reges ne coniungerent duo maria, videntes per hoc destrui fluxum fluvii. Secundum exemplum est de Maeotide palude, in qua, propter fluxus fluviorum, semper maior atteratio facta est: ita quod poterat ferre multo minores naves tempore suo, quam ante sexaginta annos. Tertium exemplum est de Bosphoro dividente Europam ab Asia, qui invenitur minoratus et semper tendens in angustum, propter eandem causam.

137. Ensuite, lorsqu’il dit : il est manifeste que, etc., il montre ce qu’il a dit par des exemples. Et il proc่de en trois ้tapes. Premi่rement, il donne trois exemples. Le premier d’entre eux porte sur la terre d’ษgypte, qui se trouve plus bas que la mer qui l’entoure ; c’est pour cette raison que certains rois n’ont pas pu relier les deux mers, en voyant que le cours du fleuve serait gโt้ par cette op้ration. Le second exemple porte sur le Palus M้otide, dans lequel, en raison du cours des fleuves, les alluvions s’agrandissent toujours ; par cons้quent, il pouvait transporter des navires beaucoup plus petits เ cette ้poque-lเ que soixante ans auparavant. Le troisi่me exemple concerne le Bosphore qui s้pare l’Europe de l’Asie, et qui diminue et devient toujours plus ้troit, pour la m๊me raison.

[80201] Super Meteora, lib. 1 cap. 17 n. 8 Secundo ibi: manifestum igitur etc., inducit conclusionem principaliter intentam: dicens quod, ex quo tempus non deficit et totum universum est aeternum (quod dicit secundum opinionem suam positam in libro physicorum et de caelo et mundo), sequitur quod neque Tanais neque Nilus, qui sunt maximi fluvii, semper fluxerunt, sed aliquando locus unde fluunt erat siccus: quia opus eorum, scilicet fluxus ipsorum, habet terminum. Et similiter est in aliis fluviis. Et si hoc est de fluviis, oportet quod idem sit de mari, in quod intrant fluvii: et sic secundum diversa tempora permutatur mare et arida.

Hoc tamen quod supponit mundum et tempus aeternum, est erroneum et alienum a fide; nec rationes quibus hoc probavit, sunt demonstrationes, ut alibi est ostensum.

Tertio ibi: quia quidem igitur, recapitulat quod dixerat: et est planum in littera.

138. Deuxi่mement lเ : il est donc manifeste, etc., il tire la conclusion recherch้e principalement, disant que, puisque le temps ne manque pas et que tout l’univers est ้ternel (ce qu’il avance suivant l’opinion qu’il avait ้tablie dans les livres sur La Physique, Le Ciel et Le Monde), il s’ensuit que ni le Tana๏s, ni le Nil, qui sont les plus grands des fleuves, n’ont toujours coul้, mais que parfois le lieu d’o๙ ils s’้coulent ้tait sec ; en effet leur ซ œuvre ป, เ savoir leur cours, a un terme. Et il en est de m๊me pour les autres fleuves. Et s’il en est ainsi pour les fleuves, il faut qu’il en soit de m๊me pour la mer, o๙ se jettent les fleuves ; et ainsi la mer et les zones s่ches se transforment selon les ้poques.

Cependant, supposer que le monde et le temps sont ้ternels est erron้ et ้tranger เ la foi ; et les raisons qui lui ont permis de le prouver ne sont pas des d้monstrations, comme on l’a montr้ ailleurs.

Troisi่mement lเ : nous avons donc dit que, etc., il r้capitule ce qu’il avait dit ; et le sens du texte est clair.

 

 

Liber 2

Livre 2 ─ [Les ph้nom่nes m้t้orologiques terrestres]

 

 

Caput 1

Chapitre 1 – [Plan – L’origine des mers]

[80202] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 1 Postquam philosophus determinavit de his quae generantur in alto, sive ab exhalatione sicca sive a vapore humido, adiungens etiam de generatione fluviorum, propter similitudinem ad generationem pluviarum, nunc incipit determinare de his quae fiunt in parte inferiori ab exhalatione sicca.

Et dividitur in partes duas: in prima determinat de quibusdam principalibus passionibus; in secunda de quibusdam consequentibus, et hoc in tertio libro, ibi: de residuis autem et cetera.

Prima dividitur in duas: in prima determinat de mari, cuius salsedo ex siccitate causatur; in secunda determinat de ventis et his quae ex eis causantur, ibi: de spiritibus autem dicamus et cetera.

139. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur les ph้nom่nes qui sont engendr้s en altitude, soit par exhalaison s่che, soit par vapeur humide, leur ajoutant aussi la g้n้ration des fleuves, en raison de sa ressemblance avec celle des pluies, il commence maintenant เ d้terminer la v้rit้ sur ceux qui sont produits dans la partie inf้rieure par l’exhalaison s่che.

Et cela se divise en deux parties : dans la premi่re, il d้termine la v้rit้ sur les principaux accidents ; dans la deuxi่me, sur certaines cons้quences, et cela dans le troisi่me livre, lเ : sur ce qui reste, etc.

La premi่re partie se divise en deux : dans la premi่re, il d้termine la v้rit้ sur la mer, dont le caract่re sal้ est caus้ par la s้cheresse ; dans la deuxi่me, il la d้termine sur les vents et les ph้nom่nes caus้s par eux, lเ : parlons maintenant des souffles, etc.

[80203] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 2 Satis autem apparet conveniens ordo quem philosophus observat. Nam post ea quae in suprema parte aeris generantur ab exhalatione sicca, quae stellae cadentes, cometae, lacteus circulus, et similia sunt, in secundo loco determinavit de his quae in inferiori loco generantur ab exhalatione humida, scilicet de pluviis et huiusmodi; et quia eodem modo habent flumina causam generationis in terra, sicut pluviae in aere, post pluvias de fluminibus determinavit; post quae determinat de mari, in quod omnia flumina decurrunt.

Circa hoc ergo primo manifestat de quo est intentio. Et dicit quod dicendum est de mari: quae scilicet sit natura ipsius, utrum sit naturalis locus aquae, vel accidentaliter ibi aqua congregetur; et propter quam causam tanta multitudo aquae est salsa; et de prima generatione maris, utrum scilicet habeat principium suae generationis, et quomodo.

140. L’ordre que suit le Philosophe para๎t convenable. En effet, apr่s les ph้nom่nes engendr้s dans la partie sup้rieure de l’air par l’exhalaison s่che, qui sont les ้toiles filantes, les com่tes, le cercle lact้ et autres ph้nom่nes semblables, il d้termine en second lieu la v้rit้ sur ceux qui sont engendr้s dans la r้gion inf้rieure par l’exhalaison humide, เ savoir la pluie et les ph้nom่nes de ce genre ; et puisque les fleuves trouvent la cause de leur g้n้ration sur la terre, comme la pluie dans l’air, il d้termine la v้rit้ sur eux apr่s les pluies ; apr่s cela, il la d้termine sur la mer, dans laquelle tous les fleuves se jettent.

Concernant cela il manifeste donc premi่rement quelle est son intention. Et il dit qu’il faut parler de la mer : เ savoir quelle est sa nature, si c’est le lieu naturel de l’eau ou bien si l’eau se rassemble ici par accident ; et pour quelle raison une aussi grande quantit้ d’eau est sal้e ; et il dit qu’il s’interroger sur la premi่re g้n้ration de la mer, เ savoir si elle a un principe de g้n้ration, et comment.

[80204] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 3 Secundo ibi: antiqui quidem igitur etc., exequitur propositum.

Et circa hoc duo facit: primo ponit opiniones aliorum de mari; secundo inquirit veritatem, ibi: quod quidem igitur fontes et cetera.

Circa primum duo facit: primo ponit opiniones antiquorum theologorum; secundo naturalium, ibi: qui autem sapientiores et cetera.

Circa primum sciendum est quod ante tempora philosophorum, fuerunt quidam qui vocabantur poetae theologi, sicut Orpheus, Hesiodus et Homerus: quia sub tegumento quarundam fabularum, divina hominibus tradiderunt. De his ergo dicit quod posuerunt quod mare habeat fontes proprios ex quibus causatur. Et hoc posuerunt ut terrae et mari non ponerent extranea principia sed propria: putaverunt enim quod terra et aqua sint reverendissima, quasi haec sit magna pars totius universi; et dicebant totum caelum esse propter terram et aquam, et ideo circumdari terram et aquam ab aliis corporibus et ab ipso, ac si haec pars esset honoratissima, et primum principium inter omnia corpora mundi.

141. Deuxi่mement lเ : donc, les auteurs anciens, etc., il poursuit son projet.

Et, sur ce point, il fait deux choses : premi่rement, il expose les opinions des autres sur la mer : deuxi่mement, il recherche la v้rit้, lเ : donc les sources, etc.

Concernant le premier point, il fait deux choses : premi่rement, il expose les opinions des anciens th้ologiens ; deuxi่mement, celle des naturalistes, lเ : ceux qui sont plus savants, etc.

Concernant le premier point, il faut savoir que, avant les temps des philosophes, ont exist้ des po่tes appel้s th้ologiens, comme Orph้e, H้siode et Hom่re : en effet, sous l’enveloppe de certaines fables, ils ont transmis aux hommes des choses divines. Il dit donc d’eux qu’ils posaient que la mer avait ses sources propres dont elle tirait sa cause. Et ils le posaient de telle sorte que terre et mer n’avaient pas de principes ext้rieurs, mais des principes propres : car ils posaient que la terre et la mer ้taient les plus v้n้rables, comme si elles constituaient une grande partie de tout l’univers ; ils ajoutaient que le ciel tout entier existait pour la terre et l’eau et que, pour cette raison, elles ้taient entour้es par les autres corps et par lui, comme si cette partie ้tait la plus honorable et le premier principe entre tous les corps du monde.

[80205] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 4 Deinde cum dicit: qui autem sapientiores etc., ponit opiniones philosophorum naturalium de mari.

Et ponit tres opiniones. Quarum prima est de generatione maris. Et dicit quod illi qui fuerunt sapientiores praedictis poetis sapientia humana (quod dicit quia isti naturales non tractaverunt de divinis, ut illi, sed de naturalibus; quae est sapientia proprie humana, idest conformis humano intellectui): isti ergo dixerunt quod mare habet generationem. Quia a principio totus locus qui est circa terram, erat humidus et plenus aqua, sed est desiccatus a sole per evaporationem humidi; et illud quidem quod evaporavit, secundum eos, causavit aerem et ventos (et ex hoc dicunt causari motum solis et lunae et stellarum); illud autem quod est relictum nondum exsiccatum, est mare. Unde putant quod per continuam exsiccationem semper minoretur, et tandem aliquando totum exsiccabitur, et mare iam non erit. Haec dicitur fuisse opinio Anaxagorae et Diogenis.

Secunda opinio est de salsedine maris. Empedocles enim dixit quod terra, calefacta a sole, emittit quendam sudorem, quem credidit esse aquam maris. Et propterea dicit quod mare est salsum, quia etiam sudor animalium invenitur salsus.

Tertia opinio est Anaxagorae etiam de salsedine maris. Qui dixit quod terra per quam transit aqua, vel quae admiscetur aquae, est causa salsedinis maris : sicut enim illud quod colatur per cinerem, fit salsum, sic et aqua maris per admixtionem terrae fit salsa.

142. Ensuite, quand il dit : ceux qui sont plus savants, il pr้sente les opinions des philosophes de la nature sur la mer.

Et il expose trois opinions. La premi่re d’entre elles porte sur la g้n้ration de la mer. Et il dit que ceux qui ้taient plus instruits que les po่tes pr้c้dents en savoir humain ‒ il dit cela parce que ces philosophes de la nature n’ont pas trait้ de choses humaines comme les po่tes, mais de choses naturelles, ce qui est le savoir humain เ proprement parler, c’est-เ-dire conforme เ l’intellect humain ‒, ceux-ci ont donc dit que la mer a une g้n้ration. En effet, le lieu qui entoure la terre ้tait enti่rement humide et rempli d’eau, mais a ้t้ dess้ch้ par le Soleil grโce เ l’้vaporation de l’humide ; et ce qui a cr้้ l’้vaporation est, selon eux, la cause de l’air et des vents (c’est par cela, disent-ils, que le mouvement du Soleil, de la Lune et des ้toiles est caus้) ; ce qui reste et qui n’est pas encore dess้ch้, c’est la mer. De ce fait, ils pensent qu’elle diminue toujours en raison d’un dess้chement continu et qu’un jour elle se dess้chera en totalit้ et qu’il n’y aura plus de mer. On dit que c’้tait l’opinion d’Anaxagore et de Diog่ne.

La seconde opinion porte sur la salure de la mer. Emp้docle disait, en effet, que la Terre, r้chauff้e par le Soleil, ้met une sorte de sueur, qui, croyait-il, est l’eau de mer. Et c’est pourquoi il dit que la mer est sal้e, puisque la sueur des animaux aussi se trouve ๊tre sal้e.

La troisi่me opinion est celle d’Anaxagore, ้galement sur la salure de la mer. Il dit que la terre, เ travers laquelle l’eau passe, ou qui est m้lang้e เ l’eau, est la cause de la salure de la mer : en effet, de m๊me que ce qui est filtr้ par des cendres devient sal้, de m๊me l’eau de mer devient elle aussi sal้e en raison d’un ajout de terre.

[80206] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 5 Deinde cum dicit: quod quidem igitur fontes etc., inquirit veritatem circa praedictas opiniones: et primo circa opinionem poetarum theologizantium; secundo circa opiniones philosophorum naturalium, ibi: de generatione autem ipsius, si factum est et cetera.

Circa primum duo facit: primo ostendit quod mare non habet fontes, ut illi dixerunt; secundo removet quoddam quod videtur suae rationi contrarium, ibi: fluens autem mare videtur et cetera.

Circa primum ponit duas rationes. Quarum prima est, quod aquarum quae sunt circa terram, quaedam sunt fluxibiles, quaedam stationariae. De his quae fluunt, manifestum est quod omnes derivantur ex fontibus. Quod non oportet sic intelligere, quod fontium sit aliquod principium quasi vas continens multitudinem aquae, ex quo flumina deriventur: sed oportet intelligere, ut prius dictum est, quod ex multis partibus, in quibus paulatim generatur, aqua ad unum concurrit, et confluendo primum sibi occurrit ut in tanta multitudine sit. Sed aquarum stationariarum quaedam sunt collectae et sustentatae ab aliquo impediente fluxum earum, vel per artem vel per naturam; quae dicuntur paludosae vel stagnales. Differunt autem haec multitudine et paucitate: nam si fuerint multae aquae sic collectae, dicuntur stagna; si autem paucae, paludes. Quaedam autem aquae stationariae sunt fontanae, idest in ipso suo fonte stant: et omnes istae sunt manufactae, sicut illae quae dicuntur puteales. Omnium enim harum aquarum sic per artem stantium, oportet esse aliquem fontem, qui esset principium fluxus, nisi impediretur per artem. Unde patet quod omnes aquae fontales et fluviales sponte fluunt secundum impetum naturae, vel indigent operatione artis ad hoc quod stent.

Quibus determinatis, patet quod aqua maris non est de fontibus, quia in nullo duorum dictorum generum continetur: quia nec fluit, ut fluvialis, nec potest dici quod sit manufacta, ut putealis. Omnes autem aquae quae sunt ex fontibus, vel fluunt, vel stant per artem: nisi forte aliquae sint parvae aquae quae sponte stent non per artem, sicut contingit cum aqua fluens invenit aliquam concavitatem aut aliquod obstaculum. Sed hoc non potest esse in magna quantitate: quia dum multiplicatur aqua fluens, oportet quod vel supergrediatur obstaculum et iterum fluat, vel submergatur in terra, sicut in multis locis accidit, ut supra dictum est. Unde non potest dici quod tanta aqua sicut aqua maris, possit spontanee stare, si sit ex fontibus. Relinquitur ergo quod mare non habeat fontes.

143. Ensuite, quand il dit : donc, le fait qu’il est impossible, etc., il recherche la v้rit้ concernant les opinions pr้c้dentes : et premi่rement เ propos de celles des po่tes th้ologisants ; deuxi่mement เ propos des opinions des philosophes de la nature, lเ : sur sa g้n้ration, si elle a ้t้ form้e, etc.

Concernant le premier point, il fait deux choses : premi่rement, il montre que la mer n’a pas de sources, comme ceux-lเ l’affirmaient ; deuxi่mement, il ้carte quelque chose qui semble contraire เ son raisonnement, lเ : la mer s’้coulant semble, etc.

Concernant le premier point, il pose deux raisons. La premi่re d’entre elles est que, parmi les eaux qui entourent la terre, les unes sont courantes, les autres, dormantes. Au sujet de celles qui coulent, il est manifeste qu’elles d้rivent toutes de sources. Il ne faut pas entendre par lเ que les sources ont comme principe une sorte de vase contenant la masse de l’eau, d’o๙ les fleuves d้rivent : mais il faut comprendre que, comme il a ้t้ dit auparavant, l’eau se rassemble en un point เ partir de nombreuses parties dans lesquelles elle se forme petit เ petit, et qu’en confluant elle se pr้sente en premier lieu de mani่re เ ๊tre dans une telle masse. Mais certaines des eaux dormantes sont r้unies et conserv้es par quelque entrave เ leur cours, soit par l’art, soit par la nature ; ces eaux, on les appelle mar้cageuses ou stagnantes. Elles diff่rent selon leur quantit้ plus ou moins grande : car si de nombreuses eaux se r้unissent ainsi, on les appelle ้tangs ; si elles sont peu nombreuses, on les appelle marais. Certaines eaux dormantes sont de source, c’est-เ-dire qu’elles restent immobiles dans leur propre source : et toutes celles-ci sont fa็onn้es par la main de l’homme, comme celles qui sont appel้es eaux de puits. En effet, pour toutes ces eaux qui restent ainsi immobiles artificiellement, il faut qu’il y ait une source qui soit le principe de ce qui serait leur flux, s’il n’้tait pas entrav้ par artifice. De ce fait, il appara๎t que toutes les eaux de source et de fleuve coulent d’elles-m๊mes suivant une impulsion naturelle ou bien qu’elles n้cessitent un ouvrage d’art pour demeurer immobiles.

Apr่s que l’on a d้termin้ la v้rit้ sur cela, il est clair que l’eau de mer ne vient pas de sources, puisqu’elle n’est contenue par aucun des deux genres susdits : en effet, elle ne coule pas, comme l’eau des fleuves, et il ne peut ๊tre dit qu’elle est fa็onn้e par la main de l’homme, comme celle des puits. Toutes les eaux qui viennent de sources coulent ou bien dorment par artifice : เ moins qu’il n’y ait quelques petites quantit้s d’eau qui dorment d’elles-m๊mes sans artifice, comme lorsque l’eau qui coule rencontre une concavit้ ou un obstacle. Mais ce ph้nom่ne n’est pas possible en grande quantit้ : puisque, pendant que l’eau courante se multiplie, il faut soit qu’elle d้passe un obstacle et recommence เ couler, soit qu’elle soit engloutie dans la terre, comme cela se produit en bien des endroits, comme on l’a d้jเ dit. De ce fait, on ne peut dire qu’une aussi grande quantit้ d’eau puisse dormir spontan้ment si elle provient de sources. Il en r้sulte donc que la mer n’a pas de sources.

[80207] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 6 Secundam rationem ponit ibi: adhuc autem quoniam plura sunt et cetera. Et dicit quod multa maria sunt quae in nullo loco adinvicem commiscentur. Nam mare rubrum coniungitur quidem secundum modicum ad mare Oceanum, quod est extra columnas Herculis; a quo mari omnino separata sunt mare Hyrcanum et Caspium (quod est mare Ponticum); et habitantur undique per circuitum, ita quod non laterent fontes illius maris, si illud mare fontes haberet. Non ergo verum est quod maris sint aliqui fontes.

144. Il pose la deuxi่me raison lเ : de plus, puisque plusieurs, etc. Et il dit qu’il y a de nombreuses mers qui ne sont reli้es les unes aux autres en aucun lieu. Car la mer Rouge n’est que peu jointe เ l’Oc้an, qui se trouve au-delเ des Colonnes d’Hercule ; la mer Hyrcanienne comme la mer Caspienne (qui est la mer Pontique) en sont totalement s้par้es ; et elles sont habit้es sur tout leur pourtour, de telle sorte que les sources de cette mer-lเ ne seraient pas cach้es, si elle en avait. Donc il n’est pas vrai que la mer ait des sources.

[80208] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 7 Deinde cum dicit: fluens autem mare videtur etc., quia in quibusdam maribus apparet communis fluxus, ne credatur mare esse fluxibile tanquam ex fontibus procedens, cuius contrarium in prima ratione supposuerat, assignat causam fluxus qui videtur in mari.

Et circa hoc tria facit: primo ostendit quare aliquod mare fluat; secundo manifestat quoddam quod supponit, per signum, ibi: de eo autem etc.; tertio recapitulat, ibi: quod quidem igitur et cetera.

Assignat autem fluxus maris tres causas. Quarum prima est, quod mare fluit propter eius angustiam, ubi ex magno pelago restringitur in modicum spatium, propter hoc quod coarctatur ab adiacente terra. Aqua autem maris saepe movetur huc et illuc, et maxime secundum consequentiam ad motum lunae, quae secundum naturam propriam habet commovere humidum: haec autem aquae commotio in magno mari et amplo est immanifesta; sed ubi obtinent parvum locum propter angustiam terrae, magis apparet.

Secunda causa est, quod illud mare quod continetur infra Heracleas columnas, et non continuatur alicui, sicut de mari Pontico iam dictum est: istud, inquam, fluit propter multitudinem fluviorum. Et propter eandem causam unum mare decurrit in aliud: nam Maeotis fluit in mare Ponticum, Ponticum fluit in Aegeum. In aliis autem maribus minus hoc videtur: sed in praedictis maribus hoc accidit propter multitudinem fluviorum, quia in praedicta maria multa flumina intrant.

Tertia ratio fluxus est propter hoc quod mare occupat multum de terra secundum proportionem quantitatis aquae, et unum est minus profundum quam aliud: illud autem quod est minus profundum, semper decurrit ad profundius. Unde illud mare semper videtur profundius, ad quod aliud decurrit, sicut Ponticum est profundius Maeotide, et Pontico mare Aegeum, et Aegeo Siculum; Sardicum autem et Tyrrhenum sunt profundissima. Sed mare quod est extra columnas, non est profundum: quod apparet ex luto apparente in aqua quae fluit ex ipso; et huius signum est quod sunt sine vento, ac si existant in aliqua concavitate. Sicut igitur particulariter fluvii videntur fluentes ex altioribus locis ad demissiora, sic in mari fluxus fit ex altioribus locis terrae, quae sunt ad Septentrionem: ut sic maria Septentrionalia, quae emittunt aquam, non sint ita profunda sicut maria meridionalia, quae recipiunt.

145. Ensuite, quand il dit : on voit un courant marin, puisque dans certaines mers appara๎t un courant commun, de peur que l’on ne croie que la mer a un courant comme si elle provenait de sources, ce dont il avait suppos้ le contraire dans le premier raisonnement, il donne la cause du courant qui est vu dans la mer.

Et, sur ce point, il fait trois choses : premi่rement, il montre pourquoi la mer a un courant ; deuxi่mement, il manifeste une certaine supposition, par une preuve, lเ : sur cela, etc. ; troisi่mement, il r้capitule, lเ : donc ce qui, etc.

Il donne donc les trois causes du courant marin. La premi่re d’entre elles est que ce courant est caus้ par son ้troitesse lเ o๙, de vaste ้tendue, elle est resserr้e en un espace ้troit, ้tant donn้ qu’elle est press้e par la terre qui la borde. L’eau de mer se meut souvent ็เ et lเ, et surtout sous l’effet du mouvement de la Lune, qui a comme nature propre de mettre en branle ce qui est humide : cet ้branlement de l’eau n’est pas visible dans une mer haute et vaste ; mais lเ o๙ elle occupe un lieu de petite dimension en raison du resserrement de la terre, ce ph้nom่ne appara๎t.

La seconde cause est que la mer qui est contenue sous les Colonnes d’Hercule n’est pas contigu๋ เ une autre, comme on l’a d้jเ dit de la mer Pontique : cette derni่re, dis-je, a un courant en raison de la multitude des fleuves. Et, pour la m๊me cause, une mer se jette dans une autre : car le M้otide coule dans la mer Pontique, la mer Pontique dans la mer ษg้e. Ce ph้nom่ne est moins visible dans les autres mers : mais dans les mers mentionn้es il se produit en raison de la multitude des fleuves, puisque bien des fleuves entrent dans ces mers.

La troisi่me raison du courant est que la mer occupe une grande partie de la Terre en proportion de la quantit้ d’eau et que telle mer est moins profonde que telle autre : ce qui est moins profond se pr้cipite toujours vers ce qui est plus profond. De ce fait, telle mer semble toujours plus profonde lเ o๙ une autre se pr้cipite, comme le Pont est plus profond que le M้otide, la mer ษg้e l’est plus que le Pont, la mer de Sicile que la mer ษg้e, tandis que la mer de Sardaigne et la mer Tyrrh้nienne sont les plus profondes. Mais la mer qui se trouve au-delเ des Colonnes n’est pas profonde : on le voit เ la vase qui appara๎t dans l’eau qui coule de lเ ; et la preuve en est que ces r้gions sont d้pourvues de vent, comme si elles ้taient dans une concavit้. Donc, de m๊me que les fleuves semblent couler de lieux plus ้lev้s vers des lieux plus bas, de m๊me le courant marin se fait เ partir de lieux plus ้lev้s de la Terre, lesquels se trouvent vers le septentrion : ainsi, les mers septentrionales, qui laissent l’eau s’้chapper, ne sont pas aussi profondes que les mers m้ridionales, qui la re็oivent.

[80209] Super Meteora, lib. 2 cap. 1 n. 8 Deinde cum dicit: de eo autem etc., manifestat per signum quoddam quod dixerat, scilicet quod terra ex parte Septentrionis sit altior. Et huius signum accipit ex hoc quod quidam antiquorum crediderunt quod sol non iret sub terra, sed solum circa terram, et dispareret de nocte propter altitudinem Septentrionalis partis occultantis.

Deinde cum dicit: quod quidem igitur etc., recapitulat quod dixerat: et est planum in littera.

146. Ensuite, quand il dit : ce qui prouve, etc., il montre par une certaine preuve ce qu’il avait dit, เ savoir que la terre est plus ้lev้e เ partir du septentrion. Et il en tire la preuve de ce que certains des anciens croyaient que le Soleil n’allait pas sous terre, mais seulement dans ses environs, et qu’il disparaissait de nuit en raison de l’altitude de la partie septentrionale qui l’occultait.

Ensuite, quand il dit : voilเ donc, etc., il r้capitule ce qu’il a dit : et le texte est clair.

 

 

Caput 2

Chapitre 2 – [Pourquoi la mer est-elle sal้e ?]

[80210] Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 1 Hic incipit inquirere veritatem circa opiniones quas habuerunt antiqui naturales de mari.

Et primo ostendit de quo est intentio: dicens quod est de generatione maris, si est factum; et de sapore eius, quae sit causa salsedinis et amaritudinis ipsius.

Secundo ibi: causa quidem igitur etc., exequitur propositum.

Et dividitur in partes tres: in prima determinat de natura maris, utrum scilicet sit naturalis locus aquae; in secunda determinat de generatione eius, utrum scilicet sit factum vel non, ibi, de salsedine autem etc.; in tertia determinat de sapore maris, quare scilicet sit salsum, ibi: de salsedine autem his quidem et cetera.

Prima autem pars dividitur in partes duas: in prima ostendit opinionem antiquorum de natura maris; in secunda obiicit contra eam, ibi: opponitur autem et cetera.

147. Il commence ici เ rechercher la v้rit้ sur les opinions que les anciens philosophes de la nature avaient eues sur la mer.

Et il montre premi่rement quelle est son intention, disant qu’elle porte sur la g้n้ration de la mer, pour savoir si elle a ้t้ cr้้e, et sur sa saveur, afin de conna๎tre quelle est la cause de sa salure et de son amertume.

Deuxi่mement, lเ : donc la cause, etc., il poursuit sa proposition.

Et elle se divise en trois parties : dans la premi่re, il d้termine la v้rit้ sur la nature de la mer, เ savoir si le lieu o๙ se trouve l’eau est naturel ; dans la seconde, il la d้termine sur sa g้n้ration, เ savoir si elle a ้t้ cr้้e ou non, lเ : sur la salure, etc. ; dans la troisi่me, il d้termine la v้rit้ sur la saveur de la mer, เ savoir pourquoi elle est sal้e, lเ : sur la salure par ces propos certes, etc.

La premi่re partie se divise en deux : dans la premi่re il montre l’opinion des anciens sur la nature de la mer ; dans la seconde, il lui fait des objections, lเ : on oppose, etc.

[80211] Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 2 Dicit ergo primo quod antiqui putaverunt quod mare sit principium omnis aquae, et quod sit substantia et corpus totius aquae, quasi mare sit naturalis locus aquae. Et causa inducens eos ad hoc fuit, quod videbatur rationabile esse quod, sicut omnium aliorum elementorum magnitudo est congregata in unum locum, et est unum principium unde derivatur partialiter elementum et commiscetur aliis elementis, propter multitudinem substantiae elementaris in illo loco existentis, ita est in aqua.

Videmus enim quod multitudo ignis est in superiori loco huius inferioris mundi, qui est naturalis locus eius; et similiter multitudo aeris est sub loco ignis, quasi in proprio loco congregata; et manifestum est quod corpus terrae est in medio, circa quod omnia alia corpora sunt ordinata. Unde manifestum est quod necesse est etiam, secundum eandem rationem, esse aliquem locum ubi sit congregata multitudo aquae, quasi in loco proprio et naturali.

Huiusmodi autem non potest esse aliud quam mare: quia aquae fluviorum non sunt omnes simul, cum tamen oporteat unius elementi esse unum locum continuum. Iterum aqua fluviorum non est stabilis, sed fluens, cum tamen oporteat omne elementum stare in proprio loco: fluit autem fluviorum aqua, utpote quae videtur semper generari, et non quiescere in eodem loco.

Propter hanc igitur dubitationem, putaverunt quod mare esset principium omnis aquae et omnium humidorum. Et propter hoc putaverunt quod omnia flumina non solum intrant in mare, sed etiam fluunt a mari: quia locus naturalis alicuius elementi videtur esse principium et terminus motus omnium illorum quae sunt de natura illa, quia omnia naturaliter tendunt ad locum proprium.

Et secundum antiquos erat etiam principium: quia ponebant quod elementa erant ingenerabilia et incorruptibilia, unde aqua non generabatur de novo; et sic oportebat quod, ubicumque aqua extra locum proprium inveniretur, quod influeret a naturali loco aquae.

Et quia posset aliquis obiicere quod mare est salsum, et aqua fluviorum est dulcis, et sic non videtur fluens a mari; ad hanc obiectionem excludendam, subditur quod illud quod est salsum, quando colatur, fit dulce; et sic aqua maris, quando colatur per terram, efficitur potabilis in fluviis.

148. Il dit donc premi่rement que les anciens pensaient que la mer est le principe de toute l’eau et qu’elle est la substance et le corps de l’eau tout enti่re, comme si la mer ้tait le lieu naturel de l’eau. Et la cause qui les conduisait เ le penser ้tait qu’il semblait raisonnable que, de m๊me que la masse de tous les autres ้l้ments est rassembl้e dans un seul lieu, et qu’il existe un seul principe d’o๙ d้rivent les parties de l’้l้ment qui se m้langent aux autres ้l้ments, en raison de la quantit้ de substance ้l้mentaire qui existe en ce lieu, il en soit de m๊me pour l’eau.

En effet, nous voyons que la quantit้ de feu se trouve dans la r้gion sup้rieure de ce monde inf้rieur, laquelle est son lieu naturel, et ้galement que la quantit้ d’air se situe sous l’emplacement du feu, comme si elle avait ้t้ rassembl้e dans le lieu qui lui est propre ; et il est manifeste que le corps de la Terre est au centre, autour duquel tous les autres corps sont ordonn้s. De ce fait, il est ้vident qu’il est n้cessaire, suivant le m๊me raisonnement, qu’il y ait aussi un lieu o๙ se trouve rassembl้e la quantit้ d’eau, comme dans le lieu qui est propre et naturel.

Or, il ne peut y avoir d’autre lieu de ce genre que la mer : puisque les eaux des fleuves ne forment pas un tout agglom้r้, alors qu’il faut qu’เ un ้l้ment soit un seul lieu continu. De plus, l’eau des fleuves n’est pas immobile, mais courante, alors qu’il faut que tout ้l้ment reste dans le lieu qui lui est propre : or l’eau des fleuves coule, comme elle semble toujours ๊tre engendr้e et non ๊tre au repos au m๊me endroit.

C’est donc เ cause de ce doute qu’ils pensaient que la mer est le principe de toute l’eau et de tous les liquides. Et c’est pourquoi ils jugeaient non seulement que tous les fleuves entraient dans la mer, mais aussi qu’ils en d้coulaient : en effet, le lieu naturel d’un ้l้ment semble ๊tre le principe et le terme du mouvement de tous ceux qui sont de sa nature, ้tant donn้ que tous tendent naturellement vers le lieu qui leur est propre.

Et, selon les anciens, c’้tait ้galement le principe d’o๙ ils tiraient que les ้l้ments ้taient inengendrables et incorruptibles, si bien que l’eau n’้tait pas engendr้e de nouveau : et ainsi il fallait que, partout o๙ l’on trouvait de l’eau en dehors du lieu qui lui est propre, elle coule d’un lieu naturel เ l’eau.

Et puisque l’on pourrait objecter que la mer est sal้e et que l’eau des fleuves est douce, et qu’ainsi elle ne semble pas couler de la mer, pour rejeter cette objection, il est ajout้ que ce qui est sal้, quand on le filtre, devient doux ; et ainsi l’eau de mer, quand elle est filtr้e par la terre, se fait potable dans les fleuves.

[80212] Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 3 Deinde cum dicit: opponitur autem etc., movet quasdam dubitationes circa praedeterminata: et primo unam contra hoc quod mare est locus naturalis aquae; secundo contra hoc quod dictum est quod mare est terminus aquarum currentium, ibi: quaerere autem antiquam et cetera.

Circa primum duo facit. Primo movet dubitationem: quae talis est. Si mare est principium omnis aquae, quasi naturalis locus aquae existens, quare aqua maris non est dulcis et potabilis, sed salsa? Omne enim elementum in primo loco videtur esse intransmutatum, et naturaliter se habens: salsedo autem non est naturalis proprietas aquae, sed ex aliqua transmutatione ei accidit.

149. Ensuite, quand il dit : or, un autre doute, etc., il soul่ve certains doutes sur ces points pr้d้termin้s : et un premier contre l’affirmation selon laquelle la mer est le lieu naturel de l’eau ; un deuxi่me contre ce qui a ้t้ dit, เ savoir que la mer est le terme des eaux courantes, lเ : rechercher l’ancienne, etc.

Concernant le premier point, il fait deux choses. Premi่rement, il soul่ve le doute : le voici. Si la mer est le principe de toute l’eau, comme si elle ้tait le lieu naturel de l’eau, pourquoi l’eau de mer n’est-elle pas douce et potable, mais sal้e ? En effet, dans son premier lieu, tout ้l้ment semble ๊tre non transform้ et เ l’้tat naturel : or, la salure n’est pas la propri้t้ naturelle de l’eau, mais elle lui arrive apr่s transformation.

[80213] Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 4 Secundo ibi: causa autem simul etc., solvit praedictam dubitationem.

Et circa hoc tria facit: primo praemittit quoddam, resumens ex praedeterminatis, quod est necessarium ad solutionem; secundo ex hoc quod propositum est, excludit quandam falsam opinionem, ibi: propter quod et deridendi etc.; tertio solvit dubitationem, ibi: potabile quidem igitur et cetera.

Dicit ergo primo quod assignando causam praedictae dubitationis, non solum solvetur haec dubitatio, sed necessarium erit per hoc accipere rectam opinionem de mari. Resumit ergo quod aqua est ordinata circa terram, sicut sphaera ignis super aerem, et sphaera aeris super aquam. Ignis enim est supremum elementorum, sive ignis existimetur esse corpus caeleste, ut plurimi dicunt, sive sit quoddam corpus ordinatum sub caelesti corpore, sicut ipse supra dixit. Cum igitur ex solis motu causetur generatio et corruptio, et omnes permutationes in istis inferioribus, oportet quod illud quod est subtilissimum et dulcissimum in aqua rarefacta, evaporans continue feratur in superiorem locum; et ibi iterum condensatum ex virtute frigoris, feratur deorsum in terram. Et hoc semper fit secundum naturam, ut prius dictum est.

150. Deuxi่mement, lเ : la cause sera en m๊me temps, il l่ve le doute susdit.

Et, sur ce point, il fait trois choses : premi่rement, il avance un certain point n้cessaire เ la solution, en le tirant de ce qui a ้t้ pr้d้termin้ ; deuxi่mement, เ partir de ce qui a ้t้ propos้ il rejette une opinion fausse, lเ : c’est la raison pour laquelle il faut railler, etc., troisi่mement, il dissipe le doute, lเ : donc l’eau potable, etc.

Il dit donc premi่rement qu’en donnant une cause au doute susdit, non seulement on le dissipe, mais il sera n้cessaire de concevoir par lเ une opinion correcte sur la mer. Il r้p่te donc que l’eau est ordonn้e autour de la terre, comme la sph่re du feu au-dessus de l’air, et la sph่re de l’air au-dessus de l’eau. En effet, le feu est le dernier des ้l้ments, qu’on le consid่re comme un corps c้leste, comme beaucoup le disent, ou bien qu’il soit un corps ordonn้ sous le corps c้leste, comme Aristote l’a lui-m๊me affirm้. Donc comme la g้n้ration et la corruption sont caus้es par le mouvement du Soleil, ainsi que tous les changements des corps inf้rieurs ici-bas, il faut que ce qui est le plus l้ger et le plus doux de l’eau rar้fi้e soit continuellement emport้ vers le lieu sup้rieur en s’้vaporant ; et lเ, de nouveau condens้e en vertu du froid, cette partie de l’eau est emport้e vers le bas. Et c’est toujours ce qui se produit selon la nature, comme on l’a d้jเ dit.

[80214] Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 5 Deinde cum dicit: propter quod et deridendi etc., excludit quandam falsam opinionem per praemissa. Et primo ponit opinionem. Et dicit quod per praedicta patet quod deridendi sunt antiqui, qui dixerunt quod sol cibaretur humido aquoso, et ob hanc causam circumiret, quia idem locus non potest semper praebere huiusmodi alimentum; quod est necessarium ipsum habere, aut, nisi ipsum haberet, corrumperetur. Putabant enim quod sol esset naturae igneae: manifestum est autem quod quandiu ignis habuerit nutrimentum, tandiu durat; solum autem humidum est nutrimentum ignis. Unde, consumpto totaliter humido, extinguitur ignis.

151. Ensuite, quand il dit : c’est pourquoi il faut aussi railler, il rejette une opinion fausse en s’appuyant sur les propos d้jเ avanc้s. Et, premi่rement, il expose cette opinion. Et il dit que d’apr่s ce qui pr้c่de il est clair qu’il faut railler les anciens qui disaient que le Soleil se nourrit de l’humide aqueux et que c’est la raison pour laquelle il tourne, ้tant donn้ que le m๊me lieu ne peut pas toujours offrir une nourriture de ce genre ; et il est n้cessaire qu’il l’obtienne, faute de quoi, il est corrompu. En effet, ils pensaient que le Soleil est d’une nature ign้e : il est manifeste que le feu dure tant qu’il a de quoi se nourrir ; or, l’humide est la seule nourriture du feu. De ce fait, une fois que l’humidit้ est totalement consum้e, le feu s’้teint.

[80215] Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 6 Secundo ibi: tanquam pertingat etc., improbat praedictam positionem quinque rationibus. Quarum prima est, quod vapor qui sursum elevatur, non ascendit usque ad locum solis, ut exinde possit cibari. Et hoc satis ex praedictis potest esse manifestum.

Secundam rationem ponit ibi: aut ascensus et cetera. Quae est quod ponentes hoc quod dictum est, videntur existimare quod talis sit ascensus vaporis ad solem, qualis est ascensus fumi ad flammam; ex qua acceperunt signum ad sic opinandum de sole. Sed non est simile. Quia flamma non semper manet eadem, sed continue fit nova, per hoc quod materia alia et alia continue inflammatur; quae quidem prius est humida, apta inflammationi, et per ignem totaliter desiccatur, et desinit inflammari, et succedit alia. Et sic patet quod flamma non nutritur: quia quod nutritur oportet manere idem, ut patet in animalibus et plantis; sed flamma quasi nullo tempore permanet, ut dictum est. Sed hoc non potest accidere circa solem: quia si sic nutriretur secundum quod ipsi dicunt, continue innovaretur, et non solum semel in die, sicut posuit Heraclitus.

Tertiam rationem ponit ibi: adhuc autem et cetera. Et dicit quod elevatio vaporis humidi ad solem, similis est calefactioni aquarum in ollis igne supposito. Ignis autem ardens sub olla non nutritur ab aqua evaporante. Unde nec etiam sol, si faciat evaporare tantam aquam.

Quartam rationem ponit ibi: inconveniens autem et cetera. Et dicit quod inconveniens fuit quod attribuerent tantum soli nutrimentum, et non aliis stellis, ad eorum salutem, cum tamen ponantur ab eis igneae naturae. Quae quidem astra sunt tot et tam magna, quod tota aqua non sufficeret ad nutrimentum eorum.

Quintam rationem ponit ibi: idem autem accidit et cetera. Et dicit hanc rationem esse communiter et contra istam opinionem, et contra illos qui dixerunt quod a principio tota terra erat cooperta aquis, et postea, aqua vaporante ex calore solis, esse factum aerem; et sic totum caelum est augmentatum, per hoc quod aer, cum sit rarior, plus occupat de loco quam aqua ex qua generatur; et hoc quod sic est resolutum ab aquis, causat ventos et motum caeli. Utraque igitur harum opinionum destruitur per hoc quod manifeste videmus illud quod elevatur sursum ab aquis, iterum redire ad terram; et si non per eundem locum et similiter per omnes regiones (quia aliquando, et in quibusdam regionibus, plus evaporat quam pluat ibi), sed tamen in aliquibus locis, per aliquam ordinationem temporis, omne quod sursum elevatur, redit iterum ad terram. Et sic patet quod neque superiora corpora aluntur ex vaporibus ; neque aliqua pars vaporis remanet aer, et alia iterum redit in aquam.

152. Deuxi่mement, lเ : comme si la partie humide, il condamne la position pr้c้dente pour cinq raisons. La premi่re d’entre elle est que la vapeur qui s’้l่ve ne monte pas jusqu’au lieu o๙ se trouve le Soleil pour qu’il puisse s’en nourrir.

Il donne la deuxi่me raison, lเ : ou si une telle ascension, etc. La voici : ceux qui posent ce qui a ้t้ dit semblent penser que l’ascension de la vapeur vers le Soleil est semblable เ celle de la fum้e vers la flamme ; de lเ ils tiraient une preuve qui leur permettait de faire de telles conjectures sur le Soleil. Mais ce n’est pas la m๊me chose. Puisque la flamme ne reste pas toujours la m๊me, mais se renouvelle continuellement, du fait qu’elle est enflamm้e par une mati่re toujours autre ; la mati่re qui est d’abord humide, apte เ s’enflammer, est totalement dess้ch้e par le feu, cesse de s’enflammer, et une autre lui succ่de. Et il est ainsi ้vident que la flamme n’est pas nourrie : puisque ce qui est nourri doit rester le m๊me, comme on le voit chez les animaux et les plantes ; mais la flamme ne demeure quasiment เ aucun moment, comme on l’a dit. Cependant, cela ne peut pas arrivez au Soleil : puisque s’il ้tait nourri comme ils le disent eux-m๊mes, il se renouvellerait continuellement, et cela plus d’une fois par jour, comme H้raclite le posait.

Il donne la troisi่me raison, lเ : de plus, etc. Et il dit que l’้l้vation de la vapeur humide vers le Soleil ressemble au r้chauffement de l’eau dans une marmite lorsqu’un feu est plac้ sous elle. Le feu qui br๛le sous la marmite n’est pas nourri par l’eau qui s’้vapore. De ce fait, le Soleil non plus, m๊me s’il fait s’้vaporer une aussi grande quantit้ d’eau.

Il donne la quatri่me raison, lเ : il est inconvenant, etc. Et il dit qu’il ้tait inconvenant qu’ils attribuent seulement de la nourriture au Soleil, et non aux autres astres, pour leur salut, alors qu’ils avancent qu’ils sont de nature ign้e. Et ces astres sont si nombreux et si grands que la totalit้ de l’eau ne pourrait suffire เ les nourrir.

Il donne la cinqui่me raison, lเ : et il leur arrive la m๊me, etc. Et il dit que cette raison est เ la fois contre cette opinion et contre ceux qui disaient qu’au d้but toute la terre ้tait couverte d’eau et qu’ensuite, l’eau s’้vaporant sous l’effet de la chaleur du Soleil, l’air a ้t้ form้ ; qu’ainsi le ciel tout entier a augment้, du fait que l’air, ้tant moins dense, occupe plus de place que l’eau เ partir de laquelle il est engendr้ ; et que ce qui est ainsi d้sagr้g้ เ partir des eaux cause les vents et le mouvement du ciel. Les deux opinions sont ruin้es par le fait que nous voyons clairement ce qui s’้l่ve เ partir des eaux retourner เ la terre ; m๊me si ce n’est pas au m๊me endroit et ้galement dans les m๊mes r้gions (puisque parfois, et dans certaines r้gions, il s’้vapore une plus grande quantit้ d’eau qu’il ne pleut), mais cependant dans quelques lieux, pendant un temps d้termin้, tout ce qui s’้l่ve retourne เ la terre. Et ainsi il est ้vident que les corps sup้rieurs ne sont pas nourris par les vapeurs et qu’une partie de la vapeur ne reste pas de l’air, tandis que l’autre retourne เ l’้tat d’eau.

[80216] Super Meteora, lib. 2 cap. 2 n. 7 Deinde cum dicit: potabile quidem igitur etc., ex eo quod supra praemissum est, concludit solutionem praedictae dubitationis. Et dicit quod cum vapor elevetur superius, illud quidem quod est dulce et potabile, totum elevatur superius, propter id quod est levius: illud autem quod est salsum, quia gravius est, manet deorsum, quasi in proprio loco. Hoc enim videtur rationabiliter et convenienter esse dictum in praemissa dubitatione, scilicet quod mare est locus naturalis aquae: irrationabile enim est si aqua non habeat proprium locum naturalem, sicut alia elementa. Sed solutio motae dubitationis contra hoc ex salsedine aquae, est quod locus quem mare occupat, est locus naturalis aquae, inquantum aqua: sed tamen videtur esse locus naturalis aquae maris solum, propter hoc quod salsum manet deorsum propter gravitatem, dulce autem evaporavit sursum propter levitatem.

Et ponit exemplum de eo quod accidit in corporibus animalium. Quia, cum cibus assumptus sit dulcis et humidus, hypostasis quae remanet ex cibo, et superfluum alimenti, apparet amarum et salsum, propterea quia illud quod est dulce est attractum a calore naturali ad carnem et ad quamlibet partem corporis, sicut quaelibet apta nata est nutriri. Per hoc ergo concludit a simili quod, sicut inconveniens esset si quis putaret quod venter non esset locus cibi, sed solum superfluitatis, quia dum nutriuntur membra, cito sumitur materia cibi, et superfluum remanet; sed tamen iste non bene existimaret, quia, ut prius diximus, iste est locus naturalis cibi, inquantum cibus, et non solum cibi in ventre existentis: similiter et in proposito iste locus occupatus a mari, est locus naturalis aquae. Et omnis aqua movetur ad ipsum tanquam ad locum proprium: fluxus enim aquae est ad id quod est magis concavum, et talis est locus maris. Sed quamvis locus iste sit naturalis aquae, tamen illud quod est dulce, cito fertur sursum, propter solem elevantem vaporem: illud autem quod est salsum, remanet inferius propter praedictam causam.

153. Ensuite, quand il dit : donc la totalit้ de l’eau potable, etc., เ partir de ce qui a ้t้ avanc้ ci-dessus il conclut la solution du doute pr้c้dent. Et il dit que, comme la vapeur s’้l่ve vers la r้gion sup้rieure, ce qui est doux et potable s’้l่ve tout entier vers la r้gion sup้rieure, du fait de sa plus grande l้g่ret้ : or, ce qui est sal้, puisque c’est plus lourd, reste en bas, comme dans le lieu qui lui est propre. En effet, il semble avoir ้t้ dit de fa็on raisonnable et convenable dans le doute soulev้ pr้c้demment que la mer est le lieu naturel de l’eau : car il n’est pas raisonnable de dire que l’eau n’a pas un lieu naturel qui lui est propre, comme les autres ้l้ments. Mais la solution du doute soulev้ contre cela เ partir de la salure de l’eau est que le lieu que la mer occupe est le lieu naturel de l’eau en tant qu’eau : mais il semble ๊tre le lieu naturel de l’eau de mer seulement du fait que le sal้ demeure en bas en raison de sa pesanteur, tandis que le doux s’้vapore vers le haut เ cause de sa l้g่ret้.

Et il donne l’exemple de ce qui arrive dans les corps des animaux. En effet, comme la nourriture ing้r้e est douce et liquide, la substance qui reste de la nourriture et le reliquat de l’aliment apparaissent amers et sal้s, parce que ce qui est doux est attir้ par la chaleur naturelle vers la chair et n’importe quelle partie du corps, comme n’importe laquelle est naturellement apte เ ๊tre nourrie. Il conclut donc de cette analogie que, de m๊me qu’il ne serait pas convenable de penser que le ventre n’est pas le lieu de la nourriture, mais seulement de ce qui en reste, sous pr้texte que, pendant que les membres sont nourris, la mati่re de la nourriture est vite prise et que le reste demeure ‒ mais pourtant cette pens้e ne serait pas correcte, puisque, comme on l’a dit auparavant, le ventre est le lieu naturel de la nourriture, en tant que nourriture, et non seulement celui de la nourriture qui se trouve dans le ventre ‒, de m๊me, dans la proposition, le lieu occup้ par la mer est le lieu naturel de l’eau. Et toute l’eau s’y dirige, comme vers le lieu qui lui est propre : car le courant de l’eau va vers ce qui est plus concave, et tel est le lieu de la mer. Mais bien que ce lieu soit le lieu naturel de l’eau, ce qui est doux est pourtant vite emport้ vers le haut, en raison du Soleil, qui fait s’้lever la vapeur, tandis que ce qui est sal้ reste plus bas pour la raison susdite.

 

 

Caput 3

Chapitre 3 – [L’origine des fleuves]

[80217] Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 1 Hic philosophus movet aliam dubitationem, contra hoc quod dictum est quod mare est terminus fluviorum.

Et circa hoc tria facit. Primo movet dubitationem, quam dicit esse antiquam: propter quid scilicet, cum singulis diebus flumina et innumerabilia numero et immensa magnitudine intrent in mare, non tamen videtur crescere; et hoc in ipso non apparet, quod tanta multitudo aquae ad ipsum deveniat.

154. Ici le philosophe soul่ve un autre doute contre ce qui a ้t้ dit, เ savoir que la mer est le terme des fleuves.

Et, concernant ce point, il fait trois choses. Premi่rement, il soul่ve le doute, qu’il dit ๊tre ancien : pour quelle raison, alors que, chaque jour, des fleuves innombrables et immenses entrent dans la mer, on ne la voit pas cro๎tre ; et pourquoi il n’appara๎t pas qu’une aussi grande quantit้ d’eau se d้verse en elle.

[80218] Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 2 Secundo ibi: hoc quidem nullum etc., solvit dubitationem. Et dicit quod, licet non sit inconveniens quod sint aliqui qui circa hoc dubitent, tamen, si quis recte consideret, non est difficile videre solutionem huius. Quia si aliqua aqua diffundatur per aliquam latitudinem, supposito quod sit eadem multitudo aquae in diversis locis diffusa, si non sit eadem quantitas latitudinis, non est aequale tempus desiccationis aquae effusae; sed erit differentia ex diversitate latitudinis in qua aqua diffunditur, quod aliquando manet aqua et non exsiccatur per totum diem, aliquando autem statim ad oculum exsiccatur; sicut si aliquis unum scyphum aquae diffunderet super magnam mensam, statim tota aqua assiccaretur, si autem in aliquo parvo loco tantum de aqua proiiceretur, diu conservaretur. Sic igitur accidit circa fluvios et mare: nam totum quod ex fluviis ad mare pervenit, dispergitur in locum maximae latitudinis, et cito insensibiliter desiccatur per continuam evaporationem aquae, de qua supra dictum est.

155. Deuxi่mement, lเ : il n’est nullement, il dissipe le doute. Et il dit que, bien qu’il ne soit pas incoh้rent qu’il y en ait quelques-uns qui soient ind้cis sur cette question, cependant, si on r้fl้chit correctement, il n’est pas difficile d’en voir la solution. En effet, si de l’eau se r้pand sur une surface large, เ supposer qu’il y ait la m๊me quantit้ d’eau r้pandue dans divers lieux, si les dimensions de la surface large ne sont pas les m๊mes, le temps pendant lequel l’eau vers้e s’ass่che n’est pas ้gal ; mais il y aura une diff้rence suivant la largeur de la surface sur laquelle l’eau est r้pandue, เ savoir que parfois l’eau reste et ne s’ass่che pas de toute la journ้e, et que parfois elle s’ass่che aussit๔t เ vue d’œil ; c’est comme si on versait une coupe d’eau sur une grande table et qu’elle se dess้chait sur-le-champ, alors que, si on lan็ait la m๊me quantit้ d’eau sur une petite surface, elle serait longtemps conserv้e. Ainsi donc c’est ce qui arrive aux fleuves et เ la mer : car tout ce qui parvient des fleuves เ la mer se disperse dans un lieu d’une tr่s grande largeur et s’ass่che vite insensiblement en raison de l’้vaporation continue de l’eau, dont on a parl้ ci-dessus.

[80219] Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 3 Tertio ibi: quod autem scriptum est in Phaedone etc., excludit quandam falsam solutionem praedictae dubitationis. Et primo ponit ipsam solutionem. Et dicit quod impossibile est esse verum quod a Platone de mari et fluviis dicitur in libro suo qui intitulatur Phaedo. Dicit enim ibi quod omnia flumina et mare concurrunt sub terra ad aliquod principium, quasi terra sit perforata a mari et fluviis. Hoc autem principium, quod secundum ipsum est principium aquarum omnium, vocatur Tartarus, qui est quaedam magna multitudo aquae existens circa medium mundi: ex quo quidem principio dicit prodire omnes aquas quae non fluunt, sicut sunt mare et stagna, et quae fluunt, sicut fontes et flumina. Dicit autem quod Tartarus undique fluit ad singula rheumatum, idest ad singulos discursus aquarum: quod ideo contingit, quia illud principium aquarum semper movetur. Et hoc ideo, quia non habet aliquem locum fixum in quo quiescat, sed semper movetur circa medium, quasi vacillans hinc inde. Et sic, dum movetur sursum, facit effusionem rheumatum, idest discursus marium et fluviorum, non tantum versus istam partem terrae quam nos habitamus; sed ex multis aliis partibus terrae effundit et alia stagna, quale est mare quod est apud nos.

Sed omnia maria et flumina quadam circulatione reducuntur ad illud principium unde primo effluxerunt, sed diversimode. Nam quaedam redeunt secundum eundem locum secundum quem effluxerunt, ut sit quidam motus reflexus: quaedam vero ex contraria parte redeunt parti unde effluxerant, ut, puta, si effluxerunt de subtus, reingrederentur desuper. Non est tamen sic intelligendum de subtus et desuper, quod aliquid possit esse subtus respectu medii, in quo ponitur primum principium aquarum: quia a superficie terrae usque ad medium, est descensus, sed de cetero, si secundum rectam lineam ultra procederet aqua, esset motus ad sursum; idem enim est moveri a medio, et moveri sursum. Et secundum hoc facile est assignare causam diversitatis colorum et saporum in aquis: quia aqua fluens recipit colorem et saporem secundum modum terrae per quam effluit.

156. Troisi่mement, lเ : ce qui est ้crit dans le Ph้don, etc., il rejette une solution erron้e au doute pr้c้dent. Et, premi่rement, il expose cette solution m๊me. Et il dit qu’il est impossible que ce qui est avanc้ par Platon sur la mer et les fleuves dans son livre intitul้ Ph้don soit vrai. Car il dit lเ que tous les fleuves et la mer se rejoignent sous terre en un principe, comme si la terre ้tait trou้e par les conduits de la mer et des fleuves. Ce principe, qui est, selon lui, celui de toutes les eaux, est appel้ Tartare, lequel est une grande quantit้ d’eau se trouvant au centre du monde : de ce principe, dit-il, proviennent toutes les eaux qui ne coulent pas, comme les mers et les ้tangs, et toutes les eaux qui coulent, comme les sources et les fleuves. Or, il dit que le Tartare coule de tous c๔t้s vers chacun des flots, c’est-เ-dire vers chacun des cours des eaux, ce qui se produit parce que ce principe des eaux est toujours en mouvement. Et cela parce qu’il n’a pas de lieu fixe o๙ ๊tre au repos, mais qu’il se meut toujours autour du centre, comme s’il vacillait d’ici de lเ. Et ainsi, pendant qu’il se meut vers le haut, il cr้e l’้coulement des flots, c’est-เ-dire les cours des mers et des fleuves, non seulement vers cette partie de la Terre que nous habitons ; mais, เ partir des nombreuses autres parties de la Terre, il remplit aussi les autres ้tendues stagnantes, telles que la mer qui est chez nous.

Mais toutes les mers et tous les fleuves sont reconduits par un parcours circulaire au principe d’o๙ ils s’้taient d’abord ้coul้s, mais de mani่re diff้rente. Car certains reviennent au m๊me endroit d’o๙ ils s’้taient ้coul้s, comme dans un mouvement de r้trogradation, tandis que d’autres reviennent en suivant une route contraire เ celle d’o๙ ils s’้taient ้coul้s, par exemple, s’ils s’้taient ้coul้s en partant du bas, ils reviennent par le haut. Cependant, par ซ bas ป et ซ haut ป, il ne faut pas comprendre que quelque chose pourrait ๊tre en bas par rapport au centre, o๙ est plac้ le premier principe des eaux ‒ puisque, de la surface de la terre jusqu’au centre, il y a une descente ‒, mais pour tout le reste, si l’eau allait plus loin selon une ligne droite, son mouvement se dirigerait vers le haut ; car se mouvoir en partant du centre et se mouvoir vers le haut revient au m๊me. Et, suivant cela, il est facile de trouver la cause de la diversit้ des couleurs et des saveurs des eaux : car l’eau courante re็oit la couleur et la saveur des caract้ristiques de la terre par laquelle elle coule.

[80220] Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 4 Secundo ibi: accidit ergo fluvios etc., improbat praedictam positionem quinque rationibus. Quarum prima est quod, cum quandoque flumina redeant per eandem viam, quandoque autem per contrariam, sequitur secundum hanc positionem quod fluviorum fluxus non semper fit ad eandem partem. Quia enim redeunt ad medium a quo fluxerunt, non magis fluent subtus quam supra, comparando superficiem terrae ad medium, quod semper intelligitur: a superficie terrae vocatur aliquid sursum et aliquid deorsum, propter altitudinem et demissionem. Si enim motus fluviorum causatur ex effluentia Tartari, effluentia autem Tartari est ad omnem partem, sequitur quod aqua, quasi impulsa a Tartaro, indifferenter fluat ad quamlibet partem, sicut et Tartarus fluctuans tendit ad omnem partem. Et sic accidet illud quod dicitur in proverbio, sursum fluviorum, scilicet quod flumina sint superiora fontibus, vel quod sursum fluant: et hoc est impossibile.

Secundam rationem ponit ibi: adhuc quae fit aqua etc.: quae talis est. Secundum praedictam positionem, videtur quod oporteat semper aequalem aquam salvari: quia quantum fluit de aqua a Tartaro, tantum ponit quod iterum refluat ad principium. Et sic oportet totaliter excludere generationem aquae in aere, et elevationem aquae a terra per evaporationem: quod patet esse falsum.

Tertiam rationem ponit ibi: quamvis omnes fluvii et cetera. Et est quod omnes fluvii terminantur ad mare, quicumque non terminantur ad alios fluvios; et nullum flumen est sic terminatum ad terram, quasi terram perforans, quod vadat ad Tartarum; sed si sunt aliqua flumina intrantia in concavitatem terrae, iterum exeunt in aliquo loco. Et sic non videtur verum quod flumina iterum redeant ad Tartarum.

Quartam rationem ponit ibi: magni autem fiunt etc.: quae talis est. Si cursus fluviorum causatur ex effluentia Tartari, oporteret quod ab ipso sui principio flumina multitudinem aquae haberent. Sed hoc non videmus: quia inter fluvios illi inveniuntur magni, qui per longam viam fluunt, eo quod recipiunt discursiones multorum fluviorum, et detruncant vias eorum et secundum locum, quia sunt profunda magis et magis concava, et secundum longitudinem, quia longiorem viam currunt. Et ideo Ister, idest Danubius, et Nilus sunt maximi fluviorum qui in mare Mediterraneum exeunt; et de fontibus eorum diversi diversa dicunt, propter diversitatem fluviorum qui in hos intrant.

Quintam rationem ponit ibi: haec itaque et cetera. Et est quod, ultra praedicta inconvenientia, est etiam hoc, quod sequeretur quod mare habeat principium a Tartaro. Quod inconveniens est: quia mare videtur esse locus naturalis aquarum, sicut supra dictum est.

157. Deuxi่mement, lเ : il arrive donc que les fleuves, etc., il condamne la position pr้c้dente pour cinq raisons. La premi่re d’entre elles est que, comme les fleuves reviennent tant๔t par le m๊me chemin, tant๔t par un chemin contraire, il s’ensuit, selon cette position, que le cours des fleuves ne va pas toujours dans la m๊me direction. En effet, puisqu’ils reviennent au centre, d’o๙ ils s’้taient ้coul้s, ils ne couleront pas plus en bas qu’en haut, si on compare la surface de la terre au centre, comme on le comprend toujours : une chose est dite en haut et une autre en bas par rapport เ la surface de la terre en raison de la hauteur et de la profondeur. En effet, si le mouvement des fleuves est caus้ par l’้panchement du Tartare, tandis que cet ้panchement va dans toutes les directions, il s’ensuit que l’eau, pouss้e pour ainsi dire par le Tartare, coule indiff้remment dans n’importe quelle direction, comme le Tartare, dans son agitation, tend vers toute direction. Et ainsi arriverait ce qui est appel้ dans le proverbe ซ la remont้e des fleuves ป, เ savoir que les fleuves sont plus hauts que les sources ou qu’ils coulent vers le haut, ce qui est impossible.

Il donne la deuxi่me raison, lเ : de plus, d’o๙ viendra l’eau qui se forme, etc., la voici. Selon la position pr้c้dente, il semble qu’une quantit้ ้gale d’eau soit toujours conserv้e : car il s’้coule du Tartare autant d’eau qu’il en revient de nouveau au principe. Et ainsi il faut totalement rejeter la g้n้ration de l’eau dans l’air et l’้l้vation de l’eau เ partir de la terre par ้vaporation, ce qui est clairement faux.

Il donne la troisi่me raison, lเ : bien que l’on voie tous les fleuves, etc., เ savoir que tous les fleuves qui ne finissent pas dans d’autres fleuves finissent dans la mer ; et aucun fleuve ne finit dans la terre au point d’avoir l’air de la perforer pour aller au Tartare ; mais s’il existe quelques fleuves qui entrent dans la concavit้ de la terre, ils en ressortent เ tel endroit. Et ainsi il ne semble pas vrai que les fleuves reviennent au Tartare.

Il donne la quatri่me raison, lเ : grands deviennent les fleuves, etc., la voici. Si le cours des fleuves ้tait caus้ par l’้panchement du Tartare, il faudrait qu’ils tirent une grande quantit้ d’eau d่s le principe m๊me. Mais cela, nous ne le voyons pas : puisque, parmi les fleuves, ceux qui coulent en un long chemin se trouvent ๊tre grands, du fait qu’ils re็oivent les cours de nombreux affluents et qu’ils coupent leurs chemins, เ la fois quant au lieu, puisqu’ils sont plus profonds et plus concaves, et quant เ la longueur, puisqu’ils parcourent un plus long trajet. Et c’est pourquoi l’Ister, c’est-เ-dire le Danube, et le Nil sont les plus grands des fleuves qui vont dans la mer M้diterran้e ; et sur leurs sources les uns disent telle chose, les autres telle autre, en raison de la diversit้ des cours d’eau qui se jettent en eux.

Il donne la cinqui่me raison, lเ : c’est pourquoi il est, etc., เ savoir que, au-delเ des inconv้nients pr้c้dents, il y a aussi qu’il s’ensuivrait que la mer tirerait son principe du Tartare. C’est un inconv้nient puisque la mer est visiblement le lieu naturel des eaux, comme on l’a dit ci-dessus.

[80221] Super Meteora, lib. 2 cap. 3 n. 5 Tertio ibi: quod quidem igitur etc., recolligit quae supra dicta sunt. Et dicit quod tanta dicta sint de hoc quod locus iste quem mare occupat, est locus naturalis aquae, et non solum locus naturalis maris, idest aquae salsae existentis. Et dictum est quare illud quod est potabile et dulce, non manifestatur in mari, sed in aquis fluentibus; illud autem quod salsum est, subsidet in mari, quasi derelictum post evaporationem eius quod erat potabile et dulce. Et dictum est etiam quod mare magis est terminus aquarum quam principium: quia scilicet aqua extra mare generatur, et sursum in aere, ut dictum est de generatione pluviarum, et intra terram, ut dictum est de generatione fontium et fluviorum; et tamen, ubicumque generatur aqua, fluit ad mare, nisi impediatur. Et sic aqua salsa se habet sicut illud quod est superfluum alimenti in corporibus animalium: nam superfluum alimenti est salsum vel amarum. Quod verum est de superfluo cuiuslibet alimenti, sed maxime de superfluo alimenti humidi, sicut urina, quae est magis indigesta, et ideo est magis amara et salsa, ut patet.

158. Troisi่mement, lเ : donc les propos tenus, etc., il reprend ce qui a ้t้ dit ci-dessus. Et il d้clare qu’il en a ้t้ assez dit sur le fait que le lieu que la mer occupe est le lieu naturel de l’eau, et non seulement celui de la mer, c’est-เ-dire de l’eau sal้e. Et il a ้t้ dit pourquoi ce qui est potable et doux n’appara๎t pas dans la mer, mais dans les eaux courantes : or le sal้ demeure dans la mer comme s’il avait ้t้ abandonn้ apr่s l’้vaporation de ce qui ้tait potable et doux. Et il a ้t้ ้galement affirm้ que la mer est plus le terme des eaux que leur principe : puisque l’eau est engendr้e en-dehors de la mer, เ la fois en haut dans l’air, comme on l’a dit sur la g้n้ration des pluies, et เ l’int้rieur de la terre, comme on l’a dit sur la g้n้ration des sources et des fleuves ; et pourtant, quel que soit l’endroit o๙ l’eau est engendr้e, elle coule vers la mer, เ moins d’en ๊tre emp๊ch้e. Et ainsi l’eau sal้e est comme le r้sidu des aliments dans le corps des animaux : car il est soit sal้, soit amer. C’est vrai du r้sidu de n’importe quel aliment, mais surtout de celui des aliments liquides, comme l’urine, qui est plus indigeste, et c’est pourquoi elle est plus am่re et sal้e, comme on peut le constater.

 

 

Caput 4

Chapitre 4 – [La mer a-t-elle toujours exist้ ?]

[80222] Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 1 Postquam philosophus determinavit de natura maris, ostendens quod est locus naturalis aquae, hic inquirit de generatione ipsius.

Et primo dicit de quo est intentio. Et dicit quod dicendum est de salsedine maris; et iterum utrum mare est sempiternum, aut fuit aliquod tempus quando non erat mare, et erit aliquod tempus quo non erit, sed totaliter deficiet.

159. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la nature de la mer, montrant que c’est le lieu naturel de l’eau, il s’enquiert ici de sa g้n้ration.

Et, premi่rement, il dit qu’il faut traiter de la salure de la mer ; et aussi se demander si la mer est ้ternelle ou bien s’il y a eu un temps o๙ il n’y avait pas de mer, et s’il y aura un temps o๙ il n’y en aura pas, mais o๙ elle dispara๎tra totalement.

[80223] Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 2 Secundo ibi: etenim sic putant quidam etc., prosequitur propositum, destruendo opiniones aliorum circa hoc.

Et primo destruit opiniones antiquorum; secundo excludit rationem eorum, ibi: acceperunt autem suspicionem hanc et cetera.

Circa primum duo facit. Primo destruit opiniones antiquorum de incoeptione maris. Et dicit quod quidam putaverunt quod mare non semper fuit, sed quandoque incoepit: et posuerunt etiam quod totus mundus esse incoepit per generationem quandam, dicentes quod simul generatum est mare cum mundo. Et hoc rationabiliter: quia cum mare sit aliquo modo locus aquae, quae est unum elementum, oportet quod sit de principalibus partibus mundi; et ideo quandocumque fuit mundus, fuit mare. Et ideo, sicut illi argumentantur quod, quia mundus genitus est, et mare sit generatum, ita possumus e converso argumentari quod, si mundus est perpetuus, et mare sit perpetuum. Quod autem mundus sit perpetuus, praesupponit ex his quae probavit in libro Physic. et in libro de caelo; quamvis hoc sit falsum et alienum a fide, ut supra dictum est.

160. Deuxi่mement, lเ : en effet, certains pensent ainsi, etc., il poursuit la proposition, en ruinant les opinions des autres sur cette question.

Et, premi่rement, il ruine les opinions des anciens ; deuxi่mement, il rejette leur raisonnement, lเ : ils ont re็u ce soup็on, etc.

Concernant le premier point, il fait deux choses. Premi่rement, il ruine les opinions des anciens sur le commencement de la mer. Et il dit que certains pensaient que la mer n’a pas toujours ้t้, mais qu’elle a commenc้ un jour : et ils ont ้galement pos้ que le monde entier a commenc้ เ ๊tre en raison d’une certaine g้n้ration, disant que la mer a ้t้ engendr้e en m๊me temps que le monde. Et cela de fa็on rationnelle : puisque, comme la mer est, de quelque mani่re, le lieu de l’eau, qui est un ้l้ment, il faut qu’elle fasse partie des principales parties du monde : et c’est pourquoi chaque fois que le monde a exist้, la mer a exist้. Et, เ cause de cela, comme ils produisent comme preuve que, ้tant donn้ que le monde a ้t้ engendr้, la mer l’a ้t้ aussi, nous pouvons ainsi avancer เ titre de preuve, apr่s conversion, que, si le monde est ้ternel, la mer l’est aussi. Il pr้suppose le fait que le monde est ้ternel เ partir de ce qu’il a prouv้ dans le livre de La Physique et dans le livre Du ciel ; bien que ce soit faux et ้tranger เ la foi, comme on l’a dit ci-dessus.

[80224] Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 3 Secundo ibi: putare autem minus etc., destruit opiniones antiquorum de defectu maris. Et primo comparat opinionem istam opinionibus fabulosis. Et dicit quod putare hoc quod mare fiat minus secundum quantitatem, et tandem deficiat, secundum quod dixit Democritus, non differt a fabulosis opinionibus Aesopi, qui dixit fabulose quod Charybdis, quae est quaedam vorago in mari, bis absorbuit mare; ita quod ante aqua totam terram circumdabat, vorago autem tantum de aqua absorbuit, quod montes apparuerunt discooperti ab aquis, et terra quae interiacet montibus; secundo autem tantum de aqua absorbuit, quod apparuerunt insulae; ultimo autem absorbebit totam aquam maris, et sic undique remanebit terra arida sine mari. Sed licet componere fabulam talem congrueret Aesopo fabularum inventori, qui hoc dixit dum forte esset iratus ad porthmeum, idest ad quendam portum vel litus maris, ut, iratus aquis, quasi fingeret eas omnes esse absorbendas; tamen talia dicere philosophis inquirentibus veritatem minus convenit.

161. Deuxi่mement, lเ : Or, penser qu’elle diminue, etc., il ruine les opinions des anciens sur la disparition de la mer. Et, premi่rement, il compare cette opinions aux affabulations. Il dit que penser que la mer diminue en quantit้ et finit par dispara๎tre, เ ce qu’affirme D้mocrite, ne diff่re point des affabulations d’ษsope, qui racontait que Charybde, qui est un tourbillon marin, avait aval้ la mer deux fois ; et c’est ainsi qu’auparavant l’eau entourait la terre enti่re, et que le tourbillon a aval้ tant d’eau que le montagnes sont apparues, d้couvertes par les eaux, tout comme la terre qui se trouvait entre elles ; en second lieu, il a aval้ tant d’eau que des ๎les sont apparues ; เ la fin, il avalera toute l’eau de la mer, et ainsi il restera partout une terre aride sans mer. Mais, bien qu’il convienne เ un ษsope auteur de fables de composer une telle fable, lui qui a dit cela quand il ้tait en col่re contre un porthmeus, c’est-เ-dire contre un port ou un bord de mer, เ tel point que, irrit้ contre les flots, il avait imagin้ qu’ils devaient ๊tre tous aval้s, cependant il sied moins เ des philosophes เ la recherche de la v้rit้ de dire de telles choses.

[80225] Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 4 Secundo ibi: propter quam causam etc., improbat praedictam positionem per rationem. Et dicit quod propter quamcumque causam aqua maris primo mansit circa terram, oportebit quod semper maneat: sive dicatur quod hoc accidit propter gravitatem aquae, quae pondere suo hoc habet quod subsideat aeri et praeemineat terrae, (quae quidem causa est vera et manifesta); sive quaecumque alia causa sit, propter hoc oportet quod, si aliquando fuit aqua maris super terram, quod semper maneat. Quia aliter, si hoc non esset, oporteret eos dicere quod aqua quae elevatur a sole evaporata, non redeat iterum ad terram; cuius contrarium manifeste videmus in pluviis. Aut si aqua elevata redit, necesse est vel quod semper duret mare, si aqua semper elevatur et redit; aut quod remaneat quandiu hoc fuerit, quod aqua redit. Et iterum oportebit ferri sursum per evaporationem illud quod est potabile in aqua. Et sic nunquam exsiccabitur mare in tali alternatione: quia iterum aqua descendet in mare.

Et non differt utrum hoc semel fiat, scilicet quod aqua elevata iterum descendat, aut fiat saepe: quia utroque modo non minuitur aliquid de aqua. Quia scilicet posset dici quod haec alternatio non semper erit, motu solis cessante, ideo subiungit quod si aliquis dicat quod motus solis cesset, non remanebit aliquid quod possit exsiccare aquam maris: si autem motus solis semper maneat, oportebit quod semper sol, appropinquans ad aliquam partem terrae, elevet per evaporationem aquam; et quando longius recedit, eam cadere propter frigiditatem. Et sic non potest dici quod mare totaliter exsiccetur, sive motus solis cesset sive non.

162. Deuxi่mement lเ : en effet, c’est pour cette raison, etc., il condamne la position pr้c้dente au moyen d’un raisonnement. Et il dit que, quelle que soit la raison pour laquelle l’eau de mer est d’abord rest้e autour de la terre, il faudra qu’elle y demeure toujours : que l’on dise que ce soit en raison du poids de l’eau, qui fait qu’elle est plac้e sous l’air et au-dessus de la terre (ce qui est la cause v้ritable et manifeste) ; ou bien que l’on avance n’importe quelle autre cause, il faut que, si l’eau de mer s’est parfois trouv้e sur la terre, qu’elle y demeure toujours. En effet, autrement, si ce n’้tait pas le cas, il faudrait qu’ils disent que l’eau qui s’est ้lev้e sous l’action du Soleil par ้vaporation ne revient pas de nouveau sur la terre ; c’est manifestement le contraire que nous voyons dans les pluies. Ou bien si l’eau qui s’est ้lev้e revient, il est n้cessaire soit que la mer dure toujours, si l’eau s’้l่ve et revient toujours, soit qu’elle demeure tant que dure le ph้nom่ne qui fait revenir l’eau. Et il faudra de nouveau que soit entra๎n้ vers le haut par ้vaporation ce qui est potable dans l’eau. Et ainsi la mer ne s’ass่chera jamais dans une telle alternance : puisque l’eau descendra de nouveau dans la mer.

Et peu importe si ce ph้nom่ne ‒ เ savoir que l’eau qui s’est ้lev้e redescend ‒ a lieu une seule fois, ou s’il a lieu souvent, puisque dans l’un et l’autre cas aucune quantit้ d’eau n’est diminu้e. Comme on pourrait dire que cette alternance ne durera pas toujours, si le mouvement du Soleil cesse, il ajoute que, si l’on disait que le mouvement du Soleil cesse, il ne resterait rien qui puisse ass้cher l’eau de mer : mais si le mouvement du Soleil demeure toujours, il faudra que le Soleil, s’approchant de quelque partie de la terre, fasse toujours s’้lever l’eau par ้vaporation, et que, quand il s’้loignera, elle tombe เ cause du froid. Et ainsi on ne peut pas dire que la mer s’ass่chera totalement, que le mouvement du Soleil cesse ou non.

[80226] Super Meteora, lib. 2 cap. 4 n. 5 Deinde cum dicit: acceperunt autem suspicionem hanc etc., excludit rationem moventem eos ad hoc ponendum. Et dicit quod acceperunt hanc opinionem, quod scilicet totaliter exsiccaretur mare, et quod quandoque incoeperit, propter hoc quod multa loca apparent magis sicca nunc quam prius. Sed causa propter quam accidit haec passio, dicta est prius, quia scilicet secundum quaedam determinata tempora fiunt excessus aquarum: sed non accidit propter hoc quod totum universum generetur; sed eius partes generantur.

Et iterum secundum alia determinata tempora erit contrarium, scilicet quod erit magnus excessus siccitatis; quod cum factum fuerit, iterum desiccabitur terra, quae erat cooperta aquis propter excessum aquarum prius factum. Et necesse est quod hoc semper procedat circulariter, scilicet quod post excessum aquarum, determinato tempore, fiat excessus siccitatis, et e converso. Rationabilius enim est sic opinari, quam ponere quod totum caelum permutetur, propter quasdam particulares permutationes existentes circa terram.

Et quia praedicta positio, contra quam locutus est, in superficie rationabilis apparet, subiungit quod circa hoc immoratus est eius sermo plus quam dignum fuerit.

169. Ensuite, quand il dit : ils ont con็u cette conjecture, etc., il rejette le raisonnement qui les pousse เ exposer cela. Et il dit qu’ils ont con็u l’opinion selon laquelle la mer s’ass่che totalement et qu’elle a commenc้ เ exister un jour, เ partir de ce que de nombreux lieux apparaissent plus secs maintenant qu’avant. Mais la raison pour laquelle ce ph้nom่ne se produit a ้t้ dite plus haut : c’est parce qu’il y a de l’eau en exc่s เ certaines ้poques d้termin้es, mais non parce que l’univers tout entier est engendr้, mais parce que ses parties le sont.

Et le contraire aura de nouveau lieu เ d’autres ้poques d้termin้es, เ savoir qu’il y aura une s่cheresse excessive ; et lorsque ce sera le cas, la terre, qui avait ้t้ recouverte par les eaux en raison des exc่s qui ont pr้c้demment eu lieu, s’ass่chera de nouveau. Et il est n้cessaire que cela proc่de toujours en cycle, เ savoir qu’apr่s un exc่s d’eau, เ un temps d้termin้, se fasse un exc่s de s่cheresse, et inversement. En effet, il est plus rationnel d’avoir une telle opinion que de poser que le ciel tout entier se transforme, en raison des transformations particuli่res qui existent autour de la terre.

Et puisque la position pr้c้dente, contre laquelle il s’est exprim้, appara๎t rationnelle de fa็on superficielle, il ajoute qu’il a consacr้ เ ce sujet plus de temps qu’il n’en m้ritait.

 

 

Caput 5

Chapitre 5 – [Hypoth่ses sur l’origine du sel de la mer]

[80227] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 1 Postquam philosophus determinavit de natura maris et eius generatione, nunc determinat de eius salsedine.

Et primo inquirit de ea secundum opiniones aliorum; secundo ponit suam opinionem, ibi: nos autem dicamus et cetera.

Circa primum, prosequitur de salsedine maris secundum tres opiniones philosophorum naturalium, in principio huius tractatus de mari positas.

164. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la nature de la mer et sa g้n้ration, il la d้termine maintenant sur sa salure.

Et, premi่rement, il se livre เ une enqu๊te sur cette question en suivant les opinions des autres ; deuxi่mement, il expose sa propre opinion, lเ : parlons, quant เ nous, etc.

Concernant le premier point, il s’attache เ pr้senter la salure de la mer suivant trois opinions de philosophes de la nature, plac้es au d้but de ce trait้ sur la mer.

[80228] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 2 Dicit ergo primo quod illi qui dixerunt quod mare semel generatum est, vel qualitercumque posuerunt ipsius generationem, non possunt assignare causam salsedinis. Dicunt enim isti quod a principio aqua circumdabat totam terram, et sol elevavit magnam partem aquae, ex quo contingit quod magna pars terrae remansit discooperta ab aquis; et illud quod fuit residuum et nondum desiccatum a sole, factum est mare.

Si ergo in multitudine aquae maris, quae secundum naturam suam deberet esse dulcis, facta est causa salsedinis propter admixtionem alicuius terrae ad aquam quae remansit, quae potuit dulce convertere in tantam salsedinem; cum, redeunte per pluvias aqua quae evaporavit, necesse sit quod aequalis multitudo aquae conservetur supra terram, ut supra dictum est; necesse est quod etiam primo, antequam sol incoeperit desiccare, mare esset salsum; vel, si prius non fuit salsum, neque posterius salsum erit, ex quo tota aqua quae elevata est, redit. Et sic non potest dici quod terra admixta facit aquam existentem nunc minoris quantitatis salsam, quod non poterat facere salsam totam, cum sit aequalis quantitatis nunc et prius. Si autem etiam a principio mare erat salsum, remanebit assignare causam salsedinis. Et etiam dicendum est quare, si a principio non ferebatur sursum aqua per evaporationem, nunc hoc accidit.

165. Il dit donc premi่rement que ceux qui disaient que la mer a ้t้ engendr้e une fois ou de quelque mani่re que ce soit ne peuvent attribuer une cause เ la salure. En effet, ils affirment qu’au d้but l’eau entourait toute la terre, que le Soleil a fait s’้lever une grande partie de l’eau, d’o๙ il arrive qu’une grande partie de la terre est rest้e d้couverte par les eaux, et que la partie r้siduelle et non encore ass้ch้e par le Soleil est devenue la mer.

Donc si, dans la grande quantit้ d’eau de mer, qui devait ๊tre douce selon sa nature, la cause de la salure ้tait un ajout de terre เ l’eau qui est rest้e, laquelle ้tait capable de transformer l’eau douce en une aussi grande quantit้ d’eau sal้e, comme il est n้cessaire que, l’eau ้vapor้e revenant sous forme de pluies, une quantit้ ้gale d’eau soit conserv้e sur terre, comme on l’a dit ci-dessus, il est n้cessaire qu’au d้but aussi, avant que le Soleil ne commence เ l’ass้cher, la mer soit sal้e ; ou bien si elle n’้tait pas sal้e auparavant, elle ne le sera pas ensuite, du fait que toute l’eau qui s’est ้lev้e revient. Et ainsi on ne peut dire que le m้lange de terre rende sal้e une eau qui est maintenant en plus petite quantit้, alors qu’il ne pouvait pas la rendre sal้e tout enti่re, comme sa quantit้ est ้gale maintenant et auparavant. Si la mer est ้galement sal้e d่s le d้but, il restera เ attribuer une cause เ la salure. Et il faut aussi dire pourquoi, si l’eau n’est pas entra๎n้e en haut d่s le d้but par ้vaporation, ce ph้nom่ne se produit maintenant.

[80229] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 3 Deinde cum dicit: at vero et quicumque terram etc., prosequitur secundam opinionem. Et dicit quod illi etiam qui dixerunt admixtionem terrae esse causam salsedinis maris, non sufficienter ostendunt quare mare est salsum. Dicunt enim quod terra habet multos sapores secundum diversas sui partes; ita quod terra quam flumina deferunt ad mare, admiscetur mari, et facit ipsum salsum.

Sed hoc inconveniens videtur, quod mare sic fiat salsum per admixtionem terrae, et fluvii non sint salsi, qui sunt minoris quantitatis. Si ergo magna multitudo aquae maris permutatur ad salsedinem ex admixtione terrae, multo magis immutaretur aqua uniuscuiusque fluvii.

Manifestum est enim quod mare est congregatio omnium fluvialium aquarum: in nullo enim differt aqua maris ab aquis fluminum, nisi per salsedinem aquae; quae non accidit in aquis fluminum, sed solum in loco in quo omnia flumina congregantur. Et hoc non videtur possibile, si sola admixtio terrae a fluminibus delatae, salsedinem causaret.

166. Ensuite, quand il dit : Quant เ tous ceux qui, etc., il d้veloppe la deuxi่me opinion. Et il dit que ceux qui affirment que le m้lange de terre ้tait la cause de la salure de la mer ne montrent pas suffisamment pourquoi la mer est sal้e. Car ils disent que la terre a de nombreuses saveurs dans ses diff้rentes parties, si bien que la terre que les fleuves emporte vers la mer se m๊le เ la mer et la rend sal้e.

Mais il ne semble pas convenir de dire que la mer devient sal้e เ cause d’un m้lange avec la terre et que les fleuves ne sont pas sal้s, eux qui ont une quantit้ moindre. Donc si une grande quantit้ d’eau de mer ้volue vers la salure en raison d’un m้lange de terre, ce sera d’autant plus le cas pour l’eau de chaque fleuve.

En effet, il est manifeste que la mer rassemble toutes les eaux des fleuves : car il n’est nulle diff้rence entre l’eau de mer et celle des fleuves, si ce n’est la salure de l’eau ; cette derni่re ne se produit pas dans les eaux des fleuves, mais seulement lเ o๙ les fleuves se rassemblent. Et cela ne semble pas possible si le seul m้lange de la terre emport้e par les fleuves cause la salure.

[80230] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 4 Tertio ibi: similiter autem derisibile etc., improbat tertiam opinionem tribus rationibus. Quarum prima est sumpta ex hoc quod immanifeste causam salsedinis assignavit. Et dicit quod derisibile est, si quis putet aliquid planum dixisse, dicens mare esse sudorem terrae, et ob hoc esse salsum, sicut Empedocles dixit. Forte enim sufficienter dixit, si intendit metaphorice dicere, secundum modum poeticum: dicere enim aliquid per metaphoras pertinet ad poetas, et probabile est quod Empedocles, qui metrice scripsit, ut dicitur, multa metaphorice protulerit. Sed tamen sic aliquid dicere non sufficit ad cognoscendam naturam rei: quia res naturalis per similitudinem quae assumitur in metaphora, non est manifesta. Quomodo enim, cum illud quod homo potat, sit dulce, sudor exinde generatus fiet salsus?

Non enim fit manifestum per metaphoram: utrum scilicet sudor remaneat salsus per separationem alicuius quod erat dulcissimum in poculo; aut efficiatur salsus per commixtionem alicuius, sicut accidit in aquis quae colantur per cinerem, quia per admixtionem cineris efficiuntur salsae vel amarae. Et eadem causa videtur esse de sapore urinae, quae est superfluitas collecta in vesica: quia huiusmodi superfluum fit amarum et salsum, cum humidum potatum sit dulce.

Si igitur ita est, quod aqua colata per calcem fit amara; et similiter etiam cum urina defertur aliqua res talis virtutis, quod possit ipsam salsam facere (nam in vasis in quibus residens conservatur urina, subsidere invenitur quaedam limositas salsa); et similiter est in sudore, quod adhaeret ei aliquid simile, cum sudor resolvitur a carnibus, quod facit ipsum salsum, tanquam si hoc humidum, quod exit a corpore per sudorem, abluat a carnibus illam superfluitatem quae facit sudorem salsum: si inquam ita est in istis tribus rebus, et metaphora de sudore est bene accepta, manifestum est quod etiam in mari erit causa salsedinis aliquid terrestre admixtum aquis. Quid autem sit quod facit salsedinem in corpore animalis, in sudore et urina, cognoscitur: quia est hypostasis alimenti, idest illud quod subsidet residuum ab eo quod attrahitur in usum alimenti nutriti. Et hoc quidem est causa salsedinis, quia non est digestum. Sed quid sit illud quod hoc modo possit facere salsedinem in mari, adhuc esset dicendum Empedocli, cum non sit manifestum. Et sic patet quod in hoc peccavit Empedocles, quod non manifeste assignavit causam.

167. Troisi่mement, lเ : Il est ้galement ridicule, il condamne la troisi่me opinion pour trois raisons. La premi่re d’entre elles est tir้e du fait qu’elle attribue une cause เ la salure sans clart้. Et il dit qu’il est ridicule de penser avoir dit quelque chose d’้vident en avan็ant que la mer est la sueur de la terre et que c’est la raison pour laquelle elle est sal้e, comme Emp้docle l’a affirm้. Car ce dernier en a peut-๊tre suffisamment dit, s’il avait l’intention de parler de fa็on m้taphorique, de mani่re po้tique : en effet, dire quelque chose par m้taphore est le propre des po่tes, et il est probable qu’Emp้docle, qui ้crivait par m่tres, comme il est dit, s’est beaucoup exprim้ par m้taphores. Mais il ne suffit pourtant pas de dire quelque chose de cette fa็on pour conna๎tre la nature de la chose : puisque la chose naturelle ne se manifeste pas par la similitude qui est pr้sente dans la m้taphore. En effet, alors que ce que boit l’homme est doux, comment se fait-il que la sueur engendr้e ensuite deviendra sal้e ?

Car il ne devient pas manifeste par m้taphore si la sueur reste sal้e par s้paration avec quelque chose qui ้tait tr่s doux dans le breuvage ou si elle est rendue sal้e par un m้lange avec quelque chose, comme il arrive aux eaux qui sont filtr้es par de la cendre, puisqu’elles sont rendues sal้es ou am่res par ajout de cendre. Et il semble que ce soit la m๊me cause pour la saveur de l’urine, qui est le superflu collect้ dans la vessie : puisque le superflu de ce genre devient amer et sal้ alors que le liquide bu est doux.

Donc, si les choses sont telles que l’eau filtr้e par la chaux devient am่re ; et ้galement si descend avec l’urine quelque chose qui puisse la rendre sal้e (car dans les vases o๙ est conserv้ un r้sidu d’urine, une sorte de boue sal้e se trouve subsister) ; et ้galement s’il y a dans la sueur quelque chose de semblable qui y adh่re, lorsqu’elle se d้gage de la chair, ce qui la rend sal้e, comme si le liquide qui sort du corps par la sueur lavait la chair du r้sidu qui la rend sal้e : si, dis-je, il en est ainsi pour ces trois choses, et si la m้taphore sur la sueur est bien prise, il est manifeste que pour la mer aussi la cause de la salure sera quelque chose de terreux m้lang้ aux eaux. Or ce qui produit la salure dans les corps des animaux, dans la sueur et l’urine est connu : puisque c’est l’hypostase de l’aliment, c’est-เ-dire le r้sidu qui subsiste de ce qui est assimil้ en guise de nutriment. Et c’est la cause de la salure, puisque non dig้r้. Mais ce qui peut produire la salure dans la mer de cette mani่re, Emp้docle devrait encore le dire, comme ce n’est pas manifeste. Et ainsi il est clair qu’Emp้docle a p้ch้ en ceci : il n’a pas indiqu้ la cause de fa็on manifeste.

[80231] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 5 Secundam rationem ponit ibi: omnino autem quomodo possibile etc.: quia, desiccata et calefacta tanta multitudine aquae, quanta a mari segregatur, tamen tota aqua maris salsa remanet; pars autem quae elevatur a terra per evaporationem, est submultiplex illius aquae quae in terra relinquitur (dicitur autem submultiplex, quae comparatur ad aliud sicut dimidium ad duplum, vel sicut subtriplum ad triplum, et sic de aliis). Unde non videtur quod aqua maris, cum sit maior pars quam aqua elevata per evaporationem, ex hoc possit fieri salsa: nam sudor et urina, quae fiunt salsa, sunt multo minora quam humiditas in corpore remanens.

168. Il pose la deuxi่me raison, lเ : de fa็on g้n้rale, comment est-il possible, etc: puisque, bien qu’une quantit้ d’eau aussi grande que celle qui se s้pare de la mer se soit dess้ch้e et r้chauff้e, la totalit้ de l’eau de mer reste pourtant sal้e ; tandis que la partie qui s’est ้lev้e de la terre par ้vaporation est le sous-multiple de l’eau qui est laiss้e dans la terre (on appelle sous-multiple ce qui est par rapport เ autre chose comme le demi au double, ou bien le tiers au triple et ainsi de suite). De ce fait, il ne semble pas que l’eau de mer, comme elle constitue une plus grande partie que l’eau qui s’est ้lev้e par ้vaporation, puisse devenir sal้e pour cela : car la sueur et l’urine, qui deviennent sal้es, sont en bien moindre quantit้ que l’humidit้ qui reste dans le corps.

[80232] Super Meteora, lib. 2 cap. 5 n. 6 Tertiam rationem ponit ibi: adhuc autem propter quid et cetera. Et dicit quod quaerendum est ab Empedocle quare nunc terra, postquam desiccata est a sole in aliqua parte sui, sive maiori sive minori, non sudat, ita quod sudor eius appareat amarus: si enim hoc fuit a principio, quod terra sudaret humorem amarum, et nunc deberet fieri. Sed hoc non videtur nunc accidere: videmus enim quod terra, cum est humida, siccari potest, et postquam est sicca, non patitur aliquid tale, scilicet ut sudet. Neque igitur possibile fuit quod in prima generatione mundi, terra existens humida, quia circumdata aquis, sudaret per exsiccationem: sed magis verisimilis est opinio illorum qui dixerunt quod mare non est sudor terrae, sed aqua relicta post exsiccationem alicuius partis terrae: quod enim terra humida existens sudet, videtur impossibile.

Et sic ultimo concludit quod causae quae adducuntur de salsedine maris, videntur effugere rationem.

169. Il donne la troisi่me raison lเ : de plus, pour quelle raison, etc. Et il dit qu’il faut demander เ Emp้docle pourquoi la terre ne sue pas maintenant, apr่s qu’elle a ้t้ dess้ch้e par le Soleil dans l’une de ses parties, qu’elle soit grande ou petite, au point que sa sueur apparaisse am่re : car si c’est d่s le d้but que la terre a su้ une humeur am่re, cela doit se produire maintenant aussi. Mais cela ne semble pas arriver maintenant : car nous voyons que la terre, quand elle est humide, peut s้cher et que, une fois qu’elle est s่che, ne subit rien de tel, เ savoir suer. Donc il n’้tait pas possible que, lors de la premi่re g้n้ration du monde, la terre qui ้tait humide, puisqu’entour้e par les eaux, suโt par ass่chement : mais est plus vraisemblable l’opinion de ceux qui disaient que la mer n’est pas la sueur de la terre, mais l’eau laiss้e apr่s l’ass่chement d’une partie de la terre : car il semble impossible que la terre humide sue.

Et ainsi il conclut เ la fin que les causes qui sont avanc้es sur la salure de la mer semblent mettre la raison en fuite.

 

 

Caput 6

Chapitre 6 – [La cause du sel dans la mer]

[80233] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 1 Reprobatis opinionibus de salsedine maris, hic ponit opinionem propriam.

Et circa hoc tria facit: primo praemittit quaedam quae sunt necessaria ad propositum manifestandum; secundo assignat causam salsedinis maris, ibi: his autem sic se habentibus etc.; tertio manifestat quod dixerat per signa, ibi: quod autem est in commixtione et cetera.

Circa primum duo facit. Quorum primum resumit ex praedictis, videlicet quod est duplex exhalatio, una humida et alia sicca: et hanc putandum est esse principium horum, scilicet salsedinis maris.

Secundum est, quod movet dubitationem, de qua oportet primo videre veritatem, antequam propositum manifestet. Et est ista quaestio: utrum partes maris semper maneant eaedem numero; aut permutentur secundum numerum, et maneant eaedem secundum quantitatem, sicut accidit in aere et in aqua potabili fluminum et in igne. In his enim omnibus partes fiunt aliae et aliae numero, sed species vel forma multitudinis harum partium manet eadem: et hoc apparet maxime in aquis fluentibus et in fluxu flammae, quae per successionem fumi semper innovatur, ut supra dictum est, et tamen flamma semper manet eadem in numero. Unde probabile est non esse eandem rationem in his omnibus: nam ad minus differentia est secundum velocitatem permutationis; manifestum est enim quod citius permutantur partes aquae fluentis, quam partes terrae. In omnibus tamen est generatio et corruptio secundum partes per aliquem ordinem.

170. Apr่s avoir rejet้ les opinions sur la salure de la mer, il pose ici la sienne propre.

Et sur ce point il fait trois choses : premi่rement, il avance certains points qui sont n้cessaires pour montrer la proposition ; deuxi่mement, il donne la cause de la salure de la mer, lเ : cela ้tant, etc. ; troisi่mement, il montre ce qu’il avait dit par des indices, lเ : ce qui est dans le m้lange, etc.

Concernant le premier point, il fait deux choses. Il tire la premi่re d’entre elles de ce qui pr้c่de, เ savoir qu’il y a une double exhalaison, l’une humide et l’autre s่che : et il faut penser que c’est le principe de ces ph้nom่nes, เ savoir la salure de la mer.

La seconde est qu’il soul่ve une interrogation, เ propos de laquelle il faut d’abord voir la v้rit้, avant de manifester la proposition. Voici cette question : les parties de la mer demeurent-elles toujours les m๊mes en nombre ou bien se transforment-elles selon le nombre, tout en demeurant les m๊mes en quantit้, comme il arrive pour l’air, l’eau potable des fleuves et le feu ? En effet, pour tous ceux-ci les parties deviennent autres en nombre, mais l’esp่ce ou forme de la masse de ces parties demeure la m๊me : et c’est surtout visible dans les eaux courantes et le flux de la flamme, qui se renouvelle toujours dans la fum้e qui se succ่de, comme on l’a dit, bien que la flamme demeure toujours la m๊me en nombre. De ce fait, il est probable que ce ne soit pas la m๊me raison pour tous ces ้l้ments : car la diff้rence est au moins selon la rapidit้ de la transformation : en effet, il est manifeste que les parties de l’eau courante se transforment plus vite que les parties de la terre. Cependant, pour tous la g้n้ration et la corruption se font selon les parties suivant un ordre.

[80234] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 2 Deinde cum dicit: his autem sic se habentibus etc., assignat causam salsedinis maris.

Et circa hoc duo facit: primo ostendit in generali unde causetur sapor salsus; secundo unde causetur salsedo in mari, ibi: propter quod et mare et cetera.

Dicit ergo primo quod, cum praemissa sic se habeant ut dictum est, oportet reddere causam de salsedine maris. Manifestum est autem per multa signa quod sapor salsus causatur ex admixtione alicuius. Videmus enim quod in corporibus animalium illud quod est indigestissimum, est salsum et amarum: hoc autem maxime est superfluitas alimenti, et maxime quae congregatur in vesica. Et quod haec sit indigestissima, significatur per hoc quod est subtilissima inter omnes superfluitates; omnia autem digesta videntur inspissata esse a calore. Et sicut est de urina, ita est de sudore: similiter enim cum sudore segregatur aliquid indigestum, quod facit talem saporem. Similiter est in adustis: quia illud quod est residuum ab actione caloris, inquantum calor non potest vincere, in corporibus animalium fit superfluitas, in adustis autem fit cinis, per cuius admixtionem aqua etiam redditur salsa et amara.

171. Ensuite, quand il dit : cela ้tant, etc., il donne la cause de la salure de la mer.

Et, concernant cela, il fait deux choses : il montre premi่rement d’o๙ vient la cause de la saveur sal้e en g้n้ral ; deuxi่mement d’o๙ vient la cause de la salure marine, lเ : c’est pourquoi certains, etc.

Il dit donc premi่rement que, comme les pr้misses sont telles qu’on l’a dit ci-dessus, il faut rendre la cause de la salure marine. Or, il est manifeste d’apr่s de nombreux indices que la saveur sal้e est caus้e par l’ajout de quelque chose. En effet, nous voyons que ce qui est le plus indigeste dans les corps des animaux est sal้ et amer : c’est surtout le cas du r้sidu de l’aliment et de ce qui s’assemble dans la vessie. Et ce qui indique que ce r้sidu est le plus indigeste, c’est c’est le plus subtil de tous les r้sidus ; or tous les r้sidus digestes semblent avoir ้t้ ้paissis par la chaleur. Et il en est de la sueur comme de l’urine : en effet, quelque chose d’indigeste s’assemble avec la sueur et produit une telle saveur. Il en est de m๊me pour les corps br๛l้s : puisque ce qui reste apr่s l’action de la chaleur, dans la mesure o๙ elle ne peut l’emporter, devient un r้sidu dans les corps des animaux et dans les corps br๛l้s de la cendre, qui rend l’eau sal้e et am่re, quand on l’y ajoute.

[80235] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 3 Deinde cum dicit: propter quod et mare etc., assignat specialiter causam salsedinis maris.

Et circa hoc tria facit: primo facit quod dictum est; secundo hoc manifestat per quaedam signa, ibi: et propter hoc Australes etc.; tertio excludit quasdam obiectiones, ibi: fit igitur semper alterum et cetera.

Dicit ergo primo, quod propter hoc quod sapor salsus et amarus invenitur causari ex admixtione alicuius indigesti vel adusti, quidam dixerunt quod mare erat factum ex terra adusta. Quod quidem inconveniens est, si intelligatur secundum quod dicitur: sed si intelligatur dictum per similitudinem, ut scilicet salsedo in mari causetur per admixtionem alicuius quod est simile cum terra adusta, sic verum est. Sicut enim contingit in praedictis, scilicet urina, sudore et cinere, sic oportet intelligere et in tota terra: sicuti enim ex ignitis relinquitur aliquid quod non potuit ignis dissolvere, ita oportet intelligere relinqui circa terram ab actione caloris aliquid simile cineri relicto ab actione ignis.

Et huius similitudinem habet exhalatio quae fit ex arida, cuius multitudinem terra exhibet. Huiusmodi igitur exhalatio sicca cum admiscetur vaporosae exhalationi, quae condensatur in nubes et pluviam, necesse est quod semper in illa exhalatione humida contineatur aliquid virtutis huius, scilicet exhalationis siccae; et sic simul utrumque commixtum fertur deorsum, aqua pluente. Hoc autem fit secundum quendam ordinem semper, ut scilicet exhalationes commixtae eleventur, et iterum cadant per pluviam. Dico autem hoc secundum ordinem fieri, secundum quod ea quae hic inferius fiunt, possunt participare ordinem: non enim sic pure participant ordinem ut sint semper eodem modo, sicut est de corporibus caelestibus, sed accidunt ut frequenter. Et sic concludit quod dictum est unde fiat generatio salsi in aqua maris.

172. Ensuite, quand il dit : c’est pourquoi certains, etc., il donne la cause de la salure de la mer en particuli่re.

Et, concernant cela, il fait trois choses : premi่rement, il fait ce qu’il a dit ; deuxi่mement, il montre cela par certains indices, lเ : et cela explique pourquoi les ond้es du sud, etc. ; troisi่mement, il rejette certaines objections, lเ : ce ph้nom่ne est donc toujours autre, etc.

Il dit donc premi่rement que, ้tant donn้ que la saveur sal้e et am่re se trouve caus้e par l’ajout de quelque chose d’indigeste ou de br๛l้, certains ont affirm้ que la mer a ้t้ faite เ partir de terre br๛l้e. Cette affirmation ne convient certes pas, si on la comprend au sens propre : mais si on la comprend par analogie, เ savoir que la salure de la mer est caus้e par l’ajout de quelque chose qui est semblable เ de la terre br๛l้e, elle devient vraie. En effet, il faut comprendre qu’il en est de toute la terre comme de ce dont on a parl้ ci-dessus, l’urine, la sueur et la cendre : car, de m๊me que des corps br๛l้s il reste quelque chose que le feu ne peut d้sagr้ger, de m๊me il faut comprendre qu’il reste, pour la terre, sous l’action de la chaleur, quelque chose de semblable เ la cendre sous l’action du feu.

Et l’exhalaison qui se forme sous l’effet de la s้cheresse a une ressemblance avec ce dont la terre cause une grande masse. Donc comme une exhalaison s่che de ce genre est m้lang้e เ l’exhalaison vaporeuse qui se condense en nuages et en pluie, il est n้cessaire que soit toujours contenu dans l’exhalaison humide quelque chose de cette vertu, เ savoir de l’exhalaison s่che ; et ainsi les deux choses m้lang้es sont emport้es en bas en m๊me temps, avec l’eau de la pluie. Ce ph้nom่ne se produit toujours selon un certain ordre, เ savoir que les exhalaisons m้lang้es s’้l่vent et retombent sous forme de pluie. Or je dis qu’il se produit selon un ordre dans la mesure o๙ ce qui se produit ici-bas peut participer เ un ordre : en effet, ces ph้nom่nes ne participent pas purement เ un ordre au point d’๊tre toujours de la m๊me mani่re, comme c’est le cas des corps c้lestes, mais ils arrivent fr้quemment. Et ainsi il conclut que l’on a dit d’o๙ provient la g้n้ration du sal้ dans l’eau de mer.

[80236] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 4 Deinde cum dicit: et propter hoc Australes etc., manifestat quae dixerat per quaedam signa. Et dicit quod propter hoc quod exhalatio sicca admiscetur evaporationi humidae, aquae Australes et aquae quae primo cadunt in autumno, sunt latiores, idest graviores et magis ad salsedinem tendentes.

Et primo manifestat hoc de aquis Australibus, idest quae cadunt Austro flante. Auster enim et flatu et magnitudine est valde calidus: flat enim a locis calidis et siccis, in quibus est parum de vapore humido, et ideo est calidus. Sed quia posset aliquis dicere quod flat a locis frigidis, scilicet a polo Antarctico, quem oportet esse frigidum propter distantiam a sole, ideo subiungit quod, etsi hoc dicatur quod non flat a locis calidis sed a frigidis, tamen oportet quod transeat ad nos per loca calida et sicca, ex locis propinquis; et ideo est calidus. Sed Boreas, qui venit ad nos immediate ex locis frigidis, congregat multos vapores humidos et frigidos; et propter hoc est frigidus. Sed tamen nobis est serenus, quia impellit huiusmodi vapores ad partem oppositam: sed in locis et regionibus meridionalibus est aquosus, quia illuc impellit vapores. Et e converso Auster est serenus illis qui habitant in meridionalibus, scilicet circa Lybiam, cum nobis sit pluviosus. Sic igitur quia Auster colligit multum de exhalatione sicca, talis ventus confert multum ad hoc quod descendat aqua salsa. Et sic patet ratio unius eorum quae dicta sunt, scilicet quare aquae Australes sunt latiores.

Sed quia hoc etiam dixerat de primis aquis autumnalibus, assignat etiam huius causam: quia scilicet necesse est quod ea quae sunt gravissima in vaporibus elevatis, prius deorsum ferantur; gravissima autem sunt in quibus est plurimum de terrestri; et ideo aquae primo cadentes in autumno post aestatem, sunt latiores, valde plurimum de terrestri habentes.

Aliud etiam signum assignat praedictae rationi assignatae de salsedinis causa: quia scilicet propter hoc mare est calidum, et regiones propinquae mari sunt calidiores, propter abundantiam scilicet praedictae exhalationis mixtae aquae maris. Quaecumque enim fuerint ignita, etiam post extinctionem videntur habere virtutem caloris in seipsis, ut patet in cinere et calce et superfluitate animalium habentium calidos ventres. Et huius ratio est, quia in huiusmodi manet virtus caloris alterantis cum exhalatione sicca. Unde, cum exhalationem siccam resolutam a terra desiccata, dixerit esse causam salsedinis maris, consequens est ut etiam in mari caliditas ex hoc abundet.

173. Ensuite, quand il dit : et cela explique pourquoi les ond้es du sud, etc., il montre ce qu’il avait dit par certains indices. Et il dit que, puisque l’exhalaison s่che s’ajoute เ l’้vaporation humide, les eaux australes et celles qui tombent premi่rement en automne sont plus larges, c’est-เ-dire plus lourdes et tendent davantage vers la salure.

Et il montre premi่rement ce ph้nom่ne เ propos des eaux australes, c’est-เ-dire de celles qui tombent quand l’auster souffle. En effet, l’auster est fort chaud เ la fois par son souffle et son ampleur : car il souffle เ partir de r้gions chaudes et s่ches dans lesquelles il y a peu de vapeur humide, et c’est pourquoi il est chaud. Mais puisque quelqu’un pourrait dire qu’il souffle เ partir de lieux froids, เ savoir le p๔le antarctique, qui doit ๊tre froid en raison de sa distance par rapport au Soleil, il ajoute que, m๊me si on disait qu’il ne souffle pas เ partir de lieux chauds, mais froids, il faut pourtant qu’il traverse des endroits chauds et secs pour venir jusqu’เ nous, dans les lieux voisins ; et pour cette raison il est chaud. Mais le bor้e, qui vient imm้diatement เ nous en partant de lieux froids, assemble de nombreuses vapeurs humides et froides ; et c’est la raison pour laquelle il est froid. Mais il am่ne pourtant le beau temps chez nous puisqu’il repousse les vapeurs de ce genre dans la partie oppos้e : mais un temps humide dans les r้gions m้ridionales aussi puisqu’il y repousse les vapeurs. Et, inversement, l’auster apporte le beau temps เ ceux qui habitent les r้gions du sud, เ savoir les environs de la Libye, alors qu’il nous donne de la pluie. Ainsi donc, puisque l’auster recueille beaucoup d’exhalaison s่che, un tel vent contribue beaucoup เ ce que de l’eau sal้e descende. Et la raison d’un des propos tenus, เ savoir pourquoi les eaux australes sont larges, devient ้vidente.

Mais puisqu’il avait ้galement dit cela des premi่res ond้es d’automne, il en donne aussi la raison : c’est qu’il est n้cessaire que ce qui est le plus lourd dans les vapeurs qui se sont ้lev้es soit entra๎n้ en premier vers le bas ; or le plus lourd est ce qui contient la plus grande quantit้ de terre ; et cela explique que les eaux qui tombent en automne sont plus larges apr่s l’้t้, car elles ont une fort grande quantit้ de terre.

Il donne aussi un autre indice เ la raison avanc้e pour la cause de la salure : c’est que la mer est chaude et que les r้gions proches de la mer sont plus chaudes en raison de l’abondance de l’exhalaison mentionn้e m๊l้e เ l’eau de mer. En effet, tout ce qui a ้t้ br๛l้ semble avoir la vertu du feu en soi, m๊me apr่s son extinction, comme on le voit pour la cendre, la chaux et les excr้tions des animaux qui ont un ventre chaud. Et c’est la raison pour laquelle la vertu de la chaleur qui alt่re avec l’exhalaison s่che demeure dans les corps de ce genre. De ce fait, comme il a dit que l’exhalaison s่che qui s’est d้gag้e de la terre dess้ch้e est la cause de la salure de la mer, il s’ensuit que la chaleur est importante dans la mer ้galement.

[80237] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 5 Deinde cum dicit: fit igitur semper alterum etc., excludit quasdam dubitationes circa praedicta.

Et circa hoc duo facit: primo excludit dubitationes; secundo concludit ex praemissis causam salsedinis maris, ibi: nunc autem tantum et cetera.

Prima dividitur in duas, secundum duas dubitationes quas solvit.

Est autem prima dubitatio: cum aqua maris non continue maneat eadem numero secundum partes, sed evaporet et iterum cadat, non videtur esse causa salsedinis maris exhalatio sicca admixta, sed magis evaporatio ab aqua salsa.

Et ad hanc dubitationem tollendam, dicit quod aqua maris semper fit altera et altera secundum partes, et quaelibet pars habet in sui generatione praedictam causam salsedinis, idest admixtionem terrestris exhalationis. Verum est etiam quod semper aliqua pars aquae salsae elevatur per evaporationem cum dulci: sed cum citius evaporet subtile quam grossum, et dulce est subtilius quam salsum, oportet quod minus de salso elevetur quam de dulci; sed per admixtionem exhalationis siccae, illud dulce accrescit iterum in salsedinem; et sic mare semper conservatur aequale et in quantitate et in salsedine. Et hoc ut ad totum, idest per comparationem ad totum mare, conservatur aequale vel quasi aequale: non enim semper punctalis conservatur praedicta quantitas.

174. Ensuite, quand il dit : elle devient donc de plus en plus diff้rente, etc., il rejette certaines interrogations concernant les propos mentionn้s.

Et, เ propos de cela, il fait deux choses : premi่rement, il rejette les interrogations : deuxi่mement, il conclut, เ partir de ce qui a d้jเ ้t้ avanc้, la cause de la salure de la mer, lเ : nous disons seulement maintenant, etc.

La premi่re se divise en deux, selon les deux doutes qu’il r้sout.

Voici le premier : comme l’eau de mer ne demeure pas continuellement la m๊me en nombre selon ses parties, mais qu’elle s’้vapore et retombe, la cause de la salure de la mer ne semble pas ๊tre l’exhalaison s่che m้lang้e, mais plut๔t l’้vaporation เ partir de l’eau sal้e.

Et, pour ๔ter ce doute, il dit que l’eau de mer devient toujours diff้rente selon ses parties, et que n’importe laquelle de ses parties contient dans sa g้n้ration la cause mentionn้e de salure, c’est-เ-dire le m้lange avec l’exhalaison terrestre. Il est ้galement vrai qu’une partie de l’eau sal้e s’้l่ve toujours en s’้vaporant avec l’eau douce : mais comme ce qui est subtil s’้vapore plus vite que ce qui est gros et que le doux est plus subtil que le sal้, il faut que s’้l่ve une partie sal้e moins importante que la partie douce : mais en raison d’un m้lange avec l’exhalaison sal้e l’eau douce cro๎t de nouveau en sal้ ; et ainsi la mer conserve toujours une quantit้ et une salure ้gales. Et cela au total, c’est-เ-dire en comparaison avec la mer tout enti่re, se conserve ้gal ou quasi ้gal : en effet, la quantit้ mentionn้e ne se conserve pas toujours au point pr่s.

[80238] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 6 Secundam dubitationem solvit ibi: quod autem fit vaporans et cetera. Et est haec dubitatio: cum aqua maris sit salsa, unde contingit quod e vaporibus resolutis ab aqua maris generatur aqua dulcis?

Et ad hoc solvendum dicit: iterum dicendum est quod illud quod evaporat in mari, quando condensatur, fit aqua potabilis et dulcis; et ideo non convertitur in mare, idest in aquam salsam, sed in aquam simpliciter. Et hoc idem patiuntur alia; sicut vinum et omnes humores, cum condensantur, convertuntur in aquam simpliciter; cum enim evaporant, vapores illi condensati convertuntur in aquam. Et huius ratio est, quia principium omnium humorum est aqua; resolvuntur autem omnia in sua principia. Omnia autem alia humida generantur ex aqua per aliquam passionem vel alterationem; quae passiones variantur propter admixtionem, et fit sapor eius secundum conditionem eius quod miscetur. Et propter hoc in generatione variatur aqua, et fit salsa. Sed quia unumquodque resolvitur in suum principium simpliciter, ut dictum est, consequens est ut tam ex aqua maris salsa, quam ex omnibus humoribus, cuiuscumque sint vaporis, per evaporationem generetur aqua simpliciter.

175. Il dissipe le deuxi่me doute, lเ : nous pourrions affirmer, etc. Et voici ce doute : ้tant donn้ que l’eau de mer est sal้e, d’o๙ vient que l’eau douce soit engendr้e par de l’eau de mer เ partir de vapeurs d้sagr้g้es ?

Et, pour dissiper ce doute, il d้clare : il faut dire que ce qui s’้vapore dans la mer, quand cela se condense, devient de l’eau potable et douce : et, pour cette raison, cela ne se change pas en mer, c’est-เ-dire en eau sal้e, mais en eau simplement. Et d’autres choses subissent cette m๊me modification, comme le vin et d’autres liquides : lorsqu’ils se condensent, ils se changent en eau simplement ; en effet, lorsqu’ils s’้vaporent, ces vapeurs, apr่s condensation, se changent en eau. Et la raison en est que le principe de ces liquides est l’eau ; toutes les choses se r้solvent en leur principe. Toutes les autres choses humides sont engendr้es เ partir de l’eau เ la suite d’une affection ou d’une alt้ration ; ces affections varient en raison du m้lange et la saveur na๎t de la condition de ce qui est m้lang้. Et c’est pourquoi l’eau varie เ sa g้n้ration et devient sal้e. Mais puisque chaque chose se r้sout en son principe, comme on l’a dit, il s’ensuit que de l’eau simplement est engendr้e aussi bien เ partir de l’eau sal้e de la mer que des autres liquides, quelle que soit leur vapeur.

[80239] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 7 Deinde cum dicit: nunc autem tantum etc., ex omnibus praemissis colligit causam de salsedine maris. Et dicit quod nunc dicendum est quod semper aliqua pars aquae maris sursum ducitur per evaporationem, et fit potabilis quando condensatur: et iterum cum aqua desursum pluente descendit aliquid terrestre, quod non fuit sursum ductum ex aqua maris, sed ex arida. Et hoc terrestre, propter pondus, subsidet potabili et dulci; ut sic quod est subtilius, magis evaporet. Et ideo, propter continuam generationem et corruptionem, non deficit mare, sicut nec fluvii; nisi forte hoc accidat in aliquibus locis, tam in mari quam in fluviis, secundum aliquas determinatas periodos, ut supra dictum est. Nec tamen semper eaedem partes remanent aut maris aut terrae, sed solum tota moles utriusque. Sic enim oportet existimare de terra, sicut de mari, quod una pars sursum elevatur per exhalationem, et alia descendit; et quod etiam illa quae supernatant et quae descendunt, transmutant loca, ut sic quaelibet pars utriusque corrumpi et generari possit.

Considerandum est autem quod supra Aristoteles, causam salsedinis maris assignans, ubi tractavit de loco naturali aquae, dixit quod salsedo maris causatur per evaporationem eius quod est subtile et dulce. Haec autem causa nulla esset, si in aqua maris nihil alienum admisceretur: quia oporteret hoc etiam quod remanet, esse dulce et potabile, secundum simplicis aquae naturam. Et ideo, ad ostendendum quomodo aqua maris sit salsa, ostendit quod sit aliquid extraneum admixtum, quod subsidens post elevationem dulcis potabilis, reddit aquam maris salsam: et propter hoc dicit terrestre adustum esse admixtum vaporibus ex quibus generatur aqua. Unde, cum quaelibet pars maris sic generetur, relinquitur quod singulis partibus maris sit huiusmodi terrestre admixtum, quod secundum plurimum subsidet dulci et subtili, in maiori parte elevato.

Et quia ex eo quod evaporat generatur aqua dulcis, omnis autem aqua fontium et fluviorum ex eo quod evaporat generatur, vel supra terram vel infra terram, consequens est ut aqua fontium et fluviorum sit dulcis, utpote propinqua principio generationis; aqua autem maris sit salsa, utpote residuum existens vaporum elevatorum a sole, et ultimus terminus in quem aquae generatae colliguntur.

176. Ensuite, quand il dit : nous disons seulement maintenant, il rassemble la cause de la salure de la mer เ partir des pr้misses. Et il d้clare qu’il faut maintenant dire qu’une partie de l’eau de mer est toujours entra๎n้e vers le haut par ้vaporation, et devient potable quand elle se condense, et qu’avec l’eau de pluie redescend quelque chose de terreux qui n’a pas ้t้ entra๎n้ vers le haut เ partir de l’eau de mer, mais เ partir de l’exhalaison s่che. Et cette partie terreuse, en raison de son poids, se place sous l’eau potable et douce, comme ce qui est plus subtil s’้vapore davantage. Et c’est la raison pour laquelle la mer ne dispara๎t pas, en raison d’une g้n้ration et d’une corruption continues, tout comme les fleuves, เ moins que cela n’arrive par hasard เ quelques endroits, tant dans la mer que dans les fleuves, เ des p้riodes d้termin้es, comme on l’a dit ci-dessus. Et les parties soit de mer, soit de terre ne restent pas toujours les m๊mes, contrairement เ la masse totale de chacune des deux. En effet, il faut penser, เ propos de la terre comme de la mer, qu’une partie s’้l่ve vers le haut par exhalaison et qu’une autre descend, et que les lieux changent, tant ceux qui viennent เ la surface que ceux qui descendent, comme n’importe quelle partie d’entre eux peut ๊tre corrompue et engendr้e.

Or il faut consid้rer qu’Aristote, donnant ci-dessus la cause de la salure de la mer, lเ o๙ il traitait du lieu naturel de l’eau, disait que la salure de la mer est caus้e par l’้vaporation de ce qui est subtil et doux. Cette cause serait nulle, si rien d’autre n’้tait m้lang้ เ l’eau de mer, puisqu’il faudrait que ce qui reste soit aussi doux et potable, selon la nature de l’eau simple. Et c’est pourquoi, pour montrer comment il se fait que l’eau de mer soit sal้e, il montre qu’il y a quelque chose d’้tranger qui y est m้lang้ et qui, se pla็ant sous l’้l้vation de l’eau douce, rend la mer sal้e ; et cela explique qu’il dise qu’une substance br๛l้e et terreuse est m้lang้e aux vapeurs เ partir desquelles l’eau est engendr้e. De ce fait, comme n’importe quelle partie de la mer est engendr้e ainsi, il reste qu’เ chaque partie de la mer est m้lang้e une substance terreuse de ce genre, qui se place sous l’eau douce et subtile, en grande partie ้lev้e.

Et puisque l’eau douce est engendr้e เ partir de ce qui s’้vapore, et que toute l’eau des sources et des fleuves est engendr้e เ partir de cela, soit sur la terre, soit au-dessous, il s’ensuit que l’eau des sources et des fleuves est douce, en tant que proche du principe de la g้n้ration, mais que l’eau de mer est sal้e, en tant que r้sidu des vapeurs qui sont ้lev้es par le Soleil, et en tant que fin ultime o๙ les eaux engendr้es se rassemblent.

[80240] Super Meteora, lib. 2 cap. 6 n. 8 Deinde cum dicit: quod autem est in commixtione etc., manifestat quod ex commixtione terrestris causatur salsus sapor. Et ponit multa signa.

Quorum primum est de vase cereo, quod si claudatur et ponatur in aqua, quod resudat interius efficitur dulce, tanquam depurato terrestri per ceram.

Aliud signum est, quod aqua maris plus ponderat quam dulcis.

Tertium signum est, quod aqua maris est grossior quam aqua fluviorum, ita quod naves oneratae plus profundantur in aquis fluviorum quam maris.

Quartum signum est, quod ova, si sint plena, supernatant in aqua quae fit salsa per admixtionem salis, et etiam supernatant in mari. Unde et mare videtur sicut lutum, propter grossitiem. Et hoc faciunt salientes, ut accipiant signum si sal sit bene mixtum aqua, ex hoc quod ova supernatant. Igitur et aqua maris est grossa per admixtionem alicuius terrestris ingrossantis.

Quintum signum est, quod in stagno Palestinae, quod est salsum vel amarum, si quis immerserit hominem vel asinum, non submergitur; et vestimenta ibi perfusa foedantur.

Sextum autem signum est de quodam fonte aquae latae, idest salsae, in provincia Chaoniae, qui effluit in quendam fluvium dulcem, sed non habentem pisces; in quo quidem fluvio, propter admixtionem fontis, inventi sunt aliquando sales pro piscibus; cuius quidem aqua vertitur per decoctionem in sales, evaporante calido et humido. Huiusmodi autem sales non sunt spissi, sed subtiles sicut nix; et sunt debiliores aliis, et isti in cibariis magis delectant.

Septimum autem signum est, quod in quodam loco calami et scirpi comburuntur, et eorum cinis, dum in aqua decoquitur, post infrigidationem efficitur sal, secundum terrestris combusti mixtionem, quam dixerat esse causam salsedinis. Unde oportet quod tam in aqua horum cinerum quam in aqua maris, combustio sit quae causet salsedinem. Et hinc est quod universaliter quaecumque aqua fluens fontium vel fluviorum est salsa, aliquando fuit calida, utpote ex terra ignita procedens: sed postea ignis extinguitur infra terram, et terra quae ex combustione fit sulphurea vel aliquid huiusmodi, remanet adhuc combusta ad modum calcis vel cineris: unde aqua transiens per eam fit salsa. Et non solum fit salsa, et salsedinem recipit aqua ex terra per quam transit, sed etiam alios sapores, ut manifestat per quaedam exempla: et littera plana est.

Ultimo autem recapitulat ea quae dicta sunt: et hoc etiam est planum in littera.

177. Ensuite, quand il dit : il est clair que cela se produit, il montre que la saveur sal้e est caus้e par un m้lange avec une substance terreuse. Et il pose de nombreux indices.

Le premier d’entre eux concerne le vase de cire : s’il est ferm้ et plac้ dans l’eau, ce qui suinte se fait doux, comme si la substance terrestre ้tait nettoy้e par la cire.

Un autre indice est que l’eau de mer est plus lourde que l’eau douce.

Le troisi่me indice est que l’eau de mer est plus ้paisse que celle des fleuves, เ tel point que les bateaux charg้s s’enfoncent plus dans les eaux des fleuves que dans la mer.

Le quatri่me indice est que les œufs, s’ils sont pleins, surnagent dans l’eau sal้e par ajout de sel, et surnagent aussi dans la mer. De ce fait, la mer ressemble aussi เ la boue, en raison de son ้paisseur. Et on fait cela pour recevoir la preuve que les œufs surnagent เ la condition d’avoir bien m้lang้ du sel เ l’eau. Par cons้quent l’eau de mer est ้paisse เ cause de l’ajout d’une substance terrestre qui l’้paissit.

Le cinqui่me indice est que, dans un lac de Palestine, qui est sal้ ou amer, si on y immerge un homme ou un โne, ils ne sont pas submerg้s ; et les v๊tements que l’on y trempe sont souill้s.

Le sixi่me indice concerne une source d’eau large, c’est-เ-dire sal้e, dans la province de Chaonie, qui se jette dans un fleuve d’eau douce, mais sans poisson ; dans ce fleuve, en raison de l’ajout de la source, on a parfois trouv้ du sel au lieu de poisson ; son eau se change en sel quand on la fait bouillir, une fois que ce qui est chaud et liquide s’est ้vapor้. Le sel de ce genre n’est pas compact, mais subtil comme la neige ; son go๛t est moins fort que les autres et il est davantage appr้ci้ pour la cuisine.

Le septi่me indice est que dans un certain endroit les roseaux et les joncs sont enti่rement br๛l้s et leur cendre, pendant qu’elle est cuite dans de l’eau, se transforme en sel apr่s refroidissement, suivant l’ajout d’une substance terreuse br๛l้e, qui est la cause de la salure, comme on l’avait dit. Et de lเ vient que, de fa็on universelle, toute l’eau de sources ou de fleuves qui est sal้e a ้t้ un jour chaude, parce qu’elle provient d’une terre br๛l้e : mais par la suite le feu s’้teint sous la terre, et la terre qui devient sulfureuse ou quelque chose d’autre apr่s combustion demeure encore enti่rement br๛l้e เ la mani่re de la chaux ou de la cendre : de ce fait, l’eau qui passe เ travers elle devient sal้e. Et non seulement elle devient sal้e et re็oit la salure de la terre par laquelle elle passe, mais elle re็oit aussi d’autres saveurs, comme il le montre par certains exemples ; et le texte est clair.

ภ la fin il r้capitule ce qui a ้t้ dit : et c’est tout aussi clair dans le texte.

 

 

Caput 7

Chapitre 7 – [La cause et les effets des vents]

[80241] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 1 Postquam philosophus determinavit de mari, cuius salsedo causatur ex admixtione exhalationis siccae terrestris, consequenter determinat de ventis, qui ab eadem exhalatione sicca causantur.

Et dividitur in partes duas: in prima determinat de ipsis ventis; in secunda de quibusdam passionibus ex ventis causatis, ibi: de agitatione autem et motu et cetera.

Prima iterum dividitur in duas: in prima determinat de ventis in communi; in secunda de speciebus ventorum, ibi: de positione et cetera.

Prima dividitur in tres partes: in prima determinat de generatione ventorum; in secunda de motu locali eorum, ibi: latio autem ipsorum etc.; in tertia de augmento et quietatione ipsorum, ibi: sol autem et cessare et cetera.

Circa primum tria facit: primo praemittit principia generationis ventorum; secundo ponit modum generationis eorum, ibi: exhalatione autem sicut etc.; tertio manifestat quod dictum est, ibi: hoc autem quod isto modo et cetera.

178. Apr่s que le philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la mer, dont la salure est caus้e par l’ajout de l’exhalaison s่che terreuse, il traite cons้quemment des vents, qui sont caus้s par la m๊me exhalaison s่che.

Et cela se divise en deux parties : dans la premi่re il traite des vents eux-m๊mes ; dans la seconde, de certains accidents caus้s par eux, lเ : de l’agitation et du mouvement, etc.

La premi่re se divise de nouveau en deux : dans la premi่re il d้termine la v้rit้ sur les vents en g้n้ral ; dans la seconde sur les esp่ces des vents, lเ : sur la position, etc.

La premi่re se divise en trois parties : dans la premi่re il d้termine la v้rit้ sur la g้n้ration des vents ; dans la deuxi่me sur leur mouvement local, lเ : leur translation, etc. ; dans la troisi่me sur leur augmentation et leur repos, lเ : or le Soleil, etc.

Concernant le premier point il fait trois choses : premi่rement il avance les principes de la g้n้ration des vents ; deuxi่mement il pose le mode de leur g้n้ration, lเ : par l’exhalaison comme, etc. ; troisi่mement il montre ce qui a ้t้ dit, lเ : ce qui est de cette mani่re, etc.

[80242] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 2 Circa primum duo facit. Primo assignat principium materiale ventorum. Et dicit quod, cum dicendum est de spiritibus, idest de ventis, oportet resumere hoc principium, quod iam prius dictum est, scilicet quod sunt duae species exhalationis: una quidem humida, quae vocatur vapor; alia autem sicca, quae, quia non habet nomen commune, a quadam sui parte vocetur fumus; nam fumus proprie dicitur exhalatio sicca lignorum ignitorum. Duae autem hae exhalationes non sic discretae sunt ad invicem, quod humidum sit sine sicco, et siccum sine humido: sed ab eo quod excedit, utraque denominatur.

179. Concernant le premier point il fait deux choses. Premi่rement il donne le principe mat้riel des vents. Et il dit que, lorsque l'on doit parler des souffles, c'est-เ-dire des vents, il faut partir du principe qui a d้jเ ้t้ dit auparavant, เ savoir qu'il y a deux esp่ces d’exhalaison : l'une humide, qui est appel้e vapeur ; l'autre s่che qui, puisqu'elle n'a pas de nom commun, est appel้e fum้e เ partir d'une certaine de ses parties ; car la fum้e, เ proprement parler, d้signe l’exhalaison s่che des bois br๛l้s. Ces deux exhalaisons ne sont pas s้par้es l'une de l'autre, เ savoir qu'il n'y a pas d’humide sans sec, ni de sec sans humide : mais les deux sont nomm้es เ partir de ce qui est en exc่s.

[80243] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 3 Secundo ibi: lato autem sole etc., ponit principium efficiens, quod est motus solis. Et dicit quod cum sol suo motu appropinquat ad aliquam partem terrae, sua caliditate elevat humidum: eo autem elongato, vapor elevatus, propter frigiditatem, condensatur in aquam. Et inde est quod in hieme magis pluit quam in aestate, et in nocte quam in die, licet aquae nocturnae lateant propter somnum. Aqua autem pluens dividitur per terram, et bibitur ab ea. In terra autem est multum de calore, ex actione solis et aliorum corporum caelestium; et sol desuper eam calefaciens, non solum attrahit per evaporationem humidum quod supernatat terrae, ut puta aquam maris, fluviorum et stagnorum, sed etiam ipsam terram desiccat, attrahens humorem imbibitum in terra. Quod ergo exhalat ab humido supernatante, dicitur vapor: quod autem exhalat per desiccationem terrae, dicitur fumus; sicut in simili dicitur fumus, quod exhalat a lignis calefactis.

180. Deuxi่mement lเ : comme le Soleil se meut, Il pose le principe efficient, qui est le Soleil. Et il dit que, lorsque le Soleil s'approche de son propre mouvement d’une partie de la terre, il fait s'้lever l'humide par sa chaleur : mais lorsqu'il s'est ้loign้, la vapeur qui s'est ้lev้e, en raison du froid, se condense en eau. C’est la raison pour laquelle en hiver il pleut plus qu'en ้t้ et la nuit plus que le jour bien que les eaux nocturnes soient cach้es en raison du sommeil. L'eau de pluie s'infiltre dans la terre et est bue par elle. Dans la terre il y a beaucoup de chaleur sous l'action du Soleil et des autres corps c้lestes ; et le Soleil, la r้chauffant d'en haut, non seulement attire par ้vaporation l’humide qui se trouve เ la surface de la terre, comme par exemple l'eau de mer, des fleuves et des lacs, mais dess่che aussi la terre elle-m๊me, attirant le liquide bu par la terre. Donc ce qui s’exhale เ partir de l'humide qui se trouve เ la surface est appel้ vapeur : ce qui s’exhale par ass่chement de la terre est appel้ fum้e, comme on appelle fum้e par analogie ce qui s’exhale เ partir des bois br๛l้s.

[80244] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 4 Deinde cum dicit: exhalatione autem sicut etc., determinat generationem ventorum. Et dicit quod, cum exhalatio duplex sit, ut dictum est, una vaporosa et alia fumosa, necesse est quod ex motu solis fiat utraque. Ea autem quae plus habet de humido, est principium pluentis aquae, ut supra dictum est (quod dicit propter hoc, quia supra dixerat ei admisceri aliquid de exhalatione sicca): sicca autem exhalatio est principium ventorum.

181. Ensuite lorsqu’il dit : puisque l’exhalaison, comme, Il d้termine la v้rit้ sur la g้n้ration des vents. Et il dit que, comme l’exhalaison est double, ainsi qu’on l’a dit, l'une vaporeuse et l'autre fumeuse, il est n้cessaire que les deux soient produites par le mouvement du Soleil. Celle qui a le plus d'humidit้ est le principe de l'eau de pluie, comme on l'a dit ci-dessus (il dit cela parce qu’il avait dit ci-dessus que quelque chose de l’exhalaison s่che y ้tait m๊l้), tandis que l’exhalaison s่che est le principe des vents.

[80245] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 5 Deinde cum dicit: hoc autem quod isto modo etc., manifestat quod dictum est de generatione ventorum.

Et circa hoc tria facit: primo hoc manifestat per rationem; secundo ex hoc quod dictum est, excludit falsas opiniones de ventis, ibi: quoniam autem altera etc.; tertio hoc manifestat per signa, ibi: attestantur autem quae fiunt et cetera.

Dicit ergo primo quod, cum sit duplex exhalatio, propter duo ex quibus consurgit, scilicet terram et aquam, possibile est, immo necessarium, quod sol et caliditas quae est circa terram, possit causare resolutionem utriusque exhalationis.

182. Ensuite, quand il dit : les œuvres elles-m๊mes, etc., il montre ce qui a ้t้ affirm้ sur la g้n้ration des vents.

Et, sur ce point, il fait trois choses : premi่rement il le montre par un raisonnement ; deuxi่mement, en s’appuyant sur ce qui a ้t้ affirm้, il rejette les opinions erron้es sur les vents, lเ : puisque l’autre, etc. ; troisi่mement, il le montre par des indices, lเ : ce qui est fait l’atteste, etc.

Il dit donc premi่rement que, comme l’exhalaison est double, เ cause des deux ้l้ments d’o๙ elle s’้l่ve, เ savoir la terre et l’eau, il est possible, ou mieux n้cessaire, que le Soleil et la chaleur qui est autour de la terre puissent causer la r้solution des deux exhalaisons.

[80246] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 6 Deinde cum dicit: quoniam autem altera etc., excludit falsas opiniones de ventis. Et primo quantum ad hoc, quod dicebant quod eadem natura est venti et pluviae. Quod quidem excludit per hoc, quod diversorum diversi sunt effectus: unde, cum exhalationes differant secundum siccum et humidum, necesse est quod non sit eadem natura venti et natura aquae pluentis, ut quidam posuerunt, dicentes quod idem aer quando movetur, est ventus, quando autem condensatur, fit aqua.

Sed, sicut dictum est in libro de Generatione, aer habet aliquid vaporis et aliquid fumi. Vapor eius est frigidus et humidus, et bene terminabilis, propter grossitiem: et hoc convenit aeri inquantum est humidus. Sic etiam vapor, qui elevatur ab aqua, est frigidus secundum suam naturam, sicut et aqua non calefacta: sicut autem aqua calefacta remanet frigida secundum naturam, ita et vapor. Sed fumus est calidus et siccus: siccus quidem propter terram, calidus autem propter ignem. Unde manifeste patet quod superior aer, qui est calidus et humidus, habet similitudinem cum utroque.

183. Ensuite, quand il dit : puisque l’esp่ce des deux, il rejette les opinions erron้es sur les vents. Et premi่rement l’opinion de ceux qui affirmaient que le vent et la pluie ont la m๊me nature. Il la rejette parce que diverses choses ont divers effets : de ce fait, comme les exhalaisons diff่rent en s้cheresse et en humidit้, il est n้cessaire que la nature du vent et celle de l’eau de pluie ne soient pas les m๊mes, comme certains l’ont pos้, en disant que l’air, quand il est m๛, est le vent, alors qu’il devient de l’eau quand il est condens้.

Mais, comme il a ้t้ dit dans le livre de la G้n้ration, l’air a quelque chose de la vapeur et quelque chose de la fum้e. Sa vapeur est froide et humide, et bien d้limitable, en vertu de son ้paisseur : et cela convient เ l’air dans la mesure o๙ il est humide. Ainsi, la vapeur, qui s’้l่ve de l’eau, est, elle aussi, froide par nature, comme l’eau qui n’a pas ้t้ chauff้e : il en est pour la vapeur que pour l’eau qui, chauff้e, reste froide par nature. Mais la fum้e est chaude et s่che : elle est s่che เ cause de la terre, et chaude เ cause du feu. D่s lors il est manifestement clair que la partie sup้rieure de l’air, qui est chaude et humide, a une ressemblance avec les deux.

[80247] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 7 Secundo ibi: etenim inconveniens etc., excludit falsam opinionem quantum ad hoc, quod dicebant quod ventus nihil aliud est quam aer motus. Et dicit quod inconveniens est, si quis existimet quod iste aer qui circumstat unumquemque nostrum, quando movetur est ventus; vel quod unusquisque motus qui accidit in aere, sit ventus; sicut etiam non existimamus fluvium esse aquam qualitercumque fluentem, etiam si multa sit, sed solum quando fluit ex aliquo principio determinato, quod est fons ex terra scaturiens. Sic etiam est de ventis: non enim est ventus, si aer moveatur aliquo modo casu, etiam in magna multitudine, nisi habeat principium, quasi fontem, exhalationem siccam elevatam. Sic igitur non est verum quod aer motus est ventus: tum quia quandoque parvus aer movetur, tum quia non habet principium.

184. Deuxi่mement, lเ : et en outre il est inconvenant, il rejette l’opinion erron้e de ceux qui disaient que le vent n’est rien d’autre que de l’air en mouvement. Et il dit qu’il est inconvenant d’affirmer que l’air qui entoure chacun de nous est un vent quand il est m๛ ou bien que chaque mouvement qui se produit dans l’air est un vent ; de m๊me que nous ne consid้rons pas comme un fleuve l’eau qui coule de quelque mani่re que ce soit, m๊me si elle est abondante, mais seulement quand elle coule d’un principe d้termin้, qui est une source jaillissant de terre, de m๊me pour les vents : en effet, ce n’est pas un vent si l’air est m๛ de quelque mani่re par hasard, m๊me en grande quantit้, เ moins d’avoir comme principe, comme source pour ainsi dire, l’exhalaison s่che qui s’est ้lev้e. Ainsi donc, il n’est pas vrai que le vent soit de l’air mis en mouvement : d’une part parce qu’un peu d’air est parfois m๛, d’autre part parce qu’il n’a pas de principe.

[80248] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 8 Deinde cum dicit: attestantur autem quae fiunt etc., manifestat quod dictum est de generatione ventorum, per signa.

Et dividitur in partes tres, secundum tria signa quae ponit: secunda pars incipit ibi: adhuc autem post imbres etc.; tertia ibi: adhuc autem fiendi et cetera.

Dicit ergo primo quod ea quae fiunt circa ventos et pluvias, attestantur his quae dicta sunt de generatione eorum. Quia enim continue fit exhalatio, licet quandoque magis et quandoque minus, propter hoc nubes, ex quibus causantur pluviae, et venti semper fiunt, secundum quod natura temporis habet: quia quandoque magis fit, quandoque minus, secundum diversam temporis conditionem. Et quia quandoque exhalatio vaporosa plus elevatur, quandoque autem plus de fumosa, secundum diversos effectus solis et stellarum, ideo quandoque fiunt anni magis pluviosi et humidi, quandoque autem magis ventosi et sicci.

Quod quidem contingit dupliciter: uno modo secundum unam totam regionem continuam, in qua aliquo tempore multiplicantur pluviae, et aliquo tempore venti; alio modo fit secundum partes. Quandoque enim in una parte unius regionis accidunt multi imbres, in alia vero parte eiusdem regionis accidit multa siccitas: quandoque etiam contingit contrarium, quod tota regio circumstans habet mediocres aquas, vel etiam excedit in siccitate, alia vero abundat multitudine aquarum. Et huius causam assignat, dicens quod causa huius est, quod verisimile est quod eadem passio vel siccitatis vel humiditatis, pertingat frequentius ad multam regionem, ex hoc quod loca quae sunt prope, eandem habent positionem vel situm respectu solis, qui est causa pluviarum et ventorum: nisi forte aliqua habeat aliquid proprium quod immutet dispositionem eius, ut puta montes vel aquas. Sed quamvis ut plurimum hoc accidat, quod tota regio eandem participet passionem, tamen quandoque contingit quod secundum unam partem unius regionis abundet exhalatio sicca, ad generandum ventos, aliquando autem humida, ad generandum pluvias: et quandoque contingit contrarium, ut scilicet ubi olim abundavit pluvia, ibi nunc abundet ventus.

Et huiusmodi diversitatis causa est, quia contingit de utraque exhalatione quod transeat in exhalationem alterius regionis habitae, idest consequenter se habentis: ut puta, quandoque sicca exhalatio facit fluxum ventorum in illa regione unde elevatur, sed exhalatio humida a ventis impellitur ad aliquam regionem propinquam terrae ventosae; et aliquando remanet humida, et transfertur sicca. Sicut enim in corpore animalis aliquando superior ventositas, quae ex stomacho exhalat, contrarie disponitur inferiori, quae exhalat ex intestinis; sic et circa loca accidit quod patiuntur quandam contraiacentiam ex permutatione exhalationum; scilicet dum in regione ex qua transfertur exhalatio humida, abundat siccitas, et in illa ad quam transfertur, abundat humiditas.

185. Ensuite, quand il dit : ce qui se produit atteste, il montre ce qui a ้t้ dit sur la g้n้ration des vents par des indices.

Et cela se divise en trois parties, suivant les trois indices qu’il pose : la seconde commence lเ : en outre apr่s les pluies, etc. ; la troisi่me, lเ : en outre, etc.

Il dit donc premi่rement que ce qui se produit pour les vents et les pluies atteste ce qui a ้t้ avanc้ sur leur g้n้ration. En effet, puisque l’exhalaison se forme continuellement, bien qu’elle soit plus ou moins grande, les nuages, qui sont les causes de la pluie, et les vents se forment toujours, dans la mesure o๙ la nature du temps la tient : car elle se forme plus ou moins suivant les divers ้tats du temps. Et puisque c’est tant๔t l’exhalaison vaporeuse qui s’้l่ve en plus grande quantit้, tant๔t l’exhalaison fumeuse, selon les diff้rents effets produits par le Soleil et les ้toiles, les ann้es se font tant๔t plus pluvieuses et humides, tant๔t plus venteuses et s่ches.

Cela arrive de deux mani่res : d’une part dans l’้tendue de toute une r้gion, o๙ les pluies se multiplient เ un moment donn้, et les vents เ un autre ; d’autre part dans ses parties. En effet, tant๔t dans une partie d’une r้gion tombent des pr้cipitations en abondance, tandis que dans une autre partie de la m๊me r้gion r่gne une forte s้cheresse ; tant๔t c’est le contraire qui se produit : toute la r้gion qui se trouve autour re็oit une faible quantit้ d’eau ou m๊me un exc่s de s้cheresse, alors qu’une autre a une abondante quantit้ d’eau. Et il donne la cause de ce ph้nom่ne : il dit qu’il est vraisemblable que le m๊me accident soit de s้cheresse, soit d’humidit้ s’้tende plus fr้quemment เ une vaste r้gion du fait que les lieux qui sont proches ont la m๊me position ou situation par rapport au Soleil, qui est la cause des pluies et des vents, เ moins qu’elle n’ait quelque particularit้ qui modifie sa disposition, comme par exemple les montagnes ou les eaux. Mais quoiqu’il arrive le plus souvent que la m๊me r้gion partage tout enti่re le m๊me accident, tant๔t il advient que, dans une seule partie d’une r้gion, c’est l’exhalaison s่che qui abonde, pour engendrer les vents, mais parfois l’exhalaison humide, pour engendrer les pluies ; tant๔t c’est le contraire qui advient : lเ o๙ la pluie abondait, c’est maintenant le vent qui abonde.

Et la cause d’une diversit้ de ce genre est qu’il arrive เ chacune des deux exhalaisons de remplacer celle de la r้gion occup้e, c’est-เ-dire suivante : par exemple tant๔t l’exhalaison s่che cr้e le flux des vents dans la r้gion d’o๙ elle s’้l่ve, tandis que l’exhalaison humide est pouss้e par les vents vers une r้gion voisine d’une terre venteuse ; tant๔t l’exhalaison humide reste et c’est l’exhalaison s่che qui est transport้e. En effet, de m๊me que dans un corps d’animal les flatuosit้s sup้rieures qui s’exhalent de l’estomac sont parfois dispos้es de mani่re contraire aux flatuosit้s inf้rieures qui s’exhalent de l’intestin, de m๊me il arrive เ ces lieux de subir une certaine antip้ristase เ la suite de la permutation des exhalaisons, เ savoir que, pendant que la s้cheresse r่gne dans la r้gion d’o๙ l’exhalaison humide est transport้e, l’humidit้ abonde dans celle o๙ elle est transport้e.

[80249] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 9 Deinde cum dicit: adhuc autem post imbres etc., ponit secundum signum. Et dicit quod pluries fit ventus post pluvias in locis in quibus pluit; et e converso venti cessant aqua pluente. Et hoc accidit propter hoc quod dictum est de principiis pluviae et ventorum, quia scilicet unum eorum fit ex exhalatione sicca, aliud ex humida. Quia cum pluvia ceciderit et humectaverit terram, iterato a terra exhalat exhalatio sicca, quae est materia ventorum, desiccata ipsa terra tum a caliditate intrinseca, tum a superiori caliditate solis. Et haec est causa quare post pluvias fiunt venti: cum scilicet venti invalescant per separationem talis elevationis a terra. Et cessant propter hoc, quod ex virtute caloris iterato separatur calidus vapor a terra, et elevatur in superiorem locum, et propter frigiditatem ibi condensatur, et fit pluvia: et haec est causa quare post ventos pluviae superveniunt. Nec solum pluviae succedunt ventis, sed etiam destruunt eos: quia cum nubes a vento adunentur in unum locum, frigiditas circumstans condensat eas, et generantur aquae; aqua vero infrigidat et humectat exhalationem siccam, quae erat materia ventorum. Unde manifestum est quod aquae fluentes faciunt cessare ventos, et succedunt, ipsis cessantibus, pluviae, propter praedictas causas. Et hoc accipit ut signum ad ostendendum quod ventus et pluvia fiunt ex causis contrariis.

186. Ensuite, quand il dit : de plus, apr่s les pluies, etc., il donne le second indice. Et il dit que le vent se l่ve plusieurs fois apr่s les pluies dans les endroits o๙ il pleut ; et inversement les vents cessent quand la pluie tombe. Et cela arrive en raison de ce qui a ้t้ dit sur les principes de la pluie et des vents, เ savoir que l’un est produit par l’exhalaison s่che et que l’autre l’est par l’exhalaison humide. En effet, lorsque la pluie est tomb้e et a humidifi้ la terre, l’exhalaison s่che, qui est la mati่re des vents, s’exhale une seconde fois de la terre, cette derni่re s’้tant dess้ch้e sous l’effet d’une part de la chaleur intrins่que, d’autre part de la chaleur sup้rieure du Soleil. Et c’est la raison pour laquelle les vents se l่vent apr่s la pluie : les vents s’intensifient เ la suite de la s้paration d’une telle ้l้vation de la terre. Et ils cessent parce que la vapeur chaude est une seconde fois s้par้e de la terre sous l’effet de l’intensit้ de la chaleur, s’้l่ve dans la partie sup้rieure, s’y condense เ cause du froid et devient de la pluie : et c’est la raison pour laquelle les pluies surviennent apr่s les vents. Non seulement les pluies succ่dent aux vents, mais elles les an้antissent aussi, puisque, lorsque les nuages sont rassembl้s par le vent en un seul endroit, le froid qui les enveloppe les condense et les eaux sont engendr้es ; or l’eau refroidit et humidifie l’exhalaison s่che, qui est la mati่re des vents. De ce fait il est manifeste que les eaux qui tombent font cesser les vents et que les pluies leur succ่dent, quand ils cessent, pour les raisons d้jเ mentionn้es. Et il admet cela comme indice pour montrer que le vent et la pluie naissent de causes contraires.

[80250] Super Meteora, lib. 2 cap. 7 n. 10 Deinde cum dicit: adhuc autem fiendi etc., ponit tertium signum quod venti generentur ab exhalatione sicca. Haec enim est causa quare fiunt venti maxime ab ursa, idest a Septentrione (quod vocatur ab ursa, eo quod duae ursae, maior et minor, circumeunt polum Septentrionalem de propinquo), et iterum a meridie: inter omnes enim ventos magis abundant Boreae, qui sunt a Septentrione, et Austri, qui sunt a meridie.

Et huius causa est, quia super ista loca non movetur sol, sed accedit ad ea et recedit ab eis. Ad polum quidem Septentrionalem maxime accedit, cum pervenit ad principium cancri: et tunc incipit ab eo recedere continue magis, quousque perveniat ad principium Capricorni; tunc enim maxime accedit ad polum contrarium, a quo iterum recedens circulariter redit ad principium cancri. Et propter hoc haec duo puncta, scilicet principium cancri et Capricorni, dicuntur tropica, idest conversiva: et quando est in principio cancri, fit versio aestiva, quando autem est in principio Capricorni, versio hiemalis. Ultra autem haec duo signa non accedit ad alterutrum polorum. Sed super orientem et occidentem semper fertur. Et ideo in locis qui lateraliter se habent ad viam solis, multae nubes congregantur: quia appropinquante sole, fit exhalatio humidi propter calorem; recedente autem sole ad locum contrarium, fiunt pluviae et hiemalia frigora.

Sic igitur propter hoc quod sol accedit ad tropicos vel recedit, fit aestas et hiems, et elevatur aqua per evaporationem, et iterum pluit.

Quia cum in caelo accedit sol ad principium cancri, fit aestas nobis, et elevantur plurimi vapores propter calorem ex vicinitate solis: cum autem accedit ad principium Capricorni, fit nobis frigus et hiems, et multitudo pluviarum, propter elongationem solis a nobis. E converso autem accidit in illa parte terrae sita ad alium polum. Quia igitur in istis locis qui sunt ad meridiem et Septentrionem, plurima aqua descendit, oportet quod ibi etiam plurima fiat exhalatio; sicut ex lignis viridibus et humidis maior exhalat fumus quam ex siccis. Unde, cum exhalatio talis sit principium ventorum, rationabile est quod plures et maximi ventorum sint, qui flant a meridie et vocantur Austri, et qui a Septentrione et vocantur Boreae.

Considerandum est tamen quod Aristoteles hic dicit Austrum flare ab alio polo, secundum aliorum opinionem: sed contrarium infra dicet secundum suam opinionem, et aliam causam assignabit de vehementia huius venti.

187. Ensuite quand il dit : la raison pour laquelle les souffles, etc., il donne le troisi่me indice selon lequel les vents sont engendr้s par l’exhalaison s่che. En effet, c’est la raison pour laquelle les vents se l่vent surtout เ l’Ourse, c’est-เ-dire au nord (ce qui est appel้ เ l’Ourse, du fait que les deux Ourses, la grande et la petite, tournent autour du p๔le nord de pr่s) et encore au sud : en effet, parmi tous les vents les plus abondants sont les bor้es, qui viennent du nord, et les austers, qui partent du sud.

Et la raison en est que le Soleil ne se meut pas au-dessus de ces lieux, mais qu’il s’en approche et s’en ้loigne. Il s’approche surtout du p๔le nord lorsqu’il arrive au d้but du Cancer ; alors il commence เ s’en ้loigner de plus en plus jusqu’เ ce qu’il parvienne au d้but du Capricorne ; car il s’approche เ ce moment-lเ du p๔le contraire, d’o๙ il s’้loigne de nouveau pour revenir en cercle au d้but du Cancer. Et c’est pourquoi ces deux points, เ savoir le d้but du Cancer et du Capricorne, sont appel้s tropiques, c’est-เ-dire conversives. Et quand il se trouve au d้but du Cancer, la conversion d’้t้ se produit, mais quand il se trouve au d้but du Capricorne, c’est celle de l’hiver. Au-delเ de ces deux constellations il ne parvient pas เ aucun des deux p๔les. Mais il est toujours emport้ au-dessus de l’orient et de l’occident. Et de nombreux nuages s’accumulent dans les lieux qui se trouvent lat้ralement sur le chemin du Soleil, parce que, quand il s’approche, se forme une exhalaison d’humidit้ en raison de la chaleur, mais que, quand il s’้loigne vers le lieu contraire, se forment des pluies et des froids hivernaux.

Ainsi donc, du fait que le Soleil s’approche des tropiques ou s’en ้loigne, l’้t้ et l’hiver se font, et l’eau s’้l่ve par ้vaporation, puis il pleut de nouveau. En effet, lorsque dans le ciel le Soleil s’approche du d้but du Cancer, c’est l’้t้ pour nous et les vapeurs s’้l่vent en plus grand nombre en raison de la chaleur au voisinage du Soleil ; mais lorsqu’il s’approche du principe du Capricorne, c’est pour nous le froid et l’hiver, ainsi qu’une grande quantit้ de pluie, du fait que le Soleil s’est ้loign้ de nous. C’est l’inverse qui arrive dans cette partie de la terre situ้e เ l’autre p๔le. Donc, puisqu’une tr่s grande quantit้ d’eau tombe dans les r้gions qui sont au sud et au nord, il faut que la plus grande quantit้ d’exhalaison s’y produise aussi, de m๊me qu’une plus grande quantit้ de fum้e s’exhale de bois verts et humides que de bois secs. De ce fait, comme une telle exhalaison est le principe des vents, il est rationnel que les plus nombreux et les plus forts des vents soient ceux qui soufflent du sud, et qui sont appel้s austers, et ceux qui soufflent du nord, et qui sont appel้s bor้es.

Il faut pourtant remarquer qu’Aristote dit ici que l’auster souffle de l’autre p๔le selon l’opinion d’autres savants, mais il dira le contraire ci-dessous suivant sa propre opinion, et il attribuera une autre cause เ la violence de ce vent.

 

 

Caput 8

Chapitre 8 – [Le mouvement des vents]

[80251] Super Meteora, lib. 2 cap. 8 n. 1 Postquam determinavit de generatione ventorum, hic determinat de motu ipsorum.

Et circa hoc duo facit : primo ostendit qualis sit motus eorum ; secundo inquirit de principio motus eorum, ibi: propter quod et dubitabit et cetera.

Dicit ergo primo quod, quamvis exhalatio quae est principium ventorum, sursum elevetur in rectum, tamen motus eorum non est in rectum: flant enim venti circa terram ab una parte in aliam procedentes, sicut ab oriente in occidentem, vel e converso. Et causa talis motus est quod, ut supra dictum est, superior pars aeris fertur circulariter secundum motum caeli; et licet in illo superiori aere non flant venti, ut supra dictum est, sed in aere inferiori qui est infra altitudinem montium supremorum, tamen iste etiam aer aliquid participat de motu superioris, licet ista circulatio non compleatur. Et ex hoc contingit quod exhalationes commoventes aerem, non movent ipsum in sursum aut in deorsum, quod videtur exigere subtilitas exhalationis calefactae, aut frigiditatis iam condensatae; sed commovent aerem in obliquum, quasi aere retinente aliquid de utroque motu. Unde non oportet quod semper motus venti sit ad occidentem, sicut est motus caeli, sed fit in oppositum exhalationis compellentis; quae tamen impulsio ex motu caeli habet quod sit obliqua.

Nec propter hoc sequitur quod motus venti non sit naturalis, quia obliquitas eius causatur ex motu corporis caelestis: tum quia motus qui fiunt in inferioribus a corpore caelesti, dicuntur naturales, licet non sint secundum naturam corporis inferioris, ut patet in fluxu et refluxu maris, quia corpora inferiora naturaliter subduntur superioribus; tum quia naturale est unicuique, quod consequitur ipsum ex causa suae generationis; unde, cum causa activa ventorum sit motus solis, ut supra dictum est, sequitur quod obliquitas motus ex motu caeli causata, sit ei naturalis.

188. Apr่s qu’il a d้termin้ la v้rit้ sur la g้n้ration des vents, il la d้termine ici sur leur mouvement.

Et sur ce point il fait deux choses : premi่rement, il montre quel est leur mouvement ; deuxi่mement, il enqu๊te sur le principe de leur mouvement, lเ : et c’est pourquoi il doutera, etc.

Il dit donc que, bien que l’exhalaison qui est le principe des vents s’้l่ve vers le haut en ligne droite, leur mouvement n’est pourtant pas en ligne droite : les vents soufflent, en effet, autour de la terre en progressant d’une partie เ une autre, par exemple d’orient en occident, ou le contraire. Et la cause d’un tel mouvement est que, comme on l’a dit ci-dessus, la partie sup้rieure de l’air est transport้e circulairement selon le mouvement du ciel ; et bien que les vents ne soufflent pas dans cette partie sup้rieure de l’air, mais dans la partie inf้rieure qui se trouve sous la hauteur des montagnes les plus ้lev้es, cet air participe pourtant lui aussi du mouvement de l’air sup้rieur, encore que cette circulation ne soit pas parfaite. Et, เ partir de lเ, il arrive que les exhalaisons qui font bouger l’air ne le meuvent pas vers le haut ou vers le bas, ce que semble exiger la subtilit้ de l’exhalaison r้chauff้e ou du froid d้jเ condens้, mais qu’elles le fassent bouger de mani่re oblique, comme si l’air retenait quelque chose des deux mouvements. De ce fait, il ne faut pas que le mouvement du vent soit toujours vers l’occident, comme l’est celui du ciel, mais il se fait เ l’oppos้ de l’exhalaison qui le pousse ; cette impulsion venue du mouvement du ciel a de quoi ๊tre oblique.

Et il ne s’ensuit pas que le mouvement du ciel ne soit pas naturel, puisque son obliquit้ est caus้e par le mouvement d’un corps c้leste, d’une part parce que les mouvements qui sont faits par un corps c้leste chez les corps inf้rieurs sont dits naturels, quoiqu’ils ne soient pas selon la nature du corps inf้rieur, comme on le voit avec le flux et le reflux de la mer, ้tant donn้ les corps inf้rieurs sont naturellement soumis aux sup้rieurs, d’autre part parce qu’est naturel pour chaque chose ce qui vient apr่s elle เ cause de sa g้n้ration ; d่s lors, comme la cause active des vents est le mouvement du Soleil, ainsi qu’on l’a dit ci-dessus, il en r้sulte que l’obliquit้ du mouvement, caus้e par le mouvement du ciel, lui est naturelle.

[80252] Super Meteora, lib. 2 cap. 8 n. 2 Deinde cum dicit: propter quod et dubitabit etc., inquirit de principio motus ventorum: et primo unde incipiant moveri; secundo qualiter ex illo principio procedant, ibi: quod autem exhalationibus et cetera.

Dicit ergo primo quod, quia non est motus venti in rectum, scilicet neque sursum neque deorsum, sed in obliquum, dubitabit utique quis unde sit principium motus ventorum, utrum sursum aut deorsum. Sed quod principium motus ventorum sit sursum, manifestat ipse aer, in quo apparet motus venti, antequam ventus flaverit in terra. Nam si apparuerit aliqua nubes aut caligo, videtur moveri a vento iam existente in aere, antequam manifeste veniat circa terram, tanquam vento habente principium motus sursum. Sed quia ventus generatur ex multitudine exhalationis siccae resolutae a terra, manifestum est quod, licet principium motus sit desuper, tamen materiale principium generationis est de subtus. Et hoc ideo, quia ab illo loco incipit motus venti, in quem tendit exhalatio sicca elevata; sicut ab illo loco incipit descendere pluvia, quo ascendit vapor. Et hoc apparet ex hoc quod motus venti magis dominatur in locis altis remotis a terra; et etiam, cum exhalatio in rectum sursum feratur, ibi incipit motus; et in loco ubi appropinquat illi principio, magis potest ventus. Sed tamen manifestum est quod principium generationis venti est ex terra.

189. Ensuite, quand il dit : c’est pourquoi on se demandera, etc., il enqu๊te sur le principe du mouvement des vents : et premi่rement เ partir d’o๙ ils commencent เ se mouvoir ; deuxi่mement de quelle mani่re ils progressent เ partir de ce principe, lเ : ce qui par les exhalaisons, etc.

Il dit donc premi่rement que, puisque le mouvement du vent n’est pas en ligne droite, c’est-เ-dire ni vers le haut, ni vers le bas, mais oblique, on se demandera quelle est l’origine du mouvement des vents, si c’est d’en haut ou d’en bas. Mais ce qui manifeste que le principe du mouvement des vents vient d’en haut, c’est l’air lui-m๊me, o๙ ce mouvement appara๎t, avant que le vent n’ait souffl้ sur la Terre. Car si un nuage ou un banc de brouillard est apparu, on le voit ๊tre m๛ par le vent, qui existe d้jเ dans l’air, avant qu’il ne vienne manifestement sur la Terre, comme si le vent tenait le principe de son mouvement d’en haut. Mais puisque le vent est engendr้ par une grande quantit้ d’exhalaison s่che s’้tant d้gag้e de la terre, il est manifeste que, quoique le principe du mouvement provienne d’en haut, le principe mat้riel de la g้n้ration vient d’en bas. Et cela parce que le mouvement du vent commence เ l’endroit vers lequel tend l’exhalaison s่che qui s’est ้lev้e, tout comme la pluie commence เ tomber du lieu o๙ la vapeur est mont้e. Ce qui le montre, c’est que le mouvement du vent est dominant dans les lieux situ้s en altitude et ้loign้s de la terre, que, lorsque l’exhalaison est entra๎n้e vers le haut, c’est lเ que commence son mouvement, et qu’เ l’endroit o๙ le vent s’approche de cette origine il a plus de force. Mais il est cependant manifeste que le principe de la g้n้ration du vent provient de la terre.

[80253] Super Meteora, lib. 2 cap. 8 n. 3 Deinde cum dicit: quod autem exhalationibus etc., ostendit quomodo venti procedunt a suo principio. Et dicit quod sicut principia fluviorum paulatim congregantur ex diversis partibus terrae, ita etiam paulatim ab exhalationibus adunatis congregatur ventus. Et hoc manifestat per duo signa. Quorum unum est, quod venti minimi apparent in locis in quibus oriuntur, sed procedentes fiunt maximi. Aliud signum est, quod in partibus Septentrionalibus, in hieme est tranquillitas, et loca illa sunt sine vento boreali; sed secundum quod receditur ab eis, paulatim crescit ventus, et fit maximus.

Ultimo recolligit quod dictum est: et est manifestum in littera; sed oportet attendere quod eosdem ventos hic notos vocat, quos supra dixit Austros.

190. Ensuite, quand il dit : il est clair d’apr่s les faits, etc., il montre comment les vents s’avancent เ partir de leur principe. Et il dit que, comme les principes des fleuves se rassemblent peu เ peu เ partir des diff้rentes parties de la terre, le vent se rassemble aussi petit เ petit เ partir d’exhalaisons qui se sont r้unies. Et il le manifeste par deux indices. Le premier d’entre eux est que les vents apparaissent tr่s faibles dans les lieux o๙ ils se l่vent, mais qu’ils deviennent tr่s forts en s’avan็ant. L’autre indice est que, dans les r้gions septentrionales, le calme r่gne en hiver et ces lieux sont d้pourvus de vent du nord, mais que, selon qu’il s’en ้loigne, il cro๎t peu เ peu et devient tr่s violent.

Pour terminer il rassemble ce qui a ้t้ dit : et le texte est clair, mais il faut faire attention เ ce qu’il appelle ici notos les vents qu’il avait nomm้ ci-dessus auster.

 

 

Caput 9

Chapitre 9 – [L’augmentation et la diminution des vents]

[80254] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 1 Postquam philosophus determinavit de generatione et motu ventorum, hic determinat de eorum augmento et deminutione.

Et dividitur in partes duas: in prima determinat de deminutione ventorum; in secunda de augmento eorum, ibi: indiscretus autem et difficilis et cetera.

Circa primum duo facit: primo ostendit quomodo sol sit causa deminutionis ventorum; secundo universaliter colligit causas ex quibus contingit ventos cessare vel deminui, ibi: universaliter autem fiunt et cetera.

Dicit ergo primo quod, sicut sol movet ventos, ita etiam eos cessare facit. Cum enim sunt paucae exhalationes et debiles, caliditas solis quod est magis calidum in exhalatione distrahit, ipsum consumendo et dissolvendo exhalationes, sicut maior flamma exterminat minorem, consumendo materiam eius: et sic cessant venti. Nec solum facit eos cessare iam existentes, sed etiam impedit eos ne fiant; dum scilicet praevenit, exsiccando terram, congregationem exhalationis, quae est materia ventorum (et hoc contingit maxime temporibus et locis calidis et siccis); ut si quis proiiceret modicum cumbustibile in magnum ignem, ex vehementia ignis desiccatur prius humiditas combustibilis, quam fumus inde exhalare possit.

Sic igitur sol et cessare facit ventos, consumendo materiam iam recollectam; et impedit ne fiant, velociter desiccando terram. Et ideo circa ortum Orionis, idest ante tempus in quo constellatio Orionis incipit apparere, exiens de sub radiis solis, tempore ferventis aestatis, fit maxima tranquillitas in aere a ventis, usque ad Etesias, idest ad ventos annuales, qui annuatim consueverunt flare in aestate, et prodromos, idest praecursivos: quia Etesias aliquando aliqui venti praecurrunt, propter hoc quod aliquando aliqua materia velocius praeparatur.

191. Apr่s que le Philosophe a d้termin้ la v้rit้ sur la g้n้ration et le mouvement des vents, il la d้termine ici sur leur augmentation et leur diminution.

Et cela se divise en deux parties : dans la premi่re il la d้termine sur la diminution des vents ; dans la deuxi่me sur leur augmentation, lเ : indiscret et difficile, etc.

Concernant le premier point, il fait deux choses : premi่rement, il montre comment le Soleil est la cause de la diminution des vents ; deuxi่mement, il rassemble tout เ la fois les causes pour lesquelles il arrive que les vents cessent ou diminuent, lเ : ils se forment universellement, etc.

Il dit donc premi่rement que, de m๊me que le Soleil met les vent en branle, de m๊me il les fait aussi cesser. En effet, lorsque les exhalaisons sont peu nombreuses et faibles, la chaleur du Soleil d้sunit ce qui est plus chaud dans l’exhalaison, en le consumant et en dissolvant les exhalaisons, tout comme une flamme plus grande an้antit une plus petite, en consumant sa mati่re : et c’est ainsi que cessent les vents. Et non seulement il fait cesser les vents qui existent d้jเ, mais il les emp๊che aussi de se former, เ savoir qu’il pr้vient l’accumulation de l’exhalaison, qui est la mati่re des vents en dess้chant la terre (et cela se produit surtout aux saisons et aux endroits chauds et secs) ; c’est comme si l’on projetait un peu de combustible dans un grand feu, l’humidit้ du combustible se dess้cherait sous la violence du feu avant que de la fum้e puisse s’en exhaler.

Ainsi donc, le Soleil fait cesser les vents, en consumant la mati่re d้jเ rassembl้e ; et il les emp๊che de se former, en ass้chant la terre. Et, เ cause de cela, aux alentours du lever d’Orion, c’est-เ-dire avant le moment o๙ la constellation d’Orion commence เ appara๎tre, lors du br๛lant ้t้, le calme le plus grand est fait dans l’air par les vents, jusqu’aux ้t้siens, c’est-เ-dire aux vents annuels, qui ont l’habitude de souffler chaque ann้e en ้t้, et jusqu’aux prodromes, c’est-เ-dire aux pr้curseurs : en effet, quelques vents pr้c่dent parfois les ้t้siens, du fait que quelque mati่re se pr้pare parfois plus vite.

[80255] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 2 Deinde cum dicit: universaliter autem fiunt etc., colligit causas cessationis ventorum. Et dicit quod tranquillitas a ventis fit propter duas causas: aut propter magnum frigus extinguens caliditatem resolventem exhalationem, sicut accidit tempore quo est magnum gelu, cum supra dictum sit quod pruina impeditur a ventis, et ideo cum est magnum frigus et pruina, non sunt venti; aut etiam accidit propter maximum calorem, qui suffocat et extinguit exhalationem, ut supra dictum est. Sed etiam temporibus intermediis, scilicet inter maximum frigus et maximum calorem, fiunt plurimae tranquillitates: vel quando nondum facta est exhalatio post impedimentum frigoris aut caloris; aut quando iam facta est aliqua exhalatio et praeteriit, et alia nondum advenit, postquam ex praeterita generati sunt venti.

192. Ensuite, quand il dit : en g้n้ral, les p้riodes calmes ont lieu, etc., il rassemble les causes de l’arr๊t des vents. Et il dit que les vents se calment pour deux raisons : soit เ cause d’un grand froid qui an้antit la chaleur lib้rant l’exhalaison, ainsi qu’au temps o๙ il est vif en raison d’une gel้e, comme on a dit ci-dessus que le givre est emp๊ch้ par les vents ˗ et c’est pourquoi, lorsqu’il y a un grand froid et du givre, il n’y a pas de vents ˗, soit เ la suite d’une tr่s forte chaleur, qui ้touffe et an้antit l’exhalaison, comme on l’a d้jเ dit. Mais aussi, aux saisons interm้diaires, เ savoir entre le plus grand froid et la plus forte chaleur, se produisent la plupart des calmes plats : soit quand l’exhalaison ne s’est pas encore form้e parce le froid ou le chaud l’en ont emp๊ch้e ; soit quand elle s’est d้jเ form้e et est pass้e, et qu’une autre n’est pas encore arriv้e, apr่s que les vents ont ้t้ engendr้s par l’exhalaison pass้e.

[80256] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 3 Deinde cum dicit: indiscretus autem et difficilis etc., determinat de augmento ventorum: et primo de augmento quod accidit in ortu Orionis; secundo de augmento quod accidit post ortum canis, ibi: Etesiae autem et cetera.

Dicit ergo primo quod figuratio Orionis in suo ortu et occasu, idest quando incipit apparere et quando incipit disparere, est indiscreta, sive intolerabilis, et difficilis, idest habet graves et tempestuosos ventos. Nec est contrarium ei quod supra dixit: nam ante ortum Orionis est quaedam tranquillitas, ut supra dixit, sed in ipso ortu et occasu est tempestas. Causa autem huius est, quia ortus ipsius accidit in permutatione aestatis ad autumnum, occasus autem in permutatione autumni ad hiemem. Utrumque autem tempus, et ortus et occasus, per plures dies durat, propter multitudinem constellationis, quae non tota simul incipit apparere vel disparere. In permutationibus autem temporum accidunt multae perturbationes: quia quando tempus non est determinatum ad unum, modo declinat ad hoc, modo ad contrarium. Et ideo multiplicantur pluviae et venti propter exhalationes.

193. Ensuite, quand il dit : Orion semble ๊tre interminable et difficile, etc., il d้termine la v้rit้ sur l’augmentation des vents : et premi่rement sur celle qui arrive au lever d’Orion ; deuxi่mement sur celle qui se produit apr่s le lever du Chien, lเ : les vents ้t้siens, etc.

Il dit donc premi่rement que la figure d’Orion, เ son lever et เ son coucher, c’est-เ-dire quand elle commence เ appara๎tre et quand elle commence เ dispara๎tre, est interminable, soit intol้rable, et difficile, c’est-เ-dire qu’elle soul่ve des vents p้nibles et violents. Ce n’est pas contraire เ ce qu’il a dit ci-dessus : car il r่gne un certain calme avant le lever d’Orion, comme il l’a dit plus haut, mais c’est la temp๊te เ son lever lui-m๊me et เ son coucher. La raison en est que son lever se produit au moment du passage de l’้t้ เ l’automne, tandis que son coucher a lieu lors du passage de l’automne เ l’hiver. Les deux p้riodes, aussi bien le lever que le coucher, durent plusieurs jours เ cause de la grande dimension de la constellation, qui n’appara๎t ni ne dispara๎t tout enti่re en m๊me temps au d้but. Lors des changements de saison arrivent de nombreuses perturbations : puisque quand la saison n’est pas d้termin้e, elle incline tant๔t vers tel temps, tant๔t vers le contraire.

[80257] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 4 Deinde cum dicit: Etesiae autem etc., determinat de augmento venti post ortum canis.

Et circa hoc tria facit: primo proponit propositum; secundo assignat causam, ibi: causa autem etc.; tertio circa praedicta movet dubitationem, ibi: dubitant autem quidam et cetera.

Dicit ergo primo quod Etesiae, idest venti quidam annuales, quasi semper flantes in eodem tempore, flant post conversiones, idest post solstitium aestivale; et non solum statim post ipsum solstitium, sed etiam post ortum caniculae. Et hoc ideo, quia non flant quando sol maxime appropinquat nobis, scilicet in prima versione, scilicet in principio cancri; neque quando est longe, utpote quando est in signis meridionalibus. Et iterum, Etesiae flant diebus, et noctibus cessant.

194. Ensuite, quand il dit : les vents ้t้siens, etc., il d้termine la v้rit้ sur l’augmentation du vent apr่s le lever du Chien.

Et, concernant cela, il fait trois choses : premi่rement, il expose la proposition ; deuxi่mement il donne la cause, lเ : la cause, etc. ; troisi่mement il soul่ve un doute, lเ : certains doutent, etc.

Il dit premi่rement que les ้t้siens, c’est-เ-dire certains vents annuels, comme s’ils soufflaient toujours เ la m๊me ้poque, soufflent apr่s les conversions, c’est-เ-dire apr่s le solstice d’้t้, et non seulement juste apr่s le solstice lui-m๊me, mais aussi apr่s le lever du Petit Chien. Et ce parce qu’ils ne soufflent pas lorsque le Soleil s’approche le plus de nous, เ savoir lors de la premi่re conversion, เ savoir au d้but du Cancer, ni quand il est loin, soit dans les signes du sud. En outre, les vents ้t้siens soufflent le jour et cessent la nuit.

[80258] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 5 Deinde cum dicit: causa autem etc., assignat causam praedictorum. Et primo, quare de die flant Etesiae, et maxime in mane et circa vesperum: dicens quod quando sol est maxime propinquus, exsiccat humorem, ex quo posset congregari materia venti, si resolvi posset; sed quando aliquantulum recedit, tunc exhalatio resolvitur et fit mediocris; et caliditas etiam est mediocris, ita quod aquae congelatae liquescunt; et terra, dum exsiccatur tum a caliditate solis tum a caliditate intrinseca, quasi turgescit, et dum multiplicatur humiditas resoluta, exhalat; et sic generantur venti.

195. Ensuite, quand il dit : la cause, etc., il donne la cause des ph้nom่nes pr้c้dents. Et, premi่rement, pourquoi les ้t้siens soufflent le jour, et surtout le matin et vers le soir : il dit que, lorsque le Soleil est le plus proche, il ass่che ce qui est humide, si bien que la mati่re du vent pourrait s’accumuler, เ la condition de pouvoir se d้gager ; mais lorsqu’il s’้loigne un petit peu, alors l’exhalaison se d้gage et devient d’intensit้ moyenne ; et la chaleur est elle aussi d’intensit้ moyenne, de telle sorte que les eaux gel้es se liqu้fient ; et la terre, pendant qu’elle se dess่che sous l’effet d’une part de la chaleur solaire, d’autre part de sa chaleur intrins่que, semble enfler et, tandis que l’humidit้ qui s’est d้gag้e se multiplie, produit une exhalaison ; et c’est ainsi que sont engendr้s les vents.

[80259] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 6 Secundo ibi: nocte autem deficiunt etc., ostendit causam quare nocte deficiunt Etesiae. Et dicit quod hoc ideo accidit, quia frigiditas noctium congelat humores liquescentes, ut sic exhalatio cesset. Manifestum est enim quod neque id quod est congelatum exhalat, neque siccum non habens humiditatem; sed siccum habens humiditatem calefactum exhalat. Et ideo neque in maxima propinquitate solis flant Etesiae, propter desiccationem; neque in noctibus, propter congelationem. Licet etiam huius possit assignari alia ratio: quia scilicet in nocte sol maxime distat a nobis, et ideo exhalationem elevare non potest.

196. Deuxi่mement lเ : la nuit, les vents s’arr๊tent, etc., il montre la raison pour laquelle les vents ้t้siens s’arr๊tent la nuit. Et il dit que cela arrive parce que le froid des nuits g่le les eaux en fonte, เ tel point que l’exhalaison cesse ainsi. En effet, il est manifeste que ni ce qui est gel้, ni ce qui est sec sans humidit้ ne s’้vapore ; mais un corps sec contenant de l’humidit้ s’้vapore une fois r้chauff้. Et c’est pourquoi les vents ้t้siens ne soufflent ni lors de la plus grande proximit้ du Soleil, en raison du dess่chement, ni la nuit, en raison du gel. Cependant une autre raison pourrait ๊tre aussi donn้e, เ savoir que c’est la nuit que le Soleil est le plus ้loign้ de nous, et c’est pourquoi il ne peut faire s’้lever l’exhalaison.

[80260] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 7 Deinde cum dicit: dubitant autem quidam etc., movet dubitationem circa praedeterminata. Et circa hoc tria facit: primo movet dubitationem; secundo solvit, ibi: habet autem non irrationabiliter etc.; tertio excludit quoddam quod videtur solutioni contrarium, ibi: Auster autem ab aestiva et cetera. Dicit ergo primo quod quidam dubitant quare sic venti boreales continue flant post solstitium aestivale, et Noti, idest Austri, non sic flant post solstitium hiemale. Videtur enim quod, sicut post appropinquationem solis ad polum Septentrionalem, flant venti ex illa parte, ita post appropinquationem solis ad polum contrarium, deberent flare venti ex parte opposita.

Ensuite, quand il dit : certains se demandent, etc., il soul่ve un doute concernant ce qui a ้t้ d้jเ d้termin้. Et เ ce propos il fait trois choses : premi่rement, il soul่ve le doute ; deuxi่mement, il le r้sout, lเ : il n’y a lเ rien d’irrationnel, etc. ; troisi่mement, il rejette une affirmation qui semble contraire เ la solution, lเ : l’auster souffle เ partir de la conversion d’้t้, etc. Il dit donc premi่rement que certains se demandent pourquoi les bor้es soufflent ainsi en continu apr่s le solstice d’้t้ et les Notus, c’est-เ-dire les austers, ne soufflent pas de la m๊me mani่re apr่s le solstice d’hiver. En effet, il semble que, de m๊me que, apr่s que le Soleil s’est approch้ du p๔le nord, les vents soufflent de cette partie, de m๊me, apr่s qu’il s’est approch้ du p๔le contraire, ils doivent souffler de la partie oppos้e.

[80261] Super Meteora, lib. 2 cap. 9 n. 8 Deinde cum dicit: habet autem non irrationabiliter etc., solvit praedictam dubitationem. Et dicit quod opposito tempore fiunt quidam venti qui vocantur leuconoti, sic dicti quia in sereno flant (nam leucos in Graeco album significat); sed non sic fiunt continui, sicut Etesiae boreales, et ideo, quia latent, latentia causat praedictam dubitationem. Causa autem quare non flant continue, est ista. Quia Boreas flat a locis qui sunt sub polo Arctico, in quibus est abundantia aquarum et nivium; quae quidem liquefiunt a sole magis post versiones aestivas quam in primis versionibus, licet tunc sol maxime appropinquet nobis; et ideo post aestivas versiones, et non in ipsis versionibus flant Etesiae. Ita etiam maxime suffocationes caliditatum fiunt, non quando sol maxime appropinquat nobis, qui sumus in parte Septentrionali; sed post est maior calor, propter continuationem calefactionis in longo tempore.

Primo enim, quando sol accedit versus tropicum, invenit materiam dispositam: sed paulatim dominando in ipsam, magis imprimit effectum suum postquam incipit recedere, cum tamen adhuc sit prope.

Et ideo post ortum canis, in diebus scilicet canicularibus, est maior calor quam ante solstitium vel in ipso solstitio. Et magis etiam tunc liquefiunt et aquae et nives: et ideo tunc plures fiunt exhalationes, et magis flant venti. Sed verum est quod in ipso solstitio, quando est magis prope, magis exsiccat, ut supra dixit, et magis disponit materiam ad exhalationem: sed exhalatio maior fit post ortum canis; et tunc flant Etesiae continue. Et similiter post versiones hiemales flant Ornithiae, dictae ab ave vel gallina: quia oriente aliqua constellatione avis flant, sicut Etesiae post ortum canis (has autem Ornithias supra dixit leuconotos). Et dicit quod Ornithiae sunt debiles, quia sunt minores: et tardius flant quam Etesiae; incipiunt enim flare septuagesimo die post versionem hiemalem, quasi circa principium veris.

Et hoc ideo, quia necesse est quod sol multum elongetur et minus invalescat, et non totaliter exurat regionem illam ex qua flant venti Australes, ut possint aliquae exhalationes elevari ad generationem ventorum. Et haec est ratio quare non continue flant: quia quaedam humiditates in superficie terrae existentes et debiles, exhalant ex illa parte terrae, sole sic elongato, ex quibus non potest generari continuus ventus; aliae autem humiditates, quae sunt magis congelatae, indigent maiori caliditate ad hoc quod exhalent; cum scilicet caliditas quam tunc exhibet sol, sit parva, quia sol est distans. Et ideo isti venti non continue, sed interpolate flant, donec iterum post versiones aestivas flaverint Etesiae ex parte Septentrionis: huiusmodi enim venti aquilonares magis habent aptitudinem ut continue flent, propter supradictam causam.

Ensuite, quand il dit : Il n’y a lเ rien d’irrationnel, etc., il dissipe le doute d้jเ mentionn้. Et il dit qu’เ la saison oppos้e se l่vent certains vents qui sont appel้s ซ blancs du midi ป, ainsi nomm้s parce qu’ils soufflent par temps serein (car leucos signifie ซ blanc ป en grec), mais qu’ils ne se forment pas en continu, comme les ้t้siens du nord, et le fait qu’ils soient cach้s cause le doute d้jเ mentionn้. La raison pour laquelle ils ne soufflent pas en continu est la suivante. Le bor้e souffle เ partir de lieux qui sont sous le p๔le arctique, o๙ se trouvent eaux et neige en abondance ; ces derni่res se liqu้fient sous l’action du Soleil plus apr่s la conversion d’้t้ qu’aux premiers temps de cette conversion, bien qu’เ ce moment-lเ le Soleil soit au plus pr่s de nous ; et c’est pourquoi les ้t้siens soufflent apr่s la conversion d’้t้ et non au moment m๊me de la conversion. Les chaleurs deviennent aussi les plus ้touffantes non pas lorsque le Soleil est au plus pr่s de nous qui sommes dans la partie septentrionale, mais la chaleur est la plus forte apr่s, parce que le r้chauffement continue pendant une longue dur้e.

Premi่rement en effet, lorsque le Soleil arrive au tropique, il trouve une mati่re bien dispos้e : mais en la dominant peu เ peu sur elle, il imprime davantage son effet apr่s avoir commenc้ เ reculer bien qu’il soit encore proche. Et c’est pourquoi la chaleur est plus forte apr่s le lever du Chien, เ savoir pendant les jours de la Canicule, qu’avant le solstice ou au moment m๊me du solstice. Et les eaux et les neiges se liqu้fient davantage เ ce moment-lเ : et c’est la raison pour laquelle les exhalaisons deviennent plus nombreuses et les vents soufflent plus fort. Mais il est vrai qu’au moment m๊me du solstice, lorsqu’il est plus proche, il dess่che davantage, comme il l’a dit ci-dessus : mais l’exhalaison devient plus grande apr่s le lever du Chien ; et c’est เ ce moment-lเ que les ้t้siens soufflent en continu. Et de la m๊me fa็on c’est apr่s la conversion d’hiver que soufflent les vents ornithiens, nomm้s เ partir des oiseaux ou des poules, puisqu’ils soufflent au lever d’une constellation de l’oiseau, comme les ้t้siens apr่s le lever du Chien (il a appel้ ci-dessus ces vents ornithiens ซ blancs du midi ป). Et il dit que les ornithiens sont faibles, puisqu’ils sont moindres : et ils soufflent plus tard que les ้t้siens ; car ils commencent เ souffler soixante-dix jours apr่s la conversion d’hiver, quasiment au d้but du printemps.

Et cela parce qu’il est n้cessaire que le Soleil soit tr่s loin, qu’il prenne moins de force et qu’il ne br๛le pas totalement la r้gion d’o๙ soufflent les austers, afin que quelques exhalaisons puissent s’้lever pour engendrer les vents. Et voici la raison pour laquelle ils ne soufflent pas en continu : certaines zones humides qui se trouvent เ la surface de la terre et et qui sont faibles s’exhalent de cette partie de la terre, au moment o๙ le Soleil est ainsi ้loign้, et le vent ne peut ๊tre engendr้ en continu เ partir d’elles ; mais d’autres zones humides, qui sont plus gel้es, ont besoin d’une plus grande chaleur pour s’exhaler, เ savoir que la chaleur que produit alors le Soleil est faible, puisqu’il est distant. Et c’est pourquoi ces vents ne soufflent pas en continu, mais par intermittence, jusqu’เ ce que les ้t้siens aient commenc้ เ souffler apr่s la conversion d’้t้ เ partir du septentrion : en effet, les bor้es sont plus aptes เ souffler en continu, pour la cause susdite.

 

 

Caput 10

Chapitre 10 – [Les vents (suite)]

[80262] Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 1 Quia in solutione praedictae dubitationis posuerat quod venti Australes non flant continue post hiemales versiones, sicut aquilonares post aestivas; et causa quam assignavit, supponebat quod venti Australes non flarent a locis in quibus abundant aquae et nives; quod esset falsum, si Auster flaret ab altero polo, quia etiam ibi abundat talis materia, ut supra dictum est; ideo nunc intendit ostendere quod Auster non flat ab altero polo, sed a loco qui est sub tropico aestivali.

Et circa hoc tria facit: primo proponit quod intendit; secundo manifestat dispositionem terrae habitabilis, ut melius accipiatur quod intendit, ibi: duabus enim existentibus etc.; tertio manifestat quod proponit, ibi: quoniam autem similiter et cetera.

Dicit ergo primo quod Auster flat nobis ab aestiva versione, idest a loco qui est sub tropico aestivali, scilicet sub cancro; et non ab altera ursa, idest ab altero polo immanifesto nobis. Utitur autem tali modo loquendi, quia polum Arcticum, qui nobis apparet, circumeunt constellationes ursae, maioris scilicet et minoris.

199. Puisqu’il avait pos้ pour dissiper le doute pr้c้dent que les austers ne soufflent pas en continu apr่s la conversion d’hiver, comme les bor้es apr่s celle d’้t้, et que la cause qu’il avait donn้e supposait que les austers ne soufflent pas เ partir de lieux o๙ les eaux et les neiges abondent ‒ ce qui serait faux si l’auster soufflait de l’autre p๔le, puisque lเ aussi une telle mati่re abonde, comme on l’a dit ci-dessus ‒, il cherche เ montrer maintenant que l’auster ne souffle pas de l’autre p๔le, mais du lieu qui est sous le tropique d’้t้.

Et, concernant cela, il fait trois choses : premi่rement, il propose ce qu’il vise ; deuxi่mement, il montre la disposition de la terre habitable, afin que l’on comprenne mieux ce qu’il vise, lเ : comme deux existent, etc. ; troisi่mement, il manifeste ce qu’il propose, lเ : or puisque, de la m๊me mani่re, etc.

Il dit donc premi่rement que l’auster souffle de la conversion d’้t้, c’est-เ-dire du lieu qui est sous le tropique d’้t้, เ savoir sous le Cancer, et non de l’autre Ourse, c’est-เ-dire sous l’autre p๔le, qui nous est cach้. Il utilise une telle mani่re de parler parce que les constellations de l’Ourse, เ savoir la grande et la petite, tournent autour du p๔le arctique, qui nous est visible.

[80263] Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 2 Deinde cum dicit: duabus enim existentibus etc., ostendit dispositionem terrae habitabilis.

Et primo ostendit quod figura terrae habitabilis est sicut tympani; secundo autem excludit opinionem contrariam quorundam, ibi: propter quod et ridicule et cetera.

Dicit ergo primo quod duae partes sunt quae possunt habitari: una quidem quae est versus superiorem polum Arcticum, in qua scilicet nos habitamus; altera vero est versus alterum polum, et est nobis ad meridiem, sicut et nostra habitabilis est eis ad meridiem ipsorum. Sed utrum illa terra habitetur, relinquit immanifestum. Utriusque tamen partis est figura ad modum tympani. Cuius imaginationem oportet sic accipere ex eis quae ponit.

Manifestum est enim quod aliqua pars caelestis sphaerae est nobis semper apparens, scilicet a polo Arctico usque ad aliquam quantitatem, quae tanto minor est, quanto ad polum oppositum polo Arctico aliquis magis appropinquat. Alia autem pars est nobis semper immanifesta, scilicet a polo contrario usque ad aliquam quantitatem, quae etiam tanto maior est, quanto est maior propinquitas ad polum Arcticum. In medio autem inter utrumque polum est circulus aequinoctialis, quem intersecat zodiacus, declinans ad utramque partem. Ubi ergo zodiacus maxime declinat ab aequinoctiali versus polum Arcticum, est tropicus aestivalis, idest principium cancri: ubi autem maxime declinat versus polum occultum nobis, est tropicus hiemalis, idest principium Capricorni.

Haec ergo est tertia pars caelestis sphaerae, quae est inter duos tropicos. Duae autem aliae partes considerantur: una scilicet inter tropicum aestivalem et id quod est semper nobis manifestum; alia inter tropicum hiemalem et id quod est nobis occultum de caelo. Et quia tota terra sphaerica est, et in centro caelestis sphaerae locata, necesse est quod sub singulis partibus sphaerae caelestis considerentur singulae partes sphaerae terrestris. In puncto igitur terrae qui est sub polo Arctico, describatur a; in puncto vero qui est sub termino partis semper manifestae, describatur b; in puncto vero qui est sub aestivo tropico, describatur c; in puncto vero qui est sub hiemali tropico, describatur d; in puncto autem qui est sub termino partis semper occultae, describatur e; in puncto autem qui est sub polo Antarctico, describatur f; in puncto autem qui est in centro terrae, describatur z; et producantur rectae lineae a centro terrae, scilicet in b et in c. (Lineae zb et zc) faciunt duos angulos cum linea ducta per superficiem terrae, quos angulos hic conos vocat. Et quia linea ducta per superficiem terrae est curva, eo quod terra est sphaerica, manifestum est quod duae praedictae lineae faciunt figuram tympani, descindentes superficiem terrae in figuram non circularem. Et hoc est, quod dicit: talem enim figuram, idest tympani, terrae habitabilis excidunt duae lineae ductae ex centro ipsius, idest terrae, et faciunt duos conos, idest duos angulos, cum linea ducta per superficiem terrae, hunc quidem habentem basim tropicum, idest existentem in basi in tropico puncto, hunc vero semper manifestum, idest alium angulum apud terminum partis caelestis semper nobis manifestae; verticem autem, idest caput trianguli zbc, cuius basis est bc, faciunt in medio terrae, idest in centro. Et eodem modo ex alia parte versus inferiorem polum: quia illam partem excidunt duae lineae ductae a centro, scilicet in d et in e.

Et hae duae partes solae possunt habitari. Nam illa pars quae est inter duos tropicos, videtur inhabitabilis propter immensitatem caloris: eo quod sol pertransit quasi directe super eam, et super summitatem capitis habitantium, si habitaretur. Aliae vero partes, quae sunt sub parte caeli semper manifesta et occulta nobis, prope utrumque polum, sunt inhabitabiles propter immensitatem frigoris ex distantia solis. Et quod illa pars quae est ultra tropicum aestivalem, non habitetur, ostendit quia, si habitaretur, non semper apud omnes homines versus polum Arcticum habitantes umbra fieret versus Septentrionem.

Si enim sol aliquando esset inter eos et Septentrionem, fieret aliquando eis umbra ad meridiem, in oppositum scilicet solis; si autem aliqui habitarent ultra tropicum aestivum, prope polum Arcticum, tunc quando sol est in tropico aestivo, esset inter eos et polum Arcticum; unde umbra tunc fieret eis versus meridiem. Sed hoc non invenitur ad loca habitabilia, quod deficiat umbra aut permutetur ad meridiem. Ibi quidem deficit umbra, ubi sol existit super summitates capitum, ut sic in nullam partem umbra fieri possit: ibi autem umbra fit ad meridiem, ubi sol declinat magis ad Septentrionem. Talia autem loca dicit esse inhabitabilia, quia etsi aliqui habitent ibi, propter aliquam contemperantiam aut aquarum aut montium, tamen rarae sunt habitationes et graves.

Sicut autem praedicta loca inhabitabilia sunt propter nimium aestum, ita loca quae sunt sub constellatione ursae, quae quidem pars caeli semper nobis apparet, sunt inhabitabilia propter frigus, causatum ex distantia solis. Similiter ergo pars ista terrae in qua nos habitamus, est inter utrumque circulum, scilicet inter eum qui transit per tropicum aestivalem, et eum qui terminat partem caeli semper nobis manifestam.

Et hoc evidenter apparet ex hoc quod constellatio coronae, quae quidem est inter utrumque dictorum circulorum, fit nobis super summitatem capitum, quando fuerit in circulo meridiano, idest in circulo qui transit per polos mundi et per punctum qui est supra caput nostrum.

200. Ensuite, quand il dit : en effet, il existe deux, il montre la disposition de la terre habitable.

Et, premi่rement, il montre que la figure de la terre habitable est comme un tambourin ; deuxi่mement, il rejette l’opinion contraire de certains, lเ : c’est pourquoi il est ้galement ridicule, etc.

Il dit donc premi่rement qu’il y a deux parties qui peuvent ๊tre habit้es : l’une qui est vers le p๔le sup้rieur arctique, เ savoir celle dans laquelle nous habitons ; l’autre est vers l’autre p๔le et au sud pour nous, de m๊me que notre partie habitable est pour eux au sud. Mais il ne montre pas si cette terre est habit้e. Cependant, la figure des deux parties ressemble เ un tambourin. Il faut ainsi comprendre cette repr้sentation เ partir de ce qu’il pose.

En effet, il est manifeste qu’une partie de la sph่re c้leste nous est toujours apparente, เ savoir du p๔le nord jusqu’เ une distance qui est d’autant plus petite que l’on s’approche du p๔le oppos้ เ partir du p๔le nord. L’autre partie nous est toujours invisible, เ savoir du p๔le contraire jusqu’เ une distance qui est aussi d’autant plus grande que la proximit้ du p๔le nord est grande. Au milieu, entre les deux p๔les, se trouve le cercle de l’้quinoxe, qui coupe le zodiaque, qui est inclin้ des deux c๔t้s. Donc lเ o๙ le zodiaque est le plus inclin้, du cercle ้quinoxial vers le p๔le nord, se trouve le tropique d’้t้, c’est-เ-dire le d้but du Cancer ; lเ o๙ il est le plus inclin้ vers le p๔le qui nous est cach้ se trouve le tropique d’hiver, c’est-เ-dire le d้but du Capricorne.

C’est donc le tiers de la sph่re c้leste qui est entre les deux tropiques. Or deux autres parties sont consid้r้es : เ savoir l’une entre le tropique d’้t้ et ce qui nous est toujours manifeste ; l’autre entre le tropique d’hiver et ce qui nous est toujours cach้ du ciel. Et puisque toute la Terre est sph้rique et plac้e au centre de la sph่re c้leste, il est n้cessaire que chaque partie de la sph่re terrestre soit consid้r้e sous chaque partie de la sph่re c้leste. Par cons้quent, en un point de la Terre qui est sous le p๔le arctique notons A ; en un point qui est sous la limite de la partie toujours manifeste, notons B ; en un point qui est sous le tropique d’้t้, notons C ; en un point qui est sous le tropique d’hiver, notons D ; en un point qui est sous la limite de la partie toujours cach้e, notons E ; en un point qui est sous le p๔le antarctique, notons F ; en un point qui est au centre de la Terre, notons Z ; et tra็ons les lignes droites partant du centre de la Terre, เ savoir vers B et C. [Les lignes ZB et ZC] forment deux angles avec la ligne trac้e sur la surface de la Terre, angles qu’il appelle ici c๔nes. Et puisque la ligne trac้e sur la surface de la Terre est courbe, du fait que la Terre est sph้rique, il est manifeste que les deux lignes susdites forment la figure d’un tambourin, d้coupant la surface de la Terre en une figure non circulaire. Et c’est ce qu’il dit : car les deux lignes trac้es เ partir de son centre, c’est-เ-dire celui de la Terre, en d้coupent une telle figure, c’est-เ-dire un tambourin, et forment deux c๔nes, c’est-เ-dire deux angles, avec une ligne trac้e sur la surface de la Terre, l’un ayant pour base le tropique, c’est-เ-dire ้tant sur la base sur un point du tropique, l’autre le cercle qui est toujours visible, c’est-เ-dire un autre angle เ la limite de la partie du ciel toujours visible pour nous ; ils forment un sommet, c’est-เ-dire la t๊te du triangle ZBC, dont la base est BC, au centre de la Terre, c’est-เ-dire au centre. Et de la m๊me mani่re de l’autre partie vers le p๔le inf้rieur : puisque deux lignes trac้es เ partir du centre, เ savoir en D et en E, d้coupent cette partie.

Et seules ces deux parties peuvent ๊tre habit้es. Car la partie qui se trouve entre les deux tropiques semble inhabitable en raison de l’immensit้ de la chaleur : du fait que le Soleil passerait quasiment directement au-dessus d’elle et เ la verticale de la t๊te des habitants, s’il y en avait. Les autres parties, qui sont sous la partie du ciel qui est toujours visible et toujours cach้e pour nous, pr่s de chaque p๔le, sont inhabitables en raison de l’immensit้ du froid, เ distance du Soleil. Et il montre que la partie qui se trouve au-delเ du tropique d’้t้ n’est pas habit้e par le fait que, si elle l’้tait, l’ombre ne se ferait pas toujours vers le nord chez tous les hommes demeurant vers le p๔le arctique.

En effet, si le Soleil se trouvait parfois entre eux et le nord, l’ombre se ferait parfois au sud pour eux, เ savoir เ l’oppos้ du Soleil ; mais si quelques-uns habitaient au-delเ du tropique d’้t้, pr่s du p๔le arctique, dans ce cas, lorsque le Soleil serait sur le tropique d’้t้, il serait entre eux et le p๔le arctique ; de ce fait l’ombre serait en direction du sud pour eux. Mais on ne constate pas dans les lieux habitables que l’ombre fasse d้faut ou qu’elle se tourne vers le sud. L’ombre fait d้faut lเ o๙ le Soleil est situ้ au sommet des t๊tes si bien qu’elle ne puisse ainsi se faire nulle part ; l’ombre s’oriente vers le sud lเ o๙ le Soleil s’infl้chit davantage vers le nord. Or il dit que de tels lieux sont inhabitables parce que, m๊me si quelques-uns y demeurent, les habitations sont rares et p้nibles เ cause d’un temp้rament semblable des eaux ou des montagnes.

De m๊me que les lieux d้jเ mentionn้s sont inhabitables en raison d’une trop grande chaleur, de m๊me les lieux qui sont sous la constellation de l’Ourse ‒ du moins la partie du ciel qui nous est toujours visible ‒ le sont เ cause du froid, caus้ par la distance เ laquelle se trouve le Soleil. Donc, de la m๊me fa็on, la partie de la Terre que nous habitons se trouve entre les deux cercles, เ savoir entre celui qui passe par le tropique d’้t้ et celui qui limite la partie du ciel qui nous est toujours apparente. Et cela appara๎t avec ้vidence du fait que la constellation de la Couronne, qui est du moins entre les deux cercles susdits, se trouve pour nous au-dessus de nos t๊tes lorsqu’elle est sur le cercle m้ridien, c’est-เ-dire sur le cercle qui passe par les p๔les du monde et le point qui est situ้ au-dessus de notre t๊te.

[80264] Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 3 Deinde cum dicit: propter quod et ridicule etc., excludit quorundam falsam opinionem. Et dicit quod per praedicta apparet quod deridendi sunt describentes terram habitatam a nobis quasi circularem: hoc enim apparet impossibile et secundum rationem, et secundum signa apparentia. Ratio enim ostendit quod habitatio terrae determinatur secundum latitudinem, ex una parte ad loca inhabitabilia propter aestum, et ex alia parte inhabitabilia propter frigus. Sed quantum ad longitudinem posset copulari circulus, ut tota pars terrae praedicta undique habitaretur, propter eius temperantiam: non enim invenitur excessus frigoris et caloris secundum distantiam orientis et occidentis, secundum quam longitudo terrae attenditur, sed secundum latitudinem, quae attenditur secundum distantiam Poli ad circulum aequinoctialem; eo quod in superficie maior dimensio vocatur longitudo, minor vero latitudo, ab oriente vero in occidentem designatur totus semicirculus, a polo autem Arctico usque ad aequinoctialem circulum, quarta pars circuli. Rationabiliter etiam distantia orientis et occidentis non diversificat calorem et frigus, quia per hoc non fit maior aut minor appropinquatio ad viam solis, sicut fit per distantiam latitudinis. Unde, nisi alicubi prohiberet multitudo maris, totum esset perambulabile quod est ab occidente in orientem, et iterum ab oriente in occidentem, quia totum videtur esse temperatum. Non tamen invenitur habitatum de terra, nisi secundum quantitatem semicirculi ab oriente in occidentem: ad alium enim semicirculum prohibet accessum nobis multitudo maris. Sic igitur ratio ostendit sufficienter quod superficies terrae habitabilis non est circularis vel sphaerica. Et hoc etiam apparet per signa apparentia circa navigationes et itinera: quia multum differt secundum quantitatem longitudo a latitudine, et sic superficies terrae habitabilis non est sphaerica. Et quod multum differat, patet quia illud quod est a columnis Herculis, quae sunt in ultimis partibus Hispaniae, quasi in ultimo termino occidentis, usque ad Tanaim Indicum, quae est longitudo, plus excedit secundum magnitudinem id quod est ab ultimis terminis Ethiopiae usque ad extrema Scythiae loca, quae est latitudo nostrae habitabilis, quam sit proportio quinque ad tria. Si quis ratiocinetur navigationes et itinera, prout convenit, talium distantiarum accipiet certitudinem. Sed in hoc differt secundum longitudinem et latitudinem, quia scimus totum illud quod est habitabile de terra secundum latitudinem esse habitatum usque ad loca inhabitabilia, quae non habitantur vel propter frigus vel propter aestum: sed non est ita de longitudine, quia id quod est circa terminum Indicum ex parte orientis, et quod est circa columnas Herculis ex parte occidentis, non videntur posse copulari adinvicem, ut sit reditus ex alia parte, et sic tota ista portio terrae sit habitabilis continue, quia impeditur accessus propter mare. Unde non est nobis certum, utrum aliqui habitent ibi vel non.

Ensuite, quand il dit : c’est pourquoi on trace de nos jours, il rejette l’opinion erron้e de certains. Et il dit qu’il est clair, d’apr่s ce qui vient d’๊tre avanc้, qu’il faut se moquer de ceux qui repr้sentent la terre que nous habitons de fa็on quasiment circulaire. En effet, c’est de toute ้vidence impossible เ la fois selon la raison et selon les preuves apparentes. Car la raison montre que le fait d’habiter la terre est d้termin้ selon la latitude, d’un c๔t้ vers les lieux inhabitables en raison du chaud, et d’un autre c๔t้ vers les lieux inhabitables en raison du froid. Mais le cercle pourrait ๊tre uni en longueur, de telle sorte que toute la partie de la terre mentionn้e serait habit้e de tout c๔t้ เ cause de son climat temp้r้. En effet, on n’y trouve pas d’exc่s de froid et de chaleur de l’orient vers l’occident, distance qui correspond เ la longueur de la terre, mais en largeur, qui correspond เ la distance du p๔le au cercle ้quinoxial, du fait que la dimension la plus grande en surface est appel้e longueur et la plus petite largeur, et que l’on trace tout un demi-cercle de l’orient vers l’occident et un quart de cercle du p๔le arctique jusqu’au cercle ้quinoxial. De plus, la distance d’orient en occident ne montre raisonnablement pas de variation de chaleur et de froid, puisque par lเ on ne s’approche pas du trajet du Soleil, comme il se fait sur la distance de la largeur. D่s lors, เ moins qu’une vaste ้tendue de mer ne forme un obstacle en quelque endroit, il serait possible de parcourir tout le territoire qui va de l’occident เ l’orient et de revenir de l’orient เ l’occident, puisqu’il semble enti่rement temp้r้. On ne trouve pourtant de terre habit้e que sur le demi-cercle qui va d’orient en occident : en effet, une grande ้tendue de mer nous interdit l’acc่s เ l’autre demi-cercle. Ainsi donc, la raison montre suffisamment que la surface de la terre n’est pas circulaire ou sph้rique. Et cela est aussi clair par des preuves venant des voyages maritimes et terrestres : puisque la longueur est tr่s diff้rente de la largeur en quantit้, et qu’ainsi la surface de la terre habitable n’est pas sph้rique. Et ce qui montre que la diff้rence est grande, c’est que ce qui va des Colonnes d’Hercule, qui se situent dans les derni่res parties de l’Espagne, pour ainsi dire เ la derni่re limite de l’occident, jusqu’au Tana๏s indien, c’est-เ-dire la longueur, a un rapport sup้rieur en grandeur เ cinq tiers avec ce qui va des derni่res limites de l’ษthiopie aux extr้mit้s de la Scythie, c’est-เ dire la largeur de notre terre habitable. Si l’on calcule les voyages maritimes et terrestres, comme il convient, on obtiendra le compte exact de telles distances. Mais il y a une diff้rence concernant la longueur et la largeur en cela, parce que nous savons que tout ce qui est habitable sur la Terre est habit้ jusqu’aux lieux inhabitables, qui ne sont pas peupl้s soit เ cause du froid, soit เ cause de la chaleur : mais il n’en est pas ainsi pour la longueur, puisque ce qui se trouve aux environs de la limite de l’Inde en orient et ce qui est aux environs des Colonnes d’Hercule en occident ne semblent pas pouvoir se rejoindre l’un เ l’autre de mani่re เ ce qu’on revienne de l’autre c๔t้ et qu’ainsi toute cette portion de terre soit habitable de fa็on continue, ้tant donn้ que l’acc่s en est impossible เ cause de la mer. De ce fait, nous ne sommes pas certains qu’il y ait quelques habitants เ cet endroit ou non.

[80265] Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 4 Deinde cum dicit: quoniam autem similiter etc., ostendit propositum de principio Austri.

Et circa hoc tria facit: primo ostendit quod Auster non flat ab altero polo; secundo quod non flat a tropico hiemali, sed aestivo, ibi: quoniam autem neque ille etc.; tertio ostendit causam vehementiae Austri, ibi: ille autem et cetera.

Dicit ergo primo quod sicut ista pars terrae in qua habitamus, se habet ad polum Arcticum, ita etiam necesse est quod aliqua alia se habeat ad polum oppositum. Unde oportet quod proportionabiliter sit ibi flatus ventorum sicut et hic. Unde sicut flat Boreas a polo Arctico, ita ibi flat aliquis ventus a polo opposito (quem nominat aliam ursam). Sed ille ventus qui flat ab alio polo, non potest pertingere huc: quia Boreas non solum non potest pertingere ad aliam partem terrae habitabilem, sed nec etiam in totam istam habitabilem nostram pertingere potest; est enim Boreas ventus apogeios, quod non multum procedere potest. Sed propter hoc quod ista nostra habitabilis posita est ad arctum, plurimi Boreae flant nobis: sed sicut hic flant plurimi Boreae et Austri, ita et extra mare Libycum, quod est ad Austrum, flant plurimi Euri et Zephyri. Sic igitur manifestum est quod Auster non flat ab alio polo.

202. Ensuite, quand il dit : puisqu’il y aura n้cessairement, il montre ce qu’il s’est propos้ sur l’origine de l’auster.

Et sur ce point il fait trois choses : premi่rement, il montre que l’auster ne souffle pas de l’autre p๔le ; deuxi่mement, qu’il ne souffle pas du tropique d’hiver, mais d’้t้, lเ : puisque celui-lเ non plus, etc. ; troisi่mement, il montre la cause de la violence de l’auster, lเ : mais celui-lเ, etc.

Il dit donc premi่rement que, de m๊me que la partie de la terre dans laquelle nous habitons se trouve vers le p๔le arctique, de m๊me il est n้cessaire qu’une autre partie se trouve vers le p๔le oppos้. De ce fait, il faut que le souffle des vents pr้sente เ cet endroit une sym้trie avec celui d’ici. D่s lors, de m๊me que le bor้e souffle du p๔le arctique, de m๊me un vent souffle lเ-bas du p๔le oppos้ (qu’il appelle l’autre Ourse). Mais le vent qui souffle de l’autre p๔le ne peut parvenir jusqu’ici : puisque non seulement le bor้e ne peut parvenir jusqu’เ l’autre partie de la terre habitable, mais il ne peut pas non plus arriver jusqu’เ la totalit้ de notre terre habitable ; en effet, le bor้e vient de la terre, ce qui fait qu’il ne peut aller loin. Mais ้tant donn้ que notre terre habitable est plac้e au nord, les vents les plus nombreux เ souffler chez nous sont les bor้es. Mais de m๊me qu’ici les vents les plus nombreux เ souffler sont les bor้es et les austers, de m๊me au-delเ de la mer de Libye, qui est au sud, les vents les plus nombreux sont les eurus et les z้phyrs. Ainsi donc, il est manifeste que l’auster ne souffle pas de l’autre p๔le.

[80266] Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 5 Deinde cum dicit: quoniam autem neque ille etc., ostendit quod non flat a tropico hiemali. Quia si Auster flaret a tropico hiemali, alium oporteret dare ventum qui flaret a tropico aestivali, cum ista duo loca sibi proportionaliter correspondeant. Sed hoc non contingit: solus enim unus ventus flat nobis ex illa parte. Quare necesse est quod Auster sit ventus flans a tropico aestivali, ubi est exusta regio.

211. Ensuite, quand il dit : car ce n’est pas un vent, il montre qu’il ne souffle pas du tropique d’hiver. Parce que si l’auster soufflait de ce tropique, il faudrait donner un autre vent qui souffle du tropique d’้t้, puisque ces deux lieux se correspondent de fa็on sym้trique. Mais cela n’arrive pas : en effet, un seul vent souffle pour nous de ce c๔t้. D่s lors, il est n้cessaire que le vent du sud soit celui qui souffle du tropique d’้t้, o๙ se trouve la r้gion br๛l้e.

[80267] Super Meteora, lib. 2 cap. 10 n. 6 a Deinde cum dicit: ille autem etc., quia supra assignaverat causam vehementiae boreae et austri, supponendo quod flant a duobus polis oppositis, secundum aliorum opinionem, quae supra impugnata est ; ideo hic ostendit veram causam vehementiae austri, secundum opinionem propriam. Dicit ergo quod licet in illo loco, id est sub tropico aestivali, non sit multa materia fumans, sicut est circa polum, quia propter vicinantiam solis non sunt ibi multae aquae, neque pascua, idest loca herbosa et humida, ex quibus possint pervenire etesiae, idest venti continui ; tamen ad illum locum, propter eius magnitudinem, congregatur ex diversis regionibus materia austri; qui propter magnitudinem locorum ex quibus per longum tempus adunata est materia eius in magna abundantia, est ventus magis stabilis et fortis quam boreas. Et ex consequenti magis durare potest, et pertingere ad locum boreae, quam boreas possit pertingere illuc, idest ad locum austri.

 

Hic explicit expositio S. Thomae.

204. Ensuite, lorsqu’il dit : or ce lieu, comme il avait ci-dessus donn้ la cause de la violence du bor้e et de l’auster, en supposant qu’ils soufflent des deux p๔les oppos้s, selon l’opinion des autres, laquelle est attaqu้e plus haut, il montre ici la vraie cause de la violence de l’auster, suivant sa propre opinion. Il dit donc que, bien que dans ce lieu, c’est-เ-dire sous le tropique d’้t้, il n’y ait pas de mati่re fumante, comme aux environs du p๔le, puisque, en raison du voisinage du Soleil, il ne se trouve เ cet endroit pas beaucoup d’eau, ni de pโturages, c’est-เ-dire de lieux couverts d’herbe et humides, d’o๙ puissent venir les ้t้siens, c’est-เ-dire les vents continus, cependant en ce lieu se rassemble la mati่re de l’auster เ partir de diff้rentes r้gions, en raison de sa grandeur ; celui-ci est un vent plus stable et fort que l’auster, เ cause de la grandeur des r้gions o๙ sa mati่re se r้unit en grande abondance pendant une longue p้riode. Et par cons้quent il peut durer plus longtemps et il peut davantage atteindre la r้gion du bor้e que ce dernier ne peut parvenir jusque-lเ, c’est-เ-dire la r้gion de l’auster.

 

 

Caput 13

Chapitre 13 – [par un commentateur inconnu]

 [91887] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 1 De agitatione autem et motu terre et cetera. Postquam Philosophus determinauit de uentis in aere flantibus, hic determinat de effectibus uentorum. Et primo de terremotu, qui causatur ex uento infra terram generato; secundo de tonitruo, qui causatur ex uento in nubibus, ibi: de coruscatione autem et tonitruo et cetera.

 

[91888] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 2 Circa primum duo facit. Primo dicit de quo est intentio. Et dicit quod post uentos dicendum est de motu et agitatione terre. Et rationem ordinis assignat quia causa huius passionis, scilicet terremotus, est habita, id est consequens et proxima, huic generi, scilicet uentorum: quod enim uentum causat in aere, hoc causat infra terram terre agitationem.

 

[91889] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 3 Secundo cum dicit, sunt autem tradita, exequitur propositum. Et primo secundum opinionem aliorum; secundo secundum ueritatem, ibi: set quoniam manifestum.

 

[91890] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 4 Circa primum duo facit. Primo enumerat opiniones et opinantes. Et dicit quod usque ad tempus suum tres opiniones fuerant de terremotu trium philosophorum, quorum unus fuit Anaxagoras, alius fuit Anaximenes predecessor eius, qui et magister ipsius fuisse dicitur, tercius autem post eos fuit Democritus; et nominat eos a locis unde fuerunt.

 

[91891] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 5 Secundo ibi: Anaxagoras quidem igitur etc., prosequitur opiniones. Et primo opinionem Anaxagore; secundo opinionem Democriti, ibi: Democritus autem ait etc.; tercio opinionem Anaximenis, ibi: Anaximenes autem ait et cetera.

 

[91892] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 6 Circa primum duo facit. Primo ponit opinionem. Circa quam sciendum est quod Anaxagoras estimauit quod sursum et deorsum distinguerentur in uniuerso secundum positionem hominis, ut scilicet quicquid est in uniuerso supra caput nostrum sit sursum, quicquid autem est uersus pedes nostros totum sit deorsum; et secundum hoc sequitur quod sicut terra est inferior ad unam partem celestis spere, ita sit superior respectu partis opposite.

 

[91893] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 7 Quia igitur ether, quem dicebat Anaxagoras ignem ex quo ponebat totum celum consistere, naturaliter fertur sursum, terra autem est sursum respectu alicuius partis celi, sequitur quod ether naturaliter feratur uersus terram. Et ita dicebat quod incidit in concauitates que sunt in inferiori parte terre, et sic ether inclusus in terram mouet ipsam; dicebat enim quod naturaliter tota terra est sompha, id est concaua et spongiosa, set ista concauitas non apparet ita in superiori parte terre, quoniam partes terre superiores concluduntur et non sunt concaue propter ymbres humefacientes terram: manifestum est enim quod propter siccitates fiunt yatus et concauitates in terra, unde propter ymbres huiusmodi concauitates impediuntur. Et hoc idem dicebat Anaxagoras ac si una pars tocius spere mundialis sit inferior, que est uersus pedes nostros, et alia superior, scilicet in qua nos habitamus.

 

[91894] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 8 Secundo ibi: ad hanc quidem autem causam, inprobat hanc opinionem quatuor rationibus. Circa quarum primam dicit quod cum ista causa sit simpliciter et irrationabiliter assignata, non esset multum oportunum aliquid contra eam dicere eo quod manifeste continet inconueniens: stultum enim est putare quod sursum et deorsum determinentur sic in uniuerso quod non dicatur esse deorsum respectu tocius uniuersi locus terre, ad quem feruntur grauia, et sursum locus oppositus, ad quem feruntur leuia, cuius contrarium ipse ponit.

 

[91895] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 9 Secundam rationem ponit ibi: et hoc uidentes et cetera. Ad cuius intelligenciam considerandum est quod cum Anaxagoras poneret ignem naturaliter ferri ad terram ex alia parte spere uelud sursum cogebatur, eadem ratione ponere quod tota terra naturaliter tenderet uersus celum quasi deorsum; set dicebat hoc impediri propter latitudinem terre, unde non ponebat terram esse sperice figure, set late, ut quasi nataret in aere ad modum quo corpora lata natant in aqua, rotunda uero submerguntur.

 

[91896] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 10 Hoc autem dicere stultum est, cum uideamus in tota terra quam nos scimus habitatam quod transeuntibus de loco ad locum semper orizon uariatur, quia semper polus articus uel magis uel minus eleuatur super orizontem, et hoc non esset si terra esset late figure uel concaue, set per hoc ostenditur quod est sperice figure et gibbose ex parte nostra.

 

[91897] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 11 Terciam rationem ponit ibi: et dicere quidem. Et dicit quod etiam stultum est dicere quod terra quiescat in aere propter suam magnitudinem, et quod tamen ab ethere agitetur totaliter uersus sursum quasi desubtus percussa: hec enim uidentur esse contraria, quod quiescat et moueatur.

 

[91898] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 12 Quartam rationem ponit ibi: adhuc autem nullum reddunt. Et dicit quod per hanc causam quam assignant de terremotu non potest assignari ratio eorum que accidunt circa terremotus: non enim omnes regiones nec omnia tempora participant hac passione, quod oporteret si terremotus accideret ex causa predicta.

 

[91899] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 13 Deinde cum dicit: Democritus autem ait, ponit opinionem Democriti. Et dicit eum dixisse quod terra intrinsecus erat plena aqua, et tamen ab extrinseco superuenit ei multa alia aqua pluuialis a qua mouetur: dum enim aqua crescit, uoragines que sunt sub terra, quas uentres uocat, non possunt faciliter suscipere aquam superuenientem cum quadam uiolencia, et ex hoc accidit terremotus; et simul etiam aqua superueniens trahit partes terre que propter siccitatem inueniuntur aperte; et sic dum tam aqua quam terra superueniens ex plenis locis tendit in uacua, facit agitationem terre.

 

[91900] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 14 Hanc autem opinionem specialiter non reprobat, tum quia eius reprobatio apparet ex hiis que supra dicta sunt de fluminum generatione et fontium, tum etiam quia quantum ad aliquid conuenit cum sequenti opinione.

 

[91901] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 15 Deinde cum dicit: Anaximenes autem, ponit opinionem Anaximenis. Et circa hoc duo facit. Primo narrat eam. Et dicit eum dixisse quod terra postquam fuerit compluta desiccatur et rumpitur ita quod apparent quedam aperture, et ab hiis aperturis cadunt quedam frusta inferius a quibus terra concutitur. Et huius signum accipiebat ex hoc quod terremotus fiunt tam in temporibus siccis quam pluuiosis: in siccis quidem quia terra per exsiccationem rumpitur, in pluuiosis autem quia aque humectantes terram faciunt terram decidere inferius; et quantum ad hoc concordabat etiam Democritus.

 

[91902] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 16 Secundo ibi: oportebat autem etc., inprobat predictam opinionem tripliciter. Primo quidem quia si ex hac causa accideret terremotus, oporteret quod in multis locis appareret terre subuersio propter partes terre que iam ceciderunt inferius in precedentibus terremotibus.

 

[91903] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 17 Secundo ibi: adhuc autem etc., inprobat per hoc quod in quibusdam locis sepe fit terremotus in quibus tamen non apparet excessus talis rupture per differenciam ad alia loca, quod tamen oporteret si hoc quod dictum est esset causa terremotus, quia multiplicatio effectus ex multiplicatione cause procedit.

 

[91904] Super Meteora, lib. 2 cap. 13 n. 18 Tercio ibi: omnino autem etc., inprobat per hoc quod oporteret semper minus et minus fieri terremotus, et tandem omnino aliquando cessaret, quia si partes superiores decidunt inferius, oportet quod quandoque repleant partes inferiores ut non sit ultra decidere; unde si hoc est inpossibile, inpossibile est hoc quod dictum est esse causam terremotus.

 

 

 

Caput 14

Chapitre 14 – [ ]

[91905] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 1 Set quoniam manifestum et cetera. Postquam Philosophus reprobauit opiniones aliorum de terremotu, hic determinat de eo secundum suam opinionem.

 

[91906] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 2 Et primo assignat causam terremotus; secundo causam quorundam accidencium circa ipsum, ibi: cum autem fortis factus fuerit et cetera.

 

[91907] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 3 Circa primum duo facit: primo assignat causam terremotus; secundo ostendit causam esse bene assignatam, ibi: existit enim terra.

 

[91908] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 4 Dicit ergo primo quod dictum est in precedentibus duplicem esse exalationem: unam uaporosam que resoluitur ab humido, alteram fumosam que resoluitur a sicco, et ex hac causatur terremotus.

 

[91909] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 5 Secundo ibi: existit enim terra etc., probat causam bene esse assignatam. Et primo per rationem; secundo per signa, ibi: propter quod fiunt et cetera.

 

[91910] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 6 Vtitur autem tali ratione: exalatio sicca uentum causat, unde cum infra terram retinetur causat uentum infra terram; uentus autem maxime est motiuus corporum; a uento igitur rationabile est fieri terremotum.

 

[91911] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 7 Circa hanc rationem tria facit. Primo manifestat quod exalatio sicca causet uentum infra terram. Et dicit quod licet terra per se sit sicca, tamen propter ymbres quos recipit multam humiditatem habet, ut sic tum ex calore solis, tum ex calore incluso in terra qui est a sole et stellis, causatur multa fumositas exalata ex terra ex qua multum de uento causatur. Et aliquando tota materia uenti a terra eleuatur et causatur uentus in aere; aliquando autem tota materia retinetur intus infra terram et causat infra terram uentum; aliquando autem partim retinetur infra terram et partim eleuatur supra, et sic utrobique uentus causatur.

 

[91912] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 8 Secundo ibi: si itaque hoc etc., ostendit quod uentus maxime habet uirtutem ad mouendum corpora. Et dicit quod cum predicte inpossibile sit aliter se habere, oportet considerare quid sit maxime motiuum corporum. Ad quod duo requiruntur, quorum unum est quod possit ad multam distanciam moueri: cum enim corporalia mouencia non moueant nisi moueantur, oportet quod maxime motiuum est ad multum moueri; secundo oportet quod sit uehemens et uiolentum ad hoc quod fortiter impellat. Set quod aliquid sit uehementissimum ad uiolenter impellendum conuenit ex uelocitate motus, quia quod uelociter fertur fortiter percutit; set quod aliquid ad magnam distanciam possit transire conuenit ex subtilitate ratione cuius potest per omnia penetrare. Hec autem duo conueniunt uento, scilicet uelocitas motus et subtilitas, unde sequitur quod uentus maxime possit mouere corpora. Et hoc non solum per rationem, set etiam ad sensum apparet, quia quando igni adhibetur uentus, fit inflammatio et uelociter fertur.

 

[91913] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 9 Tercio ibi: non igitur aqua, inducit conclusionem principaliter intentam, scilicet quod causa terremotus non est neque aqua, ut dixit Democritus, neque terra, ut dixit Anaximenes, set uentus, quando scilicet fluxus exalationis infra terram retinetur.

 

[91914] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 10 Deinde cum dicit: propter quod fiunt etc., manifestat causam assignatam per signa. Et primo per signa accepta ab ipsis uentis; secundo per signa accepta ab inferioribus rebus, ibi: adhuc autem circa loca; tercio a rebus in alto existentibus, ibi: adhuc solem fieri caliginosum.

 

[91915] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 11 Circa primum tria facit. Primo ponit signum a uentis sumptum generaliter. Et dicit quod quia terremotus fit a uento infra terram retento, plurimi et maximi terremotuum fiunt quando aer est tranquillus a uentis, quia cum tota exalatio que resoluitur a terra et est materia uenti sit quasi aliquid unum continuum, ut in pluribus sequitur impetum principii; unde si id quod id quod primo exalat feratur infra terram, tota exalatio infra terram continebitur, et sic omnes uenti erunt infra terram causantes terremotum et extra erit tranquillitas; e conuerso autem erit si principium exalationis feratur extra.

 

 [91916] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 12 Secundo ibi: quosdam autem fieri, excludit quandam obiectionem que posset fieri ex hoc quod aliquando terremotus accidunt etiam uentis in aere existentibus. Et dicit quod hoc non est irrationabile: uidemus enim quod etiam in aere quandoque flant plures uenti simul, sicut ex superioribus patet, unde cum causentur duo uenti quorum unus feratur infra terram faciens terremotum et alius sit in aere, sequetur quod terremotus sit simul cum uento in aere. Set tamen necesse est quod huiusmodi terremotus sint minores, quia exalatio que est causa et principium est diuisa, partim fluens extra et partim retenta intus.

 

[91917] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 13 Tercio ibi: nocte autem, prosequitur istud signum quod a uentis assumpsit in quibusdam specialibus. Et dicit quod in nocte fiunt plures et maiores terremotus quam in die, set illi qui fiunt de die sunt maiores qui sunt circa meridiem. Et assignat causam quare diurnorum terremotuum sunt maximi qui sunt circa meridiem, quia scilicet hec hora diei ut in pluribus est maxime tranquilla a uentis, quia quando sol maxime habet uictoriam super terram, facit exalationem causantem uentos declinare infra terram: illud enim quod tunc eleuatur in altum propter uictoriam solis rarefactum consumitur et dispergitur; set quia non habet tantam uictoriam infra terram, resoluit quidem exalationem, set non consumit eam; et inde est quod quando maxime sol obtinet super terram, maxime exalatio includitur infra terram. Vnde cum maxime habeat uictoriam in hora meridiei, tunc maxime exalatio declinat infra terram tranquillitate in aere existente, et ideo diurnorum terremotuum maximi fiunt in meridie. Set in nocte fiunt adhuc magis, quia in nocte fit tranquillitas in aere, quia exalationes causantes uentos non ita eleuantur propter absenciam solis sicut in die, etsi aliquando contingant in nocte uenti propter exalationes prius eleuatas; et ideo facta resolutione exalationum in die apud presenciam solis, quia cessat causa eleuans in nocte, recurrunt exalationes in contrarium, scilicet infra terram, et ideo terremotus causantur in noctibus; et maxime circa diluculum, quia de nocte exalationes infra terram retente quasi congelantur, set circa diluculum propter appropinquationem solis resoluuntur exalationes et excitantur uenti; unde si principium uentorum inueniatur sub terra, faciet fortiorem terremotum propter multitudinem materie recurrentis infra terram, sicut accidit de motu Eurippi, qui propter recursum aque fortiter mouetur.

 

[91918] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 14 Deinde cum dicit: adhuc autem circa loca, manifestat predictam causam terremotus per signa a rebus inferioribus accepta. Et primo ponit signa generalia; secundo quedam signa specialia, ibi: signa autem horum.

 

[91919] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 15 Circa primum tria facit: primo ponit signa accepta a locis; secundo signa accepta a temporibus, ibi: et uere autem et autumpno; tercio signa accepta a nostris corporibus, ibi: oportet enim intelligere.

 

[91920] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 16 Dicit ergo primo quod quia terremotus causantur ex uento infra terram retento, inde est quod circa illa loca fiunt maximi terremotus in quibus uel mare habet magnum fluxum uel terra est spongiosa et cauernosa. Et ponit exemplum de quibusdam locis, sicut est in Ellesponto et in Achaia et in Sicilia, et circa quedam alia loca in quibus uidetur mare penetrare sub terra propter cauernositatem terre. Et ex ista causa, quia scilicet terra est subantrosa et mare fortiter impellit, dicit esse factas in quodam loco thermas, id est emanationes aquarum calidarum: nam propter impulsionem que fit ex motu maris infra terram, excitatur calor et ignitio interius, et maxime si sint loca cauernosa in quibus aer contineatur, et per huiusmodi adustionem redditur terra sulfurea. Dicit autem quod circa loca predicta que sunt uicina mafi fluxili maximi fiunt terremotus propter angustationem interioris uenti ab impulsu maris ipsum exalare non permittentis, quia uentus uehemens qui natus erat exire a terra repellitur iterum in terram propter multitudinem maris que impellitur a uento exteriori uersus terram. Assignat etiam causam quare in locis cauernosis fiunt terremotus. Et dicit quod quecunque regiones habent sub terra loca cauernosa que dicuntur inania, quia non sunt plena corpore solido, magis concutiuntur per terremotus, quia in huiusmodi cauernis recipiunt multum de uento.

 

[91921] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 17 Deinde cum dicit: et uere autem et autumpno, ponit signa sumpta ex temporibus. Et dicit quod maxime fiunt terremotus in uere et in autumpno, et fiunt etiam in siccitatibus et in temporibus pluuiosis propter eandem causam, scilicet quia terremotus ex uentis causantur, unde maxime fiunt in uere et in autumpno: in hyeme enim propter frigiditatem et gelu inmobilitantur uenti quia frigiditas impedit resolutionem exalationum que est materia uentorum; in estate uero propter inmensum estum et siccitatem, ita quod non est materia in terra ex qua exalatio resoluatur (sicut ex lignis ualde siccis resoluitur modicus fumus), quia tunc maxime obtinet sol super terram.

 

[91922] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 18 Posset autem obici de hoc quod supra dixit quod in meridie maximi fiunt terremotus quia tunc maxime obtinet sol super terram, unde si in estate maxime obtinet, uidetur quod tunc maxime debeant fieri terremotus.

 

[91923] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 19 Set non est simile, quia uictoria solis que est in meridie licet sufficiat ad desiccandum superficiales humiditates terre ut non possint exalationes congregari ad exalationem uenti, non tamen sufficit ad totalem desiccationem terre qualis accidit in estate, per quam etiam nec interiores humiditates supersunt ex quibus materia uentorum resolui possit.

 

[91924] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 20 Assignat etiam causam quare in temporibus siccis fiunt terremotus, quia tunc aer est uentosus: hoc enim, scilicet aer, est achimos, id est sine humore, quando plus fit de exalatione sicca quam de humida, que quidem exalatio sicca est uentorum materia; set tamen intelligendum est: quando non est tanta siccitas que humiditatem terre consumat ut exalatio impediatur, ut accidit aliquando in estate. Set in temporibus pluuiosis fit terremotus propter multitudinem exalationis que concluditur in locis artis sub terra et constringitur in minorem locum propter hoc quod concauitates terre temporibus pluuiosis replete sunt aqua; et ideo cum exalatio multiplicata inceperit habere uictoriam, uentus ex ea generatus propter constrictionem impingit ad partes terre et fortiter mouet.

 

[91925] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 21 Deinde cum dicit: oportet enim intelligere, ponit signa que accipiuntur ex corporibus nostris. Et dicit, quod sicut in corpore nostro tremor et pulsus accidit ex spiritu incluso qui non habet liberum exitum, similiter facit spiritus inclusus in terram; unde aliquis terremotus est sicut tremor et aliquis sicut pulsus. Et dicit quod sicut post urinationem frequenter accidit in corpore tremor eo quod subito uentus ab exteriori intrat interius permeatus unde exit urina, sic accidit et circa terram, nam uentus interius inclusus facit terre tremorem. Quod autem uentus habeat magnam uirtutem ad mouendum apparet non solum ex hiis que facit in aere, ubi potest dici quod magna facit propter suam magnitudinem, set etiam ex hiis que facit in corporibus nostris modicus spiritus in nobis inclusus: manifestum est enim quod spasmi et tetani, qui accidunt ex contractione neruorum, sunt propter motus spiritus qui retrahitur et retractus retrahit neruos; huiusmodi autem spasmi tam uiolentum motum habent ut multi congregati aliquando temptauerunt per uiolenciam retinere ne nerui contraherentur, et tamen non potuerunt uincere motum infirmancium. Et sic oportet intelligere, ut fiat comparatio minoris ad maius, quod uentus inclusus in terra cum magna uiolencia terram mouet.

 

[91926] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 22 Deinde cum dicit: signa autem horum, ponit signa ex quibusdam particularibus accidentibus. Quorum primum est quod dicit quendam terremotum in aliquibus locis factum fuisse qui non desiit quousque erumperet uentus qui mouebat terram manifeste extra terram ad modum quo uentus qui uocatur enefias, de quo infra dicetur, exit a nube. Et hoc dicit suo tempore accidisse in Ponto circa Eracleam, et prius dicit hoc accidisse in insula sacra, hoc est Vulcani, in qua intumuit quandoque terra et eleuata est cum sono quedam moles ad modum collis, que tandem propter uiolenciam uenti interioris rupta fuit, et exiuit inde multus uentus eleuans fauillam et cinerem, propter quod repleta fuit ciuitas Lipareorum cinere, et cinis ille peruenit ad multas ciuitates Ytalie. Et dicit apparuisse illius facti uestigia usque ad tempus suum: causa enim est illius ignis qui in illa insula apparet, uel in aliqua alia terra, quod aer infra terram in paruas partes diuiditur, et ex motu ignitur, et ex tali ignitione primo terra accenditur, et istius accensionis diu durat effectus.

 

[91927] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 23 Secundum autem signum particulare ponit ibi: Argumentum autem est. Et dicit quod possumus accipere argumentum quod uenti fluant sub terra illud quod accidit circa has insulas, scilicet Vulcanum et alias insulas dictas Eoli, quia huiusmodi insule presignificant quando debeat auster flare quodam sono qui causatur ex hoc quod quando modicum incipit auster flare a remotis et a mari, illud quod debebat extra terram exsufflare de uento iterum repellitur intus propter mare quod superuenit, et sic fit sonus, tamen quandoque sine seismo, id est terremotu, tum propter hoc quod loca cauernosa infra terram sunt ampla ita quod uentus interius conclusus dispergitur in inmensum, tum etiam propter paucitatem que est exalationis repulse, que quandoque pauca est et non sufficit facere terremotum.

 

[91928] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 24 Deinde cum dicit: adhuc solem fieri caliginosum, ponit signa accepta a rebus que fiunt in alto. Et diuiditur in tres partes secundum tria signa que ponit: secunda pars incipit ibi: idem autem causa; tercia ibi: propter eandem autem.

 

[91929] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 25 Dicit ergo primo quod oportet pro signo accipere cause assignate de terremotu hoc quod circa terremotum fit sol caliginosus et obscurus sine nube manifesta, et quod ante terremotus qui fiunt de mane aliquando accidit tranquillitas in aere et magnum frigus. Ideo enim sol circa terremotum apparet caliginosus et obscurus, quia uentus qui poterat rarefacere aerem et disgregare exalationes incipit subintrare terram circa tempus terremotus. Similiter etiam ante matutinos terremotus fit tranquillitas, quia sicut dictum est, ut plurimum accidit tranquillitas ante terremotus uento incluso infra terram, et maxime hoc accidit circa magnos terremotus, quia quando principium uenti non diuiditur ut una pars eius procedat infra terram et alia extra terram, set totum simul feratur, tunc necesse est quod magis ualeat uentus ad mouendum uel aerem uel terram. Ideo autem accidit frigus ante terremotus, quia exalatio que secundum naturam suam calida est, utpote adhuc aliquid retinens de uirtute caloris resoluentis ipsam, non est in aere, set conuertitur infra terram. Licet autem exalatio secundum se sit calida, tamen uenti non uidentur esse calidi, quia commouent aerem plenum multo uapore frigido cuius uaporis frigiditas magis sentitur per huiusmodi commotionem, sicut etiam spiritus per os exsufflatus secundum se calidus est et sic sentitur de prope, sicut cum hyamus, set de longe frigidus sentitur propter eandem causam, scilicet propter uaporem frigidum quem commouet, licet non sit similiter manifestum de flatu nostro sicut de uento propter paucitatem. Quando igitur talis exalatio concluditur infra terram terremotu instante, rationabile est quod circa illa loca in quibus accidit terremotus uapores humidi resoluti in aere existentes faciant frigus.

 

[91930] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 26 Deinde cum dicit: idem autem causa etc., ponit aliud signum. Et dicit quod hoc quidem, scilicet uentum concludi infra terram et cessare in aere, est causa eius quod consueuit accipi ut signum precedens terremotum, quia ante terremotum de nocte, per diem uel post solis occasum, si sit serenitas, apparet quedam nubecula subtilis in longum porrecta et directa, per quod significatur quod uentus defecerit in aere et sit inclusus infra terram. Sicut enim circa litora maris, quando fuerit magnus uentus fluctuare faciens mare, fiunt grosse et distorte regmines, id est undositates, cum autem mare fuerit placatum, fiunt subtiles et recte propter paruam commotionem maris a uento; sic accidit in aere circa caliginem quod quando est tranquillitas in aere, derelinquitur recta et subtilis, tanquam talis nubecula sic se habeat ad aerem sicut regmis ad mare.

 

[91931] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 27 Deinde cum dicit: propter eandem autem, ponit tercium signum. Et dicit quod propter eandem causam, scilicet tranquillitatem existentem in aere, aliquando fit terremotus circa eclipsim lune, id est quam luna facit per sui interpositionem inter nos et solem, quod fit in eclipsi solis, quia quando iam prope est tempus quod luna interponatur inter nos et solem, et lumen et caliditas solis nondum est deficiens ex aere, set iam est marcefactum, id est debilitatum, tunc fit tranquillitas in aere, quia cum calor debilis non possit eleuare exalationes in altum, feruntur infra terram, et tunc spiritus intra terram retentus facit terremotum ante eclipses. Set et aliquando fiunt uenti ante eclipses lunares, in principio quidem noctis ante eclipses que fiunt in media nocte, in media autem nocte ante eclipses que fiunt diluculo. Et hoc accidit propter hoc quod calor qui est in aere a luna debilitatur cum luna appropinquat loco eclipsis; uirtute autem caloris lunaris detinetur aer ne perturbetur et quiescit: luna enim habet manifestum effectum in conseruatione rerum inferiorum et precipue humidarum; et ideo diminuto calore lune turbatur aer et fit uentus. Et si eclipsis fit tardior, id est maiorem moram habens, uentus etiam est durabilior.

 

[91932] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 28 Vel potest aliter exponi ut hoc etiam quod supra dictum est, quod circa eclipses lune accidit fieri terremotum, intelligatur de eclipsibus lunaribus; et quod dicit quod cum iam prope fuerit interpositio, non intelligatur de interpositione lune inter nos et solem, set de interpositione umbre terre; et quod dicit lumen el calidum quod est a sole nondum deficere ex aere, intelligendum est de lumine et calido quod luna recipit a sole.

 

[91933] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 29 Set tunc uidetur duo contraria dicere: primo quidem enim dixit quod ante eclipses lunares fit tranquillitas deficiente calido, postea uero dixit quod ante eclipses lunares diminuto eius calido fit turbatio aeris.

 

[91934] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 30 Potest autem ad hoc dici quod diminutio calidi quod est a luna quandoque facit tranquillitatem, quando scilicet calor lune erat moderatus et contemperatus ad mouendum exalationes ad generationem uentorum, unde diminutio caloris facit uentos cessare; quando autem caliditas lune erat maior, quasi uincens exalationes et disgregans eas, tunc calor lune facit tranquillitatem et diminutio eius caloris facit uentos.

 

[91935] Super Meteora, lib. 2 cap. 14 n. 31 Potest etiam dici quod parum ante eclipses lunares fit tranquillitas propter magnam diminutionem lunaris caliditatis; dicit autem philosophus uentos fieri non inmediate ante eclipses, set per mediam noctem ante, quia tunc aliquantulum remissus est calor lune, et non totaliter marcefactus, id est debilitatus.

 

 

 

Caput 15

Chapitre 15 – [ ]

[91936] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 1 Cum autem fortis factus fuerit et cetera. Postquam philosophus assignauit causam terremotus, hic assignat causam accidencium circa ipsos. Et circa hoc duo facit: primo assignat causam generalium accidencium; secundo causam quorundam particularium, ibi: in insulis autem ponticis.

 

[91937] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 2 Circa primum tria facit: primo assignat causam durationis terremotuum; secundo causam quorundam effectuum, eius, ibi: facit autem et sonos; tercio assignat causam diuersimode habitudinis ipsius ad terram, ibi: secundum autem partem.

 

[91938] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 3 Dicit ergo primo quod quando fuerit fortis terremotus, non statim cessat, neque ad primam agitationem, set aliquando quod est primum in eius duratione agitat usque ad quadraginta dies interpolatis noctibus, et post hoc usque ad unum uel duos annos. Cuius causa ex duobus sumitur, scilicet ex multitudine uenti et ex figura locorum per que fluit uentus. Quando enim loca subterranea sunt arta et solida ut spiritus repulsus non facile pertranseat, tunc maxime concutit et intus maxime retinetur, sicut aqua non potens transire. Et ideo sicut quando ab aliqua passione, puta ire, incitatur pulsus in corpore humano, non repente cessat, neque in paruo tempore, set post magnam horam debilitata passione, sic accidit in uento mouente terram. Sic igitur accidit duratio terremotus propter figuram loci. Accidit etiam propter multitudinem materie, quia illud principium ex quo facta fuit exalatio ex qua natus est uentus concutiens terram non statim totam materiam exalationis expendit per resolutionem; quousque ergo illa materia consumatur, reliquie illius materie faciunt agitationem, set semper debilius, quousque ueniat ad hoc quod sit ita modica exalatio quod non possit mouere terram.

 

[91939] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 4 Deinde cum dicit: facit autem et sonos, assignat causam quorundam effectuum terremotus. Et primo sonorum qui causantur in terra; secundo aquarum que erumpunt a terra propter terremotum, ibi: iam autem et aque; tercio fluctuum qui fiunt in mari, ibi: ubi autem simul.

 

[91940] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 5 Dicit ergo primo quod uentus inclusus sub terra qui causat terremotum aliquando facit sonos ante terremotum, et aliquando etiam fiunt soni sine terremotu. Sicut enim aer percussus, utpote uirga uel corrigia discussa in aere, facit sonos, ita etiam quando ipse percutit ad aliquod corporum: non enim est differencia quantum ad hoc utrum ipse uerberet uel uerberetur, quia omne quod uerberat uerberatur propter resistenciam uerberati. Huiusmodi autem sonus a spiritu infra terram incluso causatus precedit terremotum, licet simul fiat cum ipso, quia est subtiliorum parcium, et quia sonus magis potest penetrare per totum quam spiritus, id est uentus. Quod non est sic intelligendum quasi sonus sit corpus partes et subtilitatem habens, set quia in subtiliori aere potest fieri sonus quam uentus. Et ideo etiam fiunt aliquando huiusmodi soni sine terremotu, quia aliquando uentus est minor causans sonum quam sufficiat ad mouendum terram, et propter subtilitatem de facili potest penetrare ut perueniat ad auditum nostrum, licet non possit mouere. Ideo autem causantur diuerse maneries sonorum, quia spiritus inclusus impingit ad moles solidas et concauas et diuersis figuris figuratas, ex qua diuersitate causatur diuersus modus sonorum, ita quod aliquando uideatur terra mugire, secundum quod dicunt illi qui antiquitus uulgabant prodigia, ut aliquibus sacrificiis expiarentur: consuetum enim erat apud antiquos ut quando inconsueta acciderent in aliqua regione, principibus regionis nunciarentur ut a diuinis perquirerent quid pretenderent.

 

[91941] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 6 Deinde cum dicit: iam autem et aque eruperunt, assignat rationem de alio effectu terremotus. Et dicit quod aliquando factis terremotibus eruperunt aque de terra. Non tamen propter hoc credendum est quod aqua sit causa terremotus, sicut Democritus dixit, set uentus inclusus in terra qui cum quadam uiolencia mouet aquam, si sit in superficie terre, uel etiam sub terra et subuertendo terram, facit eam apparere, sicut et fluctuatio accidit in mari propter uentos, non tamen fluctus sunt causa uentorum: hac enim ratione posset aliquis etiam terram dicere causam terremotus, quia terra agitata euertitur propter terremotum, sicut aqua effunditur: effusio enim aque est quedam euersio ipsius. Set tamen hec duo, scilicet terra et aqua, in hoc se habent ut materia, quia paciuntur et non agunt.

 

[91942] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 7 Deinde cum dicit: ubi autem simul, assignat causam alterius effectus. Et dicit quod quando simul cum terremotu fiunt fluctus in mari, causa est contrarietas uentorum: hoc enim fit quando uentus inclusus in terra qui agitat terram non potest repellere totaliter mare quod contrafertur a contrario uento, set tamen impellendo et coartando congregatur multum de aqua maris circa eundem locum. Cum ergo interior uentus uincatur ab exteriori, tunc necesse est quod mare erumpat super terram et faciat quasi diluuium. Et hoc dicit fuisse factum circa Achaiam, quia in mari fiabat auster, infra terram autem erat quasi uentus borealis, set quando fuit facta tranquillitas, scilicet contraria impugnatione uentorum et uento boreali recurrente infra terram quasi repulso, accidit simul et fluctuatio et terremotus, et maxime propter hoc quod mare obsistebat et non dabat locum perflandi uento subterraneo qui impetum faciebat; et sic dum contra se inuicem uim inferent mare et subterraneus uentus, uentus quidem subterraneus fecit terremotum, set ypostasis spiritus, id est mare quod subsistebat interiorem uentum, obtinendo fecit cataclismum.

 

[91943] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 8 Deinde cum dicit: secundum partem autem, assignat rationem quorundam accidencium terremotus ex habitudine ipsius ad terram. Et primo quantum ad hoc quod terremotus accidunt secundum partem; secundum quantum ad diuersos motus quibus terra mouetur, ibi: quando quidem igitur.

 

 [91944] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 9 Dicit ergo primo quod terremotus non fiunt ita quod tota terra commoueatur, set secundum aliquam partem, et frequenter usque ad modicum locum, set non est ita de uentis. Ideo autem terremotus accidit secundum partes, quia exalationes que fiunt in illo loco et in uicinis locis conueniunt in unum, sicut et supra diximus quod siccitates aliquando accidunt in aliqua parte, uel etiam pluuie, propter congregationem exalationum humidarum in unum locum, et eadem ratione terremotus fiunt in aliqua modica parte terre. Set de uentis qui flant in aere non est sic, quia magis exalationes causantes eos disperguntur; uenti enim qui causant terremotus habent sub terra principium, ita quod omnes faciunt impetum ad unum locum; sol enim non tantum potest infra terram quantum potest supra terram, ut scilicet possit impedire dissoluendo congregationem exalationum sub terra sicut impedit supra terram; set super exalationes suspensas, id est eleuatas, in aere magis potest sol, ita ut cum acceperint principium a motu solis resoluente et eleuante eas, tunc fluant ad aliquod unum secundum differenciam locorum; et sic quandoque fit boreas, quandoque auster, quandoque autem aliquis alius uentus. Fluxus autem subterranei uenti, cum confluit ad unum ut post congregationem possit facere terremotum, non est nobis manifestus sicut fluxus uenti in aere ad unum tendentis; unde uenti apparent diffusi et ad longum spatium flantes, terremotus autem ad modicum.

 

[91945] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 10 Deinde cum dicit: Quando quidem igitur, assignat causam de diuerso modo agitationis terre. Et dicit quod quando fuerit multus spiritus congregatus, tunc mouet terram, et si sit motus in latum, fit quasi tremor; aliquando autem fit, set raro, in aliquibus locis motus terre per modum pulsus, quasi aliquid desubtus impellat terram sursum. Set hoc minus fit, quia non est facile quod tantum de exalatione conueniat in unum locum ut possit sic terram sursum impellere: multo enim est maior exalatio que colligitur secundum longitudinem et latitudinem terre quam que potest colligi a profundo. Set ubicunque factus fuerit terremotus per modum pulsus, egreditur ibi multitudo lapidum bulliencium sicut bulliencium in caldariis, eo quod propter uehemenciam motus causatur interius aliqua ignitio; et hoc modo dicit accidisse in subuersione quarundam terrarum.

 

[91946] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 11 Deinde cum dicit: in insulis autem ponticis, assignat causam quorundam particularium accidencium. Et dicit quod in insulis ponticis, id est que sunt in profundo maris, minus fiunt terremotus quam in insulis que sunt prope terram, quia multitudo maris infrigidat exalationes ut non resoluantur ad generationem uentorum; et iterum mare suo pondere prohibet et uim infert terre subsidenti ne possit moueri; iterum mare fluit propter uentos hac et illac, et sic non agitatur terra ei subposita a uentis; et quia etiam mare multum locum occupat secundum altitudinem et profunditatem, exalationes maris non concluduntur in terra, set eleuantur sursum, exalationes autem terre subsidentis mare consequuntur etiam exalationes maris in tendendo sursum, et ita non inclusis exalationibus sub terra non fiunt ibi terremotus. Set insule que sunt prope terram sunt quasi partes terre, unde eadem ratio est et de illis et de terra, ut in eis possit accidere terremotus: mare enim quod est intermedium propter suam paruitatem nullam habet uirtutem ad impediendum terremotum. Set insulas que sunt infra mare multum non contingit moueri nisi totum mare moueretur quod eas circumstat, et hoc est difficile propter causas predictas.

 

[91947] Super Meteora, lib. 2 cap. 15 n. 12 Vltimo recapitulat quod dictum est; et est manifestum in littera.

 

 

 

Ignoti Auctoris Sentencia super Meteora a libro II capite XVI ad librum IV

A partir d’ici, le commentaire est d’un auteur inconnu.

 

 

Caput 16

Chapitre 16 – Commentateur inconnu [ ]

[90893] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 16 n. 1 Postquam philosophus determinavit de his quae generantur ex exhalatione sicca circa terram et in terra, sicut de ventis et terraemotu, hic determinat de his quae generantur ex eadem in nube. Et circa hoc duo facit: primo praemittit intentionem suam, et dicit quod determinato de vento et terraemotu restat consequenter dicendum de coruscatione et tonitruo, et de typhone, idest de vento circulari expulso ex nube, et de incensionibus et fulminibus, et simul de omnibus, quia omnium est idem principium, scilicet exhalatio sicca, et omnia etiam sunt substantialiter exhalatio, quae differt secundum motus et passiones diversas.

 

[90894] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 16 n. 2 Deinde cum dicit: exhalatione enim etc., prosequitur intentum suum. Et circa hoc duo facit: primo praemittit quaedam necessaria ad propositum; secundo determinat de coruscatione et tonitruo secundum opinionem propriam, ibi: segregata quidem igitur et cetera. Circa primum praemittit tria. Primum est, quod sicut saepe dictum est prius, cum aqua et terra calefactae fuerint virtute solis, elevatur duplex exhalatio, una quidem humida, quae est principium pluviae, nivis et grandinis, et similium, alia autem sicca, quae est principium propositorum sicut videbitur, et etiam quorundam prius determinatorum. Et ambae illae exhalationes simul elevantur, quia nec humida nec sicca sola sine alia ascendit, sicut supra declaratum est. Secundum est, quod aggregatum ex istis duabus exhalationibus si sit humidum a praedominio, tunc propter frigiditatem convertitur in nubem, sicut dictum est in praecedentibus. Tertium est, quod nubes est densior in parte superiori quam in inferiori; et huius ratio est, quia necesse est nubem esse frigidiorem, et ex consequenti densiorem, in ea parte ubi deficit caliditas disgregans nubem; in parte autem superiori magis deficit caliditas, quia pars superior mediae regionis magis distat a puncto reflexionis: igitur ibi nubes est spissior. Sed in parte inferiori nubes est rarior, quia est minus frigida, et propterea, quia est minus densa, fulmina, Ecnephiae et omnia huiusmodi quae fiunt ex sicca exhalatione, propulsa a frigido moventur inferius, quamvis exhalatio sicca sit nata moveri sursum propter naturam caliditatis. Sicut in simili accidit, quia nuclei et parvi lapilli, dum comprimuntur inter digitos ex una parte, exeunt ex alia quae est minus compressa et densa.

 

[90895] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 16 n. 3 Deinde cum dicit: segregata quidem igitur etc., inquirit causas et principia aliquorum propositorum, scilicet tonitrui et coruscationis, quae sunt nobis magis manifesta; sed in principio tertii libri reddit causam aliorum minus manifestorum. Circa hoc autem tria facit: primo ostendit causam et modum generationis tonitrui; secundo manifestat causam coruscationis, ibi: spiritus autem extrusus etc.; tertio comparat illa duo simul, ibi: fit autem post percussuram et cetera. Dicit ergo primo quod exhalatio calida et sicca, elevata cum vapore humido iuxta primum suppositum, quantum ad partes subtiles dispergitur in aere supra locum frigidum per virtutem calidi, sed alia pars quae est grossior, quae propter grossitiem non elevatur in altum, includitur in partibus aeris frigidi coagulantis nubem, et in nube, segregata tamen a frigiditate partium nubis. Et illa exhalatio sic in nube inclusa, propter frigiditatem nubis exitum petit, et movetur huc et illuc, et facit magnam percussionem frangendo latera nubis. Et ex tali percussione et fractione causatur sonus, qui vocatur tonitruum. Et hoc declarat per simile: quia fumus existens intra lignum viride, aliquando resolvitur et subtiliatur a calido ignis, et sic subtiliatum quaerit maiorem locum et petit exitum, et sic percutiendo lignum vel corticem per violentiam, causat diversum sonum secundum diversam dispositionem materiae et exhalationis moventis; de quo sono dicunt vulgares, fabulas et prodigia sectantes, quod est risus Vulcani, quem dicebant esse Deum ignis: alii autem dicunt quod est risus Vestae, quae secundum eos est dea ignis; aliquando etiam, cum scilicet sonus est magnus et subitus, dicunt quod est comminatio utriusque ad circumstantes. Huic etiam simile apparet in castanea non scissa, et posita ad ignem: cum enim exhalatio per calorem subtiliata exitum quaerit, tunc frangit castaneam cum magno sono. Et eodem modo exhalatio subtiliata quaerens exitum ex nube, et percutiens cum violentia latera nubis habentia spissitudinem, et frangens ea, facit sonum quem vocamus tonitruum. Causa autem diversitatis sonorum est ex diversitate percussionum et ex diversitate et irregularitate partium nubis, quarum quaedam sunt frigidiores et spissiores, propter quod fortius repercutiuntur et sonant, aliae vero sunt minus spissae, et ex hoc remissius sonant. Tonitruum igitur est sonus factus propter causam dictam, scilicet propter collisionem violentam exhalationis siccae ad latera nubis a frigido propellente.

 

[90896] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 16 n. 4 Deinde cum dicit: spiritus autem extrusus etc., ostendit causam coruscationis. Et dicit quod eadem exhalatio sicca quae ex collisione sua causat tonitruum, extrusa et propulsata inferius secundum multas partes, ignitur debiliter in partibus subtilioribus et coloratur: sicut etiam apparet in corpore ignibili violenter ac fortiter moto, quod propter motum ignitur. Et hoc dicimus coruscationem extrusam a nube, et coloratam sive ignitam a calido igniente.

 

[90897] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 16 n. 5 Deinde cum dicit: fit autem post percussuram etc., comparat ista duo quantum ad tempus apparitionis et generationis. Et dicit quod coruscatio secundum naturam posterius generatur quam tonitruum: quia tonitruum causatur ex violenta percussione ad latera nubis, coruscatio autem est ignitio exhalationis extrusae a nube: extrusio autem et ignitio sunt posteriores percussura. Sed quod coruscatio prius videatur quam audiatur tonitruum ideo est, quia visus in apprehendendo anticipat auditum: quia auditus indiget tempore ut sonus cum motu locali veniat ad ipsum, sed perfectio visus a visibili non est in tempore, sed in indivisibili. Et ex hoc sensus visus perfectior est auditu, ut patet in I Metaphys., quia citius et immaterialius immutatur ab obiecto. Et hoc manifestat Aristoteles in motu triremium, idest navium quae habent tres ordines remorum: quia quando remigantes elevant remos a prima percussione, prius videtur elevatio remorum quam audiatur sonus ex percussione praecedenti. Patet etiam quod in ripa Sequanae, ab existentibus de longe prius videtur elevatio percussorii lotri, cum purgant pannos, quam audiatur sonus. Et qui intuentur de longe lapidicidas, vel incidentes ligna, prius vident elevationem securis vel mallei, immo prius vident secundam percussuram, quam audiant sonum primae. Sic etiam licet tonitruum et percussura prius generetur quam coruscatio, tamen prius apparet coruscatio, quia visus praevenit auditum.

 

 

 

Caput 17

Chapitre 17 – [ ]

[90898] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 17 n. 1 Postquam philosophus determinavit de coruscatione et tonitruo secundum opinionem propriam, hic ostendit opiniones aliorum suae opinioni contrarias, et improbat eas. Circa hoc autem duo facit, secundum quod duae sunt opiniones quas ponit. Primo ergo dicit quod quidam, scilicet Empedocles et Anaxagoras, ponunt in nubibus esse aliquem ignem, qui sit causa coruscationis et tonitrui. Sed illum ignem dicebat Empedocles esse interceptum a radiis solaribus descendentibus deorsum, quos existimabat esse corpora; sed Anaxagoras dixit illum ignem esse aliquam partem aetheris, idest ignis, extrusam a superioribus: quia opinabatur superiora esse de natura ignis. Et utrique dixerunt micationem, idest illustrationem, ipsius ignis esse coruscationem; sed sonum et sixim, idest stridorem illius ignis extincti, sicut apparet in titione extincto in aqua, vocant tonitruum. Quantum autem ad comparationem eorum, dicunt quod ambo generantur secundum illum ordinem quo apparent. Sed opinio utriusque videtur irrationabilis; magis tamen irrationabilis est opinio Anaxagorae, qui dixit ignem esse interceptum per detractionem ab aethere superiori, propter duas rationes. Prima est, quia de natura ignis est ascendere et non descendere, ideo irrationabile est dicere illum ignem descendere a sua sphaera: aut saltem debebat reddere causam quare descendat, cum natus sit ascendere. Secunda ratio est, quia si ignis descendit per impossibile, non est maior ratio quare descendat uno tempore quam alio, et sic non magis descenderet tempore nubis quam serenitate existente. Similiter etiam non est probabilis opinio Empedoclis propter duas rationes. Prima, quia secundum opinionem Empedoclis eodem modo deberet fieri tonitruum in qualibet parte nubis, vel semper oporteret reponere in nube aliquod determinatum per se existens in actu, puta ignem in actu, qui sit causa illorum, et a quo separentur. Sed hoc multum differt a veritate: quia oporteret idem dicere de nive, aqua et grandine et similibus, cum ista etiam generentur in superioribus, sicut tonitruum et coruscatio; et sic, si omnia ista essent prius in actu in superioribus, non generarentur ibi, sed quasi in quadam apotheca conservarentur, et tempore quo descendunt segregarentur ab aliis: quod est derisibile. Secunda ratio est, quia si nubes inspissata interciperet ignem, eadem ratione aqua calefacta a sole vel ab igne, quando postea infrigidatur pateretur idem, interciperet ignem, et haberet eosdem effectus: quia ubi est una causa, ibi est unus et idem effectus; quod tamen non apparet. Quamvis autem verum sit, quod spiritus, idest calida exhalatio, facta ab igne in aqua, faciat aliquem fervorem, idest sonum consequentem ebullitionem, non tamen facit sixim, idest stridorem causatum ab extinctione ignis. Illi autem non dicunt quod ille ignis faciat fervorem vel ebullitionem, sed sixim, idest stridorem. Est autem differentia inter ebullitionem et sixim, quia ebullitio causatur in frigido humido a calido evaporante et resolvente spiritum, sed sixis causatur a frigido calidum extinguente, vel est sonus consequens ipsum; quamvis et sixis videatur esse quaedam parva ebullitio: quia in qua parte inciderit ignis qui extinguitur, illam partem parvo tempore ebullire facit, et causat sonum. Est autem hoc quod dicitur de extinctione ignis in nube, manifeste contra experientiam sensus. Si enim ille ignis extingueretur in nube, et ex hoc causaret tonitruum, coruscatio non appareret nobis tam manifeste ignita, sed extincta: sicut titio extinctus in aqua et extractus non videtur incensus. [90899] Inserta super Meteora, lib. 2 cap. 17 n. 2 Secundo ibi: sunt autem quidam etc., ponit secundam opinionem, et reprobat eam. Dicit ergo quod quidam fuerunt, qui dixerunt coruscationem non esse aliquod reale, sed phantasiam et apparentiam quandam; sicut dixit Clidemus, qui probabat hoc per simile de illo, qui de nocte percutit supra mare: tunc enim apparet in mari ex aqua elevata quidam fulgor sicut in igne. Et ita similiter etiam dicebant, quod in nube velociter mota a vento vel aliquo huiusmodi, apparet quidam fulgor, quem dixerunt esse coruscationem; ex percussione autem nubis dixerunt causari tonitruum. Hanc autem opinionem reprobat philosophus, et dicit quod antiqui dixerunt hoc, quia nondum erant bene assueti scientiae de refractionibus radiorum, quae videtur esse causa immutationis apparentis in aqua percussa. Cum enim percutitur aqua et aliqualiter elevatur aliqua pars eius, visus ab ipsa refrangitur ad aliquod corpus fulgidum. In puncto autem reflexionis apparet color, mixtus ex colore corporis fulgentis et aquae a qua fit refractio: et ideo magis apparet de nocte quam de die, quia lumen solis ratione magnitudinis obumbrat illam apparitionem. Sed ista causa non potest esse in apparitione coruscationis. Deinde recolligit ea quae dicta sunt de coruscatione et tonitruo, tam secundum opinionem aliorum quam propriam: et omnia sunt clara in littera. Deinde addit quod omnia ista, scilicet ventus, terraemotus, tonitruum et coruscatio, sunt idem secundum substantiam, quia omnia sunt exhalatio sicca: quae quidem lateraliter mota et fluens circa terram, est ventus, sed propulsa infra terram et ibi angustiam passa, est terraemotus, in nubibus autem subtiliata, et propulsa a frigido quando nubes congregantur in aquam, facit tonitruum, coruscationem, et cetera quae sunt eiusdem generis. Sicut enim omnia quae generantur ex vapore humido per coagulationem a frigido, sunt idem secundum speciem, differentia secundum magis et minus et secundum diversas passiones vel diversos modos patiendi, sic etiam omnia quae generantur ex sicca exhalatione a calido inflammante vel frigido propellente, sunt idem secundum speciem, sed differunt secundum quod diversimode patiuntur a calido secundum plus et minus, et secundum diversam repulsionem a frigido. Considerandum tamen est, quod terraemotus, tonitruum, coruscatio et alia huiusmodi, dupliciter considerari possunt. Primo formaliter, scilicet inquantum terraemotus est formaliter quidam motus, tonitruum est sonus factus ab exhalatione, unde et nomen sumpsit, coruscatio vero est illuminatio facta ab exhalatione incensa, etc.: et sic manifestum est quod sunt diversarum specierum. Alio modo considerantur fundamentaliter, quantum scilicet ad fundamentum essentiale ex quo talia immediate generantur: et hoc modo sunt idem secundum speciem, quia omnia immediate fiunt ex exhalatione sicca, licet diversimode et secundum diversos modos generandi, sicut superius dictum est.

 

 

 

Liber 3

Livre 3 ─ Commentateur inconnu [ ]

Caput 1

Chapitre 1 – [ ]

[90900] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 1 Postquam philosophus determinavit de tonitruo et coruscatione in fine praecedentis libri, in principio huius tertii intendit consequenter determinare de aliis, quae generantur ex eadem exhalatione sicca extrusa ex nubibus, puta de Ecnephia, typhone et huiusmodi. Et dividitur in partes duas. In prima praemittit intentionem suam, et dicit, quod postquam determinatum est de tonitruo et coruscatione, quae sunt principales passiones in aere generatae ex materia ventorum, dicendum est consequenter de residuis effectibus sive passionibus, quae sunt minus principales, scilicet de Ecnephia, typhone, incensione et fulmine, secundum modum prius inductum, scilicet accipiendo pro principio quod duplex sit exhalatio ex terra, una humida et alia sicca, et ostendendo quomodo et unde sit in ipsis principium motus et generationis.

 

[90901] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 2 Secundo ibi: spiritus enim hic etc., prosequitur intentum. Et dividitur in quatuor partes, secundum quod quatuor sunt passiones de quibus determinat: primo enim determinat de Ecnephia; secundo de typhone, ibi: quando autem segregatus etc.; tertio de incensione, ibi: cum autem detractus igniatur etc.; quarto determinat de fulmine, ibi: si autem in ipsa nube et cetera. Circa primum duo facit: primo ostendit quid sit principium generationis Ecnephiae; secundo ostendit causam continuitatis et magnitudinis eius, ibi: quando quidem igitur et cetera. Dicit ergo primo quod spiritus iste qui exhalatio sicca vocatur, habens partes subtiliores, fluens ex ipsa nube per interpolationem, et dispersus in multa loca, est principium tonitrui et coruscationis, sicut prius dictum est. Sed si eadem exhalatio spissior fuerit et minus subtilis, et segregetur ex nube multa simul absque interpolatione, et feratur deorsum velociter, tunc fit Ecnephias, qui est spiritus fluens ex nube secundum rectum deorsum velociter, propter velocem segregationem quae fit a magnitudine frigidi. Propter quod Ecnephias est ventus violentus: quia velocitas segregationis facit motum velocem, velox autem motus non est sine violentia; segregatur autem celeriter propter fortitudinem frigidi segregantis.

 

[90902] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 3 Deinde cum dicit: quando quidem igitur etc., ostendit causam multitudinis et continuitatis Ecnephiae. Et dicit quod, quando exhalatio sicca, grossa et compacta, segregatur ex nube et est multa, ita quod longo tempore una pars sequatur aliam, tunc spiritus Ecnephiae fit magnus et continuus, propter multitudinem materiae continuae exeuntis: sicut et contraria exhalatio, scilicet humida, cum movetur, et incipiunt segregari partes et cadere pluvia, si sit multa, una pars continue cadit post aliam, et fiunt magni et continui imbres. Quod autem rationabilis sit similitudo inter istas duas contrarias exhalationes, declarat per hoc quod utrumque horum est in potentia in eadem nube; quia unumquodque est in potentia in materia ex qua fit: Ecnephias autem fit ex exhalatione sicca inclusa in nube, et pluvia generatur ex vapore ipsius nubis. Et similiter utrumque fit ab eodem principio activo, scilicet a vehementi frigiditate: eadem enim frigiditas loci et nubis concernit vaporem in aquam, et expellit violenter contrariam exhalationem calidam ex nube. Propter quod etiam multoties, cum tale principium fuerit applicatum nubi in qua utrumque est in potentia, generatur utrumque simul; et si in nube fuerit maior multitudo exhalationis siccae, fit maior ventus quam pluvia; si vero e converso plus fuerit de vapore humido, generatur maior pluvia: simul tamen fiunt Ecnephiae.

 

[90903] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 4 Deinde cum dicit: quando autem segregatus etc., determinat de typhone. Et circa hoc duo facit: primo determinat de ipso typhone; secundo de effectu eius, ibi: fit quidem igitur et cetera. Prima iterum in tres: primo enim determinat de principio generationis eius; secundo de motu ipsius, ibi: deorsum autem fertur etc.; tertio de tempore et loco generationis eius, ibi: borealibus autem non et cetera. Circa primum duo facit: primo facit quod dictum est; secundo comparat typhonem ad Ecnephiam quantum ad generationem eorum, ibi: veruntamen quia sicut et cetera. Dicit ergo primo quod, quando spiritus inclusus in nube segregatur et expellitur a frigiditate loci et superioris partis nubis ex amplo ventre nubis per angustum exitum et parvam scissuram, et repercutitur ad aliquod corpus solidum, tunc fit quidam ventus in portis et viis flans per modum turbinis, qui dicitur typho. Et hoc fit ex eo, quod prima pars repercutitur ad terram, sive ad aliud corpus solidum, vel aliqua alia ratione impeditur anterius procedere, et revolvitur in partem subsequentem, et pars sequens continue impellit priorem. Ideo cum pars prior non possit procedere ante, quia impeditur, neque possit retroverti, quia impellitur a sequenti, involvitur in sequenti, et reflectit se ad latus ubi non invenit prohibens: et sic causat motum quasi circularem. Motus enim qui est una latio, idest unus motus localis, si non est motus rectus, scilicet sursum aut deorsum, sicut iste, oportet quod sit circularis. Sicut autem movetur prima pars, ita similiter moventur omnes subsequentes: et propter hoc fit ista revolutio super terram, quae habet principium in nubibus.

 

[90904] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 5 Deinde cum dicit: veruntamen quia sicut etc., comparat typhonem ad Ecnephiam. Et dicit quod similiter generantur, scilicet per continuam segregationem nubis a spiritu, sive ab exhalatione sicca; quod propterea necessarium est, quia typho velocius movetur circulariter, quam nubes nata sit ex seipsa moveri, et ex hoc nubes continue separatur ab exhalatione, ita tamen quod semper aliqua pars nubis sequitur exhalationem. Et sic etiam generatur Ecnephias; sed tamen ista duo differunt in motu: quia Ecnephias movetur motu recto, typho autem movetur secundum circulum, propter causam iam dictam.

 

[90905] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 6 Deinde cum dicit: deorsum autem fertur etc., determinat de motu eius. Et dicit quod typho licet sit generatus superius, tamen movetur deorsum sicut Ecnephias, quia fertur in contrarium eius a quo expellitur: expellitur autem a superiori parte nubis, quae est magis frigida, propter hoc quod ibi deficit caliditas causata a reflexione radiorum solarium, sicut supra dictum est: et ex consequenti movetur inferius. Et vocatur ille spiritus typho, quando movetur deorsum circulariter, et non est coloratus, nec a calido ignitus, sicut multae aliae impressiones; quod accidit ex hoc, quia ille spiritus est indigestus, et non est totaliter separatus a nube, sed semper trahit secum aliquam partem nubis, et eius humiditas impedit eius colorationem vel ignitionem.

 

[90906] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 7 Deinde cum dicit: borealibus autem etc., determinat de loco et tempore generationis typhonis. Et dicit quod typho non generatur in temporibus et locis borealibus, idest vehementer frigidis, nec etiam in locis vel temporibus nivosis et congelatis, sicut nec Ecnephias. Et huius ratio est, quia ista duo in hoc conveniunt, quod utrumque est spiritus, idest exhalatio sicca. Cum autem obtinet excellens frigus, idest quando est tempus vel locus excellentis frigoris, tunc exhalatio calida statim in sui principio extinguitur a magno frigore. Et propter eandem causam, in eisdem locis raro aut nunquam fit tonitruum et terraemotus.

 

[90907] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 1 n. 8 Deinde cum dicit: fit quidem igitur etc., ostendit effectum mirabilem huius venti. Et dicit, quod sicut descendendo semper ducit secum aliquam partem nubis, ita quando reflectitur a terra involvit secum omnia super quae cadit, eradicando scilicet arbores, quandoque evertendo domos, elevando saxa. Et cum inciderit ad mare, elevat secum et involvit magnitudinem aquae maris: quandoque autem elevat naves, propter quod multum timetur a nautis; quia super quaecumque incidit, illa motu circulari circumeundo et vim faciendo evertit, et revertendo elevat ea sursum.

 

 

 

Caput 2

Chapitre 2 – [ ]

[90908] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2 n. 1 Deinde cum dicit: cum autem detractus igniatur etc., determinat de incensione. Et dicit, quod cum spiritus subtilior quam ille ex quo generatur typho, segregatus fuerit ex nube, et ignitus propter suam subtilitatem et motum violentum calidi, tunc fit passio quae dicitur incensio. Et haec exhalatio sic incensa, cadendo coincendit aerem per quem cadit; sed quia illa incensio non est fortis sed debilis, videtur potius quaedam coloratio aeris ad modum albi.

 

[90909] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2 n. 2 Deinde cum dicit: si autem in ipsa etc., determinat de fulmine. Et circa hoc tria facit: primo determinat de fulmine; secundo de effectu eius, ibi: hic quidem enim etc.; tertio concludit quoddam corollarium ex dictis, ibi: quare et quod spiritus et cetera. De primo ergo dicit, quod si spiritus subtilis secundum substantiam et multus in quantitate, extrudatur a frigido quod est in ipsa nube, generatur fulmen, quod penetrat et frequenter adurit illud cui incidit. Quod quidem est duplex: nam si spiritus fuerit magis subtilis quam calidus, fit fulmen vehementer penetrans, sed non adurit; si autem exhalatio fuerit minus subtilis et magis calida, fit fulmen quod tardius penetrat, et maiorem moram faciendo adurit. Primum poetae vocant argeta, secundum vero psoloenta.

 

[90910] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2 n. 3 Deinde cum dicit: hic quidem enim etc., determinat de efficacia sive effectu fulminis. Et dicit quod primum fulmen, quod scilicet est magis subtile quam calidum, propter eius subtilitatem velocissime movetur, et penetrat illa super quae cadit antequam ipsa igniat, et est adeo subtile, quod penetrat intra res per parvos poros et insensibiles. Ex quo etiam ratio reddi potest multorum effectuum mirabilium, qui efficiuntur ab hoc fulmine. Aliquando enim visum est, quod ictu fulminis liquefacta est pecunia in marsupio, illaeso marsupio: et hoc propter eius magnam subtilitatem, propter quam per poros aut parva foramina, aut per os marsupii penetravit ad pecuniam, illaeso marsupio. Et simili ratione inventi sunt homines mortui a fulmine, vestimentis exterioribus illaesis; puer etiam in utero matris exterminatus est, matre remanente intacta. Dicit etiam Seneca, quod vinum quandoque sine combustione mansit, et remansit in dolio, adustis asseribus et ad terram proiectis. Et huius ratio esse potest, quia virtus penetrativa fulminis per quam confregit asseres et latera dolii, multo maior est quam virtus vini, per quam natum est effundi deorsum: ideo in minori tempore frangit latera vasis, quam vinum natum sit moveri deorsum; quapropter confracto vase vinum stare potuit per modicum tempus, maxime si sit vinum viscosum et grossum, et vas sit porosum, quia tunc facilius fulmen pertransit vas quod est porosum, quam vas in quo non inveniuntur pori. Sua etiam caliditate fulmen facit vinum grossum et viscosum, maxime in superficie facere potest quasi crustam, ut patet de sapa, propter quod vinum tardius effunditur. Sed aliud fulmen, quia est grossius, propter nimiam eius tarditatem non ita penetrat: et quia est calidius quam subtile, prius adurit et colorat quam penetret, ita quod adustio praevenit motum localem eius in penetrando. Hoc autem fulmen, quia propter suam grossitiem non multum penetrat, ideo minus laedit dura et resistentia quam rara. Unde aliquando inventum est, quod excussit aliquando vestem, aliquando pilos et barbam hominis, homine in nullo penitus laeso. Sed primum fulmen ea quae parum resistunt non colorat aut adurit, sed cito penetrat, sicut prius dictum est. Ea vero quae resistunt, ut sunt corpora dura, magis patiuntur ab hoc fulmine, quia ea adurit propter duas rationes; primo quia ea quae sustinent fixionem fulminis maiori tempore, magis patiuntur ab eo: sed fulmen agit in resistentia maiori tempore; secundo quia quando resistitur spiritui, tunc spiritus fortificatur et multiplicatur et fortius agit. Et hoc etiam manifestat duobus exemplis. Primo quia visum est quandoque, quod clypeus a parte interiori erat coopertus aere in aliqua parte, vel etiam a parte exteriori, et iste clypeus ictus fulmine et lignum nihil passum fuit, quia propter raritatem cito ipsum penetravit fulmen, sed aes, quod magis resistebat, liquefactum fuit. Temporibus etiam nostris miles, qui percussus est a fulmine, habebat scutum ligneum suspensum humeris, et sub scuto arma ferrea: fulmen confregit et partim liquefecit ferrum sub scuto, lignum autem scuti in nullo laesum inventum est. Secundo dicit, quod sicut dictum est, fulmen aliquando interfecit hominem propter resistentiam, vestimenta vero propter minorem resistentiam pertransivit. Ex quo concludi potest, quod primum fulmen magis periculosum est quam secundum. Si autem verum sit quod fulmen habet alios effectus, qui proferuntur vulgo, ut puta quod magis percutiunt campanilia Ecclesiae et loca sacra quam alia loca, dicendum quod non est inconveniens, quod Daemones utantur virtute sua circa hos mirabiles effectus naturae, ut ipsi rerum mirabilium auctores videantur: sicut aliquando se immiscent nobilissimo effectui naturae, scilicet generationi et propagationi humanae. Nos tamen hic non quaerimus quid Deus permittat, sed quid natura faciat. Et de facili dicere possumus, quod magis tangit campanilia et Ecclesias, quia sunt altiores, et citius ei occurrunt. Sciendum est etiam quod Seneca tres species fulminis dicit esse; sed istae de facili reducuntur ad duas praedictas, ut patet intuenti.

 

[90911] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2 n. 4 Deinde cum dicit: quare et quod spiritus etc., concludit corollarie ex dictis, quod fulmen non est lapis vel aliquod corpus solidum, sicut tamen multi crediderunt, sed est spiritus, idest exhalatio sicca, incensa et subtilis. Et hoc quod dicit philosophus, declarat per ea quae patent oculis; quia combusto templo in Epheso a fulmine, ibi, quia materia fulminis erat multa, videri poterat quod fulmen est spiritus: quia quando templum percussum est, flamma exhalationis incensae ferebatur hac illac ad multas partes templi, et denique cum fumo templi ferebatur sursum, incensa sicut fumus propter admixtionem humidi grossi quod exibat ex combustione templi. Sed accidit de huiusmodi exhalatione sicut de fumo, quia etiam fumus est quidam spiritus, et ardet sicut exhalatio, sicut prius dictum est. Quando igitur materia est multa quae comburitur, tunc fit multus fumus incensus, et manifeste videtur, sicut in incensione fornacis: quando autem materia est pauca, non ita videtur fumus. Sic etiam quando materia fulminis est multa, manifeste apparet quod fulmen est exhalatio incensa, sicut accidit in fulmine percutiente praedictum templum: quando vero materia est pauca, non ita videtur; quod tamen videtur in uno, iudicandum est etiam in altero. Quod autem fulmen non sit corpus solidum vel lapis, patet: quia tale corpus non potest habere effectus, qui superius dicti sunt procedere a fulmine. Non enim posset penetrare ad interiora, nisi prius ruptis exterioribus: alioquin duo corpora essent simul in eodem loco, quod naturaliter non potest fieri. Videtur etiam inconveniens esse, quod tam parvus lapis evertat turres et domos. Considerandum tamen est, quod quandoque cum fulmine antefertur lapis vel aliud huiusmodi deorsum, quod vel est generatum in nube ab exhalatione calida, digerente humidum aqueum nubis, sicut patet in decoctione laterum: qui lapis etiam quandoque antefertur tonitruo, vel a vento circulari sursum est elevatum. Sed iste lapis non est fulmen, ut dictum est, neque semper fit quando fit fulmen.

 

[90912] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2 n. 5 Deinde cum dicit: semper enim oportet etc., reddit rationem cuiusdam accidentis circa fulmen, quare scilicet illa quae percutiuntur a fulmine, videntur moveri antequam percutiantur. Et huius ratio est sicut ipse dicit, quia aliquis spiritus, velut fumus vel aer motus ab ipso fulmine, semper praecedit et semper sequitur exhalationem incensam, quae est fulmen: qui spiritus propulsus ante fulmen suo motu movet corpora, quae patiuntur a fulmine. Et propter hanc causam animalia fulmine percussa ut in pluribus inveniuntur habere caput conversum ad fulmen, quia sentientes hunc motum qui praecedit fulmen, naturaliter convertunt caput ad illam partem, ut cognoscant quid sit, et sic percutiuntur fulmine.

 

[90913] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 2 n. 6 Deinde cum dicit: et tonitrua autem etc., comparat fulmen ad tonitruum. Et dicit, quod sicut fulmen deiicit et dividit corpora quae tangit, ita similiter tonitruum quandoque dividit corpora. Sed tamen non est imaginandum quod tonitruum dividat corpora mediante sono, sed dividit mediante spiritu, idest exhalatione segregata a nube, quae incidens alicui corpori plerumque dividit illud, sed non exurit, quia non est ita subtilis et incensa sicut fulmen. Ipsum vero fulmen dividit mediante motu exhalationis, exurit autem et colorat propter ignitionem. Deinde recapitulat ea quae dicta sunt, dicens quod de tonitruo et coruscatione et Ecnephia, iterum de typhonibus et incensione et fulminibus dictum est quid sit unumquodque eorum secundum substantiam: quia sunt exhalatio sicca. Sed differentia eorum est secundum magis et minus subtile, et secundum alia accidentia consequentia.

 

 

 

Caput 3

Chapitre 3 – [ ]

[90914] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 1 Postquam philosophus determinavit de his quae generantur ex exhalatione elevata a terra per motum et alterationem, consequenter intendit determinare de his quae fiunt per refractionem luminis ab exhalatione humida constante superius. Et circa hoc duo facit. Primo ponit intentionem suam, et dicit quod cum superius determinatum sit de his quae fiunt ex exhalatione humida per motum et alterationem, consequenter dicendum est de his quae fiunt per refractionem luminis ab eodem vapore humido, consistente in nube vel caligine, puta de halo, iride et virgis, et pareliis. Et circa hoc considerandum est quid sit unumquodque eorum, et propter quam causam fiunt, quia unumquodque eorum fit propter eandem causam.

 

[90915] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 2 Secundo ibi: ipsius quidem igitur etc., prosequitur intentum. Et circa hoc duo facit: primo determinat in generali de accidentibus et causis halo et iridis, et quorundam aliorum quae fiunt per refractionem luminis; secundo determinat de causa et principio illorum magis in speciali, ibi: quod quidem igitur visus et cetera. Prima iterum dividitur in duas partes: primo enumerat accidentia circa halo et iridem; secundo determinat de causis dictarum apparentiarum, ibi: causa autem horum et cetera. Circa primum duo facit: primo determinat de accidentibus halo; secundo de accidentibus iridis, ibi: iridis autem nunquam et cetera. Primo ergo dicit quod halo saepius apparet secundum circulum perfectum: dicit autem saepe, quia quandoque propter interruptionem caliginis a qua fit refractio, circulus interrumpitur. Fit etiam halo circa solem et lunam, et circa astra multum luminis habentia. Adhuc non minus apparet de nocte circa lunam et stellas, quam de die circa solem: immo magis apparet de nocte quam de die, quia in die lumen solis obscurat apparentiam eius. Et indifferenter fit in meridie et in sero, sed in mane et circa occasum minus fit. Vocat autem hic philosophus occasum, non illud tempus vespertinum quod communiter sero dicitur: alias sibi contradiceret, dicendo quod halo fit in sero et non fit circa occasum; sed vocat occasum declinationem solis a meridie, quae est ante illud tempus vespertinum et post meridiem. Et non fit halo circa occasum, quia tunc propter moram solis calor est ferventior, et dissipat eius apparentiam.

 

[90916] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 3 Deinde cum dicit: iridis autem nunquam etc., ostendit accidentia circa alias apparentias. Et circa hoc duo facit: primo ostendit accidentia circa iridem; secundo accidentia circa virgas et parelios, ibi: parelii autem et cetera. Circa primum tria facit: primo ostendit accidentia iridis quantum ad figurationem; secundo ostendit accidentia quantum ad tempus apparitionis, ibi: et post autumnale etc.; tertio quantum ad colores et numerum, ibi: neque duabus plures et cetera. Dicit ergo primo quod iris nunquam apparet secundum circulum perfectum, neque apparet in maiori portione circuli decisi per diametrum, sed sole oriente aut occidente apparet sub figura semicirculi completa, quae est maior portio circuli sub qua possit apparere; ille tamen circulus est minor quam circulus quem facit in meridie. Cum autem sol elevatur supra horizontem, apparet minor pars semicirculi; circulus tamen quem tunc facit, est maior quam ille quem faciebat oriente vel occidente sole.

 

[90917] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 4 Deinde cum dicit: et post autumnale etc., enumerat accidentia iridis quantum ad tempus apparitionis. Et dicit quod post aequinoctium autumnale existentibus diebus brevioribus, iris potest apparere in qualibet hora diei, quia tunc sol non multum elevatur super horizontem: sed in aestate, sole existente circa tropicum, non fit in meridie. Et hoc maxime in regionibus, in quibus sol multum accedit ad Zenith capitum: quia tunc basis pyramidis sub qua videtur iris, aut directe iacet supra terram, aut modica portio eius est per eam. Et tunc ad videndam apparentiam iridis, oporteret quod homo iaceret quasi resupinus in terra, et oculus non esset elevatus.

 

[90918] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 5 Deinde cum dicit: neque duabus plures etc., ostendit quot sint irides secundum numerum, et accidentia eius quantum ad colores. Et dicit de primo quod aliquando videntur duae irides (sed plures duabus non apparent nisi raro), quarum altera continet alteram. Et utraque earum habet tres colores principales, eosdem quidem secundum speciem et aequales secundum numerum, sed eius quae est extra et continet aliam, colores sunt obscuriores et minus apparentes quam illius quae est intra et continetur. Et isti colores secundum situm sunt positi modo contrario; quia iris interior et quae continetur, habet in maiori peripheria, idest circumferentia, colorem puniceum, in media autem viridem, et in minori halurgum, idest subalbum: sed maior exterior habet in minori circulo puniceum, et alios proportionaliter, scilicet in medio viridem, et in supremo halurgum. Et hi colores, quos dicimus esse in iride, sunt tales quod eos non possunt facere pictores: ipsi enim faciunt colores per admixtionem aliorum colorum, sed isti tres colores quos habet iris, non fiunt per aliquam commixtionem.

 

[90919] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 6 Deinde cum dicit: parelii autem etc. determinat de accidentibus circa virgas et parelios. Et dicit quod parelii et virgae apparent tantum circa solem, et ideo non fiunt nocte, sole existente sub nostro hemisphaerio. Et quando contingit eos apparere, tunc solum apparent ex latere solis, scilicet ex parte Septentrionis vel meridiei: et non apparent supra solem, quia impressiones existentes supra solem non essent visibiles. Neque apparent directe subtus solem versus terram, neque ex opposito, puta in oriente unde movetur sol, vel in occidente ad quem tendit. Et iterum apparent parelii sole ascendente ab oriente, vel descendente ad occidentem: sed raro apparent ipso existente in meridie, quia tunc sol propter nimium calorem dissolvit materiam. Accidit tamen aliquando in Bosphoro, quod est mare dividens Asiam ab Europa, quod ibi apparuerunt duo parelii ex duobus lateribus solis, ab ortu eius usque ad occasum per totam diem. Accidentia igitur manifesta circa unumquodque istorum sunt haec quae determinata sunt.

 

[90920] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 7 Deinde cum dicit: causa autem horum etc., determinat de causis dictarum impressionum. Et dicit quod causa et principium omnium praedictorum est una et eadem secundum substantiam, quia omnia secundum substantiam sunt refractio. Quod intelligendum est non formaliter, sed causaliter: non enim istae impressiones sunt formaliter refractio, quia iris formaliter est quaedam figura etc., sed sunt refractio causaliter, quia omnia causantur ex refractione aliqua; sed differenter fiunt secundum diversos modos refractionis sive reflexionis ad solem vel ad aliquod aliud astrorum fulgidorum. Sed qualis fit refractio, et qualiter fiat, et ad quid, et a quo, et quae sit causa eorum quae accidunt circa ipsam refractionem, consequenter ostendit philosophus, licet textus nostri communiter hoc non habeant. Dicit ergo quod radii visuales refranguntur ab omnibus corporibus quae habent aliquam virtutem opaci, quod impedit illuminationem secundum directum, et ab habentibus planam et lenem superficiem, sicut est aqua quae est grossior, et aer qui est subtilior. Et illud quod refrangitur secundum veritatem, est lumen generatum a corpore lucido secundum directum, sed colores qui movent perspicuum quando est illuminatum, colorant ipsum.

 

[90921] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 8 Deinde cum dicit: et per diem quidem etc., regreditur ad numerandum quaedam alia accidentia circa iridem. Ex quo patet quod haec pars continuari debet ad illam partem in qua enumerat alia accidentia iridis: sed est huc transposita propter aliquod accidens. Dicit igitur quod iris de die apparet, propter refractionem luminis solis a nube rorida sibi opposita. Sed de nocte dixerunt quidam antiquorum ipsam non apparere per refractionem luminis: quia in nocte raro fit, propter quod latebat ipsos. Sunt autem tres causae propter quas raro apparet de nocte. Prima est, quia colores obscurantur de nocte propter obscuritatem noctis. Secunda causa est, quia iris non potest apparere neque fieri de nocte, nisi solum in uno die naturali mensis. Tertia est, quia iris non fit de nocte nisi luna existente plena in oriente, et in occidente nube opposita existente densa. Et illa raro simul contingunt. Signum autem rarae apparitionis eius dicit esse, quia in quinquaginta annis non percepit eam nisi bis fieri.

 

[90922] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 3 n. 9 Deinde cum dicit: quod quidem igitur etc., postquam philosophus determinavit de causis praedictorum in generali, determinat de eis magis in speciali. Et dividitur in partes duas: in prima praemittit quasdam suppositiones necessarias ad propositum; secundo declarat intentum, ibi: primo autem de figura et cetera. Circa primum ergo dicit, quod oportet supponere aliqua. Et primo, quod radii visuales procedentes ab oculo, refranguntur ab aliquo prohibente eorum directam alterationem propter grossitiem, sicut ab aqua, et aere ingrossato propter humiditatem et frigiditatem, et universaliter ab omnibus corporibus grossis habentibus planam et lenem superficiem, propter quam uniformiter recipiuntur et refranguntur ad aliquod corpus lucidum. Secundo supponere oportet, quod corpora specularia a quibus fit refractio, in quibus apparet species visibilis, sunt duplicia: quaedam sunt in quibus apparet figura et color obiecti determinate, quaedam autem sunt in quibus apparent colores, non autem figura determinata, sicut sunt illa quae sunt valde parva, et non possunt dividi in partes quae comprehendantur a visu: quare relinquitur quod in talibus solus color apparebit. Tertio supponendum est, quod in corporibus specularibus aliquando apparet color clarus, quando scilicet speculum est purum et mundum, non habens aliquem colorem extraneum, et medium similiter est purum, et visus est fortis, idest bene dispositus. Aliquando autem color corporis clari apparet obscurus propter defectum alicuius istorum trium. De his autem demonstratum est in libro de sensu et sensato, vel in libro de sensu, idest in perspectiva communi: nunc autem istis suppositis dicendum est de aliis. Intelligendum est autem circa primam suppositionem, quod visio non fit extramittendo, sed intus accipiendo, idest radii visuales per quos videntur res ab extra, non procedunt ab oculo ad obiectum sed ab obiecto ad oculum. Et ideo radii visuales refranguntur a speculo ad visum, non autem ad solem vel aliud obiectum, quia non refranguntur ad id a quo procedunt. Sed Aristoteles loquitur hic secundum communem opinionem perspectivorum sui temporis, qui habebant contrariam opinionem dictis. Nec refert ad propositum, quodcumque istorum dicatur, quia eodem modo accidunt omnia circa halo et iridem, quocumque istorum posito. Ad maiorem autem claritatem dictorum et dicendorum notanda sunt duo. Primum est quod ad quamlibet refractionem tria concurrunt de necessitate: primum est obiectum quod imprimit similitudinem suam in speculum, puta lumen solis, et hoc habet rationem refracti; speculum quod determinat actionem obiecti et recipit similitudinem eius, quod habet rationem refrangentis; et visus, qui habet rationem eius ad quod fit refractio. Secundo notandum est, quod radius visualis est triplex: scilicet rectus, qui per medium uniforme libere procedit a corpore lucido ad visum; secundo reflexus, qui propter densitatem alicuius medii non potest ulterius transire, sed reflectitur et revertitur ad corpus luminosum a quo procedit: sicut accidit de radiis solaribus, qui reflectuntur a terra sursum versus solem, sicut visum est supra; tertio est radius refractus, qui propter occursum alicuius medii non quidem impeditur totaliter ulterius procedere, immo procedit usque ad visum, sed non recte, quia recedit a perpendiculari. Aristoteles tamen indifferenter utitur istis nominibus, cum dicit quod visus refrangitur ad aliquod corpus lucidum.

 

 

 

Caput 4

Chapitre 4 – [ ]

[90923] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 1 Deinde cum dicit: primo autem de figura etc., praemissis suppositionibus necessariis ad declarationem tam dictorum quam dicendorum, consequenter prosequitur de halo, iride et reliquis. Et primo determinat de halo; secundo de iride, ibi: iris autem etc.; et tertio de pareliis et virgis, ibi: easdem autem dictas et cetera. Circa primum duo facit: primo assignat causam generationis et modum; secundo reddit causam cuiusdam accidentis halo, ibi: saepius autem et cetera. Prima iterum in tres: primo ostendit modum generationis halo; secundo ostendit causam figurae eius, ibi: undique autem etc.; tertio ostendit causam coloris illius, ibi: oportet autem et cetera. Quantum ad primum igitur primo praemittit intentionem suam. Et dicit quod primo dicendum est de halo et de figura eius in speciali, quare scilicet fit circularis figurae, et utrum fiat circa solem et lunam, et similiter circa alia astra, et non ex opposito vel ex latere alicuius: quia eadem est ratio de omnibus.

 

[90924] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 2 Secundo ibi: fit quidem igitur etc., quia halo apparet ex refractione visus consistente vapore vel aere, ideo philosophus declarat, quomodo se habeat vapor huiusmodi a quo fit refractio. Et dicit quod refractio visus in apparitionibus halo fit a vapore vel aere, idest ab aere vaporoso, ingrossato a frigido in nubem tenuem parvarum et regularium partium. Et hoc manifestat per signum: quia si ille vapor in quo apparet halo, ingrossetur, tunc est signum pluviae; si autem distrahatur et disgregetur, tunc est signum venti; si vero evanescat et exterminetur, tunc est signum serenitatis. Probat autem primum: quia talis ingrossatio vaporis ostendit continuam inspissationem nubis, quam tandem necessarium est permutari in aquam; et propter hoc huiusmodi nubes continue fiunt nigriores, quoadusque finaliter dispareat halo. Secundum vero manifestatur: quia illa distractio non potest fieri nisi a vento, qui iam incipit flare. In signum cuius, quando distrahitur halo, ventus incipit manifeste apparere ex illa parte in qua incoepit illa distractio; ex quo possumus etiam concludere, quod ventus prius flabat, et distrahebat halo, sed nondum erat nobis praesens et manifestus: vel prius flabat in aliis partibus, sed nondum erat praesens illi parti in qua fit halo. Marcefacta autem sive evanescens est signum serenitatis: quia non distrahitur nisi a calido disgregante vaporem nubis, et sic aer vel vapor propter tale calidum non potest condensari in nubem, ex quo fit serenitas. Unde relinquitur, quod halo fiat in nube tenui et densata a frigido, ut dictum est.

 

[90925] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 3 Deinde cum dicit: refrangitur autem a consistente etc., ostendit quomodo et qualiter se habente nube secundum positionem ad astrum fulgidum, fiat refractio. Et dicit quod visus refrangitur a caligine existente inter ipsum et solem vel lunam, et propter hoc non apparet ex opposito, sicut iris, quae apparet in nube opposita soli vel lunae, visu existente in medio, nec etiam apparet ex lateribus, sicut virgae et parelii. Ad cuius intelligentiam considerandum est, quod in apparitione halo inter visum et astrum mediat nubes tenuis, a qua fit refractio, ita quod astrum videtur per ipsam; propter quod etiam videtur in eadem superficie cum ipsa: quia quando aliquod corpus remotum videtur per aliquod corpus medium distans a visu, tunc obiectum videtur esse simul cum medio, quia visus propter distantiam improportionatam sibi non diiudicat remotionem unius ab altero. Et propter eandem causam corpus sphaericum a remotis visum semper apparet planae superficiei, quia visus propter improportionatam distantiam, sicut dictum est, non diiudicat distantiam, neque figuram et maximum circulum eius.

 

[90926] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 4 Deinde cum dicit: undique autem similiter etc., ostendit quae sit figura halo. Et dicit quod nube sic se habente ut dictum est, necesse est quod talis refractio fiat secundum circulum; et ideo necesse est halo esse circulum, si nubes sit continua et regularis, vel partem circuli si nubes sit discontinua et irregularis. Quod quidem facile est probare, si supponamus secundum veritatem quod refrangatur obiectum, non visus. Nam visibile producit radios suos pyramidaliter: cuius pyramidis basis est in ipso obiecto, conus vero pyramidis terminatur ad visum si radii sint recti, vel si sint refracti conus est in puncto refractionis, licet sit magis obtusus; in fine autem pyramidis semper apparet figura similis obiecto, sicut experientia testatur. Tum etiam, quia omne agens naturaliter imprimit suam similitudinem in passum secundum esse perfectum, nisi impediatur; cum igitur astrum sit circularis figurae, eius similitudo impressa tum in caligine tum etiam in oculo, erit figurae circularis. Sed Aristoteles hic non accipit astrum in alterando refrangi, sed visum, sicut dictum est prius, non quidem secundum radium perpendicularem, sed secundum radios declinantes a perpendiculari. Assumptum vero sic probat per rationem mathematicalem. Radii qui aequaliter distant a perpendiculari, et refranguntur ad angulos aequales, facientes scilicet angulos aequales in puncto refractionis, faciunt figuram circularem; sed radii quibus videtur halo, aequaliter distant a perpendiculari, et refranguntur in aequali distantia ad perpendicularem ad angulos aequales; ergo faciunt circulum. Maior est manifesta: quia astrum aequaliter agit et illuminat partes existentes inter extremos radios refractos, quia aequaliter distant. Minorem vero probat in terminis communibus hoc modo. Sit a visus qui refrangitur, b autem sit astrum ad quod fit refractio secundum antiquos, et protrahatur linea perpendicularis ab a in b per medium caliginis refrangentis visum, in puncto c, et signentur tria puncta aeque distantia a c in peripheria, sive circumferentia, nubis, scilicet g d z, in quibus franguntur radii luminosi ad lineam perpendicularem, et concurrunt in puncto a. Tunc ibi intelliguntur tres trianguli maiores, scilicet agb, adb et azb, qui sunt aequales, ut potest practicari per propositiones mathematicas, et maxime per quartam primi Euclidis: quae dicit quod duorum triangulorum, quorum duo latera unius sunt aequalia duobus lateribus alterius, et duo anguli duobus angulis, toti trianguli erunt aequales. Ducantur igitur tres lineae perpendiculares super lineam ab ad punctum c ab illis tribus punctis g d z in peripheria nubis signatis: tunc constituuntur tres parvi trianguli, scilicet agc, adc et azc, et isti trianguli etiam sunt aequales, sicut probari potest per eandem quartam, et per octavam primi Euclidis. Sed istae tres lineae ducuntur directe ex diversis partibus in eundem punctum, et sunt plures quam duae: igitur talis punctus est centrum circuli, et linea tangens extremitates illarum linearum erit circulus, ut dicit vigesimatertia propositio tertii Euclidis. Et ista magis patebunt in sequenti figura. (Figura).

 

[90927] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 5 Deinde cum dicit: oportet autem intelligere etc., determinat de colore halo. Et dicit quod in nube clara et subtili, quae incipit converti in aquam et dicitur nubes rorida, in qua apparet halo, sunt quaedam parvae guttulae indivisibiles secundum sensum, quae sunt parva specula, in quibus apparet tantum color corporis obiecti, non figura: ex quo in illis simul sumptis apparet color, mixtus ex lumine stellae et colore nubis a qua fit refractio. Et hoc ideo, quia nubes non est speculum purum: nam si esset speculum purum, non admixtum alteri colori, pure representaret colorem obiecti. Et quia color albus est propinquior lumini ipsius stellae, ideo in illa parte halo quae plus obtinet de lumine, scilicet in medio, apparet color albus; sed in parte remotiori, scilicet in circumferentia, apparet maior nigredo, tum propter minus lumen ibi existens, tum etiam propter maiorem albedinem alterius partis: quia opposita iuxta se posita maiora videntur. Est autem maius lumen in medio, quia radii luminosi super illam partem cadunt perpendiculariter versus terram, quo quidem modo habent causare maius lumen.

 

[90928] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 4 n. 6 Deinde cum dicit: saepius autem fit etc., ostendit causam unius accidentis circa halo, scilicet quare halo saepius apparet circa lunam quam circa solem. Et huius ratio est, quia sol propter maiorem caliditatem citius disgregat humorem consistentem in nube, quam luna quae habet minorem virtutem calefaciendi. Sed circa alia astra apparet eadem halo propter easdem causas, vel propter causas proportionales dictis; sed tamen non eodem modo significat: quia circa lunam vel solem est signum pluviae, vel venti, aut serenitatis, sed circa alia astra est signum tenuis et debilis caliginis, non habentis fecunditatem. Considerandum est autem quod halo fit etiam circa lucernas de nocte tempore hiemali, et tunc lumen lucernae habet rationem obiecti refracti, aer circumstans humidus et ingrossatus a frigore est quasi speculum, oculus vero est id ad quod fit refractio. Apparet etiam tempore magni caloris circa oculum et circa lumina, propter humiditatem existentem in oculo, maxime quando homo surgit a somno et fricat oculos: tunc enim evaporare facit humorem existentem in oculo extrinsecus. Apparet autem et videtur esse prope circa lumen: quia propter parvam distantiam lumen alterat totum medium usque ad oculum, et ideo visus totum continuum iudicat unum cum lumine. Quare autem appareat circularis figurae, cum tamen flamma sit figurae ovalis et oblongae, ad perspectivam communem pertinet.

 

 

 

Caput 5

Chapitre 5 – [ ]

[90929] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 1 Postquam philosophus determinavit de halo in speciali, determinat nunc de iride etiam in speciali. Et circa hoc duo facit: primo praemittit intentionem suam, et dicit quod dictum est prius, quod iris est quaedam refractio, scilicet causaliter, ut dictum est; sed qualis sit refractio, et propter quam causam, et quomodo fiant singula accidentia circa iridem, dicimus nunc.

 

[90930] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 2 Secundo ibi: refractus quidem igitur etc., prosequitur intentionem suam. Et circa hoc tria facit: primo ostendit causam et modum generationis colorum in iride; secundo determinat de ea quantum ad figuram et consequentia figuram eius, ibi: quoniam autem neque circulum etc.; tertio determinat de tempore et modo apparitionis eius, ibi: quod autem in minoribus et cetera. Prima iterum dividitur in duas partes: in prima determinat de generatione colorum principalium; in secunda de generatione colorum minus principalium, ibi: xanthos autem et cetera. Circa primum tria facit: primo determinat de generatione colorum iridis in generali; secundo de generatione primi coloris in speciali, ibi: quod quidem igitur iris etc.; tertio de generatione aliorum colorum, ibi: quoniam autem color et cetera. Circa primum iterum duo facit: primo ponit quandam suppositionem necessariam ad propositum; secundo concludit modum generationis colorum iridis, ibi: quoniam autem et manifestum et cetera. Dicit ergo primo quod radius visualis natus est refrangi ab omni corpore plano et terminato, sicut sunt aer et aqua. Quod autem refrangatur ab aere probat quatuor signis. Primum est quia Antipheronti propter debilitatem sui visus accidit, quod semper videbat similitudinem suae faciei in aere ipso aspiciendo, propter refractionem suae faciei in aere: signum est igitur quod refractio fiat in aere. Intelligendum est autem circa istud primum signum, quod Aristoteles hic loquitur secundum opinionem antiquorum mathematicorum, ut dictum est supra, sed secundum veritatem illa est causa passionis accidentis circa Antipherontem, quod circa pupillam eius erat humor innaturalis grossus, alterans visum, et ipse propter infirmitatem iudicabat de isto humore et de idolo in eo impresso, sicut de quodam extrinseco: quia utebatur pupilla quasi speculo, et humore quasi obiecto, et iudicabat ipsum esse hominem ambulantem, propter similitudinem passionis apparentis in colore et lineatione. Sicut aliis laborantibus infirmitate oculorum apparet tela aranearum ante oculos, quibusdam autem muscae volantes etc., cum tamen sit humor in pupilla respersus. Secundum signum est, quia summitates navium, scilicet summitas arboris navis, et etiam montes alti in mare, videntur breviores et grossiores: quia aer supra mare existens magis accedit ad dispositionem opaci, quia est ingrossatus ab humiditate et frigiditate maris, ex quo potest esse speculum, quod non posset esse nisi aer esset aliquo modo inspissatus et ingrossatus. Tertium signum quod refractio fiat ab aere ita consistente et inspissato, est quia cum flant Euri, qui sunt venti Orientales humidi, omnia videntur maiora propter refractionem ad aerem ingrossatum a flatu Euri. Quartum signum est, quia tempore caliginis, scilicet in mane quando sol adhuc non rarefecit aerem, et in sero et aliis temporibus nebulosis, sol et alia astra orientia vel occidentia videntur maiora quam in medio caeli, propter talem refractionem ad aerem istum caliginosum et grossum. Quod autem ab aqua fiat refractio manifestat, quia si sit ab aere, multo magis fiet ab aqua, quae est planae superficiei et est magis densa quam aer, et ex consequenti magis potest esse speculum quam aer vel caligo. Et adhuc magis fit a caligine incipiente converti in aquam quam a simplici aere, quia etiam talis caligo magis accedit ad rationem speculi quam aer.

 

[90931] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 3 Deinde cum dicit: quoniam autem et manifestum etc., concludit modum generationis colorum iridis in generali. Et dicit quod, sicut dictum est prius, si fuerit nubes rorida, idest habens parvas guttulas semilucidas ad modum roris, sicut accidit cum incipit pluere antequam pluat, vel etiam cum desinit, et talis nubes posita fuerit ex opposito solis vel alterius astri fulgidi, ita ut fiat speculum refrangens visum ad oppositum, scilicet ad astrum, tunc fiunt colores iridis in tali speculo. Sed quia illae parvae guttulae nubis sunt specula parva, et indivisibilia secundum sensum, ideo in illis apparet color tantum, non autem figura obiecti. Quia autem sunt continuatae adinvicem, ideo in illis apparet color continuus, non interruptus. Sed ista reverberatio colorum solum contingit, quando nubes et astrum ponuntur ex opposito, et visus noster est in medio ipsorum.

 

[90932] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 4 Deinde cum dicit: quod quidem igitur iris etc., ponit in speciali modum generationis coloris punicei, qui est primus inter principales colores iridis. Et circa hoc tria facit: primo praemittit quasdam suppositiones necessarias ad propositum; secundo ostendit causam coloris punicei, ibi: propter quod iridis etc.; tertio ponit modum generationis talis coloris, declarando ipsum per quaedam signa, ibi: apparet utique iris et cetera. Ponit ergo primo tres suppositiones. Quarum prima est quod iris est refractio, idest apparitio ex refractione causata, et quia causatur ex refractione a nube opposita, ideo semper fit ex opposito ad astrum: halo autem fit circa ipsum; conveniunt tamen in hoc quod utrumque fit ex quadam refractione. Secundum quod supponit, est quaedam differentia inter halo et iridem: quia in halo non est illa varietas colorum quae est in iride; iterum in iride est refractio a longe et a nigro, sed halo fit de prope et ab aere albiori secundum naturam. Tertia suppositio est, quod fulgidum seu lucidum, visum in nigro vel per nigrum, apparet puniceum. In signum cuius ignis lignorum viridium habet flammam rubeam, quia magna multitudo fumi, qui est niger, miscetur tali igni lucido. Sol etiam, visus per caliginem vel fumum, apparet puniceus, idest subrubeus, tendens ad albedinem. Sciendum est autem, quod quando aer vel aliud perspicuum est in propria natura purum, et non aliquo colore coloratum, tunc habet solum rationem medii per quod videtur obiectum, non autem habet rationem obiecti. Quando autem est impurum et coloratum aliquo colore, tunc habet rationem medii et obiecti, et ex colore utriusque, scilicet medii et obiecti, componitur unum obiectum completum visus. Ex hoc, quando lucidum vel obiectum transit per fumum vel caliginem vel aliud nigrum, tunc ex utroque componitur tertius color qui dicitur puniceus: et hic tanto magis accedit ad album, quanto magis in tali mixtione dominatur lucidum; et ita similiter de nigro. Et huius signum evidens potest esse, quod radius solaris transiens per amphoram vini nigri, videtur puniceus, secundum modum praedictum.

 

[90933] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 5 Deinde cum dicit: propter quod iridis etc., ponit causam coloris punicei in iride, dicens quod prima refractio, idest primus color ex refractione causatus, apparet propter refractionem luminis solis a guttis parvis, quae sunt in nube nigra et aquosa: quia fulgidum visum in nigro apparet puniceum. Sic autem non est de halo. Non est autem tanta diversitas colorum in halo sicut in iride: quia nubes in qua videtur halo, non est tantae permanentiae circa solem sicut nubes in qua apparet iris: quia nubes circa solem vel convertitur in pluviam, vel cito dissolvitur propter calorem solis, sed nubes existens in opposito solis facit aliquam moram, saltem per totum tempus in quo generatur aqua ex nube: quod si esset in nube in qua generatur halo, tunc utique halo appareret colorata sicut iris. Et eadem etiam causa, quia iris fit ex opposito, non fit sub figura circuli completi, sed est figura eius parva: quia non est maior semicirculo, divisa per quasdam virgas, quae apparent in medio praedictorum colorum. Et si talis caligo aliter poneretur circa solem, esset maioris figurae iris.

 

[90934] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 5 n. 6 Deinde cum dicit: apparet utique iris etc., declarat modum generationis coloris punicei per quaedam signa. Et primum, per quod demonstratur quod iris fiat per refractionem ad aerem grossum et caliginosum, est quia in hieme circa lucernas de nocte apparet circulus habens colorem puniceum iridis, quod fit propter refractionem luminis lucernae ad aerem circumstantem, qui est ingrossatus a frigido, vel etiam est terminatus per admixtionem fumi egredientis a lucerna, et ita est nigrefactus a fumo. Hoc autem fit maxime flantibus ventis Australibus, quia tunc aer est magis ingrossatus propter humorem quem secum adducunt venti Australes. Et hoc maxime accidit his qui habent oculos debilitatos propter nimiam humiditatem: tum quia aer etiam tunc magis ingrossatur propter humorem evaporantem ab oculis; tum quia visus facile refrangitur ab aere grosso propter debilitatem, supposito secundum antiquos, quod visus sit qui refrangatur, sicut supra dictum est. Sed tamen possumus dicere quod huius ratio est, quia visus debilis non potest operari circa obiectum forte, cuiusmodi est lumen, propter debilitatem: sicut accidit noctuae, quae propter debilitatem visus non potest aspicere lumen solis. Et ideo propter infirmitatem, quae quasi velat oculum, intuetur lumen lucernae sub quadam caligine, et videtur ei lumen etiam magis obscurum quam sit. Assignat autem duas rationes, quare lumen lucernae non facit colorem puniceum in sua iride, sicut lumen solis. Prima est, quia visus debiliter alteratur a lumine lucernae debili existente, et ideo lumen non apparet ita album, sicut appareret in alteratione forti. Secunda autem est, quia speculum in quo lumen videtur, scilicet aer circumstans, est nigrum propter fumum lucernae, et propter hoc ostendit colorem solis non puniceum, sed purpureum, qui magis accedit ad nigrum quam puniceus. Secundum signum est, quia in aqua maris sursum elevata a remis nautarum, apparent tales colores, propter refractionem luminis ad aerem ingrossatum propter frigiditatem et humiditatem aquae maris, et terminatum etiam et aliquo modo denigratum ab umbra quam faciunt latera navis; et propter hoc tales colores sunt similiores coloribus iridis lucernae quam iridis caelestis, quia talis iris non habet colorem puniceum, sed purpureum. Refractio autem in tali iride fit a guttis parvis et continuis, quae elevantur a remis. Tertium signum est, quia quando aliquis est in aliquo loco, qui ex una parte est tenebrosus et ex alia, scilicet ex opposita parte, irradiatur a sole, et rorat, idest distillat, humorem aqueum, sive manu sive ore sive alio instrumento, subtili stillatione, tunc apparent similes colores iridis, propter refractionem luminis ad talem aquam stillantem et nigram apparentem propter umbram. Hoc autem manifeste videtur in hominibus velociter loquentibus: ab ore enim eorum dum loquuntur, saepe egreditur quidam humor aqueus, rotundus et inflatus, in quo apparent colores iridis, si homo fuerit versus solem. Pueri etiam quibusdam instrumentis vitreis ori suo appositis, emittunt tales inflationes rotundas ad modum vesicarum, in quibus apparent colores iridis. Hoc etiam apparet in aqua dum percutitur, et in sapone quando lotrices ipsum manibus liquefaciunt, et in multis aliis, a quibus elevantur huiusmodi inflationes rotundae, et in eis apparent colores iridis. Signum est ergo quod iris caelestis generetur per refractionem luminis a nube rorida, quia etiam praedicta iris causatur per refractionem ab aqua rorida.

 

 

 

Caput 6

Chapitre 6 – [ ]

[90935] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 1 Postquam philosophus ostendit causam et modum generationis coloris punicei, consequenter assignat causam et modum generationis aliorum. Et circa hoc duo facit: primo assignat causam colorum principalium; secundo cuiusdam alterius coloris minus principalis, ibi: xanthos autem et cetera. Circa primum duo facit: primo praemittit quasdam suppositiones necessarias ad propositum; secundo ex talibus suppositionibus concludit propositum, ibi: qui quidem igitur et cetera. Circa primum igitur dicit, quod postquam dictum est de uno colore, simul etiam ex dicendis manifestum erit de aliis. Sed oportet prius supponere quaedam. Et primo, quod sicut dictum est, lucidum sive fulgidum, apparens in nigro per refractionem, sive per nigrum tanquam per medium, facit apparitionem coloris punicei, maxime si alteratio fulgidi sit fortis. Secundo supponendum est, quod visus de longe videns obiectum, debilius et minus videt quam videns de prope. Et huius ratio est, quia omne agens naturale debilius agit in multum distans quam in propinquum, et ex consequenti visibile debilius alterat visum a remotis quam de propinquo, convenienti scilicet propinquitate. Tertia suppositio est, quod nigrum in genere colorum est velut privatio, respectu albi praesertim: contraria enim reducuntur ad privativa, et semper alterum contrariorum habet rationem habitus et perfectioris respectu alterius, alterum vero rationem privationis et imperfecti respectu primi, sicut declaratur X Metaphys. Ex quo sequitur, quod illud quod videtur visu existente debili et deficiente, apparet nigrum; quia sicut se habet album ad nigrum, ita se habet visio albi ad visionem nigri, et visus comprehendens unum ad visum comprehendentem reliquum: igitur si unum est velut privatio, reliquum etiam erit tale. Quarta suppositio, quae est magis propinqua proposito, est quia omnia quae videntur a longe, apparent nigriora quam si viderentur de prope. Cuius causa est secundum mathematicos, quia visus non pertingit ad illa, aut debiliter pertingit. Sed secundum veritatem causa est, quia visibile a remotis minus movet quam de propinquo, sicut dictum est in secunda suppositione, ex qua quasi corollarie concluditur ista. Dicit tamen Aristoteles quod de his diligentius considerandum est in libris de sensu et sensato, et in perspectivis, quia illorum est proprium facere considerationem de istis. Propter causam praedictam igitur ea quae videntur de longe, apparent nigriora, minora et planiora. Causa primi dicta est. Sed causa secundi est, quia sicut supra dictum est, visibile emittit radios ad visum quasi pyramidaliter, et basis pyramidis est in ipso visibili, conus autem, qui, est ille angulus acutus pyramidis, terminatur ad visum. Quanto autem magis obiectum distat a visu, tanto magis pyramis protrahitur et fit longior, et facit minorem angulum in oculo, et ex consequenti videtur minor. Causa autem tertii est, quia visus a remotis non potest percipere modicam supereminentiam vel concavitatem, propter debilem alterationem: ex quo omnia astra apparent planae figurae. Et nubes visae per refractionem in aqua tanquam in quodam speculo, nigriores videntur quam visae in seipsis. Quod est signum quod ea quae videntur per refractionem, videntur nigriora: quia scilicet debilius immutant visum. Addit autem quod nihil differt quantum ad praesens propositum, dicere quod visibile immutat visum in visione, quod verum est, aut dicere quod visus permutat visibile, sicut dicebant mathematici antiqui: quia utroque modo accidit idem quod dictum est. Quinta suppositio est, quod nubes quanto fuerit propinquior soli, tanto minus est colorata colore iridis, sed apparet alba, quia tunc magis recipit lumen; sed visa in aqua per refractionem apparet nigrior propter distantiam, et ideo tunc videtur habere aliquem colorem iridis. Ex quibus omnibus ultimate concludit, manifestum esse quod alba visa per refractionem, tum propter maiorem distantiam obiecti, tum quia radii refracti sunt debiliores quam directi, videntur minus alba et quasi tendentia ad nigredinem, quia debilitatio radii facit apparere minus colorem album.

 

[90936] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 2 Deinde cum dicit: qui quidem igitur etc., ex dictis suppositionibus concludit causam aliorum colorum apparentium in iride. Et dicit quod ubi est fortior et intensior actio fulgidi in nubem propter minorem distantiam, ibi permutatur color clarus solis in puniceum, qui est propinquior albo: fulgidum enim visum in nigro videtur puniceum, sicut dicit secunda suppositio. Et talis refractio fit in prima peripheria iridis. Sed refractio facta a secunda peripheria adhuc est debilior propter maiorem distantiam, et ideo in ea apparet color viridis, qui est propinquior nigro quam puniceus. Et in tertia circumferentia apparet halurgus, quia etiam est propinquior nigro quam viridis, propter eandem causam.

 

[90937] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 3 Deinde cum dicit: quoniam autem quod etc., assignat rationem numeri colorum iridis. Et dicit quod numerus colorum iridis statum habet in tribus, et non procedit ultra: sicut in pluribus aliis naturalibus terminus est in tribus, ut patet I caeli. Permutatio autem si qua alia fit in aliis partibus nubis, est insensibilis, et non facit apparere alium colorem praeter istos. Ratio autem quare sunt tantum tres colores in iride, est quia tot sunt ibi colores, quot sunt loca in nube a quibus fit diversa refractio: sed illa sunt tantum tria, ut iam declaratum est, scilicet supremus, medius et infimus, a quibus diversimode refrangitur lumen.

 

[90938] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 4 Deinde cum dicit: propter quod et iris etc., ostendit ordinem et positionem colorum in iride. Et dicit quod quandoque apparent duae irides, et utraque habet praedictos colores, licet e contrario positos: quia interior et contenta, quae est principalior, habet in maiori peripheria colorem puniceum, in media viridem, in infima halurgum, idest caeruleum; sed exterior propter maiorem propinquitatem ad solem, ut dictum est, in minori peripheria habet puniceum, in media viridem, et in suprema halurgum. Deinde recapitulat ea quae dicta sunt, et dicit quod si, pro quia, ea quae prius supposita sunt de apparitione coloris, sunt bene dicta, necesse est in iride apparere tres colores tantum, et nubem colorari solum tribus coloribus, propter rationes quae dictae sunt.

 

[90939] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 5 Deinde cum dicit: xanthos autem etc., determinat de causa apparitionis cuiusdam coloris minus principalis, qui apparet aliquando inter puniceum et viridem, et est propinquior albo quam puniceus. Dicitur autem Graece xanthos, Latine autem citrinus. Dicit ergo quod xanthos apparet interdum in iride, non quidem per refractionem: quia tunc essent plures colores principales quam tres, et etiam talis color tunc deberet apparere plus niger quam albus; sed causatur ille color per iuxtapositionem punicei et viridis, quia puniceum positum iuxta viride album videtur: contraria enim iuxta se invicem posita videntur maiora et manifestiora. Hoc autem probat philosophus per quatuor signa. Et primo, quia quando apparet iris in nube spissa et valde nigra, tunc colores videntur maxime puri, et propter hoc xanthos apparet intensior: quod signum est quod xanthos fit per iuxtapositionem punicei et viridis. Et tunc etiam xanthos magis apparet quam puniceus, ex eo quod nubes in parte exteriori per circuitum nigra, propter iuxtapositionem punicei et nigri facit apparere puniceum album, et ex consequenti xanthos positus inter album et viridem, magis apparet, et puniceus magis occultatur. Secundum signum est, quia marcescente nube, idest evanescente, quia tunc rarefit et perdit obscuritatem et nigredinem, tunc puniceus fit albior et mutatur in xanthos, propter iuxtapositionem albi et viridis. Tertium et maximum signum est, quia in iride facta a luna in nocte, omnes colores apparent albiores, et maxime apparet xanthos; quia tunc propter obscuritatem noctis additam nigredini nubis, colores nigri maxime videntur obscuri, et ideo per iuxtapositionem nigri maioris color puniceus videtur albior et citrinus: quia nigrum additum nigro facit album iuxtapositum apparere magis album, sicut ignis vel lumen additum lumini facit e converso nigrum iuxtapositum apparere magis nigrum. Quartum signum est, quia textores texentes flores in pannis sericeis vel alterius generis, diversimode ponunt iuxta se colores, secundum quod volunt causare apparentias diversas in diversis floribus vel figuris. Et hoc etiam observant pictores: nam aliam apparentiam habet color purpureus positus in lana vel serico albo quam positus in nigro, et melius apparet aurum positum in azzurino quam in albo: quod non esset, nisi colores iuxtapositi aliis coloribus magis apparerent et variarent in apparentiis. Colores etiam aliter et aliter positi ad lucernam, idest ad lumen, secundum experientiam variantur propter diversam iuxtapositionem luminis: propter quod saepe accidit quod homines decipiuntur circa colores, propter diversam positionem colorum iuxta se invicem. Deinde epilogat, dicens quod dictum est propter quid iris habet tres colores principales, et quartum minus principalem, et quare iste, vel quartus, appareat inter praedictos colores.

 

[90940] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 6 Deinde cum dicit: dupla autem etc., assignat causam quorundam dictorum prius de iride. Dictum est enim supra, quod irides sunt duae tantum, quarum una est continens, altera contenta: sed continens, idest exterior, habet colores obscuriores, et modo contrario positos. Ratio primi est, quia reflexio iridis superioris est remotior, tum a sole illuminante tum etiam ab oculo, sicut dictum est: ideo est debilior, et colores videntur obscuriores. Causa autem secundi, quia quanto magis reflexio est debilis, tanto color est nigrior, et e converso; sed maior circumferentia exterioris iridis est remotior, et ex consequenti reflexio est debilior; et ideo in ea est color halurgus, quia est magis obscurus, in secunda vero eiusdem iridis, quae est minus remota, est color viridis, in tertia adhuc minus remota, puniceus. Sed in interiori maior peripheria est propinquior: ideo in ea est color puniceus, in secunda, quae est minus propinqua, est viridis, in tertia vero adhuc magis remota, est color halurgus. Quae omnia satis manifesta sunt absque alia deductione in terminis communibus. Dicit autem quod ut in pluribus non apparent plures irides duabus: quia ascendendo et descendendo a medio nubis, propter nimiam elongationem semper refractio debilitatur, ita quod ultra tres colores refractio non pertingit ad visum nostrum, quia a remotiori semper fit debilior refractio.

 

[90941] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 7 Sed ad maiorem evidentiam illorum quae Aristoteles dixit de coloribus iridis, oportet quaedam considerare. Primo quidem, utrum colores iridis sint colores secundum rei veritatem, an tantum secundum apparentiam. Secundo, in quo sint colores iridis sicut in subiecto. Tertio, utrum id quod continetur inter minorem peripheriam iridis et maiorem, sit coloratum vel non. Quarto, utrum medium quod interiacet duabus iridibus, sit coloratum colore puniceo. Quinto, utrum possibile sit aliquando tertiam apparere iridem, et propter quam causam. Sexto videndum est de causa cuiusdam iridis quae apparet, alio modo se habente nube ad solem quam Aristoteles dixit, sicut videbitur. Et ad evidentiam primi, quia colores iridis causantur ex refractione luminis a corporibus specularibus, primo videndum est utrum lumen in medio sit aliqua qualitas, an non. Secundo, utrum lumen refractum in corpore speculari, faciat in ipso a quo refrangitur apparentiam alicuius coloris non existentis prius in eo secundum quod huiusmodi, aut recipiat ab eo, vel non. Primo ergo quaerendum est, utrum lumen sit in medio secundum esse reale, aut tantum secundum esse intentionale. Et videtur quod tantum habeat esse intentionale: quia quod habet esse reale in alio, manet in ipso post absentiam generantis, sicut in simili, calidum et frigidum manent in eis in quibus fiunt, in absentia generantis; sed amoto corpore luminoso, lumen non remanet in medio; ergo et cetera. Secundo: sensibile positum supra sensum secundum esse reale, nullam facit sensationem, sicut habetur in II de anima; sed lumen in medio existens vel in sensu, facit sensationem in actu; ergo non habet ibi esse reale. Praeterea: omnis forma realiter recepta in materia inferiorum, habet contrarium; sed luminis in medio nihil est contrarium; ergo non est realiter receptum in medio. Maior probatur: quia in hoc differunt materia corporum superiorum et inferiorum, quia materia superiorum habet formam quae complet totum eius appetitum, et ideo non est susceptiva contrariorum, sed materia inferiorum recipit formam non complentem totum eius appetitum: ergo est susceptiva contrariorum, et forma recepta in ea realiter, habet contrarium. Pro huius igitur intelligentia sciendum est, quod lumen in medio habet esse intentionale, quia causat sensationem; sed non solum habet ibi esse intentionale, sed etiam habet esse reale et naturale, licet tale esse reale debilius sit et minus permanens in medio quam in corpore luminoso. Et hoc multipliciter probari potest. Primo: quia quae habent unum receptivum secundum naturam, habent etiam idem esse reale et eundem modum essendi; sed lumen in corpore luminoso et in medio illuminato ab eo, habet idem receptivum, scilicet perspicuum: quia lumen per se est actus diaphani secundum quod huiusmodi; ergo habet idem esse; ergo si in uno habet esse reale, et in reliquo. Maior probatur: quia ad unitatem unius per se relativi sequitur unitas alterius; sed receptibile et receptum dicuntur relative; ergo si susceptibile luminis est unum, et lumen erit unum, et habebit unum esse. Confirmatur minor primi argumenti: quia diaphanum in corporibus inferioribus est eiusdem naturae, differens solum secundum magis et minus, sicut in simili, in corporibus superioribus diaphanum in parte stellata et in parte non stellata est idem secundum naturam, differens secundum magis et minus densum. Praeterea secundo: quorum est una operatio prima, horum est una natura, et ex consequenti unum esse; sed lucis in corpore luminoso et in medio illuminato est una operatio prima, illuminare scilicet perspicuum; ergo si lux in uno est qualitas realis, et in altero. Maior patet: quia operatio consequitur formam, sicut transmutatio materiam. Praeterea: forma aliqua in eo habet esse reale et naturale, in quo generatur ab agente secundum naturam, secundum quod huiusmodi, per reductionem de potentia naturali ad actum; sed lumen est tale in medio; ergo habet ibi esse reale. Maior est nota, et manifeste ostendit a priori aliquid habere esse reale. Minor vero probatur: quia lumen causatur ab agente naturali, scilicet a corpore lucido, per reductionem medii de potentia naturali, qua erat lucidum in potentia, ad esse lucidum in actu. Deinde: illud quod habet operationem realem et naturalem secundum quod huiusmodi, videtur habere etiam esse reale et naturale: quia unumquodque operatur secundum quod est (IX Metaphys.), et operatio consequitur esse; sed lumen in medio habet operationem realem et naturalem, sicut illuminare, calefacere et huiusmodi: sicut sensus docet, et scientia de speculis comburentibus supponit. Quod autem lumen in medio habeat debilius esse quam in corpore lucido, satis manifestum est: quia medium quod est perspicuum, est rarum, et lumen propter raritatem medii facile pertransit, et non est multae permanentiae in eo; sed in corpore illuminato est densitas, quae corpus lucidum et etiam lumen aliqualiter terminat, et propter densitatem talis corporis lumen in eo est maioris permanentiae. Et in signum huius, lumen existens in medio debilius operatur quam existens in corpore lucido vel illuminato; debilior autem operatio consequitur debilius esse: quia modus operandi consequitur modum essendi. Et propter hoc, si aliquis huiusmodi esse debilius vocet esse intentionale, coincidit secundum rem nobiscum, et nomine tantum differens est: de qua differentia non est curandum inquirentibus veritatem. Ad primum autem in oppositum dicendum est, quod sensibile extra sensum habens esse firmum, quia excellenter movet sensum, ideo positum supra sensum non movet sensum ad actum, sed magis ipsum corrumpit propter suam disproportionem ad sensum: quia sensus consistit in quadam medietate vel harmonia; sed tamen sensibile receptum in medio, sub esse reali debiliori quod proportionatur sensui, potest in ipso habere esse etiam intentionale, et movere ipsum ad sensationem in actu. De sensibili autem primo modo, cuiusmodi est lumen in corpore lucido, loquebatur philosophus. Ad secundum, non est difficile illud solvere, quia est duplex generans: unum quod est principium transmutationis rei generatae tantum, et non conservationis ipsius esse, sicut domificator est causa factionis domus: aliud est generans, quod cum hoc est causa conservationis rei generatae, quemadmodum locus est causa rei locatae per se; effectus autem manet post absentiam generantis primo modo, non autem post absentiam generantis secundo modo. Eiusmodi est corpus lucidum. Ad tertium dicendum, quod contraria dicuntur dupliciter. Uno modo sumitur contrarietas proprie, pro repugnantia duarum formarum aequaliter et maxime distantium sub eodem genere: sicut calidum et frigidum distant et per se contrariantur. Alio modo accipiuntur contraria, prout extendunt se ad principia opposita: sicut forma et privatio interdum dicuntur contraria; et hoc modo intelligitur quod forma recepta in materia horum inferiorum habet contrarium, non autem primo modo. Sed hoc modo lumen habet contrarium, quia habet privationem oppositam.

 

[90942] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 8 Secundo videndum est, utrum lumen in eo corpore a quo refrangitur, sit principium alicuius coloris non praeexistentis. Et videtur quod non: quia si lumen refractum in eo a quo refrangitur, esset per se principium alicuius coloris, sequeretur quod a quocumque fieret refractio et in quocumque situ, semper causaret talem colorem; sed hoc est falsum, ut ad sensum videtur; ergo lumen refractum per se non est principium alicuius talis coloris. In contrarium est, quia sensus docet quod lumen incidens corpori pervio spisso, colorato aliquo colore, puta rubeo, facit ea a quibus refrangitur apparere per illud colore vergente ad colorem illius. Etiam ea quae videntur in speculis viridibus, videntur sub lumine refracto consimilis coloris. Sed tamen quomodo hoc fiat intelligendum est, quod color causatur ex praesentia luminis in perspicuo terminato per opacum, et secundum diversam proportionem luminis ad opacum in perspicuo diversificantur colores, quia ex multo lumine et pauco opaco causatur color albus, et e converso color niger; sed medii colores fiunt secundum proportiones medias: propinquiores quidem albo in plus habendo de lumine et minus de opaco, et propinquiores nigro causantur opposito modo. Ex quibus patet, quod appositio luminis ad opacum, vel e contra, secundum aliam et aliam quantitatem, variat colores. Ex quo sequitur ad propositum, quod lumen generatum a corpore luminoso, secundum rectum incidens alicui corpori aspero habenti aliquem colorem in actu vel in virtute, ita quod a profundo eius refrangitur, si fuerit multum lumen, illuminat tale corpus secundum partem cui incidit, fortius quam esset illuminatum ante, et mutat in ipso colorem praeexistentem sensibiliter secundum diversam proportionem eius ad opacum, et per consequens facit ibi apparitionem alicuius coloris non praeexistentis. Sed quando lumen refrangitur a prima superficie talis corporis propter lenitatem, ita quod lumen non recipiatur in profundo, tunc generatur phantasia, idest apparitio coloris, debilior tamen: quia in parte in qua incidit lumen, fit fortior illuminatio corporis a quo fit refractio luminis ad visum, et propter huiusmodi fortificationem coloratur non tantum corpus sed etiam lumen colore proprio corporis, vergente aliquantulum ad clarum, propter adiunctionem luminis ipsius. Et secundum hunc modum corpus a quo fit refractio, videtur alterius coloris quam fit ordinarie. Si vero corpus cui incidit lumen, non habeat aliquem colorem proprium, sed solum naturam perspicui, tunc nulla fiet phantasia coloris, propter defectum opaci. Ad rationem autem in oppositum dicitur quod verum concludit, quando lumen in corpore a quo refrangitur, invenit opacum actu vel virtute. Sed hoc opacum non invenit in omni eo a quo refrangitur: et ideo non causat in omnibus talem apparentiam colorum, quia sine opaco non possunt fieri. Quare autem lumen faciat magis apparere colores quam magnitudinem vel figuram corporis a quo refrangitur, partim patet ex dictis, et melius manifestabitur in sequentibus.

 

[90943] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 9 Quaeritur tertio, utrum colores iridis habeant rationem veri coloris. Et primo arguitur quod non: quia quod causatur ex sola refractione luminis ad visum, non videtur verus color, sed apparens tantum; colores autem iridis secundum Aristotelem causantur ex sola refractione; ergo non sunt veri colores. Praeterea: si tales apparentiae essent veri colores, deberent apparere in quocumque situ, sicut apparet de his quae colorantur secundum veritatem; sed sic non est de coloribus iridis; ergo non sunt veri colores. Praeterea: quod causatur ex debilitate visus, non est color secundum veritatem; sed colores iridis causantur ex debilitate visus; ergo non sunt colores secundum veritatem. Intelligendum igitur est, quod colores iridis habent essentiam veri coloris, debiliter tamen et imperfecte, sicut lumen in medio respectu luminis in corpore luminoso; quia quod est motivum visus secundum se, hoc est color secundum veritatem: quia color secundum philosophum II de anima, est quod est motivum visus secundum se; sed colores iridis sunt huiusmodi, sicut sensus iudicat; ergo sunt veri colores. Secundo: quia veritas rei idem est quod essentia rei, differens solum secundum rationem; sed colores iridis habent essentiam et formam coloris, licet secundum esse debile; ergo habent veritatem coloris. Minor probatur: quia sensus visus qui hoc iudicat, non decipitur circa proprium sensibile. Tertio: id quod visus iudicat se apprehendere per se primo, est color secundum veritatem, qui est obiectum visus: quia sensus proprius circa proprium et per se obiectum non decipitur; sed in visione iridis visus iudicat se videre verum colorem; ergo et cetera. Amplius: ubicumque sunt principia veri coloris secundum veritatem, ibi est forma et essentia veri coloris secundum veritatem; sed in iride actu concurrunt omnia principia coloris secundum veritatem; ergo et cetera. Maior est nota: quia causa et effectus in actu sunt simul in actu (II Physic.). Minor probatur: quia principium veri coloris in actu, est perspicuum aliquo modo terminatum in ratione materiae, et lumen ibi existens actu in ratione formae; sed ista ambo sunt actu in iride, sive in eo in quo apparet iris: quia perspicuum aequaliter est terminatum per opacum in roratione descendente sub nube, in qua generatur iris, aliter non haberet rationem speculi refrangentis: lumen vero a sole vel a luna incidens illi, habet rationem formae; ergo sequitur, quod cum in iride sint actu omnia principia veri coloris, sint ibi veri colores: licet color ibi habeat esse debile, sicut dictum est, quia principia eius non sunt ita permanentia sicut in corporibus mixtis terminatis, in quibus principia coloris consequuntur principia intrinseca corporis mixti, et sunt ei intrinseca: consequuntur enim ipsa miscibilia, quae sunt permanentia actu vel virtute, et per consequens et color ex ipsis causatus est permanens et perfectus. Sed non est sic de coloribus iridis, quia lumen ibi est extrinsecum, et solum incidit secundum determinatum situm ad visum, et secundum quod incidit diversimode causat diversos colores, qui apparent transferri per motum ipsius visus; et tamen secundum veritatem non transferuntur, quia in aliis partibus rorationis de novo continue generantur. Ad obiecta autem dicendum est: et ad primum, quod color potest causari ex refractione, vel ex concurrentibus ad refractionem luminis ad visum, sicut dictum est: sed non color secundum esse perfectum et fixum, propter variationem refractionis. Sed si staret corpus luminosum et nubes in eadem distantia et dispositione, iris haberet esse permanens. Ad secundum dicendum est, quod assumptum verum est de coloribus habentibus esse firmum et fixum in subiecto, non autem de coloribus apparentibus per refractionem, quae non fit nisi ex opposito, vel quasi ex opposito, existente luminoso. Ad tertium dico quod color qui totaliter causatur ex debilitate visus, non est verus color: quia tale est pura privatio, sicut remotio luminis est privatio. Sed falsum est quod colores iridis causentur totaliter ex debilitate visus, quia causantur primo ex lumine incidente rorationi. Est tamen verum quod debilitas visus, sicut et remotio luminis, facit ad hoc quod colores appareant obscuriores.

 

[90944] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 10 Quarto quaeritur, utrum colores iridis sint subiective in partibus specularibus rorationis. Et videtur quod non: quia color videtur esse ibi, ubi visus iudicat ipsum esse; sed visus eum iudicat esse in nube, non in partibus rorationis; ergo et cetera. Secundo: simile iudicium videtur esse de idolo apparente in speculo, et de colore iridis, quia ambo apparent per refractionem; sed idolum apparens in speculo non dicitur esse in eo, sed in corpore; ergo color iridis non est in corporibus specularibus, sed in sole vel astro, ex quorum refractione apparet. In oppositum est tamen, quod in illo sunt colores iridis sicut in subiecto, in quo concurrunt actu principia ipsorum, sicut in simili, in eo sunt sapores sicut in subiecto, in quo concurrunt principia saporis actu; sed principia coloris iridis sunt perspicuum partium rorationis aliquo modo terminatum per opacum, et lumen incidens ei et refractum ab ipso, quae simul concurrunt in dictis partibus rorationis sub nube existentis; ergo colores sunt ibi sicut in subiecto, et non sunt in ipsa nube nigra: licet appareant secundum sensum ibi esse, quia visus propter nimiam distantiam eorum ab oculo non percipit remotionem unius ab altero. Quando enim aliquod corpus distans videtur per alterum vel iuxta alterum, tunc apparet esse in eadem superficie cum ipso, et propter eandem causam omnia a remotis visa videntur plana, sicut dicebatur prius; sed nubes videtur per iridem, vel iuxta iridem: et per consequens videtur in eadem superficie cum ipsa. Ad primum dicitur, quod aliud est subiectum colorum iridis et idolorum universaliter apparentium ex refractione, secundum veritatem, et aliud locus in quo apparent esse secundum sensum: quia colores iridis sunt in partibus rorationis specularibus sicut in subiecto, secundum veritatem, sed sunt in nube solum secundum apparentiam, quod concessum est. Ad secundum dicitur, quod similitudo potest concedi, sed illud quod assumitur, quod idolum non sit in superficie speculari a qua fit refractio, sed sit in corpore obiecto, negandum est: quia species visibilis, vel figura visibilis illius cuius est idolum, in quod fertur visus mediante specie, est in eo secundum esse fixum et permanens, sed tamen est in superficie speculi a quo fit refractio, secundum aliud esse, et est quodammodo in medio secundum lineam rectam. Sic in proposito, lumen ex cuius refractione generatur iris, secundum esse magis reale est in corpore luminoso, sed secundum aliud esse eius est in corpore illuminato, et in corpore a quo refrangitur, in quo per admixtionem perspicui terminati facit aliquem colorem ibi existentem.

 

[90945] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 11 Quinto quaeritur, utrum illud quod continetur intra minorem peripheriam iridis, et id quod est supra maiorem, sit coloratum vel non. Videtur quod sic: quia ubi est eadem causa, ibi est idem effectus; sed causa coloris videtur esse eadem intra minorem et supra maiorem peripheriam iridis, sicut in illa parte ubi apparet iris, scilicet refractio luminis stellae a roratione descendente sub nube; ergo videtur quod illa pars sit colorata. Respondetur quod illud est coloratum colore nigro nubis, quia halurgus, qui est in minori peripheria iridis et est propinquior nigro, disparet in nigrum: et hoc etiam sensus docet; sed non est coloratum aliquo colore iridis sensibiliter diverso a colore nubis. Cuius ratio est, quia ad hoc quod appareat aliquis color irialis sensibilis ex refractione luminis solis a roratione opposita, oportet refractionem esse multam et fortem secundum philosophum; sed ab illo loco non fit multa refractio et fortis: non multa, propter parvitatem illius intermedii, nec fortis, quia a partibus perpendicularibus vel propinquioribus perpendiculari, debilius refranguntur radii et ad minorem angulum. Et propter hoc philosophus, ubi dat naturam colorum iridis, dicit quod ab illa parte est permutatio insensibilis colorum. Ad rationem in contrarium dicendum est, quod minor est falsa: non enim quaecumque refractio est causa coloris iridis, sed oportet ipsum lumen multiplicatum esse forte: refractio autem quae fit ab illo loco, est debilis.

 

[90946] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 12 Sexto quaeritur, utrum medium duarum iridum sit puniceum. Ad quod respondet Alexander in commento, quod non est ibi aliquis color: quia color in iride causatur a determinata distantia et situ determinato inter solem et visum; sed talis secundum eum non est in tali parte intermedia; ergo ab ipsa non est talis refractio, et per consequens non mutat ipsam ad aliquem colorem. Et confirmatur: quia sensus non iudicat de illo colore intermedio; ergo videtur quod non sit ponendus. Sciendum est tamen, quod maior nunc assumpta vera est, sed falsa est minor: quia non videtur rationabile neque consonans rationi, quod a superiori iride et remotiori, et similiter ab inferiori et propinquiori possit fieri refractio sensibilis, et quod non fiat a parte intermedia, si fuerit materia disposita, sicut hic supponitur; sicut in simili, si accipiantur tria specula, in tali distantia ad se invicem et ad corpus obiectum secundum aliquam proportionem, qualis est distantia duarum iridum et partis intermediae ad se invicem et ad solem et ad visum, si fit refractio corporis obiecti a duobus speculis extremis ad visum, et apparitio idoli, tunc etiam fit a speculo intermedio, ut patet ad sensum. Et confirmatur: quia omnia ad colorem talem requisita possunt concurrere in tali intermedio, scilicet refractio fortis et multum luminis, si sit roratio disposita in medio sicut in extremis: immo fit maior quam in peripheria maiori minoris iridis, et etiam fit propinquior et maior quam in peripheria minori exterioris iridis. Est ergo dicendum, quod in illa parte intermedia non est color puniceus, sed est alius color secundum aliquid propinquior albo vel clarior quam sit puniceus, quia plus obtinet de lumine per iuxtapositionem illorum duorum puniceorum, quam puniceus in minori peripheria superioris vel in maiori inferioris. Et ex hoc iste color in parte intermedia est albior et clarior. Ad id autem quod in oppositum inducebatur de sensu, dicendum quod iste color, propter eius claritatem et non multam differentiam a puniceo, vix discernitur a visu in tanta distantia, nisi subtiliter intuenti: sed tamen sensus non iudicat oppositum. Et hoc apparet ex eo, quia in medio duarum iridum apparet quaedam citrinitas clara valde; sed color citrinus est propinquior claro et albo quam puniceus, sicut dictum est prius, et inter duos puniceos positus adhuc magis claret.

 

[90947] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 13 Septimo videndum est, utrum possibile sit apparere simul plures irides duabus. Et videtur quod non: quia Aristoteles supra dixit, quod propter remotionem secunda iris habet colores debiliores quam prima; sed situs tertiae est multo remotior; ergo etiam refractio erit debilior, adeo quod non poterit causare apparentiam alicuius coloris sensibilis. Dicimus tamen ad quaestionem, quod non est impossibile apparere tertiam iridem, licet hoc raro contingat. Et talis iris se habet secundum situm ad secundam, sicut secunda ad primam, et habet obscuriores colores coloribus secundae, sicut secunda respectu primae, propter eandem causam. Et talis iris apparet propter eandem causam propter quam duae aliae apparent, scilicet propter refractionem luminis ad visum. Et tunc causatur, quando nubes opposita soli est multum nigra et spissa, quia tunc potest facere multam et bene dispositam rorationem ad refractionem. De ordine autem colorum istius iridis experimentum non habui; rationabiliter tamen videtur quod haberet colores ordine contrario cum coloribus secundae, scilicet halurgum in minori peripheria, viridem in secunda et puniceum in maiori, sicut prima: quia omnis processus fit per assimilationem secundorum ad prima; sed halurgus qui est in maiori peripheria secundae, est propinquior nigro; igitur rationabiliter in minori peripheria tertiae deberet apparere color halurgus, qui est propinquior nigro: et deinde in secunda viridis, qui est propinquior huic: deinde in tertia puniceus, qui disparet in albo vel claro nubis subtilioris in extremitate. Ad rationem in contrarium dicitur, quod dictum Aristotelis intelligendum est ut in pluribus, quia raro videtur tertia. Consequentia autem absolute non valet: quia potest esse quod refractio continue fiat debilior, quanto nubes est remotior, et tamen roratio in qua fit tertia iris, non sit ita remota quod non possit colorari a lumine refracto in ipsa.

 

[90948] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 6 n. 14 Quaeritur octavo, utrum non existente nube possit interdum apparere iris in superficie maris. Videtur quod non: iris enim causatur ex refractione luminis a roratione sub nube opposita, visu existente in medio; sed in ista apparitione navigantibus facta, talia non habent locum, ut suppositum est; ergo non potest ibi fieri iris. Sciendum est autem quod quandoque, existente caligine in superficie maris non multum elevata, apparuit iris navigantibus lateraliter, habens omnes colores iridis: et tamen erat nubes. Videbatur autem navigantibus transferri, semper apparens ipsis in eadem distantia et situ ad ipsos, usque ad defectum caliginis, quia semper ab alia et alia parte fiebat continue alia et alia refractio ad visum. Ad rationem in oppositum dicitur, quod omnia ista in praedicta apparitione assignari possunt: quia superior pars caliginis, incidentibus radiis solaribus antiperistasim passa, convertebatur in subtilem rorationem, cuius partes habent rationem speculi, in quo possibile est apparere colorem corporis obiecti, non autem figuram, sicut dicebatur prius. Sed mare ex opposito navigantium existens, apparens navigantibus altius, et habens circa terram figuram circularem, non planam, cum sit aqua pura et a remotis videatur repraesentare colorem nigrum, quemadmodum nubes, habet rationem nubis; lumen vero factum a sole vel ab aliqua stella, et refractum ad visum a nigredine maris altioris per subtilem rorationem caliginis, habebat rationem refracti ad visum: et propter hoc causabat figuram iridis et colores.

 

 

 

Caput 7

Chapitre 7 – [ ]

[90949] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 7 n. 1 Postquam philosophus determinavit de causa generationis iridis et de coloribus eius, determinat consequenter de figura eius, et de his quae consequuntur ipsam quantum ad figuram. Et circa hoc primo praemittit intentionem suam, et dicit quod ex figurali descriptione iridis, quantum ad situm eius et solis et visus, potest esse manifestum considerantibus, quod iris non potest apparere secundum circulum perfectum, neque secundum proportionem maiorem semicirculo; et etiam manifestum erit de aliis accidentibus circa ipsam.

 

[90950] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 7 n. 2 Secundo ibi: hemisphaerio enim existente etc., prosequitur propositum suum. Et circa hoc sciendum est, quod Aristoteles intendit probare unam conclusionem quadrimembrem: scilicet quod iris non est maior semicirculo; sed quando astrum refractum est in oriente vel occidente, tunc figura iridis est semicirculi completi; quando autem supra horizontem elevatum, tunc iris apparet nobis minoris figurae quam semicirculus; quando vero astrum est in meridie, tunc apparet minimae figurae quam possit apparere. Quam conclusionem ipse probat multis suppositionibus ac propositionibus mathematicalibus praemissis, quas si clare deducere vellem, oporteret multum digredi a physico proposito, et ideo videantur in littera. Ratio autem physica huius est, quia astrum quodlibet naturaliter emittit radios suos in directum, quoadusque non invenit corpus opacum prohibens processum radiorum in directum: unde etiam tales radii quoadusque non reflectuntur, dicuntur radii recti, quasi in rectum tendentes. Ex quo patet ratio illius quod supra dictum est, quod iris fit ex opposito astri: quia illud agit in partem sibi diametraliter oppositam, et ab ea reflectitur. Astrum autem in nube opposita causat quidem figuram circularem, nisi impediatur: quia omne agens intendit per suam actionem inducere similitudinem suam in passum; sed apparet nobis tantum semicirculus, quia reliqua pars nubis vel rorationis in qua fit iris, occultatur sub horizonte. Cum igitur astrum est in oriente, nubes ei opposita est in occidente, dimidia sub horizonte et dimidia supra, et ex consequenti apparet nobis tantum semicirculus refractionis irialis: quia reliqua dimidia pars rorationis occultatur sub horizonte, ut dictum est. Quanto autem magis elevatur astrum super horizontem, tanto magis pars ei opposita in qua fit iris, occultatur sub ea; et ideo minor pars circuli refractionis apparet nobis: quia roratio opposita astro magis occultatur. Quando autem astrum est elevatissimum, et est in meridie, tunc minima portio circuli irialis apparet: quia roratio opposita astro in qua fit iris, maxime occultatur. Nunquam igitur apparet maior portio quam semicirculus, et saepe apparet minor.

 

[90951] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 7 n. 3 Quod autem in minoribus et cetera. Postquam determinavit de figura iridis, hic determinat de quibusdam aliis accidentibus. Et dicit quod colores iridis apparent fortiores in extremitatibus iridis circa terram quam in medio, eo quod in corpore densiori lumen fortius retinetur et fortificatur magis: nubes autem est densior in extremitatibus quam in medio. Secundum accidens est, quod iris raro fit a luna: quod probat dupliciter. Primo, quia nunquam fit a luna nisi in plenilunio, propter debilitatem sui luminis in aliis temporibus. Secundo, quia luna propter debilitatem sui luminis non sufficit elevare tantos vapores, quod super eos possit causari iris. Tertium accidens, quod accidit propter eandem causam, scilicet propter elevationem vaporum, est quod in ea parte hemisphaerii maxime fit iris, in qua sol elevat maiores vapores: quia ex eis generatur nubes sub qua debet fieri iris. Quartum vero est, quia in diebus brevioribus post aequinoctium autumnale, quando dies sunt minores noctibus, iris apparere potest omni hora diei; sed post aequinoctium vernale, quando dies sunt maiores noctibus, iris non potest apparere omni hora: quia non apparet circa meridiem his quibus solstitium multum elevatur in meridie. Et huius ratio est, quia portiones circuli quas sol describit in diebus longioribus super horizontem, sunt minores semicirculo, sed portiones quas describit quando accedit ad tropicum hiemalem, sunt maiores: quia quanto plus sol elevatur supra horizontem vel supra terram, tanto depressior est polus et arcus iridis in parte ei opposita sub terra, sicut dictum est; magis autem elevatur sol in vere et in aestate quam in autumno et hieme: et ex hoc etiam maiores causat calores, et arcus iridis causatus ab eo in parte opposita, est magis depressus, intantum ut propter parvitatem non appareat, quia quod est parvum, videtur immanifestum. Portio autem circuli iridis in diebus longioribus est parva: in diebus autem brevioribus, quia sol non multum elevatur a terra, ideo decisio circuli iridis non multum deprimitur, et maior pars remanet super terram, et ex consequenti iris tunc magis apparet. Ex quo corollarie concludi potest, quod defectus integri circuli in iride non est ex parte radii luminosi incidentis, sed est ideo, quia nubes vel roratio in qua fit iris, occultatur secundum partem sub horizonte.

 

 

 

Caput 8

Chapitre 8 – [ ]

[90952] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8 n. 1 Postquam philosophus determinavit de halo et iride, nunc consequenter determinat de virgis et pareliis. Et circa hoc duo facit: primo determinat de generatione virgarum et pareliorum; secundo de accidentibus circa ea, ibi: fiunt autem sicut diximus et cetera. Circa primum iterum duo facit: primo ostendit modum et causam generationis virgarum et pareliorum in communi; secundo ostendit eam in speciali de utroque eorum, ibi: virgae autem propterea et cetera. Dicit ergo primo, quod existimandum est quod parelii et virgae fiant propter easdem causas sicut halo et iris, quia omnia haec sunt refractio quaedam, licet differant secundum diversam dispositionem et situm caliginis a qua fit refractio: quia parelius generatur ex refractione visus a nube aliqua ad solem, et virgae similiter. Et iterum utitur hic philosophus opinione mathematicorum sui temporis, qui dicebant visum refrangi ab obiecto ad solem: sed tamen secundum veritatem lumen refrangitur ab obiecto ad visum.

 

[90953] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8 n. 2 Deinde cum dicit: virgae autem propterea etc., assignat causam et modum generationis ipsorum. Et circa hoc duo facit: primo ostendit causam generationis virgarum; secundo generationis pareliorum, ibi: parelius et cetera. Prima iterum in duas: in prima comparat virgas ad ea quae apparent ex refractione in aliis; secundo declarat modum generationis virgarum, ibi: fit autem hoc cum irregularis et cetera. Dicit ergo primo quod virgae generantur propterea, quod visus qui refrangitur ex nube in latere solis existente, est talis secundum effectum, qualis est quando refrangitur ab aqua vel ab aliquo alio humidorum ad nubem visam, sicut diximus prius. Nam nubes prope solem existentes, visae secundum rectum aspectum, non videntur coloratae diversis coloribus apparentibus et propriis, ut frequenter, sed quando aspiciuntur per refractionem ab aqua vel ab aliquo humidorum, tunc apparent coloratae vel virgulatae ad modum virgularum. Et tamen in hoc est differentia: quia in aliis apparentiis illa diversitas coloris nubis apparet in ipsa nube, sed in virgis apparet quodammodo supra ipsam. Et huius ratio est, quia albo et nigro apparentibus in eadem superficie, nigrum videtur longius, sicut e converso remotius visum apparet nigrum, eo quod minus alterat: sed colores virgarum sunt nigri vel propinquiores nigro, et sunt in eadem superficie cum fulgido nubis, et per consequens apparent remotiores quam fulgidum nubis.

 

[90954] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8 n. 3 Deinde cum dicit: fit autem hoc etc., assignat modum generationis virgarum in speciali. Et dicit quod generatio virgarum fit a nube, quando nubes a qua fit refractio est irregularis: scilicet non unius dispositionis per totum, sed in una parte rarior, in alia densior, et in una propinquior aquae, in alia remotior. Radii ergo incidentes super partes rariores, transeunt per illas tanquam per foramina, et colorantur reflexis radiis super parte aquosa et rorida, in qua apparet color sine figura. Et propter irregularitatem illius nubis ad quam refranguntur radii solares albi et clari, apparent diversi colores virgarum: scilicet puniceus in parte clariori nubis et magis propinqua ad album, viridis autem in parte magis densa, et per consequens etiam magis nigra, xanthos vero apparet vel per iuxtapositionem duorum praedictorum, sicut dictum est supra, vel etiam apparet in parte proportionaliter densa. Licet autem in generatione virgarum lumen aliquo modo transeat per partes nubis, tamen fiunt diversi colores in virgis, sicut in iride, in qua lumen immediate refrangitur a nube rorida: quia ut dicit, nihil differt quantum ad generationem colorum diversorum, videre solem per nubem transparentem aliquo modo, et videre ipsum immediate refractum a nube. Deinde quasi recapitulando dicit, quod virgae generantur propter irregularitatem speculi, idest nubis roridae, non secundum figuram, idest non repraesentando figuram obiecti, sed colorem: quia scilicet nubes non est nata facere unum colorem.

 

[90955] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8 n. 4 Deinde cum dicit: parelius autem etc., ostendit modum generationis pareliorum. Et dicit quod parelii fiunt, quando aer, idest nubes subtilis a qua fit refractio, est maxime regularis, uniformis et spissa, et lumen solis fortiter refrangitur a tali nube: tunc apparet ibi color albus ad similitudinem coloris solis, quasi alter sol; quia regularitas speculi facit colorem apparentem esse unum et regularem, sicut diversa dispositio partium nubis facit colores esse diversos. Hoc autem declarat per exemplum: sicut enim lumen quod refrangitur ab aere polito sive ferro, puta ab armis militum, est coloris clari et albi, et est fulgidum, sic lumen quod refrangitur a nube, vel caligine spissa et existente propinqua ad hoc quod convertatur in aquam, nondum tamen in eam conversa (quae dicitur nubes rorida), est album et clarum. Ex isto concludit duo corollaria. Primum, quod parelius est magis signum pluviae quam virgae, quia generatur per refractionem a nube regulari et spissa, quae est propinqua ad dispositionem aquae: et ideo citius ex ea generatur aqua. Secundum est, quod parelius Australis, idest qui apparet quando flant venti Australes, vel etiam qui apparet ex parte Australi, est magis signum pluviae quam borealis: quia ventus Australis propter calidum temperatum elevat multos vapores, et congregat eos in nubes, et etiam nubes permutat in aquas, sed Boreas propter frigiditatem et siccitatem propellit nubes et prohibet elevationem vaporum, sicut superius dictum est.

 

[90956] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 8 n. 5 Deinde cum dicit: fiunt autem sicut diximus etc., assignat philosophus causam accidentium circa virgas et parelios. Et pro primo dicit, quod virgae et parelii maxime accidunt circa occasum et ortum solis; cuius ratio est, quia tunc nubes non disperguntur calore solis ita de facili, cum calor solis non sit multum vehemens. Secundum accidens est, quod non fiunt supra solem, neque desubtus. Et ratio est, quia si fierent supra solem, non viderentur propter distantiam (licet impossibile sit, quod ibi fiant, cum supra solem non fiant nubes vel roratio); et si sub sole fierent, dissolverentur propter radios directe incidentes sub sole: et etiam radii solares non venirent ad nos, sed propter reflexionem potius reverterentur ad caelum. Tertium est, quod fiunt a latere solis, puta nube existente ex parte meridiei vel Boreae: quia quando nubes stant a latere, tunc sol non dissolvit eas, si sint in debita distantia a sole, et tunc visus potest ad illas pertingere propter convenientem proportionem distantiae. Quartum est, quod non fiunt multum prope solem, nec etiam multum longe. Et huius ratio est, quia prope solem sol dissolvit consistentiam nubis sua caliditate; de longe autem non videretur: quia a parvo speculo fit debilis refractio, ut patet, nubes autem remota a sole, ubi sol habet paucam virtutem elevandi vapores a terra, est parva, et ex consequenti non videretur in ea refractio. Non fiunt etiam ut in pluribus sole existente in meridie: quia tunc nubes sursum elevata prope solem, est multum remota a visu, et propter hoc color nubis non fertur ad eum in superficie terrae, sed movetur per aerem supra terram et prope solem, et ibi propter excellentem fulgorem dispergitur: et ex hoc non facit virgas et parelios. Finaliter recapitulat dicta in praecedentibus, dicens quod omnia opera, quae generantur in locis supra terram per motum et alterationem, et etiam in terra ex segregatione humida et sicca, fere sunt tot et talia. Dicit autem fere, propter quaedam accidentia quorum causas non dixit expresse, quae tamen ex praedictis reddi possunt: sicut sunt quidam ignes qui videntur volitare in superficie terrae, et lapides et alia quaedam cadentia ex nubibus, et coloratio aquae descendentis, puta quando pluit aqua sanguinea.

 

 

 

Caput 9

Chapitre 9 – [ ]

[90957] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 9 n. 1 Postquam philosophus in superioribus determinavit de his quae generantur ex exhalatione humida et sicca per motum et alterationem, aut etiam per refractionem luminis supra terram, et etiam de aliis quae causantur per motum ab exhalatione sicca in ipsa terra, scilicet de agitatione et motu terrae, hic determinare intendit breviter de his, quae generantur in profundo ipsius terrae principaliter per alterationem. Et circa hoc duo facit. Primo praemittit distinctionem eorum quae fiunt in ipsa terra, et dicit quod sicut in alto, idest supra terram, est duplex exhalatio, una vaporosa, idest humida, ex qua generantur ea quae generantur per ingrossationem a frigido, alia autem fumosa et sicca, ex qua fiunt ea quae generantur per subtiliationem vel inflammationem, ita similiter in partibus terrae est duplex exhalatio, ex qua generantur duo genera corporum, quorum quaedam dicuntur fossibilia, eo quod fodiuntur in terra, et sunt similia terrae defossae: et generantur ex sicca exhalatione; alia vero dicuntur metallica, quae magis generantur per coagulationem.

 

[90958] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 9 n. 2 Secundo ibi: sicca quidem etc., assignat causam praedictorum. Et primo assignat causam fossibilium, et dicit quod exhalatio sicca a dominio, secundum quod est ignita a calido, est principium omnium fossibilium: ita quod exhalatio sit materia ex qua fiunt. Sed calidum igniens, secundum quod commensuratur frigido a virtute caelesti, mediante continuitate, est quodammodo principium activum; ita quod principium activum principale est virtus caelestis, quae dicitur virtus mineralis: a qua habent fossibilia quaedam, puta lapides pretiosi, quandam virtutem caelestem et occultam, per quam occultas operationes vere exercent; principium autem instrumentale est caliditas, quae humidum desiccat, et generat omnia fossibilia. Huiusmodi autem fossibilia sunt genera lapidum non liquabilium: quod dicit ad differentiam quorundam fossibilium quae sunt liquabilia, ut vernix, oricella et sulphur, et alia huiusmodi; quae omnia generantur a calido exsiccante exhalationem et consumente humidum et aliqualiter colorante. Et horum fossibilium quaedam fiunt sicut pulvis coloratus: sicut illa quae generantur a calido fortiter consumente humidum et aliqualiter adurente, ut sunt omnia supradicta; alia autem sunt quasi lapides aggregati per condensationem ex pluribus partibus, et generantur ex eadem exhalatione a calido exhalante humidum superfluum, et fortiter terminante humidum cum sicco.

 

[90959] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 9 n. 3 Secundo ibi: exhalationis autem etc., determinat de his quae fiunt ab exhalatione humida. Et circa hoc duo facit: primo assignat causam generationis eorum; secundo ostendit modum et locum generationis eorum, ibi: facit autem et cetera. Dicit ergo primo, quod illa quae metallantur, idest habent formam metalli, generantur materialiter ex vaporosa exhalatione, et a frigido commensurato coagulante effective instrumentaliter: principale autem agens est virtus caelestis mineralis, sicut supra diximus. Et istorum quaedam sunt fusibilia, et quaedam ductibilia: fusibilia seu liquabilia sunt, quae plus accedunt ad naturam humidi quam sicci, sicut stannum aut plumbum; sed ductibilia sunt, quae habent humidum magis reductum ad medium per siccum, ut sunt ea in quibus est bona terminatio sicci et humidi, sicut in auro etc., aut in quibus est humidum viscosum non bene separabile a sicco, sicut ferrum, quod calefactum ictu mallei extenditur. Sciendum est autem, quod corpora quae hic dicuntur fusibilia, seu liquabilia, non ita sunt fusibilia, quod non sint etiam ductibilia, quamvis in hoc loco contra ductibilia distinguantur: sed ideo dicuntur esse liquabilia, quia melius et facilius liquantur quam ducantur, et ductibilia e converso dicuntur, quae facilius ducuntur, quamvis etiam liquari et fundi possint, ut ferrum et aes.

 

[90960] Inserta super Meteora, lib. 3 cap. 9 n. 4 Deinde cum dicit: facit autem haec etc., assignat modum et locum generationis praedictorum. Et dicit quod huiusmodi generantur ex exhalatione vaporosa inclusa in partibus terrae, et praecipue in lapidibus, propter siccitatem lapidum bene coarctantem humidum vaporosae exhalationis, et propter fortiorem et maiorem coagulationem factam a frigido commensurato formae metalli virtute caelesti, quae dicitur virtus mineralis, ut supra dictum est: sicut ab eodem frigido generantur supra terram ros et pruina, quando a vapore segregata est exhalatio calida et sicca, quae sursum movebat. Est tamen differentia in generatione istorum, quia in generatione roris et pruinae prius segregatur siccitas, antequam materia coaguletur et ros descendat: et ex hoc ros et pruina sunt liquida; sed metalla generantur in partibus terrae ex eadem exhalatione, antequam separetur siccitas: et ideo sunt dura, et quanto plus est in eis de siccitate, tanto sunt magis dura. Et propter hoc verum est dicere, quod metalla sunt aqua secundum unum modum, quia scilicet fiunt ex vapore humido a dominio, qui est in potentia aqua, et est materia aquae: et secundum alium modum non sunt aqua, quia scilicet siccitas in eis non est segregata. In cuius signum metalla igniuntur, comburuntur et reducuntur in pulverem et terram: et hoc convenit eis solum propter siccam exhalationem, quae sola exuritur, quia est materia apta ignitioni propter siccitatem. Et ipsa etiam post exustionem reducuntur in minorem quantitatem, propter separationem alicuius grossi et impuri per exhalationem vel evaporationem humidi grossi, quae fit a calido exurente: unde etiam post exustionem vel liquationem metalla sunt duriora, quia tunc humidum metalli est magis separatum. Aurum autem solum non fit minus nec minoris ponderis quando exuritur, quia est genitum ex sicco et humido subtilissimis, et non habentibus aliquid impurum admixtum quod per ignitionem separari possit. Ipsum etiam de difficili solvitur et liquatur, licet reducatur in partes minimas, quia in ipso est optime commixtum siccum cum humido: et ideo propter fortem commixtionem de difficili separantur. Unde ex his patet, quod aurum non solum secundum opinionem hominum, sed secundum naturam rerum est nobilius et purius quam cetera metalla. Quod etiam patet ex virtute quam habet, in operando mirabiles et nobiliores operationes quam alia. Deinde recapitulando dicit, quod communiter et universaliter dictum est de omnibus fossibilibus et metallicis, quomodo generentur et quae sit eorum differentia; sed si quis velit particulariter de eis intendere, et considerare circa unumquodque eorum, quae scilicet sint principia generationis et accidentia et differentiae eorum, hoc facere habebit in eo qui de metallicis inscribitur, et in aliis, circa quae Theophrastus negotiatus est secundum Alexandrum et Commentatorem. Considerandum est autem circa principia materialia metallorum, quod sunt in duplici differentia: quaedam enim sunt materia remota talium metallicorum, sicut est vapor inclusus in locis lapidosis terrae, sicut supra declaratum est; alia autem sunt materia propinqua eorum, et haec sunt sulphur et argentum vivum, sicut alchimistae dicunt: ita quod in praedictis locis lapidosis terrae per virtutem mineralem primo generatur sulphur et argentum vivum, deinde ex ipsis generantur diversa metalla, secundum diversam commixtionem eorum. Unde etiam ipsi alchimistae per veram artem alchimiae (sed tamen difficilem, propter occultas operationes virtutis caelestis quae mineralis dicitur: quae ex eo quod sunt occultae, difficulter a nobis imitari possunt per praedicta principia, vel per principiata ab ipsis) faciunt aliquando veram generationem metallorum, aliquando quidem ex sulphure et argento praedictis sine generatione exhalationis, aliquando autem faciendo exsudare praedictam exhalationem vaporosam ab aliquibus corporibus, per applicationem caliditatis proportionatae quae est agens naturale.

 

 

 

Liber 4

Livre 4 ─ Commentateur inconnu [ ]

Caput 1

Chapitre 1 – [ ]

[90961] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 1 n. 1 Postquam philosophus in superioribus determinavit de particularibus transmutationibus elementorum, quibus secundum se transmutantur tam in alto quam infra terram, hic determinat de passionibus seu transmutationibus eorum, secundum quod veniunt in compositionem mixti. Et quia elementa agunt mediantibus qualitatibus activis, et patiuntur mediantibus passivis, determinat de actione primarum qualitatum activarum, et de passione passivarum in mixtis. Convenienti autem ordine iste liber sequitur tertium, quia in fine tertii determinatum est de mineralibus: haec autem scientia multum valet ad scientiam de mineralibus. Licet aliqui dicant, quod iste liber est magis continuus cum libro de generatione, quamvis inscribatur quartus liber Meteororum.

 

[90962] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 1 n. 2 Considerandum est autem quod scientia istius libri, et similiter omnis scientia naturalis, non est ab homine despicienda: immo qui eam despicit, despicit seipsum. Et licet multi dicant quod scientia naturalis non debet appretiari, eo quod non sit utilis ad speculationem divinorum, in qua vita beatissima et felicitas hominis consistit, sicut dicit philosophus in X Ethicorum, tamen isti decipiunt seipsos, quia non solum scientia istius libri, sed etiam tota scientia naturalis, in qua non solum oportet considerare communia, sed etiam specialia et propria unicuique, deservit ad huiusmodi speculationem divinorum: quia per manifesta et naturalia tanquam per effectus in cognitionem causarum pervenimus. Propter quod philosophus in libro metaphysicae incipit a substantiis sensibilibus, et in duodecimo naturam substantiarum separatarum probat per astronomicas rationes. Et ideo quamcumque aliam scientiam addiscimus, hoc facimus ut ad cognitionem divinorum veniamus, et qui alia intentione scientias acquirit, perversus est in intentione, nisi necessitate detineatur. Neque vile est cognoscere haec particularia naturalia, quia sicut inspicere picturam turpium animalium, ut melius cognoscantur pulchra per oppositionem turpium, non est vile, item nec causas horum cognoscere, ut veniamus in cognitionem primarum causarum: immo multo minus hoc est vile, quia res multo immaterialius sunt apud intellectum quam apud sensum. Est autem utilis scientia istius libri, non solum ad cognitionem divinorum sicut dictum est, sed fere ad totam scientiam naturalem, et maxime ad scientiam de mineralibus, quae ab Aristotele composita nondum pervenit ad nos. Est etiam utilis ad medicinam: quia hic dicitur propter quid multorum, quorum quia tantum consideratur in medicina. Et propter hoc aliqui voluerunt exponere librum istum modo medicinali sine logica: sicut Galenus recitat de quodam, quod cum quaesitum esset ab eo quid esset calidum, bene respondit, et cum contrarium argueretur, statim sibi contradixit, non cognoscens suam contradictionem, propter defectum logicae. Debet igitur iste liber exponi modo naturali, non medicinali: quia secundum Avicennam medicina versatur solum circa corpus humanum ad infirmitatem removendam et sanitatem inducendam, sed illa quae in hoc libro determinantur sunt communia omnibus mixtis, sicut patet per processum. Igitur haec scientia potius applicatur ad medicinam quam e converso, quia commune applicatur ad speciale. Est insuper utilis ad scientiam alchimiae: quia tantummodo alchimistarum est transmutare metalla secundum veritatem, et non secundum sophisticationem; quod licet sit difficile et dispendiosum, sicut supra dictum est, non tamen est impossibile. Et propter hoc intentio aliquorum est, quod metalla non differunt secundum speciem, sed secundum sanum et infirmum, vocantes metallum sanum, durum, et alia, infirma: sic facile esset metalla adinvicem transmutare. Sed credo quod differunt secundum speciem, et nihilominus transmutari possent adinvicem, quia sunt naturalia et materia eorum est una. Quod autem hoc fiat per artem est difficile, non impossibile. Non tamen intelligi debet quod artifices principaliter transmutent, sed agunt quasi instrumenta, applicando propria agentia propriis passivis: quia materia propinqua omnium metallorum est argentum vivum et sulphur, sicut dictum est, quorum naturas artifices transmutare possunt conglutinando et congelando. Vel etiam alio modo evaporatio est materia praedictorum: et de hac determinatur in isto libro, et ex consequenti iste liber est utilis ad scientiam alchimiae.

 

[90963] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 1 n. 3 Circa determinationem igitur de qualitatibus primis duo facit. Primo resumit tria superius determinata in II de generatione et III caeli: quorum primum est quod quatuor sunt causae elementorum, per quas intelligit quatuor primas qualitates, calidum et frigidum, siccum et humidum. Et non sunt causae materiales, quia quaedam sunt actionis principia: nec sunt agentes, aut fines, quia praedicantur de suis causatis; ergo relinquitur, quod erunt causae ut formales. Et dicitur notanter ut formales, non absolute formales, ad denotandum quod non sunt formae substantiales elementorum. Secundum quod resumit, est quod quatuor sunt elementa, secundum quatuor combinationes possibiles harum qualitatum, quia in simplicibus humidum non potest uniri cum sicco, nec frigidum cum calido. Et de istis elementis, sicut dicit Commentator, medicus debet credere naturali, scilicet quod sunt quatuor, et quod magnas habent commoditates et operationes in mixto: quarum aliquas medicus inquirere debet, ad conservandum contemperamentum elementorum et qualitatum praedictarum in corpore humano. Tertium est, quod istarum qualitatum duae sunt activae, scilicet calidum et frigidum, et duae passivae, scilicet siccum et humidum; hoc autem intelligi debet quantum ad victoriam unius supra alteram in corpore mixto: quia secundum se quaelibet sunt activae et quaelibet passivae, cum sint contraria adinvicem. Et hoc philosophus probat primo per inductionem in omnibus, quia in omnibus dicimus calidum et frigidum terminare, coagulare etc., siccum vero et humidum terminari et coagulari: terminare autem est agere, terminari vero est pati. Secundo probat idem ratione, scilicet per definitionem eorum, quia calidum est, quod est congregativum similium, frigidum vero est congregativum similium et dissimilium: humidum est, quod est male terminabile termino proprio, bene autem alieno, siccum vero e converso, quod est bene terminabile termino proprio, male alieno; quod autem est congregativum, est activum, quod est terminabile, est passivum.

 

 

 

Caput 2

Chapitre 2 – [ ]

[90964] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 2 n. 1 Secundo cum dicit: determinatis autem his etc., prosequitur propositum, determinando de operationibus sive passionibus praedictarum qualitatum. Et dividitur in tres partes: in prima determinat de actione qualitatum activarum in mixto; in secunda determinat de passione passivarum, ibi: passivorum autem etc.; in tertia determinat de homoeomeris quantum ad praedictas qualitates, ibi: quoniam autem de his et cetera. Circa primum duo facit: primo determinat de operationibus consequentibus rem in constitutione et destitutione rei; secundo de operationibus consequentibus rem iam in esse constitutam, ibi: reliquum autem et cetera. Circa primum iterum duo facit: primo determinat de simplici generatione; secundo de corruptione ei opposita, ibi: putrefactio autem et cetera. Dicit ergo primo, quod post determinata dicendum est de operibus praedictarum qualitatum, et primo de simplici generatione quae fit ab istis virtutibus, sicut declarabitur, et est in plantis et aliis naturalibus. Est ergo simplex et naturalis generatio, permutatio facta ab istis virtutibus activis, cum istae virtutes in materia subiecta habent rationem, idest proportionem, ad unamquamque naturam. Dicit autem generatio simplex et naturalis, ut excludat permutationem violentam et artificialem ab his virtutibus activis. Per permutationem tangit genus, reliquum autem totum sequens ostendit differentias ad alias permutationes: per materiam autem subiectam intelligit qualitates passivas, vel materiam affectam his qualitatibus, quae est materia generationis. Dicit ergo quod hae sunt virtutes dictae contra se invicem, idest contrariae. Cum igitur activae obtinent supra passivas, tunc sequitur generatio: quando autem passivae vincunt activas ita quod non sequatur actio activarum, tunc sequitur indigestio, quae est via ad corruptionem. Dicitur autem generatio dupliciter: primo mutatio a non esse ad esse, sicut de ea determinatur in V Physic., et hoc modo sive obtineant qualitates activae sive passivae, sequitur generatio, et una et eadem mutatio est generatio unius et corruptio alterius. Alio modo dicitur generatio, quando id quod ponitur in esse est nobilius, et e converso dicitur corruptio, quando quod ponitur in esse est ignobilius: et hoc modo loquitur hic Aristoteles de generatione; quia calidum generat aliud calidum sibi simile: cum ergo obtinent qualitates activae, quod ponitur in esse est nobilius, quia qualitates activae sunt nobiliores quam passivae. Corruptio autem opposita simplici generationi est putrefactio: quod probat duplici ratione. Primo quia illa corruptio ad quam omnia terminantur naturaliter, opponitur generationi simplici et naturali; sed ad putrefactionem terminantur omnia, ut animalia quae naturaliter senescunt, et plantae et artificialia quae veterascunt: omnia denique orta occidunt, et aucta senescunt (nisi forte talia violenter corrumpantur et comburantur, quia tunc corruptio eorum non terminatur ad senectutem vel vetustatem): senectus autem et vetustas sunt quaedam putrefactiones. Secundo probat idem: quia illae transmutationes opponuntur, quae sunt ex contrariis in contraria; generatio autem et putrefactio sunt huiusmodi: quia generatio incipit ab humido et sicco interminatis, et finitur ad terminationem ipsorum, putrefactio autem e converso incipit ab humido et sicco terminatis, et finitur ad divisionem ipsorum: nam quando virtutes activae obtinent passivas, calidum educendo humidum a sicco causat putrefactionem. Quod etiam apparet in aliis tribus elementis ab igne, quae putrescunt propter humidi eductionem factam a calido ignis; solus autem ignis non putrescit, quia nec habet humiditatem quae educatur a sicco, neque invenitur caliditas vincens caliditatem ignis.

 

[90965] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 2 n. 2 Deinde cum dicit: putrefactio autem etc., determinat de corruptione opposita generationi simplici, quae est putrefactio. Et dicit quod putrefactio est corruptio propriae et naturalis caliditatis, facta a caliditate extrinseca, scilicet continentis, in humido naturali. Patitur autem res naturalis et putrefit a calido extrinseco, quia habet debilem caliditatem intrinsecam et est indigens caliditatis, et frigidum vincit caliditatem naturalem: ex quo sequitur quod tam caliditas extranea quam frigiditas intrinseca est causa putrefactionis; sed caliditas extrinseca est causa principalis, frigiditas est causa secundaria: quia quod patitur a calido extrinseco, patitur propter defectum caliditatis propriae, defectus autem caliditatis ponit frigiditatem contrariam abundantem, quae etiam agit ad expulsionem caliditatis intrinsecae. Quod autem putrefactio sit corruptio propriae caliditatis, probat: quia calido extrinseco educente humidum naturale per exsudationem, educit etiam caliditatem intrinsecam existentem in humido naturali: sunt enim coniuncta et trahunt se invicem propria caliditas et humidum naturale. Propter quod putrefacta prius, desiccantur interius et madescunt exterius, quia humidum foras educitur: deinde totaliter exterius desiccantur a calido totaliter resolvente humidum, et finaliter efficiuntur sicca, et ultimo resolvuntur in terram et fimum. Sed quod putrefactio sit a caliditate continentis, probat quinque signis sumptis ab his quae impediunt putrefactionem. Quorum primum est, quod in frigoribus res minus putrescunt quam in aestate, quia in hieme minor est caliditas continentis aeris vel aquae quam in aestate, et ideo minus potest putrefacere. Secundum est, quod id quod est coagulatum sive congelatum forti frigido, sicut sunt metalla, non putrescit, quia vehementia frigoris intrinseci vincit caliditatem extrinsecam. Tertium est, quod ea quae habent magnam caliditatem intrinsecam, non putrescunt, sicut piper et galanga, praecipue cum exsiccantur: quia tunc non est ibi humidum admixtum quod educi possit, quia caliditas intrinseca fortiter resistit extrinsecae. Quartum est, quod id quod movetur minus putrescit quam id quod stat, ut aqua fluvii minus putrescit quam aqua paludis: et ratio est, quia motus causat caliditatem in re mota, et ideo augetur et vigoratur caliditas rei motae et vincit caliditatem extrinsecam. Quinto, multum simul minus putrescit quam paucum: quia id quod est magnum sive multum habet maiorem ignem, idest maiorem caliditatem, quam quod est parvum, ut in pluribus, et etiam maiorem frigiditatem ceteris paribus, et ideo fortius resistit actioni caliditatis extrinsecae. Propter quod pauca aqua in lacuna citius putrescit quam magna aqua maris quae non putrescit, tum propter multitudinem, tum propter continuum motum. Quod autem dicitur hic, debet intelligi in continuis, et praesertim in simplicibus: quia multa frumenta citius putrescunt quam pauca. Quod autem putrefactio sit in humido probatur: quia animalia et cetera genita ex putrefactis generantur ex humido; ergo putrefactio fit in humido. Cum enim caliditas naturalis educitur, educit secum humidum subtile et segregat ipsum a re putrefacienda. Virtus autem caelestis tanquam principale agens, sed calor et humidum segregatum quod circumstat putrefactum loco virtutis formativae, generant animalia ex putrefactis.

 

 

 

Caput 3

Chapitre 3 – [ ]

[90966] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 3 n. 1 Postquam philosophus determinavit de operationibus qualitatum primarum in constitutione et destitutione rei, nunc determinat de operationibus quae eius consequuntur rem in esse iam constituto. Et circa hoc duo facit: primo determinat de talibus operationibus secundum se; secundo de speciebus earum, ibi: pepansis autem et cetera. Circa primum duo facit: primo determinat de digestione quae est prima; secundo de indigestione ei opposita, ibi: indigestio autem et cetera. Circa primum iterum duo facit: primo definit digestionem; secundo ostendit quando et quomodo fiat, ibi: accidit autem hoc et cetera. Dicit ergo primo, quod post determinata reliquum est dicere de operationibus talium qualitatum, quae consequuntur res iam constitutas in esse, quae sunt istae. Calidi enim operatio in mixto est digestio. Digestionis autem species sunt pepansis, hepsesis et optesis. Frigiditatis autem operatio est indigestio: cuius indigestionis species sunt omotes, molynsis, et stateusis. Considerandum est autem sicut ipse dicit, quod haec nomina non sunt propria speciebus digestionis, sed sunt accommodata per quandam similitudinem et proportionem. Considerandum est iterum quod indigestionis est duplex causa: una per se, et haec est frigiditas: quia contrariarum causarum sunt effectus per se contrarii, si igitur caliditas est causa digestionis, frigiditas erit causa indigestionis; alia per accidens, et haec est remotio caliditatis: sicut enim praesentia caliditatis faciebat digestionem, ita ea remota remanet res indigesta. Sed quia remotio caliditatis ponit frigiditatem, absolute dicitur quod causa indigestionis est frigiditas. Est itaque digestio perfectio quaedam, idest transmutatio ducens ad esse perfectum, causata effective a proprio et naturali calido quod agit in virtute formae substantialis ex oppositis passivis, idest facta in qualitatibus passivis quae sunt oppositae isti, tanquam in materia. Fit enim digestio a proprio et naturali calido principaliter, secundario autem fit ab extrinsecis, sicut a balneis, ab exercitio moderato, et aliis fomentis calidi intrinseci et naturalis. Sed finis principalis istius digestionis est introductio naturae, idest formae nutriti, in materia quae digeritur: quia tunc dicimus esse factam digestionem cum in materia est introducta forma nutriti. Alius autem finis, et quasi secundarius, est quaedam forma accidentalis, scilicet calor introductus in materia digesta, qui facit evaporare humidum subtile et terminat grossum, sicut apparet in carne elixata et in musto: cum enim evaporavit humidum subtile, et grossum est terminatum et quasi induratum a calido, tunc dicimus ipsa esse digesta et cocta. Simile etiam apparet de lacrima et apostematibus: cum enim lacrima et putredo apostematis terminata fuerit a calido vincente et quasi ingrossata et facta quaedam lippitudo grossa, tunc dicimus ea esse digesta. Idem etiam ostendit superfluitas quae emittitur ex corpore, quae dum est liquida et subtilis, dicitur esse indigesta, cum autem est terminata per calidum et ingrossata, tunc est digesta et signum sanitatis.

 

[90967] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 3 n. 2 Deinde cum dicit: accidit autem hoc etc., ostendit quomodo et quando fiat digestio. Et dicit quod digestio accidit quando calidum vincit humidum, quod est materia digestionis, quia solum humidum est quod naturaliter terminatur a calido: sicut accidit in superfluitatibus emissis, sicut supra dictum est; et propter hoc necesse est, ea quae sunt digesta esse sicciora et grossiora, propter evaporationem et terminationem humidi factam a calido.

 

[90968] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 3 n. 3 Deinde cum dicit: indigestio autem etc., definit indigestionem oppositam digestioni. Et dicit quod indigestio est imperfectio facta in qualitatibus passivis propter indigentiam caliditatis propriae et naturalis: sed quia talis indigentia caliditatis est frigiditas, idest ponit frigiditatem, ideo indigestionis causa per se est frigiditas, causa vero per accidens est remotio caliditatis, sicut supra declaratum est. Quia autem contrariorum contrariae sunt definitiones, ideo sicut supra in definitione digestionis posuit perfectionem loco generis, caliditatem propriam ut efficiens, ita hic ponitur imperfectio loco generis, quia indigestio est via ad imperfectionem, scilicet ad putrefactionem, et ponitur frigiditas impediens digestionem ut efficiens: sed quia contrariorum est eadem materia, ideo utrobique ponitur qualitas passiva, idest humidum, ut materia. Non autem assignat aliquem finem indigestionis, quia indigestio non fit ad aliquem finem, sed praeter intentionem naturae: cum sit imperfectio, et finis habeat rationem boni et perfecti.

 

 

 

Caput 4

Chapitre 4 – [ ]

[90969] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 4 n. 1 Agit de speciebus digestionis et indigestionis sibi oppositae. Et primo agit de pepansi, quae sola est naturalis species digestionis, aliae vero sunt magis artificiales; secundo agit de aliis speciebus, ibi: hepsesis autem et cetera. Circa primum duo facit: primo determinat de pepansi; secundo de omote ei opposita, ibi: omotes autem et cetera. Dicit ergo primo quod pepansis est digestio quaedam in pericarpiis, idest in illo tegmine sive cooperimento quod cooperit semen vel fructum, sive sit pellis in animalibus, sive cortex in fructibus. Et quia digestio ut dictum est, est perfectio, ideo et pepansis quae est eius species, est perfectio quaedam. Tunc enim res dicitur pepansim passa, quando semen in pericarpio potest efficere et generare tale, quale est id a quo procedit: in aliis enim perfectum etiam dicimus, quod potest generare tale quale est ipsum, ut declaratum est in II de anima. Est autem pepansis ab eodem agente, scilicet a naturali calido principaliter, et in eadem materia, scilicet in humido naturali, sicut superius dictum est de digestione in universali. Alio autem modo dicitur pepansis metaphorice: quia non eodem modo univoce, neque etiam pure aequivoce, sed analogice praedicatur pepansis de suis subiectis, sicut ridere de animali et prato viridi. Est autem pepansis metaphorice non solum in nutrimento viventium, sed etiam circa alia: ut circa nascentias, idest apostemata, et phlegmatica, ut sunt catarrhi, et circa urinas et secessiones. Et universaliter dicitur digestio pepansis metaphorice omnis maturatio et terminatio huiusmodi a naturali calido, quod fit, sicut dictum est, quando calidum obtinet super humidum: impossibile enim esset quod terminaret, nisi obtineret victoriam supra ipsum. Fit autem hoc modo. Nam primo calor digerens agit in humidum aereum, quod est spumosum, faciendo evaporare subtiliores partes, et ingrossando reliquas ac convertendo in humorem aquosum. Deinde subtiliando humorem aquosum facit ipsum evaporare, reliquum ingrossat, terminat et digerit, et ipsum coniungit cum sicco: et tunc convertitur in semen. Iste autem ordo apparet in animalibus et plantis. Nam in prima digestione separantur faeces: quando autem humidum cibi est reductum ad humorem aquosum, tunc in secunda digestione separatur urina: in tertia vero et quarta fit maturatio cibi, et conversio in semen. Hoc etiam apparet in omnibus pomis, et clare in amygdala, in qua prius a calido separatur humidum aereum, et convertitur flos in corticem viridem et aquosum, postea separatur humidum aquosum et convertitur in corticem osseum, et tertio semen intra formatur. Et ex hoc quasi in omnibus seminibus invenimus corticem extrinsecam magis aeream, secundam magis aqueam, et intra semen bene maturatum et digestum.

 

[90970] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 4 n. 2 Deinde cum dicit: omotes autem etc., determinat de omote opposita pepansi. Et dicit quod est indigestio in pericarpio, sicut pepansis est digestio in eo: ut quando semina non possunt efficere tale quale ipsa sunt; et habet fieri circa humidum interminatum: quia illa quae patiuntur omoten, sunt spumosa aut aquosa, sive mixta ex his. Sicut autem pepansis est perfectio, sic et omotes est imperfectio, quae accidit propter indigentiam calidi et abundantiam frigidi. Cum enim calidum non est commensuratum et proportionatum humido, tunc sequitur omotes: quia nunquam fit pepansis in humido solo sine siccitate, quae fit a calido proportionato; et ex hoc sola aqua inter omnia humida non ingrossatur, quia caret siccitate. Fit autem omotes propter duas causas: aut scilicet propter defectum caliditatis, sicut dictum est: aut propter excessum humidi digerendi; tunc enim calor proprius non potest obtinere humidum, et sequitur indigestio. Signum autem huius est, quod omnes fructus et poma parva in suo genere et humida, sunt indigesta et non bene matura: calida vero et grossa sunt bene digesta, et talia sunt apta ad esum humanum. Et universaliter quaecumque patiuntur omoten, sunt magis frigida et subtilia et humida. Sicut autem pepansis non dicitur uno modo sed multis, et dicitur quandoque metaphorice, sic et omotes dicitur quandoque metaphorice, et est indigestio quae apparet in catarrhis senum, infirmorum et mulierum, et in pustulis et huiusmodi. Adhuc etiam dicitur omotes magis metaphorice in lateribus et lacte: quando enim calidum non obtinet super humidum in talibus, tunc dicuntur indigesta, sicut sensus manifestat. Digestio igitur fit a calido naturali primo et per se, a frigido autem per accidens. Frigidum enim extrinsece circumstans calidum concludit ipsum interius et non permittit ipsum evaporare, et sic retinendo calidum naturale interius, causat digestionem. In cuius signum ventres animalium sunt calidiores et magis digerunt in hieme, quam in aestate. Indigestio autem fit a frigido per se, a calido autem per accidens, sicut supra dictum est.

 

 

 

Caput 5

Chapitre 5 – [ ]

[90971] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 5 n. 1 Determinat de alia specie digestionis quae dicitur hepsesis, et fit tam ab arte quam a natura. Et dicit quod hepsesis secundum totum, idest uniformiter facta in omnibus partibus, ad differentiam aliarum digestionum quae non fiunt aequaliter omnibus partibus, vel secundum totum, idest in universali, est digestio humidi interminati et subtilis, facta a caliditate extrinseca existente in humido exteriori: propter quod nomen et ratio hepsesis convenit solis elixatis. Patet autem ex ista definitione quod superior species digestionis est magis naturalis, sicut diximus, quam sequentes; quia ille motus dicitur naturalis, qui est a principio intrinseco, sicut patet in II Physic.: pepansis autem est a caliditate intrinseca, reliquae autem ab extrinseca. Humidum vero interminatum circa quod fit hepsesis, est magis aqueum vel spumosum, quod digeritur per caliditatem humidi extrinseci, sicut patet quando carnes decoquuntur elixae. Digestio autem hepsesis fit ab humido extrinseco: ea enim quae elixantur, patiuntur a tali humido; sicut e converso ea quae assantur in frixoriis, agunt in ipsum humidum unctuosum, ipsum in se absorbendo: patiuntur autem a sicco calido ignis. Et in signum huius frixa sunt magis sicca exterius et humida interius: elixa vero e contrario sunt humida exterius, quia humefiunt ab humiditate circumstante, et magis sicca interius, quia per actionem humidi extrinseci, sive caliditatis eius, perdunt humidum proprium et non recipiunt alienum: frixa vero retinent proprium et suscipiunt alienum. Omnia igitur corpora quae habent multum humidum, et bene passibile a calido quod est in humido extrinseco, sunt elixabilia, ut carnes, pisces, olus et huiusmodi: quaecumque vero non habent multum humidum, ut lapides, aut si habent illud, non est bene passibile et educibile a caliditate extrinseca, sicut ligna, non sunt elixabilia. Quamvis metaphorice multa alia dicantur pati hepsesim et elixari, sicut aurum et ligna et multa alia: quae licet proprie non elixentur, tamen vocantur elixa per quandam similitudinem, eo quod non sunt adhuc imposita nomina omnibus differentiis rerum. Dicitur autem elixari aurum vel lignum, inquantum virtute ignis humidum extrinsecum exhalat et separatur ab eis. Eodem modo elixantur humida, scilicet mustum et lac, inquantum virtute ignis a musto separatur humidum aereum, et a lacte separatur serum. Dicit autem quod finis non est idem in omnibus elixatis, sicut erat superius in alia digestione: quia alia elixantur ad esum, alia ad sorbitionem et cetera. Notandum est autem diligenter quod in fine textus ultimo concludit, quod ista digestio fit tam a natura quam ab arte propter eandem causam. Nam sicut per artem carnes elixantur ab humido circumstante, ita natura humidum nutrimentale in pueris digerit per humidum et calidum circumfusum. Ad sensum enim manifestum est quod in pueris et mulieribus est maior humiditas, quae quasi elixat humidum cibi. Et hoc etiam accidit in phlegmaticis.

 

[90972] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 5 n. 2 Deinde cum dicit: molynsis autem etc., determinat de specie indigestionis opposita hepsesi, quae dicitur molynsis. Et dicit quod molynsis est indigestio humidi interminati (quod dictum est esse elixabile), causata propter defectum caliditatis existentis in humido circumstante: talis autem defectus caliditatis est frigiditas, sicut supra dictum est. Et ista indigestio accidit propter duas causas: aut scilicet propter parvitatem caloris in humido circumstante, aut propter multitudinem humidi digerendi, quod a parvo calore non potest obtineri. Et propter hoc duriora sunt quae patiuntur molynsim, quam quae patiuntur hepsesim; quia parvus calor dissolvit humidum, sed non educit: et ideo iterum magis congelatur et quasi conglutinatur, et duriores res facit.

 

 

 

Caput 6

Chapitre 6 – [ ]

[90973] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 6 n. 1 Determinat de optesi, quae est alia species digestionis, et definit eam. Et dicit quod optesis est digestio a caliditate sicca (ad differentiam hepsesis, quae est digestio a caliditate humida) et aliena: quod dicit ad differentiam pepansis, quae non est a caliditate aliena, idest extranea, sed est ab intrinseca: vel quia omnis digestio est a caliditate aliena ei quod digeritur, non ei quod digerit. Et ex hoc, si quis digerat carnes vel aliud per optesim, cum consummata fuerit digestio, illud tale erit assum et non elixum, et si talis caliditas sicca fuerit excessiva, dicetur adustum. Quod autem fiat a sicca caliditate, probat: quia ista digestio quae dicitur assatio, quae citius consummatur quam elixatio, desiccat partes extrinsecas, remanentibus humidis partibus interioribus; cuius ratio est, quia caliditas sicca sine humiditate, desiccando primo partes exteriores, constringit poros rei digerendae, et propter hoc humiditas resoluta interius non potest exire: et ideo non parvam subtilitatem dicit esse bene assare, ita quod exteriora et interiora regulariter et pariformiter sint decocta ab igne. Dicit autem quod optesis et hepsesis fiunt, non solum ab arte, sed a natura, sicut superius diximus. Et hoc probat: primo, quia ars in suis effectibus imitatur naturam; sicut ergo ars operatur in assando, ita prius didicit a natura. Secundo, quia sicut in corpore humano fit digestio similis hepsesi, ut apparet in pueris, ita etiam fit in eo digestio optesis: sicut est in iuvenibus, in quibus propter fortitudinem caloris, nutrimentum magis assatur quam elixetur; cuius signum est, quod superfluitates eorum sunt siccae adustae. Deducit autem corollarie ex dictis, quod animalia, idest vermes, non generantur in superiori ventre, scilicet stomachi, sed in inferiori. Et ratio est, quia talia animalia non generantur nisi in loco putrefactionis superfluitatum cibi, cum sint animalia genita per putrefactionem: superfluitates autem non putrefiunt in superiori ventre, sed in inferiori. Cuius ratio ut ipse dicit, dicta est alibi: colligi tamen potest ex superioribus. Putrefactio enim fit propter defectum caliditatis digerentis, et ex hoc debet fieri in illo loco in quo est talis defectus caliditatis, in superiori autem ventre non est defectus caliditatis, cum sit propinquus cordi in quo est sedes caliditatis naturalis, sed talis defectus est in ventre inferiori, qui magis distat a proprio loco caliditatis naturalis. Sciendum tamen est quod id quod hic dicitur, intelligi debet ut in pluribus, quia quandoque propter debilitatem virtutis digestivae, scilicet calidi naturalis, ex infirmitate provenientem, cibus non digeritur, sed putrefit in stomacho: quod patet ex foetore proveniente ex stomacho per eructationem, sive alia via; et ideo ibi etiam quandoque generantur vermes, qui aliquando eiiciuntur per os.

 

[90974] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 6 n. 2 Deinde cum dicit: molynsis quidem igitur etc., determinat finaliter de indigestione opposita optesi, quae dicitur stateusis. Et dicit quod ista indigestio, licet sit parum nota, tamen eam definiendo dicimus, quod est indigestio facta propter defectum caliditatis siccae. Et fit propter duas causas, sicut supra in aliis declaravimus, scilicet aut propter parvitatem sicci caloris, aut propter multitudinem humidi digerendi. Deinde epilogat, et est clarum in littera.

 

 

 

Caput 7

Chapitre 7 – [ ]

[90975] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 7 n. 1 Determinat de passionibus qualitatum passivarum. Et circa hoc duo facit: primo determinat de eis secundum se; secundo determinat de eis per comparationem ad corpora, ibi: his autem passionibus et cetera. Et circa primum iterum duo facit: primo determinat de eis in generali; secundo determinat de singulis secundum speciem, ibi: corporalium autem passionum et cetera. Dicit ergo primo, quod dicendum est de passionibus primarum qualitatum passivarum et de speciebus earum. Hae autem qualitates sunt humidum et siccum, quorum passiones sunt primo determinandae, quia humidum et siccum sunt prima principia passiva omnium corporum mixtorum. Quod intelligendum est inquantum sunt passiva: calidum enim et frigidum, humidum et siccum, sunt prima principia corporum inquantum sunt substantiae, materia prima est primum principium passivum corporum, forma substantialis est primum principium activum. Omnia autem corpora aut sunt primo humida, sicut est aqua, aut primo sicca, sicut terra, aut sunt mixta ex his. Sed eorum quae sunt mixta ex his duobus, sicut medium ex extremis, sicut sunt composita ex elementis, quaedam magis accedunt ad unum extremum, quaedam vero ad alterum: et quae magis accedunt ad siccum, denominantur sicca a praedominio, ut ligna et lapides, quae autem magis accedunt ad humidum, dicuntur a praedominio humida. Talia autem dupliciter dicuntur, sicut omnia alia entia existentia in genere: quaedam enim sunt talia actu, sicut ea quae sunt liquida actu, dicuntur actu humida; quaedam vero sunt opposito modo, scilicet in potentia, ut id quod non est actu liquidum, sed est liquabile, sicut sunt metalla. Ratio autem quare ex ambobus composita sunt omnia elementata, est quia unum non potest bene consistere et terminari sine alio: quia humidum est male terminabile proprio termino et intrinseco, sed bene terminatur alieno et extrinseco termino, et ideo non potest terminari sine sicco, quod est bene terminabile proprio termino, idest intrinseco, et male alieno; similiter etiam siccum non terminatur sine humido, sed unum est alteri velut colla. Cuius simile accidit in pulmentis: ex farina enim sicca et aqua humida fit et conglutinatur panis; et Empedocles etiam physicus fecit collam tenacem ex farina et aqua, conglutinans unum alteri per calorem. Quod autem aqua sit primo humida et terra sit primo sicca, ipse probat per duas rationes: quarum prima talis est. Illud enim dicitur primo tale, ratione cuius alia sunt talia, sicut ad longum declaratum est in I posteriorum; sed omnia corpora terminata sive elementata, sunt humida vel sicca, inquantum sunt ex aqua vel ex terra: quia nullum talium corporum est sine aqua et terra; ergo aqua et terra sunt primo talia. Dicit autem omnia corpora terminata hic, scilicet inferius apud nos, ad differentiam corporum superiorum, quae sunt composita ex materia et forma, non tamen sunt terrea vel aquea, sed sunt terminata aequivoce cum istis inferioribus. Secunda vero ratio est, quia omnia naturaliter appetunt locum consimilem et proportionatum suae naturae, et naturaliter quiescunt in eo: quia locus naturaliter est conservativus locati, sicut patet in IV Physic.; igitur omnia animalia manent in terra et aqua naturaliter, ut in simili suae naturae loco, et ut nutriri et conservari possint ab elemento, quod primo habet qualitatem passivam quae praedominatur in eis. Licet autem aliqua animalia dicantur nutriri in alio elemento, ut aves in aere et salamandra in igne, tamen haec omnia nutriuntur ex terra et aqua, vel ex his quae nascuntur in eis, ut manifestum est in avibus. Salamandra autem per longum tempus nutritur in igne ex sicco terreo adusto et fumoso, propter convenientem similitudinem ad complexionem suam, quae maxime invenitur in nostro igne inferiori: quia non habemus hic ignem purum, sed admixtum terreo; non autem nutriretur in igne puro.

 

[90976] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 7 n. 2 Deinde cum dicit: corporalium autem etc., determinat de speciebus qualitatum passivarum provenientibus ex humido et sicco: quarum primae sunt durum et molle. Et ideo primo determinat de duro et molli, et dicit quod omnia corpora quae generantur ex humido et sicco, sunt aut dura aut mollia: et ideo de eis primo dicendum est. Definit autem durum et molle, dicens quod durum est illud quod non cedit in seipsum tangenti secundum superficiem, ut lapis et lignum. Quod intelligendum est de tangente naturaliter et sine magna violentia: quia licet lignum cedat securi et ferrum malleo tangenti cum violentia, tamen dicitur durum quia non cedit tangenti naturaliter. Molle autem est, quod e converso cedit tangenti naturaliter sine magna violentia, et non circumstat tactui, sed cedit in profundum sui ipsius, sicut cera. Aqua autem non dicitur mollis, neque alia liquida, quia non deprimitur in profundum illa pars quae supponitur tactui, sed quasi diffugit ad latus: quod ipse vocat circumstare. Sed durum et molle dupliciter dicuntur, scilicet absolute et simpliciter, et per comparationem ad alterum, sicut lignum quod respectu cerae est durum, et per comparationem ad ferrum est molle. Quia autem in definitionibus praedictis cadit sensus tactus, ideo dicit quod durum et molle definivit per respectum ad tactum, quia universaliter omne sensibile definitur per comparationem ad sensum: sunt enim sensus et sensibile correlativa. Cognoscit autem sensus tactus qualitates mixtorum, secundum quod excedunt aut deficiunt a media qualitate organi tactus. Non enim potest eas cognoscere inquantum sunt omnino similes tactui, sicut probant rationes Alexandri; sed tamen illa qualitas quae non cognoscitur ab uno tactu propter omnimodam similitudinem, cognoscitur ab alio propter dissimilitudinem aliquam: quia non est omnino eadem qualitas media in organo tactus diversorum animalium. Et sic universaliter omnis qualitas tangibilis cognoscitur ab aliquo tactu.

 

Caput 8

Chapitre 8 – [ ]

[90977] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 8 n. 1 Determinat de coagulatione et liquefactione et aliis passionibus, quibus differunt corpora secundum quod tangibilia sunt. Et circa hoc duo facit: primo determinat de siccari et humectari, quia omnis coagulatio est quaedam siccatio, liquefieri autem est humectari; secundo determinat de ipsa coagulatione et liquefactione et aliis speciebus, ibi: de liquefactione autem et cetera. Prima iterum in duas: primo enim determinat de siccatione; secundo de humectatione, ibi: humectari autem et cetera. Circa primum duo facit: primo praemittit intentionem suam; secundo exsequitur propositum, ibi: desiccantur autem et cetera. Dicit ergo primo quod, quia sicut dictum est, omne corpus terminatum est durum aut molle, si sit terminatum proprio termino (quod dicit propter liquida, quae non terminantur proprio termino, nisi ex magna violentia frigidi), terminatio autem non fit sine coagulatione quadam, ideo omnia corpora composita, scilicet ex elementis, non sunt sine coagulatione. Ideo prius de ea dicendum est. Sed tamen, quia sicut dictum est, praeter materiam sunt duae causae entium, scilicet faciens, idest qualitas activa, et passio, idest qualitas passiva, quae est quasi materia ex qua educitur forma et species, licet non sit proprie materia, sed instrumentum materiae quo materia patitur, sicut qualitates activae sunt instrumenta quibus agens agit, et talia instrumenta materiae sunt duo, scilicet humidum et siccum, sicut et instrumenta agentis sunt duo, scilicet calidum et frigidum, ideo prius de humectari et siccari dicendum est quam de coagulatione. Primum enim quo materia patitur est humidum et siccum: et prima corpora passibilia sunt terra et aqua, quae sunt sicca et humida. Et propter hoc frigidum quod convenit terrae et aquae, est minus activum et magis passibile quam calidum, quod convenit aeri et igni. Quomodo autem frigidum sit activum ostendit, dicens quod est activum dupliciter. Primo quia corrumpere est quoddam agere: frigidum autem est corruptivum, quia corrumpit calidum, quae est qualitas generativa; secundo dicitur agere per accidens, quia circumstat calidum, et ex hoc calidum per antiperistasim, hoc est contrasistentiam frigidi, fortificatur, et sic frigidum fortificando calidum per accidens agit ad generationem. Sed considerandum est quantum ad hoc quod dicitur, quod frigiditas est per se corruptiva et per accidens generativa, quod generatio dupliciter dicitur, sicut supra dictum est: primo inquantum est mutatio a non esse ad esse absolute; secundo dicitur generatio, quando id quod producitur in esse, est nobilius, et e converso quod corrumpitur, est ignobilius: corruptio vero dicitur, quando quod corrumpitur, est nobilius, licet etiam ibi generetur aliquid aliud absolute; ut generatio dicitur, quando ex terra vel aqua generatur aer vel ignis, corruptio, quando e contrario ex igne vel aere generatur aqua vel terra. Et hoc modo agitur de generatione in I de generatione. Loquendo igitur de generatione primo modo, frigiditas est per se generativa, et non solum per accidens, quia corruptio unius est generatio alterius, et quod per se corrumpit unum, eadem actione generat per se reliquum: natura enim non operaretur per se intendens ad solam corruptionem, quae est quoddam malum, nisi eadem actione aliquid generaret. Sed de generatione secundo modo verum est quod frigidum per se est solummodo corruptivum: quia frigiditas corrumpit ignem et aerem, quae sunt nobiliora, et generat terram et aquam, quae sunt ignobiliora.

 

[90978] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 8 n. 2 Deinde cum dicit: desiccantur autem etc., determinat de siccari exsequendo intentionem propositam. Et dicit quod omnia illa dicuntur desiccari quae sunt aqua aut aquae species, sicut vinum, serum et huiusmodi, aut quae habent humiditatem connaturalem, ut lac, vel superinductam, velut lana madefacta, et universaliter omnia humida, quae non faciunt residentiam in fundo propter puritatem, et non propter viscositatem. Quod dicit, quia sunt quaedam quae sunt terrea et grossa, et tamen partes terreae non resident in profundo propter viscositatem continentem siccum terrestre, sicut oleum et pix. Omnia autem ista aut desiccantur a calido exteriori foras educente humidum, sicut patet in carne elixata: aut a calido interiori et a frigore circumstante, quod fortificat calidum interius per antiperistasim, sicut apparet in indumentis desiccatis in hieme a vento frigido. Et sic omnia desiccantur aut a frigido per accidens, aut per se a calido, sive interiori sive exteriori.

 

[90979] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 8 n. 3 Deinde cum dicit: humectari autem etc., ostendit quid sit humectari. Et dicit quod humectari dicitur dupliciter: uno quidem modo est fieri aquam, sicut cum ex nube generatur aqua pluviae; secundo modo humectari est liquefieri, sicut cum glacies vel metalla liquescunt. Hoc autem provenit non ab eadem causa, sed a diversis: humectantur enim res primo modo a frigido condensante vaporem in aquam, sicut supra dictum est, humectatio autem secundo modo fit a calido resolvente.

 

 

 

Caput 9

Chapitre 9 – [ ]

[90980] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9 n. 1 Prosequitur de coagulabili et liquefactibili, et dicit quod omnia quae coagulantur, aut sunt aqua, aut composita ex aqua et terra: haec autem omnia coagulantur aut a calido, aut a frigido, aut a sicco. Et hoc ipse probat: quia contrariorum effectuum per se sunt contrariae causae; sed coagulata dissolvuntur aut a frigido, aut a calido, ut patet; quae ergo dissolvuntur a frigido, coagulantur a calido, et e converso: quia dissolutio et coagulatio sunt effectus per se contrarii. Sed videtur quod quaedam coagulentur ab humido: quia mel elixatum coagulatur in aqua, ergo videtur coagulari ab humido. Dicendum quod ab humido ut sic nihil coagulari potest effective: primo quia humidum est materia coagulationis, idem autem non potest esse eidem materia et efficiens; secundo quia in motu coagulationis humidum est terminus a quo: humidum enim superfluum expellitur, et reliquum terminatur cum sicco, et sic fit coagulatio. Sed mel elixatum coagulatur ab aqua calida, non inquantum est humida, sed inquantum est frigida, non actu, sed virtute. Vel potest etiam dici quod mel coagulatur ab aqua calida inquantum est calida, si mel praesupponatur esse terreum a praedominio. Quaecumque igitur sunt aquea, non coagulantur ab igne, idest a calido. Quod probat: quia talia dissolvuntur ab igne, ut patet in glacie; igitur non coagulantur ab igne, scilicet a calido, quia idem eidem non potest esse causa contrariorum. Quod igitur in abscessu calidi et ingressu frigoris coagulatur, dissolvetur e converso in ingressu caloris et abscessu frigoris. Et propter hoc talia aquea non ingrossantur cum coagulantur: quia ingrossatio fit per separationem humidi superflui, quo separato reliquum humidum constat et terminatur cum sicco, et sic sequitur ingrossatio; sed aquea siccum non habent quod separari possit. Quaecumque autem sunt terrea, coagulantur a calido, sicut sal et lac etc.: quod patet, quia talia solvuntur ab aqua. Si autem sint aliqua, quae sint proportionabiliter commixta ex utroque, talia coagulantur ab utroque, sicut lutum: quando enim sunt humida, et magis praedominatur aqua, coagulantur a frigido, quando autem praedominatur terreum, tunc coagulantur a sicco calido ignis. Sed tamen ista coagulatio diversimode fit a calido et a frigido: nam calidum extrinsecum coagulat educendo humidum intrinsecum, ut patet in ovo decocto; frigidum vero extrinsecum expellit calidum intrinsecum, quod secum educit humidum intrinsecum, et sic desiccat et coagulat. Dicit autem quod sunt quaedam, quae non coagulantur in principio a calido, sicut lateres primo indurati a frigore, et postea positi in igne: nam cum ponuntur in igne, fit separatio humidi indurati, postea finaliter desiccantur per separationem humidi superflui. Et propter hoc multi lateres corrumpuntur in fornacibus propter nimiam appropinquationem vel remotionem ab igne: quia tunc aut parum separatur de humiditate, et non sunt decocti, aut separatur nimis ex ea, et de facili franguntur.

 

[90981] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9 n. 2 Deinde cum dicit: quaecumque quidem etc., determinat de liquabili. Et dicit quod quaecumque coagulantur a frigido, sive sint aquea, sive mixta ex aqua et terra, etiam si habeant in sui compositione plus terrae quam aquae, secundum quantitatem, non secundum proportionem virtutis, talia liquantur a calido. Sed ista sunt in duplici differentia: quaedam enim coagulantur a frigido non educente totum humidum superfluum cum calido intrinseco, et ista solvuntur de facili a calido, sicut lutum et glacies, et huiusmodi; quaedam autem coagulantur a frigido educente totum humidum superfluum cum calido intrinseco, et ista non possunt solvi nisi a fortissimo igne: sicut sunt metalla, et maxime duriora, in quibus partes terrestres subtiles sunt optime commixtae cum humidis remanentibus, et cornua, in quibus est humidum viscosum, quod continet siccum ne defluat. Quod autem ita sit quod coagulatio fiat per separationem humidi, et liquatio fiat per separationem sicci terrei, patet triplici signo. Primo, quia ferrum in quo relictum est parum de humiditate, et illa est fortiter commixta cum sicco terrestri, de difficili solvitur, et quando solvitur et fit humidum, purificatur, quia scoria terrestris subsidet in profundo, et separatur. Et ita multoties faciendo artifices faciunt chalybem, quod est ferrum depuratum; sed nolunt depurare ipsum multoties, et facere perfectum chalybem, tum quia nimis de ferro perditur in igne, tum quia multiplicando purificationem, pondus nimis deminuitur, tum etiam, quia melius est ferrum quod est minus purificatum: quia coagulatum quanto pluries dissolvitur, tanto fit durius quando iterum coagulatur, et ideo ferrum minus purificatum est melius, quia facilius ducitur et magis obedit malleo et manibus artificum. Secundum signum est, quia et lapis qui dicitur pyrimachus, liquescit propter eandem causam, ita ut etiam distillet, quia scilicet continue separatur siccum terrestre. Tertium est, quod plumbum quod in sua natura multum habet de opaco terrae, et ideo est nigrum, quando liquatur eadem causa efficitur coloris albi ad modum calcis, quia in liquatione separatur siccum terrestre, et humidum aereum supernatat secundum superficiem planam, et recipitur lux ubique, et ita recipit album colorem.

 

[90982] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9 n. 3 Deinde cum dicit: quaecumque autem etc., ostendit quae sint incoagulabilia et illiquefactibilia. Et dicit quod omnia quae coagulantur a sicco calido, sunt in duplici differentia: quaedam enim prius desiccantur a calido sicco per humidi superflui eductionem, et postea ultimo congelantur a frigido per fortem terminationem humidi cum sicco, ut lapides et dentes molares: et ista sunt insolubilia; quaedam autem coagulantur absolute a calido ignis, ut nitrum et sal: et talia liquantur ab aqua frigida et humida. Et huius ratio est, quae supra dicta est, quia contrariorum effectuum sunt contrariae causae: si igitur calidum coagulavit, frigidum solvet. Universaliter itaque coagulantur ea quae sunt terrea vel aquea a praedominio: aquea coagulantur a frigido, sicut glacies, terrea autem coagulantur a calido, ut nitrum, sales, lapides et lateres: propter quod talia sunt magis terrea, quod eorum salsedo ostendit. Quae autem sunt aerea a praedominio, non possunt coagulari neque liquefieri, ut argentum vivum et oleum, quod non coagulatur neque a frigido neque a calido, tum propter suam viscositatem, tum etiam quia est naturae aereae, cuius humiditas de difficili desiccatur. Et propter hoc oleum supernatat super aquam, quia aer naturaliter fertur sursum. Ingrossatur itaque ab ambobus, scilicet calido et frigido, sed a neutro coagulatur. Ingrossatur etiam oleum et albescit, si duret per longum tempus et fiat antiquum: ingrossatur quidem, quia recedente calido intrinseco aer convertitur in elementum grossius, scilicet aqueum, albescit autem, quia evaporat aqueum et terreum quod inerat prius. Aerea etiam liquari non possunt. Cuius ratio est, quia sicut humidum aqueum defluendo intra se facit fluere partes terrae, et mollificat et liquefacit eas, ita humidum aereum e converso adunat siccum terreum et continet intra. Unde ligna propter hanc causam non liquantur. Quod autem ligna sint aerea a praedominio patet, tum quia sunt materia ignis, ut oleum, tum quia supernatant in aqua, praeter ebenum quod est magis terrestre, quod nigredo eius et pondus ostendit.

 

[90983] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9 n. 4 Deinde cum dicit: quaecumque autem mixta etc., determinat de ingrossabili et non ingrossabili. Et dicit quod ab igne ingrossantur ea, quae habent in sui compositione plus terrae quam aquae, ut lac et sanguis, et quoddam vinum grossum et calidum, in quo siccum terreum et humidum aqueum sunt proportionaliter commixta, sicut est vinum Cretense. Abscedit autem ab his omnibus aqua dum ingrossantur, quia ingrossatio est quaedam desiccatio imperfecta. In cuius signum a tali vino dum decoquitur et ingrossatur ab igne, evaporat humidum aqueum subtile valde: quod si recolligatur in vase tortuoso ad modum stillae, fit aqua, quae dicitur aqua vitis. Quod ergo relinquitur in tali ingrossato, est magis terreum: nam ingrossatio fit per separationem humidi superflui, et terminationem humidi derelicti cum sicco. Et ideo omnia aquea a praedominio impinguari et ingrossari non possunt, ut vinum, universaliter serum et cetera similia. Quod autem lac et sanguis sint terrea a praedominio apparet. De lacte quidem, quia si non separetur serum, et coquatur in igne, exuritur serum, et id quod restat, constat et ingrossatur et efficitur stypticum valde, et valet contra fluxum ventris: quod etiam potest esse signum quod ingrossatio fit per separationem aquei, quia serum est aqueae naturae, substantia autem caseata est magis terrea. Si autem lac non habeat substantiam caseatam, tunc ingrossari non potest et non est aptum ad esum, sicut lac cameli, suis et asinae: et tale est aqueum a praedominio. Et propter hoc artifices ultra substantiam caseatam lactis apponunt coagulum, quando volunt ingrossare ipsum: quod est etiam magis terreum. De sanguine etiam apparet, quia repositus desiccatur propter paucitatem humidi aquei, et habet quosdam magnos poros propter partes terrestres restringentes se, et continentes humidum ne fluat ad centrum. Si autem sanguis sit indigestus propter frigiditatem complexionis, tunc non desiccatur repositus, nec habet poros, quia partes humidae praedominantur et fluunt undique: sed magis est languorosus et fluidus ad modum humoris phlegmatici. Et ex hoc sanguis humanus extractus ex venis si non desiccatur, est signum malae dispositionis et infirmitatis, sicut in venis existens si congeletur, est signum eiusdem, quia significat, quod caliditas naturalis est debilis in tali patiente. Quaedam autem ingrossantur etiam a frigido, ut aerea, sicut oleum. Frigidum enim non solum ingrossat, sed etiam desiccat et coagulat, sicut dictum est: desiccat enim aquam, ut in glacie apparet, ingrossat autem aerem, et convertit in aquam, sicut patet in oleo. Frigus enim aerem existentem in poris convertit in aquam et ingrossat oleum; calor vero intrinsecus facit evaporare humidum aqueum ipsum subtiliando, reliquum terminat cum sicco. Et ideo albescit oleum perspicuo subtiliato.

 

[90984] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 9 n. 5 Deinde cum dicit: adhuc autem haec etc., agit de mollificabili et non mollificabili. Mollificatio enim est quaedam via ad liquefactionem, sicut ingrossatio est via ad coagulationem, sive coagulatio imperfecta. Et dicit quod mollificabilia sunt, quae coagulantur sive etiam ingrossantur a calido tantum, vel a frigido tantum: nam quae coagulantur a calido tantum, solvuntur sive mollificantur a frigido, quae autem coagulantur sive ingrossantur a frigido, solvuntur et mollificari possunt a calido, quia contrariorum contrariae sunt causae, sicut dictum est. Sed quae coagulantur ab ambobus, scilicet a calido et frigido, haec sunt maxime insolubilia: sicut sunt lapides et lateres, quae primo desiccantur a calido per humidi abstractionem, et postea coagulantur a frigido, terminante reliquum humidum cum sicco. Et huius ratio est, quia cum sit coagulatum tam a calido quam a frigido, a neutro dissolvi potest: contrariorum enim effectuum non potest esse eadem causa, sed ut supra dictum est, debet esse contraria. Et propter hanc causam ferrum, quod primo liquefit a calido et magis purificatur, deinde a frigido coagulante induratur, non mollificatur, licet a forti calido liquefiat. Ligna autem et etiam lateres non mollificantur neque liquescunt propter causam superius assignatam, et inferius etiam melius declarandam, quia de mollificabili iterum magis in speciali tractabit; sed de coagulatione et liquefactione, de ingrossatione, et de mollificabili, inquantum mollificatio est via ad liquefactionem, dictum est in superioribus.

 

 

 

Caput 10

Chapitre 10 – [ ]

[90985] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 10 n. 1 Postquam philosophus determinavit de principalibus speciebus qualitatum passivarum consequentibus primo primas qualitates passivas, scilicet de coagulabili et non coagulabili, de liquabili et illiquabili, et de ingrossabili et mollificabili, inquantum sunt quasi via ad coagulationem vel liquefactionem, nunc determinat de aliis speciebus minus principalibus. Et circa hoc duo facit. Primo quasi corollarie concludit quoddam superius determinatum, et dicit quod ex dictis est manifestum, quod corpora scilicet inferiora constant et coagulantur a calido et frigido. Et propter hoc corpora ingrossantia et coagulantia, scilicet corpora calida et frigida, faciunt operationem calidi et frigidi, quasi ab eis constituta sint in esse, scilicet activo. Propter hoc etiam in omnibus talibus corporibus est caliditas, quae est magis activa, vel ad minus est in eis frigiditas, inquantum deficiunt a caliditate. Alterum enim contrariorum semper est deficiens et imperfectum respectu alterius, ut frigiditas respectu caliditatis. Et ex hoc quod istae sunt primae qualitates activae, humidum autem et siccum sunt primae passivae, ideo haec conveniunt et sunt communia omnibus. Et ideo ex aqua et terra constituta sunt omnia corpora, tam homoeomera quam plantarum et animalium, et metallorum, sicut auri et argenti, et omnium aliorum quae nascuntur ex exhalatione inclusa in utroque, sicut alibi ipse declaravit. Sed differentia est in hoc inter ea, quod operatio primarum duarum, scilicet calidi et frigidi, consistit in agere, et movere sensus: unde dicuntur qualitates sensibiles; album enim, odor, sonus, dulce, et calidum et frigidum, naturaliter habent facere sensationem, et agere in sensum. Alia autem duo et consequentia magis consistunt in pati, ut liquabile, coagulabile, flexibile et alia, quibus differunt multa corpora naturalia, sicut os, caro, nervus et cetera. Et de his nunc est agendum, quia aliae dictae qualitates activae in aliis declaratae sunt. Quae autem et quot sint istae de quibus est agendum, est clarum in littera.

 

[90986] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 10 n. 2 Secundo ibi: de coagulabili quidem igitur etc., dicit quod de coagulabili et non coagulabili, liquabili et non liquabili dictum est prius universaliter; sed tamen propter maiorem claritatem tam dictorum quam dicendorum dicamus iterum, quod coagulatorum quaedam coagulantur a calido, quaedam a frigido: calidum quidem coagulat, quia exprimit humidum superfluum, frigidum vero, quia expellit calidum, quod secum evaporare facit humidum. Quae igitur coagulantur a calido per absentiam humidi, solvuntur a frigido, quod humidum iterum ingredi facit: quae autem coagulantur a frigido per expulsionem calidi, solvuntur a calido iterum ingrediente, sicut glacies et cetera. Aliqua autem non solvuntur a frigido, quae sunt coagulata a calido: quia coagulatio fuit fortis, et pori relicti sunt parvi, adeo ut humiditas dissolutiva ingredi non possit, sicut sunt lateres. Incoagulabilia autem sunt quae non habent humiditatem aquosam, sed sunt magis terrea, ut mel et mustum: et ratio est, quia talia sunt vehementer calida, et talis caliditas fortiter resistit, et continet humidum intra; et quae sunt aerea a praedominio, sicut oleum, argentum vivum, et viscosa, ut colla.

 

 

 

Caput 11

Chapitre 11 – [ ]

[90987] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 11 n. 1 Determinat de mollificabili magis in speciali, et ponit sex conditiones quas habere debet coagulatum ad hoc quod mollificetur. Et prima est, quod tale coagulatum non sit aqua vel aqueum a praedominio, sed si est in eo excessus unius super alterum, sit magis terreum: et propter defectum huius, glacies non est mollificabilis. Secunda conditio est, quod totum humidum non sit evaporatum per coagulationem, quia mollificabile debet esse tam aqueum quam terreum, vel non multum plus terreum: et propter hoc nitrum et sal non sunt mollificabilia, sed statim solvuntur. Tertia conditio est, quod non habeant siccum inaequaliter dispositum, ne pori sint strictiores quam humidum aqueum, quod est quasi materia mollificationis, diffundi possit: et propter hoc lateres et lapides non mollificantur. Quarta vero est, quod non sint trahibilia in longum vel ad latus, ut corrigia et nervus; et ratio est, quia talia sunt viscosa, quae non cedunt tactui in profundum sui, sed extra se trahuntur in longum: mollificabile autem debet cedere tactui in se, sicut manifestum fuit superius in definitione mollis. Quinta est, quod non sint humectabilia, humido scilicet alieno et extrinseco, ut lana, sed mollificabile debet habere humidum proprium: est enim humidi quod ubique fluat, et ita mollificet. Sexta conditio est, quod non sint ductibilia: et ratio est, quia talia habent plus aquae quam terrae, sicut metalla. Si autem sint aliqua quae cum magno labore liquentur et ducantur, et tamen non habeant multum plus aquae quam terrae, immo forte minus, sicut ferrum, talia mollificantur. Fit autem mollificatio tanquam a causa efficiente ut in pluribus ab igne, sicut ligna et cornu mollificantur ab igne.

 

[90988] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 11 n. 2 Deinde cum dicit: sunt autem liquabilium etc., prosequitur de intingibili et non intingibili. Ad cuius evidentiam sciendum est, quod intingibile hic dicitur, quod est susceptivum humidi extrinseci per poros amplos et duros. Ratione primi ea quae sunt aquea, non madefiunt neque intinguntur, quia aquea non habent poros, sicut glacies; metalla autem non intinguntur, quia licet sint porosa, non tamen habent poros amplos sed strictos, ita quod humidum non potest ingredi et madefacere; ratione tertii multa quae liquantur ab aqua, non sunt intingibilia, sicut nitrum et sal, quia licet talia habeant poros amplos, non tamen pori sunt duri sed molles et passibiles, ita quod humidum ingrediens non madefacit sed corrumpit illud in quod intrat. Quae autem habent poros amplos et duros, sicut lana, pannus, et multa alia, intinguntur: quia humidum ingrediens per poros amplos madefacit siccum terrestre, et non corrumpit ipsum propter duritiem. Ex his autem patet quod intingibilia sunt terrea a praedominio, quia in eis dominatur siccum terrestre, et coagulata sunt a calido per abstractionem humidi: ideo intinguntur per novam humidi introductionem. Patet etiam ratio quare terra intingitur, nitrum autem et sal quae sunt terrea, non intinguntur. Primo scilicet quia terra habet poros duriores quam talia, propter maiorem admixtionem humidi fluidi in talibus quam in terra; secundo etiam quia talia sunt porosa per totum, et ex hoc humidum per totum ingrediens et defluens cito dividit ea in partes et corrumpit: terra autem habet poros non per totum, sed hic illic, et ideo partes magis continentur.

 

[90989] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 11 n. 3 Deinde cum dicit: sunt autem et haec quidem etc., ostendit quae sint flexibilia et quae dirigibilia, dicens quod quaedam corpora sunt flexibilia et dirigibilia, ut calamus et virga, quaedam vero non sunt flexibilia neque dirigibilia, sicut lateres et lapides. Ad intelligendum autem quae sint flexibilia et dirigibilia, et quae non, sciendum est quod flexio vel etiam rectificatio, est motus a circulari peripheria in rectitudinem, vel a rectitudine in peripheriam circularem, manente eadem longitudine flexi. Omnia igitur corpora quae possunt moveri ex rectitudine in peripheriam circularem, vel e converso ex peripheria circulari, sive sit concava sive convexa, in rectitudinem, sunt flexibilia vel dirigibilia: quae autem non possunt ita moveri, non sunt flexibilia neque dirigibilia. Non tamen est idem flexio et rectificatio, immo sunt motus contrarii: quia flexio est motus ad concavitatem vel convexitatem, rectificatio autem est motus ad rectitudinem. Sed philosophus hic non assignat causam praedictorum: et ideo sciendum est, quod humidum fluens, sicut superius declaravimus, quaerit terminos alienos, quia non bene terminatur terminis propriis, siccum vero quaerit terminos proprios, quibus bene terminatur. Flexio igitur est motus ad terminos alienos, quia res quando est flexa, non habet proprios terminos suae longitudinis, sed potest amplius elongari si dirigatur: rectificatio vero est motus ad terminos quasi proprios et sibi convenientes secundum suam longitudinem; et ideo res ratione humidi fluentis flectuntur, sed ratione sicci retrahentis habent dirigi et rectificari. Quae igitur sunt coagulata per eductionem humidi, non sunt flexibilia neque dirigibilia, sed potius franguntur, ut lateres et ligna sicca. Quae autem habent humidum viscosum grossum, flectuntur de facili, et semper flectuntur ad illam partem in qua est maior humiditas, sicut tabulae calefactae ad ignem, flectuntur versus ignem, quia ignis calefaciendo eas educit humiditatem ad illam partem. Sed quae habent humidum viscosum magis subtile, et bene commixtum cum sicco aereo subtili, non flectuntur ita de facili: sed tamen flexa cito redeunt ad rectitudinem, sicut boni enses; vel si non possunt redire ad perfectam rectitudinem, redeunt ad illam partem rectitudinis quam habuerunt in sui coagulatione, sicut bonae balistae, et arcus emissa sagitta. Sed quae habent humiditatem grossam, et non bene commixtam cum sicco, non redeunt ad rectitudinem, sicut pravi enses, arcus et similia.

 

[90990] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 11 n. 4 Deinde cum dicit: et haec quidem frangibilia etc., determinat de frangibili et comminuibili, quae sunt passiones procedentes ex eisdem causis, scilicet humido et sicco. Nam quae habent parum aut nihil de sicco, et multum de humido, neque sunt frangibilia neque comminuibilia, sicut liquida. Quae autem habent multum de sicco, sunt in tribus differentiis: quaedam enim sunt frangibilia, et non comminuibilia, ut lignum; quaedam sunt comminuibilia et non frangibilia, sicut lapis, qui a scalpentibus dividitur in partes minutas, non autem frangitur in magnas partes, et paucas numero; quaedam vero sunt comminuibilia et frangibilia, sicut lateres. Et ratio huius differentiae est, quia quaedam ita coagulantur quod habent parvos poros, numero multos, et propinquos situatione, et ista comminuuntur; quia comminutio est divisio in parvas partes, et divisio rei fit in poris ipsius, nisi scindantur: si ergo pori sunt multi, divisio fiet secundum multas partes. Aliqua vero habent poros magnos, paucos numero et distantes situ: et talia sunt frangibilia, quia fractio est divisio rei in magnas partes et paucas. Alia vero habent utrumque, scilicet quosdam poros magnos et reliquos parvos: et talia sunt frangibilia et comminuibilia, sicut lateres. Considerandum est autem ad evidentiam praedictorum, quod porus hic vocatur illa pars rei porosae, quae est non quidem vacua, sicut dicebant antiqui credentes vacuum dari, sed plena corpore subtili, sive tale corpus subtile sit eiusdem naturae cum reliquo, sive alienae, puta aqueae vel aereae.

 

 

 

Caput 12

Chapitre 12 – [ ]

[90991] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 1 Ostendit quae sunt impressibilia et quae non. Et dicit quod sunt quaedam corpora impressibilia, idest apta nata recipere impressionem, quorum quaedam sunt mollia, sicut cera, quaedam vero sunt dura, sicut aes. Alia autem non sunt impressibilia: et horum etiam aliqua sunt mollia, sicut aqua, aliqua autem sunt dura, velut later et lapis. Nam impressio passive sumpta est cessio in profundum secundum partem superficiei, non e contra circumstando (quod dicitur propter aquam, quae cedit imprimenti secundum superficiem, non tamen suscipit impressionem, quia contra circumstat, sicut supra dictum est in definitione mollis). Et ista fit dupliciter: aut per solam pulsionem tactus, ut in cera et in omnibus mollibus, aut per percussionem, ut in metallis et aliis duris. Universaliter igitur eorum quae sunt impressibilia, quaedam sunt mollificabilia sive mollia actu, ut cera, quaedam vero sunt dura, ut metalla: sed tamen talia sunt, in quibus est humiditas fortis et bene permixta cum sicco terrestri. Alia autem dura, in quibus non est fortis humiditas sed est educta a coagulante, et etiam illa debilis quae remansit non est bene commixta cum sicco terrestri, talia non sunt impressibilia, sicut later et lapis. Non est etiam impressibilis aqua, propter rationem superius assignatam, propter quam etiam non est mollis. Manifestum est autem ex dictis, quod humiditas non fluens sed bene permixta cum sicco terrestri, est materia impressionis.

 

[90992] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 2 Deinde cum dicit: impressibilium autem etc., determinat de formabili manu et non formabili. Et dicit quod impressibilia sunt duplicia: quaedam enim sunt impressibilia, quae non tantum suscipiunt impressionem de facili, sed etiam retinent eam: et talia sunt etiam formabilia manu, sicut pasta et cera; quaedam vero sunt quae bene retinent impressionem, sed non recipiunt eam de facili, sicut metalla, quae non recipiunt impressionem nisi per fortem percussionem: et talia non sunt formabilia manu, sed tamen formantur per artem, fundendo scilicet ea. Quaedam etiam sunt quae de facili recipiunt impressionem, sed eam non retinent, sicut lana aut spongia: et haec non sunt manu formabilia, ita scilicet quod retineant formationem. Quae autem non sunt impressibilia, non sunt etiam manu formabilia, licet formentur per artem, puta per sculptoriam, sicut lateres et lapides. Ex quibus patet quod materia impressibilium, etiam manu formabilium, est eadem, non differens nisi secundum magis et minus: quia manu formabilia debent esse paulo plus humida quam impressibilia; et ex hoc res fere eodem modo sunt manu formabilia quo sunt impressibilia, scilicet permanenter aut non permanenter.

 

[90993] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 3 Deinde cum dicit: sunt autem capibilia etc., agit de capibili et non capibili. Et dicit quod capibilia sunt, quae pulsa possunt convenire, idest contrahi et reverti, intra se in profundum sui, superficie mutata de maiore in minorem, sicut cum stringitur spongia, et non divisa aut translata in aliam partem, sicut accidit in aqua, quae quando comprimitur manibus, quasi effugit ad aliam partem. Et quia multoties in superioribus et nunc in isto loco fecit mentionem de pulsione et percussione, ideo declarat quid sint, et dicit quod pulsio est motus factus per solum tactum, scilicet sine magna violentia: percussio autem est motus factus cum elevatione vel manus vel alterius instrumenti percutientis, sicut quando faber elevat malleum et percutit. Ratio autem quare talia sunt capibilia, est quia habent poros plenos subtiliori corpore, sive tale corpus subtile sit eiusdem naturae cum reliquo, sive alterius. Nam tale corpus subtile aut egreditur quando capitur, si est alterius naturae, sicut patet in spongia, aut ingrossat et comprimitur, si est eiusdem naturae, sicut in carne. Quae igitur habent tales poros, sunt capibilia: quae autem non habent poros, ut aqua et liquida, non capiuntur: quae vero habent poros, sed plenos corpore duro, ut ferrum, illa etiam non sunt capibilia. Ex quibus manifestum est quod capibile hic vocatur, non quodcumque accipi potest, prout nomen sonat, sed quod potest restringi et reduci ad minorem superficiem. Ferrum enim capi, idest accipi, potest manibus: tamen dicit quod non est capibile, quia non potest restringi ad minorem superficiem. Est autem materia capibilium siccum terrestre a praedominio, sicut ex dictis est manifestum.

 

[90994] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 4 Deinde cum dicit: trahibilia autem etc., determinat de trahibili. Et dicit quod trahibilia sunt, quorum superficies potest mutari de loco ad locum, sicut corrigia. Est enim tractio motus corporis secundum longitudinem vel latitudinem, ita quod ex illa parte qua movetur, extenditur, ex alia per accidens restringitur: sicut corrigia cum trahitur per longum, extenditur, et restringitur secundum latitudinem. Quaedam autem sunt trahibilia et etiam capibilia, ut cera et lana: aliqua vero sunt trahibilia et non capibilia, ut phlegma et sputa, quae trahuntur ad modum fili: aliqua sunt capibilia et non trahibilia, sicut spongia. Sed quae carent sicco, sicut aqua, vel quae non habent humiditatem viscosam, sicut lapis et metalla, non sunt trahibilia vel extensibilia, neque etiam capibilia. Ex quibus est manifestum quod illa dicuntur universaliter trahibilia, quorum materia est humidum viscosum a praedominio: et tale humidum propter viscositatem continet siccum terrestre. Non dicitur etiam hic trahibile secundum usum vocabuli apud nos: Latini enim grammatici vocant trahibilia, omnia quae possunt moveri de loco ad locum, vel per violentiam, sicut homo dicitur trahi ad carcerem, vel saltem per motum qui non est naturalis talibus, sicut currus et ligna dicuntur trahi. Sed hic vocatur trahibile tantummodo illud, cuius partes mutant locum per extensionem, sicut accidit in corrigia vel pelle molli: quia trahi est transferri de loco ad locum secundum partes manente continuitate totius.

 

[90995] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 5 Deinde cum dicit: sunt autem et haec quidem ductilia etc., ostendit quae sint ductilia et quae non. Et dicit quod ductilia sunt ea, quae transferuntur secundum partem superficiei in profundum et ad latus per unam et eandem percussionem, sicut aes, idest species simplices metallorum, ut stannum vel plumbum, quae per unam et eandem percussionem, quando percutiuntur, deprimuntur in profundum secundum partem superficiei, et etiam extenduntur secundum latera: vel etiam deprimuntur et extenduntur secundum totam superficiem, si instrumentum percutiens sit aequale vel maius ipsa superficie. Quae autem non possunt deprimi et extendi, sicut dictum est, talia non sunt ductilia, sicut lapis et lignum. Causa autem quare talia cedunt percutienti in profundum et ad latus, est humiditas bene commixta cum sicco terrestri, quae calefacta et commota per percussionem facit secum fluere aliqualiter siccum terrestre. Et quia tale humidum est valde constrictum et proportionabiliter commixtum cum sicco, non habens magnos poros interceptos, ideo facit siccum fluere ad omnem partem. Ex quo sequitur, quod meliora sunt metalla quae ducuntur aequaliter ab omni parte, quam quae ducuntur ex una parte, ex alia autem crepant vel minus ducuntur, quia in talibus humidum est melius permixtum cum sicco. Dicit autem quod omnia quae sunt ductilia, sunt etiam impressibilia, sed ut est dicere ad omne, idest universaliter loquendo, non convertitur consequentia, quod scilicet omne impressibile sit ductile: quia lignum est impressibile, non tamen est ductile. Similiter capibilium quaedam sunt ductilia sicut cera, quaedam vero non, sicut aqua, quae non est ductilis propter nimiam humiditatem continue fluentem.

 

[90996] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 6 Deinde cum dicit: sunt autem et haec quidem scissibilia etc., determinat de scissibili et detruncabili simul, quia ambae sunt species divisionis. Et dicit quod scissibilia sunt illa, quae prius dividuntur quam a dividente tangantur, in illa scilicet parte secundum quam dividuntur: sicut asseres ex abiete, quae quando tanguntur ut dividantur in longum, scinduntur remotius quam tangantur a dividente, ita quod divisio praecedit tactum. Quae autem non ita dividuntur, non sunt scissibilia. Et ex hoc quae sunt mollia non sunt scissibilia, quia non sic dividuntur. Neque etiam omnia dura sunt scissibilia, ut ea quae sunt comminuibilia: sed scissibilia sunt ea quae sunt sicca, non ratione qua sicca, sed inquantum habent poros dispositos secundum longitudinem, plenos corpore passibili et subtili, et adnatos, idest propinquos unum alteri. Humida autem vel mollia non scinduntur, quia carent poris, sicut aqua, pasta et cera, et huiusmodi. Comminuibilia autem non scinduntur, quia non habent poros dispositos secundum longitudinem, sed secundum omnem partem, sicut vitrum: frangibilia autem, quia non habent poros adnatos unum alteri. Multa enim dura non scinduntur, quia pori in eis non sunt pleni corpore subtili et passibili, sed duro et impassibili. Detruncabilia autem sunt, quae quando dividuntur, neque divisio praecedit tactum, sicut in scissione, neque etiam comminuuntur. Et talia sunt quae non sunt humida carentia poris, sed magis habent poros dispositos secundum latitudinem; et quia aliqua habent multos poros dispositos secundum utramque partem, ideo sunt scissibilia et detruncabilia. Et quia viscositas impedit scissionem ratione humiditatis, ideo ut sciatur quomodo fit viscosum, dicit quod viscosum, quod non frangitur sed est trahibile, sicut dictum est superius, est humidum et molle. Talia autem fiunt viscosa propter concatenationem partium adinvicem. Quae colligatio aut fit a calido movente, quod fortiter unit siccum cum humido terminato, sicut in oleo et pice, aut fit a frigido, quod fortiter et inseparabiliter comprimit humidum cum sicco. Non determinat autem de divisione simpliciter, quae est genus talium: quia divisio ut sic accidit potius ratione materiae et quantitatis, quam ratione qualitatum passivarum.

 

[90997] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 12 n. 7 Deinde cum dicit: commassabilia autem etc., determinat de commassabilibus. Et dicit quod commassabilia sive infiltrabilia sunt ea, quae sunt capibilia, sed non habent capturam mansivam, idest non retinent figuram, quam habent quando capiuntur; quod enim talia sint capibilia, convenit eis ratione pororum interceptorum in partibus eius: quod autem redeant ad primam figuram, convenit eis ratione sicci praedominantis. Incommassabilia autem dicuntur propter causas oppositas.

 

 

 

Caput 13

Chapitre 13 – [ ]

[90998] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 13 n. 1 Ostendit quae sint ustibilia et quae non ustibilia. Et dicit quod quaedam corporum coagulatorum sunt ustibilia, sicut lignum et ossa, quaedam vero sunt inustibilia, sicut lapides et glacies. Ustibilia autem sunt quaecumque habent poros susceptivos ignis, et humiditatem superabilem ab igne. Talia autem sunt quae habent poros plenos humiditate aerea bene passibili. Dico quod debent habere poros: quia carentia poris non sunt ustibilia, ut glacies, quae propter defectum siccitatis caret poris. Debent etiam esse pleni humiditate aerea, quia aer est nutrimentum ignis: et propter hoc ebenus, qui inter omnia ligna est minus aereus et magis terrestris (quod ostendit pondus et nigredo eius), non est ustibilis. Debet etiam talis humiditas esse bene passibilis: quia habentia humiditatem grossam et fortem, non sunt bene ustibilia, sicut ligna multum viridia. Universaliter etiam carentia humiditate aerea non sunt ustibilia, sicut lapides, quia talis humiditas est materia ustionis.

 

[90999] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 13 n. 2 Deinde cum dicit: exhalabilia autem etc., determinat de exhalabilibus et vaporabilibus simul. Ad cuius evidentiam sciendum est, quod aliter locutus est superius de exhalatione et vapore, et aliter in isto loco. Nam superius dixit quod exhalatio est segregatio sicca et calida, sive segregaretur a calido ustivo sive ab alio: et haec est principium venti; vapor autem est segregatio humida, et talis est principium pluviae. Hic autem dicit quod exhalabilia sunt, quae habent humiditatem non evaporabilem a calido ustivo posito sub eis, quia talia dicuntur vaporabilia: sed potius exhalabilia dicuntur, quae processu temporis paulatim segregantur in aerem, sicut apparet in pomis antiquis, in quibus separato paulatim humido aereo, ipsa remanent sicca contrahentia rugas. Vapor autem est segregatio facta virtute calidi ustivi: et ideo vapor humectat vaporabile propter humiditatem segregatam foris, et colorat ipsum ratione calidi ustivi; et est principium spiritus, idest venti, si sit vapor sive segregatio sicca praedominio. Sed exhalatio non madefacit neque colorat sensibiliter, propter paucitatem et debilitatem sui, neque etiam est principium venti. Differt autem talis segregatio in diversis; quia in lignis, et his similibus, sicut sunt pili et cornua et alia, quae sunt similiter spissa et fumabilia, vocatur fumus; quia non est impositum nomen talibus diversis segregationibus, sicut dicebat Empedocles, licet secundum rem alius sit fumus lignorum et cornuum. In pinguibus autem vocatur in Graeco lignys, in unctuosis autem dicitur knisa. Et ex hoc oleum est exhalabile, quia est unctuosum; non tamen est vaporabile, quia eius humiditas non permittit: et ideo elixari non potest, quia elixata evaporant. Aqua autem est vaporabilis a calido propter humiditatem: non tamen est exhalabilis, quia caret siccitate, quae est materia exhalationis siccae et calidae. Simile est etiam de vino dulci quod est pingue et grossum, quod patitur exhalationem sicut oleum: nam sicut oleum non coagulatur a calido neque a frigido, ingrossatur tamen ab utroque, sic et istud vinum. Et si figantur calami parvi in ipso, inflammantur. Et si sublimetur, et permisceatur cum pulvere sulphuris et sale, praestat fomentum flammae subtili: quia a sulphure augetur in eo unctuositas, a sale augetur siccitas. Et ideo est vinum solo nomine, quia vini operationem non habet, quae est inebriare: eo quod non potest evaporare. Non est autem intelligendum quod tempus sit, illud quod per se facit sive segregat exhalationem: quia tempus nullius actionis potest esse per se causa, sed solum est per se mensura aliquarum actionum. Segregatur autem talis exhalatio vel a caliditate intrinseca, vel a caliditate solis, sive continentis, non cito et in magna multitudine sicut vapor, sed paulatim et quasi insensibiliter. Et ideo dicitur fieri a tempore, quia non fit nisi in multo et longo tempore.

 

[91000] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 13 n. 3 Deinde cum dicit: ustibilia autem etc., ostendit quae sunt inflammabilia, et quae non. Sed quia inflammabilia sunt quaedam pars ustibilium, ut melius cognoscatur quae sint inflammabilia, iterum repetit sub brevitate quae sint ustibilia. Et dicit quod talia videntur esse quaecumque possunt resolvi in cinerem: huiusmodi autem sunt quae fuerunt coagulata a solo calido, vel ab utroque, scilicet a calido et frigido, in quibus abundat siccitas propter caliditatem quae in coagulatione evaporare fecit humiditatem. Non autem sunt inflammabiles lapides, et maxime lapis carbunculus qui vocatur sigillum lapidum (licet videatur ardere propter fulgorem suae lucis), quia in ipso est fortiter commixtum humidum cum sicco, ita quod non potest resolvi in cinerem. Sed ustibilium quaedam sunt inflammabilia et quaedam non: omnia enim corpora communia terrae et aquae, quae non habent multam humiditatem aqueam sed aeream, et sunt exhalabilia, inflammantur; nam talia exhalabilia exhalant fumum, qui accensus dicitur flamma. Istorum autem quaedam faciunt per se flammam, sicut ligna, quae habent siccitatem sufficientem et exhalant fumum. Aliqua vero per se quidem non faciunt flammam, sed apposita siccis faciunt, sicut oleum, pix et huiusmodi: et ratio huius est, quia talia unctuosa, licet habeant humiditatem aeream multam quae est bene inflammabilis, deficiunt tamen in sicco. E converso autem sunt aliqua quae abundant in sicco, sed deficiunt in humido unctuoso, et ideo apposito eis unctuoso faciunt flammam meliorem. Sunt etiam quaedam quae sunt liquabilia et non inflammabilia, sicut metalla: quaedam sunt e converso inflammabilia et non liquabilia, sicut ligna: aliqua autem patiuntur utrumque, sicut thus. Causa autem quare ligna sunt inflammabilia, est quia habent humidum aereum bene diffusum et continuum in toto ligno: hoc autem humidum est materia ignis. Non sunt autem liquabilia, tum quia coagulata sunt ab utroque, tum quia liquabilium materia est humidum aqueum, non aereum quod praedominatur in lignis. Metalla autem non inflammantur, quia habent humidum aqueum multum quod repugnat igni, et aereum paucum quod est materia ignis: et propter eandem rationem sunt liquabilia. Thus autem patitur utrumque: nam ratione humidi aerei inflammatur, ratione vero humidi aquei quod in ipso est commixtum cum aereo, liquatur. Universaliter igitur quae sunt sicca, sive terrea sive etiam humida humiditate aerea, sunt bene inflammabilia; et propter hoc flamma non est aliud quam spiritus sive fumus ardens: fumus enim est segregatio aerea, et ideo est materia flammae. Eorum autem quae sunt ustibilia et non sunt inflammabilia, quaedam sunt carbonabilia: et talia sunt quaecumque habent plus terrae quam aeris, sive fumi qui est exhalatio aerea, sicut ligna viridia et ossa. Nam talia ratione sicci terrestris sunt passibilia ab igne, propter defectum vero humidi aerei non inflammantur.

 

 

 

Caput 14

Chapitre 14 – [ ]

[91001] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 14 n. 1 Postquam philosophus determinavit de qualitatibus activis et passivis secundum se, tam in generali quam in speciali de singulis speciebus eorum, nunc determinat de eis per comparationem ad corpora. Et circa hoc duo facit: primo determinat de qualitatibus passivis; secundo de qualitatibus activis, ibi: qualia autem calida et cetera. Circa primum duo facit: primo praemittit quaedam necessaria ad propositum; secundo determinat de qualitatibus passivis per comparationem ad corpora, ibi: humidorum quidem igitur et cetera. Quantum ad primum igitur, primum quod reassumit ex superioribus, est quod corpora sunt in duplici differentia. Quaedam enim sunt homoeomera sive homogenea: et talia sunt in quibus partes sunt eiusdem rationis et nominis cum toto, sicut aqua, terra, lignum, lapis, et in animalibus caro, sanguis et huiusmodi; alia autem sunt anomoeomera sive heterogenea, quae sunt diversarum rationum in toto et in partibus, sicut animal, homo, facies, manus et similia: partes enim hominis aut manus non sunt homo aut manus. Et omnia talia differunt abinvicem qualitatibus passivis, et maxime tangibilibus; differunt etiam odoribus, saporibus et coloribus et similibus: quamvis istis qualitatibus magis differant corpora homoeomera quam anomoeomera. Secundum quod reassumit, est quod causa talium corporum instrumentalis est duplex. Causa enim instrumentalis ex parte materiae est humidum et siccum: et ex consequenti causa materialis istorum est aqua et terra, quia aqua est primo humida, et terra est primo sicca. Causae vero ex parte agentis sunt calidum et frigidum: quia talia faciunt constare et coagulant talia corpora, et ex consequenti sunt activa. Et ideo considerandum est qualia sunt corpora homoeomera, scilicet species terrae et aquae et communes utrique, inquantum substant talibus qualitatibus. Tertium vero est, quod corporum constantium alia sunt humida, alia sunt dura, alia mollia. Sed de duro et molli superius satis dictum est, quomodo scilicet coagulentur: nunc autem restat dicendum de reliquis.

 

[91002] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 14 n. 2 Deinde cum dicit: humidorum quidem igitur etc., prosequitur intentum suum, et determinat de qualitatibus corporum mixtorum per comparationem ad talia corpora. Primo ergo determinat de qualitatibus passivis, ostendendo quae corpora sunt magis humida, et quae magis sicca a praedominio. Et dicit quod omnium corporum mixtorum est triplex diversitas: nam quaedam sunt humida, ut species aquae: aliqua sunt mollia, sicut caro et nervus: aliqua autem sunt sicca vel dura, ut ossa. Et istorum ea quae coagulantur vel ingrossantur, aut coagulantur sive ingrossantur a calido, aut a frigido, aut ab utroque. Similiter etiam dicendum est de liquefactis humidorum. Igitur quaedam sunt vaporantia: et talia sunt aquea a praedominio, nam vapor est humor aqueus resolutus a calido; aut non vaporantia: et talia sunt communia terrae et aquae, ut lac, aut sunt communia terrae et aeri, sicut ligna, aut aquae et aeri, sicut oleum. Quae autem ingrossantur a calido, sunt communia terrae et aquae: nam ingrossatio facta a calido est separatio humidi superflui, et terminatio humidi derelicti cum sicco terrestri. Ingrossata vero a frigido sunt terrea a praedominio: nam in talibus est parva humiditas compressa cum multo sicco terrestri. Quae autem ingrossantur ab utroque, aut sunt communia terrae et aquae, aut terrae et aeris, sicut apparet de oleo, melle et dulci vino. Sed dubitatio oritur de vino. Nam ex ea parte qua evaporat, videtur aqueum a praedominio: ex ea vero parte qua ingrossatur a calido, videtur terreum a praedominio. Sed dicendum quod de vino tripliciter loquimur. Nam quoddam vinum est grossum terrestre, ratione cuius ingrossatur et etiam coagulatur a calido: unde si ponatur ad fumum vel solem, humido resoluto desiccatur ad modum salis; est etiam calidum, ratione cuius a frigido coagulari non potest. Et tale est vinum quod nascitur in Corinthio et apud Arcadas, et est terreum a praedominio. Quoddam vero est vinum album et debile: et istud est aquae magis. Vina vero nova ante purificationem, quae faciunt faeces, sunt communia terrae et aquae secundum magis et minus, sicut musta. Coagulata vero, aut coagulantur a frigido, et sunt aquea a praedominio, sicut nix, glacies et grando: coagulata vero a calido sunt terrea, sicut later, caseus et similia: coagulata autem ab ambobus, sunt communia terrae et aquae; quia coagulata a frigido coagulantur per solam privationem calidi, et talia sunt aquea: calido coagulantur per privationem humidi, et sunt terrea: ab ambobus autem coagulata coagulantur per privationem utriusque, et ideo sunt communia terrae et aquae. Sed coagulata ab utroque differunt inter se: quia quaedam sunt in quibus totum humidum exhalavit relicto solo humido continuante, sicut in lapidibus. Et ista sunt magis terrea et mollificari non possunt, sicut lapides et electrum: nam et electrum videtur esse huius generis coagulatorum ab utroque; sed lacrimae, et similia, sicut myrrha, thus, gumma et pori, qui sunt quasi lapides geniti ex humiditate montium distillante in speluncis, coagulantur magis per infrigidationem. Quaedam autem sunt a quibus non totum humidum exhalavit, sed aliquid remansit quod siccum fluere facit: et talia non sunt totaliter terrea, et mollificari possunt, sicut ferrum et cornu. Liquabilia vero aut liquantur ab igne, idest a calido: et talia aut sunt aquea a praedominio, sicut glacies, aut sunt communia terrae et aquae, sicut cera. Liquata autem ab aqua sunt terrea, sicut sal, liquata ab utroque sunt aut terrea aut communia, sicut sulphur. Epilogat autem quae dicta sunt de humidis et coagulatis etc., dicens quod hoc modo, scilicet sicut supra dictum est, cognoscemus quae istorum sint terrea, et quae sint aquea. Deinde quasi corollarie concludit ex dictis, quod aurum et argentum, et tam metalla quam multa alia, quae cito liquescunt ab igne, sunt aquea a praedominio, sicut urina, vinum et cetera similia: ferrum autem et cornu, et talia quae aut non liquescunt per ignem, aut non cito liquescunt, sunt terrea magis. Adhuc legumina, lacrimae, electrum, myrrha et omnia huiusmodi quae mollificantur per aquam, sunt terrea: sed inter ipsa aliqua sunt magis terrea, aliqua minus, et quae sunt magis terrea, sunt exhalabilia, quae autem minus, sunt mollificabilia. Et universaliter sunt terrea omnia, quae non coagulantur a frigido. Sanguis vero, et ea quae liquefiunt humido et coagulantur frigido, ut semen animalis, sunt communia terrae et aquae; sed aliqua ipsorum sunt magis terrea, aliqua magis aquea: quae enim habent vias, idest poros, intra se sunt magis terrea, sed tamen habent multum de aqua, et ideo coagulantur, sive ingrossantur a frigido, sicut sanguis. Quae autem non habent vias, sunt magis aquea, sicut semen: quod tamen non coagulatur a frigido, propter viscositatem continentem humidum ne exeat.

 

 

 

Caput 15

Chapitre 15 – [ ]

 [91003] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 15 Determinat de qualitatibus activis per comparationem similiter ad corpora, ostendens quae sint calida et quae frigida a praedominio. Et dicit quod omnia quae sunt aquea a praedominio, sunt universaliter frigida, nisi recipiant caliditatem aliunde: sicut urina, quae recipit caliditatem a digerente caliditate, lixivium, quod recipit caliditatem a cineribus calidis per quos colatur, et vinum ab aere calido circumstante. Terrea autem universaliter sunt calidiora, sicut calx et cinis. Non est autem intelligendum, quod terrea sint calida ab intrinseco et secundum naturam suam, quia ratione materiae, scilicet tam terrae quam aquae, omnia mixta sunt frigida; quia materia mixtorum sunt humidum et siccum, sicut supra dictum est: humidum autem attribuitur aquae, quae est frigida et humida, siccum vero terrae, quae est frigida et sicca; et ita semper materia mixtorum est frigida, sive sit terra, sive aqua. Sed terra dicitur calidior aqua: tum quia frigidum convenit aquae per se primo, terrae autem per participationem: tum quia utrumque ipsorum recipit alienam caliditatem, sed aqua non ita cito transmutatur ab igne sicut terra, quia terra convenit cum igne in siccitate, aqua vero in nullo, et quia aqua est rarior terra, ideo calorem non recipit in cumulo nec receptum sic fortiter tenet, ut terra; et propter hoc universaliter omnia aquea et humida sunt minus calida quam sicca et terrea. Licet autem terra et aqua, sicut dictum est, ex natura sua sint frigida, tamen in omnibus tam terreis a praedominio quam aqueis est recepta aliqua caliditas extrinseca. In cuius signum in talibus generantur animalia ex putrefactione, quorum generatio non posset esse, nisi in tali materia esset recepta aliqua caliditas particularis coagens, et simul disponens materiam ad influxum caelestem, qui est universale generans talia animalia. Quaedam autem terrea vel aquea sunt sine putrefactione, ut metalla, et ideo in his non generantur animalia. Quae autem sunt communia terrae et aquae, sunt calida: quia talia coagulantur a calido separante humidum, terminando humidum cum reliquo sicco; et ideo talia quandiu retinent mixtam naturam a generantibus data, sunt calida. Corrupta vero et perdentia naturam sunt frigida magis, praesertim cum perditur natura nobilior et acquiritur forma ignobilior, sicut in mortuis hominibus apparet; et non solum perdentia naturam, sed etiam separata a proprio loco naturali sunt frigidiora, sicut semen, sanguis et lac, quando sunt extra propria loca. Et rationem huius reddit, quia talia per corruptionem revertuntur in naturam elementi praedominantis, scilicet aquae vel terrae, quae sicut dictum est, sunt frigida. Non autem determinat de igneis vel aereis, ostendendo utrum sint calida vel frigida, tum primo, quia fere in omnibus mixtis praedominatur aqua vel terra secundum existentiam vel quantitatem: licet in aliquibus praedominetur ignis aut aer secundum virtutem; tum secundo, quia manifestum est, quod talia in quibus praedominatur ignis vel aer, sunt calida, cum haec duo elementa respectu aliorum sint activa: calidum vero est maxime activum; propter quod etiam ignea sunt magis calida quam aerea.

 

 

 

Caput 16

Chapitre 16 – [ ]

[91004] Inserta super Meteora, lib. 4 cap. 16 Determinat de homoeomeris, idest homogeneis corporibus, ostendendo quomodo differant per passiones determinatas, et magis continuando ea quae determinata sunt ad libros sequentes. Primo igitur praemittit duo. Quorum primum est, quod determinando de homoeomeris de facili cognoscemus reliqua, quia omnia constant ex homoeomeris tanquam ex partibus. Ipsa autem homoeomera possunt cognosci ex dictis: quia determinatum est a quibus generentur tanquam ab agente, quia scilicet a calido et frigido, et ex quibus fiant tanquam ex materia, quia ex humido et sicco, et ex consequenti ex aqua et terra, quae sunt materia omnium mixtorum. Secundum est, quod formae homoeomerorum substantiales sunt nobis ignotae: et ex consequenti talia corpora non sunt nobis cognita, nisi per accidentia praedeterminata, quia cognitionis quidditativae principium est forma substantialis. Quod autem tales formae sint nobis ignotae manifestat, quia formae quanto sunt posteriores in via generationis, tanto magis sunt notae: sicut anima quae est ultima in via generationis et est principium diversarum operationum, est nota valde, et ideo discernimus inter animalia viva et mortua; sed forma carnis non est sic nobis nota, et ideo non ita bene discernimus inter carnem vivam et mortuam: adhuc etiam formae ignis et aeris sunt nobis minus notae. Quod autem ita sit, dupliciter probat. Primo, quia materia quae de se est pura potentia, non est cognoscibilis nisi per analogiam ad formam, forma vero quae est actus et perfectio, est cognoscibilis per se: formae igitur intermediae quanto sunt remotiores a materia et propinquiores ultimae formae, tanto magis sunt notae; sed formae homoeomerorum sunt propinquae materiae et elementis; igitur sunt minus notae. Secundo, omne corpus quod generatur ex materia, habet aliquam formam per quam determinatur ad speciem, et talis forma cognoscitur per propriam operationem: quia unumquodque tunc vere dicimus esse tale, quando potest facere proprium opus illius, sicut vere dicimus esse oculum cum videt, eum autem qui non videt, sicut oculus lapideus aut mortuus, non vocamus oculum nisi aequivoce et metaphorice, ut serra lapidea vel lignea quae non potest secare, est serra aequivoce; operationes autem animae sunt nobis magis notae quam operationes carnis vel ignis, et operationes plantarum sunt magis cognitae quam operationes inanimatorum, ut metallorum et aliorum homoeomerorum: quia omnia habent aliquam formam et virtutem, sed non cognoscimus recte rationem et formam ipsorum, quia operatio earum est nobis incognita. Ex hoc sequitur, quod omnis nostra cognitio quam habemus de formis substantialibus, est per operationem sive per alia accidentia et figuras, et ideo discernimus inter hominem mortuum et vivum; non autem discernimus ita bene inter carnem vivam et mortuam, quia operatio eius non est cognita, et figura videtur esse eadem: cuius autem operatio est incognita, illud non cognoscitur nisi per figuram, sicut antiquorum mortuorum corpora quae sunt redacta in cinerem, non cognoscimus nisi per aliquam figuram. Concludit igitur quod homoeomera, idest corpora quae habent partes eiusdem rationis cum toto, sicut caro, nervus, pili, fiunt tanquam ab agente, scilicet instrumentali, a caliditate et frigiditate per motum factum ab ipsis, tanquam ex materia fiunt ex humido et sicco, et differunt inter se per praedeterminatas passiones, scilicet duritie, mollitie, tractione, comminutione etc.: et ex hac oportet ea cognoscere quale sit unumquodque, ex talibus praedeterminatis, postquam forma substantialis est nobis incognita. Sed corpora dissimilium partium, ut facies, manus, non differunt per tales qualitates nisi ratione eorum ex quibus componuntur, sicut phialae vel arcae non est causa calidum vel frigidum, nisi inquantum sunt causa argenti vel ligni ex quibus talia componuntur: sed differunt formis naturalibus existentibus in eis, sicut artificialia differunt formis artis, licet materia eorum, ut metalla, differant passionibus istis. Deinde epilogat, dicens quod isto modo cognoscimus quid sint homoeomera, quia tunc cognoscimus aliquid, cum cognoscimus causam materialem eius vel formalem, et melius cum cognoscimus utramque. Maxime autem cognoscimus aliquid, cum cognoscimus omnes eius causas, quia perfecta cognitio habetur de rebus per omnes causas earum. Cum autem cognoscimus homogenea, quae sunt partes aliorum, considerandum erit de aliis, ut de animalibus et plantis, quae constituuntur ex his partibus.